Et là encore, une minute, nous cherchions à distinguer ce jeune chrétien dans son ombre… Aujourd’hui, nous comprenons leur vie intérieure et nos parentés se révèlent.
Indépendamment en effet des phénomènes physiques ou psychiques qui se déroulent à l’intérieur des sociétés, quelles que soient la race ou les idées des unités qu’elles associent, les sociétés se ressemblent ou diffèrent par la façon dont leurs unités sont associées, par les modalités de leur groupement.
En toutes ces ocasions voix est pris dans le sens propre, c’est-à-dire, dans le sens pour lequel ce mot a été d’abord établi : mais quand on dit que le mensonge ne sauroit étoufer la voix de la vérité dans le fond de nos coeurs, alors voix est au figuré, il se prend pour inspiration intérieure, remords, etc. […] la voix du sang, la voix de la nature, c’est-à-dire, les mouvemens intérieurs que nous ressentons à l’ocasion de quelque accident arivé à un parent, etc. […] Les parties du corps qui sont regardées come le siège des passions et des sentimens intérieurs, se prènent pour les sentimens mêmes : c’est ainsi qu’on dit il a du coeur, c’est-à-dire, du courage. […] Ensuite on se sert du terme de gout par métaphore, pour marquer le sentiment intérieur dont l’esprit est afecté à l’ocasion de quelque ouvrage de la nature ou de l’art. […] Un mot est équivoque, lorsqu’il signifie des choses diférentes : come choeur, assemblée de plusieurs persones qui chantent ; coeur, partie intérieure des animaux : autel, table sur quoi l’on fait des sacrifices aux dieux ; hôtel, grande maison.
Mais la science peut rester tout intérieure, c’est l’idée pure ; l’art en diffère en ce qu’il est essentiellement une manifestation extérieure ; l’art, c’est l’idée exprimée, revêtue d’une forme, en un mot l’idée incarnée. […] C’est donc la réalité par excellence que l’art cherche à représenter ; mais une réalité tout intérieure, tout invisible. […] À l’aide de ce modèle tout intérieur, de cet idéal, l’artiste corrige à chaque instant ce qu’il a sous les yeux, au lieu de le calquer servilement. […] Sa tête semblait toujours éclairée par un sourire intérieur ; il n’y eut jamais rien en lui de cette morosité que produit souvent une longue expérience de la vie. […] Ce regard scrutateur que le poète jette sur la nature pour s’assimiler le monde des images, il le porte également sur le monde intérieur, sur l’intimité de l’âme humaine.
Il s’était arrangé là un intérieur assez luxueux, car il savait qu’à Paris on ne croit guère au talent pauvre, et que le paraître y amène souvent l’être. […] il obéissait à une sorte d’ivresse intérieure et peignait en traits rapides, avec une intensité comique et un talent bouffe incomparables, les fantasmagories bizarres qui dansaient dans la chambre noire de son cerveau. […] Les chiens de l’intérieur répondent au vacarme, de leur voix plus grêle, avec une persistance rageuse, et bientôt le battant entr’ouvert de la porte laisse apercevoir le facteur du télégraphe, encadré par la nuit. […] On nous a parlé aussi d’un Intérieur au Mont-Saint-Michel, mais nous ne l’avons point vu. […] La bonté du bâtiment et l’agrément de l’intérieur me le faisaient penser, mais il était écrit qu’il n’en serait pas ainsi ; il fallait que tout tendit à allonger ce malencontreux voyage.
Dans ce cas, on perce toute la joue et l’on introduit dans la plaie un tube d’argent, à double rebord et ouvert à ses deux bouts, dont l’un communique au dehors, et l’autre dans l’intérieur de la bouche. […] On introduit de même dans son intérieur un petit tube qui permet de recueillir la salive parfaitement pure et sans aucun mélange de sang. […] Les mêmes animaux ayant mangé plusieurs espèces d’aliments solides, chaque bol, en sortant de l’œsophage, était recouvert d’une couche de fluide visqueux, l’intérieur n’en contenant pas. […] Fig. 22. — Ampoule de Voter, ouverte pour voir l’intérieur de sa cavité et les ouvertures des conduits biliaire et pancréatique. […] Ces excréments étaient probablement anciens et dataient de quelques jours ; car bientôt après le chien rendit des excréments offrant un tout autre caractère : ils étaient décolorés, très secs à leur intérieur et luisants, humides et recouverts d’une substance huileuse.
Port-Royal poussait Jean Racine à la damnation, jusqu’à l’heure où il devait le ressaisir pour le salut ; et il en résultera une vie des plus tourmentées, des plus passionnées, des plus humaines par ses contradictions intérieures. […] Le lieu de la scène change, même dans l’intérieur des actes : nous sommes successivement dans la chambre de Jocaste, sous la tente de Polynice, sous les remparts, dans la chambre d’Antigone, sur les remparts, chez Créon, dans le tombeau d’Antigone. […] Elle est, nous l’avons vu, la plus simple, celle qui est faite avec le moins de matière, celle où l’action est le plus purement intérieure […] La couleur locale de Racine reste surtout intérieure. […] À ce degré, c’est très beau, — beau de décence, de possession de soi, de discipline intérieure.
La plupart de ces « intérieurs » d’artistes, de savants ou de praticiens indiquent des mœurs régulières, des vies convenables, des positions cossues, des budgets solidement équilibrés. […] Il admira les figures exquises que les statuaires égyptiens avaient incisées à l’intérieur du sarcophage, et que personne n’aurait jamais vues, si les archéologues n’étaient pas assez audacieux pour troubler le mystère des sépulcres. […] Taine a répété que nous sommes des patients en qui se joue un drame intérieur, féerie brève et macabre. […] Il ne faudrait pas croire que ces occupations et ces divertissements soient tout à fait incompatibles avec la méditation et la vie intérieure. […] Hervieu est moins attiré par l’extérieur des corps que par l’intérieur des âmes.
Mais la force de sa logique intérieure et même ses affinités cherchées avec les sciences naturelles ramenèrent à faire plus, à classer. […] Il écrit les « cassures du sentiment intérieur ». […] Descotes, ban à la façon de La Fontaine, de ceux qui écoutent chanter leur poésie intérieure, et qui écrivent nonchalamment des chefs-d’œuvre. […] Ollé-Laprune définit à merveille « une vue proprement morale de soi et de ses actes, un compte rendu intérieur rigoureux, sévère ». […] J’ai ouï dire que l’ex-ministre de l’intérieur méprisait quelque peu les remueurs de masses.
Il diffère de l’ancien humanisme en ceci qu’au lieu de prendre pour base la culture gréco-latine, sa prétention est de s’approprier, pour en faire sa substance la plus intérieure, ce que les littératures « nationales » ont de plus national ; et l’universalité qu’il vise est une universalité, non d’abstraction ou de généralisation, mais de composition, sous la loi de laquelle chaque élément, non seulement n’abandonnera rien de son originalité, mais la développera par l’effet même de son contraste avec les autres. […] En réalité, l’un et l’autre Victor ont été les plus « personnels » des hommes, et de même qu’il n’y a qu’Hugo dans les Feuilles d’automne ou dans les Voix intérieures, pareillement il n’y a que Cousin dans sa philosophie. […] C’est tout justement cette observation égoïste, si l’on peut ainsi dire, dont Auguste Comte a voulu démontrer l’étroitesse et la stérilité, « La prétendue méthode psychologique, écrivait-il dans sa première Leçon, est radicalement nulle dans son principe… L’observation intérieure, — c’est lui qui soulignait, — engendre presque autant d’opinions divergentes qu’il y a d’individus croyant s’y livrer. […] Rêverie d’un passant à propos d’un Roi, ou Dicté en présence du glacier du Rhône] ; — et des aveux ou des confessions du poète, qui, sans descendre encore Jusqu’au fond désolé du gouffre intérieur, — nous prend cependant pour confidents de ses amours, de ses souvenirs, et de ses regrets [Cf. Que t’importe, ô mon cœur, et la pièce : Ô mes lettres d’amour]. — C’est également de sa personne que sont remplis les Chants du crépuscule. — On y remarque toutefois qu’étant sans doute gêné par l’ampleur même de son vers dans l’expression directe des choses intimes ; — ou n’y trouvant plus une matière assez riche pour sa « virtuosité » ; son lyrisme est déjà moins personnel dans le fond que dans la forme. — C’est ce que l’on voit mieux encore dans Les Voix intérieures ou dans Les Rayons et les Ombres ; — deux des plus beaux de ses recueils lyriques ; — où sa première manière achève de se préciser et se définir.
L’état d’oppression et d’angoisse où Mme de Staël resta durant ces mois funestes ne lui permettait, dans les intervalles de son actif dévouement pour les autres, que de désirer la mort pour elle, d’aspirer à la fin du monde et de cette race humaine si perdue : « Je me serais reproché, dit-elle, jusques à la pensée comme trop indépendante de la douleur. » Le 9 thermidor lui rendit cette faculté de pensée, plus énergique après l’accablement ; et le prompt usage qu’elle en fit fut d’écrire ses Réflexions sur la paix extérieure et intérieure, dont la première partie s’adresse à M. […] Il est remarquable que, dans cette situation extraordinaire où toutes les facultés habituelles de son talent demeuraient suspendues et comme anéanties, une idée de chant, de poëme lui soit seule venue en manière d’entretien et de soulagement : tant la poésie en vers répond effectivement à la souffrance la plus intérieure, en est la plainte instinctive, l’harmonieux soupir naturellement désiré ; tant ce langage aux souveraines douceurs excellerait, quand tout le reste se tait, à exprimer et à épancher nos larmes. […] Corinne a beau resplendir par instants comme la prêtresse d’Apollon, elle a beau être, dans les rapports habituels de la vie, la plus simple des femmes, une femme gaie, mobile, ouverte à mille attraits, capable sans effort du plus gracieux abandon ; malgré toutes ces ressources du dehors et de l’intérieur, elle n’échappera point à elle-même. […] L’Essai sur le Suicide, qui parut en 1812 à Stockholm, était composé dès 1810, et les signes d’une révolution morale intérieure chez Mme de Staël s’y déclarent plus manifestes encore. […] C’est dans de telles dispositions longtemps couvées, et après cette crise résolue en une véritable maturité intérieure, que la Restauration trouva et ramena Mme de Staël.
Il y a des caricatures d’intérieur touchées d’un mot : « Au déjeuner, M. de Casembrood (le chapelain) lit d’ordinaire dans la Bible, en robe de chambre et bonnet de nuit, et cependant en bottes et culottes de cuir, ce qui compose en vérité une figure très-risible et point charmante. […] Cet intérieur nous est de tous points touché. […] après trente ans, qui n’a lu dans bien des intérieurs d’hommes, sans parler du sien, et qui n’a compris ?
Napoléon marchait vers l’intérieur de la Russie à la tête de quatre cent mille soldats, suivis de deux cent mille autres. […] Sentez-vous cette édification consciencieuse, cet équilibre intérieur, cette justice satisfaite du bien et du mal qu’une aussi longue histoire doit laisser dans l’âme comme la conclusion historique de tant d’événements et de tant de beaux récits ? […] L’administration, c’est la méthode du gouvernement, c’est cette syntaxe des lois, c’est ce mécanisme admirable des rouages intérieurs à l’aide desquels la volonté et l’action du pouvoir se transmettent avec régularité de la tête aux membres, pour imprimer à chaque chose éparse ou à chaque individu isolé l’unité et la force de l’ensemble.
L’intervention d’une puissance chez une autre est illicite quand il s’agit de s’immiscer dans les intérêts purement nationaux et intérieurs d’un peuple, libre de ses volontés et de son mode de gouvernement ou de dynastie chez lui-même. […] On lavait partout le sang des échafauds ; on cherchait, en tâtonnant parmi les débris, l’ordre à l’intérieur, la réconciliation avec l’étranger. […] Pitt, le ministre de génie que la Providence avait donné à l’Angleterre pour lui faire traverser les plus grandes crises intérieures et extérieures de son pays, avait été lent à rompre irrévocablement avec la France révolutionnaire, même après le 10 août.
. — Je cherchai à ramener la conversation sur Napoléon, en disant : « Je crois cependant que c’est surtout quand Napoléon était jeune, et tant que sa force croissait, qu’il a joui de cette perpétuelle illumination intérieure : alors une protection divine semblait veiller sur lui, à son côté restait fidèlement la fortune ; mais plus tard, cette illumination intérieure, son bonheur, son étoile, tout paraît l’avoir délaissé. […] Courir après la gloire, vouloir la forcer, vains efforts ; on arrivera bien, si on est adroit, à se faire par toutes sortes d’artifices une espèce de nom ; mais si le joyau intérieur manque, tout est inutile, tout tombe en quelques jours. — Il en est exactement de même avec la popularité.
Telle que Wagner l’a créée, cette Vénus, emblème de la nature matérielle de l’être, allégorie du Mal en lutte avec le Bien, symbole de notre enfer intérieur opposé à notre ciel interne, nous ramène d’un bond en arrière à travers les siècles, à l’imperméable grandeur d’un poème symbolique de Prudence, ce vivant Tannhæuser qui, après des années dédiées au stupre, s’arracha des bras de la victorieuse Démone pour se réfugier dans la pénitente adoration de la Vierge. […] Un coup d’œil sur l’étendue de ce poème vous montre aussitôt que le détail infini auquel le poète, en traitant un sujet historique, est astreint pour expliquer l’enchaînement extérieur de l’action aux dépens du développement clair des motifs intérieurs, ce détail, dis-je, j’osai le réserver exclusivement aux derniers. La vie et la mort, l’importance et l’existence du monde extérieur, tout ici dépend uniquement des mouvements intérieurs de l’âme.
Cette représentation, qui se fera pendant l’été de 1873, aura lieu à Bayreuth, Dans ce but un théâtre spécial doit être exigé ; les arrangements intérieurs répondront à mes buts spéciaux, la solidité et l’extérieur seront selon les moyens qui auront été mis à ma disposition. […] C’est le chant d’une âme contemplative, que nulle agitation intérieure ne saccade, et que nul aiguillon du dehors ne saurait accélérer non plus. […] Ainsi sont nées les Notions, groupes de sensations abstraits, généraux, fixés dans l’esprit par des noms ; et ce qu’on appelle la vie intérieure, la pensée, le jugement composé, le raisonnement : c’est un mode nouveau de la vie, issu logiquement de la sensation.
« La vie du corps et la vie mentale sont des espèces dont la vie proprement dite est le genre. » Et tandis que la psychologie ordinaire, fondée exclusivement sur l’observation intérieure et l’emploi de la méthode subjective, en vient à se restreindre à l’étude de l’homme, sans nul souci des formes inférieures de la vie intellectuelle, la psychologie expérimentale aspire à découvrir, décrire et classer les divers modes de la sensation et la pensée, à en suivre l’évolution lente et continue, depuis l’infusoire jusqu’à l’homme blanc et civilisé. […] Il s’agit maintenant pour l’être vivant de saisir, non plus des différences, mais des ressemblances ; de former en lui des groupes de rapports intérieurs qui répondent à des groupes de rapports et d’attributs externes : la correspondance croît en généralité et en complexité. […] Mais cette classification implique quelque chose de plus que la sensation actuelle, à savoir des attributs tangibles, une odeur, un goût, une structure intérieure qui, à la suite de la sensation visuelle, ne sont qu’inférés.
Les ouvriers se trouveront ainsi être des « émigrés à l’intérieur ». […] Celui de la paix intérieure en dépend au moins autant. […] Elle se donne une représentation spatiale de la vie intérieure ; elle étend à son nouvel objet l’image qu’elle a gardée de l’ancien : d’où les erreurs d’une psychologie atomistique des états de conscience ; d’où les inutiles efforts d’une philosophie qui prétend atteindre l’esprit sans le chercher dans la durée.
L’esprit humain, ainsi inquiété dans la possession des croyances qui touchent de plus près son être, dédaigne quelque temps toute connaissance que le sens intime ne peut lui attester ; mais dès qu’il sera rassuré, il sortira du monde intérieur avec des forces nouvelles pour reprendre l’étude des faits historiques : en continuant de chercher le vrai il ne négligera plus le vraisemblable, et la philosophie, comparant et rectifiant l’un par l’autre le sens individuel et le sens commun, embrassera dans l’étude de l’homme celle de l’humanité tout entière. […] À l’intérieur, les cités héroïques n’étaient pas plus tranquilles. […] Si quelque insensé, par corruption, par négligence ou par légèreté, enfreint cette loi, criminel au premier chef, qu’il se fasse à lui-même une guerre cruelle…… puis vient la description pathétique de cette guerre intérieure.
D’ordinaire ils ont débuté par chanter l’amour ; tout autre intérêt, tout autre charme se perdait dans celui-là : mais, à mesure que ce ravissement intérieur a cessé, leur âme s’est élargie vers plus d’objets. […] Qu’on mette aussi en regard l’intérieur de Jocelyn à Valneige : Le jardin, le verger, quelques arpents de prés, Les châtaignes, les noix, de petits coins de terre Que je bêche moi-même autour du presbytère ; Tout abonde ; le pain y cuit pour l’indigent, Et Marthe dans l’armoire a même un peu d’argent.
Decazes, chargé en 1819 de la division des lettres au ministère de l’intérieur, et maître des requêtes, M. […] Les uns trouveront que l’auteur a trop peu accordé aux conjonctures politiques dans la fixation d’une langue, et trop à un certain sens intérieur, à une âme formatrice, non définie.
A dater de ce moment et sous la Restauration, cette veine purement épicurienne et rieuse ne suffit plus à la France ; on a vu de près d’affreux désastres, on a subi des affronts ; l’inquiétude est partout qui gagne à l’intérieur et se prolonge dans l’avenir. […] Désaugiers (ce qu’on croirait difficilement à ne le juger que du dehors) était un homme d’intérieur ; mari et père tendre, voué aux affections domestiques, il n’a laissé au sein de la famille la plus unie que des souvenirs pieux et inaltérés, aussi vifs après tant d’années que le premier jour.