/ 3799
17. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Rien n’est plus ordinaire que de rencontrer des hommes qui croient en Dieu et en la Providence, ou qui le disent, et rien n’est plus rare que d’en trouver qui, dans toutes leurs actions ou dans tous leurs jugements, se comportent comme s’ils y croyaient en réalité. On croit à la Providence en gros, on croit au règne du hasard ou de l’intrigue dans le détail. […] Il est à croire que, s’il avait été dans l’action, il y aurait apporté plus de modération qu’on ne suppose. […] Ils ont de plus cette espèce de considération qui naît de la grandeur antique, et, enfin, l’utile instruction que donne nécessairement le malheur ; mais, quoique je les croie très capables de jouir de la royauté, je ne les crois nullement capables de la rétablir. […] Il est à croire que Napoléon connaissait M. de Maistre et s’était formé quelque idée de lui.

18. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Et est-ce sa critique, croyez-vous, qui lui vaudra le paradis ? […] On ne croit plus, et pourtant certains actes mauvais semblent plus savoureux parce qu’ils vont contre ce qu’on a cru. […] M. d’Aurevilly y croit encore plus que Balzac ! […] M. d’Aurevilly croit qu’il n’y a d’intéressant que l’extraordinaire. […] Bref, il fait croire à ce qui n’existe pas.

19. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

Elle remue toujours sous ce poids terrible ; et c’est à faire croire, même à ceux qui le maudissent, que le paganisme est éternel. […] sous la plume de Grenier, qu’on pouvait le croire… avant qu’il eût écrit. […] Il en fait honneur à Renan, qui jamais n’a rien inventé de sa vie ; car pour inventer il faut croire à quelque chose, ne fût-ce qu’à ce qu’on invente ! […] … et c’est la seule critique que je ferai de ce livre charmant, qui ne donne pas (malheureusement) tout ce qu’il promet, et même, le croira-t-on ? […] Je ne veux point qu’on vienne me dire : Vous m’aviez cru ; vous avez eu tort de me croire ; je crois maintenant que moi-même je ne me crois plus.

20. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Vous aviez cru peut-être avec nous que nous avions la liberté religieuse en France ? […] Ne riez pas et ne croyez pas que M.  […] Croirait-on qu’il compte deux sortes d’esprits dans le dix-huitième siècle ? […] Telles sont la philosophie et l’histoire de cet optimiste faux chrétien qui croit, dit-il, à la Providence divine, comme il croit à la destinée, comme il croit à ce dix-neuvième siècle, qui a réveillé l’infini, comme à la science, comme à tout, et qui a le mysticisme de toutes ces sornettes contemporaines, lesquelles formeront un jour une logomachie à faire pouffer de rire nos descendants ! […] Par exemple : vous aviez cru, n’est-ce pas ?

21. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

J’ai été très-bien reçu ; je croirais presque qu’ils s’ennuient. […] Ce qui me fâche le plus, c’est que je crois que c’est par air. […] Ce soir, en jouant au loto, j’ai pensé à vous, comme vous le croyez bien. […] Je suis porté à le croire. […] Je crois que cela est sans danger pour sa fortune.

22. (1925) Dissociations

J’aurais bien cru. […] Je ne le crois pas. […] Je ne le crois pas. […] On les croyait également responsables, ce qui revient au même que de les croire également irresponsables. […] Ne le croyez-vous pas ?

23. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Je le crois bien ! […] Je ne crois pas que M.  […] Elle se croit la santé. Elle se croit la pureté. […] Taine, le croient… mais pas moi !

24. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Voilà, je crois, tout ce qu’il y a d’essentiel à la poësie. […] Je crois cependant, avec le respect que nous devons à nos maîtres, que le but de tous ces ouvrages n’a été que de plaire par l’imitation. […] Je crois que le sublime n’est autre chose que le vrai et le nouveau réünis dans une grande idée, exprimés avec élégance et précision. […] Ses ouvrages ne sont plus lûs, et je ne crois pas que beaucoup de gens veuillent juger par leurs yeux de ce que j’en vais dire. […] Quelques gens pourroient croire d’abord que j’y manque de respect aux anciens, et j’avoüe que cela me siéroit moins qu’à aucun autre.

25. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Ils n’ont qu’une chose à faire, croire et obéir. […] « Nous y croyons, dit encore M.  […] S’il est permis de comparer le sacré au profane, et les mystiques l’ont fait souvent, celui qui croit à la fidélité de la femme aimée n’y croit pas sur un fondement scientifique ; non, sans doute : il croit, et tout est dit. […] Guizot a cru devoir défendre le christianisme. […] Pourquoi s’est-il cru plus libre en faisant le mal ?

26. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

C’est une manière de prendre sa revanche, et aussi de faire croire qu’il est initié aux hauts secrets. […] Ils croient faire l’apologie du christianisme en riant de tout ce qui est sérieux et philosophique. […] L’effort doit tendre à élargir ce cercle ; mais enfin l’instrument est admis, on croit à la possibilité de croire. […] Nous croyons à la vérité, bien que nous ne prétendions pas posséder la vérité absolue. […] Les médecins ont un nom pour désigner ceux qui croient posséder le don des langues, de prédication, de prophétie.

27. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Une des plus singulières aberrations de Saint-Martin était de croire que ce Crocodile, avec un peu plus de travail et moins de négligence, et, comme il dit, avec une lessive de plus, aurait pu devenir un bijou. […] Saint-Martin croit qu’il y a dans la Révolution française autre chose encore qu’une destruction et qu’un jugement de Dieu, et qu’elle a introduit quelque élément nouveau dans le monde. […] Lorsque Saint-Martin croit que les vérités religieuses n’ont qu’à gagner à la grande épreuve que la société française traversait au moment où il écrit, il est dans le vrai de sa haute doctrine. […] Saint-Martin se séparait profondément de Bernardin de Saint-Pierre en ce que, religieux comme lui, il croyait de plus à la chute, à une nature gâtée et corrompue et portant l’empreinte du mal ; il croyait en un mot que, dans l’univers tel qu’il est, il y a et il y aura toujours quantités de désharmonies, jusqu’à ce que le maître, le divin réparateur vienne remonter la lyre et en rajuster les cordes sacrées […] J’ai traversé en outre trois fois presque tout le royaume pendant ces temps de trouble, et la paix s’est trouvée partout où j’étais (excepté l’aventure du Champ-de-Mars de l’été de 1791, pendant laquelle j’étais à Paris) ; tout cela me fait croire que, sans oser me regarder comme un préservatif pour mon pays, il sera cependant garanti de grands maux et de désastres absolus tant que je l’habiterai ; non pas, comme je viens de le dire, que je me croie un préservatif, mais c’est parce que je crois que l’on me préserve moi-même, attendu que l’on sait combien la paix m’est chère, et combien je désire l’avancement du règne de mon Dieu… Vous croyez peut-être que la suite des événements va le détromper : pas le moins du monde.

28. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Le grand moraliste chrétien La Bruyère croyait à la Chute. Mme Daniel Stern n’y croit pas. […] Il le croit… et s’endort !  […] Et même elle se croit mieux qu’Hercule, qui fila un jour aux pieds d’Omphale. […] Je le crois bien ; elle n’en a pas !

29. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Rien n’est plus triste, sans doute, que cette nécessité où l’on croit être de venir mettre successivement une barre rigoureuse à chacune de ses admirations les plus profondes, et de prononcer ce fatal : Tu n’iras pas plus loin, dans une louange chère au cœur et qu’on ne croyait pas pouvoir épuiser. […] Le devoir d’un écrivain et de tout homme public est en raison  composée de ce qu’il est et de ce qu’il a donné à croire par ses écrits et par ses paroles. […] Le poëte le lui redit en vingt façons ; il croyait lire Tibur, à l’exergue de la bague (du cachet), mais c’était Eyrague ; la dureté du vers l’a puni de sa pensée. […] On voudrait qu’il crût, qu’il parût croire davantage à l’avenir de sa poésie : il compte si fort sur l’avenir en toutes choses ! […] Il accorde tant à l’humanité en général et à je ne sais quelle apothéose de l’espèce ; dans le particulier, il a l’air de croire si aisément à l’esprit horatien de ses amis, qu’il pourrait croire par là-dessus à l’immortalité des beaux vers.

30. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Vous n’osez pas me dire « Croyez parce qu’il faut croire, croyez parce que je le veux, croyez parce que croyez », qui est le vrai et franc langage de l’autorité. […] Nous croyons volontiers ce qu’on croit et ce qu’on a cru. […] Il n’y croit pas. […] Pourquoi le croiriez-vous ? […] Il croit changer.

31. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

Il fut écrit en 1866, si j’en crois la date de l’avertissement, et on l’a publié seulement en 1878. […] L’homme d’ici ne retient pas son vent, mais le pousse et l’augmente, au contraire, pour faire croire qu’il est très vivant, comme l’autre homme, en retenant le sien, voulait faire croire qu’il était bien mort. […] L’auteur de La Papesse Jeanne, et son consubstantiel traducteur, se croit un génie ambidextre. […] Il a fallu, le croira-t-on ? […] Il n’y a pas même ajouté un pauvre petit mot de son cru… car il n’a pas de cru.

32. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Mais je ne puis m’empêcher de croire qu’il a triché. […] Mais je ne le crois pas. […] Je crois qu’il en était assez malheureux. […] Et il le croira.) […] Il se croyait l’homme nécessaire.

33. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Il croyait voir un plan arrêté chez les ennemis de l’ordre, un dessein d’arriver à détruire tout frein moral et religieux. […] « Renoncez, croyez-moi, à prolonger ce regrettable incident. […] Croyez-moi, parlons-en peu ici ; ce n’est pas le lieu. — Et pourquoi en parlez-vous vous-même ? […] ) Faute de mieux, convenez-en, croire en Dieu comme Jean-Jacques Rousseau, c’est déjà quelque chose. […] Je croyais qu’il m’était permis de me défendre.

34. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Pour moi, je crois qu’il faut être tolérant pour le goût des Hottentots ; mais je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’admirer leur Vénus. […] Je le crois, et voici ce qui me donne cette confiance. […] Il le mouvait en effet, et il croyait avoir démontré la liberté humaine. […] je crois qu’après la pièce j’embrassai le Chevalier. […] « J’ai cru, je crois et je croirai que Paris est très supérieur à Athènes en fait de tragédies et de comédies.

35. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Il ne s’en tint pas au séjour des grandes villes, dont la moralité et le bien-être lui paraissaient, à tort, je le crois, choses désespérées. […] Dans une lettre de février 1815, adressée à M. de La Fayette, on voit en abrégé toute l’opinion de Jefferson sur les événements de notre Révolution, avec les changements qu’y avait apportés l’expérience ; il y rétracte son ancienne idée d’un accommodement possible en 89 ; il croit reconnaître, avec M. de La Fayette, que la France de 91 était mûre pour la constitution qu’on lui avait faite, si on n’avait voulu la pousser encore plus avant, au-delà de la monarchie. […] Jefferson, au reste, doué d’un esprit exact et sagace, avait pénétré assez avant, sur la fin de la vie, dans les matières métaphysiques ; on voit dans une lettre à John Adams qu’à l’exemple de Locke, Stewart, Bonnet, il inclinait à être déiste matérialiste, c’est-à-dire à considérer la pensée comme liée nécessairement à quelque atome de matière subtile : ce qui ne l’empêchait nullement de croire à l’immortalité. Jefferson y croyait fermement, pieusement : sa lettre sur la mort de Mme Adams exprime une résignation éloquente et fervente. […] Une foule de pensées justes et d’observations frappantes ressortent de cette Correspondance et augmentent le trésor du lecteur : « Je ne crois pas avec les La Rochefoucauld et les Montaigne que les quatorze quinzièmes des hommes soient des fripons : je crois que cette proportion doit être singulièrement restreinte en faveur de l’honnêteté commune ; mais j’ai toujours reconnu que les fripons abondent à la surface, et je ne crois pas que la proportion soit trop forte pour les classes supérieures et pour ceux qui, s’élevant au-dessus d’une multitude ignorante et abrutie, trouvent toujours moyen de se nicher dans les positions où il y a du pouvoir et du profit à acquérir. » L’expression, en maint endroit, s’anime de bonhomie et de grâce : « Cela, dit-il, en parlant de l’incandescence politique, cela peut convenir aux jeunes gens, pour qui les passions sont des jouissances ; la tranquillité est le lait des vieillards. » Le portrait que Jefferson a tracé de Washington est digne de tous deux : la beauté morale reluit dans ces lignes calmes et précises, dans cette touche solide.

36. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VI. L’Astronomie. »

Croyez-vous que, dans un pareil monde, nous serions ce que nous sommes ? […] je répète ma question : croyez-vous que, dans un pareil monde, nous serions ce que nous sommes ? […] Les anciens croyaient que tout était fait pour l’homme, et il faut croire que cette illusion est bien tenace, puisqu’il faut sans cesse la combattre. […] On aurait pu raisonner de même du temps de Ptolémée ; alors aussi, on croyait tout savoir, et on avait encore presque tout à apprendre. […] En résumé, on ne saurait croire combien la croyance à l’Astrologie a été utile à l’humanité.

37. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Mais il n’y a rien, et vous pouvez nous croire. […] Il nous trompe, mais il ne veut pas qu’on le croie ! […] Je le crois. […] Il ne lui pardonne pas d’avoir cru à la dégénérescence des peuples. […] Quelque chose avait, je crois, paru déjà du livre posthume qu’on a publié.

38. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Il est possible et j’ai tendance aie croire. […] Je crois qu’on verra qu’elles achèvent son portrait. […] Examinons ce qu’il a entendu ou cru entendre. […] Ce serait une erreur de croire qu’on a le choix. […] De ce que l’on croit aujourd’hui, disent-ils, on a cru le contraire, et l’on a cessé de le croire ; on cessera de même de tenir pour vrai ce dont on est aujourd’hui le plus certain.

39. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Je crois volontiers à la compétence de tel ou tel académicien : je ne puis croire à celle de l’Académie. Au reste, je crois surtout à la mienne et, comme je sens qu’elle ne vaut que pour moi, je tire de là des conséquences. […] Je songe là-dessus : « Croit-il donc avoir fait quelque chose de si héroïque, de si terrible et de si original ?  […] Ensuite, parce que je le crois. […] Il est, je crois, l’écrivain le plus sincèrement « réaliste » qui ait été.

/ 3799