Cela n’arrive même qu’en deux cas. En premier lieu, cela arrive lorsque le geste naturel signifie une affection, comme un mal de tête ou de l’impatience. […] Les comédiens déplaisent, ajoute-t-il, lorsqu’ils font des gestes ineptes, ce qui leur arrive quelquefois.
Ainsi donc, en changeant de route, en prenant un autre guide, je suis arrivé au même lieu. […] Il y a gradation dans l’échelle animale, et même on ignore où elle commence ; il y a saut lorsqu’on arrive à l’homme : la Genèse consacre pour l’homme une création à part. […] Pour expliquer comment il a pu prétendre à établir une telle opinion, comment il est arrivé à un tel résultat, il faudrait discuter ses idées sur les langues en général, sur la langue sacrée des Égyptiens en particulier, sur le génie hiérographique contenu, selon lui, dans l’hébreu ; et je n’ai point assez de science, ni assez d’espace.
C’est ce qui arriva au xviiie siècle. […] … Aussi, voyez ce qui arrive ! […] Malgré tout ce qu’il y avait de largeur politique dans l’esprit d’Auguste, il n’avait point eu l’idée d’une institution qui permît de faire arriver à l’Empereur l’expression de ce que les provinces attendaient de son gouvernement et de sa justice.
De ces deux promesses du passé, on ne se doutait guères qu’il y en aurait une que l’avenir tiendrait moins que l’autre, et pourtant, il faut en convenir, c’est là ce qui est arrivé. […] Les choses en étaient arrivées, entre les Stuarts et l’Angleterre, à cette redoutable extrémité qu’il n’y avait plus entre eux que le choc des deux plus inflexibles et saintes choses qu’il y ait dans le cœur des hommes, — le choc de deux consciences qui, ni l’une ni l’autre, ne pouvaient céder… Lorsque les questions sont posées à cette profondeur d’âme, on n’attend pas longtemps le résultat. […] Nous ajoutons qu’un historien impartial aurait dit que c’était sa gloire, et que, dans cette position suprême, le Roi, aurait-il même eu du génie, — si le génie n’avait pas ébloui la conscience, ce qui lui arrive quelquefois, ou si une ambition vulgaire ne l’avait pas éteinte, — le Roi, repoussé par celle de tout un peuple, n’avait d’autre ressource que de tomber dans la pureté immaculée de la sienne.
Donoso Cortès a bien parfois l’aperçu de Joseph de Maistre, mais cet aperçu n’arrive pas chez lui comme chez de Maistre, pareil à un trait de lumière qui part du fond de la pensée, au rayon visuel qui jaillit du centre de l’œil. C’est lui plutôt, Donoso, qui arrive à l’aperçu, comme à une lumière en dehors de sa pensée, et à force d’aller vers elle, de raisonnement en raisonnement. […] Il manque son coup… « Si la Russie, dit-il, entre en Allemagne, il n’y a plus qu’à accepter, en y ajoutant, le mot de Napoléon : l’Europe sera républicaine ou cosaque… si elle n’est catholique », et pourtant rien de tout cela n’est arrivé.
Ainsi, dans ce livre éminent, la métaphysique, à propos de la question de Dieu qui domine toutes les philosophies, fait la contre-épreuve de l’histoire, et le philosophe arrive par son chemin couvert, par la route interne de la réflexion, à la conclusion extérieure des faits mystérieux qui gouvernent le monde. […] C’est appuyé sur sa méthode qu’il gravit les questions presque inaccessibles des attributs de Dieu, des deux degrés de l’intelligible divin, et celle des rapports, depuis longtemps confondus et troublés, de la raison et de la foi, et l’on reste étonné des résultats de clarté, de simplicité, d’évidence, auxquels il arrive sous l’influence de cette méthode, qu’il aurait moins découverte que précisée, si, en métaphysique, préciser n’était pas le plus souvent découvrir. […] Pour nous, qui ne sommes pas philosophe et qui ne nous vantons que d’être chrétien, le mérite du Traité de la Connaissance de Dieu est bien au-dessus d’un mérite purement scientifique, et nous l’admirons principalement parce qu’il arrive de toutes parts aux conclusions du bon sens, de la tradition, de l’histoire.
encore une fois, en raison de ce bruit, il est curieux de voir ce que sont les livres d’un homme qui, par ses livres et en trois temps, arrive dans un siècle sans cœur, indifférent aux courageux qui luttent, à cette petite importance-là ! […] Il perd la tête, ce grand médecin, devant la crise finale qui doit sauver Germaine, et il écrit à madame Chermidy qu’enfin la malade est perdue ; agréable nouvelle qui arrive à la Chermidy accompagnée d’une autre, la mort de son mari, tué par les Chinois ! […] quand elle arrive, Germaine est guérie, heureuse, aimée de son mari, aimée du bâtard qu’elle élève et qui la préfère à sa mère !
À leur arrivée, le peuple s’assemblait en foule dans les places publiques ou dans les portiques du temple ; on leur donnait un sujet, et ils parlaient au bruit des applaudissements ; souvent ils commençaient par prononcer l’éloge de la ville ; c’était eux qu’on envoyait en ambassade vers les empereurs ; ils arrivaient à Rome précédés par leur renommée, et souvent le prince leur accordait des privilèges, des exemptions de charges, et quelquefois les premières dignités de l’empire. […] L’orateur, le philosophe et le poète devaient donc avoir l’âme bien plus exercée à Rome, et être bien plus réveillés par le mouvement et le choc des idées, qu’au fond de la Grèce et de l’Asie, où les impressions arrivaient affaiblies par la distance. […] Marc-Aurèle, arrivé dans cette ville, fut curieux de l’entendre.
J’y réponds le jour même : arrivera-t-elle à temps chez votre ami ? […] Cela arrive à beaucoup de gens qui ne s’en doutent pas, et même, comme vous voyez, à ceux qui s’en doutent. […] Je n’ai voulu ni vous blesser ni vous déplaire, et si, contre mon intention, cela m’est arrivé, je vous en témoigne sincèrement mes regrets. […] L’étude de l’arabe sous M. de Sacy n’en souffrait pas ; Fauriel était arrivé à lire avec sûreté la poésie dans ces deux langues. […] Les témoignages empressés, les lettres de félicitations arrivaient de tous les bords et de tous les rangs.
… Comment arrives-tu à les rendre si radieux et si pénétrants ? […] Arrivez-vous de Chicago dans l’intention de réformer la poésie française ? […] Il arrive à la porte. […] … Mais qu’arrive-t-il : je ne vois plus la terre ? […] en travaillant beaucoup, vous arriverez à faire quelque chose de passable.
Les accidents de la vie ne participent, dirait-on, en rien à sa formation, et il arrive rarement qu’on ait l’idée d’y chercher leurs traces. […] J’arrive au dernier trait du caractère national, à la véritable pierre de touche qui donne la qualité de l’âme, — le courage. […] Pour expliquer son apparition, certains philosophes nous disent que l’homme de génie arrive infailliblement lorsque les circonstances l’exigent ; en d’autres termes, qu’il arrive parce qu’il était attendu. […] Arrivé à Lyon il fut immédiatement saisi et conduit devant le gouverneur de la ville, le marquis de Saint-Chaumont, qui pour lors était aux vêpres. […] Pyrame arrive, aperçoit le voile ensanglanté, et se tue dans la précipitation de son désespoir.
Ce sont ces deux courants qui de France et d’Allemagne arrivent en ce moment sur l’Angleterre. […] Arrivé à Édimbourg, il fut fêté, caressé, admis sur le pied d’égalité dans les premiers salons, parmi les grands et les lettrés, aimé d’une femme qui était presque une dame. […] Lorsqu’une forme d’esprit arrive à la lumière, elle y arrive de toutes parts ; il n’y a point de parti où elle n’apparaisse, ni d’instincts qu’elle ne renouvelle. […] La critique arrive d’Allemagne, remanie la Bible, refait l’histoire du dogme, atteint le dogme lui-même. […] The feelings of a man when he arrives at the place of execution are, probably, much as mine were every time I set my foot in the office, which was every day for more than a half year together.
Vous arrivez bien. […] Enfin le jour de la représentation arriva. […] Ce fut Paul Hervieu qui arriva le premier au rendez-vous. […] Comme nous arrivions au pont de Valvins, Mallarmé s’arrêta et me désigna un promeneur qui s’avançait vers nous. […] Il m’est arrivé de le rencontrer le soir de son élection à l’Académie des Beaux-arts.
Taine n’a pas même entrevu qu’il dût arriver jamais au traditionalisme intégral. […] Et qui vous donne davantage cette impression que « c’est arrivé », comme dit expressivement le gros public ? […] Mais déjà il n’arrive plus à se tromper lui-même. […] En 1832 une missive arrive à Balzac du fond de la Pologne, simplement signée « l’Étrangère ». […] Elle rêve de tenir auprès de lui l’emploi de Mme de Maintenon auprès de Louis XIV, et elle y arrive.
Messieurs, A notre dernier semestre, j’arrivais à un milieu d’année ; j’ai cru ne pas devoir m’adresser tout d’abord aux premières origines de notre langue, de notre littérature, ne pas devoir remonter si haut, attaquer mon sujet par ses hauteurs : les fruits à cueillir se seraient trop fait attendre. […] Né à Bordeaux, d’une famille illustre et opulente, d’abord célèbre comme avocat et comme poète, Paulin, durant un séjour de quelques années qu’il fit eu Espagne, arriva aux idées religieuses et y fut confirmé par les conseils de son épouse, Therasia, sainte personne avec laquelle il finit par vivre comme avec une sœur. […] A peine si on peut en saisir quelque indice, quelque vestige imprévu qui se glisse dans des productions et des monuments d’un autre ordre, et qui est ainsi arrivé par hasard jusqu’à nous. […] Il fallait qu’on fût arrivé à un endroit assez distant et d’où l’on eût toute liberté de voir et, de plus, qu’on eût l’idée de se retourner. […] Pour ces études de littérature de moyen âge, il s’était levé plus matin que tous, et il n’arriva que tard, après beaucoup d’autres.
« J’arrivai chez moi, dit-il, à minuit ; la scène de famille qui m’attendait était très propre à répandre une illumination joyeuse au milieu de quelque roman fantastique. […] Que le mélange soit pur d’écume, afin que la voix du métal poli retentisse pleine et sonore ; car la cloche salue avec l’accent solennel de la joie l’enfant bien-aimé à son entrée dans la vie, lorsqu’il arrive plongé dans le sommeil. […] avec les rigueurs du destin il n’est point de pacte éternel, et le malheur arrive d’un pas rapide. […] « À travers la forêt sauvage le voyageur presse gaiement le pas pour arriver à sa chère demeure. […] Quand j’arrivais à la porte du chapitre, je regardais à travers le trou de la serrure jusqu’à ce qu’on m’eût ouvert.
chez quels mortels suis-je encore arrivé ? […] Mais puisque ce malheureux nous arrive égaré, il en faut avoir soin, car c’est de Jupiter que viennent tous les étrangers et les pauvres ; le don le plus léger leur est cher. […] C’est là que tu t’assoiras pour y rester tout le temps que nous mettrons à gagner la cité et à arriver au palais de mon père. […] J’ignorais ce qui lui était arrivé ; il n’en parlait pas ; il n’était pas obligé par devoir, comme moi, de rappeler l’attention sur lui pour sauver les autres. […] Il arriva trop tard pour recevoir son dernier soupir ; il l’avait rendu quelques heures avant, serein, confiant, résigné, entre les mains du curé du pays, chargé de bénir sa famille.
La terre retentit sous leurs pas ; ils arrivent : tous à la fois tirent l’épée. […] J’obéis : j’arrive et j’entre dans la baie de Croma, dans le riant pays d’Inisfail. […] Je députe un barde, qui me devance : j’arrive ensuite au palais de Crothar. […] » Ainsi chantaient les bardes, quand ils arrivèrent au palais de Selma. […] Un chef étranger, épris aussi de la belle Moïna, arrive au palais de Reuthamir.
Quand on loue en lui l’écrivain énergique et franc, qu’on n’oublie donc point qu’il n’a pas été (comme cela est arrivé à d’autres guerriers qui ont pris la plume) un écrivain tout naturel et involontaire ; il savait ce qu’il faisait et était du double métier. […] L’amiral de Coligny, retiré à Châtillon-sur-Loing avec ses frères et autres principaux du parti, hésitait encore : ce vieux capitaine trouvait le passage de ce Rubicon si dangereux qu’il avait résisté un soir par deux fois à toutes les raisons que lui avaient apportées les siens de s’émouvoir et de tirer l’épée, quand il arriva, nous dit d’Aubigné, ce que je veux donner à la postérité non comme un intermède de fables, bienséantes aux poètes seulement, mais comme une histoire que j’ai apprise de ceux qui étaient de la partie. […] D’Aubigné voyait dans ce dévouement et cette vaillance une preuve du bon droit : « Il arrive peu souvent, pensait-il, que l’injustice ait les meilleures épées de son côté, parce que c’est la conscience qui émeut la noblesse et la porte aux extraordinaires dépenses, labeurs et hasards. » D’Aubigné, si on l’avait pressé, eût peut-être été dans l’embarras de fixer ce beau temps où l’épée de la noblesse était toujours pour le parti le plus juste ; dans les souvenirs de la fin de sa vie, il confond involontairement ce temps idéal avec celui de sa jeunesse, le bel âge pour tous : quand il devint vieux, il ne fut pas des derniers à crier à la décadence. […] Quand on a beaucoup lu ces auteurs du xvie siècle et des précédents, après qu’on a rendu justice à toutes les qualités de couleur, d’abondance, de franchise, de naïveté ou de générosité première qu’ils ont volontiers ; après qu’on a payé un tribut de regret sincère à ce qui s’est, à cet égard, retranché depuis et perdu, il reste pourtant une qualité qui est nôtre, qui est celle de tout bon écrivain depuis Pascal, et qu’on arrive à goûter, à estimer, j’ose dire à bénir de plus en plus ; qualité bien humble et bien essentielle, imposée désormais aux médiocres comme aux plus grands, et que Vauvenargues a appelée le vernis des maîtres, je veux parler de la netteté.
. — Despréaux prit sa place à l’Académie, et lit une fort belle harangue. » Dans un voyage de la Cour, de Chambord à Fontainebleau (octobre 1684), le roi fait en plus d’une étape le trajet de l’une à l’autre résidence : le 12 il couche à Notre-Dame-de-Cléry, le 13 à Pluviers : « Le samedi 14, il arriva à Fontainebleau à sept heures du soir. — On apprit à Chambord la mort du bonhomme Corneille, fameux par ses comédies ; il laisse une place vacante dans l’Académie. » Le bonhomme Corneille ou le grand Corneille, cela revient au même ; Dangeau avait été du jeune monde, et, comme nous dirions, de la jeune école. […] Aigues-Mortes s’est converti aussi ; il est du diocèse de Nîmes. — Il y eut le soir Comédie-Italienne ; Monseigneur y alla. » Les nouvelles pareilles se succèdent coup sur coup et arrivent par chaque courrier : comment Louis XIV, qui croyait si aisément en lui-même et en son ascendant, en aurait-il douté ? […] On a appris aussi qu’à Grenoble tous les huguenots avaient abjuré. » — « Mardi 16, à Fontainebleau. — On apprit que tous les huguenots de la ville de Lyon s’étaient convertis par une délibération prise à la maison de ville, les ministres et tout le consistoire y étant ; les dragons n’y étaient point encore arrivés. » On s’était tant dit qu’on vivait sous un règne de prodiges que rien n’étonnait plus. […] C’est à Marly de préférence qu’il réserve ces surprises aux hôtes favorisés qu’il y convie : Mercredi, 28 janvier 1688, à Marly. — Sur les six heures du soir, Mme la Dauphine y arriva et y amena dans ses carrosses trente dames, qui y soupèrent toutes.
Berger de Xivrey, et qui sont arrivées déjà jusqu’au tome VI, — si, dis-je, on entamait cette lecture dans une pensée d’agrément littéraire ; c’est avant tout un livre d’étude et une vaste source de renseignements pour l’histoire ; la grâce, la galanterie, la gentillesse d’esprit, qui se rattachent à bon droit au souvenir de Henri IV, n’y sont qu’incidentes et clairsemées. […] Les lettres de ce temps que Henri adresse à M. de Saint-Geniez, son lieutenant général en Béarn et l’un de ses meilleurs serviteurs, montrent à quel point il commence à s’occuper sérieusement de ses affaires, et, à cet âge de trente-trois ans où il est arrivé, à devenir tout à fait l’homme de conseil et de maturité qu’il sera depuis : « N’accomparez plus les actions de feu Monsieur (le duc d’Alençon) aux miennes ; si jamais je me fiai en Dieu, je le fais à cette heure ; si jamais j’eus les yeux ouverts pour ma conservation, je les y ai. […] Elle n’a pas à se plaindre pourtant et n’a rien à envier même à la belle Gabrielle, au moins si l’on en juge, comme aime à le faire la postérité, au point de vue poétique et littéraire ; car assurément la plus ravissante lettre de Henri, la plus développée et la plus épanouie, celle où il se montre le mieux à nous dans un intervalle de paix pastorale et tendre et de repos, lui est adressée ; c’est la lettre où il lui décrit le pays de Marans sur la Sèvre Niortaise ; la voici, — voici ce coin de paysage délicieux : J’arrivai hier soir de Marans, où j’étais allé pour pourvoir à la garde d’icelui. […] Il lui parle du jeune Grammont, qui est près de lui à ce siège, avec intérêt et désir de flatter le cœur d’une mère : « Je mène tous les jours votre fils aux coups et le fais tenir fort sujet auprès de moi ; je crois que j’y aurai de l’honneur. » Les expressions de tendresse, mon cœur, mon âme, s’emploient toujours sous sa plume par habitude, mais on sent que la passion dès longtemps est morte ; et enfin le moment arrive où, après quelques vives distractions qui n’avaient été que passagères, Henri n’a plus le moyen ni même l’envie de dissimuler : l’astre de Gabrielle a lui, et son règne commence (1591).
L’ami de Voltaire, le maréchal de Richelieu, arrivait en Allemagne pour commander l’armée française ; il y avait peut-être quelque chose à tenter de son côté. Il s’agissait, pour sauver Frédéric, ou de détacher de la coalition, ou du moins de ralentir la France, de convaincre celle-ci, par une voie ou par une autre, qu’il n’était nullement de son intérêt que le roi de Prusse fût détruit, et que, si malheur lui arrivait, elle aurait plus tard à s’en repentir. […] Quoique tout semble perdu, il nous reste des choses qu’on ne pourra nous enlever : c’est la fermeté et les sentiments du cœur. » Cependant, Frédéric discutait librement avec elle de ses résolutions tragiques, de leur commune et unanime destinée ; il sentait la force des raisons qu’on lui opposait, et il les admettait en partie : Si je ne suivais que mon inclination, je me serais dépêché d’abord après la malheureuse bataille que j’ai perdue ; mais j’ai senti que ce serait faiblesse, et que c’était mon devoir de réparer le mal qui était arrivé. […] quoi qu’il puisse vous arriver, je ne vous survivrai pas.
La seule nature distinguée et rêveuse qui s’y trouvera jetée, et qui aspire à un monde d’au-delà, y sera comme dépaysée, étouffée ; à force d’y souffrir, de ne pas trouver qui lui réponde, elle s’altérera, elle se dépravera, et, poursuivant le faux rêve et le charme absent, elle arrivera de degré en degré à la perdition et à la ruine. […] Il aimait à se voir arriver dans la cour, à sentir contre son épaule la barrière qui tournait, et le coq qui chantait sur le mur, les garçons qui venaient à sa rencontre. […] L’impression de la nature champêtre, comme au temps de René ou d’Oberman, vient se mêler par caprices et par bouffées aux ennuis de l’âme et stimuler les vagues désirs : Il arrivait parfois des raffales de vent, brises de la mer, qui, roulant d’un bond sur tout le plateau du pays de Caux, apportaient jusqu’au loin dans les champs une fraîcheur salée. […] Au moment même où le père Rouault, arrivé tout exprès, vient d’enterrer sa fille, au milieu de sa douleur désespérée il a un mot de paysan, grotesque et sublime de naturel : chaque année il envoyait à Charles Bovary une dinde en souvenir de sa jambe remise ; en le quittant les larmes aux yeux, il lui dit pour dernier mot de sentiment : « N’ayez peur, vous recevrez toujours votre dinde. » Tout en me rendant bien compte du parti pris qui est la méthode même et qui constitue l’art poétique de l’auteur, un reproche que je fais à son livre, c’est que le bien est trop absent ; pas un personnage ne le représente.