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1407. (1890) L’avenir de la science « XVI »

La paix ne reparaîtra qu’avec la grande synthèse, le jour où de nouveau les hommes s’embrasseront dans la raison et la nature humaine convenablement cultivée. […] Un homme simple, synthétique, sans critique, est plus puissant pour changer le monde et faire des prosélytes que le philosophe inaccessible et sévère. […] L’homme ne saura réellement que quand, en affirmant la loi générale, il aura la vue claire de tous les faits particuliers qu’elle suppose. […] Certes, il serait bien étrange qu’il y eût dans la nature, soixante et un corps simples, ni plus ni moins, qu’il y eût dans l’homme huit ou dix facultés, ni plus ni moins. […] Les types à la Franklin, les hommes d’ici-bas (tout ce qu’il y a au monde de plus athée) sont souvent les plus étroitement attachés aux formules.

1408. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Enfin, il ne manque au caractère d’un Français rien de ce qui appartient à celui d’un agréable et galant homme. […] Franklin est un des hommes qui, tout en honorant l’humanité et en aimant à regarder vers le ciel, ont le moins visé à faire l’ange. […] Tous les fous et les rêveurs semblaient s’être donné le mot pour prendre cet homme sensé qui venait de loin, pour leur confident et pour leur juge. […] Si les hommes sont si méchants avec la religion, que seraient-ils donc sans elle ? […] Mais une telle scène, avec les mots qu’y prononça Voltaire, retentit au loin et parla vivement à l’imagination des hommes.

1409. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Je cite quelques passages essentiels de cette préface : « Aux temps primitifs, … l’homme chante comme il respire… Il est jeune, il est lyrique. […] L’épopée, c’est la maturité agissante et conquérante, le récit qui est lui-même un acte ; son objet : l’homme ou le groupe d’hommes, s’affirmant dans leur réalité présente et dans leur lutte avec d’autres hommes et d’autres groupes. […] J’entends une objection ; on me dit : ces trois « visions » de la vie, qui se succèdent le plus souvent chez le même homme, c’est un fait facile à constater, par l’expérience personnelle ; mais pourquoi un groupe d’hommes (la nation, ou la société tout entière) les connaîtrait-il nécessairement ? […] Or, les idées, aussi bien que les hommes, naissent les unes des autres ; elles ont leur jeunesse, leur maturité, et leur crise finale qui est un nouvel enfantement ; c’est leur évolution logique. […] Elles n’eurent aucune influence sur l’évolution du théâtre ; elles sont au drame ce que les mannequins du musée Grévin sont à l’homme vivant.

1410. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Il servait à fermer la ceinture d’un homme, selon l’usage d’alors. […] Elles soupçonnèrent alors qu’il était homme. […] Malheureux brave homme ! […] Ce pauvre homme, à ces paroles, s’écria : Hélas ! […] J’entendis le capitaine Monaldi qui disait : Malheureux homme !

1411. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

— « Voilà le fruit de ton amour pour les hommes. […] je me lamente sur le mal présent, sur le mal futur… J’ai fait du bien aux hommes, et me voici lié à ces tourments. […] Non content d’avoir détourné la foudre des hommes, il leur donna la lumière. […] Il y régnait, ombre de dieu sur des ombres d’hommes. […] Mais Eschyle reconnaîtrait encore son Titan dans ce Prométhée transformé qui n’est autre que l’Homme éternel.

1412. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Que d’hommes dans tous les pays ont été immolés pour un éclat de tonnerre ou telle autre cause ! […] Les hommes ne font attention à ce roulis perpétuel que quand ils en sont les victimes : il est pourtant toujours. L’homme ne juge les choses que dans le rapport qu’elles ont avec lui. […] Comme les enfants prennent les statues d’airain au sérieux et croient que ce sont des hommes vivants, ainsi les superstitieux prennent pour vérités toutes les chimères. […] tant de grands hommes ont cru tout cela… Avez-vous plus d’esprit, de sens, de savoir ?

1413. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Un siècle a-t-il été donné aux hommes si intelligents et si énergiques de notre patrie pour en faire un si misérable usage ? […] La guerre étrangère paraît une heureuse diversion aux hommes d’État ; on impute au roi ses premiers revers. […] Tous les hommes éminents et sages de l’Assemblée constituante en sont malheureusement exclus par une volontaire abdication de leur mandat. […] C’est en approchant de l’homme témoin des événements qu’on approche le plus près de la vérité des actes et des caractères. […] L’acteur disparaît, l’homme se révèle, l’histoire devient nue comme la vérité.

1414. (1864) Le roman contemporain

Mais si on trouve chez lui l’homme du métier, on trouve aussi chez lui l’homme de l’art. […] Prenons d’abord les hommes. […] L’homme tel que le conçoivent la plupart des romanciers modernes est au-dessous de l’homme réel ; l’homme tel que le conçoivent les romans de chevalerie est au-dessus, c’est un homme surfait. […] si les hommes ressemblaient à Maxime !  […] Un cri perçant retentit, un homme tombe !

1415. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

L’homme en question n’a peur de rien et de personne. […] — Cet homme-là faisait les préfaces tout aussi bien que les postfaces. […] C’est un homme d’un goût si fin et si habile ce M.  […] Si les hommes sacrifient aux autels de Jupiter, c’est pour avoir de l’argent. […] Non, pour un parterre français, cet homme-là n’est pas assez châtié.

1416. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

C’est alors que, son expérience du métier le rendant utile, et les circonstances extraordinaires poussant les hommes, Friant se vit en deux temps, chef de bataillon d’aborden 93, puis immédiatement général de brigade en 94. […] Mais dans les épreuves multipliées, dans les vicissitudes de chaque jour, les incapables étaient vite balayés, tandis que les hommes de talent, une fois promus et dans des postes élevés, prenaient de l’ascendant, acquéraient l’habileté que donne la guerre ; ils sauvèrent le pays en s’illustrant. […] De nuit il se relevait pour tout visiter : « Quand on a seize mille hommes derrière soi, disait-il, on doit veiller pour tous. » Aussi n’était-il jamais surpris. […] Vous êtes l’un de ces hommes que je voudrais pouvoir placer partout où je ne puis pas être moi-même. Avec des hommes comme Friant, tout honneur, toute simplicité, sans politique, sans raillerie frondeuse, héroïquement utiles et n’ambitionnant pas autre chose, Napoléon n’était resté que le premier des soldats.

1417. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

Un des hommes qui l’appréciaient le mieux, mais sans complaisance, M.  […] Un de nos hellénistes les plus distingués, et à la fois homme de beaucoup d’esprit, M.  […] J’ai connu de près beaucoup de ces hommes, M.  […] — Aujourd’hui même elle est injuste, sans s’en douter, envers un homme du plus haut mérite, doyen de Strasbourg, Bergmann, seul maître dans le norrain. […] De tout ce pour et ce contre, de tous ces dits et contredits, il résulte, ce me semble, un crayon assez complet de l’homme.

1418. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

L’humanité lui paraissait depuis longtemps sortie de ses voies ; les hommes, en s’écartant de la nature, s’étaient créé mille passions factices dont ils devenaient tour à tour instruments et victimes. […] « M. de Pongerville est un de ces hommes honnêtement doués qui peuvent, à volonté et à coup sûr, faire leur chemin, comme dirait Paul-Louis, dans les sels, dans les tabacs ou dans les Lettres. […] L’homme faible et pervers, artisan de ses maux, A creusé sous ses pas les gouffres infernaux. « Il fallait nécessairement : Ainsi l’homme a creusé, etc, etc. […] Mais du moment que les amis maladroits de M. de Pongerville l’ont ridiculement élevé pour l’opposer à des hommes d’originalité et d’invention, du moment qu’il s’est laissé mettre comme obstacle dans le chemin des autres, sa position a changé.

1419. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

François d’Assise, l’homme du monde qui, par son exquise bonté, sa communion délicate, fine et tendre avec la vie universelle, a le plus ressemblé à Jésus, fut un pauvre. […] Comme tous les grands hommes, Jésus avait du goût pour le peuple et se sentait à l’aise avec lui. […] Le Fils de l’homme est venu, vivant comme tout le monde, et vous dites : C’est un mangeur, un buveur de vin, l’ami des douaniers et des pécheurs. […] Jamais tant de joie ne souleva la poitrine de l’homme. […] Proverbe qui veut dire : « L’opinion des hommes est aveugle.

1420. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIII, les Atrides. »

Le fils de l’homme qui a tué tuera à son tour, le petit-fils recommencera le père et l’aïeul. […] Or la nature du mythe est d’absorber des peuples dans des hommes, des cataclysmes dans une catastrophe ; d’immenses carnages dans un meurtre unique. […] Apollon dévorait des hommes dans l’île de Leucade. […] Croire que ces Êtres divins pussent se repaître de la chair des hommes, était une absurde impiété. […] La nature outragée châtie les attentats de l’homme par ses perturbations vengeresses.

1421. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

Rien ne convient moins qu’un habillement long à un homme qui danse à notre maniere. […] Qu’on empêche un homme vif de gesticuler en parlant, son expression devient languissante, et le feu de son éloquence s’éteint ? […] Ainsi l’homme qui veut exprimer distinctement sans parler, une autre chose qu’une affection, est obligé d’avoir recours à ces démonstrations et à ces gestes artificiels, qui ne tirent pas leur signification de la nature, mais bien de l’institution des hommes. […] Les démonstrations et les gestes dont se sert un homme qui ne veut pas, ou qui ne peut point parler, ne sont donc pas les mêmes précisément dont on se sert en parlant. […] Ainsi l’homme qui se bat la poitrine fait un geste naturel qui marque un saisissement.

1422. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

L’homme ne vit pas avec autant d’intensité dans le temps qu’on le pense. […] Cette différence de position impose il autres devoirs aux hommes d’état : nous appellerons bientôt leur attention sur cet objet. […] Cette voix des hommes, qui n’est plus la parole que nous apprîmes à bégayer en naissant, nous cause une tristesse inexprimable. […] Ne voyez-vous pas ces hommes nés dans le siècle de l’incrédulité, et élevés dans l’absence de toute crainte religieuse ? […] Si Dieu lui-même ne veillait pas à la conservation du christianisme, j’oserais dire qu’il faudrait que les hommes s’en occupassent.

1423. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

Le moyen donc d’être bonhomme, en peignant un homme qui l’est si peu ? […] Et c’est par là que cet homme, nommé grand homme un peu trop vite, manqua, selon moi, l’absolue grandeur. […] Il avait le vin, mais il n’avait pas l’huile du Bon Samaritain ; homme sans onction, mais non pas sans vertu ! […] Il ne les prit pas, comme si le Christianisme, qui a dit que la main gauche doit ignorer ce que donne la droite, avait exigé cette ignorance du cœur de l’homme pour le bien qu’il a reçu ou qu’il a fait ! […] L’homme, mis si haut, avait dans l’esprit et dans le caractère des indigences qu’il fallait la courageuse biographie de Louis Vian pour retrouver.

1424. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Dans le chapitre de l’homme, où le récit de la Genèse est culbuté par l’hypothèse, l’éternelle hypothèse du développement progressif de la vie et de « la création graduelle », M.  […] Il s’imagine que Dieu, comme l’homme, a son chemin à faire et qu’il a besoin d’expérience ! […] Le traité de Terre et Ciel est une petite Babel bâtie par un seul homme. […] qu’après des affirmations de cette nature, un homme sensé ne discute plus. […] Telle est la conclusion que les hommes pratiques tireront de la doctrine du philosophe.

1425. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Géométriquement, l’angle facial de ces deux hommes semble avoir les mêmes dimensions. […] Quand il écrivait pour dix-huit louis dix-huit sermons, il se moquait de lui-même et de l’homme qui les lui payait, tandis que M.  […] Ses livres sont lus, et l’Histoire littéraire a magnifiquement enguirlandé la niche d’homme célèbre où il perche sur un piédestal. […] Tant d’acharnement dans un homme de pensée comme M.  […] Le suicide qui était dans l’air et dans les cerveaux à cette époque, autour de l’homme et dans l’homme, faillit l’emporter ; mais, au lieu d’allumer le réchaud d’Escousse, M. 

1426. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Avec l’immobilité des jugements des hommes, tout dépend longtemps, sinon toujours, du premier moment dans la vie. […] Il l’avait connu dans sa jeunesse, à cette heure de la vie où nous nous faisons tous de quelque homme supérieur un idéal. […] Mérimée, qui sont des conseils de vieux pilote à un homme qui commence de naviguer. […] Mérimée, confirme ce que nous avons dit, au commencement de ce chapitre, sur l’absence de vocation profonde en ce romancier de volonté et de parti pris… Un homme de vocation profonde n’imite personne. […] Il a commencé avec talent dans le roman ce qu’un homme de talent aussi, M. 

1427. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Caractère de l’homme. […] On peut dire que le « monde » français n’est qu’une réduction et une adaptation de la vie de cour italienne, comme notre honnête homme, l’homme universel de Pascal, réalise, avec une élégance moins fine et moins riche, l’homme complet, idéal de l’Italie de 1500. […] Il fut difficile aussi de parler à ce public de ce qui n’était pas lui : et par là la matière littéraire se restreignit encore ; l’homme, mais l’homme de la société, soumis aux rapports, aux lois, aux accidents sociaux, ayant affaire un peu a Dieu, beaucoup aux hommes, nullement à la nature, fut l’original nécessaire de tous les portraits. […] Il ne veut pas être autre chose qu’un homme d’esprit qui écrit quelquefois, et c’est son neveu Pinchêne qui fera de lui un homme de lettres après sa mort, en l’imprimant. […] Scarron est le grand homme du genre : rien ne vaut le Virgile travesti, qui ne vaut pas grand’chose.

1428. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Un homme qui ne lit pas reste un ignorant. […] Il s’y mêle aussitôt le cri des hommes et le grincement des cordages. […] Mais toujours les hommes à longs cheveux reparaissent. […] Un homme gros tourne chez lui au pot à tabac. […] Si nous avons adoré un homme, vous vous êtes entendu avec cet homme pour nous faire croire qu’il était Dieu.

1429. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Ils ne sont ni rares ni étranges les hommes chez lesquels la parole est extérieure pour un cinquième seulement de sa durée totale. […] Naturel à l’homme, ce langage n’est pas d’institution divine60. […] Mais, chez l’homme normal, cette infériorité de la parole intérieure peut et doit disparaître [ch. […] « Dès que l’homme a commencé de parler, dit-il, il pense rarement sans parler mentalement sa pensée » ; il refuse d’accorder davantage. […] Louis Ménard, exprime très exactement le vœu de l’homme qui aspire au sommeil : le sommeil, j’entends un bon sommeil, est un nirvana temporaire et périodique.

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