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1541. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Car nous avons précisément restitué à l’idée ethnique toute sa puissance, nous nous appliquons d’une manière constante à saisir le sens des réalités, et nous avons constitué l’éthique la plus sûre qu’ait connue la France. […] Il nous faudra faire en France ce que des sculpteurs, des peintres, des poètes ont fait en Italie au xvie  siècle.

1542. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Je risque d’indisposer contre moi presque tout ce qu’il y a de critiques en France ; et Dieu sait si le nombre en est grand ! […] Les lettres grecques et romaines, le moyen âge et les temps modernes, la France et les pays étrangers, ont comparu, à leur tour devant cet infatigable tribunal qui commence aujourd’hui à se juger lui-même.

1543. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Les bas-bleus qui faisaient partie de la société qu’elle voyait, en France, mirent du temps à lui donner sa teinte… Que lui dirent-ils pour qu’elle la prit ? […] Elle avait pu condescendre avec son nom de Guiccioli, immortalisé par Byron, à épouser le marquis de Boissy, ce personnage de comédie politique dont, en ce temps-là, toute la France riait ; et la marquise de Boissy ne devait pas oser, avec la décence comme le monde comprend la décence, tout dire de l’intimité de la comtesse Guiccioli avec lord Byron, L’embarras qu’elle éprouvait fut si grand, qu’il résista aux picotements de l’amour-propre du bas-bleu, du bas-bleu qui l’excitait à profiter de cette position, unique pour le succès d’un livre, d’avoir été la maîtresse de lord Byron !

1544. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Il a beaucoup vécu en Italie, et son esprit a dû s’y italianiser, sans rien perdre de toutes ses qualités françaises… C’est un latin, — comme la France fut une nation latine. […] En France, à part ceux-là, malheureusement nombreux, qui entrent au séminaire comme dans le réfectoire de toute leur vie, les vocations, si elles ne sont pas surnaturelles, s’égarent et flottent avant de se préciser, tandis qu’en Italie une forte éducation ecclésiastique vous prend dans son étau et ne vous lâche plus… Joachim Pecci sortit des Jésuites pour entrer à l’Académie des Nobles ecclésiastiques, et Grégoire, alors régnant, l’y distingua.

1545. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

En France, où l’on a assez d’esprit pour se permettre l’ignorance, on parle quelquefois de sainte Térèse, mais on ne la connaît pas, et les idées qu’on se fait de cet ange de la spiritualité sont assez confuses. […] Raillerie à part, d’ailleurs, sainte Térèse, qui n’est guère connue en France, comme nous venons de le dire, que pour deux ou trois mots sublimes, exprime l’amour avec une telle flamme qu’elle a vaincu, avec ces deux ou trois mots, l’ironie du peuple le moins romanesque de la terre, et elle a eu pour lui le charme du romanesque !

1546. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

L’esprit des révolutions a trouvé son maître en France, et la France, c’est le modèle de l’Europe, mais, pour être vaincu et lié, est-ce que cet esprit-là est détruit ?

1547. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

C’était en lui que s’incarnait réellement la force intellectuelle de la France ; c’était pour satisfaire à ses instincts artistiques que pensaient et qu’écrivaient des hommes comme Baudelaire, comme Flaubert, comme M.  […] Notre scène déjà, en dépit de sa vogue populaire en France et à l’étranger, indique par sa profonde déchéance quel argument on est en droit de tirer du consentement universel. […] Il ne court pas la Russie ou l’Espagne pour observer des Russes ou des Espagnols ; il ne quitte pas la France pour composer des mémoires ethnologiques. […] L’auteur reçoit les félicitations de quelques amis : mais, eux exceptés, nul dans le public ne paraît avoir le soupçon qu’un nouveau maître vient de se révéler à la France. […] M. Anatole France.

1548. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Vauvenargues l’appelle : « le plus beau génie que la France ait eu ». […] La France, alors, continuait de travailler à épurer sa langue. […] La France paraît prospère (oh ! […] M. de Guilleragues fut ambassadeur de France à Constantinople de 1679 à 1685. […] ; elle est glorieuse d’une telle alliance : vous diriez une princesse de Savoie ou de Bavière, qui va épouser le dauphin de France.

1549. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « V » pp. 19-21

Se pourrait-il que la France finalement fût catholique comme Bénarès est hindoue, par impuissance d’être autre chose !

1550. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IX » pp. 33-36

Mais que les doigts me démangent, de penser qu’on ne peut pas en France dire au long, librement, quelque part toute sa pensée là-dessus !

1551. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIII » pp. 244-246

Ainsi, page 315, dans la strophe : Mais à moins qu’un ami menacé dans sa vie Ne jette en appelant le cri du désespoir, Ou qu’avec son clairon la France nous convie, etc.

1552. (1875) Premiers lundis. Tome III « Senac de Meilhan »

Cependant tout cela ne pénétrait qu’imparfaitement en France, et lui-même étant mort dans l’émigration, il n’eut jamais les honneurs de son esprit et de son talent.

1553. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemaître, Jules (1853-1914) »

Il faudra bien qu’on rende un jour à l’auteur pleine justice à ce livre excellent, qu’on le mette tout à côté de ceux de France, pour la délicatesse et la savante simplicité de la forme, et qu’on reconnaisse en Lemaître un des plus remarquables artistes en vers de ce temps.

1554. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 264-267

Comment imaginer, après cela, qu’il ait eu la malhonnêteté de se donner pour l’Auteur d’un Ouvrage qu’il n’avoit pas fait, & sur-tout d’un Ouvrage composé par une femme dont le nom avoit paru à la tête d’autres Productions moins estimées & moins estimables, telles que la Princesse de Montpensier, les Mémoires de la Cour de France, & Henriette d’Angleterre ?

1555. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 368-371

MOREAU, [Jacob-Nicolas] Conseiller à la Cour des Comptes, Aides & Finances de Provence, premier Conseiller de Monsieur, Historiographe de France, Bibliothécaire de la Reine, né à Saint-Florentin le 20 Décembre 1717.

1556. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre V. Beau côté de l’Histoire moderne. »

L’établissement des Francs dans les Gaules, Charlemagne, les croisades, la chevalerie, une bataille de Bouvines, un combat de Lépante, un Conradin à Naples, un Henri IV en France, un Charles Ier en Angleterre, sont au moins des époques mémorables, des mœurs singulières, des événements fameux, des catastrophes tragiques.

1557. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Cochin » p. 332

Cochin plusieurs dessins allégoriques, sur les règnes des rois de France . j’aime Cochin ; mais j’aime encore plus la vérité.

1558. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 23, quelques remarques sur le poëme épique, observation touchant le lieu et le tems où il faut prendre l’action » pp. 179-182

Tous les endroits de l’histoire de France qui sont memorables, ne nous interessent pas même également.

1559. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVI. Le dévouement de yamadou havé »

C’est de Ségo Dohi que descendent : Mojacé Sambala, chef de Médine ; Diourha Sambala un des défenseurs de cette ville avec Paul Holl ; Kinty Sambala, allié de la France et l’interprète Alfa Séga.

1560. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Nous n’avons trouvé ni en France, ni en Allemagne, ni ailleurs, de personnages réels pour représenter parfaitement ces deux écoles275, et nous avons emprunté à Molière deux personnages fictifs, fantastiques : le Chevalier Dorante et Monsieur Lysidas. […] La France compte par milliers des disciples de M.  […] Lysidas, que la France entière s’abuse et que l’Europe s’abuse avec elle, en appelant Molière un poète comique et un grand poète comique ? […] Vous avez sur la France un grand avantage : vous goûtez les comédies de Shakespeare ; vous comprenez qu’on peut être comique autrement que Molière, par les caprices de l’invention libre, par la gaieté folle des situations, par l’exubérance d’un style tout étincelant des richesses les plus contraires, par les boutades philosophiques et morales d’un bouffon ou d’un mauvais sujet raillant les misères de l’humanité. Mais pourquoi ne comprenez-vous pas le comique du Shakespeare et de l’Aristophane français aussi bien que la France et que l’Europe ; pourquoi ?

1561. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Au lieu de lui demander ces œuvres sérieuses que l’Italie, la France, l’Angleterre font produire à leurs grands hommes de lettres, les Allemands rêvent, et nous pensons. […] Quinet, nature allemande dans un talent français, a donné pour la première fois à la France la traduction, le sens et le commentaire. […] C’était le moment où la vieille littérature naïve de la Germanie se greffait, sous l’influence du grand Frédéric, sur la philosophie et à la littérature de la France. […] Mais d’abord hâtons-nous de vous dire que l’invention n’en appartient pas à Goethe, pas plus que l’invention d’Ahasvérus, l’homme immortel, n’appartient aux innombrables poètes qui ont chanté ce songe universel de l’expiation par la vie ; pas plus que l’invention de don Juan, cette moquerie incarnée de la vertu, de l’amour dans la fidélité de don Juan, ce vampire de la femme, n’appartient à l’Espagne ou à la France. […] Méphistophélès, c’est un personnage que les jeunes écrivains et les poètes de ces derniers temps en France ont beaucoup trop fréquenté, et qui donne à leur prose trop ricaneuse ou à leurs vers lestes et ingambes des grâces de mauvais aloi, aussi éloignées de la véritable grâce que le dénigrement est loin de l’enthousiasme.

1562. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Est-il croyable qu’il n’existe pas dans toute l’Europe une seule chaire de linguistique et que le Collège de France, qui met sa gloire à représenter dans son enseignement l’ensemble de l’esprit humain, n’ait pas de chaire pour une des branches les plus importantes de la connaissance humaine que le XIXe siècle ait créées ? […] Un voyageur a traversé la France du nord au sud ; un autre de l’est à l’ouest ; un autre suivant une autre ligne ; chacun d’eux donne sa relation comme la description complète de la France ; voilà l’image exacte de ce qu’ont fait jusqu’ici ceux qui ont tenté de présenter un système de philosophie de l’histoire 131. […] Un innombrable essaim de doctes philologues a complètement réformé en Allemagne l’exégèse biblique, sans que la France connaisse encore le premier mot de leurs travaux. […] Si l’esprit critique est beaucoup plus répandu dans l’Allemagne du Nord qu’en France, la cause en est sans doute dans la différence de l’enseignement religieux, ici positif et dur, là indécis et purement humain.

1563. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Je ne sais si hors de Paris il est possible en France de se mettre bien délicatement à ce point de vue, et je craindrais de trop dire en avançant qu’il y actuellement au monde deux ou trois milliers de personnes capables d’adorer de cette manière. […] Gœthe, l’ami d’un grand-duc, aurait pu se voir en France poursuivi devant les tribunaux ; le traducteur de Feuerbach n’a pas trouvé d’éditeur qui osât publier son livre. […] Les grandes et larges idées sur Dieu ont été et sont, en Allemagne, la doctrine de tout esprit cultivé philosophiquement ; en France, nul n’a encore osé les avouer, et celui qui oserait le faire trouverait plus d’obstacles qu’il n’en eût trouvé à Tubingue ou à Iéna sous des gouvernements absolus. […] Je le répète, la France n’a compris que la liberté extérieure, mais nullement la liberté de la pensée. […] Je suis pour la France et la raison, voilà tout.

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