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630. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Les esprits tristes eux-mêmes n’y sont pas admis, car il y a un fond de joie et d’enjouement dans toute urbanité, il y a du sourire. […] Enfin, pour se faire admettre et agréer, elle se fait petite, elle se fait nulle ; elle se déguiserait, si elle le pouvait, sous la forme d’un devoir ou d’un ennui ; elle sent que c’est ainsi qu’elle aurait encore le plus de chances de pénétrer.

631. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

., c’étaient des points que M. de Maistre ne désespérait pas de gagner, s’il pouvait être admis à les discuter devant Napoléon même. Il prit donc sur lui d’adresser un mémoire et une lettre à l’Empereur par Savary qui s’en chargea : il demandait à être appelé à Paris et admis à plaider confidentiellement devant l’arbitre des puissances.

632. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Quelques témoignages particuliers nous mettront à même d’en juger pertinemment et presque comme si nous y avions été admis : Je viens de faire une perte bien sensible en Mme la marquise de Lambert, morte à l’âge de quatre-vingt-six ans, écrivait le marquis d’Argenson (1733). […] Sa maison était honorable pour ceux qui y étaient admis.

633. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Guyau n’absorbait point la morale entière dans la sociologie, car il considérait que le principe « de la vie la plus intensive et la plus extensive », c’est-à-dire de la moralité, est immanent à l’individu, mais il n’en admettait pas moins que l’individu est lui-même une société de cellules vivantes et peut-être de consciences rudimentaires ; d’où il suit que la vie individuelle, étant déjà sociale par la synergie qu’elle réalise entre nos puissances, n’a besoin que de suivre son propre élan, de se dégager des entraves extérieures et des besoins les plus physiques, pour devenir une coopération à la vie plus large de la famille, de la patrie, de l’humanité et même du monde. […] C’est ainsi que, peu à peu, en élargissant sans cesse ses relations, « l’art en est venu à nous mettre en société avec tels et tels héros de Zola. » La cité aristocratique de L’art, au dix-huitième siècle, admettait à peine dans son sein les animaux ; elle en excluait presque la nature, les montagnes, la mer. « L’art, de nos jours, est devenu de plus en plus démocratique, et a fini même par préférer la société des vicieux à celle des honnêtes gens. » Tout dépend donc, conclut Guyau, du type de société avec lequel l’artiste a choisi de nous faire sympathiser : « Il n’est nullement indifférent que ce soit la société passée, ou la société présente, ou la société à venir, et, dans ces diverses sociétés, tel groupe social plutôt que tel autre. » Il est même des littératures, — Guyau le montre dans un chapitre spécial, — qui prennent pour objectif « de nous faire sympathiser avec les insociables, avec les déséquilibrés, les névropathes, les fous, les délinquants » ; c’est ici que « l’excès de sociabilité artistique aboutit à l’affaiblissement même du lien social et moral ».

634. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Shakespeare est d’accord avec Walter Mapes, archidiacre d’Oxford, c’est bien quelque chose ; il admet, depuis Brutus jusqu’à Cadvalla, les quatre-vingt-dix-neuf rois celtes qui ont précédé le scandinave Hengist et le saxon Horsa ; et puisqu’il croit à Mulmutius, à Cinigisil, à Céolulfe, à Cassibelan, à Cymbeline, à Cynulphus, à Arviragus, à Guiderius, à Escuin, à Cudred, à Vortigerne, à Arthur, à Uther Pendragon, il a bien le droit de croire au roi Lear, et de créer Cordelia. […] se sentir oublié dans le départ, avoir perdu sa raison d’être ici-bas, être désormais un homme qui va et vient devant un sépulcre, pas reçu, pas admis ; c’est une sombre destinée.

635. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

M. d’Ablancourt & Patru dont il avoit eu l’amitié, & de celles de l’Académie que l’Abbé d’Aubignac avoit établie, & où il avoit été admis en 1665. ; mais ces lumieres n’étoient que des foibles lueurs. […] On a cru devoir admettre dans la nouvelle édition les termes élémentaires des sciences, des arts & même ceux des métiers, qu’un homme de lettres est dans le cas de trouver dans des ouvrages où l’on ne traite pas expressément des matieres ausquelles ces termes appartiennent.

636. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

J’ai besoin de le répéter, parce que je viens de le relire : vous avez vraiment créé une critique haute qui vous appartient en propre, et votre manière de passer de l’homme à l’œuvre et de chercher dans ses entrailles le germe de ses productions est une source intarissable d’aperçus nouveaux et de vues profondes. » On peut rabattre tout ce qu’on voudra de l’éloge, mais M. de Vigny admettait évidemment cette méthode critique en 1829.

637. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Il n’admettait à aucun degré les tentatives dites romantiques qui se faisaient dans les divers genres, et c’était pour lui une religion de conscience de tout repousser.

638. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Mignet : Histoire de la Révolution française, depuis 1789 jusqu’en 1814. 3e édition. »

Son seul tort est d’avoir exclusivement rattaché à cet ordre unique de causes, des résultats auxquels ont concouru, pour une part indéterminée et peut-être immense, d’autres causes obscures et inappréciables, comme s’il en avait trop coûté à son esprit rigoureux d’admettre de la réalité ailleurs que là où il découvrait de l’ordre et des lois.

639. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre IX. L’avenir de la Physique mathématique. »

Je crois qu’en raisonnant ainsi on admet une théorie trop simpliste de l’aberration ; Michelson nous a montré, je vous l’ai dit, que les procédés physiques sont impuissants à mettre en évidence le mouvement absolu ; je suis persuadé qu’il en sera de même des procédés astronomiques quelque loin que l’on pousse la précision.

640. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

« Il est bien vrai, dit-il, que les changements organiques du cerveau font quelquefois disparaître la mémoire des faits qui se rapportent à certaines périodes ou à certaines classes de mots, tels que les substantifs, les adjectifs ; mais cette perte ne pourrait être expliquée au point de vue matériel qu’en admettant que les impressions se fixent d’une manière successive dans des portions stratifiées du cerveau, ce à quoi il n’est pas permis de s’arrêter un seul instant… La faculté de conserver ou de reproduire les images ou les idées des objets qui ont frappé les sens ne permet pas d’admettre que les séries d’idées soient fixées dans telles ou telles parties du cerveau, par exemple, dans les corpuscules ganglionnaires de la substance grise, car les idées accumulées dans l’âme s’unissent entre elles de manières très-variées, telles que les relations de succession, de simultanéité, d’analogie, de dissemblance, et ces relations varient à chaque instant. » Müller ajoute : « D’ailleurs, si l’on voulait attribuer la perception et la pensée aux corpuscules ganglionnaires et considérer le travail de l’esprit, — quand il s’élève des notions particulières aux notions générales, ou redescend de celles-ci à celle-là, — comme l’effet d’une exaltation de la partie périphérique des corpuscules ganglionnaires relativement à celle de leurs parties centrales ou de leur noyau relativement à leur périphérie, si l’on prétendait que la réunion des conceptions en une pensée ou en un jugement qui exige à la fois l’idée de l’objet, celle des attributs et celle de la copule, dépend du conflit de ces corpuscules et d’une action des prolongements qui les unissent ensemble ; si l’on prétendait que l’association des idées dépend de l’action soit simultanée, soit successive, de ces corpuscules, — on ne ferait que se perdre au milieu d’hypothèses vagues et dépourvues de tout fondement72. » De tout ce qui précède, je ne crois pas qu’il soit bien téméraire de conclure que nous ne savons rien, absolument rien, des opérations du cerveau, rien des phénomènes dont il est le théâtre lorsque la pensée se produit dans l’esprit.

641. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

Avec les rationalistes, il admet qu’il existe entre les phénomènes des relations logiques, que les choses sont intelligibles.

642. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

De tous les moyens recommandés pour former son originalité et son style, l’imitation est un si profitable exercice, d’un usage si universellement admis par les classiques, que je suis ébahi de voir des critiques nous blâmer de la conseiller.

643. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Le peuple français est le premier des peuples de l’Europe qui ait admis le principe de l’indépendance mutuelle des institutions politiques et des institutions sociales, tout en demeurant dans la même croyance religieuse, tout en restant fidèle au droit divin et à celui de la légitimité, qui en est la suite.

644. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Je connais trop ces vieilles fins de non-recevoir pour les admettre, ces bâtons mis dans les roues de la Critique pour l’arrêter et qui les cassent si elfe est un peu vigoureuse.

645. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

Admettez un tiers à cette conversation, il ne concevra point ce que ces mots ont de touchant, ni pourquoi ils excitent une émotion si tendre, et font peut-être verser les plus douces larmes : telle est l’image du différent effet que produisent les beautés accessoires et les finesses d’expression dans une langue vivante ou dans une langue morte ; plus un écrivain a de ce genre de beautés, plus il doit perdre.

646. (1925) Comment on devient écrivain

Il n’admet plus qu’on puisse écrire un travail un peu sérieux en dehors des éléments d’informations paléographique, archéologique et épigraphique. […] Lamartine avait une autre lacune : il n’admettait pas Rabelais. […] Tolstoï admit cette hypothèse optimiste, qui sauvait l’amour-propre de sa critique. […] Quelques-unes de ses sévérités, qui paraissaient choquantes, il y a cinquante ans, sont aujourd’hui à peu près admises. […] Un jeune licencié ès lettres, candidat à l’agrégation, fut admis un jour dans un journal.

647. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Il n’admettait pas que cette pureté fût l’apanage et le devoir des seules femmes : il l’imposait encore aux hommes, et pareillement, avec la même exigence. […] Il admet des nuances. […] Napoléon III, fidèle au principe des nationalités, était favorable à la Pologne ; et, cela, c’était un point sur lequel la Russie n’admettait pas la controverse. […] Nous admettons — nous sommes naturellement obligés de l’admettre — que la ligne droite est le plus court chemin d’un point à un autre. […] Beaucoup de géomètres ont admis ce principe tout de go ; et on les appelle euclidiens.

648. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Il n’admet pas davantage l’abus et l’excès dans la vie intellectuelle. […] Kant n’admet pas cette révélation. […] Admettons donc qu’il y a une spécificité des créations de l’art et de la littérature. […] Si l’on admet le principe de l’héritage, — et ne pas l’admettre, c’est rejeter la société aux sauvageries primitives, — cette dépossession est une des plus scandaleuses iniquités qui se puissent imaginer. […] Ils ont admis que la France moderne devait tout à la terrible secousse de la fin du dix-huitième siècle.

649. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Il admet donc que tout amour est hallucinatoire et ne cherche dans les êtres étrangers qu’un prétexte à se fixer. Il n’admet donc pas l’appel, l’attraction d’un être sur un autre, ni que l’amour puisse jamais naître d’affinités réelles et objectives. […] Le premier est celui-ci : même du point de vue le plus objectif, il ne me paraît pas possible d’admettre que la nature propre d’un être, que sa qualité (je ne dis pas ses qualités, ce serait tout autre chose, et Proust a certainement complètement raison de prétendre que lu valeur morale n’entre pour rien dans l’amour qu’il déclenche) mais il ne me paraît pas possible d’admettre que sa qualité physique et morale n’ait aucune influence sur le choix que nous faisons de lui pour l’aimer, et que l’amour qu’il récolte soit déterminé uniquement par des circonstances extérieures, par l’inquiétude qu’il nous donne, par son absence au moment où nous avons besoin de lui, etc… Qu’il y ait une influence spécifique des êtres les uns sur les autres, cela ne me paraît pas pouvoir être nié. […] Il est peut-être possible déjà d’écrire sur Marcel Proust sans tomber dans trop de sottises ; la plume admet le temps de la réflexion et si l’on se sent sur le bord d’une idée fausse ou imprécise, on peut toujours la garder suspendue, attendre que l’esprit ait achevé son travail. […] Il semblait admettre que l’écran seul de Céleste eût pu le protéger de cette peinture ; il n’avait pas l’idée qu’il pût se défendre des choses, ni d’ailleurs non plus agir sur elles, par ses propres moyens.

650. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Le grand point est de savoir jusqu’où cet esprit doit être admis. […] Cette facilité en Peinture, en Musique, en Éloquence, en Poésie, consiste dans un naturel heureux, qui n’admet aucun tour de recherche, & qui peut se passer de force & de profondeur. […] Il y a encore de la différence entre un bonheur & le bonheur, différence que le mot félicité n’admet point. […] Nous ne l’admettons point dans l’histoire, car trop de métaphores nuisent à la clarté ; elles nuisent même à la vérité, en disant plus ou moins que la chose même. […] Le style très-familier admet encore, force gens, forces gibier, force fripons, force mauvais critiques.

651. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Ce grand besoin de l’homme, le fini, qui admet l’embrassement, ils l’ignorent. Le fini, qui admet le progrès, le travail sublime, ils n’y songent pas. […] La vie momentanée a son droit, nous l’admettons, mais la vie permanente a le sien.

652. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Pour les braves gens admirateurs de ces mannequins empaillés de citations, l’humanité commence à Jupiter et finit à Héliogabale ; les plus audacieux admettent Charlemagne, mais ceux-là sont des écervelés mal vus de leur compagnie. […] L’Académie eut assez bon goût ce jour-là ; elle se lit cet honneur d’admettre le candidat dans son sein. […] La docte compagnie se voit constamment forcée d’employer des mots qu’elle n’a pas admis.

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