Sa mère, Catherine Daumart de son nom, était une femme d’une grande beauté, d’un esprit délicat et cultivé, centre d’une société choisie d’écrivains, de diplomates étrangers et de courtisans qui recherchaient dans son salon les charmes de sa figure et de son entretien. […] Mais rien ne motive cette rumeur du temps que ces chuchotements de salon qui sont les vengeances de l’envie contre l’esprit et la beauté des femmes célèbres. […] Il présenta le jeune Voltaire chez la vieille et célèbre Ninon de Lenclos, reste de beauté, de vice et d’esprit qu’un siècle transmettait à l’autre comme un scandaleux héritage. […] Il y avait alors à la Haye une femme de lettres et d’intrigues, madame Dunoyer, vivant de libelles et d’aventures ; cette femme avait plusieurs filles d’une extrême jeunesse et d’une naissante beauté. […] L’accueil enthousiaste qu’il reçut en passant à Lyon et la beauté des rives de la Saône et du Rhône le retinrent quelques semaines dans cette capitale du commerce français.
Elle est seulement plus récente, étant un art d’émotions affinées ; et elle a produit des œuvres d’une beauté moins parfaite. […] Si la Déesse, couronnant de roses sa noire chevelure retenue par une résille grecque sur une nuque que penche la volupté, croisant sur ses pieds d’albâtre les bandelettes purpurines de ses sandales, exerçant tous les pouvoirs et déployant tous les charmes renfermés sous ses paupières demi-closes et dans cette ceinture qui tantôt reluit, tantôt échappe aux yeux, avait pu sembler au Poète enivré la beauté même, la beauté absolue, inégalée et inégalable, la princesse Elisabeth devait ravir son âme par une beauté suprême et surprenante, qu’on eût dit descendre du haut de l’Empyrée, pour le disputer à celle qui, de l’insondable profondeur des îlots amers, était montée au séjour des hommes. Le duo entre Elisabeth et Tannhaeuser au second acte pourrait se comparer pour le sentiment et la beauté musicale, au duo d’Achille et d’Iphigénie dans Gluck.
La science s’offre à eux avec ses miracles toujours croissants et toujours nouveaux ; elle les invite, elle les tente même par ce qu’elle a d’inachevé, par ses efforts magnifiques, par ses vastes espoirs et ses promesses illimitées elle leur offre la perspective de la nature à conquérir en commun et sous une double forme : la loi qui fixe dans sa formule les rapports des choses, le vers qui en fait sentir l’harmonie et la beauté. […] « Le Brun tentait l’œuvre d’après Buffon ; Fontanes, dans sa première jeunesse, s’y essayait sérieusement, comme l’attestent deux fragments dont l’un surtout est d’une réelle beauté. […] Il n’a pas le droit de se reposer dans sa conquête, elle n’est qu’un point de départ ; chaque résultat acquis n’est à certains égards qu’un commencement. » C’est cette même pensée qui fait la beauté philosophique et l’éloquence singulière du dernier chapitre de son Introduction à l’étude de la médecine expérimentale. […] Il veut y corrompre d’avance tout germe vivant, éteindre à son aurore toute forme d’idéal qui pourrait éclairer ou consoler la planète maudite ; il imagine tous les supplices, la vie, qu’il rend plus sensible pour en faire une proie plus vulnérable à la douleur, l’amour, avec la mort pour en détruire toutes les joies, la Beauté souillée, la Vérité se montrant à l’homme pour l’égarer dans une vaine poursuite, la Liberté ignorante et profanée par ses propres œuvres. […] La Beauté n’a d’importance que parce que c’est à elle qu’a été confiée l’intégrité du moule de la race. — L’amour maternel n’est qu’un instinct de la chair et du sang dont la Nature a besoin pour faire vivre l’enfant, trop faible pour se nourrir lui-même.
Ils ont eu je ne sais quelles vagues lueurs sur la méthode de conversion des Jésuites, mais sans se douter seulement de la profondeur et de la beauté morale du procédé de ces Maîtres des Ames, en confession. […] Ni l’analyse, qui date de plus loin qu’eux, ni la nature, qui n’est pas le Naturalisme, ni l’étude, qu’on en faisait bien avant eux, ni même cette description dont ils sont seulement capables et dont ils ont l’enragement comme les eunuques ont l’enragement de leur impuissance, ni le roman « sans beauté imaginative » qui est le plus beau des romans pour M. de Goncourt, — car il y en a diablement de ces romans-là, dans le monde. […] c’est de montrer, au contraire, la technique de tout ; c’est d’arracher le voile d’or que l’imagination doit jeter sur le squelette des choses comme Dieu a jeté la beauté de la chair sur le squelette humain ! […] Mais l’âme de ces clowns, qui ont une âme, et qui, comme tous ceux qui en ont une, vont souffrir et mourir de leur âme, M. de Goncourt ne la montre point dans sa beauté, ne la creuse pas dans sa profondeur, ne la dramatise pas dans son action et dans sa destinée. […] C’eût été, après l’effet esthétique, la portée morale de ce roman de La Faustin s’il avait été un chef-d’œuvre, s’il avait été, sous la plume implacable du romancier, comme une tête de Méduse d’une beauté sublime, mais fatale et mortelle à tous les sentiments de la femme, et particulièrement à l’amour.
Par malheur pour ses Ouvrages, les beautés ne s’y rencontrent que par intervalles, & n’en rachetent point les défauts, raison décisive pour n’occuper qu’un rang médiocre.
Ces imitations sont suivies de quelques Odes sur les événemens les plus célebres du regne de Louis XV, où, parmi des beautés sublimes, on rencontre des négligences & même des défauts que l'Auteur auroit évités, s'il eût consulté des amis éclairés & séveres.
Un sentiment obscur du pouvoir de la beauté s’insinua jusque dans l’esprit des « gendarmes » ou des lansquenets ; l’Europe entière s’italianisa comme sans le savoir ; et c’est alors enfin que, repassant les monts avec les armées de Charles VIII, de Louis XII et de François Ier, le souffle de la Renaissance parut avoir détruit, en moins de cinquante ans, le peu qui survivait encore de la tradition du Moyen Âge. […] Ou, en d’autres termes encore, ayant retrouvé la nature et libéré l’individu, la Renaissance a compris que l’on ne pouvait remettre absolument au hasard le développement ni de l’un ni de l’autre, et elle a subordonné l’imitation de la nature, puis le développement de l’individu, à la réalisation de la beauté. Le premier de nos Français qui ait, un peu confusément, mais profondément, éprouvé ce sentiment nouveau, c’est un poète lyonnais, Maurice Scève, dans sa Délie, objet de plus haute vertu, poème symbolique, imité de Pétrarque, et dont la nuit obscure, si l’on ose ainsi parler, étincelle de beautés singulières. […] Mais quant à la forme, aucun livre n’est beau, dans sa sévérité monumentale, d’une beauté moins « esthétique », pour ainsi dire, ou plus logique que le sien. […] De quelques lacunes du roman de Rabelais. — Le mépris de la femme, et qu’à cet égard on n’est pas plus Gaulois que Rabelais. — Ce que l’on veut dire quand on dit qu’il n’a pas eu le sentiment de la beauté [Cf.
Et c’est encore en ces pages, nous semble-t-il, que le poète rend son plus profond hommage à la Beauté.
Sa beauté, son esprit, ses aventures l'ont rendue célebre.
Alors, trois hommes, d’une beauté céleste et vêtus de blanc, lui apparurent. […] Alors ils se répandirent dans l’île, en admirant la beauté des sites. […] Mais Pouvillon préfère les beautés plus humbles du paysage proche. […] Elle avait de la beauté et du savoir, mais nulle fortune. […] Oui, mais il y a dans ces scènes des beautés de tous les temps et de tous les lieux… Diable !
Dans la vie de Michel Jouffret cette heure matinale, cette aurore, d’abord assombrie et enfin rayonnante, n’est-elle pas d’une émouvante beauté ? […] Mais, dans Chateaubriand, lorsqu’on lit tout, comment ne pas être conquis par les beautés que l’on aima toujours, et peut-être encore plus par les nouveaux mérites qu’on découvre ? […] Il reproche encore au païen que fut Taine de rester insensible et, pour ainsi dire fermé, à la beauté idéale de l’art chrétien. […] Et nous touchons sans doute au seul défaut de cette critique si scrupuleuse et si soucieuse du vrai, du bien, de la beauté morale. Elle ne donne pas à la beauté sans épithète tout son prix.
Vous me verrez pénétré de certaines beautés vraiment extraordinaires que contient ce premier recueil de vos poèmes. […] mais non l’Idée scientifique qui est la négation même de la Beauté »… Après une discussion serrée, ils imposaient ce dilemme : « Ou l’idée sera vraie, probable et neuve, (belle surtout et par-dessus le marché) et ce sera une idée scientifique. […] René Ghil le vrai initiateur de la Poésie Scientifique et intellectuelle, et lui a permis de douer de vie, de beauté, d’émotion, les concepts réputés les plus arides. » Et, insistaient-ils, en ce livre et aux deux précédents, « une autre surprise de M. […] Dites-vous qu’en créant de la Beauté ou en étant sur la voie d’une découverte d’ordre de science, nous ne travaillons pas pour la société, pour l’Humanité ? […] De cette Etude nous saurons mieux encore en quoi a été un achèvement en prestigieuse Beauté, le Symbolisme.
Esquiros tend à inspirer par ses vers l’amour et la fréquentation des beautés naturelles du monde, telles que les varie le cours harmonieux des saisons ; c’est là une prédication aussi haute que morale… On doit à M.
Colardeau auroit continué sans doute de joindre au mérite d’une versification heureuse, la chaleur du sentiment, l’énergie des pensées, & la beauté des images.
Quand il en vient au style, il frappe encore plus au hasard et souligne quelques-uns des vers que nous citions précisément à titre de beauté. […] Mais combien ce défaut peu évitable est racheté par des beautés de premier ordre ! […] Les beautés mâles et chastes qui marquent son second chant sur Sparte et Léonidas, les beautés mythologiques, mystiques et magnifiquement religieuses du huitième chant, sur l’initiation de Thémistocle aux fêtes d’Éleusis, se seraient reproduites et variées en plus d’un endroit. […] IL en faut dire autant de l’ode : Où vas-tu, jeune Beauté ? […] Fontanes aimait à la réciter aux nouvelles mariées, lorsqu’elles se hasardaient à lui demander des vers : Où vas-tu, jeune Beauté ?
On n’a jamais vu de cœur si palpitant au contact de la beauté et de toute beauté, si ravi de la fraîcheur et de l’éclat des choses, si âpre et si ému dans l’adoration et la jouissance, si violemment et si entièrement précipité jusqu’au fond de la volupté. […] — Le voile de la beauté couvre toutes tes souillures, — et change en charmes tout ce que les yeux peuvent voir. […] pauvre Roméo, dit Mercutio, il est déjà mort, poignardé par l’œil noir d’une blanche beauté ! […] La beauté ! […] La beauté n’est qu’un moyen de prostituer l’innocence. « Va-t’en dans un cloître.
La Bruyère et Fénelon parurent et achevèrent, par des grâces imprévues, la beauté d’un tableau qui se calmait sensiblement et auquel il devenait d’autant plus difficile de rien ajouter. […] « L’on peut être touché de certaines beautés si parfaites et d’un mérite si éclatant, que l’on se borne à les voir et à leur parler146. » Il y a moyen, avec un peu de complaisance, de reconstruire et de rêver plus d’une sorte de vie cachée pour La Bruyère, d’après quelques-unes de ses pensées qui recèlent toute une destinée, et, comme il semble, tout un roman enseveli. […] On a remarqué souvent combien la beauté humaine de son cœur se déclare énergiquement à travers la science inexorable de son esprit : « Il faut des saisies de terre, des enlèvements de meubles, des prisons et des supplices, je l’avoue ; mais, justice, lois et besoins à part, ce m’est une chose toujours nouvelle de contempler avec quelle férocité les hommes traitent les autres hommes. » Que de réformes, poursuivies depuis lors et non encore menées à fin, contient cette parole ! […] Il était religieux, et d’un spiritualisme fermement raisonné, comme en fait foi son chapitre des Esprits forts ; qui, venu le dernier, répond tout ensemble à une beauté secrète de composition, à une précaution ménagée d’avance contre des attaques qui n’ont pas manqué, et à une conviction profonde.
* * * Le meilleur argument des partisans de l’enseignement « moderne » était celui-ci : « Certes, nous allons mettre au jour une France de barbares, nous allons nous dépouiller de tout ce qui, depuis des siècles, constituait notre prestige, notre charme et notre beauté dans le monde, nous n’aurons plus la grâce, ni la politesse de l’esprit, — mais quoi ! […] Depuis plusieurs années, j’étais frappé de l’absence presque totale de culture chez un grand nombre de jeunes gens, de l’indifférence de ces derniers pour les beautés de notre littérature et de leur méconnaissance du bon langage. […] Ils prennent l’impression pour la beauté définitive, préfèrent l’abondance au choix, la vivacité des sensations à la sûreté du goût. […] S’inquiétant des mêmes soucis qui agitent les esprits actuels, Sainte-Beuve disait notamment : « Ne pas avoir le sentiment des Lettres, cela, chez les anciens, voulait dire ne pas avoir le sentiment de la vertu, de la gloire, de la beauté, en un mot de tout ce qu’il y a de véritablement divin sur la terre : que ce soit là encore notre symbole.
» C’est la Renaissance qui dicte à Rabelais, encore tout ému de la lecture de Platon, ces belles paroles qu’il prête à Gargantua écrivant à son fils59, les premières peut-être qui aient été exprimées dans le grand style français, les premières beautés universelles de notre littérature : « Non doncques sans juste et équitable cause je rendz grâces à Dieu, mon conservateur, de ce qu’il m’ha donné pouvoir veoir mon anticquité chenue refleurir en ta jeunesse. […] C’est cette part de l’utile et du plaisant, là où le plaisant n’est que l’assaisonnement de l’utile, qui fait la beauté durable de l’ouvrage de Rabelais. […] Le premier langage qu’elles parlent est magnifique ; on sent bien, à la beauté des formes, à la généralité des expressions, que notre langue est devenue celle de l’esprit humain. […] Le premier de nos grands écrivains, il représente en l’étendant l’esprit de son pays, et il enrichit la langue nationale des beautés de la sienne.
Descartes admire dans les lettres de Balzac précisément ce qui en faisait la nouveauté : l’accord et le tempérament de toutes les parties, la composition, la proportion, et cette harmonie de l’ensemble, qu’il compare à la beauté dans une femme parfaitement belle. […] Malherbe et Balzac sont dignes d’admiration, pour avoir formé la foule, et l’avoir comme préparée, celui-ci, aux sublimes beautés de Corneille ; celui-là, à des écrits en prose plus substantiels et plus décisifs que les siens, par exemple ceux de Descartes. […] Et plus haut : Rome, qui fut si glorieuse Au temps de sa grande beauté, N’eut jamais tant de majesté Dans sa parole impérieuse7. […] La douceur et la majesté Y disputent de la beauté.
» * * * — Raphaël a créé le type classique de la vierge par la perfection de la beauté vulgaire, — par le contraire absolu de la beauté, que le Vinci chercha dans l’exquisité du type et la rareté de l’expression. Il lui a attribué un caractère de sérénité tout humaine, une espèce de beauté ronde, une santé presque junonienne. […] De Cimabué à la Renaissance, les yeux vont de maître en maître en s’éloignant du nez, quittent le caractère du rapprochement byzantin, regagnent les tempes, et finissent par revenir chez le Corrège et chez André del Sarte à la place où les mettaient l’Art et la Beauté antique.
C’est que, bons ou mauvais, ils ont une vertu romanesque indéniable : une tête empanachée ; le droit d’avoir des rêves comme le commun des hommes et, plus que d’autres, le pouvoir de les suivre ; une cour où l’imagination peut impunément loger l’invraisemblable, réunir toutes les beautés à toutes les perfidies, tous les caprices, tous les crimes, tous les luxes, toutes les grandiloquences et toutes les idées même, sans que la conscience du lecteur, enfantine à jamais devant l’image d’un roi, s’en émeuve et proteste. […] L’usine tombe en ruine ou se transforme ; les procédés du travail industriel se renouvellent incessamment ; les professions perdent leur physionomie ; l’aspect d’une ville, après vingt ans, est à peine reconnaissable, tandis que les champs, les bois, les fleuves, le ciel, tout ce que la vie paysanne remplit et pénètre est fait d’une beauté qui demeure et qui survit à une multitude de générations. […] On ne sacrifie pas, pour un entraînement d’imagination, sa jeunesse, sa beauté, sa joie et sa vie ; on ne s’enferme pas dans un couvent avec les rebuts de la rue ; on ne vit pas quarante ans chaste, pauvre, sans autre volonté que celle d’obéir, parce qu’on a le goût du blanc, des fleurs artificielles et du silence, parce qu’on aime à respirer l’odeur d’un grain d’encens. […] Il voit, avec une netteté qui ne laisse rien dans l’ombre, toute l’œuvre dont il n’a pas tracé une ligne, il l’aperçoit achevée, avec les portraits, les dialogues, les paysages, avec la beauté de rêve qu’il espère traduire.
Arlequin revient, surprend sa femme admirant la beauté du jeune homme représenté dans le portrait, et le lui enlève. […] L’action. — Moins vive que dans les autres chefs-d’œuvre de Molière, le nœud moins serré, les incidents moins multipliés ; mais en revanche, combien d’autres beautés ! […] ne figurerait-elle pas, sans rien perdre de sa beauté, dans toutes les pièces où il y a deux amants ? […] Voilà quelques légères taches ; mais rachetées par mille beautés, et d’un genre à mériter que Voltaire ne rangeât pas l’ouvrage au rang des pièces seulement plaisantes. […] Beautés à distinguer.