Or bien, voilà que tout à coup le poète, qui n’est plus celui de l’Amour et du Plaisir, mais de la douleur, venue enfin, comme elle vient toujours, par la vie, s’est mêlé, en ce livre de Portraits, au critique de la réflexion, et tout cela dans une si heureuse mesure qu’on se demande maintenant si le Monselet du pâté de foie gras n’était pas un mythe… ou un mystificateur, qui nous jouait, avec sa gastronomie, une comédie littéraire, et qui avait mis, pour qu’on ne le fît pas trop souffrir, son cœur derrière son ventre, mais non dedans !
Cet homme, mort sans la gloire et d’autant plus qu’il était fait pour elle, est Édelestand du Méril, l’auteur d’une Histoire de la comédie chez tous les peuples, livre énorme d’érudition et de sagacité littéraire, et que malheureusement la mort de l’auteur interrompit.
Nous devons donc le croire, l’illustre historien s’est dit que des biographies n’étaient, en somme, ni moins importantes, ni moins nécessaires, que le récit des événements avec leur développement grandiose, et que là surtout, au contraire, était l’interprétation la plus intime de ces événements, le secret de l’humaine et divine comédie.
On a beau se faire du xviiie siècle par la pensée, par l’étude, par l’admiration, par les affectations, on a gardé un peu de son cœur, on l’a arraché aux mauvaises mains de son esprit ; et le moyen de ne pas être grave, même à Trianon, même à la comédie chez les Polignac, quand on y suit cette reine enchanteresse qui sera au Temple tout à l’heure !
On a beau se faire du xviiie siècle par la pensée, par l’étude, par l’admiration, par les affectations, on a gardé un peu de son cœur, on l’a arraché aux mauvaises mains de son esprit ; et le moyen de ne pas être grave, même à Trianon, même à la comédie chez les Polignac, quand on y suit cette reine enchanteresse, qui sera au Temple tout à l’heure !
Lorsque l’auteur de l’Histoire de la Presse en France ne s’appesantit que sur des inutilités, comme, par exemple, quand il nous cite, dans le dessein transparent de faire son volume, les platitudes difficiles, nugas difficiles , de la Gazette en vers de Loret, pu quand encore, sous prétexte de nous donner l’histoire du Mercure, il nous transcrit je ne sais combien de passages de la comédie du Mercure galant de Boursault, que nous savons bien où trouver sans avoir besoin de la relire dans l’histoire de Μ.
Alexandre Dumas fils pour sa prochaine comédie).
Mais l’auteur de La Ciguë et de Gabrielle ne se contente pas d’être un faiseur de comédies faciles, un Aristophane inoffensif et lâché d’une époque qui n’aime l’énergie que sous les murs de Sébastopol : il est aussi poète lyrique et élégiaque à ses heures.
Même quand il a cessé d’être le poète idéal, lyrique et tragique, il est encore poète dans la comédie et dans l’épigramme ; tandis que M. de Vigny est tout autre chose ; il ne s’épuise pas dans le poète.
Du reste, voulez-vous pénétrer d’un mot dans le monde de ce livre par sa seule donnée, qui est la donnée de la plupart des comédies, des vaudevilles et des drames qui se jouent à la superficie de nos théâtres et de nos mœurs ?
Cette récurrence au Christianisme ressemble, un peu voulue, à la comédie d’officielle piété de Napoléon rouvrant les églises et prenant des mains d’un Pape la couronne impériale. […] Vie factice de la Comédie ; mort factice de la Tragédie. […] Les Tragédies, les Comédies, les Maximes, les Fables et même les Sermons ont conduit aux Contes. […] Un effet physique, un sombre souvenir, mais surtout une comédie. […] C’est un spectateur qui se mêle de jouer la comédie et qui la joue à merveille — sans génie.
Plus nous allons, moins nous pouvons jouer par politesse la fatigante comédie du monde, que tous jouent si naturellement et sans aucun effort. […] Rien que des gens adroits, des malins volant le succès par le chemin de traverse de Paul Delaroche, par le drame, la comédie, l’apologue, par tout ce qui n’est pas de la peinture, — en sorte que sur cette pente, je ne serais pas étonné que le tableau à succès d’un de nos futurs Salons représentât, sur une bande de ciel, un mur mal peint, où une affiche contiendrait quelque chose d’écrit, excessivement spirituel. […] Pauvre salle de spectacle, où jamais comédie ne fut jouée, et qui pourtant, s’élevant de terre et se parant de sculptures, dut prendre tant de place dans les rêves du bâtisseur de cette maison au temps jadis.
Mais ce goût se manifeste surtout dans la comédie, dans le roman et dans la miniature du xve siècle. […] La comédie ne rit pas toujours. […] Ainsi naissait la comédie sérieuse, un peu calomniée par ceux qui l’appelèrent la comédie larmoyante. […] « J’ai essayé de donner, dans le Fils naturel, l’idée d’un drame qui fût entre la comédie et la tragédie. « Le Père de famille est entre le genre sérieux du Fils naturel et la comédie.
Le tsar fonde l’académie Slave-gréco-latine, il fait venir des troupes de comédie et de ballet pour représenter les mystères de Siméon Polotzky. […] Le premier n’a laissé qu’une comédie, mais cette comédie est le chef-d’œuvre du théâtre russe et l’une des plus fortes œuvres du théâtre universel. […] Il mène de front des nouvelles, des comédies, des essais d’inspiration très variés, réunis plus tard sous ce titre : Arabesques. […] Le Reviseur n’est ni une comédie de sentiments, ni une comédie de caractères ; c’est un tableau de mœurs publiques. […] Ce qu’il y a de plus étonnant dans cette comédie, c’est qu’elle ait été jouée.
Il les transforme en personnes littéraires alors qu’elles palpitent encore du drame, de l’idylle ou de la comédie qu’il leur a fait vivre : on sait que Werther parut bien peu de temps après le séjour à Wetzlar, et les biographes nous racontent qu’en écrivant les Affinités électives, le poète acheva de soulager son cœur encore tout épris de Minna Herzlieb. […] Je leur réponds qu’au contraire elles me semblent écrites de parti pris, par un homme qui se joue à lui-même encore plus qu’aux autres une espèce de comédie — sans mauvaise foi, d’ailleurs, sans calcul hypocrite — comme font volontiers les gens au cœur sec qui sont parvenus à s’échauffer l’imagination. […] Alors, ce que nous voyons de lui, ce n’est point le sentiment dont il s’efforce de manifester l’ardeur, la profondeur ou la violence : c’est la comédie de passion qu’il se joue à lui-même ; c’est son affectation d’avoir « un cœur capable d’embrasser tout l’univers dans son amour » ; c’est la « pose » de son attitude, de son geste, de sa rhétorique, dont il serait absurde de nier que l’éloquence ou l’habileté nous entraîne souvent, mais qui cependant ne nous possède jamais entièrement. […] Et non content d’en être le spectateur, je voulus faire partie de la comédie et me mêler aux autres… » Quand il évoquait ce beau souvenir, il avait déjà reconnu la vanité de son désir ; car il ajoute : « Jusqu’à ce que je m’aperçus que j’étais la fable et la risée de tout ce peuple : alors la honte me prit, et je dus confesser que tout ce qui plaît au monde n’est qu’un songe d’un instant. » Il y a là tout le drame de sa vie. […] Baumgartner, entre autres, après avoir cité les lignes qu’on vient de lire, s’indigne avec véhémence : une comédie, s’écrie-t-il à peu près, des événements qui brisent le trône des rois de France, renversent les armées allemandes devant les Jacobins, traînent dans la boue le nom de l’Allemagne, — une comédie !
Goethe aussi, car le genre romantique n’a point encore de théorie constante, Goethe, dans son Gœtz de Berlichingen, a essayé de retracer presque aussi vaguement l’image de la chevalerie du seizième siècle et de quelques-uns des désordres qui régnaient alors en Allemagne ; mais il y a mêlé des détails ignobles qui, pour être vrais, n’en sont pas plus tragiques, et ne conviendraient guère qu’à la comédie. […] C’est même un genre d’effet dont la tragédie a peut-être besoin ; il n’appartient qu’à la comédie de se rapprocher si fort de nos allures actuelles.
On s’est étonné de certaines affinités qu’on a saisies entre la tragédie de Racine et la comédie de Molière : rien de plus naturel. […] Lanson, Nivelle de la Chaussée et la Comédie larmoyante, p. 81-106.
. — La Part du Roi, comédie en un acte et en vers (1872). — Les Frères d’armes, drame (1873). — Poésies, 1re série : Le Soleil de minuit, Soirs moroses, Contes épiques, Intermède, Hespérus, Philomela, Sonnets, Panteleïa, Pagode, Sérénades, avec portrait (1876). — Justice, drame en trois actes, en prose (1877). — Le Capitaine Fracasse, opéra-comique en trois actes et six tableaux, d’après le roman de Th. […] L’originalité de Catulle Mendès, c’est d’être un poète à la fois doux et brutal, tendre et cruel, naïf et pervers ; toute son œuvre, romans, vers, drames et comédies, atteste ce contraste : il aime les fleurs et les oiseaux, l’air pur, le ciel bleu, la nature claire des contes de fées, mais il se complaît aussi à la vue des Parisiennes en pantalon de dentelles et dont les jupons frissonnent de blancheur.
L'Epopée, la Tragédie, la Comédie, l'Opéra, l'Ode, la Poésie légere, tous les genres de Poésie ont été de son ressort. […] La meilleure de ses Comédies auroit peine à figurer dans la classe de celles qu'on regarde comme médiocres.
La Critiqué a cette chance avec lui de s’amuser en corrigeant, comme la comédie. […] Assurément, s’il n’y avait dans ce volume que la personnalité de Marc-Aurèle, dont il porte le nom, l’examen serait bientôt fait d’un livre qui partage la niaiserie d’un Sganarelle impérial, trompé et content, digne, dans ses mœurs privées, de la comédie, mais dans ses mœurs publiques, tout aussi vulgairement atroce que les empereurs qui voulurent empêcher de croître, en l’arrosant de sang, le chêne catholique qui à chaque versée poussait et croissait d’un empan de plus !
Ce n’est pas la masse, c’est un individu qui crée le Parthénon, la Divine Comédie, et la Marseillaise ; c’est un individu qui trouve la formule d’un monde nouveau, formule absolument vraie pour lui qui l’a tirée de ses entrailles, et suffisamment vraie pour plusieurs générations ; et c’est un autre individu qui brise la formule vieillie, pour délivrer son âme et celle de ses frères de douleur. […] Quand nous avons analysé tous les éléments de la Divine Comédie ou de Phèdre, avons-nous prouvé que ces œuvres furent un résultat « nécessaire », qui ne pouvait être autre chose ?
« L’horreur que me cause cette mort est inexprimable, dit-elle en propres termes le lendemain à la princesse Daschkoff ; c’est un coup qui me renverse. » Mais le personnage politique en elle reprit aussitôt le dessus : elle comprit que désavouer hautement le crime et parler de le punir ferait l’effet d’une comédie jouée ; qu’elle ne persuaderait personne ; que ce meurtre lui profitait trop pour qu’on ne le crût pas commandé ou tout au moins désiré par elle ; elle dissimula donc, et faisant son deuil en secret, — un deuil au reste qui dut être court, — elle se contenta, pour la satisfaction et le soulagement des siens et de son fils, de conserver dans une cassette la lettre écrite à elle par Orlof, après l’acte funeste, et qui témoignait de l’entière vérité.
La comédie est détestable, dit le Marquis de la Critique.