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651. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

La destinée se joua d’elle en la jetant au début de la grande époque de Louis XIV, de ce règne où tant de choses galantes étaient permises, mais où il fallait, jusque dans le désordre, une certaine régularité. […] Être mal avec les Colbert, et vouloir jouer au plus fin avec Louvois, c’était se préparer un périlleux avenir.

652. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

L’unique auteur qu’il introduisait, jouait-il seul une tragédie ? […] Mais dans un spectacle qui doit peu durer, les passions vives peuvent jouer leurs jeux, et de subalternes qu’elles sont dans le poème épique, devenir dominantes dans la tragédie, sans lasser le spectateur, que des mouvements trop lents ne feraient qu’endormir.

653. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Ce que l’homme fait si aisément en se jouant, le temps doit s’en jouer à son tour. […] Or, l’une de ces convictions, et même la plus forte, doit être assurément de croire qu’il possède, lui, Maxime du Camp, l’expression plastique, et la couleur, et la technique de l’auteur d’Émaux et Camées, et qu’il joue avec la puissance de son maître avec tout ce style, difficile à manier, d’un Dictionnaire des Arts et Métiers qui fait le beau !

654. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Quelques remarques justes sur sa syntaxe, mais que « le verbe joue dans sa phrase un rôle capital », c’est juste le contraire de la vérité ; l’idéal de Mallarmé serait plutôt de l’éliminer. — Surtout, et bien que cela soit répété partout, il n’a pas « transposé en littérature une méthode de composition spéciale à la musique » (si ce n’est dans un coup de dés, son dernier ouvrage, dont M.  […] Je ne compte pas les obstacles matériels : quand on est gros d’un chef-d’œuvre dramatique, on l’écrit sans se demander s’il sera joué.

655. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Son hymne au Soleil Roi est une hymne au Logos, ou à l’intelligence éternelle qui joue un si grand rôle dans Platon. […] L’intérêt, qui veut traîner le peuple aux autels, peut bien se mêler aux sacrifices, dans les fêtes et les cérémonies publiques ; mais l’intérêt ne joue pas l’enthousiasme religieux, tous les jours, tous les instants, et dans tous les détails de la vie.

656. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXI » pp. 87-90

Tel qu’il est et dans la disette d’auteurs dramatiques, Dumas a son prix ; il a de l’entrain, de la gaieté, de la dextérité et de la charpente ; son drame a du jarret et la planche joue sous lui ; il manie et remue assez bien la comédie d’intrigue, sans pourtant jamais s’élever jusqu’à la vraie comédie digne de ce nom, à celle qui atteint et stigmatise les vices actuels, les ridicules du présent.

657. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. de Latena : Étude de l’homme »

Je le crois ; et cependant, en publiant ce livre, avec un vif désir de faire quelque bien, je songe aussi à l’approbation des hommes : c’est contre elle que je joue mon repos », Je voudrais, d’après le peu que j’ai indiqué ici, pouvoir rassurer le digne auteur ; il a moins risqué qu’il ne croit.

658. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Courteline, Georges (1858-1929) »

J’aimerais mieux la voir jouer dans la même baraque, par les mêmes acteurs à la tête vermillonnée, avec le seau, la pendule, l’armoire à glace, le lit, tout le mobilier habituel de ce théâtre.

659. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVI. Consultation pour un apprenti romancier » pp. 196-200

Le fruit sec, le cœur sec n’aime pas et n’entend pas : quand il répète, il joue faux.

660. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Loutherbourg » pp. 224-226

Regardez comme ce long sillon de lumière éclaire cette verdure, se joue entre les brins de l’herbe, et semble leur donner de la transparence.

661. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — X. Service de nuit. »

Les guinné passent en effet pour venir jouer la nuit avec les chevaux.

662. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Faute d’avoir écrit pour se faire jouer, ce qui manquait le plus à ses prédécesseurs de l’école de Ronsard, c’était le sens du théâtre. […] Tantôt favorable et tantôt adverse, la fortune se joue d’eux, et tout l’emploi qu’ils font de leur volonté se réduit à revêtir les sentiments ou le caractère de leur condition. […] Mais je ne m’habituerai jamais à pallier d’une semblable excuse l’équivoque où Pascal a eu le tort de se jouer ; — et lui-même, il faut le dire, nous a rendus plus scrupuleux pour lui. […] c’est celui de Gulliver qu’il faut dire, c’est à Swift que je pense, aussi souvent que je vois jouer le Malade imaginaire, c’est au caractère hardi, cynique et violent de sa bouffonnerie. […] En quelle année les grands comédiens, ceux de l’hôtel de Bourgogne ont-ils joué le Polyeucte de Corneille ?

663. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Ils jouent aux cartes, fument, injurient le parterre qui le leur rend bien, et par surcroît leur jette des pommes. […] Rappelez-vous votre adolescence ; pour mon compte, les plus grandes émotions que j’ai eues au théâtre m’ont été données par une troupe ambulante de quatre demoiselles qui jouaient le vaudeville et le drame, sur une estrade au fond d’un café ; il est vrai que j’avais onze ans. […] Le roi7 « s’exerce tous les jours à tirer, chanter, danser, lutter, jeter la barre, jouer du flageolet, de la flûte, de l’épinette, arranger des chansons, faire des ballades. » Il saute les fossés à la perche et manque une fois d’y périr. […] Heywood, qui joue presque tous les jours, s’impose, en outre, pendant plusieurs années, l’obligation d’écrire un feuillet chaque jour, compose à la diable dans les tavernes, peine et sue en vrai manœuvre littéraire30, et meurt laissant deux cent vingt pièces, dont la plupart se perdront. […] Involontairement, de prime-saut, sans calcul, ils découpent la vie en scènes, et la portent par morceaux sur les planches ; cela va si loin que souvent leur personnage57 de théâtre se fait acteur, et joue une pièce dans la pièce : la faculté scénique est la forme naturelle de leur esprit.

664. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

— C’est celui qui joue de la viole ? […] On la pria de jouer au piano. Elle joua un nocturne de Chopin : je n’ai jamais rien entendu de si beau. […] Qu’est-ce que tu veux que je te joue ? […] Seulement je vais jouer piano pour que la générale n’entende pas.

665. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Le même débat éternel et le même débat capital se joue dans la vie de tous les jours, dans l’homme de tous les jours. […] Pour que la physique de la quantité, du poids, du volume, pour que l’hydrostatique joue, il faut que la première goutte ait déjà fait quelque chose, à quoi la deuxième goutte vient s’ajouter. […] Et où ils joueront toujours mieux que lui. […] C’est pour cela aussi qu’ils peuvent constamment s’affronter et ensemble jouer le noble jeu. […] Car la liberté de l’homme, qui est la plus grande invention de Dieu, a joué aussi pour lui homme, je dirai a joué pour lui entre tous, a joué pour lui éminemment.

666. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Léon Riotor se déroule comme une longue fresque d’Holbein ; dans ce défilé mystique la mort joue le grand rôle. […] Henri Lavedan vient de faire paraître, n’est pas à proprement dire un roman, c’est une suite de saynètes dont le lit joue partout la principale scène. […] Que de scènes de vaudeville, de comédie même se jouent dans ce phalanstère improvisé ! […] Et puis, c’est la nuit ; je ne vois même pas le dernier sourire de mon amie, je ne sens pas sur ma joue la dernière caresse de sa main. […] Avant, on n’avait que le bon corps de garde où les soudards jouaient aux cartes et faisaient des contes de Merlusine.

667. (1894) Critique de combat

Elle a un rôle considérable à jouer, pour peu qu’elle veuille et sache le remplir. […] Tout alentour des enfants jouent, sautent, gambadent, nagent dans l’étang. […] Non, ce serait lui jouer un mauvais tour que de l’ensevelir sous les fleurs. […] Il convient de savoir gré de la concession : mais voyez comme ce pauvre siècle joue de malheur ! […] S’il est un rôle que Rousseau se plut à jouer toute sa vie, ce fut celui d’apôtre du retour à la nature.

668. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Ni à ce moment ni jamais l’amour, en particulier, ne joua le moindre rôle dans sa vie. […] Il nous joua tous les passages importants de ses Maîtres Chanteurs, imitant toutes les voix. […] » Les enfants jouaient avec lui comme avec un enfant. […] Lui seul, en tout cas, est de taille à le jouer. […] Pourquoi Hedda joue-t-elle toujours avec ses ; pistolets ?

669. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Avertissement de la première édition »

Même en énumérant les qualités des talents amis, il y a un mot qu’il ne faudrait jamais perdre de vue, le circum prœcordia ludit, qu’un satirique accorde à l’aimable Horace : se jouer autour du cœur de ceux même qu’on caresse, et montrer qu’on sait les endroits où l’on ne veut pas appuyer.

670. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Note. »

., etc. » Et maintenant, quand on publiera les lettres d’amour de Benjamin Constant à Mme Récamier, quand on relira la biographie flatteuse qu’il a tracée d’elle pour lui plaire et la charmer, quand on le verra prodiguer les larmes, les soupirs, faire jouer les feux follets de l’imagination et même les légères vapeurs du mysticisme (car tout est bon pour s’insinuer), on aura le revers ; on saura ce qu’il était avant et après ; avant, tant qu’il eut le désir, et après, quand il eut cessé d’espérer.

671. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Deroulède, Paul (1846-1914) »

Dans cette casemate, au milieu de ce paysage de la Turbie, où Banville lui-même chanta jadis son amour du laurier, parmi ces braves gens qui fumaient, dormaient ou jouaient aux cartes autour de moi, et que j’avais lentement appris à connaître depuis trois ou quatre mois, les mots, même les plus simples, avaient pris un nouveau sens, plus vivant, plus humain, s’étaient gonflés pour moi d’une sève nouvelle, d’une substance plus française, plus noble et plus populaire à la fois.

672. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Madeleine, Jacques (1859-1941) »

Il nous joue de vraies mélodies, au lieu d’exécuter des variations sur la cinquième corde, ce qui est aussi désagréable à l’oreille que peu profitable à l’esprit.

673. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottecher, Maurice (1867-1960) »

Le fondateur de ce théâtre, qui s’est réservé la difficile tâche de le fournir de pièces et de jouer celles-ci avec des amis, est M. 

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