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763. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Antoinette, elle, n’est qu’une femme du monde qui est restée parfaitement tranquille et heureuse dans l’immaculé manteau d’hermine de son écusson, tout le temps qu’elle a été jeune et belle, mais qui, précisément, le jour où sa beauté décline, sent l’amour monter dans son cœur. […] Paul Deltuf a la légèreté, cette faculté qui donne des ailes à tout, cette faculté-femme que les lourdauds appellent « la Frivolité », en croyant que c’est une malice, et qui lui fait dire si joliment et si naturellement dans sa Confession d’Antoinette : « Je ne demandais plus rien à la vie que ce dernier hommage rendu à la beauté dont j’avais été si fière, que cette dernière caresse à mon péché mignon, la vanité, mais je les voulais, il me les fallait, après quoi je ne songerais plus qu’à tricoter pour mes petits-enfants ! 

764. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

En se servant de la plus belle langue de l’univers, Platon ajouta encore à sa beauté : il semble qu’il eût contemplé et vu de près cette beauté éternelle dont il parle sans cesse, et que, par une méditation profonde, il l’eût transportée dans ses écrits.

765. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre IV. De la méthode » pp. 81-92

Le critérium dont elle se sert (axiome 13), est celui que la providence divine a enseigné également à toutes les nations, savoir : le sens commun du genre humain, déterminé par la convenance nécessaire des choses humaines elles-mêmes (convenance qui fait toute la beauté du monde social). […] C’est en cela qu’Horace fait consister toute la beauté de l’ordre : Ordinis hæc virtus erit et Venus, aut ego fallor, Ut jam nunc dicat, jam nunc debentia dici Pleraque differat, et præsens in tempus omittat.

766. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

La beauté des arts, la grâce de la vie raffinée et sensuelle n’avaient point de prise sur lui ; ce sont les mœurs qu’il jugeait, et il ne les jugeait qu’avec sa conscience. […] Nulle culture ici, nulle philosophie, nul sentiment de la beauté harmonieuse et païenne. […] Sarah Blackbury le trouvant prisonnier, le prit par la main, et lui dit : « Lève-toi, mon amour, ma colombe, ma beauté, et viens-t’en. […] Cela me confondit par le sentiment de mon ignorance, parce que jamais pensée n’était venue auparavant dans mon cœur qui me montrât si bien la beauté de Jésus-Christ. […] Et ceux-ci leur disaient que sa gloire et sa beauté étaient inexprimables.

767. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Meunier, Alexandre (18..-19.. ; auteur dramatique) »

Maurice Magre Ghislaine est un drame cruel et sombre dont les situations sont empreintes parfois de tragiques beautés.

768. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Le théâtre de Voltaire et celui de Corneille ont leurs scènes choisies, leurs beautés séparables : le théâtre de Racine n’en a point. […] Et pour que nous y puissions mettre une foule de choses, il est bon que ces grandes oeuvres ne soient pas d’une beauté trop claire. […] Pascal et André Chénier montrent assez, au contraire, la beauté romantique des monuments interrompus : Pendent opéra interrupta. […] Voilà pourquoi il n’y a rien de plus délicieux que les pensées suivantes de Joubert et de Doudan : Il serait singulier, écrit Joubert, que le style ne fût beau que lorsqu’il a quelque obscurité, c’est-à-dire quelques nuages, et peut-être cela est vrai… Il est certain que le beau a toujours à la fois quelque beauté visible et quelque beauté cachée. […] Heureux ceux auxquels leur nature enthousiaste fait sentir la beauté des chefs-d’œuvre avant que la science la leur ait expliquée !

769. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Il a une sorte d’optimisme morne et stupide qui n’est ni sans grandeur, ni sans beauté, l’optimisme animal. […] Et vous voulez que je vous achète vos cailloux au prix de mes rêves de beauté et de vertu ? […] Et c’est sa beauté. […] Renan, qui croit fermement à la beauté morale et à la vérité scientifique. […] Mais il eut à ce prix l’illusion de la beauté.

770. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Alby, Jules »

Jules Alby… Le tout est sainement réaliste, d’une beauté bien portante, solide et nouvelle, avec des âpretés et de soudaines violences.

771. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

De son côté Kriemhilt recherche les occasions de l’apercevoir, prévenue par le bruit de ses exploits et de sa merveilleuse beauté. […] Alors il vit la vierge marcher en sa beauté. […] Il faut tout tenter pour sa beauté démesurée. […] L’entrevue est émouvante, le roi Etzel est ravi de la beauté de sa fiancée. […] Kriemhilt y trouva sept filles de rois, dont la beauté ornait les États d’Etzel.

772. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Cette conque superbe nous redira en échos de libre Beauté les murmures, les rumeurs et les clameurs et la vie du Rhône. […] Mais j’ai, pour mon compte, tant de cheveux, qu’ils seraient un vain ornement à ma beauté naturelle, si je ne me passais un peu la main dedans. […] Le vers parnassien a sa beauté très noble et presque toujours très pure. […] Le vers libre ne manque pas, à la vérité, de certaines beautés ; il n’est pourtant pas, à proprement parler, le vers lui-même. […] Tout est beauté !

773. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Billaud, Victor (1852-1936) »

Victor Billaud ont été inspirées par les beautés naturelles ou les coutumes pittoresques de son pays natal et révèlent une rare délicatesse de goût et de sentiment.

774. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

La critique en reviendrait-elle au temps où elle n’appréciait qu’un genre de beauté ? […] En ce genre comme en tout autre il est pour la beauté austère. […] Véritable Grec par métempsycose, il prend pour guide dans la vie l’amour de la beauté ! […] Or c’est un poète idéaliste, un adorateur de la beauté grecque, un parnassien. […] Reconnaissez-vous à tous ces traits l’ami de la beauté sobre, telle que la Grèce ancienne l’a conçue et réalisée ?

775. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Court, Jean (1867-1933) »

Charles Morice Le très jeune homme qui a fait ces vers (Les Trêves) est un poète, et je saine avec joie cette allégorie ancienne de l’art comparé à un temple, qui resterait une « allégorie ancienne » si elle n’avait été inspirée au poète par le pressentiment de la grande réalité religieuse et moderne de la beauté en soi.

776. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 403

Il est fâcheux que l’éloquence ne se déploie souvent qu’aux dépens de la vérité ; il est fâcheux encore qu’un Traducteur exact n’ait pas toujours le talent de faire ressortir les beautés de son original.

777. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Lasseur de Ranzay, Louis (1856-1918) »

José-Maria de Heredia Dans le volume intitulé : Les Alouettes, de nobles inspirations, des vers d’une langue élégante et colorée, d’une facture solide, nous font très favorablement augurer de ce poète qui, après de si illustres devanciers, a tenté de trouver des formes nouvelles pour dire le charme de l’amour, la mélancolie du passé et la beauté des choses.

778. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Le galant Benserade étoit un des principaux admirateurs de sa beauté & de son esprit.

779. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Replié sur lui-même par la tristesse et la rudesse de son climat, il a découvert la beauté morale pendant que les autres découvraient la beauté sensible. […] N’est-il pas étrange de les voir mettre le bonheur dans les batailles et la beauté dans la mort ? […] La force de l’impression intérieure qui, ne sachant pas s’épancher, se concentre et se double en s’accumulant, l’aspérité de l’expression extérieure, qui, asservie à l’énergie et aux secousses du sentiment intime, ne travaille qu’à le manifester intact et fruste en dépit et aux dépens de toute règle et de toute beauté, voilà les traits marquants de cette poésie, et ce seront aussi les traits marquants de la poésie qui suivra. […] La splendeur de l’univers, la beauté du firmament, la grâce de la nature, la gloire du jour, le distributeur des heures. —  Qu’est ce que la mer ? […] Parmi ses bois, ses boues et ses neiges, sous son ciel inclément et triste, dans sa longue barbarie, les instincts rudes ont pris l’empire ; le Germain n’a point acquis l’humeur joyeuse, la facilité expansive, le sentiment de la beauté harmonieuse ; son grand corps flegmatique est resté farouche et roide, vorace et brutal ; son esprit inculte et tout d’une pièce est demeuré enclin à la sauvagerie et rétif à la culture.

780. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

La bonne température de leur climat et la sobriété dans laquelle on les élève ne contribuent pas peu à leur beauté corporelle. […] Voici un exemple de ces aventures: Le fils de la reine d’Imirette vivait retiré, sous la protection du pacha turc, mais ce jeune homme se souvenait de la beauté merveilleuse de la princesse caucasienne, fille de la reine, qu’il avait vue dans son enfance. […] En même temps, elle envoya au roi un présent de beaucoup d’or et d’argent, et de quatre jeunes demoiselles d’une extraordinaire beauté. […] Un seigneur géorgien avait fait savoir au roi qu’il avait une nièce d’une extraordinaire beauté. […] Cela tient du galimatias en notre langue ; mais dans les langues orientales, cela a sa beauté et ses grâces.

781. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

C’est donc une des suprêmes beautés du drame que le grotesque. […] — Que de beautés pourtant nous coûtent les gens de goût, depuis Scudéry jusqu’à La Harpe ! […] On quittera, et c’est M. de Chateaubriand qui parle ici, la critique mesquine des défauts pour la grande et féconde critique des beautés. […] Telle tâche peut n’être que la conséquence indivisible de telle beauté. […] Il ignore cet art de souder une beauté à la place d’une tache, et il n’a jamais pu rappeler l’inspiration sur une œuvre refroidie.

782. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Ternisien, Victor »

Ces chants ne sont pas candides, ils sont pleins, ils sont savants, ils disent tout, ils sont gros de tout ; ces vers et cette prose sont lourds, électriquement, de tout ce qui fait l’humanité et de la divinité ; de la gravité et du rêve est née, voici longtemps et pour être immortelle, la Beauté.

783. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Restons Athéniens, aimons la beauté, c’est encore le meilleur moyen d’être grands. […] Vénus, étant la beauté, est la bonté. […] Et les sentiments ont de la noblesse, de la force, de la beauté, de la sublimité même. […] L’œuvre est toute pleine de beautés tragiques, mais un peu éparse et diffuse. […] Beauté fine et délicate.

784. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Forget, Jules (1859-19..) »

Jules Forget (En plein bois) ont une aimable saveur forestière, et c’est sincèrement qu’il s’écrie : Vous êtes, ô forêts vertes, la beauté même !

785. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Reboux, Paul (1877-1963) »

Elles ont, dans leur fraîcheur juvénile, mieux et plus que la beauté du diable qui, comme on le sait, passe très vite.

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