En outre, l’expression philosophie naturelle est usitée, en Angleterre, pour désigner l’ensemble des diverses sciences d’observation considérées jusque dans leurs spécialités les plus détaillées ; au lieu que, par philosophie positive, comparé à sciences positives, j’entends seulement l’étude propre des généralités des différentes sciences, conçues comme soumises à une méthode unique, et comme formant les différentes parties d’un plan général de recherches.
L’indignation que nous concevons contre Narcisse augmente la compassion et la terreur où nous jettent les malheurs de Britannicus.
Chez lui, le chrétien double les forces du penseur, et sur la notion du pouvoir telle qu’il la conçoit et l’explique resplendit toujours cette main divine qui jette la lumière à tout, comme la main de l’homme y jette l’ombre.
Nous avons rarement lu quelque chose de plus froid, de plus exsangue, que ces récits dans lesquels traînent, au milieu de leurs roses éternelles, ces vieilles idées communes de bonheur tel que les Anciens le concevaient, et l’ennui, l’horrible ennui que ce bonheur, qui ne prenait pas le fond de l’âme, devait nécessairement engendrer !
Il faut l’honorer et pour en avoir conçu le dessein, et pour l’avoir partiellement rempli. […] mais par là même il oblige les auteurs à concevoir plus fortement, plus grandement pour captiver son attention. […] Si elle réussissait dans son entreprise, que de modifications en résulteraient dans notre manière de concevoir les choses et la vie ! […] Le premier, il a conçu avec ampleur et suite ce que pouvait être la poésie scientifique ; le premier, il en a eu l’ambition, soutenue à travers toute une vie trop courte. […] Le Mal, qui épie jalousement chaque astre aspirant à la vie, songe à lui composer, de toutes les infortunes qu’il peut concevoir, le plus sombre destin.
D’ailleurs estoit-il croyable, Se pouvoit-il concevoir Qu’en un climat effroyable Rien de si doux se peust voir ? […] Si, dans la peinture des passions, vous allez au-delà, non de celles que j’ai pu connaître, car je ne réduis pas le vrai à mon expérience personnelle, mais de celles que je puis concevoir, ma raison ne vous suivra pas. […] Où les transitions sont forcées, la faute en est au plan qui a été mal conçu. […] Non seulement l’application en est commune à la prose et aux vers, mais elles s’étendent à l’art de concevoir et d’exprimer toutes choses. […] Il faut qu’on sente, à un certain air de sérieux et de grandeur, que l’homme qui les a conçues a en besoin de quelque langage plus grand que l’humain.
Quoi d’étonnant qu’elle ait hanté souvent un esprit que les questions de morale ont torturé toujours, et qui, par métier, conçoit les êtres en conflit ? […] L’œuvre d’art est ici comme détachée du coin spécial, comme déracinée du monde pour lequel l’artiste l’avait conçue et créée. […] Il a dû, en effet, concevoir d’abord un idéal d’existence assez élevé, et en même temps subir une irrésistible, une définitive dépression sous le poids des circonstances. […] Non ; il les aime, ces écrasés, d’avoir commencé par concevoir un Idéal supérieur de l’existence. […] Il accepta d’être leur chroniqueur au lieu d’être celui des époques passées, et il conçut la transformation du roman de mœurs, à la lumière de ces idées.
À peine mes deux lettres eurent-elles paru, que je reçus un billet conçu en ces termes : « Si M. […] Je serais trop difficile si je ne demandais un mieux que je ne conçois pas. […] En vérité, je ne conçois pas comment vous osez vous plaindre du ton de D… et en prendre avec moi un aussi déplacé. […] Ou vous l’aurez telle que je la conçois, ou elle leur restera telle qu’elle est, telle qu’ils l’ont voulue. […] Quel autre que cet homme était capable de concevoir une idée digne de la réflexion de Catherine II ?
C'est ainsi qu’il fait également désormais lorsqu’il écrit en vers ; et l’on conçoit que l’une de ces distractions remplace aisément l’autre pour lui.
Elle lit Clélie et mademoiselle Barbier2, joue la comédie et du clavecin, récite après dîner l’Office de la Vierge et son rôle du soir, court les champs vêtue en Amour couleur de rose, avec le cordon rouge de chanoinesse par-dessous le carquois ; attroupe sous sa fenêtre les petits garçons du village pour leur apprendre à lire, et par certaine brochure qu’elle a vue conçoit une antipathie ineffaçable contre Voltaire.
C’est une poésie toute d’action, conçue dans la douleur, née dans l’orage, familiarisée dès le berceau avec l’odeur de la poudre, le sifflement des obus et le bruit du canon, ayant eu pour langes le lambeau d’un drapeau troué de balles ou le linceul d’un mobile mort en criant : « Vive la France !
Le poëte Guillard Danville fut trois ans détenu prisonnier à la Bastille, pour quelques soupçons qu’on avoit conçus contre la fidélité.
C’est à ceux-là que nous recommandons les nouveaux venus · Nous avons joint à notre travail un dictionnaire bibliographique, conçu selon une méthode que M.
Le Dieu que je sers est un Dieu clément, un père : ce qui me touche, c’est sa bonté : elle efface à mes yeux tous ses autres attributs ; elle est le seul que je conçois.
Celui qui défend la superiorité du Poussin, ne conçoit pas donc qu’on puisse mettre au-dessus d’un poëte, dont les inventions lui donnent un plaisir sensible, un artisan qui n’a sçû que disposer des couleurs, dont l’harmonie et la richesse lui font un plaisir médiocre.
Cette étymologie, appliquée à l’Homère que l’on a conçu jusqu’ici, est aussi éloignée et aussi forcée qu’elle est convenable et facile relativement à notre Homère, qui liait, composait, c’est-à-dire mettait ensemble les fables. — 5.
Les Grecs avaient été amenés à concevoir cette forme de gouvernement par la nécessité de se prémunir contre l’ambition d’une puissance colossale.
Le spiritualisme à l’eau de rose de Victor Cousin reste toujours en faveur dans nos sorbonnes, et c’est cette doctrine, conçue dans les journées réactionnaires de la Restauration, qui demeure la substance de notre enseignement supérieur. […] Vous vous souvenez sans doute, de la façon, si pittoresque et pathétique, dont Marat concevait la dictature. […] Il résolut de l’étudier comme un naturaliste : l’Histoire naturelle et sociale d’une famille était conçue. […] C’est d’abord celle des origines, le lent, l’interminable, le millénaire travail de la nature pour concevoir des créatures plus pures, essayant de s’exprimer dans de terribles balbutiements, réalisant des ébauches d’êtres, façonnant sans cesse des organes plus nobles et plus harmonieux. […] Et l’on conçoit aisément que cet homme atrabilaire, lâchement persécuté par la rapacité des hommes, s’en soit augustement vengé en faisant de ceux-ci d’atroces portraits, en décrivant leur abjection.
Dans le drame, tel qu’on peut, sinon l’exécuter, du moins le concevoir, tout s’enchaîne et se déduit ainsi que dans la réalité. […] — Mà, nous objectera-t-on encore, à la manière dont vous concevez l’art, vous paraissez n’attendre que de grands poëtes, toujours compter sur le génie ? […] On conçoit que, pour une œuvre de ce genre, si le poëte doit choisir dans les choses (et il le doit), ce n’est pas le beau, mais le caractéristique. […] Cette muse, on le conçoit, est d’une bégueulerie rare. […] On conçoit qu’un pareil tableau sera gigantesque.
Je conçois très bien ce désir de la nouveauté et cette espérance de l’avoir trouvée. […] On conçoit que pour les masses, le roman prenne une importance excessive. […] Or, voilà où porte l’erreur de l’auteur, il oublie, un peu vite, que Nana a été conçue et engendrée par Coupeau et Gervaise quand ceux-ci avaient, tous deux, une conduite irréprochable. […] Concevoir l’idéal, c’est avoir la faculté d’abstraire des choses et des êtres les qualités supérieures, de les grouper sur un seul sujet et de cette manière approcher le plus possible de la perfection. […] Toute œuvre d’art ou de littérature est conçue en vue d’une idée ou d’un objet principal.
Thiers ne conçut jamais d’autre théorie, même à ses débuts, même en ce concours académique. […] « Vauvenargues comprit alors les ennuis de l’oisiveté, les charmes du travail, et même du travail douloureux ; il conçut un mépris profond pour l’oisiveté, une estime extrême pour les actions fortes. […] Mais il avait, il a ce que j’aime à nommer le sentiment consulaire, c’est-à-dire un sentiment assez conforme à cette belle époque, généreux, enthousiaste, rapide, qui conçoit les grandes choses aussi par le cœur et qui fait entrer l’idée de postérité dans les entreprises ; ce qui le porte à s’enflammer tout d’abord pour certains mots immortels, à s’éprendre pour certaines conjonctures mémorables et à souhaiter, par quelque côté, de les ressaisir ; ce qui lui faisait dire, par exemple, à M. de Rémusat, vers ce temps des nobles luttes commençantes : « Nous sommes la jeune garde23. » Cette étincelle sacrée, qui l’anime comme historien, ne lui a fait défaut en aucune autre application de sa pensée, et, tout pratique qu’il est et qu’il se pique d’être, je ne répondrais pas qu’elle ne l’ait embarrassé plus d’une fois comme politique. […] Thiers sentit (et lui-même en convient avec cette sincérité qui est un charme des esprits supérieurs)25 qu’il avait presque tout à apprendre de son sujet, et qu’une rédaction spirituelle après lecture courante des pièces et des mémoires antérieurement publiés n’était pas l’histoire telle qu’il était capable de la concevoir. […] Thiers est un esprit toujours prêt, qui se jette en pleine idée, en plein sujet, à tout instant ; c’est en un mot un des esprits les plus résolus et les moins paresseux qui se puissent concevoir.
La pensée de l’art noblement conçu le soutient et donne à ses travaux une dignité que n’avaient pas ses premiers essais, simples épanchements de son âme et de sa vie habituelle. — Il comprend tout, aspire à tout, et n’est maître de rien ni de lui-même. […] De bonne heure il conçut l’idée de naturaliser dans la littérature et la poésie romaine certaines grâces et beautés de la poésie grecque, qui n’avaient pas encore reçu en latin tout leur agrément et tout leur poli, même après Catulle et après Lucrèce. […] On conçoit mieux ici la mélancolie de Virgile dans cette atmosphère brumeuse et douce, dans cette campagne monotone, sous ce soleil fréquemment voilé.” […] « Je ne conçois pas, à cette distance où nous sommes, d’autre biographie de Virgile qu’une biographie idéale, si je puis dire. […] C’est là que fut conçu le plan de l’Énéide.
Qu’on essaye donc de la concevoir, cette loi, dans la contradiction de ses termes ! […] Quant à l’idée philosophique qui préside au livre, elle ressort de chaque page ; c’est l’idée conçue sous le coup d’un abattement profond devant l’énigme de la vie, qui jamais n’avait pesé plus lourdement et plus cruellement sur elle. […] Ce sont là des récits conçus dans une heure de fécondité heureuse et qui semblent avoir été achevés sous la même inspiration fraîche et sans défaillance, de la première à la dernière page, sans un intervalle de repos ni de fatigue. […] C’est dans un de ces jours où, comme Scheherazade dans les Mille et une Nuits, mais pour satisfaire à son caprice d’imagination et non pas à celui d’un sultan féroce, elle s’amusait elle-même et s’enchantait de ces récits, qu’elle conçut l’idée de cette journée unique, et qu’une fois conçue comme à travers un songe, elle la jeta sur le papier, dans sa vivacité et sa fraîcheur intactes, à peine entamées par le travail presque insensible de la composition. […] Le roman, ainsi conçu, est tout simplement de la poésie.