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450. (1894) Critique de combat

Elle n’était guère solide, la volonté de bien faire qui s’est ainsi brisée au premier obstacle ! […] Et cela, ni vous ni vos disciples n’osez guère l’essayer. […] Payot du courage pour avancer certaines opinions qu’on n’ose guère émettre en France, surtout à Paris. […] L’humanité à ses débuts n’en savait guère plus que vous. […] Il ne reste guère, en effet, que l’état de nature qui puisse se dérober à sa critique.

451. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Quincey, dans une revue anglaise, rendit compte de ce Walladmor ; mais il ne l’avait guère lu, et il en fit une analyse toute de fantaisie. […] On nous a donné bien des romans de l’homme de lettres depuis trente ans : il n’en est guère que nous ayons retenu. […] Il ne fut guère autre chose encore à Oxford, où il vint ensuite en qualité de boursier. […] Les philosophes, en vérité, ne peuvent guère trouver leur compte dans sa méthode ni dans ses conclusions. […] Huret : je n’en ai guère rencontré, en tout cas, qui se divertissent expressément à médire de leurs confrères, ou qui confondissent les doctrines avec les personnes.

452. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

L’intime liaison avec Mme de La Fayette, qui les adoucit et les consola véritablement, ne vint guère qu’après. […] Pascal, Molière, Nicole, La Bruyère, ne flattent guère l’homme, j’imagine ; les uns disent le mal et le remède, les autres ne parlent que du mal : voilà toute la différence. […] La simple comparaison fait mieux comprendre à quel point (ce à quoi autrement on ne songe guère) La Rochefoucauld est un écrivain. […] Dans la lettre si connue où elle raconte l’effet de cette mort sur Mme de Longueville, Mme de Sévigné ajoute aussitôt : « Il y a un homme dans le monde qui n’est guère moins touché ; j’ai dans la tête que s’ils s’étoient rencontrés tous deux dans ces premiers moments, et qu’il n’y eût eu personne avec eux, tous les autres sentiments auroient fait place à des cris et à des larmes que l’on auroit redoublés de bon cœur : c’est une vision. » Jamais mort, au dire de tous les contemporains, n’a peut-être tant fait verser de larmes et de belles larmes que celle-là.

453. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Le lien féodal, bien relâché, n’oblige ni n’empêche plus guère : la loyauté subtile du chevalier sait se dérober fièrement ; avec de belles attitudes et une noble piaffe. Au fond, parmi tous ces chevaliers, il n’y a guère que des routiers ; il n’y a que les paroles et les manières qui fassent une différence. […] Charles V n’eut guère que ce goût de commun avec son père et son frère. […] Ce règne de sagesse et d’étude n’était pas pour réveiller la poésie : aussi n’en trouve-t-on guère dans les innombrables vers d’Eustache Deschamps102, le messager et huissier d’armes de Charles V, le poète bourgeois de cette cour bourgeoise.

454. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Il ne doit guère moins à Voltaire, qu’il contredit, que Courier, qui le continue. […] Le romantisme ne pénétra guère dans l’éloquence parlementaire avant 1848 : sous la Restauration. […] Cela le met au-dessus de Guizot, encore qu’à tout prendre, jusqu’en 1850, il n’ait guère joué qu’un rôle assez mesquin d’ambitieux égoïste. […] Louis-Philippe lui donna, en 1830, 100 000 francs pour payer ses dettes. — Ses grands ouvrages sur la religion ont été sans influence : Constant y considère surtout le sentiment religieux comme fait psychologique et social ; l’époque n’était guère favorable à une telle étude.Éditions : Adolphe, 1816, in-12.

455. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

C’est enfin la conformité de la vie à l’Idéal  un idéal qu’Ibsen ne définit guère expressément, où l’on distingue un peu de naturalisme antique et beaucoup d’évangile, mais d’un évangile orgueilleux et raisonneur, des velléités de socialisme et, presque dans le même temps, la superbe d’un dilettantisme aristocratique et, sur le tout, une couche de pessimisme. […] Cela, je pense, n’arrive guère. […] Chez nous, au contraire, catholiques émancipés  ou catholiques pratiquants, mais que la confession sacramentelle décharge en partie du soin d’administrer leur propre conscience  il y a une littérature religieuse, ou plutôt ecclésiastique, que nous ne connaissons guère, et une littérature toute profane et laïque, chacune faisant son jeu à part. Certaines vues sur l’arrière-fond des âmes, certains morceaux de casuistique morale, certaines effusions du sentiment religieux (même abstraction faite de toute église confessionnelle), qui nous émerveillent chez Eliot ou chez Ibsen, c’est dans Bossuet, c’est dans les écrits de tel prêtre et de tel moine que nous ignorons, c’est chez Lacordaire et Veuillot même, que nous en trouverions des exemples analogues ; et c’est où nous ne nous avisons guère d’aller les chercher.

456. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

L’artiste, chez lui, n’a guère de défaillance. […] Séparée du réseau sonore de la strophe, elle n’est plus qu’un vain ornement et n’ajoute guère à l’harmonie. […] Il a de leurs défauts une tendance à l’élocution trop facile, et, de-ci, de-là, au prosaïsme, — et la tendance aussi de ne se guère régler que sur son propre assentiment. […] L’auteur des Cygnes sera peut-être surpris de se voir assimilé à Ravachol ; — comme il n’y a guère de propagande par le fait, disons plutôt Kropotkine.

457. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Cette cohabitation dans une même personne de deux entités qui ne vont guère ensemble se faisait chez lui sans collision trop sensible, car le saint l’emportait absolument et régnait en maître. […] On chercherait en vain entre les directeurs et les élèves la cordialité ; c’est là une plante qui ne croit guère qu’en Bretagne ; mais les directeurs ont un certain esprit large et bon, qui plaît et convient parfaitement à l’état moral des jeunes gens tels qu’ils leur arrivent. […] Les personnes qui n’ont pas l’esprit scientifique ne comprennent guère qu’on laisse ses opinions se former hors de soi par une sorte de concrétion impersonnelle, dont on n’est en quelque sorte que le spectateur. […] La considération isolée des faits ne mènerait guère à l’optimisme.

458. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Mon père ne prévoyait guère, quand il faisait la campagne de Russie, une épaule cassée à la bataille de la Moskova, et qu’un peloton de cosaques passant comme une trombe, le forçait à finir un morceau de cheval sur le toit d’une habitation, en faisant le coup de pistolet, mon père ne prévoyait guère que son fils serait un jour apprécié par une compatriote de ces cosaques. […] Jeudi 10 octobre Au fond, dans toute cette Exposition de 1878, il n’y a guère que les objets d’art japonais, les imitations de verre de Venise, et le moulage russe d’un seul jet du corps d’une femme. […] Ce n’est guère bon pour nos palais européens, mais l’on sent dans ces comestibles une cuisine très civilisée, très travailleuse du suc et de l’essence des aliments, et dont les produits donnent aux papilles un tas de petites sensations, délicates, complexes et fugitives.

459. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

… À la vérité, la Critique n’ignorait pas qu’un tel ouvrage, diamant perdu et rapporté à un écrin immense, n’y ajouterait guères qu’une étincelle ; mais ce qu’elle tenait à indiquer, c’est que ce livre inaugurerait peut-être dans la littérature française du xixe  siècle un genre particulier de littérature, qui a son nom depuis longtemps en Angleterre (littérature fashionable ou de high life), et qui, n’existant pas en France, y débute, grâce à Balzac, par un chef-d’œuvre. […] Balzac vaut bien pour le moins, pédanterie à part, la plupart de ces vieux manuscrits grecs qu’on retrouva au xve et au xvie  siècle, et qui furent imprimés, par les Lévy du temps, avec un respect, un amour, et presque une piété que les éditeurs n’ont plus guères ! […] Il n’en a guères paru qu’un petit nombre de volumes, qui ne renferment encore que quelques romans de La Comédie humaine, publiée déjà (édition Furne) en 1846, et que MM.  […] Il ne se mirait guères dans cette glace des lettres qu’on écrit, comme le font les Narcisses de l’oisiveté.

460. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Il ne se décidait guère à un travail proprement dit que quand il y était sollicité par l’amitié ou par un devoir. […] en me laissant l’idée (arrive jusqu’ici, je puis dire la certitude) qu’il n’entendrait guère me répondre, ce dont en effet tout son esprit le laisse peu capable.

461. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

On ne passait guère la Sicile, on ne doublait pas le Péloponèse. […] L’on n’a guère vu jusqu’à présent, a dit La Bruyère, un chef-d’œuvre d’esprit qui soit l’ouvrage de plusieurs ; et il cite comme irrécusable exemple l’Iliade.

462. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Que l’auteur ait des sympathies pour lui, cela est possible, mais ne regarde guère le lecteur. […] Au temps de L’Homme libre, il ne s’embarrassait guère de préface.

463. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Elle n’avait guère de monuments anciens, car jusqu’aux Asmonéens, les Juifs étaient restés étrangers à tous les arts ; Jean Hyrcan avait commencé à l’embellir, et Hérode le Grand en avait fait une des plus superbes villes de l’Orient. […] Plusieurs discours contre les Pharisiens et les Sadducéens, placés par les synoptiques en Galilée, n’ont guère de sens qu’à Jérusalem.

464. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

John Stuart Mill, n’ont guère fait que l’effleurer. […] Sans doute une « analyse des phénomènes de l’esprit humain » doit s’en tenir aux faits ; mais la liberté, qu’on la considère comme vraie ou comme illusoire, est une question de fait aussi, et il n’est guère possible de la reléguer dans le domaine de la métaphysique.

465. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

On ne peut guère séparer de l’école qui nous occupe le docteur Maudsley dont la Physiologie et Pathologie de l’Esprit 281 est, comme le fait remarquer Herbert Spencer, tout imprégnée de l’idée d’évolution. […] II Il n’est guère possible, qu’en parcourait les études qui précèdent, le lecteur n’ait pas été frappé de deux choses : de l’accord des philosophes que nous avons passés en revue, sur les questions capitales de la psychologie, et de leurs dissentiments sur quelques points secondaires.

466. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Entre lui et tel artiste enfermé des années dans un labeur très lent, il n’y eut guère plus qu’une différence de temps. […]   Auprès d’un empirisme à tel point volontaire, systématique et affirmé, étayé sur la science, représenté par des esprits si justement célèbres, le Parnasse sénile et son formisme inconsistant ne comptaient guère.

467. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Maurice Magre ont organisé le théâtre des Poètes qui ne joua guère que des drames romantiques — un peu différents de ceux de M.  […] Qu’il soit l’esclave du luxe, de la frivolité et de la spéculation industrielle, comme dans notre société aveulie, et le théâtre ne sera guère autre chose que le reflet chatoyant et trompeur des vices, des ignorances et des lâchetés d’une époque.

468. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre IV : Règles relatives à la constitution des types sociaux »

Elle ne peut guère faciliter la recherche, si elle ne fait que résumer les recherches déjà faites. […] Cependant, pour des raisons que nous donnerons plus loin, nous ne croyons guère possible de dépasser utilement les divisions générales qui viennent d’être indiquées.

469. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Il est bien vrai que je ne me suis jamais guère occupé d’autre chose, et que j’ai suivi en cela un penchant fort commun de notre temps. […] Nous sommes bien loin du temps où le critique se bornait à dire, ou à peu près : « Il vient de paraître tel ouvrage par un tel ; lisez-le ; j’y ai trouvé du profit et du plaisir. » Il est vrai que l’éloquence n’y trouvait pas son compte, et qu’il n’y avait guère moyen de réunir ces articles sous un titre plus ou moins modeste : « Mélanges, Causeries de tel ou tel jour de la semaine » ; mais le lecteur avait du moins un renseignement précis.

470. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Pour lui qui connaît le pays, qui a plongé son bâton de voyageur dans ce guano de tous les vices, cette révolution dont on fait tant de bruit ne sera guères qu’un de ces changements de dynastie si communs en Chine. […] Somme toute, comme on voit, il ne reste guères qu’un zéro au quotient de ce peuple.

471. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Fils des circonstances, comme Napoléon, ç’a été sa seule manière de lui ressembler, car il n’était guère besoin de génie pour deviner que l’établissement d’une revue était une excellente affaire au moment où il se trouva pour une moitié d’idée dans l’établissement de la sienne. […] Je ne connais guères qu’une personne de ce temps-ci qui ait eu un honneur égal à celui de Buloz, et c’est Véron, ce gros mauvais sujet de Philibert, devenu le docteur Véron vers le tard.

472. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Il ne croit guères plus à la corruption des Romains qu’à la virginité des Barbares. […] Et si, alors, l’Empire Romain était un grand nom plus qu’une grande choie, s’il n’était plus guères qu’un dais avec une momie byzantine par dessous, il existait encore énergiquement par l’influence ; il existait et planait encore comme une divinité politique sur toutes les royautés barbares.

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