On ouvre et l’on voit aussitôt : « l’abeille diligente butiner sur les fleurs — voltiger de fleur en fleur — errer dans la plaine fleurie — ravir le miel que renferme la fleur — dormir sur le sein d’une rose — charger son vol léger du suc des fleurs — piller le thym et le serpolet — se rouler dans le calice des fleurs », et cela, comme le dit si bien l’auteur ingénu, « selon toutes les délicatesses de l’élocution la plus recherchée ». […] L’éducation, telle qu’elle est pratiquée depuis trois siècles sans modifications sérieuses, développe particulièrement le goût de la phrase toute faite ; et il importe peu qu’elle soit latine ou seulement française, puisque les auteurs français dont on « orne la mémoire » des enfants sont des succédanés des auteurs latins et leurs meilleurs traducteurs. […] Comme il y a toujours eu des écrivains privés de la mémoire visuelle, et que la mémoire verbale est un des signes les plus apparents de la vocation littéraire, l’usage des phrases toutes faites se retrouve à toutes les époques ; tout auteur célèbre traîne après lui un cortège équivoque qui répète ses mots et ses gestes. […] L’oubli serait préférable si l’admiration ne laissait du moins surnager, après le naufrage, deux mots : le nom de l’auteur ; le titre du livre. […] Hors de l’art, c’est-à-dire dans les œuvres qui n’ont plus pour but la transposition de la vie en écritures, en formes, en sonorités ; dans les œuvres abstraites ou dans celles où l’auteur doit s’astreindre à l’exactitude historique221, le style se passe de cette nouveauté sans laquelle un poème, par exemple, est inexcusable : un poème, un roman ou toute fiction, car en littérature il n’y a que des poèmes.
Par réaction contre les pastiches, contre la pâle littérature des auteurs officiels, la jeunesse symboliste brisa les barrières, voulut aérer le palais des Muses. […] Gaston Boissier, constate que « plus personne ne se contente de son métier et ne peut s’empêcher d’empiéter sur celui des autres » il ne fait que confirmer la réalisation des craintes soulevées, cinquante ans plus tôt, par l’auteur de l’Histoire de la Révolution. […] Avec plus de fougue que de mesure, avec plus d’enthousiasme que de sens critique, l’auteur du Sang des races, glorifiait le culte de la Tradition, de la terre et des morts, l’Âme, la Race, l’Épée. […] La comparaison n’est pas flatteuse pour l’auteur de Madame Bovary, M. de Boufflers nous montre comment écrivait « un honnête homme ». […] Maurice Le Blond, qui cite ici M. de Bouhélier en exemple, admirait trop les premiers essais de cet auteur, il y admirait même des inexactitudes et des ignorances invraisemblables qu’on a relevées souvent.
Pour le dénouement, un peu violent, j’avais besoin de situer l’auteur de l’Hérésiarque parmi les parentés Israélites du très catholique romancierp. […] Au Lapin agile où discutent Paul Bourget et les deux duchesses survient Apollinaire, qui se présente comme « l’auteur des Mamelles de Tirésias ». […] Elle est également l’auteur de deux drames. […] L’auteur en est l’aviateur Fedele Azari (et non Arari) (1898-1930). […] Luciano Folgore (1888-1966), poète et auteur dramatique, a collaboré aux revues La Voce et Lacerba.
Le style naturel et simple, dit Pascal, nous enchante avec raison ; car on s’attendait à un auteur, et on trouve un homme. […] Cette recherche nous fait sentir que l’auteur s’est occupé de lui, et a voulu nous en occuper ; et dès lors il a d’autant moins de droit à notre suffrage, que nous raccordons toujours le plus tard et le moins qu’il nous est possible. […] Chez les auteurs médiocres, l’expression est, pour ainsi dire, toujours à côté de l’idée ; leur lecture fait aux bons esprits le même genre de peine que ferait à des oreilles délicates un chanteur dont la voix serait entre le faux et le juste. […] Peut-on rien lire de plus ridicule que le commentaire de Despréaux sur la première ode de cet auteur, et ses efforts pour travestir en sublime le mélange bizarre que le poète grec fait dans la même strophe, de l’eau, de l’or, et du soleil avec les jeux olympiques ? […] Mais les défauts des grands écrivains sont tout ce que les auteurs médiocres en imitent.
Car, puisque les grandes questions étaient délaissées et qu’on voulait à tout prix les amusettes de la biographie, puisqu’on voulait regarder comment grimaçaient les flancs de cette Coupe de colère creusée assez profond par le Tout-puissant Potier pour que celle qu’il y versait couvrît et submergeât le monde, pourquoi l’auteur d’Attila n’a-t-il pas insisté sur ses vices ? […] Il faut être juste pour tous deux, et la justice, je crois, est d’abaisser de quelques degrés le niveau de l’un et d’élever d’autant le niveau de l’autre, par conséquent de les rapprocher, ces frères, qui ne s’en plaindront pas, mais de les rapprocher sans effacer la distance qui doit exister cependant entre l’auteur des Récits mérovingiens et celui des Récits de l’histoire romaine ! […] J’y vois aussi la même hauteur relative dans les jugements généraux, les mêmes tendances politiques, la même gravité, et s’il y a une différence de fond entre ces deux intelligences dont l’effigie si ressemblante qu’elle soit n’a pourtant pas été frappée d’un seul et même coup de balancier, elle serait toute à l’avantage de l’auteur des Récits de l’histoire romaine qui a le sentiment chrétien que son frère ne connaissait pas. […] Où l’auteur des Récits mérovingiens éteint sa couleur, l’auteur des Récits d’histoire romaine n’en met point, parce qu’en réalité il n’en a pas. […] à plusieurs années de distance, l’auteur des Récits encourt le même reproche.
Ce qui fait le mérite extraordinaire de l’auteur de ces poésies, c’est la longueur de chacune de celles dans lesquelles l’expression est arrivée à épuiser son dernier effort et à dévoiler son dernier mystère. […] Mais pour l’auteur des Colifichets, ce vainqueur de difficultés, la difficulté qu’il aime à vaincre, il lui communique une ampleur immense, et il la décuple de cette ampleur. […] L’auteur des Colifichets, toujours à outrance, toujours aussi mors aux dents et cheval échappé que dans sa jeunesse, a rasé le bord du précipice, et même s’y est penché, car il a, ma foi ! […] L’auteur de ces Colifichets, qui a cravaté son recueil de cette fière et belle épigraphe : Tout est le droit du peintre et du poète ! […] L’auteur des Colifichets est poète sous les deux espèces, et on le sent en maint endroit de ces poésies physiques où ce Rubens du rythme violenté n’a pas emporté et étouffé dans ses étreintes l’âme du Rêveur divin que je préfère à tous les Rubens !
Boileau, [Jacques] Docteur de Sorbonne, frere du précédent, de l’Académie Françoise, né à Paris en 1635, mort dans la même ville en 1716, ne mérite pas ce qu’en a dit l’Auteur des Querelles Littéraires, qui l’appelle un Esprit bizarre qui n’a rien donné que de bizarre. l’Abbé Boileau est Auteur de plusieurs Ouvrages, soit en Latin, soit en François, qui annoncent un homme savant & de beaucoup d’esprit.
On eût pu d’abord être tenté de croire que ce nom, placé à la tête de la premiere Edition de l’Histoire du Siecle de Louis XIV, étoit un de ces noms de guerre dont M. de Voltaire avoit coutume de parer le frontispice de ses Ouvrages ; mais il est très-assuré qu’il est celui d’un Auteur existant. […] Si cet Auteur est mort pour son compte, il vivra du moins à la faveur d’une Production étrangere, & son nom pourra figurer parmi ceux des Editeurs faciles & indulgens à l’égard des Ouvrages qu’ils donnent au Public.
Paul Mariéton Une âme charmante, ingénieuse aussi, palpite dans les vers pleins de franchise et de simplicité qui composent ce livre (Au bord de la vie) portant un titre donné à l’auteur par Joséphin Soulary, dont le nom est inscrit au premier feuillet comme une invocation tutélaire au fronton d’un petit temple grec. On peut dire qu’un frais atticisme est répandu sur toutes les pièces du recueil, parfois éloquentes de l’accent convaincu d’idéal des œuvres saines de la jeunesse, parfois délicieuses et fraîches comme une première rosée de mai ; c’est à ces dernières qu’il faut demander le secret de la personnalité de l’auteur.
Rollin, où il prétend prouver que cet Ecrivain célebre n’entendoit pas assez bien les Auteurs Grecs, d’après lesquels il a composé une partie de son Histoire ancienne. […] Il mérite en cela plus d’indulgence qu’un grand nombre de nos Auteurs, qui montrent plus de prétentions sur cet article, sans avoir fait des études aussi constantes & aussi digérées que les siennes.
On a de lui d’agréables bagatelles, qui marquent un Auteur plein de goût, & ennemi du mauvais. […] On en a donné depuis peu une nouvelle édition, à laquelle l’Auteur a ajouté une Epître dédicatoire à Mademoiselle D.
Il a donné de nouvelles éditions de plusieurs bons Auteurs modernes, auxquelles il a joint des notes & des réflexions. […] Cette fureur de grossir indiscrétement les volumes, sous prétexte de les enrichir, est commune à presque tous les Editeurs ; & cependant point de moyen plus sûr de nuire au goût & à la gloire des Auteurs.
De plus de trente Ouvrages que nous avons de cet Auteur, on ne connoît guere que son Supplément au Dictionnaire de Moréri, & sa Bibliotheque Françoise. […] Cet Auteur a trop paru oublier que ces deux qualités lui manquoient.
Il revint à Paris, résolu d’y embrasser la profession toute libre d’auteur et de bel esprit. […] Primitivement et dans la pensée de l’auteur, il avait dû l’être au cardinal de Richelieu. […] On remarquera, en passant, cette signature Du Mézeray ; l’auteur signait ainsi en effet sa grande Histoire. […] L’auteur se forme sensiblement à mesure qu’il les écrit : la fin du tome premier, à partir de Philippe le Bel et surtout de Charles V et Charles VI, devient fort nourrie et fort pleine ; le second volume, qui commence à Charles VII et qui finit avec Charles IX, est constamment soutenu ; le troisième, qui comprend le seul règne de Henri III et celui de Henri IV jusqu’à la paix de Vervins, est excellent. […] Frantin, auteur des Annales du Moyen Âge et d’une édition des Pensées de Pascal, la meilleure qu’on eût faite avant la restitution du texte.
Au moment où le Génie du christianisme parut, Ginguené, qui rendit compte du livre dans La Décade, marqua dès le début de ses articles qu’il ne se tenait point pour satisfait de l’explication vague et générale que l’auteur donnait de sa conversion : il semblait même dénoncer quelque inexactitude dans le récit, et, sans trahir le secret de conversations confidentielles qu’il avait eues avec Chateaubriand, il y faisait allusion de manière à inspirer des doutes au lecteur. […] Sans doute il y avait des contradictions dans l’Essai, et ces contradictions pouvaient être une porte entrouverte pour que l’auteur remontât par là jusqu’à la lumière, comme cela est arrivé ; sans doute il se séparait, jusque dans son incrédulité, des encyclopédistes et des philosophes proprement dits, jaloux d’établir leur domination sur les esprits, puisqu’il leur disait : Vous renversez la religion de votre pays, vous plongez le peuple dans l’impiété, et vous ne proposez aucun autre palladium de la morale. […] Leur divin auteur ne s’arrête point à prêcher vainement les infortunés, il fait plus : il bénit leurs larmes, et boit avec eux le calice jusqu’à la lie. […] Je dis : « Un peuple est parvenu au moment de sa dissolution, etc. » Il cite en cet endroit tout un morceau de son livre ; il pourrait être curieux de comparer cette première version avec le texte imprimé dans le Génie du christianisme (4e partie, livre II, au chapitre des « Tombeaux chrétiens ») : on y verrait au net de quel genre de conseils et de corrections l’auteur fut redevable à ses amis de Paris ; mais cela nous détournerait de notre but. […] L’auteur du Génie du christianisme nous a dit vrai, suffisamment vrai dans sa préface, et ce livre a été entrepris en effet et en partie exécuté sous le genre d’inspiration qu’il exprime et qu’il tend à consacrer.
La comédie essaya bien de se mettre d’accord avec cette disposition des esprits ; mais la difficulté de représenter matériellement les formes de la vie, lieux, meubles, costumes, toutes ces choses où les mœurs générales et les tempéraments individuels mettent leur empreinte, paralysait l’effort des auteurs, dans l’état où était encore l’art de la mise en scène ; et tout le siècle s’écoule sans arriver à créer la pièce réaliste. […] Il est visible que l’auteur, depuis onze ans, a pris une meilleure idée du personnel qui gouverne. […] Si Gil Blas a tant d’équilibre et de ressort, c’est qu’une fois l’aventure achevée, heureuse ou malheureuse, l’auteur a hâte de l’engager dans une autre. […] Mais la satire de Lesage est pittoresque ; elle est une peinture des hommes et de la vie ; et c’est par là que Lesage est au xviiie siècle le véritable héritier de Molière et de La Bruyère, à l’exclusion de tous ces auteurs de comédies qui ne savent que diriger des épigrammes pincées contre les mœurs sans les représenter au vif. […] On ne sent pas une réserve de l’auteur sur ces moyens de parvenir.
Il nous montre un de ses interlocuteurs, l’avocat orateur Antoine, qui se pique peu de littérature grecque, discourant toutefois à merveille des historiens de cette nation, et les ayant lus plus qu’on ne croirait : Si je lis quelquefois ces auteurs et d’autres de la même nation, dit Antoine, ce n’est pas en vue d’en tirer quelque profit par rapport à l’éloquence, c’est pour mon agrément quand je suis de loisir. […] Mérimée historien sans dire au moins un mot de lui comme romancier et auteur de nouvelles. […] Dans Le Vase étrusque, l’auteur s’est plu à retrouver des passions fortes et à les dessiner en quelques traits jusque sous notre civilisation élégante ; plus habituellement, il s’est attaché à les découvrir ou à les créer hors du cadre des salons, et, se détournant des caractères effacés qu’on y rencontre, il s’est mis en quête des natures primitives appartenant à un état de société antérieur, et qui sont comme égarées dans le nôtre. […] L’histoire de l’abbé Prévost commence déjà elle-même à ne plus être de notre temps ni de notre civilisation ; on passe encore sur le manque de cœur de Manon, mais il est difficile de pardonner l’avilissement du chevalier, et il faut le parfait naturel de l’auteur pour nous amener à l’émotion à travers les scènes dégradantes où il nous conduit. […] ne soyez dupes de mon brigand et de ma bohémienne qu’autant que vous le voudrez. » Après s’être si fort avancé en fait de couleur locale primitive, l’auteur, à son tour, ne veut pas qu’on le croie plus dupe qu’il ne faut.
Elle jouit de ces charmants tableaux encore plus qu’elle ne songe à les mesurer ou à les classer ; elle en aime l’auteur, elle le reconnaît pour celui qui a le plus reproduit en lui et dans sa poésie toute réelle les traits de la race et du génie de nos pères ; et, si un critique plus hardi que Voltaire vient à dire : « Notre véritable Homère, l’Homère des Français, qui le croirait ? […] Une ode de Malherbe qu’il entendit réciter lui révéla, dit-on, son talent poétique ; il lut nos vieux auteurs, il exprima le suc de Rabelais, il emprunta de Marot son tour, il aima dans Racan un maître ou plutôt un frère en rêverie, et y apprit les élévations de pensée mêlées aux nonchalances. […] Il avait lu çà et là tous ces apologues et toutes ces fables dans les livres de seconde main où les sujets avaient passé, dans les auteurs du xvie siècle, chez les Italiens ou ailleurs ; car il en lisait de tous bords. […] Ce Phèdre que d’habiles gens ne veulent nullement reconnaître pour être du siècle d’Auguste, mais qui est classique du moins par son exacte pratique du genre conçu dans toute sa simplicité et son élégance, est un auteur qu’il est permis de ne pas rouvrir quand on a une fois fini sa quatrième. […] Qu’on veuille bien se retracer avec netteté la différence des deux races : d’une part, nos vieux Gaulois, nos auteurs de contes et de fabliaux, Villon, Rabelais, Régnier, et tous ceux, plus ou moins connus, dont l’esprit vient se résumer et se personnifier en La Fontaine comme en un héritier qui les couronne et les rajeunit, si bien qu’on le peut définir le dernier et le plus grand des vieux poètes français, l’Homère en qui ils s’assemblent une dernière fois librement, et se confondent.
De tous les Auteurs qui ont écrit sur la Théologie païenne, il est celui qui paroît en avoir le mieux débrouillé le chaos. […] Il y a quelques erreurs, mais on doit les pardonner à un Auteur, le premier parmi nous qui ait eu le courage de défricher les champs les plus inconnus & les plus ingrats de l’Histoire mythologique.
Après cela, il ne faut chercher dans cet Ouvrage, ainsi que dans la Vie du Cardinal Charles de Bourbon, du même Auteur, d’autres objets d’utilité, qu’un amas assez indigeste d’époques & de recherches. […] C’est ce qu’a fait l’élégant Auteur des Essais sur Paris, qui a su écarter les épines de l’érudition du P. du Breul, sans en altérer les fruits.
L’Auteur y discute avec clarté plusieurs points de l’Histoire ancienne, aussi curieux qu’intéressans. C’est dans les premiers Chapitres de cet Ouvrage que M. de Voltaire, qui lit rarement les Auteurs originaux, sur-tout les Grecs, a puisé ce qu’il a dit de vrai sur Hermès, sur Zoroastre & sur les Egyptiens.
Il étoit d’ailleurs trop éclairé, pour ne pas apercevoir l’énorme intervalle qui séparoit ces deux Poëtes, & pour ne pas sentir qu’un Mécène n’a pas plus le crédit de faire valoir un Auteur médiocre, que les Auteurs médiocres n’ont celui d’illustrer leurs Mécènes.
Taconnet, [Toussaint-Gaspard] né à Paris en 1730, mort dans la même ville en 1774 ; Auteur d'une infinité de Parodies, de Farces, & de Parades, dont la meilleure n'est pas digne d'un Lecteur ou d'un Spectateur sensé. […] Cet Auteur, qui passoit la plus grande partie de son temps au cabaret, avoit tant d'aversion pour l'eau, que, pour marquer le peu de cas qu'il faisoit d'un homme dont il avoit à se plaindre, je te méprise, lui disoit-il dans sa colere, comme un verre d'eau.