Duverdier parle en ces termes de cette femme cavalière, poëte, musicienne & débauchée : « C’étoit chez elle lecture de bons livres Latins & vulgaires, Italiens & Espagnols, dont son cabinet étoit copieusement garni ; collation d’exquises confitures… enfin leur communiquoit privement les pièces les plus secrettes qu’elle eut, &, pour dire en un mot, faisoit part de son corps à ceux qui fonçoient ; non toutefois à tous, & nullement à gens méchaniques & de vile condition, quelque argent que ceux-là eussent voulu lui donner.
Elle demande que tous les personnages soient liez par une action principale, car un tableau peut contenir plusieurs incidens, à condition que toutes ces actions particulieres se réunissent en une action principale, et qu’elles ne fassent toutes qu’un seul et même sujet.
Le sot livre impose, étant très souvent goûté par une multitude de gens dont le nombre fait impression sur vous, et l’on ne sait pas le discuter avec la pleine liberté d’esprit que suppose Montaigne, ce qui est la seule condition à laquelle il deviendrait de profit.
Dès qu’on voudra alors donner un sens à la coordonnée « temps », on se placera nécessairement dans les conditions de la Relativité restreinte, en allant au besoin les chercher à l’infini.
Et ainsi il peut y avoir, entre des personnes appartenant aux conditions les plus diverses, des échanges de sentiment qui expriment sans le savoir la divine égalité des âmes, et cela d’autant mieux qu’elles gardent plus exactement le respect des transitoires inégalités sociales. […] Ce bonheur « sublime » que rêve son humilité amoureuse, elle sait que sa mort en est à la fois la condition — et le prix. […] Il faut que vous sachiez qu’Edouard aime Eliane ; qu’il a même osé le lui dire une fois, et que la vertueuse jeune femme lui a pardonné cette offense, à condition qu’il n’y reviendrait plus. […] Edouard est persuadé, comme Ludovic, que « l’homme est le maître de sa fragile existence », que la mort est une dette dont nous avons le droit de devancer l’échéance inconnue, — « à la condition, toutefois, que d’autres obligations ne viennent pas nous en empêcher ». […] J’ai depuis longtemps cette conviction que ma vieillesse, si j’en ai une, et à condition qu’elle ne soit pas trop accablée de maux physiques, sera, de beaucoup, l’âge le plus heureux de ma vie, et c’est pour cette saison que je fais mes meilleurs rêves.
Aujourd’hui l’un d’eux dépouillant la réserve israélite, et en veine de confidence, me parlait des conditions avantageuses pour traiter une affaire. […] Lettre de Debry, agent de la société des auteurs dramatiques, qui m’annonce que Mme Favart accepte mes conditions pour une tournée en province. […] Oui c’est bien positif, un président n’est un bon président, qu’à la condition qu’il y ait en lui du ténor, de l’hercule, du saltimbanque. […] Il lui demande alors de faire son droit : demande à laquelle le père acquiesce, à la condition toutefois que ce ne sera pas à Paris, parce qu’il y ferait les cent coups. […] Et je me demandais, si la vie dans ces conditions de solitude et de planement à vol d’oiseau, ne devait pas même chez des brutes, faire des cervelles particulières.
Les conceptions générales, les grandes vues viendront après, s’il y a lieu ; mais le grade avant tout : c’est la première condition pour pouvoir montrer à tous ce qu’on est et ce qu’on vaut. […] La condition naturelle de l’armée d’Afrique, résultant des points de vue et des intérêts qui étaient propres à ses chefs, était donc de vivre dans une espèce d’opposition ministérielle permanente ; de se plaindre du peu d’égard qu’on avait à Paris pour les propositions des généraux en chef et gouverneurs, et de ne pas approuver la politique générale, avant tout conciliante et accommodante, qui présidait aux relations avec les autres puissances : « Quelle marche prend le ministère ! […] Nous croyions les Russes endormis, ils travaillaient, et si les Autrichiens ne marchent pas en avant, j’aurai 450000 hommes sur les bras, dans de bonnes conditions et ayant bien préparé leur champ de bataille. […] … J’ai plus de quatre mille malades et deux mille morts. — Toutes les divisions sont plus ou moins envahies ; la 1re, la plus belle, est abîmée. — Mauvaises conditions pour entreprendre une opération où toutes les chances de succès sont dans l’élan, la force et la vigueur.
Il n’y avait plus, en un mot, ni persécution, ni faveur, ni religion d’État : véritable condition de la liberté des âmes dans l’impartial et inviolable exercice de leur loi religieuse, indépendante de la loi politique ; situation sous laquelle nous voyons fleurir dans le vaste continent américain, comme en Irlande, en Orient, en Hollande, en Helvétie, la religion d’autant plus sainte qu’elle est moins humaine. […] Si la modération des désirs, venant s’asseoir sur ce trône avec le génie, avait ménagé à la France une liberté suffisante, et borné à propos le cours d’entreprises héroïques, cette cérémonie eût consacré pour jamais, c’est-à-dire pour quelques siècles, la nouvelle dynastie. » On voit que l’empire est déjà pardonné à l’empereur par l’historien qui le condamnait tout à l’heure ; on voit qu’un peu de modération dans les désirs, conseillée à un génie sans bornes et sans repos, est la seule condition que M. […] Napoléon déclara qu’aux conditions déjà indiquées à M. de Giulay, et qu’il se dispensa d’énoncer de nouveau, il était prêt à signer la paix. […] Napoléon demanda d’abord que l’empereur François séparât sa cause de celle de l’empereur Alexandre, que l’armée russe se retirât par journées d’étape des États autrichiens, et il promit de lui accorder un armistice à cette condition.
Je commence l’enseignement par l’arithmétique, l’algèbre et la géométrie, parce que, dans toutes les conditions de la vie, depuis la plus relevée jusqu’au dernier des arts mécaniques, on a besoin de ces connaissances. […] Entre les conditions subalternes de la société, il n’y en a point à laquelle l’histoire naturelle ne fût plus ou moins utile ; tout ce qu’on voit, tout ce qu’on touche, tout ce qu’on emploie, tout ce qu’on vend, tout ce qu’on achète, est tiré des animaux, des minéraux ou des végétaux. […] Il importe surtout qu’ils soient excellents moralistes, condition sans laquelle ils deviendront des corrupteurs dangereux. […] À cela je réponds qu’on peut exercer et étendre la mémoire des enfants aussi facilement et plus utilement avec d’autres connaissances que des mots grecs et latins ; qu’il faut autant de mémoire pour apprendre exactement la chronologie, la géographie et l’histoire, que le dictionnaire et la syntaxe ; que les exemples d’hommes qui n’ont jamais su ni grec ni latin, et dont la mémoire n’en est ni moins fidèle, ni moins étendue, ne sont pas rares ; qu’il est faux qu’on ne puisse tirer parti que de la mémoire des enfants ; qu’ils ont plus de raison que n’en exigent des éléments d’arithmétique, de géométrie et d’histoire ; qu’il est d’expérience qu’ils retiennent tout indistinctement ; que quand ils n’auraient pas cette dose de raison qui convient aux sciences que je viens de nommer, ce n’est point à l’étude des langues qu’il faudrait accorder la préférence, à moins qu’on ne se proposât de les enseigner comme on apprend la langue maternelle, par usage, par un exercice journalier, méthode très avantageuse sans cloute, mais impraticable dans un enseignement public, dans une école mêlée de commensaux et d’externes ; que l’enseignement des langues se fait par des rudiments et d’autres livres ; c’est-à-dire qu’elle y est montrée par principes raisonnes, et que je ne connais pas de science plus épineuse ; que c’est l’application continuelle d’une logique très-fine, d’une métaphysique subtile, que je ne crois pas seulement supérieure à la capacité de l’enfance, mais encore à l’intelligence de la généralité des hommes faits, et la preuve en est consignée dans l’Encyclopédie, à l’article CONSTRUCTION, du célèbre Dumarsais, et à tous les articles de grammaire ; que si les langues sont des connaissances instrumentales, ce n’est pas pour les élèves, mais pour les maîtres ; que c’est mettre à la main d’un apprenti forgeron un marteau dont il ne peut ni empoigner le manche, ni vaincre le poids ; que si ce sont des clefs, ces clefs sont trèsdifficiles à saisir, très-dures à tourner ; qu’elles ne sont à l’usage que d’un très-petit nombre de conditions ; qu’à consulter l’expérience et à interroger les meilleurs étudiants de nos classes, on trouvera que l’étude s’en fait mal dans la jeunesse ; qu’elle excède de fatigue et d’ennui ; qu’elle occupe cinq ou six années, au bout desquelles on n’en entend pas seulement les mots techniques ; que les définitions rigoureuses des termes génitif, ablatif, verbes personnels, impersonnels sont peut-être encore à faire ; que la théorie précise des temps des verbes ne le cède guère en difficulté aux propositions de la philosophie de Newton, et je demande qu’on en fasse l’essai dans l’Encyclopédie, où ce sujet est supérieurement traité à l’article TEMPS ; que les jeunes étudiants ne savent ni le grec ni le latin qu’on leur a si longtemps enseigné, ni les sciences auxquelles on les aurait initiés ; que les plus habiles sont forcés à les réétudier au sortir de l’école, sous peine de les ignorer toute leur vie, et que la peine qu’ils ont endurée en expliquant Virgile, les pleurs dont ils ont trempé les satires plaisantes d’Horace, les ont à tel point dégoûtés de ces auteurs qu’ils ne les regardent plus qu’en frémissant : d’où je puis conclure, ce me semble, que ces langues savantes propres à si peu, si difficiles pour tous, doivent être renvoyées à un temps où l’esprit soit mûr, et placées dans un ordre d’enseignement postérieur à celui d’un grand nombre de connaissances plus généralement utiles et plus aisées, et avec d’autant plus de raison qu’à dix-huit ans on y fait des progrès plus sûrs et plus rapides, et qu’on en sait plus et mieux dans un an et demi, qu’un enfant n’en peut apprendre en six ou sept ans.
Chanteclair ne demande pas mieux, mais il prie Renart de s’éloigner au moins un peu, et, à cette condition, il lui jure qu’il n’y aura voisin aux environs qui n’entende son fausset. Renart sourit de la condition et lui dit, en touchant toujours la corde filiale : « Chante, cousin ; je saurai bien si Chanteclin mon oncle te fut de quelque chose. » Chanteclair chante ; mais il chante comme il dormait d’abord, un œil clos et l’autre ouvert, et il regarde souvent de côté : « Ce n’est pas cela, dit Renart, Chanteclin chantait autrement, tout d’un trait, les yeux fermés, tant qu’on l’entendait par-delà les plessis. » À ce coup Chanteclair n’y tient pas ; il commence sa mélodie en fermant les yeux de toutes ses forces, et Renart, s’élançant par-dessus un chou rouge, le prend au cou et l’emporte.
Mais les grands bergers astronomes de Bailly, sur le haut plateau de l’Asie, ou peut-être plus loin encore vers le nord (en ce temps où le Nord n’avait point de glaces), étaient bien autre chose : ils avaient amassé durant des milliers d’années, et dans des conditions naturelles plus faciles, toute une science égale peut-être à la nôtre, ou même supérieure, et que nous autres modernes nous avons été réduits pour notre compte à réinventer péniblement à la sueur de nos fronts. […] Cependant, pour établir convenablement un tel peuple sous la latitude qu’il imagine, une autre condition devient encore indispensable : c’est que cette latitude ait été autrefois d’une température meilleure, et par conséquent que notre globe se soit depuis lors considérablement refroidi, ainsi que le veulent Buffon et Mairan.
Quand on erre, on sent qu’on suit la vraie condition de l’humanité ; c’est là, je crois, le secret du charme » ; il essaye, à ce moment de sa vie, de concilier le christianisme et le culte de la nature ; il cherche, s’il se peut, un rapport mystique entre l’adoration de cette nature qui vient se concentrer dans le cœur de l’homme et s’y sacrifier comme sur un autel, et l’immolation eucharistique dans ce même cœur. […] Une certaine sobriété méfiante et craintive est imposée, comme première condition, au contemplateur chrétien.
Je ne dis pas qu’on pût faire autrement, le régime et ses conditions étant donnés, avec un roi dont le mot d’ordre habituel à ses agents était : « Surtout ne me faites pas d’affaires ! […] Les manières un peu roides de ces messieurs, leurs conditions toujours en avant et leur parti pris de n’aller jamais les uns sans les autres, l’éloignaient aussi ; il appelait cela un joug et s’y soumettait, après tout, d’assez bonne grâce.
Nous avons gagné assez de terrain pour qu’il puisse entrer au pouvoir : ce sera ma condition. […] de ces diverses qualités et conditions, réputées par lui essentielles dans un homme de gouvernement, la seconde, la fécondité de l’esprit, lui a manqué ; il n’a su que résister avec une obstination magnifique, sans varier les moyens, sans trouver les ressources ou les expédients.
« Dans quelque condition qu’ils soient, tout le loisir dont ils disposent est employé à dévorer des livres et des journaux, à apprendre les langues. » Un domestique trouve moyen de ménager et d’excepter, en s’engageant, une parcelle de son temps, pour pouvoir faire son droit et prendre ses grades à l’Université. […] Le bon sens du grand nombre, dans de pareilles conditions, n’est qu’au prix d’un sage et ferme moteur en même temps que modérateur au centre.
Jasmin n’avait guère faibli d’ailleurs, et il soutenait jusque dans son dernier volume, avec une sorte d’aisance et une verve de tempérament, cette dureté de condition qui condamne les artistes toujours en scène à se répéter, à repasser sur les mêmes tons, à tirer de leur chanterelle jusqu’à la dernière note, à jouer de leur voix jusqu’à la dernière corde. […] Les patois sont assez en vogue ailleurs, mais sous d’autres formes et dans des conditions fort inégales.
Villemain a déjà remarqué que, dans Euripide, le vieillard qui tient la place d’Arcas n’a qu’un langage simple, non figuré, conforme à sa condition d’esclave : « Pourquoi donc sortir de votre tente, ô roi Agamemnon, lorsque autour de nous tout est assoupi dans un calme profond, lorsqu’on n’a point encore relevé la sentinelle qui veille sur les retranchements ? […] En somme, et ceci soit dit pour dernier mot, il y aurait injustice, ce me semble, à traiter Racine autrement que tous les vrais poëtes de génie, à lui demander ce qu’il n’a pas, à ne pas le prendre pour ce qu’il est, à ne pas accepter, en le jugeant, les conditions de sa nature.
On dit, qu’en s’abandonnant à la pitié, les individus et les gouvernements peuvent être injustes ; d’abord les individus d’une condition privée ne sont presque jamais dans une situation qui commande de résister à la bonté ; les rapports avec les autres sont si peu étendus, les événements qui offrent quelque bien à faire, sont dépendants d’un si petit nombre de chances, qu’en se rendant difficiles sur les occasions qu’on peut saisir, on condamne sa vie à l’inutile insensibilité. […] Vous, qui rentrerez dans vos foyers, ou dans une condition privée, que serez-vous, si vous ne vous montrez pas généreux ?
Non, les conditions lui manquent, les circonstances l’arrêtent ; il est impuissant à se dégager, et sa force mutilée ne le soulève qu’à demi. […] Pour susciter cette passion immense, il a suffi d’assembler quelques conditions qui étaient dans la nature, et que la nature n’avait pas assemblées.
Il voudrait qu’on nous montrât Zilia française, après nous l’avoir fait voir péruvienne ; qu’on la montrât non plus jugeant selon ses préjugés, mais comparant les siens et les nôtres ; qu’on lui fît remarquer combien elle avait tort d’être d’abord étonnée de la plupart des choses ; qu’on lui fît suivre en détail les causes de ces mesures tirées de l’antique constitution du gouvernement, et tenant à la distribution primitive ou graduelle des conditions, ainsi qu’aux progrès des connaissances. Et là-dessus, au sujet de cette distribution des conditions dans la société, et en faveur d’une certaine inégalité nécessaire, qu’il oppose à je ne sais quelle égalité idéale et chimérique, Turgot dit des choses qui sembleraient en vérité s’adresser bien moins à Mme de Graffigny qu’à nos écrivains socialistes du jour : « Liberté !
Les principes, je les conçois aussi, je les respecte également, à condition qu’ils soient nets et avérés. […] Qu’est-ce autre chose d’être surintendant, chancelier, premier président, sinon d’être en une condition où l’on a, dès le matin, un grand nombre de gens qui viennent de tous côtés pour ne leur laisser pas une heure en la journée où ils puissent penser à eux-mêmes ?
Aussi le snobisme ne vient-il à maturité que dans des milieux suffisamment denses et parmi des conditions avancées déjà de sociabilité. […] En sachant à propos se singulariser et se coaliser tour à tour, les snobs réussissent à faire tenir une réalité dans un simulacre, et à opérer la substitution de personne qui est la condition de leur bonheur.
Il y a plus : le langage change, non seulement selon les conditions, mais selon les caractères, ou plutôt le langage change selon les conditions et le style change selon les caractères.