Blanc eut beau se jeter à ses pieds, exprimer son désespoir, son besoin d’embrasser sa femme et ses enfants, le général parut impitoyable et donna ordre de le rembarquer et de le remmener à terre. […] À la bravoure et à l’amour de la gloire, naturels aux Français, ils joignaient un grand respect pour la discipline, et une confiance sans bornes en leur chef, premiers éléments du succès… Les soldats d’aujourd’hui marchent dignement sur les traces de leurs devanciers ; et le courage, la patience, l’énergie qu’ils ne cessent de montrer dans la longue et pénible guerre d’Afrique, prouvent que toujours et partout ils répondront aux besoins et aux exigences de la patrie. […] En effet, après le premier moment passé, il dédaigna toujours les justifications et les apologies : « Je ne puis paraître vouloir me justifier, disait-il ; je ne veux surtout pas laisser croire que j’en sens le besoin. » Le gouvernement de Juillet ne fut jamais bien pour Marmont ; d’anciens camarades maréchaux mirent peu d’empressement et de bonne volonté à le servir.
Au reste, je n’ai pas besoin d’expliquer qu’il ne s’agit point ici du système de la perfectibilité, tel qu’il a été entendu dans ces derniers temps ; car alors j’aurais à assigner les limites naturelles de cette perfectibilité, qui ne sont autres que les limites mêmes de la liberté de l’homme. […] Cependant, s’il m’est permis de m’arrêter un instant sur les parties moins élevées du sujet qui nous occupe, nous n’aurons pas besoin du vaste regard de l’aigle de Meaux. […] Ainsi les oracles des sibylles annonçaient un siècle nouveau ; et cette grande prophétie, née du besoin des peuples, inspirait à Virgile de beaux vers dont lui-même ignorait le sens profond.
Quand j’ai besoin d’une opinion, je la demande à Gustave Planche ou à Sainte-Beuve », Mme Sand vient de se découvrir critique… à la fin ! […] , tout de suite eut l’opinion, parce qu’elle s’en moquait, l’opinion ayant toujours besoin dans ce pays-ci d’être battue pour être contente ! […] Un jour, si j’avais besoin de continuer cette étude sur Mme Sand et si je la spécialisais davantage, je ferais, pour l’édification des amateurs, le relevé de ces prudhommismes, que la Critique a vus sans les voir… ou sans en parler.
Paul Bonnetain, et quoique ces jeunes schismatiques, pour se purifier, aient sans doute besoin de se laver dans bien des eaux encore, ils ont raison. […] Dans La Vie de mon père, l’auteur de Monsieur Nicolas et du Paysan perverti nous a tracé le portrait de sa propre famille : c’est la décence et la gravité mêmes, avec une nuance marquée d’orgueil héréditaire, et un besoin très vif d’estime et de considération. […] Tout en continuant d’ailleurs de défendre violemment ses doctrines, injurieusement même au besoin, M.
Elles n’exigent point une extrême rigueur de style ; elles n’aboutissent pas à des réponses irréfutables ; elles n’ont pas besoin de termes spéciaux, de mots abstraits, de phrases sèches et exactes ; elles sont résolues aussi bien par le sentiment que par la logique. […] Il aura besoin de se souvenir que l’un vient du verbe imputer et l’autre du mot personne. […] Cet amour passionné de la démonstration pure qui fait le philosophe, ce scrupule inquiet sur le sens des mots, ces habitudes algébriques, ce retour incessant sur soi-même, ce doute inné qui l’empêche de se faire illusion et le porte à mesurer perpétuellement le degré de probabilité de ce que les autres appellent certitude, ce mépris du sens commun, cette haine pour les arguments du cœur, cette foi absolue en l’observation et en la preuve, ce besoin éternel de vérifications nouvelles, voilà les qualités qui seraient des défauts dans un orateur.
La Motte qui demeurait rue Guénégaud, près du quai Conti, très froid, comme on sait, et exposé au nord, sentait le besoin de chaleur et de soleil en même temps que de conversation ; le quai d’en face les lui offrait ; il avait à lui sa chaise, c’était alors le luxe des demi-fortunes : « Il se faisait porter, nous dit Voltaire, autre bon témoin, depuis dix heures du matin jusqu’à midi, sur le pavé qui borde la galerie du Louvre, et là il était doucement cuit à un feu de réverbère. » Louvre et café Gradot, cela se touchait. […] L’abbé de Pons est donc un critique brave, et qui, au besoin, ose approuver tout haut et le premier ; il a, comme nous dirions aujourd’hui, le courage de son opinion et de ses admirations.
Il y avait en moi, dans ces années, un trop-plein de sensibilité et d’enthousiasme, un besoin d’admirer et de pousser à l’idéal chaque objet de mon culte, tellement qu’il n’aurait pas été inutile, pour continuer de paraître vrai, que l’objet disparût presque aussitôt, et moi-même peu après. […] C’est parce que j’ai senti ce besoin que je vous ai écrit le mot que voici, en vous priant de l’excuser pour l’intention, s’il avait le tort de vous déplaire.
Ce fut vous qui le pressâtes de vous donner une heure pour le lendemain ; vous fûtes étonné vous-même, mon cher duc, du peu de mots qu’il articula à cet envoyé, et de ce qu’il était comme un écolier qui a besoin de son précepteur. […] Ami de M. de Choiseul, ennemi du ministère d’Aiguillon et de la maîtresse favorite, il eût pu dire aux approches du danger, comme Saint-Simon à la nouvelle de la mort de Monseigneur : « La joie néanmoins perçoit à travers les réflexions momentanées de religion et d’humanité par lesquelles j’essayois de me rappeler. » A nos yeux comme aux siens, est-il besoin d’en avertir ?
Une pareille tactique avait l’avantage de réussir auprès de la masse, qui ressentait plus vivement que jamais le besoin du repos et du bien-être ; elle réussissait aussi auprès de quelques républicains sincères, comme Carnot, et de quelques têtes jeunes, ardentes et généreuses, comme Camille Jordan. […] S’il concluait la paix, il avait toujours consulté trop peu la dignité République, il avait sacrifié des alliés fidèles ; s’il poursuivait la guerre, il épuisait la France et méconnaissait les besoins du peuple.
La gêne et le besoin, une singulière facilité de caractère, une excessive prodigalité de vie et de conversation, la camaraderie encyclopédique et philosophique, tout cela soutira continuellement le plus métaphysicien et le plus artiste des génies de cette époque. […] Il y avait près de trois mois que j’en avais besoin.
Si l’enfant est fort en retard, il dit : « Maman m’a retenu ; elle avait besoin de moi. » Il crée un conflit de devoirs : ici apparaît une question générale. […] On n’a pas besoin d’être pour cela pédantesque, dogmatique, bec, ennuyeux.
Je soupçonne qu’il n’a pas eu besoin d’être prudent. […] Henri de Régnier ramasse dans l’histoire ou ailleurs n’importe quelle anecdote comme, sur le trottoir ou dans un café, une fille qui a besoin d’argent raccroche n’importe quel michet.
« Avec cette révélation probable de la parole parlée, ou de la langue innée, est née aussi la première littérature du genre humain, autrement dit l’expression de l’humanité par la parole ; c’est-à-dire encore le seul lien intellectuel possible entre les hommes, c’est-à-dire enfin cette société intellectuelle d’où devait découler et se perpétuer l’esprit humain. » …………………………………………………………………………………………………… L’homme est donc un être qui a besoin de s’exprimer au dedans et au dehors pour être un homme, et qui n’est un homme complet qu’en s’exprimant. […] Notre critique est la recherche et la contemplation du beau ; nous ne citerons que les belles choses : les mauvaises n’ont pas besoin d’être jetées à l’oubli, elles meurent d’elles-mêmes.
L’innocence qui est sans la moindre souillure n’a pas besoin d’ablution. […] Falconnet a-t-il eu besoin de graver au pied de son amitié, l’amitié ?
La critique, la critique qui dise d’où elle vient et où elle va, la critique qui se réclame d’un principe moral plus haut qu’elle, il n’y a pas plus de cette critique-là à la Revue des Deux Mondes, veuve de Gustave Planche, qu’à la Revue Contemporaine, qui n’a plus besoin de se chercher un Gustave Planche puisque la Revue des Deux Mondes a perdu le sien. […] La critique a besoin de plus de largeur, Pontmartin est de son époque.
Ampère, est un écrivain qui n’avait pas besoin, du reste, de s’en aller en Amérique pour en revenir avec un livre et se faire lire du public français. […] Pour notre compte, nous ne savions pas que la France eût besoin de chercher, en ce moment, une sève qui lui manque, et que toute notre vie d’État dût refluer dans le port de Marseille, parce qu’il est un des plus brillants entrepôts de commerce que nous ayons sur la Méditerranée.
Non, car Dieu nous a donné d’autres besoins que ceux de boire et de manger. Même dans notre humble condition, la beauté n’a-t-elle pas besoin de parure ? La jeunesse n’a-t-elle pas besoin de mouvement, de plaisir et de gaité ? […] … Maladroits défenseurs d’une cause qui n’a pas besoin d’être défendue ! […] On ne prend pas plus soin du superflu de l’un, que du besoin de l’autre !
Probablement quelque chose de très simple : que le feu a besoin d’air pour vivre ; que, privé d’air, le feu s’éteint. […] Le vainqueur n’en a pas besoin. […] Ce qui reste en vous d’insatisfait, c’est la sensibilité et non le besoin. […] Les éléments dont elle a besoin, si on ne les lui donne pas, elle les crée. […] L’intérêt de l’automobilisme, c’est qu’il répond très bien à des besoins particuliers et parfaitement déterminés.
Très peu éprouvent le besoin de se renouveler comme Flaubert. […] Ce besoin de renouvellement ne tourmente pas nos romanciers contemporains. […] Il n’avait même pas besoin d’aller si loin. […] Mais la plupart n’ont pas besoin de ce superflu. […] On n’a même pas besoin d’être orateur.
Ils font des constitutions idéales pour l’homme, en général, qui ne tiennent aucun compte des besoins des hommes pour lesquels ils travaillent en particulier. […] Ce perpétuel besoin de combattre et de vaincre n’était pas pour lui seulement une affaire de goût et de caractère, c’était un inconvénient de situation. […] Il faut bien que le médecin approprie les remèdes aux besoins et au tempérament du malade. […] Mon épître d’envoi, je me la rappelle encore, digne d’une jeune tête toute républicaine, portait l’empreinte de l’orgueil blessé par le besoin de recourir à un protecteur. […] Or, il semble qu’en suivant M. de Lamartine sur le golfe de Baïa, ou dans les grands bois jaunis par l’automne, l’époque sente descendre sur elle cette fraicheur et ce repos dont elle a besoin comme lui.
Il y souffrit d’une misère affreuse, connut le besoin, le froid, le désespoir, et même l’aumône ; resta jusqu’à cinq jours sans manger. […] Ai-je besoin de dire qu’il n’y met pas cette rigueur que nous y mettons pour le résumer, ni surtout cette suite ? […] Il avait bien besoin de cela ! […] Il avait besoin de sortir de lui, qui était tout tendresse, pour devenir énergique. […] Il répond au même besoin de l’esprit humain.
Je sais bien que le lecteur n’a pas grand besoin de savoir tout cela, mais j’ai besoin de le lui dire… (Livre I). […] On se chargeait de son avenir : mais un beau jour il décampe avec un camarade des rues (à près de dix-huit ans), repris par son besoin de vagabondage. […] mon Dieu, vous trouverez cela dans La Bruyère, et vous n’aurez pas besoin de le chercher longtemps dans Bossuet et dans Bourdaloue. […] Dieu sait pourtant s’il a besoin d’être défini ! […] Rien que pour vivre, pour rester ce qu’ils sont, ils ont besoin de l’ordre social et politique d’alors, et ils ont besoin de l’Église.
Et quel écrivain plus que La Bruyère a besoin d’être commenté par l’histoire ? […] Au besoin, il se laissait contredire, il supportait le blâme, il remerciait les conseillers sincères. […] Ils veulent être distraits, émus ; ils ont besoin de nouveauté, de singularité et de surprise. […] Chacune d’elles a ses instincts, ses besoins, ses armes, sa figure distincte. […] Il a besoin de l’enfer pour encourager ses saintes.