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1760. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

La vision de Claire, qui apparaît à Egmont dans sa prison au milieu des anges pour le conduire au ciel, est d’une grossièreté de matérialisme théâtral qui n’a pas échappé à madame de Staël, la spirituelle femme qui avait l’instinct du ridicule autant que la faculté de l’enthousiasme, — heureusement pour elle !

1761. (1927) Des romantiques à nous

La perle du morceau, c’est une magnifique et suave image dont se couronne un large développement sur le génie inné de la poésie mistralienne, génie tout grec, tout antique, sans intention imitative aucune, par le pur don de la nature et du ciel. […] Le résultat de ces fausses pudeurs, c’est l’art de la rue Saint-Sulpice ; c’est ces saints et ces saintes, non en chair, mais en cire, dont l’emphatique et vide louange ressassée par de pieux rhéteurs a fait périr d’ennui notre enfance ; c’est cette Jeanne d’Arc en cotte bleu ciel et cuirassée de papier d’argent d’où toute vie, toute sève s’est retirée.

1762. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

» Quand Figaro se sera taillé une redingote dans la doublure de l’habit de cour de son maître, qu’il aura flanqué à la porte, il ne demandera plus rien au ciel, et trouvera que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. […] On cite toujours : Le ciel s’est habillé ce soir en Scaramouche, mais rien que dans la première scène, il y en a une demi-douzaine d’autres : Sotte condition que celle d’un esclave ! […] Ainsi, pour n’en donner qu’un exemple, voici comme il écrit le premier couplet :          Il fait noir comme dans un four ; Le ciel s’est habillé ce soir en Scaramouche,          Et je ne vois pas une étoile          Qui montre le bout de son nez.

1763. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Les hommes actuels, avec leur manie de jouir de la terre d’une façon toute contraire à la façon dont ils jouissent du ciel, ressemblent à des gens qui réussiraient à éteindre le soleil pour se munir chacun d’une lanterne. […] Tout entier du dogme de la prédestination : « Je crois voir le moyen âge tout entier naître du seul dogme de l’inégalité de l’amour divin, le petit nombre des élus former une sorte d’oligarchie céleste, sanction de la féodalité terrestre, et la grâce donnée sans mérite ni démérite appeler le règne du bon plaisir sur la terre comme dans le ciel. » Voilà l’histoire du monde ; elle n’est rien autre chose que l’histoire de Dieu. […] Les massacres de Moïse n’ont point nui au judaïsme, ni ceux de Mahomet au Coran, ni ceux du duc d’Albe au catholicisme, ni ceux de Ziska et d’Henri VIII à la Réforme… Les hommes même sans foi, pris en masse, se sont toujours montrés cléments pour ceux qui ont versé le sang au nom du ciel.

1764. (1890) Nouvelles questions de critique

Dans des lois que l’on ne saurait jamais regarder comme immuables, puisqu’elles ne sont point descendues du ciel, sa mission ou sa raison d’être est d’introduire plus de clarté, plus de justice, plus d’humanité. […] L’idée de la mort le poursuit, le hante, l’obsède ; elle obscurcit de son ombre les heures lumineuses de son existence ; elle mêle son barreur jusque dans ses amours ; elle est l’énigme ou le mystère dont il ne se lasse pas de demander le mot aux choses, aux hommes, et à Dieu : Nous demandons, vivants douteux qu’un linceul couvre, Si le profond tombeau qui devant nous s’entr’ouvre, Abîme, espoir, asile, écueil, N’est pas le firmament plein d’étoiles sans nombre Et si tous les clous d’or qu’on voit au ciel dans l’ombre Ne sont pas les clous du cercueil. […] Mais c’est elle surtout qui lui a fait entrevoir le sens caché des choses ; qui, par la quantité « d’infini » qu’elle renferme, l’a familiarisé, pour ainsi dire, avec l’ombre et le mystère ; et qui a fait de lui, enfin, le poète, s’il y en eut jamais un, de « l’insondable » et de « l’inaccessible », celui de Pleine mer et de Plein ciel, de la Vision de Dante et de la Trompette du jugement. […] Mais, en fait, dans la vie et dans l’art, il en est autrement ; et, par exemple, sur une plage déserte, sous un ciel bas et noir, en un jour d’hiver, si vous mettez le plus jovial des hommes en présence d’une mer furieuse et démontée, il arrivera rarement que ce spectacle lui suggère des idées couleur de rose.

1765. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Non, il ne faut pas, dans une république qui sera vertueuse ou qui ne sera point, qu’on entende dire que Junon a été mise aux fers par son fils, et Vulcain précipité du ciel par son père pour avoir voulu secourir sa mère pendant que Jupiter la frappait. […] — … De sorte qu’il pourrait bien se faire que l’action que tu fais aujourd’hui en poursuivant la punition de ton père plût à Jupiter et du même coup déplût à Saturne ; quelle fût agréable à Vulcain et désagréable à Junon… » Plus sérieusement, mais avec quelque sournoise ironie encore, dans le Timée, qui est de ton dogmatique, Platon commence par parler des Dieux auxquels il est évident qu’il croit et qui sont tout simplement les astres du ciel ; puis, arrivant aux Dieux mythologiques, il en discourt de cette façon : « Quant aux autres divinités, nous ne nous croyons pas capables d’en expliquer l’origine. […] Il faut songer, du reste, quoique Platon semble s’en être peu souvenu au cours de ses expositions dogmatiques, que les gouvernements sont affaire de climats et dépendent essentiellement de la nature du sol et de la nature du ciel et de la nature, quelles que puissent être les causes, de la race.

1766. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Plus tard, lorsque le ciel, à nos destins hostile, Enchaîna dans Aulis notre ardeur inutile, Nous refusant les vents ; à quel air abattu Fit place, souviens-toi, ta première arrogance. […] Or, Tartuffe représente pour lui l’homme qui est bien avec le ciel et qui lui épargnera la méchante affaire, s’il se laisse conduire à cet aimable guide. […] Il s’adressa d’abord à l’étoile de la maison, « Mademoiselle Mars », la perle du ciel dramatique, celle qui (très probablement) a inspiré à Victor Hugo le vers charmant : On croyait voir une âme à travers une perle.

1767. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Il a pour horizon le ciel ; son œil, en s’y fixant, distingue des formes dans le nuage, aperçoit dans l’azur des ouvertures mystérieuses qui sont les puits de l’abîme. […] C’est sous la forme d’une vision poétique du passé qu’est apparue à Victor Hugo, pendant son voyage du Rhin, l’idée de ce dernier drame, et il y a merveilleusement exprimé tous les sentiments qui sont l’âme même de la poésie primitive : foi inébranlable dans la survie des héros légendaires qui reviendront à l’heure choisie par eux pour sauver leur pays, culte de la vieillesse, religion du serment, devoir de l’hospitalité, respect du mendiant envoyé par le ciel, nostalgie des temps anciens, sensation douloureuse que l’humanité dégénère et que les hommes d’aujourd’hui sont moins grands que les hommes d’autrefois. […] Voici des vers tirés de Bonheur : Plus la foi, sel des âmes, Plus la peur de l’enfer, Et ni plus l’espérance Pour le ciel mérité Par combien de souffrances.

1768. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Il me sembla entendre l’hymne de joie des anges accompagnant le retour au ciel de Notre-Seigneur. […] « Kant, nous le savons, comparait la loi morale à la voûte étoilée du ciel, et les déclarait toutes deux également sublimes. […] Je veux l’asperger de l’eau sainte qui jaillit de mes vers ; — et, levant mon cœur flamboyant dans mes mains tendues vers le ciel, le veux t’appeler Emmanuel, mon maître et mon Sauveur !

1769. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Tous les musulmans croient que les moindres circonstances de la vie de chaque homme sont écrites de toute éternité dans un livre déposé au ciel, où, suivant le texte même d’Al-Bédaouy, célèbre commentateur, « elles sont décrétées et écrites sur une table conservée avant leur existence. » Il est inutile d’accumuler les citations pour prouver que les musulmans nient toute espèce de libre arbitre ; leur fatalisme absolu et sans bornes est connu de tous ceux qui connaissent l’existence de la religion musulmane.

1770. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Sans doute les écrivains de son temps avaient naturellement tous ces dons, par la même faveur du ciel qui donnait à la France un grand gouvernement et un grand roi.

1771. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

On le voit bien dans cette belle page des Élévations sur les Mystères, si littérale et si symbolique à la fois : « Contenons les vives saillies de nos pensées vagabondes… nous commanderons en quelque sorte aux oiseaux du ciel ; empêchons nos pensées de ramper toujours dans les nécessités corporelles, comme font les reptiles sur la terre… Ce sera dompter des lions que d’assujettir notre impétueuse colère.

1772. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Notre monde inorganique a toujours son même ciel, son même soleil.

1773. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Ces imitations, en un mot, ne sont le plus souvent pour nous que le résumé heureux de toute une famille d’esprits et de tout un passé comique dans un nouveau type original et supérieur, comme un enfant aimé du ciel qui, sous un air de jeunesse, exprime à la fois tous ses aïeux.

1774. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Quand la Duchesse de Bourgogne eut instruit Perkin, elle commença à délibérer par quelle région du ciel elle feroit paroître cette comète, & elle résolut qu’elle éclateroit d’abord sur l’horizon de l’Irlande.”

1775. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Si l’on prend ce vers dans la précision rigoureuse des termes, comme plusieurs acteurs l’ont pris, Curiace a raison de s’écrier : je rends graces au ciel de n’être pas romain, pour conserver encor quelque chose d’humain. […] Il est vrai ; si le ciel eût écouté mes voeux, … etc.

1776. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Lorsque, plus tard, le Consulat se lèvera dans sa gloire, quand le génie du xviie  siècle reparaîtra de loin sur l’horizon, et que l’éloquence, comme le ciel, s’éclairera, on aura l’Éloge de Washington et Fontanes.

1777. (1927) André Gide pp. 8-126

Lorsque Gertrude montre pour la première fois une lueur d’intelligence et commence à comprendre les mots qu’il lui enseigne avec une évangélique patience, l’excellent pasteur déborde de joie religieuse et de reconnaissance envers le ciel, comme le docteur anglais, éducateur de l’aveugle et sourde-muette Laura Bridgeman, lequel, en pareille occurence, tomba à genoux pour remercier le Seigneur.

1778. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Je me demande parfois comment certaines idées, la découverte d’une terre qui tourne, d’un ciel infini, l’étude psychologique des passions secrètes dans l’inconscient et le rêve, en peinture les secrets de la perspective et des couleurs, comment toutes ces notions ont résisté à la pression formidable des familles, avec leurs parents, cousins et arrière cousins, des tyrans superstitieux, des chefs de gouvernements intéressés à leur destruction.

1779. (1908) Après le naturalisme

Bien des vérités sont irréfutablement prouvées, classées et ce sont des lumières éparses dans la nuit, distantes les unes des autres comme les étoiles au ciel.

1780. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

« On pouvait ouïr les coups des experts et des novices, et le fracas des lances brisées montait jusqu’au ciel.

1781. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Une lettre de lui, datée du 10  septembre 1735, nous apprend qu’il y fit joyeusement pénitence « en belle et bonne compagnie de l’un et l’autre sexe », et trouvant, comme il dit, « la voiture fort douce, qui le menait dans le chemin du ciel ». […] Je priai le ciel intérieurement de détourner de moi ses malheurs, et de ne pas permettre que les miens augmentassent. » L’amour, qui pour les amants ordinaires est le commencement du bonheur, et dans nos anciens romans le principe même de la gloire, est donc uniquement pour les amants de Prévost la déplorable origine de leur infélicité.

1782. (1925) Dissociations

Non, il sort parce qu’il est moins ennuyeux de marcher sous le ciel que sous un plafond, et il marche dans les rues comme il marcherait sur une route : comme il est civilisé, il appelle cela se promener.

/ 1797