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625. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

L'écrivain heureux passe, bon gré, mal gré, à l’état de fermier-général, et trop souvent il acquiert les défauts en même temps que les bénéfices industriels. […] En un mot, on peut soutenir, sans crainte de calomnier son temps, qu’il y a un rapport assez exact entre l’état des mœurs littéraires et le taux des profits qu’on tire des lettres ; les plus grandes fortunes correspondent à des époques de décadence.

626. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

Trouver dans soi seul une noble destinée, être heureux, non par la personnalité, mais par l’exercice de ses facultés, est un état qui flatte l’âme en la calmant. […] Il accomplit les actions ordinaires de la vie comme dans un état de somnambulisme ; tout ce qui pense, tout ce qui souffre en lui, appartient à un sentiment intérieur, dont la peine n’est pas un moment suspendue.

627. (1890) L’avenir de la science « XI »

Ce qu’il demande, c’est une influence intime et secrète, analogue à celle de l’électricité, qui, sans rien communiquer d’elle-même, développe sur les autres corps un état semblable ; ce qu’il blâme, c’est la tentative de ceux qui veulent trouver chez les modernes la matière suffisante d’une éducation esthétique et morale. […] L’analyse est quelque chose de plus avancé et correspond à un état plus scientifique de l’esprit humain.

628. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Samuel Bailey »

« Si la psychologie, dit-il276, étudiait les affections et opérations au lieu des facultés, et réglait son langage en conséquence, il semble qu’on se débarrasserait d’un bon nombre de questions embarrassantes parmi lesquelles il faut mettre la controverse sur la liberté de la volonté, ce qui est littéralement la liberté d’une non-existence. » La question examinée de près se réduit, suivant l’auteur, à se demander, non pas si nous sommes libres d’agir dans certains cas comme il nous plaît, — car personne, je pense, ne conteste que nous le soyons ; — mais s’il y a des causes régulières qui nous mettent en état de « vouloir » agir comme nous agissons. […] Les variations en probabilité sont entièrement dues aux variations dans l’état de notre propre connaissance ; et cela est également vrai pour les phénomènes physiques et pour les phénomènes moraux.

629. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

On dit que la petite reprendra son train ordinaire chez Madame. » Une autre lettre du 15 juin nous apprend que Jo a été à la messe du roi à la suite de Madame : « Le roi l’a regardée sous cape ; mais on (le roi) est insensible à son état et à sa tristesse. » Le lendemain, madame de Sévigné dit que « la dureté ne s’est point démentie ». […] Et les deux femmes, ayant toujours quelque raison de s’accuser l’une l’autre de ce qu’il y avait de fâcheux dans leur situation, étaient continuellement en guerre ouverte l’une contre l’autre, ou dans un état de défiance qui n’était pas la paix.

630. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Ne seroit-il pas honteux pour la gloire des Lettres, que la modestie de Lafontaine, la simplicité de son caractere & de ses mœurs, eussent affoibli l’estime de ses talens aux yeux des deux hommes le plus en état de les apprécier ? […] Deux Démons, à leur gré, partagent notre vie, Et de son patrimoine ont chassé la Raison : Je ne vois point de cœur qui ne leur sacrifie ; Si vous me demandez leur état & leur nom, J’appelle l’un Amour, & l’autre Ambition.

631. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Passons, passons ; mais n’oublions pas que l’artiste qui traite ces sortes de sujets s’en tient à l’imitation de nature ou se jette dans l’emblème, et que ce dernier parti lui impose la nécessité de trouver une expression de génie, une physionomie unique, originale et d’état, l’image énergique et forte d’une qualité individuelle. […] Son toupet gris avec sa mignardise lui donne l’air d’une vieille coquette qui fait encore l’aimable, la position, d’un secrétaire d’état et non d’un philosophe.

632. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

La grande idée de la science économique fut réalisée dès l’origine, savoir : qu’il faut que les pères, par leur travail et leur industrie, laissent à leurs fils un patrimoine où ils trouvent une subsistance facile, commode et sûre, quand même ils n’auraient plus aucun rapport avec les étrangers, quand même toutes les ressources de l’état social viendraient à leur manquer, quand même il n’y aurait plus de cités ; de sorte qu’en supposant les dernières calamités les familles subsistent, comme origine de nouvelles nations. […] Ainsi la Providence ordonna l’état de famille, employant non la tyrannie des lois, mais la douce autorité des coutumes (Voy.

633. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

» Et de fait, le crime commis est la plus révoltante lâcheté qu’on puisse concevoir, si on l’isole, si l’on ne tient compte ni des conditions dans lesquelles il a été accompli, ni de l’état spécial du criminel doué d’une intelligence, d’une exagération de sensitivité si subtiles qu’elles constituent presque un état morbide. […] On me dira bien qu’au fond ces gaillards-là ne sont que des symboles ; dans ce cas, ils ont encore trop de chair et je demande qu’on les réduise à l’état de purs esprits. […] Dans cet état, pourtant, il entendit la rumeur de la révolution de Février ; il voulut savoir ce qui se passait. […] Celui-ci lui demanda même de l’accompagner dans une promenade qu’il voulut faire, pour juger par ses yeux de l’état des choses. […] Dans notre état corporel présent, nous avons peine à croire et même à concevoir la réalité de l’impalpable : dans l’état spirituel, c’est la matière qui nous paraîtra l’irréel et le non-existant.

634. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

La littérature vient encore ici témoigner de l’état des esprits. […] On dirait, à les entendre, que sans les livres de ces écrivains tout serait encore au même état que dans le dix-septième siècle. […] Rollin, qui vécut loin du monde, tout entier aux devoirs de son état, sut les retracer avec simplicité. […] Dans son dépit, peu s’en fallut qu’il ne supposât que l’homme avait pu vivre dans l’état de brute. […] Heureux de l’état présent de la France, ils ne songent pas qu’il a été acheté au prix des souffrances de leurs pères.

635. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Il y a pourtant des gens qui soupçonnent l’état réel des choses. […] Aussitôt que le peuple sera en état de dire son opinion vraie, il se montrera véritable conservateur. […] Sensibilité extrême et manque d’équilibre moral, voilà, à mes yeux, le caractère de l’état présent de la littérature. « Non, la nouvelle langue, qui exprimera le nouvel état des choses, n’est pas encore inventée. […] Et c’est un ensemble de phénomènes portés à leur tension la plus haute, puis ramenés à un état d’indifférence complète.

636. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Vous connaissez cet état, Halévy. […] Tel était l’état de la question, le célèbre état de la question. […] Dans un état d’exercice, dans un état de souplesse, dans un état de servitude. […] C’est l’état d’humiliation, c’est l’état chrétien même, c’est proprement l’état de péché. […] Tel est l’état de péché.

637. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Mais attendez un peu jusqu’à ce que toute la nation soit dans un état électrique, c’est-à-dire jusqu’à ce que toute votre électricité vitale, non plus neutre comme à l’état sain, soit distribuée en deux portions isolées, l’une négative, l’autre positive (à savoir, la faim et l’argent), et enfermées en deux bouteilles de Leyde grandes comme le monde ! […] Il y a un mot anglais intraduisible qui peint cet état et montre toute la constitution physique de la race : His blood is up. […] Partout le même état de l’imagination a produit la même doctrine. […] Au contraire, la prophétie est un état violent qui ne soutient pas. […] On peut marquer tous les pas qui conduisent la simple conception philosophique à l’état extrême et violent.

638. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Les conditions étant celles-là, les procédés étant si bien connus et d’un emploi si commode, il n’y a pas lieu de s’étonner qu’il y ait eu, depuis un demi-siècle, en France, tant de feuilletonistes satisfaits de leur état. […] Sauf ces quelques nuances, le fond est resté ce qu’il était ; les péripéties, les combinaisons, les types d’un usage éprouvé s’y retrouvent pour nous à l’état de vieilles connaissances ; et le but unique, le but suprême ; battre monnaie avec l’encrier, n’a fait que se préciser davantage. […] Piquons au passage une anecdote instructive, uniquement pour nous rendre compte du degré d’aisance et de commodité auquel une grâce d’état spéciale leur permet de réduire le poids incommode des scrupules de l’art. […] Dans le corps du journal sont présentés et discutés les faits du jour, de politique, de sociologie, de morale, etc., suivant telle ou telle conception générale en rapport avec l’état de l’âme contemporaine, et dans le feuilleton du rez-de-chaussée se perpétuent des traditions romanesques qui ne correspondent à rien. […] Frédéric Loliée, qui s’est chargé d’approfondir l’état actuel du mal, des penseurs romanciers et journalistes éminents ont bien voulu à leur tour éclaircir, à différents points de vue, ce problème des plus importants pour notre grandeur morale.

639. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Cette excursion de volontaire en Grèce lui fut plus tard portée sur ses états de service comme une campagne. […] Cependant, dans le rapport, on ne dit que les belles choses ; les autres sont rejetées dans l’ombre et comme non avenues : « En arrivant, j’ai dû faire mon rapport et des états de proposition pour mes officiers, récompenser mes zouaves et leur adresser des compliments dans un bel ordre du jour, nommer quelques sergents, quelques caporaux, quelques soldats de première classe. […] Son vœu secret, magnanime, c’est du moins de tout lancer dans une bonne voie, de commencer, de pousser vaillamment la grande œuvre, et de mettre, dès les premiers jours, les choses dans un tel état qu’un autre, à son défaut, n’aura plus qu’à achever. […] Le 10 août, mauvais jour, nous nous sommes défendus pendant cinq heures pied à pied contre un saut aérien d’où personne ne serait redescendu par terre à l’état complet. […] Giraud), qui, allant le voir, lui représentait l’état de sa santé à la veille du départ, il fit cette réponse : « La fortune est venue vite, il faut la justifier. » 71.

640. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Nous penchions l’un et l’autre vers l’état ecclésiastique, moi plus que lui cependant ; c’est pourquoi j’embrassai cette carrière, quoique je fusse l’aîné de la famille. Quant à André, il renonça au sacerdoce, non pour se marier — ce qu’il ne fit jamais, — mais parce que sa santé ne lui permettait pas de consacrer toutes ses heures, et spécialement celles du matin, aux occupations et aux études imposées par les devoirs de cet état et les emplois qu’il aurait pu remplir. […] Je m’efforçai de mériter de mon mieux la confiance que le cardinal me témoignait ; et, comme l’état de sa santé ne lui permettait plus de faire de la direction de ce grand établissement l’objet de ses occupations assidues, ce soin retomba sur moi seul. […] Lorsque j’arrivai au pied de la colline, je ne puis exprimer les sentiments dont mon cœur fut agité à l’idée de revoir mon bienfaiteur et mon souverain, qui avait eu tant de bontés pour moi, et en pensant au misérable état dans lequel se trouvait réduit ce Pie VI que j’avais vu au comble des splendeurs. […] Elle dura près de quatre mois au milieu des intrigues diverses que l’état désespéré de l’Église ne suspendait pas, et qui finit néanmoins, grâce à l’intervention du cardinal Consalvi, par l’élection la plus inattendue et la plus pure qui pût édifier et sauver cette institution.

641. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Et, en effet, la raison a beau se débattre en ricanant, ce mystérieux scarabée, inconnu à toutes les classifications scientifiques, qui, gros comme une noix d’hickory, brille et pèse comme un lingot d’or pur ; cet insecte, peut-être diabolique, qui porte sur le dos et les ailes l’image d’une tête de mort, l’emblème de cette mort qu’il semble donner avec une piqûre ; l’analogie inexplicable de la figure tracée sur ses ailes avec cette autre tête de mort, clouée à la branche sèche du tulipier ; l’état de charme consumant dans lequel Legrand est tombé depuis qu’il a touché le scarabée, cet état qui n’est que le pressentiment, l’annonce intérieure, la soif qui révèle la source d’un trésor caché qu’il finit par découvrir aux pieds même de ce tulipier : tout cela saisit l’esprit, l’attire, le fixe, le harcèle, oh ne sait pourquoi ! […] Est-ce cet état de société qui fait seulement la valeur d’Edgar Poe ? […] Le grand poète à l’état fragmentaire qui s’agite confusément dans les Histoires extraordinaires nous apparaîtra-t-il alors dans toute sa pureté, sa force et son originalité, et l’admiration succédera-t-elle à l’étonnement ? […] Sans rien préjuger de l’atroce croyance de Poe sur l’état de son âme, on peut assurer, dans le sens littéraire, que ce sera là de la littérature de damné. […] Mais ce n’en est pas moins une traduction imprudente que celle de ces Contes grotesques, dont pas un, par parenthèse, n’est grotesque ; et si Poe l’a écrit de sa plume, ce titre, à la tête de ses Contes, il a méconnu son génie ; car son génie est encore ici, mais dans quel état, grand Dieu !

642. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Ajoutez qu’à mesure qu’on s’éloigne de ces temps anciens et de ce régime aboli, il devient d’un intérêt historique sérieux d’en bien connaître les mœurs, les usages, les particularités, les excès ; de voir toute une province et des plus rudes, saisie au vif et prise sur le fait dans ses éléments les plus saillants et les plus heurtés, dans sa noblesse, son clergé, son tiers état et ses paysans, d’assister à l’enquête et à la justice, souvent bien expéditive, qu’on y fait au nom de l’autorité royale, treize ans seulement après les rébellions de la Fronde. […] On ne sait presque rien de l’état des provinces au xviie  siècle ; il faut en chercher les documents épars dans les correspondances administratives. […] L’humanité, dont Féchier donne en plus d’un endroit des marques, ne prend jamais la forme à laquelle le xviiie  siècle nous accoutumera ; il ne fait point état de philanthropie, il n’étale rien. […] Vous avez raison, madame, de nous féliciter de l’état paisible où nous sommes présentement dans nos diocèses. […] On y trouvera l’exposé le plus exact, et puisé aux meilleures sources, de l’état intérieur de la France dans ces premières années du gouvernement de Louis XIV.

643. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

1835 Autrefois dans les temps antiques, ou même en tout temps, à un certain état de société commençante, la poésie, loin d’être une espèce de rêverie singulière et de noble maladie, comme on le voit dans les sociétés avancées, a été une faculté humaine, générale, populaire, aussi peu individuelle que possible, une œuvre sentie par tous, chantée par tous, inventée par quelques-uns sans doute, mais inspirée d’abord et bien vite possédée et remaniée par la masse de la tribu, de la nation. […] Il ne donne jamais dans ses vers ses larmes à l’état de larmes ; il les métamorphose, il en fait éclore des êtres comme Dolorida, Symétha, Éloa. […] L’auteur énonce, sur l’état arriéré des armées, sur leur transformation nécessaire, des idées miséricordieuses et équitables, les vues d’un philosophe militaire qui a profité de toutes les lumières de son temps et qui s’est souvenu de Catinat. […] Et, en effet, dussé-je me montrer encore une fois sacrilége et au risque de profaner le fruit d’or en voulant y chercher l’amande, je dirai que, si la pensée de M. de Vigny est souvent élevée et grande, son développement est presque toujours précieux, à tel point que plusieurs des pièces esquissées dans ses albums sont certainement plus belles à l’état de projet qu’elles ne l’eussent été après exécution ; elles laissent d’elles une plus grande idée. — Je reviens à la lettre interrompue : je saute des lignes, des phrases élogieuses, et le donne ce qui revient à mon propos, lequel est encore une fois de montrer qu’en me permettant d’essayer de juger M. de Vigny et sa manière, je n’étais point tout à fait sans le connaître (autant du moins qu’il pouvait être connu) et sans avoir été initié et introduit de longue main par lui-même au sanctuaire de sa pensée, si riche en dédales et en mystères. […] Cette pièce singulière, intitulée Flux de mélancolie, commence de la sorte : « Dans l’état où je suis, il n’y a que Dieu qui puisse me consoler… Je suis si ennuyé du monde que, si ce chagrin me continue, j’espère au moins qu’il m’en tirera bientôt.

644. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Elle priait beaucoup… » La mourante resta dans cet état jusqu’au 26 mars 1829. […] Un état de demi-sommeil, c’est-à-dire un sommeil long mais très agité, et à chaque réveil des paroles d’affection, de consolation, et toujours cette grande clarté d’esprit qui saisit et distingue tout et qui observe son état. […] Dans les derniers temps, il éprouva de nombreuses indispositions, surtout des refroidissements, qui prirent chez lui le caractère de la grippe, et, toutes les fois que la nouvelle de sa maladie se répandait, tout le monde savant y prenait la part la plus affectueuse, les journaux en donnaient des bulletins, et les princes et les princesses s’informaient, ou par le télégraphe ou en personne, de l’état de sa santé. […] Il eut alors, pendant deux ans et plus, une correspondance secrète mais avouée avec sa cour sur l’état des affaires de France.

645. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

C’est-à-dire : — Croyez en mon orgueil, en cet orgueil sauveur par qui j’ai pu souvent agir comme si j’avais été un saint, et vivre héroïquement dans l’état de désespoir. […] Le pessimisme absolu, quand il est moins une perversion de l’esprit qu’un état du système nerveux, peut être grand créateur de rêves. […] La chasteté, la sainteté sont des états de la chair. […] C’est que chez lui, et pareillement chez les meilleurs de ses compagnons, le socialisme est sans doute, avant tout, un état sentimental. […] Comme ils sont toujours assurés de ce qu’il y a de généreux dans cet état sentimental et qu’ils s’en savent bon gré, volontiers ils se croient dispensés d’être précis dans le discours et scrupuleux dans l’action.

646. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Les âmes honnêtes des siècles raffinés, Rousseau, par exemple, Tacite peut-être, par réaction contre l’artificiel et le mensonge de la société de leur temps, se reportent avec complaisance vers l’état sauvage, qu’ils appellent l’état de nature. […] Il est puéril d’en appeler contre la civilisation raffinée à l’état sauvage ; il faut en appeler à la civilisation vraie, dont la Grèce nous offre un incomparable exemple. […] Cet élément peut s’effacer dans les faits vulgaires de l’intelligence ; mais, comme il se trouve indubitablement dans les faits de l’âme exaltée, c’est une raison pour conclure qu’il se trouve en tous ses actes ; car ce qui est à un degré est à tous les autres ; et, d’ailleurs, l’infini se manifeste bien plus énergiquement dans les faits de l’humanité primitive, dans cette vie vague et sans conscience, dans cet état spontané, dans cet enthousiasme natif, dans ces temples et ces pyramides, que dans notre âge de réflexion finie et de vue analytique. […] De là l’immense disproportion qui peut, à certaines époques, exister entre la religion et l’état moral, social et politique. […] Quelle consolation, au milieu des larmes de notre état de souffrance, de voir des malheureux, courbés sous le travail de six journées, venir au septième jour se reposer à genoux, regarder de hautes colonnes, une voûte, des arceaux, un autel, entendre et savourer des chants, écouter une parole morale et consolante.

647. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Mais ce serait mal répondre au caractère d’une telle loi, à la nature des idées qu’elle fait naître et qu’elle remue, que de ne pas dire quelques mots de l’état des choses qui l’a rendue nécessaire et des intérêts élevés auxquels elle pourvoit. Et d’abord, sans prétendre en rien rouvrir une discussion générale, où tous les arguments de part et d’autre semblent avoir été épuisés, et qui pourtant resterait encore inépuisable, il est impossible de ne pas rappeler devant vous qu’il y a eu (et même dans la Commission dont j’ai l’honneur d’être l’organe) deux manières d’envisager la question des droits d’auteur : l’une qui la généralise et la simplifie, qui la constitue et l’élève à l’état de principe, de droit absolu, de propriété inviolable et sacrée, revendiquant hautement sa place au soleil ; et l’autre manière de voir, plus modeste, plus positive, plus pratique sans doute, qui ne s’est occupée que d’améliorer ce qui avait été fait déjà, de l’étendre aux limites qui semblent le plus raisonnables, en tenant compte des différences de matière et d’objet, en mettant la nouvelle loi en rapport avec les articles qui dans notre Code régissent le mariage, les successions, et en combinant le mieux possible les droits des auteurs et ceux du public. […] L’état le plus naturel à l’homme qui étudie, comme à celui qui compose avec suite, même dans l’ordre de l’imagination, et qui par conséquent a besoin de longues heures de travail, est encore la vie domestique, régulière, intime. […] Elle innove, en ce que le conjoint auteur ou, pour parler un langage plus commode, le mari auteur qui, dans l’état de la législation antérieure, ne pouvait, par donation ou testament, enlever à la femme la survivance des droits, le pourra aujourd’hui.

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