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1152. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Il voyait la laideur expressive de Molière, le paysage natal de Racine, cette nature sévère et harmonieuse de la Ferté-Milon, l’intérieur de bourgeois cossu du poète vieilli ; il nous le montrait dans son cabinet, en sa robe de chambre « bordée de satin violet », devant ses rayons garnis de livres, ou, lorsqu’il s’en allait à la cour, en « manteau d’écarlate rouge » et « en veste de gros de Tours à fleurs d’or », avec une « petite épée à garde et poignée d’argent » au côté, montant dans son carrosse rouge que tiraient deux bons vieux chevaux.

1153. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

Ce n’est que quand ils auront ainsi perdu toute vie que nous pourrons classer nos souvenirs dans le temps, comme un botaniste range dans son herbier les fleurs desséchées.

1154. (1890) L’avenir de la science « Préface »

La plante ne vaut que comme produisant des fleurs, des fruits, des tubercules nutritifs, un arôme, qui ne sont rien comme masses, si on les compare à la masse de la plante, mais qui offrent, bien plus que les feuilles, les branches, le tronc, le caractère de la finalité.

1155. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Dieu n’est pas seulement au ciel, il est près de chacun de nous ; il est dans la fleur que vous foulez sous vos pieds, dans le souffle qui vous embaume, dans cette petite vie qui bourdonne et murmure de toutes parts, dans votre cœur surtout.

1156. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Horace, dans ses vers, a résumé toute la substance et la fleur de l’ancienne critique : en vraie abeille qu’il est, il en a fait un miel aussi agréable que nourrissant.

1157. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Laide d’abord, belle ensuite, elle est l’attirante… Et c’est ainsi que Magnus, l’homme — la Beauté, la Perfection, la Vie — tombe à ses pieds, tranché par son coup de faulx, après avoir donné tous les baisers d’amour à sa vierge aimée, à Divine, pâle fleur de lis qui meurt, elle aussi, peut-être parce qu’elle ressemblait trop à l’Aurore !

1158. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Libéral il nous donne Ou des fleurs au printemps, ou des fruits à l’automne.

1159. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Si le chantre d’Ilion peint un jeune homme abattu par la lance de Ménélas, il le compare à un jeune olivier couvert de fleurs, planté dans un verger loin des feux du soleil, parmi la rosée et les zéphyrs ; tout à coup un vent impétueux le renverse sur le sol natal, et il tombe au bord des eaux nourricières qui portaient la sève à ses racines.

1160. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

On y connaît à peine le soleil ; les fleurs sont les mousses marines, les algues et les coquillages colorés qu’on trouve au fond des baies solitaires.

1161. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Tombé dans la fleur de sa force (il avait trente-six ans), ce jeune homme, ce Français, appartenait aux vieilles familles politiquement déchues, mais qui ont encore de ces descendants dans leur déchéance.

1162. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Veut-on que nous parlions de ce pauvre Jules de la Madelène, cette charmante espérance littéraire, détruite dans sa fleur par le questionnaire qui ne donne pas la torture qu’aux œuvres ?

1163. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

Les femmes elles-mêmes trouveraient du plaisir dans cette érudition élégante et fringante, qui, pour les hommes, n’en est pas moins substantielle, — et qui est laite de tant de choses, comme un parfum est fait de mille fleurs.

1164. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

S’il eut des lueurs, — comme dit Madame de Staël, — il eut plus de parfums encore, et c’est qu’il est des fleurs dont le calice, à certains moments, semble verser de la lumière.

1165. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Or, quelles que soient les sévérités contre les œuvres, le dictame à mettre sur l’amour-propre d’un homme est toujours souverain quand le miel en est composé avec les fleurs de l’espérance et quand la Critique a le droit de dire : Son esprit vaut mieux que ses livres, et voilà pourquoi il peut et même il doit faire mieux.

1166. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Allez boire, à cette source mystérieuse, le voluptueux et pur breuvage qui ensorcelle… Elle l’a bu, elle, et elle en est morte, nous dit-on à la fin de ce livre, fait avec les fleurs d’une âme qui ne devaient s’épanouir que pour l’amour seul… Il faut bien qu’elle soit morte, puisqu’on l’a publié !

1167. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

C’est une honte, en effet, que, tombé au premier rang, un vieillard soit gisant à terre, en avant des jeunes, avec une tête blanchie, une barbe grise, exhalant sur la poussière son âme courageuse, couvrant de ses mains les blessures sanglantes, hideuses, de son corps à nu : mais aux jeunes tout sied bien, tant qu’ils ont la fleur brillante du bel âge.

1168. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Elles regardent à travers les fenêtres des yeux et se jouent à fleur de lèvres. […] Ainsi ce don Quichotte ironiquement nommé par Cervantes la fleur des chevaliers errants de la Manche se trouve en réalité la fleur du génie espagnol ; il est le témoin de l’Espagne en face de la postérité, et il combat après sa mort pour son honneur et sa renommée mieux encore qu’il ne combattit de son vivant pour la délivrance des princesses enchantées et la vengeance des opprimés. […] Pour lui, l’idéal est non pas le contraire, mais l’épanouissement de la réalité : il sort de la réalité comme la fleur sort de la plante, pour la couronner, ou comme le gazon sort de la terre, pour jeter un manteau vert sur sa nudité. […] L’idéal sort de la réalité ; mais, une fois qu’il en est sorti, il ne peut plus y rentrer, de même que la fleur ne peut plus rentrer dans la tige sur laquelle elle s’est épanouie. […] Jamais tyran italien n’a fait mourir ses ennemis avec plus de grâce et en les couvrant de plus de fleurs.

1169. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Weiss n’ont pas été tous des fleurs de pureté. […] Et certes, dans cet astre du rêve, nulle végétation ne convenait mieux que l’orchidée, cette fleur inquiétante qui semble vivre de la vie des trois « règnes », cette fleur qui a des luisants de minéral, des étirements de tentacules, des morceaux de peau humaine, et comme des ulcères précieux. […] Et les figures du ballet expriment d’une façon très gracieuse et très claire les relations habituelles des papillons avec les fleurs. […] Là, les plantes ne sont ni des arbres ni des fleurs. […] La mélancolie y est, partout, comme à fleur d’ironie.

1170. (1923) Nouvelles études et autres figures

Athéna aux yeux pers lui apprit à se ceindre et à se parer ; les Grâces et la vénérable Persuasion lui passèrent un collier d’or ; les Saisons à la belle chevelure la couronnèrent des fleurs du printemps. […] De même, lorsque Virgile, Stace et Dante sont arrivés au haut de la montagne du Purgatoire et pénètrent dans le Paradis terrestre, Dante aperçoit sur les bords du Léthé une Dame, Mathilde, qui s’en allait toute seule, chantant et choisissant les plus belles fleurs. […] Ils surprennent la vue, et nos prés au printemps Avec toutes leurs fleurs sont bien moins éclatants… Ce sont autour de lui confusions plaisantes, Et l’on dirait un tas de mouches reluisantes Qui suivent en tous lieux un doux rayon de miel. […] Et on y voyait des flacons étincelants pareils à des fleurs « où des lucioles feraient vibrer leur lumière sous un cyprès dans la nuit noire ». […] Grand, mince, mais voûté, il ressemblait, a-t-on dit, à une fleur élégante et svelte qui se penche languissamment après une pluie d’orage.

1171. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

. — De même, au premier acte, suffoquée un moment par cette odeur de décomposition, — fleurs mourantes, sueurs, haleines, fumet des nourritures et des boissons, — qui flotte sur la fin d’une fête mondaine, lorsque Hélène, après avoir donné rendez-vous à son amant, ouvre une des fenêtres du salon à la fraîcheur du petit jour, et aperçoit dehors un pauvre vieil homme qui se rend au travail, elle ne fait sans doute que la réflexion banalement apitoyée qu’on pouvait attendre d’elle ; mais cela suffit : cette réflexion, nous la complétons, et nous en sommes un peu plus longtemps mélancoliques que celle qui l’a faite. — Enfin, dans ce grêle et peut-être superflu quatrième acte, il y a un endroit où Philippe nous conte qu’il a réfléchi, qu’il n’est plus le même, qu’il a reconnu que la vie est chose sérieuse, et où il nous dit cela en des phrases qui feraient peut-être sourire l’auteur d’Amants si la Douloureuse était d’un autre. […] Mais, si j’appréhende sur ce point la défiance des paysans, quel citadin de petite, vie ou même quel honnête bourgeois résistera au rêve de liberté et de « poésie », superficielle et accessible, évoqué par ce couplet : … Dis-leur que des pays, ce gueux, il en a cent, Mille, tandis que nous, on n’en a qu’un, le nôtre ; Dis-leur que son pays, c’est ici, là, l’un, l’autre, Partout où chaque jour il arrive en voisin ; C’est celui de la pomme et celui du raisin ; C’est la haute montagne et c’est la plaine basse ; Tous ceux dont il apprend les airs quand il y passe ; Dis-leur que son pays, c’est le pays entier, Le grand pays, dont la grand’route est le sentier : Et dis-leur que ce gueux est riche : le vrai riche, Possédant ce qui n’est à personne : la friche Déserte, les étangs endormis, les halliers Où lui parlent tout bas des esprits familiers ; La lande au sol de miel, la ravine sauvage, Et les chansons du vent dans les joncs du rivage, Et le soleil, et l’ombre, et les fleurs, et les eaux, Et toutes les forêts avec tous leurs oiseaux ! […] Hormis les instants où elle prend pour une tache de sangla coccinelle posée sur sa main et se ressouvient de son amant tué entre ses bras, elle nous a montré une folle câline et rêveuse, sœur des arbres et des fleurs, une dryade esthète selon Rossetti ou Burne Jones, une démente, enfin, dont l’état d’esprit ne paraît pas différer essentiellement de celui d’un poète lyrique. […] Ultime fleur de civilisation voluptueuse, ce théâtre sensuel et sceptique se rachète par la douceur et se relève par la bonté. […] Et si l’on m’assure que ce que je réclame est en effet dans la pièce, je répondrai qu’il n’y est guère, puisque je ne m’en suis pas aperçu ; que, le cœur affadi par tant de fleurs, de printemps, de soleil, d’étoiles, d’idéal et d’éternité, je percevais toute cette vague musique sans y pouvoir attacher aucun sens, et que la critique du fond revient donc ici à celle de la forme.

1172. (1890) Dramaturges et romanciers

Pareille à la fleur légendaire qui ne s’épanouit que tous les siècles, on voit cette plante éblouissante sortir du sol lorsque les énergies silencieusement actives d’innombrables générations ont accompli leur sourd labeur. […] Et cette description des demoiselles : « Jamais visage de femme ne m’a troublé ; mais jamais dans un salon je n’ai pu contempler sans une sorte de vertige cet abîme couvert de fleurs qu’on appelle une demoiselle. […] Toutes les fleurs de la terre seront cueillies pour l’ornement du vice, et la vertu devra se contenter des herbes maussades qui sont l’emblème de la patience, de la routine et de l’ennui ! […] Les fleurs empoisonnées ont des parfums mortels, mais enivrants ; M.  […] En dépit des fleurs dont il a essayé de l’égayer, l’intérieur bourgeois que nous présente le poète est si morne, que cette peinture donne presque raison à l’ennui de Gabrielle.

1173. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Ici il ne paraît pas que son intention fût beaucoup plus pure ni exempte d’arrière-pensée : il songeait à l’avenir et à cultiver cette jeune fleur d’Asie. […] Mme de Nanthia n’eut qu’une fille unique qui fut mariée au comte de Bonneval, de l’une des premières familles du Limousin (N) ; mais ici la tige discrète, qui n’avait par deux fois porté qu’une fleur, sembla s’enhardir et se multiplia. […] Brue à onze heures du soir, la veille de son départ, et le prier de faire en sorte de se rendre maître de l’esprit de M. de Ferriol et de le ramener en France, afin de le détourner d’aborder en Italie. » Il en fut de ce chapeau de cardinal comme de la beauté de Mlle Aïssé que convoitait également le malencontreux ambassadeur ; il n’eut pas plus l’un que l’autre, — ni la fleur, ni le chapeau.

1174. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Pourquoi ce doux sourire, Ces fleurs dans tes cheveux et ces boutons naissants ? […] Ou bien, si d’un pinceau la légère finesse Sur l’ovale d’ivoire avait peint ses attraits, Le velours de sa joue, et sa fleur de jeunesse, Et ses grands sourcils noirs couronnant tous ses traits : Ah ! […] As-tu vu l’ombre de ton aile, Beau cygne, caresser la fleur ?

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