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759. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

mais, en attendant cela, ne nous hâtons pas de le dire, et moins encore de l’écrire. » Il a eu raison d’être prudent et d’attendre avant de l’employer. […] La réponse directe de La Mothe au livre des Remarques, écrite à la sollicitation de Gabriel Naudé (16 7), fut ce que son premier Traité pouvait faire attendre. […] Et comment écouter un écrivain qui, s’attaquant aux Remarques de Vaugelas, venait vous dire en 1651 : « J’ai desseigné (formé le dessein) d’impugner particulièrement cette pièce » ; qui appelait La Mothe-Le-Vayer, « ce pivot de l’Académie » ; qui voulait qu’on dît Madamoiselle, et non Mademoiselle, attendu que la substitution de l’E à l’A est une marque du ramollissement du langage et n’a cours en pareil cas que « dans la coquetterie des femmes et de ceux qui les cajolent ? 

760. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Ils n’attendent presque rien du temps et des années. […] Il a fait plus que de montrer au doigt le courtisan, qui autrefois portait ses cheveux, en perruque désormais, l’habit serré et le bas uni, parce qu’il est dévot ; il a fait plus que de dénoncer à l’avance les représailles impies de la Régence, par le trait ineffaçable : Un dévot est celui qui sous un roi athée serait athée ; il a adressé à Louis XIV même ce conseil direct, à peine voilé en éloge : « C’est une chose délicate à un prince religieux de réformer la cour et de la rendre pieuse ; instruit jusques où le courtisan veut lui plaire et aux dépens de quoi il feroit sa fortune, il le ménage avec prudence ; il tolère, il dissimule, de peur de le jeter dans l’hypocrisie ou le sacrilége ; il attend plus de Dieu et du temps que de son zèle et de son industrie. » Malgré ses dialogues sur le quiétisme, malgré quelques mots qu’on regrette de lire sur la révocation de l’édit de Nantes, et quelque endroit favorable à la magie, je serais tenté plutôt de soupçonner La Bruyère de liberté d’esprit que du contraire. […] Ne faut-il pas attendre que la voix revienne ? 

761. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

On aime à voir, à quelque retour de Fontainebleau ou de Chambord, le royal promoteur de toute belle et docte nouveauté, et de la nouveauté surtout qui servait la cause antique, s’en aller à cheval en la rue Saint-Jean-de-Beauvais jusqu’à l’imprimerie de Robert Estienne, et là attendre sans impatience que le maître ait achevé de corriger l’épreuve, cette chose avant tout pressante et sacrée. […] Au reste, ce n’est pas nous qui refuserons à François Ier des traits d’emprunt ou de rencontre, des saillies heureuses, des maximes galantes et un peu subtiles, quand il suffit d’un petit nombre de vers pour les exprimer ; il n’y a rien là qui excède la portée de talent qu’on est en droit d’attendre d’un prince spirituel et qui avait eu de tristes loisirs pour s’exercer. […] Il ne faut pourtant pas s’attendre, même de sa part, à une délicatesse de goût qui n’existait pas alors, ni à une longue suite de bons vers, tels qu’il n’était donné d’en produire, à cette date, qu’à la seule veine fluide de Marot.

762. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Il y a eu dans les années précédentes, aux époques antérieures de l’Empire, des instants où le changement de système semblait désiré, attendu, espéré de la France presque entière avec une vivacité qu’il est à regretter peut-être qu’on n’ait point satisfaite à temps, du moment que cette satisfaction plus ou moins complète devait venir. […] Interrompez-vous ; attendez que le bruit ait cessé ; nous désirons vous entendre. […] Mais ce qu’il faut dire, eu général, c’est que la satire pourtant ne s’adresse jamais — presque jamais — qu’à ceux qui sont en vue ou qui s’y mettent ; et ceux-là, s’ils ont la raison pour eux, le bon droit et un peu de patience, n’ont qu’à attendre, à laisser beaucoup dire, à laisser s’épuiser les sois propos, pour voir finalement les gens sensés et même les rieurs se retourner de leur côté, et pour mettre les malveillants dans leur tort.

763. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Qui donc attendait là cette petite vagabonde, cette écrevisse de ruisseau ? […] Arrivée là, Éponine, qui s’attend à un baiser, s’arrête. […] « Elle attendait tous les jours l’heure de la promenade avec impatience, elle y trouvait Marius, se sentait indiciblement heureuse, et croyait sincèrement exprimer toute sa pensée en disant à Jean Valjean : « — Quel délicieux jardin que le Luxembourg !

764. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Je remis le livre dans mon tiroir et j’attendis son retour. […] Le livre était resté dans les mains d’un éditeur qui n’a pas attendu mon retour, et j’ai été obligé de consentir à sa publication telle quelle. — Ainsi, lui répliquai-je avec un peu d’amertume, des convenances de librairie vont être la cause que la société aura reçu par votre génie un des coups les plus mortels que vous puissiez lui porter ! […] Je n’eus rien de plus pressé que d’aller avec lui la féliciter de sa libération ; nous allâmes à un hôtel garni des Champs-Élysées, nous donnâmes nos noms et nous demandâmes à voir madame de L… Après avoir attendu longtemps dans l’antichambre, une femme vint prier M. 

765. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

je n’attends rien des jours. […] « N’est-ce pas juste le même motif que dans ce couplet de Chateaubriand-Eudore : « Attendre ou chercher une beauté coupable… ?  […] ………… Ainsi, quand je partis tout trembla dans cette âme ; Le rayon s’éteignit et sa mourante flamme Remonta dans le ciel pour n’en plus revenir ; Elle n’attendit pas un second avenir, Elle ne languit pas de doute en espérance, Et ne disputa pas sa vie à la souffrance : Elle but d’un seul trait le vase de douleur, Dans sa première larme elle noya son cœur, Et, semblable à l’oiseau, moins pur et moins beau qu’elle Qui le soir, pour dormir, met son cou sous son aile, Elle s’enveloppa d’un muet désespoir, Et s’endormit aussi, mais, hélas !

766. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Il se refuse à souffrir aucune rature, à changer aucun des passages biffés ou notés par le despote : et il attend la persécution — qui ne vient pas (1811). […] Il attendait dans son coin qu’on lui offrît le monde ; il enrageait d’attendre, mais il n’eût pas allongé la main pour le saisir.

767. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Le Moderne dédaigne d’imaginer ; mais expert à se servir des arts, il attend que chacun l’entraîne jusqu’où éclata sa puissance spéciale d’illusion, puis consent. […] À la gare, une foule attendait cette nouveauté, ce train de plaisir qui arrivait avec une charge de gens illustres, et je remarquai un carrosse étrange, le carrosse de la cour, un carrosse de gala qui avait cahoté sur les pavés inégaux des rues Dieu sait combien de générations de grands-ducs de Mecklembourg, et qui s’ébranla avec un bruit de ferrailles. […] Dans la salle vaguement aperçue, tout à coup l’obscurité tombe, et un grand silence ; alors, en la nuit des yeux et des oreilles et de l’esprit, en la nuit vibrante des quinze cents âmes stupéfiées, un son naît, une résonnance voilée, une sonorité atténuée, emmêlée, dispersée, un mystique résonnement, — inlocalisable, — une intimement chaude mélodie, qui monte, qui s’enfle, et qui dans l’air invisible flotte, portant la pré-sensation des futurs tressaillements du Drame. — Ainsi le Drame se lève : — un rideau s’entrouvre, et, dans le fond, — saillant d’un cadre lointain, noir, obscur, vague, et indistinct, — un paysage apparaît, que nous attendions, et les hommes y sont, dont la vie, en nous inconsciemment vécue déjà, se va en nous revivre évidemment ; — tandis que, parmi l’angoisse des vivantes passions, des désespoirs, des joies, et des extases qui se poussent et s’appellent, parmi l’inéluctable empoignement des très réelles émotions, peu à peu nous descend, insensiblement et nécessairement, l’Explication, l’Idée, la Loi, le prodigieux troublement de l’Unité dernière, comprise.

768. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

On attend, au mois d’août, un autre train spécial, de Munich. […] Le premier acte, c’est l’instant décisif où, après de longues luttes, de longs mensonges, apparaît enfin la passion victorieuse ; puis c’est comme l’épanouissement du nouvel amour, la scène où Isolde frémissante attend Tristan, la scène où Tristan et Isolde, unis, cherchent vainement l’apaisement de leur insatiable désir, et la scène où, en présence de Marke et de ses gens, les deux amants, oublieux de Marke et des hommes et du monde, se donnent enfin, au dernier instant, le baiser par lequel ils entrevoient la suprême délice de leur libération ; enfin, le troisième acte, dans ce paysage de mer et de plage dont les bruissements s’enroulent autour de leurs âmes, la mort au monde et la transfiguration des amants ; la mort au monde, le déchirement de l’heure dernière, la torture des dernières humaines souffrances, et l’entrée à l’apaisement infini, — à la consolation de ceux qui ont gémi. […]   J’attends donc votre décision pour pouvoir vous compter parmi ceux qui, en s’obligeant volontairement pour la réalisation d’un idéal artistique nouveau, veulent se réunir à une association de la plus précieuse signification.

769. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

… L’exécution a été aussi brillante qu’on pouvait l’attendre du grand chef d’orchestre. […] Il faut attendre la mort sans crainte, mais sans impatience. […] Herder, à la fois homme d’église, poëte et historien, avait paru convenablement situé sur ce point de la ville. — On a regretté cependant que ce bronze ne fit pas tout l’effet attendu près du mur d’une église.

770. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Or, je me hâte de le dire, l’effet résultant a été supérieur à ce qu’attendaient les plus optimistes d’entre nous. […] Ce n’est pas sans une réelle émotion que nous saluons ici ces jours de Lohengrin, souhaités à tant de reprises, attendus pendant de si nombreuses années. […] Depuis Weber, et son Freischütz, on attendait une œuvre typiquement germanique, par le sujet autant que par la musique.

771. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

On n’attend pas que j’analyse en détail ces brochures ; et tout d’abord je dirai en quoi il me semble que Sieyès a échoué et erré, et en quoi il a réussi. […] Fertile en découvertes d’exécution, sachant se taire et attendre, ne concevant point de plans chimériques, et alliant la dextérité à la constance, personne ne sait mieux, lorsqu’un grand intérêt l’exige, conserver de l’empire sur lui-même et en obtenir sur les autres. […] Ils ne m’ont jamais attendu que sur un chemin différent de celui que j’annonçais.

772. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Il a l’imagination vive, noble, élevée, & plus d’impartialité qu’on n’en devoit attendre d’un homme de son état. […] Ce livre est pésamment écrit ; mais les faits sont exacts & en général l’auteur est plus modéré qu’on ne devoit s’y attendre. […] On ne doit pas s’attendre qu’un livre aussi considérable soit exempt de fautes, mais l’auteur n’a rien oublié pour les éviter.

773. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Le factieux et le libertin était parfaitement digne d’écrire l’histoire de cette factieuse et de cette libertine, et, s’il n’a pas pour elle l’admiration qu’on pouvait attendre, c’est que ces gens-là ne s’entendent jamais entre eux. […] On n’attend point que nous la suivions pas à pas… » Hélas ! […] C’est ainsi que l’homme politique et le philosophe reparaissent tout à coup au moment où l’on devait, à ce qu’il semblait, le moins s’y attendre, et quand on les disait l’un et l’autre depuis longtemps morts de volupté dans les biographies d’alcôves d’où, si nous l’en croyons, M. 

774. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

n’empêche pas ledit Louis de Camors de faire de très laides et de très abominables choses, le long du roman ; mais il les fait sans grandeur, car le mal même a sa grandeur, sans aplomb, avec la pâleur des gens qui tremblent, avec le trémoussement de nerfs de ce temps, si misérablement nerveux… C’est véritablement à faire pitié, et nous nous attendions à de l’horreur ! […] Il a eu, sans attendre, cette grande situation littéraire d’académicien, qui, chaque jour, aux choix qu’on fait, devient plus belle, et pour sa part il l’a embellie dans le sens où elle continue de devenir si charmante. […] Que si on est en compagnie trop moderne pour s’attendre à quelque chose comme les mil e tre de don Juan et les quatre mille du prince de Conti, on se cogne un peu, de surprise, il faut l’avouer, à ces trois maigres amours de Philippe (qui n’est pas Alexandre), en comptant même celui qui le prend, à la fin du livre, pour la cousine dont il ne voulait pas au commencement.

775. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

c’est ici que nous pouvons nous demander si la philosophie a bien donné ce qu’on était en droit d’attendre d’elle. […] Bref, la théorie que la science était en droit d’attendre ici de la philosophie — théorie souple, perfectible, calquée sur l’ensemble des faits connus — la philosophie n’a pas voulu ou n’a pas su la lui donner. […] Le corps exécute des mouvements volontaires grâce à certains mécanismes, tout montés dans le système nerveux, qui n’attendent qu’un signal pour se déclencher ; le cerveau est le point d’où part le signal et même le déclenchement.

776. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Elles n’ont qu’à attendre et qu’à se tenir prêtes. […] Mais nul ne l’attendait plus quand il allait venir. […] Attendons seulement un jour. […] On n’avait qu’à attendre un petit peu. […] Et qu’il n’y a plus qu’à attendre et à toucher les rentes.

777. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Il finit en général par épouser sa bonne, et à un âge où il n’a plus à attendre de celle-ci que les humeurs, sans le plaisir. […] Attendu qu’elle meuble l’esprit, mais ne le forme pas. […] Mais nous l’attendons de confiance. […] Nous attendons encore maintenant le « thermidor » (au moins intellectuel) du libéralisme. […] mon pauvre monsieur, que vous allez souffrir et quelle mort horrible vous attend !

778. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Nous attendons en ce moment en France la venue de l’écrivain qui soit à Balzac ce qu’un de ces grands peintres fut à Giotto. […] Nous attendons de lui plus que des autres. […] Attendez. […] On attend, on s’énerve. […] Un chaos… La vie qui nous y attend ?

779. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Émile Augier » pp. 317-321

Le public, très attentif pendant cette première partie du discours, attendait cependant la seconde, celle où le directeur de l’Académie devait analyser et apprécier les œuvres de son jeune et nouveau confrère.

780. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXI » pp. 237-241

On dirait volontiers de ses travaux, de ses articles, et de l’effet qu’ils produisent : « si l’on s’attend à les trouver pesants, on les trouve fins ; et si l’on est très-averti que c’est fin, on les trouve un peu ternes ou même pesants. » En somme, malgré la distinction et le soin du détail, nous le concevons très-bien d’après l’article, rien de ce qu’a écrit ou pensé le docte écrivain ne passe une certaine médiocrité.

781. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Georges de Bouhélier (1876-1947) »

Et les voilà dans la plaine, résolus à l’action, les voilà en marche, sentant bien qu’il ne suffît plus d’attendre, mais qu’il faut avancer sans cesse, si l’on veut aller par-delà les horizons, jusqu’à l’infini.

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