Nous le verrons de mieux en mieux à mesure que nous avancerons dans notre étude : il n’est pas facile, quand on pense au temps, d’échapper à l’image du sablier. […] On sent bien aussi que, même si l’on s’en tient au monde organisé, il n’est guère plus facile de prouver que tout y soit harmonie.
. — Le genre littéraire du voyage1 Le voyage est devenu (et les raisons en sont assez claires pour que je ne les dise pas) un genre florissant et facile. […] J’en distinguerai au moins trois : celui des premières œuvres jusqu’à Madame Bovary, tel que nous le montrent les Mémoires d’un Fou, Novembre, la première Tentation, style très facile, peu original, abondant en clichés, d’un rondouillard intermédiaire entre le Chateaubriand de 1802 et la Confession d’un Enfant du Siècle ; le style des grands romans, de Madame Bovary à Bouvard, discipliné et savant, le vrai style de Flaubert ; le style de la Correspondance, plein de fantaisie, tout en verdeur et en exubérance, l’étoffe riche où il coupait en geignant les vêtements de ses personnages. […] Et c’est une opération bien facile que de faire passer dans la colonne et au bénéfice de nos amitiés le produit net d’intelligence que nous apporte son inimitié clairvoyante. […] Toute une psychologie de l’inflation littéraire est devenue facile, et nous l’esquisserons au premier jour.
, et il est facile à tout biographe d’y suivre mes tâtonnements et mes commencements.
La confusion de l’auteur à l’éditeur est chose facile et sensible.
Rien de plus facile que de savoir les précédents de cet événement ; mais l’événement lui-même est difficile à préciser.
Mais il est encore moins facile de traiter avec les puissances spirituelles qu’avec les puissances temporelles, car les batailles gagnées n’y suffisent pas, et c’est l’honneur de la pensée humaine de ne pouvoir être vaincue que par la force accompagnée de la persuasion.
La plus grande de toutes fut facile à reconnaître : elle renfermait le bon sens du malheureux comte d’Angers ; elle en était pleine en entier, et de plus il était écrit dessus : Bon sens du paladin Roland.
Il entre comme caissier dans la maison de madame Dupin, il en sort après quelques jours de noviciat ; il renonce à toute ambition de fortune par un travail régulier ; il trouve qu’il est plus facile d’accepter la pauvreté que d’acquérir l’aisance.
Nous la trouvons aussi plus facile à pratiquer.
Énumérez seulement quelques-unes des conditions innombrables de ce qu’on nomme style, et jugez s’il est au pouvoir de la rhétorique de créer dans un homme ou dans une femme une telle réunion de qualités diverses : Il faut qu’il soit vrai, et que le mot se modèle sur l’impression, sans quoi il ment à l’esprit, et l’on sent le comédien de parade au lieu de l’homme qui dit ce qu’il éprouve ; Il faut qu’il soit clair, sans quoi la parole passe dans la forme des mots, et laisse l’esprit en suspens dans les ténèbres ; Il faut qu’il jaillisse, sans quoi l’effort de l’écrivain se fait sentir à l’esprit du lecteur, et la fatigue de l’un se communique à l’autre ; Il faut qu’il soit transparent, sans quoi on ne lit pas jusqu’au fond de l’âme ; Il faut qu’il soit simple, sans quoi l’esprit a trop d’étonnement et trop de peine à suivre les raffinements de l’expression, et, pendant qu’il admire la phrase, l’impression s’évapore ; Il faut qu’il soit coloré, sans quoi il reste terne, quoique juste, et l’objet n’a que des lignes et point de reliefs ; Il faut qu’il soit imagé, sans quoi l’objet, seulement décrit, ne se représente dans aucun miroir et ne devient palpable à aucun sens ; Il faut qu’il soit sobre, car l’abondance rassasie ; Il faut qu’il soit abondant, car l’indigence de l’expression atteste la pauvreté de l’intelligence ; Il faut qu’il soit modeste, car l’éclat éblouit ; Il faut qu’il soit riche, car le dénûment attriste ; Il faut qu’il soit naturel, car l’artifice défigure par ses contorsions la pensée ; Il faut qu’il coure, car le mouvement seul entraîne ; Il faut qu’il soit chaud, car une douce chaleur est la température de l’âme ; Il faut qu’il soit facile, car tout ce qui est peiné est pénible ; Il faut qu’il s’élève et qu’il s’abaisse, car tout ce qui est uniforme est fastidieux ; Il faut qu’il raisonne, car l’homme est raison ; Il faut qu’il se passionne, car le cœur est passion ; Il faut qu’il converse, car la lecture est un entretien avec les absents ou avec les morts ; Il faut qu’il soit personnel et qu’il ait l’empreinte de l’esprit, car un homme ne ressemble pas à un autre ; Il faut qu’il soit lyrique, car l’âme a des cris comme la voix ; Il faut qu’il pleure, car la nature humaine a des gémissements et des larmes ; Il faut… Mais des pages ne suffiraient pas à énumérer tous ces éléments dont se compose le style.
Il avait aussi le malheur d’être mal écrit ; ce qui ne veut pas dire qu’il n’y eût souvent infiniment d’esprit dans les détails, et même de temps en temps d’admirables morceaux ; mais, comme l’auteur le reconnaît lui-même avec candeur dans la préface de l’édition de 1781, s’il y a partout une grande clarté logique, il y a très peu de cette autre clarté qu’il appelle esthétique, et qui naît de l’art de faire passer le lecteur du connu à l’inconnu, du facile au difficile, art si rare, surtout en Allemagne, et qui a entièrement manqué au philosophe de Koenigsberg.
S’il a fallu des centaines ou des milliers d’années pour modifier et améliorer la plupart de nos végétaux domestiques, jusqu’à ce qu’ils aient acquis leur degré actuel d’utilité, il devient facile de comprendre pourquoi ni l’Australie, ni le cap de Bonne-Espérance, ni aucune région habitée par des peuplades sans civilisation ne nous ont fourni une seule plante digne de culture.
Français est aussi un paysagiste de premier mérite — d’un mérite analogue à Corot, et que nous appellerions volontiers l’amour de la nature — mais c’est déjà moins naïf, plus rusé — cela sent beaucoup plus son peintre — aussi est-ce plus facile à comprendre. — Le soir est d’une belle couleur.
» À côté de ces mètres faciles, l’instinct du premier prosélytisme multipliait des hymnes plus simples encore à la Trinité sainte, au Christ et surtout à la Vierge.
Les vers libres sont d’autant plus malaisés à faire, qu’ils semblent plus faciles.
Et il serait facile de prouver, par des extraits de ses confessions, qu’il fut aussi naïf, aussi aimable, aussi noble que les héros de ses romans. […] Cela m’est facile, d’ailleurs : j’ai toujours eu le culte des ruines, et, hélas ! […] Je voudrais que ce petit livre commode, pas gênant, très portatif, facile à caser dans une musette, fût distribué aux bibliothèques de nos régiments. […] Nous voulons maintenant des bouquins moins hautains, faciles à lire en voyage, fabriqués pour les séjours en wagon, et que l’on peut, sans inconvénient, oublier sur le filet.
Non, il est très difficile que l’homme vain soit religieux ; et il est très facile que l’homme vain soit ennemi de la religion, ou, tout au moins, ait à son égard quelque impatience. […] J’ai souvent pensé que c’était peut-être précisément parce que nous sommes bons et faibles et très faciles à nous laisser mener par les femmes. […] » Et si l’on nous dit qu’Orgon a cependant quelques belles qualités, que ce dévot a été et est resté un bon citoyen et que, sauf son engouement, il est encore sur le pied d’homme sage ; si l’on attire notre attention sur cette dualité du caractère et du rôle d’Orgon ; nous répondrons, comme il est facile de le prévoir et comme sans doute on s’y attend, que c’est précisément là qu’on saisit le fond de la pensée de Molière et son dessein très net et très précis. […] C’était, ce semble, son droit ; et s’il y avait péril, il était facile à conjurer. […] Mais ce qui est clair, c’est que rien n’était plus facile que de repousser la seconde partie de son projet en s’appuyant sur la première, et de conclure logiquement de la première partie de son projet à une condamnation absolue de la seconde.
Le châtiment de l’adultère est là, non pas dans la vengeance d’un mari, — c’est si facile de mourir, — non pas dans la dureté de l’opinion, — c’est si facile d’oublier le monde, — mais dans ces inavouables et douloureux secrets du cœur, que chacun des deux amants sait trop bien exister chez l’autre, et qu’ils ne traduisent pas avec des paroles. […] Ç’a été là un passage beaucoup plus facile et plus naturel que la première impression ne le ferait supposer. […] Il a ramassé et comme condensé toute sa vie dans des émotions d’art ; elles ne lui permettent plus la libre et facile jouissance, et plus simple ment encore l’indifférence recommandée par le sage qui disait : « Il faut glisser la vie et non l’appuyer… » Ajoutez à cette cause permanente de destruction l’hygiène défectueuse de l’écrivain moderne, chez lequel le grand exercice physique ne combat plus la prédominance de l’élément cérébral. […] Pour nous en tenir au problème du roman d’observation, il est certain qu’en dépit de la Comédie humaine, il y a un roman de mœurs d’une part, un roman d’analyse psychologique de l’autre, et, sans même recourir à de trop faciles exemples, un peu de réflexion l’atteste.
. — Que l’histoire ou la vie des hommes ait fait pour lui plus que pour aucun autre, même que pour la Hollande sa voisine, cela serait facile à montrer. […] Si les Lemonnier, les Rodenbach, les Verhaeren, les Maeterlinck ont choisi la France, ce n’est pas uniquement que, leur langue les conduisant vers l’Ouest, la vie s’annonçait plus facile en notre pays qu’ailleurs, c’est qu’à leur tempérament flamand insuffisant (nous expliquerons tout à l’heure pourquoi), il fallait un complément, et que ce complément devait nécessairement être latin. […] En tous les cas, la parenté de La Famille Kaekebrouck avec la famille Beulemans, ne laisse aucun doute… En face de tant d’œuvres variées, inégales, mais généralement bien en chair, qui, toutes, celles des Wallons comme celles des Flamands, chantent la vie, âpre ou facile, dévergondée ou raffinée, qui, toutes, honorent l’effort et la lutte, s’estompe misérablement la silhouette falote d’un roman dont la séduction morbide conquit Paris jadis, Bruges-la-Morte, par Georges Rodenbach.
Levallois, non sans faire remarquer que lui-même, dans ce qu’il a dit de Mme de Verdelin, a rendu ma tâche bien facile : je n’aurai qu’à développer son jugement.
Une grande dame « salue dix personnes en se ployant une seule fois, et en donnant, de la tête et du regard, à chacun ce qui lui revient267 », c’est-à-dire la nuance d’égards appropriée à chaque variété d’état, de considération et de naissance. « C’est à des amours-propres faciles à s’irriter qu’elle a toujours affaire, en sorte que le plus léger défaut de mesure serait promptement saisi268 » ; mais jamais elle ne se trompe, ni n’hésite dans ces distinctions subtiles ; avec un tact, une dextérité, une flexibilité de ton incomparables, elle met des degrés dans son accueil.
Il est bien plus facile de me tromper lorsque je regarde l’échiquier qu’autrement.
Il m’est facile d’y porter cette petite table, deux bougies, ce pupitre.