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1587. (1904) Zangwill pp. 7-90

Avons-nous à étudier, nous proposons-nous d’étudier La Fontaine ; au lieu de commencer par la première fable venue, nous commencerons par l’esprit gaulois ; le ciel ; le sol ; le climat ; les aliments ; la race ; la littérature primitive ; puis l’homme ; ses mœurs ; ses goûts ; sa dépendance ; son indépendance ; sa bonté ; ses enfances ; son génie ; puis l’écrivain ; ses tâtonnements classiques ; ses escapades gauloises ; son épopée ; sa morale ; puis l’écrivain, suite ; opposition en France de la culture et de la nature ; conciliation en La Fontaine de la culture et de la nature ; comment la faculté poétique sert d’intermédiaire ; tout cela pour faire la première partie, l’artiste ; pour faire la deuxième partie, les personnages, que nous ne confondons point avec la première, d’abord les hommes ; la société française au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; le roi ; la cour ; la noblesse ; le clergé ; la bourgeoisie ; l’artisan ; le paysan ; des caractères poétiques ; puis les bêtes ; le sentiment de la nature au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; du procédé poétique ; puis les dieux ; le sentiment religieux au dix-septième siècle et dans La Fontaine ; de la faculté poétique ; enfin troisième partie, l’art, qui ne se confond ni avec les deux premières ensemble, ni avec chacune des deux premières séparément ; l’action ; les détails ; comparaison de La Fontaine et de ses originaux, Ésope et Phèdre ; le système ; comparaison de La Fontaine et de ses originaux, Ésope, Rabelais, Pilpay, Cassandre ; l’expression ; du style pittoresque ; les mots propres ; les mots familiers ; les mots risqués ; les mots négligés ; le mètre cassé ; le mètre varié ; le mètre imitatif ; du style lié ; l’unité logique ; l’unité grammaticale ; l’unité musicale ; enfin théorie de la fable poétique ; nature de la poésie ; opposition de la fable philosophique à la fable poétique ; opposition de la fable primitive à la fable poétique ; c’est tout ; je me demande avec effroi où résidera dans tout cela la fable elle-même ; où se cachera, dans tout ce magnifique palais géométrique, la petite fable, où je la trouverai, la fable de La Fontaine ; elle n’y trouvera point asile, car l’auteur, dans tout cet appareil, n’y reconnaîtrait pas ses enfants.

1588. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Index général des noms cités dans les neuf volumes »

Carraby, avocat à la cour, IX, 330.

1589. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

ni son séjour à la cour de Russie quand Catherine II, affolée de philosophes, malgré son bon sens d’homme d’État, l’y fit venir, le roulant, ce bourgeois dépaysé, dans les mêmes flatteries et les mêmes fourrures que Voltaire, qui, du moins, savait les porter.

1590. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Comme eux, comme les Alexandrins qui vivaient autour des Ptolémées, Mallarmé eût fait un charmant poète de cour. […] Comme Madame de Rambouillet s’était retirée de la cour, Mallarmé se retira de la littérature fréquentée.

1591. (1884) La légende du Parnasse contemporain

En effet, avec un éclat de rire méchant, lugubre, il empoigne Cosette par la peau, la jette par terre et la pousse dans la cour avec un coup de pied dans le ventre. […] À côté de l’adolescent rêveur et du petit abbé de cour, il y avait un lyrique, fort chétif sans doute, mais un lyrique en somme.

1592. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

On n’a pas de cour, quand on n’a pas de pouvoir. […] En ce temps-là, de même que la société était séparée en castes, les genres littéraires se divisaient en nobles et en roturiers ; l’épopée et la tragédie marchaient en tête comme des princes du sang ; l’oraison funèbre avait rang de cardinal ; l’ode et l’élégie suivaient fières et parées comme des ducs et pairs ; le sonnet était bon gentilhomme ; la comédie, quoique bourgeoise, avait par faveur ses entrées à la cour.

1593. (1887) George Sand

Et plus tard, quand, aux prises avec des événements terribles, triste fiancée de la mort, sous le coup d’un effrayant mystère dont parfois sa raison se trouble, nous voyons reparaître Consuelo, vierge et veuve, comtesse de Rudolstadt, toujours grande et noble artiste, à la cour de Frédéric et dans la dangereuse intimité de la princesse Amélie, que de scènes pleines d’attrait et de terreur ! […] Et que d’épreuves pour le jeune comte de Saint-Julien, jeté en plein mystère par un hasard de voyage, admis sur le grand chemin dans le carrosse de la princesse, au grand déplaisir de la lectrice et de l’abbé, à la stupéfaction de la petite cour fabuleuse et agitée où il débarque comme un événement, puis montant en grade et en faveur avec une rapidité qui lui donne le vertige, et dans ce vertige fatal concevant un impossible amour qui le mène au bord des plus grands périls.

1594. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

La simple mécanique de Guillotin lui fut moins cruelle, en somme, que la mécanique compliquée de l’Étiquette de Versailles et produisit en elle un moindre raccourcissement Cette grande Porphyrogénète fleurdelisée dont le prince de Ligne a dit : « qu’il ne lui avait jamais vu une journée parfaitement heureuse », fut emprisonnée, dès le premier jour, dans le cérémonial de la Cour de France comme une libellule dans un tourbillon. […] C’est là que vinrent aboutir les splendeurs de Versailles et les enivrements de cette cour brillante.

1595. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Et il faut aussi se représenter le lieu, le théâtre, la mise en scène : un de ces catafalques lourds et somptueux, comme nous en décrit Mme de Sévigné, avec d’innombrables cierges et de hauts lampadaires et des figures allégoriques dans le genre « pompeux » ; les gentilshommes, les grandes dames en moire, velours et falbalas, en roides et opulentes toilettes ; tout l’appareil d’une cérémonie de cour et, sur les figures graves, un air de parade et de représentation. […] Les procédés grossissants qui, simplifiant la réalité, en font saillir outre mesure certains caractères, reviennent de dix pages en dix pages  C’est la domesticité de la maison commentant d’une fenêtre à, l’autre, dans la puante cour intérieure, les aventures des bourgeois, déchirant les voiles avec d’obscènes gouailleries. […] Ce ventre « lui semble jeter son ombre sur la propreté froide de la cour… et emplir l’immeuble d’une chose déshonnête dont les murs gardent un malaise — « Dans les commencements, explique-t-il, ça se voyait à peine ; c’était possible ; je ne disais trop rien.

1596. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Toutes les idées chères au bourgeois français du xviie  siècle et un peu des siècles suivants, il les a eues, il les a chéries et il les a recommandées en les illustrant : supériorité de l’homme sur la femme, subordination de la femme, instruction sommaire et rudimentaire de la femme ; se tenir dans sa sphère et ne pas aspirer à en sortir ; ne guère croire à la science, se défier des médecins et se soigner soi-même ; mépriser les hommes de lettres, excepté ceux qui tiennent à la cour et qui ont reçu comme une estampille officielle ; respect du gouvernement et conviction que rien ne lui échappe et que c’est sur lui qu’il faut compter comme Deus ex machina qui tire les honnêtes gens des filets des coquins ; mépris des vieillards ou tout au moins tendance à ne les considérer que comme maniaques et figures à nasardes. […] Les articles organiques dans lesquels figurent, non sans intention sans doute, les mots d’Église gallicane, pour les résumer en leurs dispositions essentielles, portaient que : aucune bulle, aucun bref, rescrit, décret, mandat ni autres expéditions de la Cour de Rome, même ne concernant que des particuliers, ne pourraient être reçus, publiés, ni imprimés en France sans la permission du gouvernement ; que les décrets des conciles ne pourraient être publiés en France sans l’examen et sans la permission du gouvernement ; que la déclaration faite par le clergé français en 1682 (libertés de l’Eglise gallicane) serait souscrite par les professeurs des séminaires, qu’ils s’engageraient à l’enseigner et qu’ils l’enseigneraient en effet ; que tous les ecclésiastiques français auraient pour costume de ville l’habit à la française ; que les cloches des églises ne devraient sonner que pour l’appel des fidèles au service divin et ne devraient sonner pour autre cause qu’avec permission de la police locale ; que tout autre établissement ecclésiastique que les séminaires serait interdit et que par conséquent les ordres monastiques, l’Église « régulière », demeuraient abolis. […] Il eut avec la cour de Rome quelques démêlés qu’un gouvernement conciliant ou simplement maître de soi, non seulement aurait résolus en quelques minutes, mais même aurait considérés comme n’existant pas ; car en vérité ils n’étaient que de très légers dissentiments.

1597. (1888) Poètes et romanciers

« Les malheurs de la France devaient le lui révéler ; il devait apprendre bientôt que ce n’était plus le temps de plaisanter contre les médecins et les procureurs, les coquettes et les Sganarelles ; que l’indécence et l’acrimonie des Noëls de la cour étaient même une inconvenance à une époque grave et triste ; qu’il fallait que la chanson prît une marche différente de celle que Collé, Panard et tant d’autres lui avaient imprimée, et que la gaieté même devait avoir son utilité. » Au moment où Béranger écrivit ses premières chansons, il adopta le genre qui était alors en faveur, et sa licence ne fut qu’une imitation. […] Par un contraste singulier, elle règne encore dans le style au moment où le poète veut qu’elle ne règne plus dans les idées : De la cour d’Apollon, que l’erreur soit bannie, Et qu’enfin Calliope, élève d’Uranie, Montant sa lyre d’or sur un plus noble ton, En langage des dieux fasse parler Newton !

1598. (1881) Le roman expérimental

Enfin, voilà Ruy Blas, et celui-là n’est qu’un chevalier d’industrie, qui, dans la vie réelle, passerait en cour d’assises. […] Puis, il porte ce nom pendant un an, il trompe une reine, une cour entière, tout un peuple ; et, ces vilenies, il s’en rend coupable pour consommer un adultère ; et il comprend si bien la traîtrise, l’ordure de sa conduire, qu’il finit par s’empoisonner ! […] La tragédie et la comédie d’alors, avec les règles immuables, l’étiquette de cour, les allures larges et nobles, les dissertations philosophiques et l’éloquence oratoire, sont l’image exacte de la société contemporaine. […] C’est l’argent, c’est le gain légitimement réalisé sur ses ouvrages qui l’a délivré de toute protection humiliante, qui a fait de l’ancien bateleur de cour, de l’ancien bouffon d’antichambre, un citoyen libre, un homme qui ne relève que de lui-même.

1599. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

De la draperie divine, dernier vêtement qu’un poëte respecte, il fait un chiffon qu’il foule et tord et troue de gaieté de cour.

1600. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Le Comte — fine silhouette tenant du muguet, de l’abbé de cour, du dandy, du lieutenant de hussards et de l’artiste peintre affable, reçoit l’Enquêteur.

1601. (1896) Études et portraits littéraires

Enfin, une fois sa demande osée, combien sa cour est-elle respectueuse et ingénue… Oui, ces simples ont « le sentiment inné de la majesté de l’épouse » ; à leurs yeux, « un abîme la sépare de l’amante, chose de plaisir ». […] « C’est bien à la cour qu’il y faut regarder de si près !

1602. (1911) Nos directions

Racine eut le bonheur qu’au XVIIe siècle la poésie lyrique personnelle fût tenue à la cour en maigre considération et que tout poète rêvât de consécration théâtrale. […] Si je reconnais quelquefois dans la tragédie racinienne le tour et l’étiquette de la cour de Louis XIV, je n’en respire jamais l’âme.

1603. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Ce mioche est enfermé des pieds à la tête dans le costume rouge d’un bourreau du moyen âge ; cette fillette de quatre ans porte un chapeau-cabriolet tel qu’en portaient ses bisaïeules et traîne derrière elle un long manteau de cour au teint criard ; une autre bambine qui peut à peine se tenir sur ses petites jambes est revêtue de la robe à traîne à taille courte, à jupe longue, à ceinture haute et aux manches à gigot de la dame empire. […] Et pour jouir de ces exhibitions, la société se presse dans un cirque de faubourg, dans le grenier d’une maison sur la cour, dans une boutique de fripier ou une taverne fantastique, dont les représentations réunissent, dans une salle commune où l’on boit de la bière, les habitués crasseux avec des marquises éthérées. […] Ces siècles à la fois illustrés par la puissance des empereurs universels de la maison de Hohenstaufen, la magnificence de la poésie amoureuse de cour et la grandeur des églises gothiques, devaient nécessairement attirer les esprits sortant violemment et avec dégoût d’un présent intellectuellement prosaïque, politiquement humiliant.

1604. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Il redescendit alors dans la cour, monta à cheval… » (Mémoires du comte de La Valette, t.  […] Un jour que la cour était à Rambouillet, il y eut une grande partie de barres, dans laquelle l’empereur tomba deux fois sans se faire aucun mal ; il s’élançait avec force pour saisir son adversaire, qui était le grand maréchal ; celui-là s’esquivait toujours ; ce qui fut cause que l’empereur alla deux fois rouler sur le sable à quatre pas de lui ; il se releva sans mot dire et continua la partie plus gaiement encore. » (Générale Durand, loc. cit. […] C’est sur son lit que madame de Maintenon recevait la cour.

1605. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Par cette création, comme par celle de Werther, Gœthe paraît avoir cherché à se délivrer de soucis qui pesaient alors sur son âme, et qui étaient nés, croit-on, de sa situation difficile d’artiste et de poète dans une société d’hommes de cour. […] Il s’était alors réfugié en Angleterre, puis retiré en Italie (1793-94), et avait été de là porter ses hommages à la cour de Coppet. […] C’était le moment de leur plus grande faveur, et par un rare privilège elles avaient conquis à la fois l’admiration discrète des cœurs solitaires et le culte officiel qu’à l’exemple du maître leur rendait le monde de la cour et de l’armée.

1606. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Même les coqs y sont de bonne compagnie, En courtisans de cour ils éveillent l’écho, Et c’est un madrigal que leur cocorico.

1607. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Ils nous mènent au Louvre, où le roi, vieil énamouré, se fait lire L’Astrée : et la ferveur galante des bergers surexcite en lui jusqu’à la passion le caprice qu’il a pour Mlle de Montmorency, enfant mutine : celle-ci, nymphe dans un ballet de la cour, a simulé de lui lancer au cœur un javelot. […] Je me souviens de cette cour de lycée où, après la classe, je me trouvai pour la récréation. […] À cause d’une pluie menue et persistante, nous nous étions réfugiés sous la demi-toiture d’un préau qui longeait l’un des côtés de la cour.

1608. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Quand le cardinal de Loménie, si frivole, propose de convoquer une cour plénière, il le trouve semblable aux « serins dressés qui sont capables de voler gaiement avec une mèche allumée entre leurs pattes, et de mettre le feu à des canons, à des magasins de poudre1400. » Au besoin, il tourne aux images drolatiques.

1609. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

La première Académie dont nous connaissions l’institution, est celle que Charlemagne établit par le conseil d’Alcuin : elle était composée des plus beaux génies de la cour, et l’empereur lui-même en était un des membres.

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