… Est-ce assez curieux, cet attrait de la mort, de notre ennemie, qui est en nous, tapie dans nos cœurs, attrait et terreur à la fois ! […] C’est une grande faute et le devoir est d’étudier aussi bien ses amis que ses ennemis dans leur présent et dans leur passé. […] Il n’avait qu’à regarder la noble figure de son père pour se rappeler la France envahie, le moulin de Valmy, la plaine de Jemmapes, l’ennemi arrêté. […] Les femmes qui avaient échappé à l’ennemi s’étaient réunies peu nombreuses sur un point et étaient comme folles ; elles poussaient des cris inarticulés et nous montraient leurs enfants. […] Avec ce système, on économise le sang de ses troupes ; on retrempe leur moral, et on fait éprouver à l’ennemi, qu’on décourage, des pertes plus considérables.
Sa vie, pauvre et solitaire, allait par de mauvais chemins ; misère, maladie, tout lui donnait sur le monde des vues noires ; ses nerfs d’épileptique lui étaient déjà de cruels ennemis. […] Il était nécessaire de préciser ces points, pour qu’on ne fit pas confusion d’époques ; il n’y eut rien de commun entre le proscrit de 1848 et les redoutables ennemis contre lesquels le gouvernement russe sévit aujourd’hui de la même façon, mais à juste titre. […] La scène se passe pendant la guerre ; notre soldat français se promène armé sur le sol envahi par l’ennemi.
Comme toutes les âmes candides et fortes, il est l’ennemi de l’ironie, j’entends de l’ironie cultivée pour elle-même, suppléant à la connaissance et constituant, à elle seule, une sagesse, une philosophie. […] Il oblige Maurice à lui écrire son nom et son adresse, sans doute pour s’assurer de la foulure, ou pour torturer son ennemi. […] L’ennemi des hommes d’argent accepte le butin suspect d’un homme d’argent. […] il montre le poing à ces deux ennemies hypocrites et leur crie des injures… Eh bien ! […] Ces amalécites sont ennemis des philistins.
Il est peut-être intéressant, à ce propos, de rapprocher un peu les Phéniciennes d’Euripide, les Frères ennemis de Racine et les Phéniciennes de M. […] C’est de cette tragédie que Racine, après Rotrou et, du reste, quelques autres, a tiré, sur le conseil, dit-on, de Molière, sa première œuvre dramatique, la Thébaïde ou les Frères ennemis. […] Puis Antigone, accompagnée de Ménécée, gravit les remparts pour aller contempler l’armée ennemie répandue dans la plaine immense. […] Or, leurs ennemis, ce sont ceux-là qui exploitent leurs défauts ordinaires. […] En prononçant le nom d’Elise Tous deux gaîment nous chargeons l’ennemi.
Dans la mêlée des passions ou des batailles, l’arrivée d’un joueur de flûte est simplement absurde, si le musicien ne paraît pas savoir qu’auprès de lui de rudes haines se démènent, de chauds partisans affrontent l’ennemi. […] Paul Margueritte n’est pas l’ennemi de la famille. […] Mais, quand se retire l’ennemi, le Bien n’est pas né. […] Frédéric Masson, qui les dépiste, a l’air d’un général de Napoléon, lancé à la poursuite des ennemis. […] L’homme que tu crosses est un ennemi des roses et des parfums, un fanatique des ustensiles ; c’est un ennemi de Watteau, un ennemi de Raphaël, un ennemi acharné du luxe, des beaux-arts et des belles-lettres, iconoclaste juré, bourreau de Vénus et d’Apollon !
Mais voici la belle strophe, à moitié voilée 128, pleine de sens, de prudence et de tristesse, une strophe à n’être appréciée que des esprits et des entendements en leur maturité : Un malheur inconnu glisse129 parmi les hommes, Qui les rend ennemis du repos où nous sommes : La plupart de leurs vœux tendent au changement, Et comme s’ils vivaient des misères publiques, Pour les renouveler ils font tant de pratiques Que qui n’a point de peur n’a point de jugement. […] C’était l’année décisive dans laquelle Richelieu, après quelques semblants de dégoût et des offres de démission pour tâter le maître, s’était affermi dans sa confiance, s’était démontré nécessaire, avait pris l’offensive contre ses ennemis, et avait obtenu, comme malgré lui, une garde particulière ; mais encore, en obtenant ce qu’au fond il désirait, il avait voulu en faire les frais lui-même, et cette nouvelle marque de générosité avait séduit Malherbe : « Le roi qui le voit mal voulu de tous ceux qui aiment le désordre (et vous savez qu’ils ne sont pas en petit nombre) a désiré qu’il ait quelques soldats pour le garder. […] Il ne se trouvera que trop de gens qui, n’ayant point de marque pour se faire connaître, voudraient avoir celle d’être nos ennemis : gardons-nous bien de leur donner ce contentement.
Sans miséricorde pour les vices et sans indulgence pour les ridicules, il est la terreur des méchants et des sots ; ils croient se venger de lui en l’accusant de sévérité outrée et de vertus romanesques ; mais l’estime et l’amour des gens d’esprit et de mérite le défendent bien de pareils ennemis. […] Ennemie naturelle du chevalier, par cela même qu’elle l’est de sa noble amie, elle leur invente des torts, ils n’en ont d’autre que de la pénétrer et de la juger. […] Toutes les calomnies dont mes ennemis m’ont chargé ne m’ont point touché en comparaison de celle-là.
Vraiment il faudrait être né ennemi de la clarté et du bel ordre pour ne pas suivre en esthétique la ligne droite des conséquences logiques, quand on voit à quel point cette science en est simplifiée. […] C’est l’arme la plus terrible de l’indignation, du mépris, de la haine8 ; c’est le coup de massue qui terrasse et achève l’ennemi. […] Quant à Tartuffe lui-même, le théâtre tout entier n’a point de personnage moins gai que ce scélérat, qui fait passer le pauvre Orgon par « une alarme si chaude », que le dénouement de cette prétendue comédie allait être tragique, si Molière ne s’était avisé à temps que Louis XIV était « un prince ennemi de la fraude ».
Le poète supplie, comme des ennemis de l’enfant qui n’était pas encore né, ceux qui veulent exploiter, dans une pensée de réaction, le crime qui le prive de son père ; c’est à eux qu’il demande de ne pas le condamner d’avance à l’exil, « qu’il n’ait jamais, leur dit-il, à saluer de loin la noble patrie de la gloire et des arts. […] Car il comprenait bien l’esprit moderne, et surtout l’esprit français, ennemi du symbolisme, et qui ne voit de philosophie que dans la logique, et de poésie que dans la forme. […] L’imagination, parmi nous, a d’autres ennemis à redouter que ses propres excès. […] Faut-il ajouter à ce dénombrement des ennemis de la poésie un nom qui devrait être celui de son plus indispensable auxiliaire ? […] Croyons, sur la foi des Pères, qu’Eschyle et Platon, Socrate et Pythagore, ne furent pas des ennemis de la vérité ; mais que, sans la posséder pleinement, ils ont néanmoins travaillé pour elle.
À l’embouchure des fleuves, aux défilés des montagnes, sur la lisière des marches dévastées, à tous les passages périlleux, ils avaient bâti leurs forts, chacun le sien, chacun sur sa terre, chacun avec sa bande de fidèles, et ils avaient vécu à la façon d’une armée disséminée mais en éveil, campés et ligués dans leurs châteaux, les armes en main, et en face de l’ennemi. […] La race forte, fougueuse et brutale se jette sur l’ennemi à la façon d’un taureau sauvage ; les habiles chasseurs de Normandie la blessent avec dextérité, l’abattent et lui mettent le joug. […] En effet, ils sont en pays ennemi et conquis, et il faut bien qu’ils se soutiennent. […] Il y a sous Édouard III des barons qui chevauchent avec de grandes escortes d’hommes d’armes et d’archers, « occupant les manoirs, enlevant les dames et les demoiselles, mutilant, tuant, rançonnant les gens jusque dans leurs maisons, comme si c’était en pays ennemi, et quelquefois venant devant les juges aux sessions, en telle façon, et en si grande force que les juges sont effrayés et n’osent faire justice151. » Lisez les lettres de la famille Paston, sous Henri VI et Édouard IV, et vous verrez comment la guerre privée est à chaque porte, comme il faut se munir d’hommes et d’armes, être debout pour défendre son bien, compter sur soi, sur sa vigueur et son courage.
Ni comme conspirateur, ni comme ennemi, il ne suit une marche logique, et le poids de son ignominie n’est pas soulevé un seul instant par la nécessité. […] L’ouvrage finit par une apostrophe dans laquelle le roi de Prusse est averti de ne pas se jouer de la colère des poètes ; ils pourraient, comme jadis le Dante fit à ses ennemis, l’enfermer dans un enfer, dont le Christ, sauveur du monde, ne pourrait le délivrer. […] Janin plus souvent que ne le disent ses ennemis, d’être fort amusant. […] Janin qu’au nombre de ses ennemis acharnés.
Patin sur Catulle est une de ces choses qu’on peut présenter sans crainte « à des amis et à des ennemis. » Elle est toute pénétrée des grâces du sujet même qui l’a inspirée : Certes, la Grèce antique est une sainte mère, L’Ionie est divine : heureux tout fils d’Homère ! […] N’a-t-il point trop aisément cédé aux amis de ses amis et même aux ennemis de ses amis ?
Quand je suis chez moi, sire, — il fait toute mon occupation, toute ma gaieté, tout mon souci ; — tantôt mon ami de cœur, et tantôt mon ennemi juré ; — mon parasite, mon soldat, mon homme d’État, mon tout ; — il rend un jour de juillet aussi court qu’un jour de décembre, — et, avec ses enfantillages sans fin, me guérit — de pensées qui gèleraient mon sang225. […] L’un, tout français, qui n’est que la raison même, ennemi du paradoxe, railleur contre la sottise, sorte de bon sens incisif, n’ayant d’autre emploi que de rendre la vérité amusante et visible, la plus perçante des armes chez un peuple intelligent et vaniteux : c’est celui de Voltaire et des salons. […] Et elle vient, — grosse comme l’agate de la bague — qui est au doigt d’un alderman, — traînée par un attelage de petits atomes, — passant sur le nez des gens quand ils sont endormis. — Les rayons de ses roues sont faits avec des pattes de faucheux, — le dessus avec des ailes de cigales, — les traits avec la toile des plus petites araignées, — les colliers avec les rayons humides de la lune, — le fouet avec un os de grillon, la lanière avec une pellicule. — Son cocher est un petit moucheron en habit gris, — son char est une noisette vide, — fabriquée par l’écureuil, son menuisier, et par la vieille larve, — qui de temps immémorial sont les carrossiers des fées. — Dans cet équipage, elle galope chaque nuit — à travers les cerveaux des amants, et ils rêvent d’amour ; — sur les genoux des courtisans, et ils rêvent aussitôt de révérences ; — sur les doigts des gens de loi, qui rêvent aussitôt à des honoraires ; — sur les lèvres des dames, qui rêvent aussitôt à des baisers… — Parfois elle galope sur le nez d’un courtisan, — et il rêve qu’il flaire une grâce à obtenir. — Parfois elle vient avec la queue d’un cochon de dîme, — et en chatouille le nez d’un curé endormi ; — là-dessus il rêve d’un autre bénéfice. — Parfois elle passe sur le cou d’un soldat, — alors il songe qu’il coupe la gorge à des ennemis ; il rêve de brèches, embuscades, lames espagnoles, de rasades et brocs pleins, profonds de cinq brasses ; puis, tout à coup — elle tambourine à son oreille. […] Elle veut partir avec Othello pour Chypre, à travers la flotte ennemie et la tempête. […] Traqué par ses ennemis, « attaché comme un ours au poteau », il combat, inquiet seulement de la prédiction des sorcières, sûr d’être invulnérable tant que l’homme qu’elles ont désigné n’aura point paru.
Les poètes animés de l’esprit nouveau devaient chanter l’Allemagne, comme avait fait, dès 1841, Hoffmann von Fallersleben : Deutschland, Deutschland über alles, Über alles in der Welt… Georg Herwegh, ami du peuple, ennemi des rois, reprochait à Freiligrath d’employer son talent à imiter Byron, romantique démodé ; à imiter Victor Hugo et son orientalisme de pacotille. […] Celui-ci comprenait mieux le problème profond de notre vie, puisqu’il représentait lui-même l’homo duplex, la créature contradictoire que se disputent des puissances ennemies. […] Sa naissance semble dépendre des caprices du sort, puisqu’elle attend la venue des « êtres divins qui chantent sur la lyre » ; et personne ne peut remplir pour eux les longs intervalles d’attente ; car s’il est vrai que tous les arts demandent la perfection, la perfection qu’elle exige est plus intransigeante encore, et plus absolue ; elle ne souffre aucune compromission. — Quand une chance de vivre lui est enfin donnée, elle doit triompher de mille forces ennemies qui la détestent et qui l’oppriment. — À peine a-t-elle assuré son triomphe qu’elle s’épuise ; elle cherche à se répéter, et dès lors elle est perdue ; elle meurt, et tout est à recommencer. […] Cet autre défendait la poésie contre la vulgarité, contre la facilité, ses éternelles ennemies ; il recourait à l’hermétisme, supprimant les intermédiaires, décevant l’ordre logique, faisant chatoyer les mots, tirant de chaque image une inépuisable source de vibrations, subordonnant le sens à la musique : et dans un modeste salon de la rue de Rome, chez le plus modeste des professeurs, chez Stéphane Mallarmé, naissaient les vers les plus aristocratiques qui eussent jamais été conçus, énigme lyrique. […] Un sentiment de confiance succédait donc au pessimisme des jansénistes, ces ennemis de la joie, et au pessimisme des chrétiens en général, ces ascètes de la croyance ; de sorte qu’on bénissait, en diverses langues, un Dieu qui n’était plus foudres et vengeances, mais bienveillance et douceur.
Quant au Midi, Verlaine le trouvait trop cuit, et d’un mieux ennemi peut-être du bien vrai. […] À cette vue, une Dame ennemie, trouve le suprême argument : elle s’évanouit. […] Tout simplement : il guettait son ennemi, comme le chat la souris . […] le mieux est l’ennemi du bien : vous allez tout gâter. […] — Tes deux ennemis, lui disait Vigny, sont la gaieté bruyante et la colère.
Devant le désordre qui nous gagne, les appels se succèdent, affirmant la nécessité de l’union nationale pour parer à la révolution grandissante, à cette anarchie bolcheviste qui multiplie ses symptômes et à l’hostilité non dissimulée de nos ennemis d’hier et de demain. […] Ils devaient en outre autoriser l’ouverture de plusieurs brèches qui permissent l’entrée de l’ennemi à sa convenance. […] Ainsi, en 1897, ce toast au prince Henri, partant pour l’Orient, où Guillaume lui recommande de frapper l’ennemi avec son « poing ganté de fer ». […] Quelle impression à regarder se promener méditativement parmi ses fleurs, dans le silence de cette retraite provinciale, le héros qui commandait en 1915 le 33e corps, la 6e armée en 1916 et dont le décret lui conférant la médaille militaire disait en 1919 : « Merveilleux soldat qui, depuis 1914, n’a cessé de lutter contre l’ennemi. […] L’Atre, c’est le cimetière où Gau-vain, à la poursuite de son ennemi, se prépare à passer la nuit.
Il a la prétention de se comprendre lui-même, mais c’est une vanité d’auteur. » Sainte-Beuve, de son côté, du vivant de son ennemi, n’a jamais perdu l’occasion de lui rendre coup pour coup. […] » C’est de travail que le pays a besoin aujourd’hui, pour que cette tragique prédiction d’un implacable ennemi soit démentie, et célébrer Louis Pasteur, c’est célébrer un héros du travail. […] J’espère ne pas manquer à cette règle en parlant du rare artiste littéraire qui s’est uni, sur le soir de ses jours, aux pires ennemis de cette civilisation gréco-latine dont il fut, dont il restera un des fils les plus brillants. […] Une province de frontière n’est pas seulement un mur dressé contre l’ennemi. […] Ici se retrouve l’homme de la Lorraine, le fils de cette Marche de l’Est où le « sens de l’ennemi » — c’est une autre de ses formules — demeure la vertu héréditaire.
Nous ne pouvons pas, lors même que nous le voudrions, apostasier nos maîtres et servir leurs ennemis. […] Il ne versa jamais sur le seuil de leur exil l’amertume ou le dénigrement, qui ouvre le sanctuaire de l’infortune, comme cette fidélité d’ostentation qui montre du doigt aux ennemis du dehors les faiblesses ou les ridicules de l’intérieur des rois.
non, Monsieur, je ne pardonnerai jamais cela à ce Valjean : cela dépasse l’homme, cela dépasse le tigre, car le tigre qui ouvre ses griffes sur l’homme ne sait pas que cet homme lui voulait du bien : il l’étrangle comme ennemi, mais non comme bienfaiteur ! […] Mais les plus grands poètes et les plus éloquents écrivains des siècles qui suivront tes crimes en feront des vertus, et proclameront la sainteté du supplice infligé par toi à tes ennemis !
Combien d’ennemis qui se rapprochent pour fêter d’un même élan le grand génie fraternel qui les domine ? […] Jamais en notre langue, même chez d’Aubigné, l’invective ne se haussa à un tel ton lyrique ; l’injure brutale, le calembour grandiose, les coups de canne et les coups de bottes, les acrobaties formidables et sinistres, virtuosité de la haine frappant l’ennemi avec ses armes discourtoises, seraient simples jeux de pamphlétaire ; mais, ici, les Euménides mêmes hurlent dans les strophes et, selon son vœu, le poète n’est plus … qu’un aspect irrité, Une apparition d’ombre et de vérité !
On aime à vivre à l’aise, et par conséquent sans ennemis. […] Rien de plus funeste aux arts que ces juges moroses, ternes d’idées, secs de langage, ennemis jurés de tout enthousiasme, vraies haches de nos discours, tristes Phocions, quoique souvent sans Démosthènes.
Il en est de même pour les accusations contradictoires des ennemis du christianisme relatives à la soumission et à la volonté de combattre. […] Cette exhortation termine le discours prononcé le 2 septembre 1792 par Danton à l’Assemblée législative, destiné à soulever la nation contre les « ennemis de la République ».
Une collusion en langage juridique est une entente entre des parties qui, en apparence et afin de leurrer, sont ennemies, l. […] Targe sur les dangers ennemis.