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321. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

… Est-il permis de manquer d’intérêt et de vie quand il s’agit du peuple le plus curieux et le moins connu, quoiqu’on en ait immensément parlé, de ce peuple magot et falot qui ressemble aux visions produites par l’opium qu’il fume, et qu’on pourrait appeler le plus fantastique de tous les peuples ? […] avec cette érudition de troisième main qu’on nous donne pour de l’érudition de première, la Chine restera donc ce qu’elle a été jusqu’ici : une espèce de rêve, entrecoupé de réalités étonnantes pour les penseurs et pour les poètes, et, pour les curieux, les historiens et les observateurs, une espèce de mystification colossale en permanence dans l’Histoire… Olla podrida morale de toutes choses, depuis la piété filiale jusqu’à l’infanticide, attendant toujours, mais vainement encore, pour cette fois, son chimiste et son analyse, la Chine va continuer d’être la pierre de scandale dans Israël, le sujet pris, quitté et repris, des vaines disputes de nos sagesses.

322. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Pour les curieux de nature humaine, pour les moralistes, pour ceux que la vie et son impatientant mystère préoccupent plus que les babioles menteuses de l’art d’écrire, les correspondances sont les vrais livres et le style qu’elles ont est vraiment l’homme, comme le disait Buffon un peu trop du style en général, Buffon qui, par parenthèse, n’aurait pas su écrire une lettre. […] Forgues a donné, lui, tout ce qu’il a pu de cette correspondance qui, malheureusement, s’arrête de 1839 à 1840, c’est-à-dire au curieux moment où Lamennais, âgé de plus de cinquante ans et cessant d’être ce qu’il avait été jusque-là, venait de publier ces Paroles d’un croyant que, dans la cécité de son illusion, il croyait un livre exclusivement politique, et qui firent l’effet, quand elles parurent, d’une torche dans un champ de blé.

323. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Par exemple, malgré sa loge aux Italiens et son hôtel à Paris, ce n’est pas, chose curieuse ! […] Il s’est même vanté, et trop vanté en maint endroit, d’être l’archéologue et l’antiquaire de l’avenir, le peintre minutieux et fidèle d’un Paris disparu et qu’il sera curieux de retrouver.

324. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVI » pp. 183-185

 — Depuis quelque temps, et surtout depuis les deux dernières années, il se fait dans la littérature française et dans la critique un mouvement curieux qui semble annoncer qu’on entre dans une phase et dans une vogue nouvelle.

325. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Boschot, Adolphe (1871-1955) »

Nous avons déjà de lui les Rêves blancs, dont je vous ai parié avec sympathie, un curieux et ingénieux roman Pierre Robert, où il y a du lyrisme, de la passion et je ne sais quelle étrangeté qui n’est pas toujours factice.

326. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Breton, Jules (1827-1906) »

Daudet À une époque où les littérateurs se préoccupent tellement de l’art de peindre qu’ils lui empruntent des procédés, des termes particuliers, il est curieux de voir les peintres entrer dans le domaine de la poésie avec cet éternel souci de la couleur qui peut leur devenir en littérature une qualité ou un écueil.

327. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Croisset, Francis de (1877-1937) »

André Rivoire Voilà un poète, un très jeune poète, parfois négligé, — mais, chez lui, c’est un charme, car son cœur est ardent, spontané, curieux de toutes choses et plus particulièrement de l’amour et du plaisir.

328. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Préface de la première édition »

Rien ne peut tenir lieu de quelques écrits excellents, publiés de nos jours, sur des points particuliers de l’histoire de notre littérature, les uns plus curieux de détails de biographie intime, les autres plus occupés des applications morales.

329. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 245-247

Il en auroit fait disparoître ce qu’il y a de défectueux, & l’eût rendu, à peu de frais, un des meilleurs que nous ayons en ce genre, comme il est un des plus curieux par les anecdotes qui y sont rassemblées.

330. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 208-210

En offrant aux Curieux & aux honnêtes Gens les monumens du zele & des lumieres consignées dans ces Lettres écrites par des Missionnaires de presque toutes les parties du Monde, on peut dire qu’il a fourni à la piété de quoi la consoler & l’instruire, & aux Sciences tout ce qui peut les éclaiter & les étendre.

331. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

C’est un cas de littérature bien curieux et qui eût dû attirer davantage l’attention de la critique que celui de M.  […] Bérenger, que je voudrais étudier l’œuvre si curieuse de cet écrivain subtil. […] Pour la première fois, au milieu d’une affluence énorme de curieux, il se rend au Parlement, et dans un discours puissant, à la fois cinglant, précis et véhément, il soulève l’enthousiasme de l’Assemblée, Le gouvernement de la paix devient impossible. […] Seuls, quelques esprits curieux comme Aloysius Bertrand, eurent le pressentiment qu’on passait à côté de richesses insoupçonnées. […] Sully Prudhomme ou Herediad par exemple, n’en représente pas moins un aspect légitime et curieux de la poésie française.

332. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Amiel, Henri Frédéric (1821-1881) »

Edmond Scherer Je ne sais à comparer au Journal d’Amiel, comme drame de la pensée, comme méditation à la fois religieuse et inquiète sur les mystères de l’existence, que les monologues de Maine de Biran, de Maurice de Guérin et d’Obermann ; mais Amiel dépasse, à mon avis, tous ces martyrs de la pensée ; il va bien plus au fond de tout ; sa philosophie spéculative est bien autrement vaste, sa psychologie morbide bien autrement curieuse, sa perplexité morale bien autrement pathétique.

333. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fabié, François (1846-1928) »

Cladel a écrit pour lui une préface curieuse et il a eu bien raison de signaler la Chatte noire comme un chef-d’œuvre en son genre : Dans le moulin de Ponpeyrac, Se tient assise sur son sac Une chatte couleur d’ébène, Il est bien certain qu’elle dort : Ses yeux ne sont que deux fils d’or Et ses griffes sont dans leur gaine.

334. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pommier, Amédée (1804-1877) »

Amédée Pommier pour écrire les comédies qu’il pensait, et ils en composèrent même une ensemble, essai curieux, intitulé : Monsieur Orgon !

335. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIII. Des sympathies anarchistes de quelques littérateurs » pp. 288-290

Venus à l’anarchie, il faut confesser, parfois un peu en curieux, ils s’y accompagnonnent volontiers.

336. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 115-117

Curieux au dernier point de voir cet homme illustre, les Commis, fort embarrassés, & ne pouvant résoudre la difficulté, lui disent nettement qu’ils n’en savent rien.

337. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 301-304

Ce sont des Ecrits impies, par-là même séditieux & destructeurs de toute Société ; parce que, si on les toléroit, ce seroit une injustice envers le Curieux qui les lit, le Sot qui les adopte, le Libertin qui les préconise, l’Homme de bien qui ne peut en apprendre l’existence qu’avec indignation.

338. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Parocel » pp. 255-256

Cela doit être curieux.

339. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Decamps, intelligence très-flamande à certains égards, a produit un résultat des plus curieux. — Par exemple, on trouvera à côté de figures qui affectent, heureusement du reste, une allure de grands tableaux, une idée de fenêtre ouverte par où le soleil vient éclairer le parquet de manière à réjouir le Flamand le plus étudieur. — Dans le dessin qui représente l’ébranlement du Temple, dessin composé comme un grand et magnifique tableau, — gestes, attitudes d’histoire — on reconnaît le génie de Decamps tout pur dans cette ombre volante de l’homme qui enjambe plusieurs marches, et qui reste éternellement suspendu en l’air […] Il n’était même pas besoin de mettre ces curieux derrière les barreaux d’une ouverture — la chose était déjà belle et assez belle. […] Il y a du pour et du contre, des bévues de jeune homme et de savantes intentions. — En somme, c’est là un des tableaux les plus curieux et les plus dignes d’attention du Salon de 1845. […] Ces dessins, dont les uns représentent la grande lutte entre Arminius et l’invasion romaine, d’autres, les jeux sérieux et toujours militaires de la Paix, ont un noble air de famille avec les bonnes compostions de Pierre de Cornélius. — Le dessin est curieux, savant, et visant un peu au néo-Michel-Angelisme. — Tous les mouvements sont heureusement trouvés — et accusent un esprit sincèrement amateur de la forme, si ce n’est amoureux. — Ces dessins nous ont attiré parce qu’ils sont beaux, nous plaisent parce qu’ils sont beaux ; — mais au total, devant un si beau déploiement des forces de l’esprit, nous regrettons toujours, et nous réclamons à grands cris l’originalité. […] Cet enfant qui se pend à une grappe, et qui était déjà connu par quelques charmants vers de Sainte-Beuve, est une chose curieuse à examiner ; c’est de la chair, il est vrai ; mais c’est bête comme la nature, et c’est pourtant une vérité incontestée que le but de la sculpture n’est pas de rivaliser avec des moulages. — Ceci conclu, admirons la beauté du travail tout à notre aise.

340. (1883) Le roman naturaliste

non, beaucoup moins curieux qu’il ne le semble à M.  […] C’est que l’auteur ne s’intéresse à ses personnages qu’autant qu’il est curieux de les connaître lui-même, et de les connaître tout entiers. […] Le fait de ces cataleptiques, brusquement changées en statues, voilà ce qui paraît curieux à M.  […] Il est curieux, et peut-être instructif, de considérer ce don d’observation à l’œuvre. […] Il pouvait étudier, et c’eût été psychologiquement curieux, la réaction du métier sur les habitudes de la vie réelle.

341. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Je vous en parlerai ; elle est curieuse. […] Je ne sais si l’histoire de l’esprit humain offre un spectacle plus curieux que celui de notre longue et universelle aberration au sujet de la Poétique, comme de tous les autres ouvrages de ce grand homme. […] Voici un extrait authentique de la première partie de ce curieux journal, de celle qu’il écrivit en France. […] L’Alarcos de Frédéric Schlegel n’est peut-être qu’une fleur rare, exotique, arrachée par un touriste trop curieux à son sol naturel, et transplantée dans un climat où elle ne saurait vivre. […] Chose curieuse !

342. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Une physionomie curieuse que celle de la princesse, avec la succession d’impressions de toutes sortes qui la traversent, et avec ces yeux indéfinissables, tout à coup dardés sur vous et vous perçant. […] Ce serait une curieuse addition à faire que celle de l’argent que le Paradis a coûté au monde. […] Saint-Victor. — Est-ce curieux, elle écrit sur du papier à lettres ! […] Il serait curieux de savoir s’il en descend… C’était avant tout un ange, il a été toujours ange, Vigny ! […] c’est une chose curieuse et importante que la part de la domesticité dans l’histoire… Les domestiques mâles ont eu moins de pesée sur elle… Un moment, il parle de Louis XV et des temps modernes.

343. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Un grand éloge à faire de la princesse, c’est que la causerie avec les femmes bêtes, avec les sots, enfin que l’ennui l’ennuie — et, chose plus curieuse, lui plombe le teint à l’instar d’une peinture du Guerchin. […] La parole est abondante, toutefois sans grand brillant, et sans le mordant de l’esprit, et sans la couleur du verbe ; ce ne sont que des faits, des faits curieux, des faits paradoxaux, des faits épatants, qu’il tire d’une voix enrouée du fond d’une immense mémoire. […] » Puis sur les mœurs de l’Angleterre, pays qu’il aime comme un pays de liberté, il nous cite de curieuses anecdotes. […] * * * — C’est une curieuse chose que la spécialité d’aptitudes chez les femmes, dans le travail du goût. […] Est-ce curieux, et ça ressemble-t-il aux inventions d’auteur, les combinaisons dramatiques amenées par les événements de la vie ?

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