L’amour a sa nuit, le poids et le secret des ténèbres dont il se nourrit, et c’est la lampe de l’intelligence, la lampe sous laquelle Platon écrit le Phèdre et Le banquet, que Psyché élève sur son époux et dont une goutte de l’huile qui éclairait l’idée de l’amour suffit ici à brûler, à exiler l’amour. […] Les malentendus de l’amour et de l’art avec la société seraient-ils, pour une intelligence, plus graves ?
Comme il est bien l’intelligence et l’arrière-pensée ! […] N’a-t-il pas de la santé, de la bonne mine et de l’intelligence ! […] C’était une femme de la plus rare intelligence, du goût le plus éclairé. […] Ils exercent toute leur intelligence à trouver des moyens de s’emparer de ce qui appartient à d’autres. […] Ils sont vraiment : les Jardins de l’Intelligence.
C’est qu’il appartenait à cette race, totalement éteinte aujourd’hui, de savants modestes et laborieux qui cultivent la science pour elle-même et qui trouvent plus de charme à orner et à fortifier leur intelligence dans le silence du cabinet, que de satisfaction à mettre l’univers dans la confidence de leurs moindres travaux ou de leurs plus insignifiantes découvertes.
Madame Émile de Girardin y devient tout simplement une madame de Sévigné : « … talent que nous dirions être la métempsycose de madame de Sévigné, si on pouvait croire à la transmigration des intelligences. » Les rédacteurs de la Presse se traitent déjà comme en famille.
La plupart possèdent cette intelligence rudimentaire qui suffit à faire vite reconnaître que les avantages vont aux apparences non aux réalités, aux diplômes non à la science, à l’intrigue non au talent.
Doué d’une intelligence prompte, d’une imagination vive & féconde, d’une mémoire facile & solide, ses premiers pas, dans la carriere littéraire, ont annoncé un athlete singuliérement favorisé de la Nature, & destiné à surpasser les rivaux les plus renommés.
Les Chasses royales surtout nous semblent un de ces ravissants caprices d’intelligence auxquels on revient, après les avoir lus, ramené par un charme.
Cadoret réfute ces opinions avec une clarté de bon sens et une simplicité d’interprétation qui frapperont toutes les intelligences à tous les niveaux, et détermineront le succès d’un livre qui apprendra à ceux qui l’ignorent, ou rappellera à ceux qui l’oublient, combien l’Église catholique fut toujours gouvernementale, et comme, à toutes les époques de sa glorieuse durée, elle condamna la révolte et appuya ou respecta les pouvoirs constitués, pour les raisons les plus profondes, les plus politiques et les plus saintes.
Il n’y a pas eu d’intelligence plus chaude, ni de cœur plus bouillant. […] Tout le plaisir de la plus fine intelligence en fut gâté. […] Au culte du moi, souci de naguère, comme s’est magnifiquement ajoutée l’intelligence du non-moi ! […] Maeterlinck l’attribue à une sorte de pusillanime paresse de notre intelligence : nous avons peur de la mort et n’osons pas penser à elle ; ainsi notre intelligence, si hardie aux abords des problèmes les plus divers, ne touche pas à l’idée de la mort. […] Ils tuaient le passé qui, mort, survit uniquement dans l’intelligence qu’ont de lui les âges suivants.
La sensibilité ne dérive point de l’intelligence ; l’intelligence se superpose à la sensibilité, et en elle la sensibilité retentit sans cesse. […] L’intelligence ne nous donne pas nos sentiments ; elle en prend conscience et les exprime. […] Ce chien était un chien rural, sans maître, pelé, galeux, teigneux, mais rempli d’intelligence. […] Le mythe, c’est une idée qui vit dans l’histoire d’un personnage, et qui par là est sensible au cœur tout en restant visible à l’intelligence. […] Mais voyez la sûreté de ce grand esprit, la maîtrise de cette forte intelligence sur ses passions.
Dans la seconde époque, au souvenir de l’art antique succède l’étude même, et bientôt l’intelligence de ses monuments. […] N’est-elle pas, de toutes les langues modernes, celle qui se rapproche le plus de cet idéal d’une langue algébrique rêvé autrefois par de grands esprits, pour unir entre elles toutes les intelligences cultivées dans tous les pays ? […] Si cette langue est si sévère, si réglée, c’est bien la marque qu’elle a le gouvernement des choses de l’esprit ; si elle est tenue à tant de clarté, de propriété, de liaison, c’est pour que, sous toutes les latitudes, toutes les intelligences saines et cultivées la puissent comprendre.
De même que Bossuet trouvait dans sa croyance passionnée à la tradition de l’Église, la sagacité historique qui en aperçoit l’enchaînement sous la mobilité et sous les contradictions des grands corps qui la perpétuent, le sens du moraliste qui découvre au fond des cœurs les causes de la longue obéissance des peuples, l’intelligence qui comprend les grands orthodoxes, et je ne sais quelle amitié, à travers les siècles, qui fait de lui leur frère d’armes dans leurs luttes théologiques ; de même la prévention de Saint-Simon pour une monarchie absolue appuyée sur la noblesse, lui inspira une pénétration impitoyable pour découvrir les vices de la monarchie absolue remplaçant par des roturiers la noblesse disgraciée. […] Au-dessus, par le caractère, de toutes les passions comme de tous les mécontentements qui offusquent notre esprit, et qui nous préviennent même contre les choses indifférentes, il a, comme le grand Corneille, l’intelligence des choses admirables. […] Sans parler du nombre des honnêtes gens, même au contrôle de Saint-Simon, honnêtes gens vraiment vérifiés, combien d’intelligences supérieures, d’esprits fermes ou délicats !
Quand ces deux nobles intelligences s’unirent d’une amitié si étroite, elles se firent de mutuels emprunts ; Schiller se façonna davantage à l’étude du monde réel, Goethe s’éleva plus haut dans les sphères de la vie morale. […] Et que dites-vous de phrases comme celle-ci : « Il semblait perdu dans un de ces bonheurs complets, n’appartenant sans doute qu’aux occupations médiocres, qui amusent l’intelligence par des difficultés faciles et l’assouvissent en une réalisation au-delà de laquelle il n’y a pas à rêver » ? […] Cette action d’Hamilcar, qui fut le chef-d’œuvre et la couronne de son savoir dans l’art militaire, et le salut d’une république très puissante tombée dans les extrémités les plus tristes, cette action, dis-je, se trouve dépouillée d’une infinité de circonstances très importantes pour l’intelligence d’un événement si mémorable.
Rome a-t-elle fait un pas, je ne dis pas vers la tolérance, mais vers l’intelligence des conditions sur lesquelles repose la société européenne ? […] Ces raisons après tout ne sont que des raisons humaines, tirées de la nature de notre intelligence et fondées sur des raisonnements tout humains. […] » Et Platon : « Avoue donc que les dieux connaissent, voient, entendent tout, et que rien de ce qui tombe sous les sens et l’intelligence ne peut leur échapper. » La providence n’est donc pas un dogme exclusivement chrétien, ni même exclusivement religieux ; c’est en même temps une doctrine philosophique.
Mais comme, malgré l’importance que prend la main dans le système de Michelet, il y a toujours en l’homme un bout d’intelligence qui ne tient pas — comme le croyait ou comme le disait Helvétius, dont Michelet semble un disciple retrouvé, — « à la conformation de la main », ce bout d’intelligence a ses exigences et doit être éduqué aussi, comme le corps. […] Le Christianisme, pour le monde moderne et à tous les étages de l’intelligence, est l’enveloppement de la vérité dernière.
Dans la troisième lettre, la question prend une importance excessive ; elle est proclamée une cause toute nationale, à laquelle de nobles et pieuses intelligences portent le plus vif intérêt.
Par les mots, l’intelligence a prise sur l’inintelligible, et définit l’infini.
Ou, si vous voulez, il croit que les justes correspondances entre le monde de la pensée et l’univers physique ont été fixées de toute éternité, que l’intelligence divine porte en elle le tableau synoptique de tous ces parallélismes immuables et que, lorsque le poète les découvre, ils éclatent à son esprit avec tant d’évidence qu’il n’a point à nous les démontrer.
Or ces beautez se rendent bien sensibles aux hommes qui n’ont pas l’intelligence de la mécanique de la peinture, mais ils ne sont point capables pour cela de juger du mérite du peintre.
Enfin le cliché véritable, comme je l’ai expliqué antérieurement, se reconnaît à ceci : l’image qu’il détient en est à mi-chemin de l’abstraction au moment où, déjà fanée, cette image n’est pas encore assez nulle pour passer inaperçue et se ranger parmi les signes qui n’ont de vie et de mouvement qu’à la volonté de l’intelligence.
Mais on peut craindre qu’avec des ressources infinies de courage, de bonne volonté, et même d’intelligence, la France ne s’étouffe comme un feu mal disposé. […] L’instruction publique est un sujet d’importance capitale ; l’intelligence française s’est affaiblie ; il faut la fortifier. […] La liberté de penser, alliée à la haute culture, loin d’affaiblir un pays, est une condition du grand développement de l’intelligence. […] Quand je dis scientifique, je ne dis pas pratique, professionnel ; l’État n’a pas à s’occuper des applications de métier ; mais il doit prendre garde que l’éducation qu’il donne ne se borne à une rhétorique creuse, qui ne fortifie pas l’intelligence. […] Le jour où l’humanité deviendrait un grand empire romain pacifie et n’ayant plus d’ennemis extérieurs serait le jour où la moralité et l’intelligence courraient les plus grands dangers.
Le rôle de son intelligence consista simplement à élargir la sphère de douleurs dans laquelle il se mouvait et à dégager les traits généraux de l’infélicité humaine. […] Pendant que Holman Hunt se trouvait conduit, par l’intelligence d’un détail technique de son art, à l’étude des préraphaélites, Rossetti y arrivait par un autre chemin. […] Et quant à vous, Kosmon, je juge l’intention comme je juge l’âme : l’une n’est pas plus la lumière de la pensée que l’autre n’est la lumière du corps ; et toutes deux, l’âme et l’intention, sont nécessaires pour une intelligence complète ; et l’intelligence du monde intellectuel — dont les beaux-arts sont les membres principaux — ne peut pas être davantage attendue que demandée. […] Lui est-elle naturelle, ou l’a-t-il apprise par un effort d’intelligence et de cœur, à force de vivre avec Dante et les quattrocentistes ? […] Or, quoiqu’il n’ait pas eu la puissance d’intelligence d’un Goethe ni peut-être même d’un Voltaire, Victor Hugo appartient à cette famille.
Oui, Coppée c’est par excellence le causeur parisien du siècle de la blague, avec tout l’admirable sous-entendu de la conversation de nous autres : les phrases commencées, finies par un rictus ironique, les allusions farces à des choses ou à des faits, connus du monde select et pourri de l’intelligence. […] Il y a chez ce cher garçon, une activité, une vivacité, une alacrité de l’intelligence qui charme et enfièvre : les idées chez lui, dans leur succession, ont quelque chose de la rapidité des mouvements d’un corps agile. […] Avec la séduction, qu’une femme supérieure met dans de l’éducation élevée, on ne sait pas combien grande peut être sa puissance sur une intelligence d’enfant. […] L’enfant tendre, à l’intelligence paresseuse, que j’ai peint sous le nom de Pierre-Charles, était mort d’une méningite, avant le départ de sa mère pour l’Italie, et sur ce pauvre et intéressant enfant, présentant un sujet neuf, sous la plume d’un romancier, j’ai fait peser le brisement de cœur et les souffrances morales de son frère cadet, pendant la folie religieuse de sa mère. […] Et il se trouvait, que le père de Jean Lorrain, abominait la littérature, et ne voulait pas admettre que son fils en fît un jour, tandis que sa mère, portée vers les choses de l’intelligence avait mis tout son cœur et un peu de son orgueil en lui, si bien que son père jaloux de cette tendresse, l’avait fourré dans un collège à Paris, d’où il ne sortait qu’au Jour de l’An, et aux vacances.