/ 1097
1033. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Racine ne déroutait pas ses auditeurs en leur proposant de sentir comment Néron devint un meurtrier. […] Au dix-septième siècle, pour un Racine et pour un Fénelon, l’antiquité est une époque privilégiée, presque complètement dégagée de la chronologie et où vécut, si l’on peut ainsi parler, une humanité emblématique. […] Elle est plutôt celle du dix-septième siècle ; et, en effet, Racine, Molière, Corneille, La Fontaine ont maintes fois annoncé qu’à leur avis l’objet de l’art était de plaire : la littérature est, pour eux, un divertissement.

1034. (1876) Romanciers contemporains

Racine écrivait avec son cœur ; le goût inspirait Boileau ; la haute raison, Montesquieu ; l’esprit, l’esprit par excellence dictait, et Voltaire écrivait. […] » Les contemporains de Corneille n’ont pas été plus charmés et plus surpris quand ils ont lu le Menteur, les contemporains de Racine n’ont pas été plus étonnés quand ils ont vu les Plaideurs, qu’on ne le fut il y a une trentaine d’années lorsque, après avoir définitivement classé parmi les peintres les plus dramatiques de la passion l’auteur de Madame de Sommerville et de Marianna on vit apparaître le Docteur Herbeau. […] S’il est vrai qu’il y ait deux grandes natures d’esprits, si nettement tranchées qu’on peut opposer Virgile à Homère, comme Euripide à Sophocle, comme Racine à Corneille, comme Fénelon à Bossuet, comme Lamartine à Hugo, George Sand appartient bien à la famille des tempéraments vigoureux et virils, Mme Bentzon à la famille des âmes tendres et mélancoliques.

1035. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Nous commençons à comprendre le sérieux des puritains ; peut-être les Anglais finiront-ils par comprendre la gaieté de Voltaire ; nous travaillons à goûter Shakspeare, ils essayeront sans doute de goûter Racine.

1036. (1925) Dissociations

Le merveilleux Les dispositions de l’homme à la crédulité, alu surnaturel, au merveilleux n’ont pas varié depuis le commencement des siècles et un journaliste, à propos de vulgaires phénomènes d’hystérie, nous confiait l’autre jour, en de moins bons termes que Racine, mais avec autant d’ingénuité : « Quel temps fut jamais plus fertile en miracles ? 

1037. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Essayez d’isoler Jean-Jacques Rousseau de son siècle ; essayez de le placer entre Pascal et Racine.

1038. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

De quoi, un brave correspondant, instituteur à X…, se réjouit fort, dans une lettre qu’il m’adresse, car, dit-il, c’est ainsi qu’on en use avec Molière, La Fontaine, Racine, Voltaire et, en général, avec tous les grands écrivains de France, dans toutes les maisons d’éducation, dignes de ce nom. […] De même qu’elle assure aux chefs-d’œuvre de notre langue une diffusion, à laquelle on n’avait point encore songé… Je vois très bien un Racine, un Molière, un Diderot, et, plus tard, un Renan ou un Anatole France, traduits en argot de Belleville, ou en patois bas-normand : en argot par M. 

1039. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Mozart seulement a rendu en métal sonore l’époque de Louis XIV, l’art de Racine et de Claude Lorrain. […] Mozart a une vivacité, une grâce naturelle, une ironie délicate et frondeuse, incompatibles avec l’esprit pieux et soumis de Racine et qui appartiennent bien plus aux artistes de la fin du xviiie  siècle.

1040. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Satire VII ; il s’agit d’un certain Rufus qui traitait Cicéron d’Allobroge, comme qui dirait de Racine qu’il est un Béotien ou un crétin.

1041. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Les écrivains religieux et monarchiques sont de la même famille que les écrivains impies et révolutionnaires ; Boileau conduit à Rousseau, et Racine à Robespierre.

1042. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Voyez Racine et Fénelon ; voyez Virgile, voyez Pétrarque.

1043. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Manque-t-elle de dignité dans les tragédies de Corneille et de Racine, ou de jeux et de badinage dans les comédies de Moliere ?

1044. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Nous avons beau nous faire illusion, nos Tragédies ne nous touchent que fort peu ; encore a-t-il fallu pour cela tout l’art des Corneille, des Racine, des Voltaire. […] Moi, je n’en sais rien ; vous me paraissez un animal de la fable, un griffon, vous aimez tout : Arsène Houssaye, Eschyle, Maxime Du Camps, Champfleury, Victor Hugo, Racine.

1045. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Racine, Pascal, La Rochefoucauld et Voltaire, sont apparus à cet Allemand comme des parents enfin retrouvés. […] N’a-t-il pas osé affirmer que Racine créait des caractères plus vivants que Shakespeare, que l’architecture était un art dont l’humanité avait perdu le sens (la pierre, dit-il, est devenue plus pierre qu’autrefois) ?

1046. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Si Racine ou Corneille avaient fait une psychologie, ils auraient dit avec Descartes : L’homme est une âme incorporelle, servie par des organes, douée de raison et de volonté, habitant des palais ou des portiques, faite pour la conversation et la société, dont l’action harmonieuse et idéale se développe par des discours et des répliques dans un monde construit par la logique en dehors du temps et du lieu.

1047. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

. — Racine, qui se laisse tuer par un froncement de sourcils de Louis XIV. — Le chanteur Nourrit, qui se jette par la fenêtre, et le peintre Gros qui se jette à la rivière, parce qu’un rival est venu les supplanter. — Jean-Jacques Rousseau, ce sempiternel prêcheur de vertu, qui prostitue devant la postérité le nom de sa première bienfaitrice, qui se vante de mettre ses enfants à l’hospice, faute de courage pour avouer qu’il était, à ce que prétend M. 

1048. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Où voit-on que Bossuet et Pascal l’aient plus été que, Racine ? […] Lamartine, c’est tout ce que Racine avait dans le cœur. […] Le roman psychologique, inventé par La Rochefoucauld et Racine, et écrit pour la première fois par Mme de La Fayette, n’avait pas eu en France une très grande fortune.

1049. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Si M. de Birac était sorti sur le : Allez, de Séverine, pendant la scène Ve du dernier acte, j’aurais refait un dénouement de Racine, celui de Roxane jalouse, qui, ayant comme mon héroïne préparé la mort de Bajazet s’il franchit le seuil de son appartement, le congédie avec ce seul mot ; Sortez, qui est son arrêt, sans qu’il s’en doute. […] Loin de vouloir piller Racine, je voulais au contraire, si quelqu’un s’avisait par hasard de l’analogie, montrer, comme je l’ai dit, la différence des sentiments entre une maîtresse et une épouse, entre une musulmane et une chrétienne, entre la passion et l’amour.

1050. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Leur criai-je en colère, et, dans l’ardeur du feu Les dévots n’étaient bien frappés que dans leur dieu, Je maltraitai Racine, et j’eus tort, à vrai dire, Mais c’est que nous étions enragés de Shakspeare Qu’ils insultaient ; car nous, dès notre premier jour, Nos haines n’ont jamais été que de l’amour. […] » En effet, le faux polyglotte s’était contenté d’écrire, en retournant les mots, deux vers de Racine.

1051. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Ce n’est pas autrement que Racine, le poète janséniste, nous montrait dans Phèdre la toute-puissance malfaisante de l’amour. […] Les partisans les plus acharnés de la tradition, les disciples les plus soumis des anciens, les représentants attitrés du classicisme, un Racine, un Boileau, ont été dans leur temps des modernes autant que peuvent l’être les Goncourt aujourd’hui, quoique par des procédés différents.

1052. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Nous l’admirons, cette claire ordonnance, dans tous nos classiques, dans Corneille comme dans Racine, et dans Molière comme dans La Fontaine, dans la Princesse de Clèves comme dans Candide et Manon Lescaut. […] Il a dégagé, et merveilleusement illustré, la loi de variété des génies, qui nous permet d’accepter comme légitimes les transcriptions les plus différentes de la vie, d’aimer à la fois Shakespeare et Racine, Virgile et Shelley, la Princesse de Clèves et les Parents pauvres, Boileau et Hugo. « Ne confondons point les genres et les natures, ne demandons point à une organisation ce qui est le fruit d’une autre », disait-il à propos de Pope, et plus profondément : « Il n’y a de chaque vrai poète qu’un exemplaire. » Il a dégagé aussi et non moins fortement éclairé ce que j’appellerai, faute d’un terme meilleur, la loi de profondeur.

1053. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Avertissement. Il y a plusieurs années que l’ouvrage que je présente aujourd’hui au public est composé, mais différentes raisons m’en ont fait différer la publication jusqu’à ce jour ; la principale a toujours été le choix du moment où je pourrais trouver le public disposé à accueillir cette histoire du peintre Louis David et de son école. L’admiration pour les ouvrages de cet illustre artiste a été si exclusive jusqu’au moment de sa mort, et ils ont été critiqués, dénigrés même avec tant de violence et d’injustice pendant les quinze ou seize années qui ont suivi son exil, qu’il m’a paru indispensable d’attendre que le temps eût calmé l’effervescence de ces passions contraires, et qu’il devînt ainsi possible de porter sur les travaux de David un jugement impartial, et de le faire accepter avec calme aux lecteurs. Si je ne me trompe, ce moment est venu, et les compositions de David, après un examen rigoureux de près de vingt années, sont sorties triomphantes de cette rude épreuve. Ses défauts, car quel est le maître qui n’en ait pas ?

1054. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Qu’on prenne dans le théâtre grec, ou dans Racine et Alfieri, qui tous deux, à leur manière, ont voulu renouveler l’antiquité, telle tragédie qu’on voudra, sauf la naïveté familière des détails, qui assure au poète de Stratford un avantage réel et durable, je ne vois aucune différence entre les tragédies anglaises, italiennes et françaises. […] Il était dit dans la prédication qu’il a entendue que Chateaubriandal est un homme de transition dont le nom doit promptement s’effacer ; que Molière manquait de l’élément lyrique, et que c’est grand dommage pour Tartuffe et le Misanthrope, qui ne marchent que d’un pied à cause de cela ; que les Femmes savantes, brodées de quelques odes, feraient bien meilleur effet ; que Lamartine n’a qu’une spécialité monotone ; qu’Alfred de Vigny n’a pas de style, et que sa poésie est par trop racinienne ; que Racine ne connaissait pas le drame, et qu’il aurait dû s’en tenir aux élégies.

1055. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Imaginez, après Balzac, Descartes, Corneille, Molière, La Rochefoucauld, Sévigné, Bossuet, Racine, Boileau, La Bruyère et le retentissement de ces grands noms dans toute l’Europe et la diffusion, grâce à eux, de la langue française dans toute l’Europe, et la gloire européenne de la France, gloire qu’elle sent qu’elle doit principalement à ses hommes de lettres, imaginez bien ce que c’est qu’un homme de lettres en 1700.

/ 1097