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1451. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de l’édition originale »

il lui semble que jusqu’ici on a beaucoup trop vu l’époque moderne dans le siècle de Louis XIV, et l’antiquité dans Rome et la Grèce ; ne verrait-on pas de plus haut et plus loin, en étudiant l’ère moderne dans le moyen-âge et l’antiquité dans l’Orient ?

1452. (1912) L’art de lire « Chapitre VII. Les mauvais auteurs »

Mais il n’en est pas moins que mesurer les distances aide singulièrement à évaluer les hauteurs et, s’il n’est pas mauvais de connaître les prédécesseurs et les contemporains de Corneille pour bien entendre, pour entendre distinctement combien il est nouveau et combien il est grand, à toutes les époques il en est de même, et il faut pousser des reconnaissances dans le pays des médiocres pour revenir aux grands avec une faculté renouvelée d’admiration.

1453. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Là où il fallait plonger la main dans les entrailles d’une époque qui se convulsait sous l’influence de doctrines nouvelles et puissantes, il n’a su mettre qu’un doigt curieux entre les pages de ces livres que l’on commençait d’éditer alors, on dirait presque avec fureur.

1454. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Les dîners littéraires »

Avant cette époque de jouissances physiques, de facilité à vivre tous ensemble, coude à coude, dans la communauté de la monarchie, et à faire un tas de toutes les individualités, rien de pareil ne s’était vu.

1455. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paria Korigan » pp. 341-349

George Sand, cette vieille rouée littéraire, qui a roué son époque, et qui se disait avec affectation une campagnarde, était, au fond, trop homme de lettres de la trop bourgeoise Revue des Deux-Mondes pour aborder franchement et sans lourdeur cette littérature de terroir, fortement aromatisée de toutes les senteurs naïves et parfumées d’un pays.

1456. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Préface » pp. -

Ce n’est donc pas l’Imagination, — cette fée qui nous a dévidé au Moyen-Age un si beau et si long fuseau de Fables, de Fabliaux et de Contes, — ce n’est pas l’Imagination qui a manqué à cette féconde époque pour inventer le Roman ; c’est l’Observation.

1457. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre II. Quelques traditions sur Pindare. »

Né cent soixante-quatre ans avant la naissance d’Alexandre, il appartenait à l’âge le plus florissant de la Grèce, aux commencements de cette époque, sans égale pour la durée comme pour la grandeur, qui va du génie d’Eschyle et de Sophocle au génie d’Aristote.

1458. (1923) Nouvelles études et autres figures

Il serait invraisemblable que Dante fût resté à l’écart de cette littérature orientale dont les savants de son époque étaient précisément férus. […] Elle l’a été plus que nous ne le croyions, puisqu’elle garde le reflet et peut-être l’empreinte de la civilisation musulmane dont le Moyen Âge a été la grande époque. […] « C’était l’époque où l’on évitait encore de se spécialiser trop tôt. […] il est bien de la même époque que les Flaubert et les Leconte de Lisle, de cette époque où l’artiste est complètement détaché de la chose publique ! […] Taine et Renan dominent cette époque, où la poussée matérialiste est si forte.

1459. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Je voyais assidûment à cette époque M.  […] L’empereur sentait si bien que ses vues personnelles à cet égard étaient une sorte de nœvus qu’il fallait cacher, que toujours, à l’époque de la fondation de son pouvoir, nous le voyons occupé à protester qu’il veut la paix. […] Le gouvernement parlementaire est excellent pour les époques de prospérité ; il sert à faire éviter les fautes très graves et les excès, ce qui certes est capital : mais il n’excite pas les grands efforts moraux. […] Les usurpations dont la commune de Paris s’est rendue coupable à toutes les époques ne justifient que trop les appréhensions à cet égard. […] Une série de dictatures ’instables, un césarisme de basse époque, voilà tout ce qui se montre comme ayant les chances de l’avenir.

1460. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

C’était en Algérie — à Oran — en 1869, époque à laquelle jetais presque un enfant. […] Je n’ai pas à raconter ici les paroles échangées entre nous sur le rôle qu’il jouait à cette époque. […] L’espace me manque pour rapporter ici les projets du gouvernement du Dauphin ; on y sent partout l’amour de son pays, et sous la forme demi-philosophique de l’époque, le désir d’égalité qui germait déjà dans tous les esprits. […] Cette taille fine et souple était pincée et serrée outre mesure dans une redingote brune à collet trop haut, comme on les portait à cette époque. […] Sous ce titre à double face, l’ouvrage que je présente au public comprendra, en trois séries distinctes, quelques-unes des grandes époques de l’art dramatique.

1461. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Florentin de Châteauroux était encore maigre à cette époque. […] Puis suivent d’autres évocations d’une époque que M.  […] Le bavardage c’est le devoir ; sans lui nous n’aurions que les grosses conventions de l’histoire, et rien du charme des détails qui sont la vérité et la vie d’une époque. […] « Le présent volume, écrit-il, clôt momentanément la série de mes livres, consacrée à l’étude psychologique et sociale de l’époque actuelle. […] Vainement tenterait-on d’enchaîner ensemble ces deux époques et de les river l’une à l’autre.

1462. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Il paraît qu’à cette époque un roi absolu n’était pas obéi aussi bien qu’un préfet de police de nos jours. […] Tel fut le choix d’Alfred de Vigny, depuis 1815 jusqu’en 1828, époque à laquelle il a quitté le service. […] Vous apprendrez que les bibliothèques de France ne possèdent, sur l’époque choisie par M.  […] Si l’on excepte ce qu’il dit de l’époque de la renaissance, il a presque l’air d’envisager la langue comme une chose qui peut exister par elle-même. […] Hugo dit de Voltaire, de Lamennais et de Byron, porte la date de 1823 et de 1824 ; l’auteur avait donc à cette époque vingt-un ou vingt-deux ans.

1463. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il est cela, souvent du moins, car on n’échappe jamais à son époque, chez Daurat, chez Ronsard et chez André Chénier. […] » car ils ne le voient pas ; ils disent : « L’humanité s’est trompée de route ; c’est à telle époque qu’elle était dans le vrai. […] Mais en général clarté et pureté de diction sont les traits essentiels de Marot, et où on le reconnaît entre vingt, non seulement de son époque, mais des générations suivantes. […] Elle fut très sérieuse, très belle, prudente sans machiavélisme, point mensongère, laborieuse, généreuse et cordiale, et beaucoup moins accidentée que mainte existence de savant et de lettré de cette époque. […] C’est de 1560 à 1574 que se place l’époque de pleine gloire de Ronsard.

1464. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Le merveilleux est considéré jusqu’à l’époque où écrit Chateaubriand comme un « ressort » ou une « machine » essentielle à l’épopée. […] Peut-on mieux dépeindre l’état de demi barbarie et de demi-civilisation où sont les peuples à notre époque, que par ces images ? […] Vers l’âge d’onze ans, il vint s’établir avec sa mère, séparée, à cette époque, du général, à Paris, dans le quartier, presque désert alors, du Val-de Grâce. […] Nous sommes parfaitement las, nous, à notre époque, des mots généraux, très vibrants et très décevants, Justice, Droit, Idéal, Liberté. […] Il est, comme disait Gautier de lui-même, un homme pour qui le monde sensible existe, ce qui aux époques de civilisation est assez rare.

1465. (1813) Réflexions sur le suicide

C’est une puissance qui tour à tour subite et lente, imprévue ou préparée, se saisit de la vie à une certaine époque et en détermine le cours ; mais loin que le Sort soit aveugle, comme on se plaît à le dire, l’on croirait qu’il nous connaît, car presque toujours il nous atteint dans nos faiblesses les plus intimes. […] On croit que Job a précédé Moïse, il existait du moins bien longtemps avant la venue de Jésus-Christ, et dans une époque où l’espoir de l’immortalité de l’âme n’était point encore garanti au genre humain. […] La lettre que l’on va lire pourrait avoir été écrite dans le mois de Février 1554 ; ce qu’il y a de certain c’est qu’à cette époque qui est celle de la mort de Lady Jane Grey, elle entretint de sa prison une correspondance suivie avec ses amis et ses parents, et que jusqu’à son dernier moment son esprit philosophique et sa fermeté religieuse ne se démentirent point. […] Qui sait à quelle époque l’exemple que je vais donner pourra faire du bien à mes semblables ?

1466. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

« L’autre, né en Italie, à une époque relativement récente, Virgile, est le poète de l’histoire. […] C’était l’époque du meurtre de César, et bientôt du triumvirat terrible de Lépide, d’Antoine et d’Octave : Mantoue, avec son territoire, entra dans la part d’empire faite à Antoine, et Asinius Pollion fut chargé pendant trois ans du gouvernement de la Gaule cisalpine, qui comprenait cette cité. […] Le poème épique ne peut et ne doit naître qu’à une époque du monde où il peut être cru. […] Nous ne serions plus propres à l’animer ou à le contenir, comme à d’autres époques de notre vie.

1467. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Je pensais à la jeunesse de Goethe, qui appartient à une époque si heureuse du siècle précédent ; je sentis passer sur mon âme le souffle d’été de Sesenheim, et dans ma mémoire revinrent les vers : L’après-midi toute la bande de la jeunesse Allait s’asseoir sous les frais ombrages… « Hélas ! […] Être né héritier d’un duché, cela lui était fort égal, mais avoir à le gagner, à le conquérir, à l’emporter d’assaut, cela lui aurait plu. — La poésie d’Ilmenau peint une époque qui, en 1783, lorsque j’écrivis la poésie, était déjà depuis plusieurs années derrière nous, de sorte que je pus me dessiner moi-même comme une figure historique et causer avec moi des années passées. […] « — Vous avez fait, seuls ensemble, un voyage en Suisse, à cette époque ? […] Il était accompagné d’une lettre de David renfermant ces passages : “Je vous envoie cette faible image de vos traits, non comme un présent digne de vous, mais comme le témoignage d’un cœur qui sait mieux éprouver des sentiments que les exprimer… Vous êtes la grande figure poétique de notre époque ; une statue vous est due : j’ai essayé d’en faire un fragment ; un génie digne de vous l’achèvera.”

1468. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Ce fut l’époque des colporteurs, de Béranger, de Dumas père et d’Eugène Sue. Époque épique, où d’Artagnan, Rodin et Monte-Cristo furent des géants naïfs, à la mesure d’une démocratie balbutiante ! […] … À cette époque, peu éloignée d’ailleurs, je regardais avec des sentiments d’intense curiosité le cocher de fiacre lisant le Petit Journal sur son siège, ou le trottin dévorant le feuilleton du Petit Parisien en croquant un petit pain d’un sou. […] Le devoir professionnel compliqué du service de la mairie absorbent à peu près tous mes loisirs et m’enlèvent la possibilité de suivre de près les progrès scientifiques ou littéraires de notre époque.

1469. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Les cavernes du globe primitif se sont entrouvertes ; elles ont exhumé l’homme fossile au crâne étroit et aux membres grêles, gisant parmi les ossements des monstres, dans la fosse commune de l’Époque glaciaire. […] Comme d’autres dieux des hautes époques, Océanos avait été lentement abrogé par la désuétude. […] Ses premières effigies en faisaient un homme mûr, aux membres robustes, à la barbe épaisse et pointue ; l’art de la belle époque le refit et le rajeunit d’après le modèle accompli de l’adolescent. […] Ses blasphèmes ne visent-ils que l’ancien Olympe des époques barbares, ou menacent-ils aussi celui de Pindare et d’Homère ?

1470. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Il invoque plus d’une fois Montesquieu ; il dit qu’à une certaine époque de sa vie il relisait Les Provinciales tous les ans : mais il n’a pas le javelot comme Montesquieu et comme Pascal ; il ne donne jamais à l’esprit de son lecteur une impulsion inattendue qui le réveille, qui le transporte et l’incite à la découverte. […] Il était près, assure-t-il, de lui répondre ; il s’est ressouvenu aussitôt de son Histoire, de cette Histoire élégante et froide, où il est tracé « un tableau si odieusement faux de la félicité du monde », à cette écrasante époque de l’établissement romain : Je n’ai jamais pu lire son livre, ajoute-t-il, sans m’étonner qu’il fût écrit en anglais ; à chaque instant j’étais tenté de m’adresser à M. 

1471. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Mme de La Maisonfort était de ces personnes rares comme on en connaît quelques-unes en tout temps, qui se portent d’abord au sommet de toutes les curiosités de leur époque, juges suprêmes et raffinés des ouvrages de l’esprit, oracles et prosélytes des opinions en vogue : elle eût fait agréablement du jansénisme avec Racine ou avec M. de Tréville, comme elle distillait du quiétisme avec Fénelon, comme au xviiie  siècle elle se fût éprise de David Hume avec la comtesse de Boufflers, comme au xixe elle eût brillé dans un salon doctrinaire, eût discuté sur la psychologie ou l’esthétique, et peut-être eût poussé jusqu’aux Pères de l’Église, non sans effleurer le socialisme en passant. […] — Ces temps heureux, cet âge d’or, ce sont comme toujours les débuts, les commencements, l’époque où tout n’est pas rédigé encore, et où une certaine liberté d’inexpérience se mêle à la fraîcheur première des vertus.

1472. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Ici Joinville a des instincts d’historien : il sent qu’on ne peut rien comprendre à une expédition en Égypte si l’on n’a une idée du Nil, et il nous en fait au début une description qui est célèbre à la fois par quelques traits fidèles et par un mélange d’ignorance et de crédulité : « Il nous convient premièrement parler du fleuve qui vient d’Égypte et de Paradis terrestre… » C’est ainsi que plus tard il parlera des Bédouins, et cette fois en des termes plus exacts ; et aussi des mamelouks, qui jouaient déjà un grand rôle à cette époque. […] [NdA] Car il dicte et n’écrit pas ; et j’emprunte ici une remarque à un érudit en ces matières : On s’est longtemps récrié sur l’ignorance de l’antique noblesse, sur l’incapacité de tel ou tel seigneur qui ne savait pas écrire, attendu sa qualité de gentilhomme : si l’on se reporte au temps où tout châtelain avait à ses côtés un clerc ou chapelain, dont l’emploi était de tenir la plume pour son maître, on verra qu’il n’y avait rien d’extraordinaire à ce que le seigneur se dispensât d’écrire ; les écrivains alors remplaçaient les imprimeurs d’aujourd’hui, et étaient destinés comme eux à transmettre aux siècles futurs les pensées et les actes de leur époque… Les gens du métier seulement transcrivaient ce qu’on voulait conserver ; il en résulte de belles et uniformes copies.

1473. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

La conversion de M. et de Mme Dacier suivit de près l’époque de leur mariage. […] Mme Dacier, en tant qu’écrivain, retarde un peu sur son époque ; elle n’a point passé par l’école de Boileau, de Racine ; elle est plus antique et se rattache, par Huet, par M. de Montausier, aux écrivains d’auparavant.

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