Quoique Tacite n’ait composé aucun panégyrique de prince, Cependant l’ordre des temps, la liaison des idées, le mérite de ce grand homme et le caractère particulier de ses ouvrages, semblent exiger que nous en parlions ici. […] « Il a joui trente ans de sa gloire, nous dit-il ; il a vu des poèmes composés en son honneur, il a lu lui-même son histoire, et la postérité a commencé pour lui de son vivant.
« Une foule, un groupe quelconque a une âme qui n’est pas la somme de toutes celles qui la composent, mais qui en est plutôt la résultante. » C’est ainsi que l’on peut rattacher l’avènement de ce genre au retour des curiosités vers l’histoire pittoresque et aux progrès de la psychologie collective. […] Quelle maîtrise n’y a-t-il pas dans le développement simultané des épisodes qui composent ce roman, dans son observation directe et puissante, dans le fourmillement des personnages ? […] Bazin s’est attaché à composer une sorte de roman national où l’histoire, le patriotisme et la philosophie sociale même se prêtent un mutuel concours. […] S’il narre, avec ce charme d’archaïsme qu’il a réussi à se composer, des aventures du passé, en les estompant légèrement pour leur prêter couleur de mémoires, il n’omet point de les rajeunir, ni de les mettre au goût du jour. […] Jadis, le roman féminin, composé presque toujours par des femmes du monde en vue d’offrir aux jeunes filles un divertissement intellectuel sans danger, manquait au premier chef de franchise et de naturel et péchait par un optimisme vertueux conventionnel à l’excès.
Les autographes de Vercingétorix, de Cléopâtre et de Marie-Madeleine avaient été composés par Vrain-Lucas. […] Distinguons le cas de l’historien qui classe des documents vérifiés en vue d’une œuvre historique, et celui de l’érudit qui compose un « regeste ». […] Mais on a reconnu bientôt qu’un seul homme ne peut pas composer correctement, et dominer comme il convient, de très vastes collections de faits. […] Comment doit être composé le livre scolaire pour rendre possible des exercices actifs. […] Leur éloquence agissait sur des auditoires qui n’étaient pas composés d’étudiants en histoire.
Topffer venait à peu près de terminer le roman de Rosa et Gertrude, dont la donnée et les situations lui avaient été suggérées par un rêve, et qu’il composa d’abord tout d’une haleine. […] Cryptogame, composer et publier son Histoire d’Albert en scènes, à la plume, puis son Essai de Physiognomonie. […] Hors d’état d’écrire, ou du moins de composer, encore moins de dessiner, il imagina alors de peindre , ce qu’il pouvait faire dans une posture encore possible.
Sa conversation est composée de parenthèses, principal objet de toutes ses phrases ; il voudrait laisser échapper ce qu’il a le plus grand besoin de dire ; il essaye de se montrer fatigué de tout ce qu’il envie ; pour se faire croire à son aise, il tombe dans les manières familières ; il s’y confirme, parce que personne ne compte assez avec lui pour les repousser, et tout ce dont il est flatté dans le monde est un composé du peu d’importance qu’on met à lui, et du soin qu’on a de ménager ses ridicules pour ne pas perdre le plaisir de s’en moquer. […] Quand la part qu’elles ont dans les affaires naît de leur attachement pour celui qui les dirige, quand le sentiment seul dicte leurs opinions, inspire leurs démarches, elles ne s’écartent point de la route que la nature leur a tracée : elles aiment, elles sont femmes ; mais quand elles se livrent à une active personnalité, quand elles veulent ramener à elles tous les événements, et les considèrent dans le rapport de leur propre influence, de leur intérêt individuel, alors à peine sont-elles dignes des applaudissements éphémères dont les triomphes de la vanité se composent.
En d’autres termes, un caractère abstrait, noté par les premiers mots, a été uni à un autre caractère abstrait, noté par les seconds mots, et le composé total, ainsi fabriqué, désigne une chose nouvelle, que nos sens n’atteignent pas, que notre expérience ne rencontre pas, que notre imagination ne sait pas tracer. […] Nous combinons ces termes entre eux et nous formons d’abord des composés peu complexes, ceux de deux, trois, quatre et des premiers nombres, ceux de plus et de moins, de plus grand et de moins grand, de ligne plus grande et de ligne moins grande, par suite ceux de ligne droite ou courbe, de triangle, de cercle, par suite encore ceux de sphère, cône, cylindre, et le reste. La complication des composés va croissant ; elle est indéfinie ; tous ensemble, ils forment un royaume à part d’objets qui ne sont pas réels, mais qui sont distribuables, comme les objets réels, en familles, genres, espèces, et dont nous découvrons les propriétés en considérant à côté d’eux les propriétés des formules qui sont leurs substituts.
» Et il envoie à la divine Amaranthe des vers un peu risqués, pleins d’insinuations vives et d’adorations mythologiques, Ces sourires et ces rires, cette galanterie caressante, ces douceurs, ce mélange d’esprit gracieux et de tendresses fugitives composent l’amour en France ; La Fontaine n’en a guère connu d’autre, et il y a passé le meilleur de son temps. […] Au bout de trois ans, il avait composé trois fragments en prose et en vers, qui font à peu près cinquante pages. […] Tout cela ne compose pas un caractère bien digne.
Il la veut riche, exacte pour l’oreille, point curieuse, et point facile : qu’on ne fasse pas rimer le simple avec le composé. […] 2° « Tu composeras hardiment des mots à l’imitation des Grecs et des Latins. » Ce conseil de Ronsard contient une demi-vérité : le mode de composition qu’il indique est bien français ; mais s’il n’eût subi la fascination des langues anciennes, il se fût aperçu que notre langue ne compose ainsi que des substantifs : pourquoi un gosier mâche-laurier est-il ridicule ? […] Au moins Ronsard ne veut-il pas que ces composés soient « prodigieux », mais, comme tous « vocables » nouveaux, « moulés et façonnés sur un patron déjà reçu du peuple ».
« Il n’y a ici comme partout qu’un problème de mécanique : l’effet total est un composé déterminé tout entier par la grandeur et la direction des forces qui le produisent866. » Ainsi, la littérature anglaise est le produit de la race anglaise, sous tel climat, dans telles circonstances historiques, telles croyances religieuses : Shakespeare, Milton, Tennyson, sont des « résultantes », qui représentent diverses forces appliquées en divers points. […] Elle ne tient pas compte de la nature individuelle : non pas du caractère, qui est résolu en influences composées de la race, du milieu et du moment ; mais du génie, de la précision de la vocation, et de l’intensité de la création. […] Ces petits faits significatifs dont Taine compose ses œuvres m’apparaissent comme des échantillons soigneusement recueillis pour une démonstration voulue ; ces fragments de réalité font l’effet d’une collection de minéralogie.
in-12. sans compter la table des matieres composée par M. […] des voyages par terre, faits dans toutes les parties du monde : contenant ce qu’il y a de plus remarquable & de mieux avéré dans tous les pays où les voyageurs ont pénétré, touchant leur situation, leur étendue, leurs limites, leurs divisions, leurs climats, leur terroir, leurs productions, leurs lacs, leurs rivieres, leurs montagnes, leurs mines, leurs habitations, leurs principales villes, leurs ports, leurs rades, &c. ; avec l’histoire, les mœurs, & les usages des habitans, leur religion, leur gouvernement, leurs arts, leurs sciences, leur commerce, leurs manufactures, &c. : ouvrage enrichi de Cartes géographiques nouvellement composées sur les observations les plus authentiques, de plans & de perspectives, de figures d’animaux, de végétaux, habits, antiquités, &c. […] Toutes les Lettres qui composent cet ouvrage dont nous avons déjà une douzaine de volumes, sont remplies de détails curieux, instructifs & amusans.
En effet, qu’est-ce que cela fait à la Postérité, — et même aux contemporains après dix ans, — l’horrible peine qu’on prend pour leur composer un chef-d’œuvre ? […] Dargaud ne lui avait offert aujourd’hui qu’un de ces volumes comme certains historiens en pondent régulièrement un par année, avec une exactitude qui fait honneur à leur tempérament littéraire, elle l’aurait lu, au moins du pouce, entre la préface et la table, et elle en aurait rendu compte à peu près avec la même conscience et avec la même peine qu’il aurait été composé. […] Cette histoire se compose de quatre volumes, doublement substantiels par l’esprit et par la matière, lesquels représentent six années de recherches et de travail infatigable sur l’époque la plus passionnée et la plus féconde de l’histoire moderne, puisque le monde moderne, tout entier, est sorti de cette époque-là !
La science n’a pas coutume d’avoir tant d’aisance, ni la psychologie tant de grâce ; et ce qui ajoute à leur prix, c’est qu’elles ne font point sortir le public du terrain où il a coutume de se tenir ; elles semblent le complément d’un cours de langue ou de littérature ; l’auteur décompose une fable de La Fontaine pour faire le catalogue des opérations de l’esprit ; une phrase de Buffon, pour prouver que tout raisonnement est un composé de propositions identiques. […] Le système des facultés de l’âme se compose de deux systèmes, le système des facultés de l’entendement, et le système des facultés de la volonté. […] Nous l’avons oubliée depuis trente ans, et nous la dédaignons aujourd’hui ; nous avons relevé une vieille logique, composée de pièces disparates, machine discordante dont la scolastique, Descartes et Pascal ont fourni les rouages rouillés, qu’Arnauld construisit un jour par défi, pour un enfant, et qui ne pouvait servir qu’à des esprits encore empêtrés dans la syllogistique du moyen âge5.
IV Reste à étudier le jugement localisateur lui-même. — Pour voir de quels éléments il se compose, reprenons notre premier exemple. […] Ce sont les images de ces sensations qui la composent, et, en beaucoup de cas, nous les constatons en nous, par exemple lorsqu’il s’agit d’une partie de notre corps que nous ne pouvons observer avec nos yeux, et dont, par conséquent, la carte visuelle n’est pas nette. — Tel est l’intérieur de la bouche, que nous ne pouvons voir qu’avec une glace, le derrière de la tête, de la nuque, du tronc, des cuisses, que nous ne pouvons voir qu’avec deux glaces. […] Dorénavant, quand une sensation visuelle pure suit telle sensation musculaire et voulue de l’œil, ce composé évoque l’idée de tel mouvement de la main, de l’avant-bras ou du bras, de tel nombre d’enjambées, bref, telle portion de l’atlas tactile et musculaire que l’expérience de nos membres a construit en nous et par lequel l’aveugle-né évalue les distances et détermine les situations. — Au bout de trois semaines, la dame de Waldrop reconnaissait le gazon à la belle et large tache verte qu’il faisait dans son champ visuel. […] Voilà comment, par une sensation totale composée de sensations partielles et simultanées, nous percevons comme étendu et continu le sol sur lequel notre pied s’appuie, la portion de table sur laquelle s’étale notre main, l’objet éloigné que désigne notre sensation de couleur. […] Il est certain pour moi que, pendant les deux premiers mois, le monde environnant ne se composait pour elle que de sons et de taches de couleur qu’elle ne savait pas situer.
Un corridor, une cuisine, une salle à manger, quelques chambres basses pour les provisions, les lingeries, les domestiques, composent le rez-de-chaussée. […] Elle se composait du comte de Maistre, ambassadeur de Sardaigne à Pétersbourg, rentrant après une longue absence dans sa patrie, et prêt à publier ses grands et étranges livres qui gonflaient son portefeuille, et qui sont devenus la controverse d’aujourd’hui ; de sa femme et de ses filles, retrouvées à cette halte après une longue séparation. Elle se composait du colonel de Maistre, propriétaire du domaine de Bissy ; de sa femme, toujours souriante, et de quelques nièces aussi enjouées et aussi avenantes que cette tante. Elle se composait enfin de l’abbé de Maistre, autre frère qui devait bientôt devenir évêque d’Aoste ; et enfin de Xavier de Maistre, dont on regrettait l’absence, et qu’on attendait aussi de Pétersbourg, où un heureux et riche mariage avait fixé son sort errant. […] Il aimait passionnément les beaux vers ; il en avait composé beaucoup dans ses loisirs, il nous en récitait des strophes dont les lambeaux sont restés dans ma mémoire.
Nés tous deux du langage instinctif, ils se sont attachés chacun à l’un des deux ^éléments qui le composaient ; le premier a travaillé sur les cris et les inflexions qui expriment les différents sentiments ; le second sur les sons qui sont devenus des mots exprimant des idées. […] George Sand, à Genève, entendant Liszt jouer un rondo intitulé le Contrebandier, tâche de rendre les impressions qu’elle a éprouvées et compose un conte lyrico-fantastique qui porte le même titre126. […] Au moyen âge, dans les miracles et les mystères, on entend parfois un trio composé d’une basse, d’un baryton et d’un ténor : c’est la Sainte Trinité qui est censée parler. […] En des époques plus anciennes encore, les troubadours accompagnent sur la viole d’amour les chansons, aubades et sérénades qu’ils composent en l’honneur de la dame de leurs pensées. […] Le vrai régime et gouvernement des bergers et bergères, composé par le rustique Jehan de Brie, le bon berger.
Il est la conséquence d’une richesse excessive et qui réussira peut-être à se composer. […] Cette « décalogie » n’est pas composée ; et, s’il faut l’avouer, j’en ai souffert. […] Si Jean-Christophe n’est pas composé, l’auteur n’a pas désiré qu’il le fût. […] Elle ne parvient pas à composer le théorème de la mort : elle suffit pourtant, aux yeux de M. […] Un Jean Racine compose ses tragédies ; et, par ailleurs, sa vie n’en est pas modifiée.
Encouragé par le succès, il compose de nouveaux poèmes. […] Laurent Tailhade a composé des vers très simples et d’une couleur délicate. […] Voici dans quelles conditions il fut composé. […] De quoi se compose son talent ? […] Il est incorporé au 106e de ligne, un des régiments qui composent l’armée du maréchal Mac-Mahon.
L’ouvrage des Considérations sur l’esprit et les mœurs est bien composé ; il l’est en apparence au hasard et comme un jardin anglais ; ce sont des pensées, des analyses morales, relevées de temps en temps par des descriptions, des portraits ; animées en deux endroits par des dialogues, par des fragments de lettres : l’ensemble de la lecture est d’une variété agréable et d’un art libre que Duclos dans son livre n’a point connu. […] En cette même année 1790, M. de Meilhan publia un petit roman ou conte philosophique dans le goût de Zadig, et intitulé Les Deux Cousins, histoire véritable ; il l’avait composé en quelques jours à la campagne, après une conversation. […] M. de Meilhan avait encore composé dans ces années un roman en quatre volumes intitulé L’Émigré, et qui fut imprimé à Hambourg en 1797 ; je ne doute pas qu’il ne doive contenir des observations curieuses sur cette France d’outre-Rhin et cette société errante, mais je n’ai pu le trouver nulle part ni rencontrer personne qui en eût connaissance30. […] Je devine, ou n’entends jamais ; je compose et ne peux corriger.
Taschereau, à qui j’en dois communication, se compose d’une suite de pensées et de souvenirs tracés par Saint-Martin dans les dernières années, et ne s’arrête que peu avant sa mort. Ce sont ses mémoires à bâtons rompus, ses confessions : Je ne me suis laissé aller, dit-il, à composer de pièces et d’idées détachées ce recueil historique, moral et philosophique, que pour ne pas perdre les petits traits épars de mon existence ; ils n’auraient pas mérité la peine d’en faire un ouvrage en règle, et je ne donne à ce petit travail que des minutes très rares et très passagères, croyant devoir mon temps à des occupations plus importantes. […] Dans l’intervalle, il fit imprimer plusieurs ouvrages dont le premier, composé à Lyon, fut publié en 1775, sous le titre Des erreurs et de la vérité, ou les Hommes rappelés au principe universel de la science. […] De tous les livres que Saint-Martin composa et publia en ces années du règne de Louis XVI, il n’en est qu’un seul, L’Homme de désir, imprimé en 1790, qui appelle l’attention des profanes et à la fois des sincères par des beautés vives jaillissant au sein des obscurités et par des espèces d’effusion ou d’hymnes affectifs annonçant un précurseur.
La science militaire est composée de deux choses, de moralité et de géométrie : par l’une on apprend l’art de plier l’homme à une exacte discipline, d’exalter son âme et de lui inspirer un noble orgueil de son état ; par l’autre on combine les moyens les plus prompts d’opérer avec précision différents mouvements. […] Sous le couvert de Saint-Alban, c’est M. de Meilhan qui nous livre directement ici ses impressions personnelles ; Il y avait à Paris cinq ou six maisons où circulait tout ce qui composait la haute société, et l’opinion publique n’était que leur écho. […] La Révolution a fait le contraire, elle a composé un Néron d’une multitude immense d’hommes. » Comment de cette multitude de têtes revenir à une seule, et à une seule forte et raisonnable ? […] Ma bibliothèque était composée en grande partie de livres sur la jurisprudence et sur l’histoire de France ; un de mes oncles qui était évêque m’avait, laissé une collection complète des procès-verbaux du Clergé, etc., etc. » ; et il montre que la Révolution qui s’accomplit a déjà mis beaucoup de ces livres à la réforme, et qu’elle va simplifier bien des sciences.
Le nôtre y avait réuni un certain nombre d’élégies qui composaient l’histoire d’une passion, alors encore brûlante : il y en a de belles, et d’admirables surtout au début, — comme un cri : Ils ont dit : « L’amour passe, et sa flamme est rapide ; « Le plaisir le plus doux, toujours suivi du vide, « Laisse au cœur un vague tourment ! […] Arthur se compose d’une première partie toute en mémoires, en lettres et en récit, et d’une seconde partie presque toute en citations, en extraits de lectures, et qui n’est pas la moins intéressante ni la moins originale, tant le malade attendri a su animer, commenter naïvement, mouiller de ses pleurs, reproduire et continuer dans ses accents les pages choisies dont il s’environne. […] La circonstance mystérieuse, et cependant naturelle, qui fait qu’Arthur retrouve Julie et son enfant, introduit le léger intérêt romanesque qui, avec la conversion, compose la seule action de ce livre où pourtant l’attrait ne cesse pas. […] » Arthur, qui n’est pas un ouvrage composé, ni qui sente le talent de profession, Arthur, qui n’est guère peut-être qu’une suite de débris, de soupirs, de souvenirs et d’espérances, mais où le souffle est le même d’un bout à l’autre, et où l’esprit, vrai parfum, unit tout, sera, nous le croyons, une lecture propice et saine, et reposante, à bien des âmes fatiguées, à bien des palais échauffés, un correctif, au moins d’un moment, à tant de talents plus brillants que sincères, à tant d’enthousiasmes dont la flamme est moins au cœur qu’au front ; Arthur, si l’amitié et trop de conformité intime ne nous abusent, Arthur vivra et conservera le nom de son auteur, qui n’a plus à se repentir littérairement de ses écarts, de sa venue hâtive, de ses plaisirs distrayants et de ses faiblesses paresseuses, puisque, de tant d’imperfections éparses, il lui a été donné un jour (ô nature douée avec grâce !)
XIV Ce fut dans les studieux loisirs de cette éducation royale qui portait forcément son esprit sur la philosophie des sociétés, que Fénelon composa secrètement en poëme le code moral et politique des gouvernements. […] La malignité publique se complut à voir la figure du roi, des princes, des ministres, des favoris et des favorites, dans les personnages dont Fénelon avait composé ses tableaux. Ces portraits, composés ainsi dans le palais de Versailles, sous les auspices de la confiance que le roi avait placée dans le précepteur de son héritier, parurent une trahison domestique. […] Évêque et théologien, il compose plusieurs ouvrages, instructions et mémoires sur les sujets difficiles qui, en ce moment même, occupent l’Église de France.
Ici, toutefois, je me permettrai de trouver que l’ouvrage se ressent un peu trop de sa destination directe, ayant été surtout composé en vue de la Sorbonne. […] Sans être un homme régulièrement lettré, il avait le goût des arts, de la musique, jouait du luth, dansait et composait agréablement des vers. […] Tout ce composé, convenons-en, même avec les légers défauts, ne laissait pas de former un savant très cavalier et très agréable. […] Pourtant Huet devait apprécier, ce semble, Mme de La Fayette ; c’est pour lui complaire qu’il écrivit sa dissertation De l’origine des romans, qui parut d’abord en tête de l’histoire de Zayde, qu’elle avait composée.