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2527. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Mais, dans ces thèmes naïfs, au rythme jamais banal, que chantèrent enfants les mères de nos ancêtres, recherchez patiemment et sachez découvrir la qualité primitive de notre mélodie, et, par votre inspiration, par votre labeur personnel, développez jusqu’à une parfaite manifestation artistique l’âme musicale, inconsciente, de la patrie.

2528. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Malgré tout son orgueil, il avait eu, et Dieu merci, quelque chose de la docilité, du respect pour le maître, du famulisme, qui caractérise tout écolier allemand ; et il éprouvait un serrement de cœur et un peu d’angoisse à penser par lui-même : « Je connais un homme qui, encore enfant, s’était déjà habitué à bien penser de l’intellectualité des hommes, c’est-à-dire de leur véritable penchant pour les objets de l’esprit… à avoir par contre, une idée très médiocre de son esprit à lui (jugement, mémoire, présence d’esprit, imagination). […] Planter, par exemple, dans les âmes des vieux Germains, ces âmes de héros, d’enfants et de bêtes, la doctrine du péché et de la damnation, qu’est-ce autre chose sinon les empoisonner ? […] Le reste est d’enfant. » — Il fallait leur dire : « Suivez vos instincts ; ils sont bons. » Il semble vraiment que Socrate, homme qui s’est trompé, mais véritablement inspiré, ait compris, chose rare, tout ce qu’il enseignait, et, dernier terme et dernier sens de sa doctrine, que sa doctrine allait contre la vie ; car écoutez-le au dernier soupir : « Vous immolerez un coq à Esculape. » C’est-à-dire : « Esculape vient de me guérir de la vie. » Donc la vie est un mal. […] C’est une erreur d’enfants ou de primitifs que de croire savoir comment les actions humaines s’accomplissent. […] La jalousie indique que l’on veut posséder et posséder seul, et si elle est marque d’amour, elle démontre que l’amour n’est qu’instinct de propriété. — Que cet instinct de propriété ait été appelé amour au lieu d’être appelé égoïsme, avarice, avidité (avaritia), c’est assez curieux ; mais « ce fut apparemment ceux qui ne possédaient pas et qui désiraient posséder qui ont établi cet usage courant dans la langue. — Ils ont toujours été les plus nombreux. — Ceux qui, au contraire, sur ce domaine ont été favorisés par beaucoup de possession et de satiété ont bien laissé échapper de temps en temps une invective contre « le démon furieux », comme disait cet Athénien, Sophocle, le plus aimable et le plus aimé de tous ; mais Éros se mettait toujours à rire de pareils calomniateurs, justement ses plus grands favoris. » On pourrait poursuivre ainsi la revue de toutes les passions, de toutes les inclinations et de toutes les vertus, qui sont, de l’aveu unanime, le cortège, la cour, la maison, la famille, les enfants de l’altruisme et qui ne sont au fond, qui ne sont en réalité que déguisements ou peut-être, et c’est ce qu’on en peut dire de plus favorable, des transformations de l’égoïsme.

2529. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Au fond, l’éducation, quelque particulière qu’elle puisse être, n’est sous une autre forme qu’une législation, imposée à l’enfant au lieu de l’être à des hommes ; et cette législation restreinte n’a pas d’autres bases que les législations civiles.

2530. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Nous déclarions ensuite qu’il n’y avait jamais eu de complot entre les cardinaux ; que la conduite tenue par nous résultait de nos sentiments propres, manifestés tout au plus dans des entretiens confidentiels ; que l’idée de voir le Pape exclu de cette affaire avait été la véritable cause de notre abstention ; qu’en agissant de la sorte, nous n’avions pas prétendu nous ériger en juges, ni semer dans le public des doutes sur la validité du premier mariage, ou sur la légitimité des enfants qui naîtraient du second ; qu’enfin il nous restait à prier Sa Majesté de bien se convaincre de notre obéissance.

2531. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Les mariages des grands de la terre, les naissances d’enfants royaux, la célébration d’une victoire ou d’un traité de paix, l’érection d’une statue, commémorative d’un grand homme ou d’un grand événement, ont fait éclore par centaines les poésies et les pièces de circonstance.

2532. (1909) De la poésie scientifique

Je ne sais si son œuvre, qui allie la plus vigoureuse santé au plus raffiné des Byzantinismes, sera jamais célèbre, mais je gage qu’il faudra que nos petits enfants en tiennent compte plus tard, quand ils chercheront les sources de leur inspiration… Il a renouvelé l’inspiration lyrique.

2533. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

En automne, le bruit des bûches qu’on vient de scier et tombant sur le pavé des cours lui fait dire : Il me semble, bercé par ce choc monotone, Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part… Ce n’est pas tant, à proprement parler, l’angoisse de la mort qu’on retrouve à chaque page que l’horreur toute physique du tombeau ; et lorsque nous le voyons se complaire aux idées de décomposition, évoquer les squelettes et rêver de cadavres, nous sommes tout simplement en présence de l’enfant qui, ayant peur de l’obscurité, ouvre la porte le soir et fait quelques pas au dehors pour ressentir le grand frisson de la nuit et, qui sait ?

2534. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Comme il n’est pas nécessaire à un professeur pour inventer un problème de ressentir l’embarras qu’il causera à ses élèves, qu’un acteur sait simuler la joie et la douleur sans l’éprouver, ou qu’un fabricant de jouets n’a pas à prendre plaisir à ses toupies et à ses cerceaux pour que ceux-ci amusent des enfants, il semble qu’aux artistes que leurs œuvres ont émus, peuvent succéder des artistes passionnants non passionnés, réfractaires à tout sentiment artistique, fournissant, intacts d’émotions fictives, leur génération.

2535. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Il dit que le Grec avoit produit des effets singuliers dans la tête de cette dame ; qu’il y avoit dans sa personne un assemblage grotesque & plaisant des foiblesses de son sexe & de la férocité des enfants du Nord ; qu’il sied aussi mal aux femmes de se hérisser d’une certaine érudition, que de porter des moustaches  ; qu’une femme sçavante a quelque chose de trop hommasse , & conclud que madame Dacier étoit peu propre à faire naître une passion.

2536. (1926) L’esprit contre la raison

J’entends qu’il n’a point de raisons à nous donner et que sa joie est aussi dédaigneuse de l’expression artistique ou littéraire que celle de l’enfant, par exemple, qui, pour la première fois, va au bord de la mer. » cl.

2537. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Telle saveur, tel parfum m’ont plu quand j’étais enfant, et me répugnent aujourd’hui.

2538. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Le développement extraordinaire de la mémoire spontanée chez la plupart des enfants tient précisément à ce qu’ils n’ont pas encore solidarisé leur mémoire avec leur conduite.

2539. (1903) La renaissance classique pp. -

C’est là qu’il faut conduire les plus découragés de tes enfants pour qu’ils reprennent confiance en ton génie.

2540. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Disons encore, si l’on veut, que, jusqu’à la représentation, il en est d’elle comme d’un enfant qui aurait vécu dans l’isolement de la famille, et dont on pourrait bien dire quels sont les traits les plus généraux de son caractère, mais non pas prédire ce qu’ils deviendront au contact de la vie. […] Mais je croyais également retrouver celle de Tartufe dans la fameuse allégorie que l’on sait : « Physis (c’est Nature) en sa première portée enfanta Beauté et Harmonie… Antiphysie, laquelle de tout temps est partie adverse de Nature, incontinent eut envie sur cestuy tant beau et honorable enfantement, et au rebours enfanta Amodunt et Discordance… Et (comme vous savez qu’aux singesses semblent leurs petits singes plus beaux que chose du monde) Antiphysie louait et s’efforçait prouver que la forme de ses enfans plus belle était et advenante, que des enfants de Physis… Et, depuis, elle engendra les Malagots, Cagots et Papelards ; les Maniacles Pistolets ; les Démoniacles Calvins de Genève, les enragés Putherbes, Briffaux, Cafards, Chattemites, Cannibales, et autres Monstres difformes et contrefaits en dépit de Nature. » […] ou, si l’on ne veut pas encore aller jusque-là, quoi de plus naturel que les exemples d’indifférence, ou d’insouciance qu’il avait trouvés tout enfant dans la maison du tapissier Poquelin, aient disposé Molière à profiter des leçons de « libertinage » qu’il trouvait dans la maison du conseiller Lhuillier ? […] Maintenant, Il pourrait voir mourir frère, enfants, mère et femme Qu’il s’en soucierait bien autant que de cela, dit-il en faisant claquer son ongle sur ses dents ; et Tartufe a seul accompli cet ouvrage, non pas, bien entendu, le Tartufe qui convoite sa femme en épousant sa fille, mais le Tartufe qu’on ne voit qu’à peine, celui dont les leçons n’enseignent, selon le langage chrétien, que détachement du monde, abnégation de soi-même, et pur amour de Dieu.

2541. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Collectionner est un plaisir sensible, non seulement pour les enfants, mais pour les grandes personnes, quels que soient d’ailleurs les objets recueillis, variantes ou timbres-poste. […] La plupart des enfants dénaturent tout de la sorte, par des à peu près ; ils ont de la peine à devenir exacts et scrupuleux, c’est-à-dire à maîtriser leur imagination. Beaucoup d’hommes ne cessent jamais, à cet égard, d’être enfants. […] Constitution, autorité, condition de la femme et des enfants. […] L’expérience semble indiquer qu’il faut renoncer à ce procédé d’aspect scientifique, il est vrai, mais peu intelligible à des enfants ; on préfère s’adresser aux élèves en langue contemporaine.

2542. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Ce prince, d’une habileté très inférieure à celle du ministre, était l’héritier présomptif des fautes ou des malheurs de la Restauration : héritier très légitime, s’il avait su attendre et recevoir de l’avenir ce que la nature des choses lui promettait ; héritier très équivoque, si sa dynastie prématurée expulsait du trône deux générations de sa famille et un enfant innocent de ses calamités.

2543. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Alors Criton prenant la parole : « Socrate, lui dit-il, n’as-tu rien à nous recommander, à moi et aux autres, sur tes enfants ou sur toute autre chose où nous pourrions te rendre service ?

2544. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Ce n’est point à l’hôtel de Rambouillet que Descartes a découvert l’application de l’algèbre à la géométrie, ni à la cour de Charles II que Newton a trouvé la gravitation universelle ; et pour ce qui regarde la manière d’écrire, Malebranche qui vivait dans la retraite, et dont les délassements n’étaient que des jeux d’enfant, n’en est pas moins par son style le modèle des philosophes.

2545. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

C’est là le ridiculus mus de cette montagne en mal d’enfant dont la clameur a rempli le monde.

2546. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Chez les enfants et chez beaucoup d’adultes, l’attention vive produit une protrusion des lèvres, une espèce de moue. » Certes, il entrera toujours dans l’attention volontaire un facteur purement psychique, quand ce ne serait que l’exclusion, par la volonté, de toutes les idées étrangères à celle dont on désire s’occuper.

2547. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Croce est allé trop loin ; pour employer l’expression des Allemands, il a jeté l’enfant avec l’eau du bain.

2548. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Elle a successivement donné à ses auditeurs des causeries sur la « la Femme et l’Enfant dans l’industrie » (Mme Aline Valette), « Interventionnistes et Economistes » (Eugène Fournière) », le véritable Jésus-Christ » (E. […] Rapprochements, opinions d’intéressés eux-mêmes, qui expliquent comment le « Symbolisme », presque au terme de son œuvre principale, put en enfant à peine révolté, en enfant à peine prodigue, être reçu aux étreintes presque sincères de plus d’un glorieux survivant du Parnasse. […] Francis Jammes : « charme d’étroitesse douce qui presse et n’opprime pas, et de langueur d’enfant pâli de fièvres intermittentes »  Albert Samain : « C’est dans les « sujets » pas énormes, sans orgueil, ressemblances de son âme, qu’il est entièrement admirable »  « Dans les Poèmes d’André Walter, André Gide, il a pas mis le meilleur de lui-même » J’avais écrit dès 1895 : « Des maîtres du Parnasse et leurs amis de la critique protègent, disons à son apogée, ce qu’on nomme le Symbolisme. […] Visions impossibles au tempérament serein de qui la rêverie s’approfondit tout au plus d’un frisson de trop de chasteté  en ronde du miroir de solitude où s’apparaît Hérodiade : « cette singulière enfant ! 

2549. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

En dépit d’un préjugé qui nous vient de Locke, c’est par des concepts généraux que l’enfant débute, et le rôle de l’expérience est précisément de les contredire et de les faire éclater. […] C’est, en effet, un trait de l’hérédité, que les enfants ne sont jamais exactement semblables aux parents.

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