Je veux finir mon poème. […] voici deux hommes : le jeune homme (c’était Fontanes) est mon élève, c’est moi qui l’ai annoncé. » Et il ajoutait que Fontanes finissait l’antique école, et que Chateaubriand en commençait une nouvelle. […] Il n’y a rien de mieux en cette manière ; c’est du La Harpe fini et perfectionné, et plus que cela ; pour une certaine rapidité de goût, c’est du Voltaire. […] Velly finit à Henri IV, et les autres historiens ne vont pas au-delà de Louis XIV. […] On n’en finirait pas, si l’on voulait tout rechercher : il serait presque aussi aisé de savoir le compte des journaux où Charles Nodier a mis des articles, et il y faudrait l’investigation bibliographique d’un Beuchot.
Elle se lamente, elle brouille les noms, elle fait des phrases, elle finit par demander de l’eau-de-vie. […] À un certain degré finit la conscience ; la nature prend sa place, et l’homme court sur ce qu’il désire sans plus penser au juste ni à l’injuste qu’un animal de la forêt voisine. […] Après l’horrible scène où Shylock brandit son couteau de boucher contre la poitrine nue d’Antonio, ils voyaient encore volontiers la petite querelle de ménage et l’amusante taquinerie qui finit la pièce. […] On s’épouse, on danse, et tout finit par une fête pastorale. […] Les trois amants finissent par entonner une sorte de trio.
Grâce à Dieu, mon cher ami, j’ai presque fini ma carrière, qui n’a été qu’une suite d’embarras et de douleurs. […] Malgré ce succès et cette heureuse rentrée en scène, Ducis a toujours l’œil à la retraite ; il cherche s’il ne découvrira pas quelque antre sauvage où, loin des peines actuelles et des malheurs qui ne sont pas finis, il puisse se retirer « avec La Fontaine et Shakespeare. » Il y joindra aussi Sophocle ; car il méditait de retoucher son Œdipe chez Admète et d’en faire simplement Œdipe à Colone : « C’est avec ces grands modèles qu’il est doux et bon de s’occuper de la tragédie, si pourtant on a assez de courage ou de farine, dans le temps où nous sommes, pour s’occuper de gloire et d’immortalité. » Le peintre De Gotti, l’un de ceux qui avaient fait la décoration d’Abufar, avait été chargé de décorer la salle de l’Opéra, et il y voulait inscrire le nom de Ducis avec ceux de quelques auteurs vivants. […] C’est ainsi qu’il finit par être tout à fait campenonisé.
Aussitôt la razzia finie, le sous-gouverneur s’en revient au galop avec son butin et son cortège ; Horace, qui les guettait avec impatience, va nous les montrer comme si nous les voyions : « Nous avons vu venir de loin sur le sable des fantassins et quelques cavaliers suivis de troupeaux, de prisonniers et d’une arrière-garde. […] Pour mon compte, je viens de subir une rude épreuve contre laquelle je me roidissais depuis bien longtemps ; elle m’a confirmé dans la pensée que rien n’est plus fatal à un artiste que son éloignement de la multitude et du froissement du monde : l’isolement ne laisse prendre aucun repos à sa pensée dominante ; son sommeil même ne lui procure plus le moindre délassement ; une seule idée le domine sans cesse : elle l’use et l’énerve à force d’y songer, et, au bout du compte, il finit par ne plus savoir où il en est, faute d’objet de comparaison d’une part, et de l’autre parce qu’il ne rencontre plus sur sa route cet imprévu qui donne à chacun de nous la connaissance de sa force. » « Je suis convaincu, mon cher ami, que l’affaiblissement dans lequel je suis tombé est prématuré, que si les circonstances déplorables qui depuis une année ont changé mes rapports avec la société32 ne s’étaient pas présentées, je suis persuadé, dis-je, qu’il m’aurait été possible de soutenir plus longtemps le rang que mes travaux m’avaient assigné. […] Je sens que bientôt il faudra finir, avant que, flétri par la vieillesse, ou d’ennui et par anticipation, la triste solitude ne vienne fermer la boutique.
Il y a des jours où, sans le vouloir, nous repassons en esprit un morceau de notre vie, telle journée de voyage, telle soirée d’opéra, telle conversation intéressante ; nous nous sentons ramenés d’une manière fixe à l’ancien état ; les idées qui essayent de se jeter à la traverse sont mal venues ; elles sont chassées, ou s’arrêtent sur le seuil ; si au premier moment quelque lacune se rencontre dans notre souvenir, elle finit le plus souvent par se combler d’elle-même ; un détail oublié surgit à l’improviste. — Je me rappelle en ce moment une soirée passée à Laveno, sur le lac Majeur, et, à mesure que j’insiste, je revois mon dîner d’auberge, la grosse nappe toute blanche, la jolie servante effarée ; puis, un peu après, le sentier tortueux parmi les thyms et les lavandes, le lac d’un gris bleuâtre sous une enveloppe moite de vapeur, les plaques de lumière, les traînées scintillantes, les broderies d’argent qu’un rayon égaré semait çà et là sur la nappe unie, le bruissement imperceptible des petits flots qui venaient mourir sur la grève, et les clochettes des vaches qui tintaient çà et là dans le silence. […] En effet, si maintenant je retourne en arrière jusqu’à mon arrivée à l’auberge, je revois le vieux chêne à vingt pas de la maison, deux ou trois troncs abattus et une douzaine de polissons qui vaguent ou dorment sous la tiédeur du soleil du soir ; ainsi, en évoquant le point de jonction, c’est-à-dire le commencement de l’image, j’ai fourni à l’image le moyen de renaître tout entière. — C’est qu’à vrai dire il n’y a pas de sensation isolée et séparée ; une sensation est un état qui commence en continuant les précédents et finit en se perdant dans les suivants ; c’est par une coupure arbitraire et pour la commodité du langage que nous la mettons ainsi à part ; son commencement est la terminaison d’une autre, et sa terminaison le commencement d’une autre. […] Ici encore, la renaissance partielle a fini par la renaissance totale. — Très souvent nous avons peine à remarquer cette renaissance partielle.
XIV Le livre finit par une réflexion touchante et haute que M. de Marcellus prit ou imputa à Massillon, et qui fit relever la tête de M. de Chateaubriand vieilli, qui ne pouvait supporter sa verte vieillesse. […] Il faut bien, ajoutai-je lentement, que l’affliction soit de quelque profit aux hommes, puisque Dieu si bon a pu se résoudre à les affliger. » XV Ainsi finit le livre par une réflexion morose sur la vie, et par une réflexion juste et consolante, pleine de confiance en Dieu qui a fait ou permis la douleur. […] Qu’importait au monde actuel un poème épique de plus sur les exploits de Bacchus, chanté après coup par un Grec chrétien, comme un écho mort que chanterait une croyance finie ?
« René, dégoûté de tout, est décidé à en finir avec la vie, à mourir. […] L’office fini, je rentrai, muet et mélancolique, à la maison, et je m’enfermai dans une chambre pour écrire ces vers tout faits dans ma tête. LXIX Comme je finissais de les écrire, on m’amena des visiteurs que je connaissais à peine, mais que j’aimais déjà sans tenir compte des opinions politiques qui devaient bientôt après nous réunir, puis nous séparer, pour nous réunir encore.
Boileau respecte le public, qui peut bien pour un temps être aveugle ou injuste, mais dont, en somme, la voix finit par être celle de la souveraine raison ; et nous avons vu quelle importance il attribuait au consentement universel, pour marquer les chefs-d’œuvre. […] Pénétrés du sentiment que tout se tient et s’enchaîne dans la nature, que rien ne s’arrête et ne se fixe, et que dans ce monde changeant des apparences on ne peut nulle part poser de commencement ni de terme, nous croyons qu’on dénature le fini et qu’on en fait un absolu, si on le détache complètement de toutes les réalités qui le pressent, le précèdent ou le continuent, pour l’exprimer dans un genre rigoureusement déterminé. […] Tandis que nous aimons à prendre le contact de la nature même, à ce point que le fruste et l’inachevé ont pour nous une force incroyable de séduction, et que nous donnerions pour les Pensées de Pascal, qui sont des notes, et pour les Sermons de Bossuet, qui sont des brouillons, les Provinciales et les Oraisons funèbres, dont la seule infériorité est d’être finies, nos aïeux d’il y a deux cents ans goûtaient sans inquiétude la perfection de l’art.
Mais, après la guerre, toute une période de l’art finit brusquement, et le public tourna alors les yeux vers ce qu’on lui avait tant prôné. […] Ernst reproche d’aller chercher à Bayreuth « quelle dose de demi-vérité et d’émotion moyenne, un compositeur pourrait offrir sans trop de risques au public parisien » a, dans Manon, appliqué avec bonheur le procédé wagnérien de l’union intime de la musique et de la parole, et même tenté une expérience assez délicate pour déterminer les limites où l’une finit et où l’autre commence. […] Elle pose la question fatale ; tout est fini, le bonheur ne peut exister désormais.
Or, en cherchant ce qui était national pour les peuples allemands, on trouva les vieux chants germaniques, les légendes populaires, et plusieurs critiques finirent par se persuader que la source merveilleuse où devait puiser l’Allemagne n’était autre que le moyen âge. […] Tantôt, entraîné par cette gageure, il brouille le peu de notions qui nous restent, il confond les âges si divers du monde qu’il prétend reconstruire, il invente ce qu’il ignorera toujours, il décrit ce qui n’a jamais pu vivre, il donne la même valeur aux conjectures plausibles et aux imaginations hasardées, il noie quelques débris de vérités dans un océan d’erreurs, et, tâchant de tromper le lecteur, il finit par se tromper lui-même ; tantôt, dans cette lutte contre un sujet qui sans cesse lui échappe, il s’emporte, il s’enivre de sa parole, de ses images, de ses héros, de ses dieux, de ses monstruosités de toute espèce, il se livre au Dévorateur et devient comme un prêtre de Moloch. […] Il y a encore pour elle bien des alternatives à traverser et pour le lecteur bien des atrocités à subir ; tout est fini cependant.
Je finirai par les haïr. […] Enseveli dans le silence et dans une méditation morose sous l’Empire, plus tard exilé pendant quinze ans en Belgique sous la Restauration, nous l’avons vu, après 1830, revenir isolé et finir parmi nous comme un témoin oublié d’un autre âge. […] Le sentiment intérieur, l’amour des hommes, appellent l’intérêt, les larmes ; bientôt je m’indigne, je frémis, j’en veux aux tyrans, et je finis, non par m’apaiser, mais par me distraire.
» — Les sociétés commencent par la polygamie et finissent par la polyandrie. […] Il se figure que ça va finir demain ou après-demain, et comme il se croit un des grands auteurs du 2 décembre, une tête à prix, il se figure que tout chez lui sera mis en miettes, et il a tout vendu. […] De Cimabué à la Renaissance, les yeux vont de maître en maître en s’éloignant du nez, quittent le caractère du rapprochement byzantin, regagnent les tempes, et finissent par revenir chez le Corrège et chez André del Sarte à la place où les mettaient l’Art et la Beauté antique.
Même parmi nos bonheurs, il n’en est peut-être pas un qui n’ait son origine ou sa protection dans quelque oubli, dans quelque ignorance — fût-ce l’ignorance seule du jour où il doit finir. […] C’est en ce sens qu’on pourrait soutenir qu’il n’est peut-être pas mauvais que le poète se fasse illusion à lui-même, finisse par se croire au même degré l’auteur de certaines pensées et de la forme qu’il leur a donnée. […] » Or l’esprit du Seigneur, qui dans notre nuit plonge, Vit son doute et sourit : et l’emportant en songe Au point de l’infini d’où le regard divin Voit les commencements, les milieux et la fin ; « Regarde », lui dit-il… Et l’homme finit par comprendre qu’il est, comme l’ont cru les religions orientales, l’auteur de sa propre destinée, selon la hauteur plus ou moins grande à laquelle il est parvenu dans l’échelle des êtres.
Godeau n’est point fini. […] Mais il n’y faut pas chercher l’histoire de tous les Ecrivains ecclésiastiques ; on n’y en trouve qu’une trentaine, & l’auteur finit à St. […] Enfin il a renfermé tout ce qui concerne les Moines de la Palestine dans le septiéme livre qui finit au tems que le Calife Omar prit Jérusalem, & changea la face de ces pays pour toujours.
L’action ne commence qu’à la seconde, et ne finit qu’à la troisième. […] Dans cette pièce commence l’action ; mais la pièce finit sans que l’action se termine. […] Buttler, après avoir raconté ses efforts pour convaincre ses complices, finissait par ces vers : Lorsque je leur ai dit que, s’offrant à leur place, D’autres briguaient déjà mon choix comme une grâce, Que le prix était prêt, que d’autres, cette nuit, De leur fidélité recueilleraient le fruit, Chacun a regardé son plus proche complice ; Leurs yeux brillaient d’espoir, d’envie et d’avarice ; D’une sombre rougeur leurs fronts se sont couverts ; Ils répétaient tout bas : d’autres se sont offerts.
Mais cette réputation convenue, qui lui chante toujours la même chose, a fini par l’impatienter. […] C’est là une idée et un mot chevaleresques, traînant d’une société finie dans une société qui rit de la chevalerie et des monarchies à la Montesquieu, fondées sur l’honneur. […] » Voyez enfin la scène du billet par lequel elle se donne à lui, corps et âme, et qui le foudroie de plus belle, qui le fait tomber sous ce pied qui le roule dans la fange et qui l’y maintient jusqu’au moment (car il faut bien que les romans finissent) où une autre femme, la sienne, et son enfant, l’arrachent à cette domination honteuse, si longtemps subie, pour le faire mourir de désespoir !
C’est à l’hôpital qu’elle finira ; elle suit la grande route qui y mène. […] Edmond de Goncourt, effrayé de la direction à peu près exclusive qu’a suivie ce mouvement, a fini tout dernièrement par se fâcher presque rouge, et par dire assez vertement son fait à la jeune école. […] Ce n’est pas une évolution qui commence : il nous montre au contraire le dernier terme d’une évolution qui finit.
Il a fini par avoir la religion de la raison et la religion du sentiment. […] De Le Sage à Laclos c’est toute une série, dont il faut bien savoir que le roman français moderne a fini par sortir. […] On le voit finir avec regret. […] c’est fini ! […] » on finit par penser : « Serait-ce si fou ?
Je pense que (je) le finirai entre (sic) aujourd’hui. […] Va, ton voyage est fini. […] À présent notre ouvrage est fini, et le mystère aussi. […] Tout finit par un accord. […] Pour finir, le livre de M.
Son masque d’histrion finit par dévorer les contours césariens qu’avait gardés sa figure. […] « La pièce est finie, allons souper ! […] Où finissait la duchesse ? […] Lorsque le temps prescrit était dépassé, il entrait dans la chambre et la confession finissait. […] Ce trépignement perpétuel finit par user leurs pieds ; alors il leur fallut sauter sur les mains.
Flaubert ajoutait : « La prose n’est jamais finie ». […] A force de vouloir décomposer les parties, on finit par ne plus voir le tout. […] Sans Télémaque, nous n’aurions pas eu la longue école de description fade qui finit à Florian, Raynal, Marmontel, Barthélémy et Ballanche, etc. […] Cet entassement de participes, d’incidents, d’épithètes, de bavures, sans gradations, sans perspective, finit par éblouir et par fatiguer. […] La nécessité de finir leur a donné la pensée de se survivre, et c’est l’inspiration même de leur âme que dégage cette glorification de leur corps, etc.
Dans cet ordre de citations on n’en finirait pas. […] Où commence l’âme, où finit la vie ? […] L’art de finir à temps, voilà ce qui manque à nos poètes comme à nos romanciers. […] Il finit toujours avant que l’on songe même à s’apercevoir qu’il y a longtemps qu’il a commencé. […] D’abord il n’en finirait pas, tant la liste est longue des candidats au titre et à la fonction.
Un critique l’a remarqué justement, ce réalisme est condamné à finir dans la caricature ; et Paul de Kock est en un sens son véritable père. […] Le morceau finit en rappelant à ce roi qu’il est « terriblement pareil à un singe » […] Quand j’eus fini, il s’écria d’une voix accablée : « Dieu ! […] Ils jouèrent au conspirateur en enfants ; le jeu finit tragiquement ; les conjurés allèrent expier leur espoir chimérique en Sibérie ou en exil. […] Le roman finit par le récit d’une échauffourée avortée, qui montre l’inanité et l’enfantillage de la propagande révolutionnaire dans le peuple.