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309. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

identique, par-delà des différences prodigieuses d’époque, de milieu et d’éducation, au tour d’intelligence du prophète hébreu. […] La seule différence consiste en ce qu’il est moderne autrement ; mais y a-t-il deux feuilles qui se ressemblent dans une même forêt ? […] La différence du regard des peintres s’explique ici par la différence des modèles. […] C’est la grande différence entre les artistes critiques et les autres. […] Cette différence n’est donc point passagère.

310. (1875) Premiers lundis. Tome III « Senac de Meilhan »

Il y appréciait tout naturellement d’abord son auteur, le plus grand peintre d’histoire, et cet examen le conduisait à marquer la différence de la société moderne à l’ancienne, l’amoindrissement qu’il n’hésitait pas à y voir dans les caractères et dans les âmes.

311. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 69-73

La seule différence qui se trouve entre l’Ouvrage de Coutel & le sien, est que l’un est en grands Vers, rangés par quatrains, & l’autre en Vers libres : à cela près, les pensées, les expressions, les tours, les rimes sont absolument les mêmes.

312. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Nous ne sommes pas hallucinés ; nous ne disons pas comme les malades18 : « J’ai vu, j’ai entendu aussi distinctement que je vous vois, que je vous entends… Je vous assure que ce que j’ai vu est aussi clair que le jour ; il faut, si j’en doute, que je doute que je vois et que je vous entends. » Pour expliquer une différence si grave, il faut observer de près en quoi consiste la reconnaissance d’une illusion. […] Le joueur d’échecs dont j’ai parlé m’écrit encore : « Je ne songe jamais à établir une différence entre l’échiquier qui est dans mon esprit et l’autre. Pour moi, c’est tout un ; ce serait par un autre effort de raisonnement, dont l’utilité ne se fait jamais sentir, que j’arriverais à établir une différence. » Ainsi, tant qu’il joue, l’échiquier mental est pris par lui pour l’échiquier extérieur. — En d’autres cas, ceux-ci maladifs ou presque maladifs, on voit aussi l’image acquérir l’extériorité complète et définitive. […] Maintes fois j’ai assisté ainsi tour à tour à l’achèvement qui fait de l’image simple une hallucination, et à la dégradation qui fait de l’hallucination une image simple. — Dans ce double passage, on peut noter les différences et découvrir les conditions des deux états. […] Arrivés là, nous comprenons sa nature ; en ressuscitant la sensation, elle la remplace ; elle est son substitut, c’est-à-dire une chose différente à certains égards, semblable à d’autres, mais de telle façon que ces différences et ces ressemblances soient des avantages.

313. (1884) Articles. Revue des deux mondes

A descendre à de telles précisions, on risque fort de méconnaître les différences profondes, essentielles, qui distinguent les phénomènes physiologiques des phénomènes moraux et sociaux. […] Il avait ingénieusement expliqué le phénomène de la respiration, cherché les causes de la différence des sexes, de la stérilité relative des mulets, de la chute des dents, il est le père de nombre d’observations, vraies ou fausses, accueillies et reproduites de confiance par toute l’antiquité. […] Mais son génie synthétique ne l’empêche pas d’apercevoir les dissemblances ; le premier peut-être, il a déterminé la différence qui existe anatomiquement entre l’homme et le singe, en observant que, chez celui-ci, la conformation des os du crâne et de la face n’est pas la même que chez nous ; que, de plus, ses pieds ressemblent à des mains, ce qui l’oblige de se tenir bien plus souvent à quatre pattes que tout droit. […] La tentation est d’autant plus forte, qu’ailleurs le philosophe grec semble pressentir la théorie de Kœlliker et expliquer par une légère modification dans la constitution des petites parties les différences qui séparent ensuite les animaux terrestres des animaux aquatiques. […] De même pour les différences.

314. (1926) L’esprit contre la raison

Son égoïsmear que nous ne saurions comparer, ni de près ni de loin, au subjectivisme idéal, égoïsme ennemi de l’esprit par roublardise paysanne, accroché à tout ce qu’il croit notion de réalité, assez grande coquette pour vouloir jouer avec ce qu’il redoute le plus, nous voyons très bien quel secours furent pour lui les accessoires, guerre, patrie, Bérénice et, en dernier lieu, ce Jardin sur l’Oronte, entre deux séances de la Chambre des députés, comme les joies de la rue des Martyrsas pour d’autres, avec cette différence, encore, que, rue des Martyrs, on peut redouter une congestion, la mort, tandis qu’au jardin sur l’Oronte, les arbres bien taillés, les mannequins de velours et de soie n’ont jamais fait de mal à personne et seraient bien en peine d’en pouvoir faire. […] Nous ne signalons pas les multiples différences de ponctuation. […] L’image d’Aigues Mortes ressurgit : à la différence de Barrès, les surréalistes ont su prendre le risque de lever les défenses inutiles. […] Mais les gens universels ne veulent point d’enseigne et ne mettent guère de différence entre le métier de poète et celui de brodeur. » [éd. […] A la différence d’Aragon dans Le Traité du style, Crevel aime les vrais voyageurs, ceux qui « partent pour partir ».

315. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

. — Différences générales entre le théâtre de Racine et celui de Corneille. — § V. […] C’est, dans la culture de l’homme moral, la différence entre deux labourages, dont l’un ne fait qu’effleurer le sol, et dont l’autre le retourne à fond. […] Il rend sensibles deux nouveautés du théâtre de Racine : la première, que j’ai déjà notée, est le caractère purement humain et presque familier des sentiments ; la seconde est la diversité qu’imprime aux mêmes sentiments la différence des caractères et des situations. […] Mais la grande nouveauté de ce théâtre, c’est qu’à la différence de celui de Corneille, où les situations font les caractères, ici les caractères font les situations. […] Ce ne sont pas les seules différences entre ces trois victimes de l’amour sensuel.

316. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

On saisit la différence. […] Une différence de nature dans la manière de percevoir le réel sépare à jamais l’esthétique parnassienne et celle des symbolistes. * *   * Une différence de degré dans la manière d’exprimer le réel en résulte. […] Il y a entre le procédé parnassien et le procédé symboliste toute la différence qui existe entre la comparaison et l’identification, entre la juxtaposition et la coïncidence, entre l’allégorie et le symbole43. […] « Entre le symbole et l’allégorie on peut faire cette différence : L’allégorie est un ingénieux artifice littéraire, qui consiste à traduire sous une forme imaginée des idées abstraites dont on pourrait reconstituer la teneur précise ; une allégorie se déchiffre comme un rébus.

317. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Pierre » pp. 200-201

Pour en sentir la différence, je les renvoie au Laocoon antique qui souffre et ne grimace point.

318. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Souvent ils meurent, un peu comme aux époques primitives, avant que leurs œuvres soient toutes imprimées ou du moins recueillies et fixées, à la différence de leurs contemporains les poëtes et littérateurs de cabinet, qui vaquent à ce soin de bonne heure ; mais telle est, à eux, leur négligence et leur prodigalité d’eux-mêmes. […] On doit maintenant saisir toute la différence native qu’il y a de Molière à cette famille sobre, économe, méticuleuse, et avec raison, des Despréaux et des La Bruyère. […] Remarquez, monsieur, ajoutoit Despréaux, que Molière a fait, sans y penser, le caractère de ses poésies, en marquant ici la différence de la peinture à l’huile et de la peinture à fresque. […] que la différence est connue aisément De toutes ces faveurs qu’on fait avec étude, A celles où du cœur fait pencher l’habitude ! […] C’est la différence d’Onuphre à Tartufe ; La Bruyère qui critique Molière ne la sentait pas.

319. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

La différence est un élément aussi essentiel à l’être que l’unité même. […] Pour rendre plus sensible la différence que nous voulons marquer, on peut multiplier les exemples. […] Après avoir énuméré toutes ces différences, ne pourrait-on pas les réduire ? […] Tout le reste est divers ; par tout le reste, les hommes diffèrent ; car la ressemblance est encore de la différence. […] Mais il n’est pas possible de concevoir de différence entre le libre arbitre d’un homme et le libre arbitre d’un autre.

320. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Ollivier » pp. 299-300

me dit-il, c’est un massacre. ce mot aurait suffi pour arrêter ma curiosité ; mais il me parut que c’était un exemple rare de la différence du fracas et de l’action ; de l’intention du peintre et de son exécution, de la contradiction du mouvement et de l’expression.

321. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre IV. Pourquoi le génie d’Homère dans la poésie héroïque ne peut jamais être égalé. Observations sur la comédie et la tragédie » pp. 264-267

La première de ces difficultés eût dû suffire pour exciter les recherches des Scaliger, des Patrizio, des Castelvetro, et pour engager tous les maîtres de l’art poétique à chercher la raison de cette différence… Cette raison ne peut se trouver que dans l’origine de la poésie (v. le livre précédent), et conséquemment dans la découverte des caractères poétiques, qui font toute l’essence de la poésie.

322. (1932) Les idées politiques de la France

Malgré cette différence, les résultats de la séparation ont été pour l’Église à peu près ceux que Lamennais prévoyait. […] La différence entre un congrès politique de droite et un congrès politique de gauche est frappante. […] Charles Benoist, qui était du centre droit, demandait quelle différence il y avait entre son centre à lui et celui de M.  […] Supposons qu’entre le radical et le socialiste, entre l’infanterie et les chasseurs, un nouveau Benoist demande quelle est la différence, où est la césure. […] Mais il y a cette différence que Jaurès veut la paix modestement, tandis que M. 

323. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

D’où vient cette différence ? […] L’usage enseigne toutes ces petites différences. […] Il y a encore de la différence entre un bonheur & le bonheur, différence que le mot félicité n’admet point. […] On ne peut mieux sentir cette différence, qu’en comparant les endroits que Racine, & Campistron son imitateur, ont traités. […] Il y a de la différence entre être grave & être un homme grave.

324. (1911) Études pp. 9-261

Les objets réels ne revêtent leur différence qu’après avoir patiemment ressemblé à tous les autres. […] Différence, préférence. […] Ils se font accepter avec toute leur tressaillante différence. […] Les parties de l’orchestre se froissent, se traînent languissamment les unes contre les autres, appuient leurs lentes différences. […] Pourtant, entre ces deux livres, quelle différence d’écriture !

325. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Je n’ai trouvé que des différences. […] Qu’on y pense un instant, on verra la différence. […] En tout cas les différences de couleur seront toujours indiquées par une différence de direction. […] On trouvera pourtant, si l’on y réfléchit, une différence. […] Théoriquement la différence est grande si l’on veut.

326. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Strada, José de (1821-1902) »

J. de Strada, hier encore inconnu, et génie entrant aujourd’hui vivant dans l’immortalité, nous offre les premiers fragments d’une œuvre géante, d’une épopée colossale qui sera pour notre pays le pendant de l’œuvre de Dante pour l’Italie du xive  siècle, avec cette différence que la Divine comédie a seulement quinze mille vers, tandis que l’Épopée humaine en a déjà cent mille et en aura quatre fois autant.

327. (1913) Le bovarysme « Deuxième partie : Le Bovarysme de la vérité — II »

Or, si l’on se reporte aux origines de la vie phénoménale, telles qu’elles ont été montrées ici, si l’on est bien convaincu de l’évidence de cette proposition, qu’aucun état de connaissance n’est possible que d’un objet pour ira. sujet, en sorte que toute entité vivante ne prend conscience d’elle-même qu’au moyen d’une falsification de soi, il apparaît que la vérité n’a pas de place dans la vie phénoménale, qu’on ne peut imaginer et situer l’idée de vérité qu’en un état d’identité absolue entre toutes les choses où toutes les choses se confondraient et s’évanouiraient et où cesserait, avec toute différence et tout reflet, toute conscience.

328. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Ce n’est ni la sienne, ni la mienne, ni la vôtre, avec les différences qu’elle reçoit du caractère de chacun, du pays, du temps, mais la raison universelle, impersonnelle et absolue. […] Je n’imagine pas que Pascal eût été ravi d’apprendre d’un auteur par quoi cet auteur différait de lui, ni de le voir estimer ces différences au point d’en entretenir la postérité. […] Il y eut entre eux et Descartes cette seule différence, que ce qui avait contenté Descartes, au sortir du seizième siècle, ne put, après lui, contenter des hommes que sa méthode avait rendus avides de vérités plus certaines que l’évidence même. […] L’usage d’une langue étant de rendre universelle la communication des idées, et les hommes ne communiquant point entre eux par leurs différences, mais par leurs ressemblances, dont la principale est la raison, une langue est arrivée à sa perfection quand elle est conforme à ce que nous avons de commun, la raison.

329. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

La différence des climats, des mœurs, des coutumes, des loix, de leur religion & de la forme de leur gouvernement, peut-elle être la raison pour laquelle ils n’ont pas employé l’amour dans leurs tragédies, pendant qu’ils ne font que le respirer dans la plupart des autres genres. […] Avec quelle différence, en effet, a-t-on reçu certaines pièces où il étoit traité sans égard à la belle nature & à la vraisemblance, & de très-bonnes tragédies où il ne paroissoit point du tout. […] Quand il porte une vue générale sur la comédie ancienne & moderne, il trouve la différence à notre désavantage. […] « Ils sont assez avancés, ou, si l’on aime mieux, assez pervertis, pour pouvoir entendre Brutus & Rome sauvée, sans avoir à craindre d’en devenir pires. » Lequel croire de M. d’Alembert ou d’un citoyen qui veut sauver sa patrie de la corruption ; qui ne lui présage qu’abomination & que malheurs, si l’on ne l’écoute ; qui eût pu s’appuyer de la raison que donne Cornelius Nepos pour marquer la différence des mœurs des Grecs & des Romains : C’est que les comédiens étoient estimés des premiers, & qu’ils étoient déshonorés chez les autres.

330. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Tout en lisant ces lettres pleines de sagesse, de raison et d’une vivacité prudente, je songeais à la différence de ce ton avec celui qui règne aujourd’hui. […] Entre le jeune voyageur de 1831 et celui d’aujourd’hui, je fais la part de la physionomie individuelle, de la différence des caractères et des formes de talent ; mais aussi il me semble qu’on peut, en lisant les deux récits, se faire une idée des éléments tout nouveaux qui sont entrés dans l’éducation depuis trente ans, des excitants qui flottent dans l’air et qu’on y respire ; de la réalité en fusion qui circule, qu’on absorbe, et qui ressort ensuite par tous les pores ; en un mot, du changement introduit dans la nourriture générale des esprits, même de ceux qui sembleraient appartenir à un même courant d’opinions et de traditions. […] Ses sentiments religieux et philosophiques, nous venons de les voir, au sein même de cette douleur : il les confondait volontiers et évitait peut-être de distinguer le point précis, la ligne exacte où il aurait pu établir entre eux, entre la religion et la philosophie, une différence essentielle.

331. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Ils sont projetés chez les uns et les autres au gré des différences individuelles, avec une netteté et selon des hiérarchies très diverses. […] L’inclination vers ce que l’on nomme le bien moral suppose toujours un certain degré de prédominance de la faculté d’imaginer sur la sensibilité immédiate : mais elle peut résulter aussi bien, car il ne s’agit là que d’un rapport, de la faiblesse de celle-ci que de la force de celle-là, en sorte que parmi ceux que la morale qualifie bons et qui se conforment aux prescriptions fixées par l’idéal social ou religieux du moment, il y a déjà des différences extrêmes. […] Il explique par sa liberté les différences de sa conduite, il ne voit pas que si ayant bien agi hier, il agit mal aujourd’hui, c’est parce qu’aujourd’hui quelques circonstances se sont ajoutées ou ont fait défaut autour de l’acte à accomplir : un bon conseil a manqué, quelque alcool fut en trop.

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