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2499. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Chez les anciens peuples la considération publique donnoit une espèce d’apothéose ; notre gloire est terne en comparaison de ces honneurs, de ces triomphes, de ces acclamations qui payoient les services rendus au genre-humain. […] Une Comédie qui ne peut attaquer ni des vices en honneur, ni certains ridicules ennoblis, devoit tomber nécessairement dans le stile des conversations, & c’est ce qui est arrivé.

2500. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

C’est moins une œuvre de critique qu’un dithyrambe exalté en l’honneur du grand artiste jusqu’alors si profondément admiré par lui ; mais, en raison même de la pénétrante et profonde admiration de l’auteur pour son modèle, c’est un des documents les plus importants et les plus précieux pour la compréhension intégrale du génie de Wagner. […] Weber fit jadis l’honneur d’une traduction française12. […] « On ne devrait parler, dit-il, que lorsqu’on ne peut se taire, et ne parler que des choses que l’on a déjà surmontées ; — tout le reste n’est que bavardage, littérature, impudeur. » Et il explique que déjà en 1876, lorsqu’il publia son discours triomphal en l’honneur de Richard Wagner à l’occasion des fêtes de la victoire de Bayreuth, — « car Bayreuth doit être considéré comme le plus grand triomphe que jamais un artiste ait remporté », — il avait vaincu en lui le wagnérisme.

2501. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Dans la première Pensée d’août, l’histoire de Doudun, surtout celle de Marèze, de ce poète qui se fait homme d’affaires, puis commis, pour soutenir sa mère et pour payer une dette d’honneur, n’est-ce pas un peu le sujet d’Un fils, dans les Humbles ! […] Mais justement l’honneur et le malheur de ces tableaux est de rappeler toujours et inévitablement des œuvres supérieures. […] Nous ne concevons la haine que comme l’envers d’un devoir de justice, de pitié et d’honneur. […] Madame Bovary est un chef-d’œuvre, et il l’a dit maintes fois : mais il se croirait perdu d’honneur s’il n’ajoutait presque aussitôt : « Oui, mais un chef-d’œuvre d’ordre inférieur ».

2502. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Ce cher poète aura eu l’honneur d’avoir essayé de relever la destination de la poésie, en la consacrant à exprimer des émotions définies. […] J’ai eu l’honneur d’être parmi les plus ardents à les admirer, jadis, en un temps où l’on était encore à peu près unanime à les juger ridicules. […] Tandis que les autres hommes se fatigueront à la poursuite des luxes, des richesses ou des honneurs, il aura, lui, aisément, malgré la négligence de sa mise et la détresse de son mobilier, toutes ces délicates jouissances qu’il se sait dues : soit qu’il se constitue, une fois pour toutes, l’illusion de quelque palais, s’y attardant parmi les caresses lascives d’une reine, soit qu’il varie sans arrêt ses fantaisies, toujours les vivant, toujours ressentant les joies d’une existence princière. […] Elle n’en a point, d’ailleurs, la prétention : on dirait plutôt qu’elle s’amuse à rapporter à d’autres tout l’honneur de ses travaux.

2503. (1902) La poésie nouvelle

Quoi qu’il en soit, si les Complaintes et l’Imitation de Notre-Dame la Lune sont encore, et malgré bien des audaces, écrites en vers réguliers, les Fleurs de bonne volonté de Laforgue sont en vers libres absolument, et de même les Palais Nomades de Gustave Kahn, — et c’est l’honneur de ce poète-ci de n’avoir pas tâtonné dans de lentes hésitations et de s’être, dès son premier volume, manifesté comme en pleine possession de sa métrique neuve. […] Mais plusieurs d’entre elles ont rayonné autour de lui, et l’honneur est grand pour Laforgue d’avoir constitué une esthétique de l’Inconscient à l’aube d’une littérature qui allait se fonder, en réaction contre le positivisme, sur la reconnaissance de l’essentiel mystère des choses.‌ Gustave Kahn « Construire un vers, éloigné autant du moule constant que de la prose, irréductible à l’un des deux, viable, — quel extraordinaire honneur dans l’histoire d’une langue et de la Poésie !  […] Son inspiration, très pure et souvent un peu maniérée, l’apparente à ces poètes, « honneur de la docte Provence, Jaufred que fine amour a point et ce Guillaume Cabesteint qui aima Sorismonde ». […] Telle est la filiation qui relie les muses de l’Hymette à celles du bocage français, — et de cette façon se naturalise parmi nous Moréas, notre poète nationaliste, né en Grèce… Il revendique avec orgueil l’honneur d’avoir, d’un arc qui frappe au loin, « purgé des monstres le Pimple » et de le consacrer aux muses de France qui, avec leurs sœurs helléniques, y mèneront leurs jeux.

2504. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Les vertus de famille sont en honneur aujourd’hui ; il faut s’en affubler.

2505. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Honneur et profit au mécanicien, mais culte au poète !

2506. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

 » Sur la fine poudre grise qui sablait le sol, se dessinait très nettement, avec l’empreinte de l’orteil, des quatre doigts et du calcanéum la forme d’un pied humain, le pied du dernier prêtre ou du dernier ami qui s’était retiré quinze cents ans avant Jésus-Christ, après avoir rendu au mort les honneurs suprêmes.

2507. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Le temps n’est plus au privilège, et le langage des vers est celui d’une trop restreinte aristocratie pour demeurer uniquement en honneur dans un siècle où il faut compter avec les masses ; la prose, parlée de tous, plus généreuse et accueillante, permet à toute pensée, quelle que soit sa nature, de se faire jour.

2508. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Car l’action accomplie n’exprime plus alors telle idée superficielle, presque extérieure à nous, distincte et facile à exprimer : elle répond à l’ensemble de nos sentiments, de nos pensées et de nos aspirations les plus intimes, à cette conception particulière de la vie qui est l’équivalent de toute notre expérience passée, bref, à notre idée personnelle du bonheur et de l’honneur.

2509. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

* *   * Que si l’on me fait cet honneur de me traiter de « platonicien », abandonnant toute donnée métaphysique, je me tiendrai sur le strict domaine de la psychologie.

2510. (1886) Le naturalisme

Il l’obtint surtout hors de son pays, en Italie, en Suède, en Russie, mais pas si grande que des rivaux comme Dumas et Sue ne pussent lutter avantageusement avec lui, et lui disputer honneur et profit. […] Il faut remarquer que si le romancier espagnol ne retire pas de ses œuvres un profit matériel, il n’y gagne pas non plus beaucoup d’honneur, ni ces ovations enivrantes qui élèvent à vingt mètres du sol les auteurs dramatiques.

2511. (1903) La pensée et le mouvant

La perception du changement Conférences faites à l’Université d’Oxford les 26 et 27 mai 1911 Première conférence Mes premières paroles seront des paroles de remerciement à l’Université d’Oxford pour le grand honneur qu’elle m’a fait en m’invitant à venir parler chez elle. […] Il remporta plusieurs prix au concours général, notamment, en 1832, le prix d’honneur de philosophie. […] Poret, quelques-unes des dissertations que l’élève Ravaisson composa dans la classe de philosophie 35 ; nous avons eu communication, à la Sorbonne, de la dissertation sur « la méthode en philosophie » qui obtint le prix d’honneur en 1832. […] Plus d’un philosophe éminent, occupant une chaire d’Université, aurait pu prétendre à cet honneur.

2512. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Hernani, ce bandit plein d’honneur, — Ruy Blas, ce valet sublime, — Marion Del orme, cette courtisane aimante, — Jean Valjean, ce forçat héroïque, sont construits ainsi. […] Avec ses longues années de patient scrupule et de consciencieuse attente, son admirable dédain de l’argent, des honneurs, des succès faciles, avec son courage à poursuivre jusqu’à leur extrémité son rêve et son œuvre, il nous apparaît comme un héros intellectuel. […] Il semble que l’heure ait sonné de fixer avec plus d’impartialité quelques caractères d’une école qui eut, à tout le moins, ce rare honneur de servir la plus noble des causes, celle des Lettres, aimées comme elles doivent être aimées, — pour elles-mêmes.‌

2513. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Niebuhr affirmait en 1822 que les Notes sur la chronique d’Eusèbe auraient fait honneur aux premiers philologues allemands. […] Elie. « En Sicile, dit Beugnot, la Vierge prit possession de tous les sanctuaires de Cérès et de Vénus, et les rites païens pratiqués en l’honneur de ces déesses, furent en parties transférés à la mère du Christ26. » Il y a dans l’Orne, à Céton, une Sainte Vénisse représentée nue à la restriction d’une écharpe ; il y en a une autre à Nogent-le-Rotrou : les femmes vont la vénérer le vendredi (Veneris dies) et l’implorer pour les indispositions de leur sexe. […] Combien d’idées absurdes, de suppositions fausses, de notions chimériques dans ces hymnes que quelques défenseurs téméraires des causes finales ont osé composer en l’honneur du Créateur. » Gœthe reprit cette opposition du pourquoi du comment, mais il la précise avec génie, en la rendant concrète : « La question, dit-il, n’est plus de savoir pourquoi le bœuf a des cornes, mais comment les cornes sont venues au bœuf. » Si Gœthe avait donné toute la dernière partie de sa vie aux sciences naturelles, quel n’eût pas été leur avancement !

2514. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Ils se lançaient en mer sur leurs barques à deux voiles, abordaient au hasard, tuaient, et allaient recommencer plus loin, ayant égorgé en l’honneur de leurs dieux le dixième de leurs prisonniers, et laissant derrière eux la lueur rouge de l’incendie. « Seigneur, disait une litanie, délivrez-nous de la fureur des Jutes. » « De tous les barbares18, ce sont les plus fermes de corps et de cœur, les plus redoutés », ajoutez les plus « cruellement féroces. » Quand le meurtre est devenu un métier, il devient un plaisir.

2515. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

depuis plusieurs mois vous arrêtez en faveur d’un seul homme la vie de toute une nation, d’une nation sollicitée par tant d’autres grands et pressants problèmes ; de vos larges gestes théâtraux, vous provoquez l’opinion publique ; autour de vos tristes tréteaux vous amassez la foule, et alors, avec un cynisme ou une inconscience vraiment extraordinaires, vous déclarez, en vous frappant la poitrine, que vous possédez des preuves, des preuves que vous n’apportez jamais ; vous affirmez, que dis-je, hier encore, après quelques phrases sur « la glorieuse cité de Venise », vous juriez solennellement qu’un homme condamné pour trahison n’avait jamais trahi, et puis, lamentablement, vous mendiez un acquittement en promettant aux jurés la reprise des affaires ; vous avez semé le trouble dans les esprits et la haine dans les cœurs ; vous avez osé couvrir du glorieux pavillon des principes proclamés, il y a cent ans, par la France à son éternel honneur, des passions louches et des combinaisons politiques ; vous êtes assez naïf pour croire, ou assez impudent pour proclamer, que vous marchez à la conquête de la Vérité et de la Justice… Mais regardez donc un peu quelques-uns de vos compagnons d’armes !

2516. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — Scène lyrique en l’honneur d’Auguste Comte. —  La liberté ou le Rêve d’Éraste. — Aventure flamande de sœur Godeliève (tirages à part de la Revue) (Ancienne Revue des Revues), 1900-1004. — Poussier des Mottes, 1 acte et 2 tableaux (Théâtre Cluny, 1905).

2517. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Cela viendra, je l’espère ; alors plus d’Harmonies du cœur, de Larmes et Sourires, de Soupirs et Langueurs, de Souffrances et Plumes arrachées, de Brises du soir, plus de Méditations, de Contemplations, de Satires, de Primevères, de Chroniques rimées, de Poèmes antiques ou antédiluviens, de Chercheurs d’or, de Gabrielle, d’Honneur et d’Argent. […] * *   * Nous avons déjà eu l’honneur d’être appelés niais par tout le peuple des grenouilles littéraires.

2518. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Je m’enfonce parmi ces hommes, aux cheveux tuyautés tout droits, aux larges épaules, à l’étroit bassin, à la peau briquetée, vêtus du pagne plissé, appelé schenti, et tenant entre le pouce et l’index de la main gauche un petit sceptre, et de l’autre un bâton d’honneur ; vêtus d’une peau de panthère, quand ils sont des prêtres.

2519. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Mais il ne faut pas juger Cardaillac sur ces apparences : le mot nécessité n’a pas pour lui le même sens que pour un Bonald ; il appelle ainsi un très haut degré d’utilité ; les passages83 dans lesquels il contredit à l’occasion sa formule de la nécessité font plus d’honneur à son sens psychologique qu’à la rectitude logique de son esprit.

2520. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

., je savais les jalousies de ménage à ménage… À Nîmes, à Lyon, à Paris, j’avais dix modèles pour un, tous dans ma famille, et je me mis à penser à cette pièce dont le pivot d’action devait être l’honneur de la signature, de la raison sociale4. » La crise est déterminée en partie, dans ce cas, par une réaction. […] Sardou s’est demandé quel est le plus grand sacrifice qu’un patriote puisse faire à son pays et à cette question il a trouvé la réponse suivante : c’est que cet homme, blessé dans son honneur conjugal, renonce à sa vengeance et pardonne parce qu’il comprend que l’amant de sa femme est indispensable à son pays.

2521. (1927) André Gide pp. 8-126

André Gide le plus grand honneur.

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