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691. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

C’est le déshabillé zinzolin qui lui donne l’air d’une femme de Watteau sans bonheur ; car les femmes de Watteau sont heureuses… Elle ne le fut point, elle. […] Tout hussard qu’il fut, il avait parfois l’air d’un huron, dit la comtesse de Sabran elle-même, et le prince de Ligne, dans un portrait peut-être trop velouté, ajoute que souvent il « prenait l’air bête de La Fontaine et qu’il tournait ses pouces devant lui comme Arlequin ».

692. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

C’est ici pour la première fois que la simplicité nuit au génie, comme un air trop pur, qui serait mortel à la santé. […] Non, elle était encore, la femme puissamment rassise dans la raison, telle que les hommes conçoivent la raison, quand l’Extase, qui enlève l’esprit au ciel et ce corps de boue volatilisé, dans les airs, la lâchait et la mettait par terre.

693. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

Il y prend, une à une, toutes ces philosophies sociales dont les imaginations du temps étaient affolées, et entre toutes celles de Babeuf, de Saint-Simon, de Charles Fourrier, de Pierre Leroux, qui voulaient plus que les autres se donner les airs d’être quelque chose, et qui n’étaient, comme les autres, rien de plus que les conséquences de la philosophie du xviiie  siècle, et il faut voir avec quelle rapidité d’analyse il les discute et les découd en quelques lignes, de ce style mathématique et brillant qui caractérise sa personnalité d’écrivain ! […] … Raymond Brucker, le trop oublié Brucker, — dont les petits lettrés de cet âge disent peut-être, avec des airs curieux et naïfs : « Qu’est-ce que c’est donc que ce Raymond Brucker ? 

694. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

Quand elle arrivera au rien, — et elle est en marche vers ce noble but, — elle se donnera des airs d’être tout. […] Ce que nous aurions voulu, c’est le chamfortiste sur les femmes, sur l’amour, sur la vie réelle, sur le monde, le moraliste plutôt que le métaphysicien, le Français plutôt que l’Allemand, et surtout l’Allemand livré à ses arabesques métaphysiques, aussi vaines que celles du bâton d’un fou dans les airs !

695. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Car c’est là qu’il faut toujours en revenir avec Quinet, ce gourmand et ce malade de mots… C’est cette fureur de l’expression gongorique et de l’image, qui donne à ce livre de la Création cet air lyrique et oraculaire qu’aucun autre ouvrage du même auteur n’eut au même degré que celui-ci, malgré sa prétention scientifique. […] Ce Jocrisse sérieux vise à l’air inspiré : « Et vous, vertes forêts, — dit-il, — fougères primitives, cyades aux feuilles grêles, couvrez-moi de votre ombrage sacré jusqu’à ce que j’aie traversé cette partie de mon pèlerinage, la plus difficile, à travers les êtres qui ne sont plus !

696. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Quinet, au lieu de trouver une inspiration personnelle, un fond de choses vierge, comme on est en droit de l’exiger de tout homme qui se donne les grands airs d’une épopée, on est assailli des plus importunes et, que dis-je ? […] Les personnages nécessaires et importants de ce long récit ne seraient pas nombreux, si, dans cette mêlée historique et panthéistique, tous les êtres ne devenaient pas personnages ; si tous les peuples de la terre, les oiseaux des airs, les fleurs des champs, ne parlaient pas et ne jouaient pas leur bout de rôle, au gré du poète.

697. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Critique fin comme un lynx, — trop fin peut-être, — ayant ce ton détaché qui est à cent lieues en l’air du pédantisme et que Beyle aurait aimé plus que personne, spirituel, incisif, pénétrant, mais pénétrant comme une pointe, ayant sous chaque mot dont il se sert une aiguille d’or qu’il enfonce délicatement dans la tête des sots, Paulin Limayrac devait comprendre ce mélange de dandy, d’officier, d’artiste, d’homme du monde, de penseur original, d’humoriste, de touriste, d’excentrique et d’ironique que fut cette Chimère fabuleuse qui répondait au nom de Beyle… ou plutôt qui n’y répondait pas. Limayrac est une imagination vive et nuancée, c’est un esprit de perçant sourire, une plume qui n’appuie pas, comme le diamant qui fend la vitre, et qui, comme ce diamant qui coupe, étincelle ; il promettait donc, par quelques-unes de ses analogies avec Beyle, une notice piquante et profonde sous des airs légers, — la plus jolie manière d’être profond.

698. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

About, qui est allé en Grèce, Germaine est à respirer l’air des îles Ioniennes et à dialoguer tendrement avec son mari sous les lauriers-roses… Ce que fera la Chermidy, demandez à la Gazette des Tribunaux ! […] On y trouvera, dans la vaste et fructueuse spécialité d’art qu’il ouvre aujourd’hui, des compositions de l’ordre de Maître Pierre : des romans qu’il prépare, assure-t-on, sur l’air comprimé, sur les tunnels sous-mer et les aqueducs suspendus, l’aérostat et ses effets, la photographie de chez Giroux, les silos pour les conserves de céréales, les campagnes contre les charançons, le Guide des omnibus, l’itinéraire des halles et marchés et les coulisses de la Bourse.

699. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Les flèches obscurcissent l’air. […] Sandeau, avec ses yeux limpides, son gros nez rouge, sa rude moustache blanche, son air d’innocence, avait je ne sais quel air de capitaine en retraite. […] Il a besoin d’air et d’espace. […] Le cycle de l’épopée m’a tout l’air d’être clos pour longtemps. […] Elle avait un air mutin qui devait se changer bientôt en un air héroïque.

700. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Buloz et le Messager de Paris. »

Buloz, commissaire du roi auprès du Théâtre-Français, et lui reprochait, d’un air méprisant, ses titres mêmes à la fondation de cette Revue.

701. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbusse, Henri (1873-1935) »

Henri Barbusse semble tout à fait étranger au mode de concevoir qui fut habituel à la plupart des poètes de l’âge précédent… Par la volonté des dieux propices, il échappa à la contagion d’idées très précieuses par elles-mêmes, mais que l’indécente familiarité des sots avait avilies, comme toujours… De là ce livre où l’on ne retrouve pas l’air de famille ordinaire aux livres de début qui s’impriment en France et en Belgique.

702. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 266-268

C’est lui qui a fait la plus grande partie des Chansons, sur lesquelles le célebre Lambert a mis les airs les plus beaux & les plus touchans.

703. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 531-533

Pour les détails, on ne sauroit trop y applaudit : l’élégance, le naturel, l’aménité, y répandant un air de vie qui égaye l’imagination, la fixe sur tous les objets, & les lui rend sensibles.

704. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 55-57

Les plaisirs y sont purs & doux, Comme l’air que l’on y respire ; L’innocence y tient son empire, Et chacun, sans estre jaloux, Y possede ce qu’il désire….

705. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Roslin  » pp. 149-150

Et puis ce monarque long, sec, maigre, élancé, vu de profil, avec une petite tête couverte d’un chapeau retapé n’a-t-il pas l’air d’un escroc qui a la vue basse.

706. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

L’autre, grande, blonde et fort blanche, de 30 ans environ, à l’air imposant et aux grands airs de tête, était Delphine Gay, aujourd’hui la femme de l’inventeur de la presse à bon marché, M.  […] C’est un homme de 35 ans, fort simple, et qui n’a nullement l’air d’être lui. […] Paul Foucher a toujours l’air d’être au spectacle. […] Il a des prétentions au dandysme, quoique sa fortune, son air et ses façons le trahissent souvent. […] C’est d’ailleurs un gros garçon de bonne mine, de 32 à 33 ans, grand, fort, à l’air monacal et imposant.

707. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

La première semble indifférente au premier abord ; pourtant, il est peu d’émotions plus profondes et plus douces que celle de passer d’un air vicié à un air très pur, comme celui des hautes montagnes. […] La ballade écossaise n’a-t-elle pas chanté avec raison « l’air, l’air libre, qui fouette le visage et fait courir le sang » ? […] On sait le rôle que jouent la « fraîcheur » ou la « tiédeur » de l’air dans les descriptions de paysage. […] L’air est plein d’une haleine de roses. […] Un aveugle sourd, qui reconnaît le passage d’une personne à l’ébranlement de l’air ou du plancher, doit pouvoir distinguer un pas léger ou pesant : c’est le germe de l’impression de la grâce.

708. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Au sommet des tourelles paraissaient des ménestrels et des jongleurs avec Orphée, Arion et les grands joueurs de harpe, puis derrière eux des myriades de musiciens avec des cors, des flûtes, des cornemuses, des chalumeaux, qui sonnaient et remplissaient l’air ; puis tous les charmeurs, magiciens et prophètes. […] À cause de cela son âme qui voltigeait déjà en l’air Revint dans son triste sein. […] L’amour entre dans son cœur avec l’air chaud et suave ; la campagne se transfigure, les oiseaux parlent, et il les entend : Là je m’assis parmi les belles fleurs, Et je vis les oiseaux sortir en sautillant des berceaux Où toute la nuit ils s’étaient reposés. […] Il est homme expert, il écoute la confession d’un air agréable et doux ; son absolution est tout aimable ; pour les pénitences, il est accommodant. […] And I, that all these plesaunt sightis se, Thought suddainly I felt so swete an air Of the Eglentere, that certainly There is no hert (I deme) in such dispair Ne yet with thougtis froward and contraire So overlaid, but it should sone have bote, It it had onis felt this savour sote.

709. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

On manquait d’air dans cette glorieuse caserne. […] Je me sentais fier de respirer le même air dont ils vivaient sur la même minute de temps. […] J’avais beau trouver le monde prévenu et accueillant pour moi, ce n’était pas mon air natal. […] … Avons-nous l’air d’un peuple bien nourri ?… avons-nous l’air d’un peuple bien nourri ?

710. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LII » pp. 203-205

Cousin (son air d’oraison funèbre à part) est un très-beau morceau, très-instructif, une belle page de l’histoire de l’Université en France : en face de l’invective croissante, M.

711. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Corbière, Tristan (1845-1875) »

Remy de Gourmont Parmi les vers jamais ordinaires des Amours jaunes, il y en a beaucoup de très déplaisants et beaucoup d’admirables, mais admirables avec un air si équivoque, si spécieux, qu’on ne les goûte pas toujours à une première rencontre : ensuite on juge que Tristan Corbière est, comme Laforgue, un peu son disciple, l’un de ces talents inclassables et indéniables qui sont, dans l’histoire des littératures, d’étranges et précieuses exceptions, — singulières même en une galerie de singularités.

712. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — X — Xanrof, Léon (1867-1953) »

L’éditeur a eu l’attention de mettre la musique, et ce sont, en général, des airs très faciles improvisés par M. 

713. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Léon Dequillebec » pp. 165-167

Il se garait comme il pouvait de l’humidité et des courants d’air.

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