Ce livre qui nous promet un système ne le donne point : il nous l’annonce, et après des réfutations tardives de doctrines épuisées, réfutations qui ne peuvent pas passer décemment pour des prolégomènes, il nous renvoie au numéro prochain, c’est-à-dire à un second volume qu’il nous faut attendre pour juger la valeur philosophique de M. […] Certes, pour notre compte, nous attendrons très volontiers. Mais M. l’abbé Mitraud aurait tout aussi bien pu s’attendre lui-même : car « c’est souvent une force que de savoir s’attendre », — a dit Mme de Staël.
Ne la cherchons pas, ne nous y attendons pas ici, dans notre xve siècle, nous serions déçus. […] J’attends toujours qu’on me les montre. […] Une analyse détaillée pourrait seule en avoir raison ; mais qu’on n’attende pas que je l’entreprenne : M. […] Ce Messie, attendu depuis si longtemps, est-il donc né ? […] La scène la plus pathétique de toute la pièce, et qui se fera un peu attendre, est une de celles-là.
Nous attendions, ainsi que des gens menacés de la justice d’une chambre correctionnelle sous un Empire — nerveux et insomnieux pendant de longues semaines — lorsque dans la fumée de tabac d’une fin de dîner d’amis, tombaient chez nous les assignations. […] On nous faisait attendre assez longtemps dans une antichambre, où un garçon de bureau lisait un livre de M. de La Guéronnière devant un portrait de l’Empereur à demi emballé pour une sous-préfecture. […] Il fut complètement le défenseur que nous attendions. […] Et il y avait des relations non encore brisées entre Rouland et les Passy, qui parlaient chaudement en notre faveur, et le samedi 19 février, le président de la 6e chambre donnait lecture, à la fin de l’audience, du jugement dont voici le texte : « En ce qui touche l’article signé Edmond et Jules de Goncourt, dans le numéro du journal Paris, du 11 décembre 1852 ; « Attendu que si les passages incriminés de l’article présentent à l’esprit des lecteurs des images évidemment licencieuses et dès lors blâmables, il résulte cependant de l’ensemble de l’article que les auteurs de la publication dont il s’agit n’ont pas eu l’intention d’outrager la morale publique et les bonnes mœurs ; « Par ces motifs : « Renvoie Alphonse Karr, Edmond et Jules de Goncourt et Lebarbier (le gérant du journal) des fins de la plainte, sans dépens. » Nous étions acquittés, mais blâmés. […] * * * — X… me disait qu’à l’hôpital, il attendait avec impatience la mort de son voisin le nº 6, par envie de sa table de nuit, et comme il demandait tous les matins au garçon de salle : « Eh bien, comment va-t-il ?
D’autres hommes, plusieurs en soutane, les attendaient. […] Vous ne vous attendiez qu’à des hommes, ils ne peuvent pas entrer dans votre chambre, ce sont des géants ; vous ne vous attendiez qu’à une idée, baissez la paupière, ils sont l’idéal ; vous ne vous attendiez qu’à des aigles, ils ont six ailes, ce sont des séraphins. […] Ils ont des échappées de révélation, et subitement, et sans crier gare, à l’instant où l’on s’y attend le moins, ils crèvent la nuée, font au zénith une trouée d’où tombe un rayon, et ils éclairent le terrestre avec le céleste.
Mais il ne faut qu’attendre. […] Cependant je n’ai d’autre ressource que d’attendre le jour. […] Il ne cache rien parce qu’il ne songe pas à rien faire attendre. […] Toute la semaine, au lycée, nous l’attendions, nous parlions de lui. […] Elle n’a pas attendu de se comprendre.
La sage-femme, qui savait que mes parents attendaient une fille, après avoir nettoyé l’enfant, et l’avoir enveloppé dans du beau linge bien blanc, alla tout doucement trouver mon père, et lui dit : Je vous apporte un présent que vous n’attendez pas. Mon père, qui était philosophe, lui répondit : Je prends avec plaisir ce que le ciel m’envoie ; et, ayant soulevé le linge, il vit un fils qu’il n’attendait pas en effet. […] Lucagnolo, Benvenuto vous envoie ce qu’il avait promis de faire, et il attend que vous lui montriez quelques-unes de ces bêtises que vous avez promis de faire de votre côté. […] L’audience qu’il reçoit du pape le jeudi saint, pour être relevé de l’excommunication, est une des circonstances les plus pittoresques de ses Mémoires : « Nous nous acheminâmes donc vers le palais, c’était un jeudi saint ; et, comme il y était connu, et moi attendu, nous fûmes introduits dans la chambre du pape sans attendre l’audience. […] Il trouvait que j’étais mauvais compagnon de voyage, attendu que j’avais su me défendre ; et moi je le lui rendais, parce qu’il ne me fut d’aucun secours.
Elle attendait ses parents ; ainsi fait un ami pour ses amis. […] Hagene, la bonne épée, ne l’attendit pas. […] Il attendait que quelqu’un osât encore venir l’attaquer. […] Il n’attendit pas plus longtemps ; il se précipita hors de la salle. […] On semble attendre je ne sais quoi dans le silence.
La fille de Cormac attend ici le retour du fils de Torman. « — Et Morna l’attendra longtemps ; son sang est sur mon épée ; Morna l’attendra longtemps ; il est tombé sur les rives de Branno ; j’élèverai sa tombe sur le sommet du Cromla. […] Garde-toi de cette forêt où t’attend la mort : mais souviens-toi, jeune étranger, souviens-toi d’Agandecca. […] Calmar les attend de pied ferme, le feu du courage s’allume dans son âme irritée, mais le visage du guerrier pâlit. […] ou attend-il un nouveau combat ?
le père voudrait bien vous voir ; nous avons tous le temps long après vous, nous vous attendons tous les jours ; le père aurait bien des choses à vous dire. […] Il attend depuis une demi-heure. […] Kobus attend dehors pendant que David va sonder le fermier et sa femme. […] fit-il tout bas, ça va bien… ça va bien… On t’accepte… Attends donc… écoute ! […] À quoi bon attendre davantage ?
. — Savoir attendre (1891). — Ailleurs (1892). — Lysistrata, 4 actes en prose, prologue en vers (1893). — Éducation de prince (1894). — Folle entreprise, un acte (1894). — Phryné (1894) […] Ce début de l’auteur sur une grande scène parisienne était donc attendu avec curiosité, et nos meilleurs souhaits l’y accompagnaient.
Viens que je t’embrasse ; mais crains que coupable du crime de Prométhée, un vautour ne t’attende aussi. […] Il y pose légèrement le dos de sa main gauche ; il cherche si le cœur bat ; cependant ses yeux attachés sur ceux de sa statue attendent qu’ils s’entrouvrent.
. — Attends au moins que nous soyons au fromage. […] Dernièrement, M… attendait un de ses amis pour chasser. […] M… ; attends-moi. […] Le prier d’attendre, lui ! autant prier d’attendre le lait qui bout !
… La petite écolière des Crabes, qui vit déjà sournoisement comme elle vivra toujours ; la petite femme de Barbe-Bleue, qui méchamment griffe les pavots verts et qui attend le glaive dans le pressentiment adorable et complet de toutes les voluptés. […] Et Bûchette et Jeanie, qui regarde en dedans, et Ilsée, Ilsée qui est l’apparition la plus essentielle que je sache ; et Marjolaine qui, la nuit, jette des grains de sable contre les sept cruches multicolores et pleines de rêves, et Cice, la petite sœur de Cendrillon, Cice et son chat qui attendent le prince ; et Lily, puis Monelle qui revient… Je ne puis tout citer de ces pages, les plus parfaites qui soient dans nos littératures, les plus simples et les plus religieusement profondes qu’il m’ait été donné de lire, et qui, par je ne sais quel sortilège admirable, semblent flotter sans cesse entre, deux éternités indécises… Je ne puis tout citer ; mais, cependant, la Fuite de Monelle, cette Fuite de Monelle qui est un chef-d’œuvre d’une incomparable douceur, et sa patience et son royaume et sa résurrection, lorsque ce livre se renferme sur d’autres paroles de l’enfant, qui entourent d’âme toute l’œuvre, comme les vieilles villes étaient entourées d’eau… [Mercure de France (août 1894).]
Attendez un peu ; le vrai texte change un mot : « commis », au lieu d’ennemis. […] Vous devez attendre, suer et bâiller intérieurement, six ou huit heures chaque jour chez le roi. […] « Il dormait le plus souvent sur un tabouret, auprès de la porte, où je l’ai maintes fois vu ainsi attendre avec les courtisans que le roi vînt se coucher. » Bloin, le valet de chambre, ouvre les battants. […] Il attend le duc « d’un air allumé de crainte et d’espérance. » Son désir l’enflamme ; en véritable artiste, il s’échauffe à l’œuvre. […] Les plus politiques, les yeux fichés en terre et reclus dans des coins, méditaient profondément aux suites d’un événement aussi peu attendu, et bien davantage sur eux-mêmes. » Le duc de Berry, qui perdait tout et d’avance se sentait plié sous son frère, s’abandonnait.
Tout cela était accompli : que me restait-il à faire, sinon de ne point attendre qu’avec le solve senescentem d’Horace, quelqu’un vînt me dire que j’avais trop tardé ? […] Nous parlerions aussi des jugements auxquels je dois m’attendre de la part des générations qui suivront la nôtre. […] Il avait sa pensée, mais il attendait toujours. […] » Cependant le temps pressait, et l’on craignait qu’il n’attendît trop et qu’il ne fût prévenu par la perte de connaissance. […] Si vous vous attendez à trouver des reçus signés Talleyrand, vous êtes trop simples ; vous ne les aurez pas.
Sur cette terre déserte Qu’attends-tu ? […] J’en sortais souvent seul, le matin, pour aller, dans les hautes montagnes de ce pays enchanté, chercher des points de vue et des paysages ; je ne m’attendais certainement pas à rencontrer de point de vue sur le cœur humain, ni des poèmes en nature ou en action qui me feraient penser toute ma vie, comme à un songe, à la plus divine figure et à la plus mélancolique aventure qu’un poème eût jamais fait lever devant moi. […] — Non, seigneur, me répondit-elle en rajustant son corset rouge sur sa poitrine ; pardonnez, je me croyais seule et je faisais participer mon nourrisson au bonheur qui nous attend ce soir. […] Et celle-ci, ajouta-t-elle en montrant Fior d’Aliza, monsieur, elle en jouerait encore mieux que son mari si elle voulait ; mais depuis nos malheurs, elle n’a plus le cœur à rien qu’à penser à lui, à l’attendre, à le pleurer et à regarder son petit enfant pour retrouver Hyeronimo dans son visage. […] Il avait fait bien chaud cette année-là ; nous l’attendions tous les soirs du jour où les moissonneurs et les zampognari rentrent dans les villages de la montagne avec leur bourse de cuir, pleine de leur salaire, à leur ceinture ; un moine quêteur, qui avait passé le matin en remontant au couvent de San Stephano, nous avait dit qu’il l’avait rencontré et reconnu de loin, assis au bord d’une fontaine, sur la route de Lucques à Bel-Sguardo.
Mais ceux qui attendent des prostitués leurs moyens d’existence, j’ai trop de répugnance vraiment à les rencontrer. […] Pour juger les attendus apparents des sentences de ces messieurs et pour en deviner les motifs réels, je serai forcé d’aller au théâtre. […] Du moins, on a encore la naïveté d’attendre de lui quelque simplicité et quelque correction. […] Une anthologie cueillie avec goût sauverait peut-être ces habiles fabricants de petites choses, mais nous attendons encore un choix bien fait des parnassiens de 1610 ou de 1865. […] Son esprit souriant à tout et son âme indifférente à tout lui permettent de s’assimiler rapidement n’importe quel sujet et de le traiter précisément avec les grâces de langage qu’attend son public.
On attend le retour des deux plus jeunes fils du comte de Thommeray, revenant de l’armée, à la fin de leur engagement volontaire. […] Le père les attend au seuil du château ; il les embrasse avec une grave effusion, elles remercie d’avoir loyalement servi la patrie. […] Elle n’a qu’à se décoiffer, d’un tour de tête, pour retenir Jean au passage, et le traîner en laisse, par son chignon flottant, à la Maison-d’or, où il s’en va souper avec elle, tandis que sa mère l’attend à la gare, en séchant sur pied. […] La bienveillance du public s’est ensuite visiblement refroidie ; mais cette glace, formée d’acte en acte, s’est faite sans bruit et sans craquement, et les applaudissements, qui n’attendaient qu’un prétexte, sont parvenus souvent à la rompre. […] Elle devait s’y attendre : l’adultère ne peut être qu’un épouvantail pour les pères en quête de marier leurs fils.
Ce n’est plus d’un grand seigneur, d’un monarque, qu’il attend sa considération et sa fortune, c’est du public, c’est de la foule. […] Le public est donc en somme un souverain raisonnable ; mais il ne l’est pas à toute heure : il faut savoir l’attendre, le pressentir et distinguer ses volontés de ses caprices. […] Le ministère de la pensée me semblerait à la fois plus noble et plus indépendant, si celui qui l’exerce n’en attendait pas le salaire. […] Il attendrait, pour produire, ce que Buffon appelle « le point de maturité de la pensée ». […] Plus il en obtiendra de pareils, moins il aura besoin d’en attendre, plus il approchera de la position indépendante que nous lui avons souhaitée.
La jeunesse va penser que ces chers orages ne sont complets que pour elle : attendez ! […] Hervé semblait s’y attendre en ne venant pas, ou par moments il venait en vain. […] Mais si les lettres de Paris tardaient, s’il revenait plus d’une fois sans rien trouver ; si, poli, discret, silencieux toujours, se bornant avec elle à l’indispensable question, il avait pourtant trahi son angoisse par une main trop vivement avancée, par quelque mouvement de lèvre impatient, elle le plaignait surtout, elle souffrait pour lui et pour elle-même à la fois ; pâle et tremblante en sa présence sans qu’il s’en doutât, elle lui remettait la missive tant attendue, à lui pâle et tremblant aussi, mais de ce qu’il redoute d’un seul côté ou de ce qu’il espère. […] Il y avait assez de monde le long de la route ; de loin on vit venir, à cheval, le comte Hervé ; c’était l’heure ordinaire de sa visite, et une lettre au bureau l’attendait. […] Christel reprit ses sens avec lenteur ; elle vit, en rouvrant les yeux, Hervé près d’elle, comme s’il eût attendu son retour à la vie, et elle répondit à ce premier regard par un indéfinissable sourire.
Je trouve, racontée au long, une de ces conversations, qu’il tint à Ancône pendant la première campagne d’Italie, et je la trouve là où l’on s’y attendrait le moins, dans les notes d’un poème (La Chute de Napoléon) publié par M. […] Il faudrait attendre quelques jours pour que les eaux, en se retirant, lui permissent de visiter de près les Pyramides. Il n’a pas cette patience d’attendre. […] À peine débarqué, Napoléon se porte sur Alexandrie et donne l’assaut avec seulement une poignée de son monde, et sans attendre son canon : « C’est un principe de guerre, dit-il, que lorsqu’on peut se servir de la foudre, il la faut préférer au canon. » Il oppose ce principe à d’autres généraux qui, en pareil cas, ont perdu plusieurs jours, et ont manqué l’occasion pour vouloir trop bien s’y préparer. […] Bientôt les nouvelles de France lui montrèrent qu’un rôle tout nouveau l’attendait : « Tout lui annonçait, dit-il, que le moment désigné par le Destin était arrivé. » Eh !
Il est certain que cette grande ville soutint le siège de 1590 contre Henri IV, et l’extrême famine à laquelle elle fut réduite, avec une constance qu’on n’aurait jamais pu attendre d’une population qui faisait une émeute du temps des rois « quand seulement les marchés se trouvaient deux fois sans blé ». […] Il y avait d’autres circonstances (on vient de le voir) où Villeroi, en temporisant, attendait de la part d’autrui des retours de raison et de sagesse. […] Henri IV dans cette crainte était disposé à négocier, mais ce n’était plus le moment pour Mayenne, qui était tout à la merci des Espagnols et qui dépendait uniquement des secours qu’il en attendait ; un soupçon qu’ils eussent pris de lui l’eût perdu : Voilà pourquoi, dit Mézeray, le président Jeannin, sachant les intentions du duc, ne put être ébranlé par les persuasions du roi en personne ; lequel le menaçant que son opiniâtreté lui pourrait bien causer du repentir, il lui repartit hardiment qu’il entendait bien ce que Sa Majesté voulait dire, mais qu’il ne lui donnerait pas le moyen d’en venir là, car il mourrait sur la brèche en homme de bien. […] Le président se jeta résolument au fort de ces difficultés, qui n’eurent d’autre effet sur lui que de le rendre « plus attentif à sa fortune et plus vigoureux au travail : Ce qu’il montra bien au voyage, nous dit Saumaise, et me souviens que séjournant à Calais pour attendre le vent, et craignant que cette longueur ne lui fît préjudice, il se fut embarqué contre vent et marée, si le pilote craintif l’eût osé hasarder.
Il faut être juste : jamais on n’a vécu plus à l’aise que de 1830 à 1848, et nous attendrons longtemps peut-être un régime qui puisse permettre une aussi honnête part de liberté. […] Il faut s’attendre à tout dans ces grandes crises de l’esprit humain, aux sublimités comme aux folies. […] Ce qui est bon est toujours bon, et si nous attendons le calme, nous attendrons longtemps peut-être.
Supposons pour un moment cette imputation aussi fondée qu’elle est injuste ; si les gens de lettres sont en effet coupables du désordre dont on les accuse, n’a-t-on pas dû s’attendre qu’ils en soutiendraient tranquillement le reproche ? […] Voilà, pourrait-on dire aux jeunes littérateurs, le sort qui vous attend si vous ressemblez à ces grands hommes. […] Malheureux dans vos lectures par votre faute, vous deviez vous attendre à l’être de même dans vos ouvrages. […] Je ne doute point qu’on n’ait été très peu équitable sur l’ouvrage de philosophie que vous avez mis au jour ; mais le premier fruit de la philosophie doit être de s’attendre à l’injustice, et de la pardonner d’avance, sans la braver et sans la craindre.
S’étant enfui à Jersey, il y attendait le vent pour regagner la flotte anglaise. […] Georges, débarqué le 21 août 1803, attendit cinq mois entiers Pichegru et le dernier débarquement, qui n’eut lieu que le 16 janvier 1804 : cette attente, si périlleuse, serait inexplicable s’il n’avait voulu alors que ce qu’il avait tenté en 1800, tuer d’une manière quelconque le premier Consul. […] Demain à quatre heures du matin, qu’il se trouve au bois de Boulogne, son sabre et le mien en décideront ; je l’attendrai.
Les nouveaux venus, trop fiers pour acheter à coups de bassesses et de servilisme la place qu’on leur refusait, trop pressés d’agir pour se mettre à la file et attendre que la vieillesse ou la mort leur eût ménagé des vides, résolurent de marcher au combat avec leurs propres armes, créées de toutes pièces. […] Dans ce même numéro figurent des vers d’Édouard Dubus, et deux poèmes, l’Attendue et le Rêve de la Reine, de Louis Le Cardonnel. […] Ô crépuscule, dans ta grande somnolence, Un bois à l’horizon s’étage noir et bleu ; Haut, le croissant émerge et s’argente en silence, L’Hippogriffe attendait dans le couchant de feu ; Et la Reine, égarant son regard noir et bleu, Maudit l’heure qui coule ainsi qu’une eau trop lente, Et, sous le dur brocart, sentant sa gorge en feu, Mord son exsangue main de sa bouche sanglante !
Ce jour la place du louvre est couverte d’artistes, d’élèves et de citoyens de tous les ordres ; on y attend en silence la nomination de l’académie. […] Cela fait, on attendit en silence la nomination du prix de sculpture. […] Il s’éleva dans ces entrefaites une voix qui criait : mettons-le à quatre pattes et promenons-le autour de la place avec Milot sur son dos… et peu s’en fallut que cela ne s’exécutât… cependant les académiciens qui s’attendaient à être sifflés, honnis, bafoués, n’osaient se montrer ; ils ne se trompaient pas, ils le furent en effet avec le plus grand éclat possible.
Moi qui suis persuadé que la douleur peut magnifiquement féconder un homme, je m’attendais à voir sortir le grand poète, le poète définitif, du fond de cette riche nature de poète qui s’est tant dépensée sur les grands chemins, en entrant dans toutes les auberges ; je m’attendais à le voir clore cette vie qui n’a eu qu’un tort, c’est d’être trop heureuse, mais qui ne l’a plus… Je dirai tout à l’heure les qualités du recueil, et si j’ai cité, à une strophe près, toute sa préface, c’est qu’elle donne bien la teinte générale de son livre, et, comme il le dit lui-même, sa senteur. […] Aujourd’hui, c’est le bras tout entier qui frappe ; mais ce bras tout-puissant n’a rien fait jaillir de ce torrent que j’attendais !
Il n’a pas attendu son succès. […] Ce moment-là, nous l’attendions de M. […] Le Romantisme est maintenant le classicisme de notre âge, mais la Critique, qui se fie à l’inépuisable Beauté, attend des poésies aux formes et aux inspirations nouvelles.
Il reprend la parole avec le même calme : « Vous m’avez condamné, je vous le pardonne ; je m’y attendais, et je suis même plus étonné qu’il y ait eu tant de suffrages pour m’absoudre… Ô Athéniens ! vous venez de fournir un sujet éternel à ceux qui voudront blâmer Athènes ; on lui reprochera d’avoir fait mourir Socrate, qui était, dira-t-on, un sage ; car, pour avoir droit de vous blâmer, on me donnera ce nom que je ne mérite pas ; au lieu que, si vous aviez encore attendu quelque temps, je mourais sans qu’Athènes se déshonorât. […] Criton approche, contemple le vieillard et admire ce sommeil profond ; il craint de le troubler, et il attend.
Qui se seroit attendu que l’Auteur des Mélanges de Littérature, d’Histoire & de Philosophie, l’adversaire déclaré des graces de la Poésie, dût jamais être opposé comme un rival redoutable dans l’art des vers, à Lucrece, qui les faisoit si bien ? […] L’Anatomie, l’Ostéologie, la Physiologie, la Pathologie, la Chirurgie, les Médicamens, sont les principaux objets de cette Epître, objets qui forment, comme on s’y attend bien, une nomenclature pénible, capable d’intéresser, tout au plus, les Médecins.
D’ailleurs, que peut-on attendre du fils d’un prêtre ? […] Elle s’approcha de Lavretzky pour lui baiser la main, et s’arrêta à la porte, comme pour attendre ses ordres. […] » Et le voilà qui s’efforce de se plier à cette vie monotone et d’étouffer tous ses désirs ; il n’a plus rien à attendre, et pourtant, il ne peut se défendre d’attendre encore. […] il attendit en vain. […] Il salua froidement Lise, il lui gardait rancune de lui faire attendre sa réponse, et s’éloigna ; Lavretzky le suivit.
que d’épreuves t’attendent encore ! […] Voilà bien ces chétives idées françaises qui prétendent remplacer la diplomatie et la guerre par des moyens & une simplicité enfantine. » — Attendons, Messieurs ; laissons passer le règne des transcendants ; sachons subir le dédain des forts.
Son livre atteste une sensibilité littéraire des plus rares et qui n’a peut-être pas longtemps à attendre pour devenir exquise, et une justesse de sens très ferme, sous tous les sourires de l’esprit. […] Renvoyons le moraliste à la maturité d’Alcide Dusolier, qui est très jeune, et qui, comme tout ce qui est distingué dans ce triste monde, accomplira la loi d’être un misanthrope à trente ans ; mais le romancier, je ne veux pas l’attendre !
Sans le dévouement d’une nièce chérie j’y serais seul ; ma mère, ma femme, mes deux enfants, m’attendent au bout du jardin dans le cimetière de la paroisse. […] Une république de fantaisie me paraissait coupable ; j’attendis l’heure d’une république de nécessité. […] On n’a pas besoin d’attendre le retour d’Allemagne, et l’impression en recueil de ces correspondances avec des impératrices de Russie, des rois de Prusse, des électeurs de Hesse ou de Bade, qui portaient le génie de la France au dix-huitième siècle partout. […] Vous avez lu peut-être, quelques années après 1830, et bien des années avant 1848, la prophétie bien imprévoyable alors de lady Stanhope, pendant une nuit d’entretien avec elle dans les solitaires roches de Djioû, où elle me dit : « Je ne sais pas au juste ce qui vous attend à votre retour en Europe, mais quelque chose de grand vous y attend ; vous y retournerez, vous y jouerez un rôle élevé mais court, vous rendrez service à vos compatriotes et à l’Europe, puis vous reviendrez chercher un asile comme moi en Syrie, au pic du Liban ou du Taurus. […] Moi, pédant (tout ignorant que je suis), je trouverais bien encore à guerroyer contre quelques mots, quelques phrases ; mais vous vous amendez de si bonne grâce et de vous-même, qu’il ne faut que vous attendre à un troisième volume.
Ne doivent-ils pas s’y attendre, pour peu qu’ils soient capables de se rendre justice à eux-mêmes ? […] Que pourroit-on attendre d’un Philosophe formé à une pareille école ? […] Nous connoissons trop la sensibilité des Auteurs contre ceux qui attaquent leurs Ouvrages & blessent leur amour propre, pour ne pas nous attendre à leur ressentiment.
« Vous n’attendez sans doute pas de moi que je vous décrive Versailles. […] L’empereur vint dans l’antichambre, où nous attendions que le café fût pris, et nous fit entrer lui-même. […] Là j’eus l’honneur d’attendre encore pendant toute une heure. […] Mais elle n’eut pas de cesse que je ne consentisse à rester encore une demi-heure pour attendre son mari. […] J’attends sa réponse pour savoir comment j’aurai à lui écrire.
Mais il me priait de ne pas tenir de pareils discours, parce qu’ils pourraient me nuire, et d’attendre tranquillement ce que le ciel voudrait faire en ma faveur. […] « Ensuite, ayant attendu la visite du cardinal et de ces deux messieurs, je leur montrai mon modèle en cire. […] Je le trouvai occupé à les choisir, et il le faisait si lentement, qu’il me fallut attendre nuit close avant qu’ils me fussent livrés. […] Je rencontrai en chemin le duc, qui me dit : Je ne vous attendais pas si tôt ! […] Je la payerai plus qu’elle ne vaut. — Je ne m’étais attendu, pour le prix de mes peines, lui dis-je alors, qu’à l’approbation de cette école.
Mais, nonobstant de semblables modifications, nous devons nous attendre à trouver chez les habitants des cavernes d’Amérique des affinités qui les rattachent aux autres animaux qui peuplent ce continent, et, chez les habitants des cavernes d’Europe, des affinités avec la faune européenne. […] Dans la suite des générations, la sélection finit par l’emporter, et l’on ne saurait s’attendre à ce qu’un oiseau tel qu’un Culbutant commun naisse d’une bonne race de Courtes-Faces. Mais, aussi longtemps que l’action sélective va se continuant, on peut toujours s’attendre à voir se produire des variations fréquentes dans l’organe en voie de se modifier86. […] Mais si les espèces ne sont que des variétés mieux marquées et plus fixes, nous pouvons avec certitude nous attendre à voir souvent continuer de varier les parties de leur organisation qui ont déjà varié à une époque encore assez récente, et qui sont venues par cela même à différer chez des espèces proches alliées. […] Comme, d’après ma théorie, il faut supposer que toutes les espèces du même genre descendent d’un parent commun, il faut aussi s’attendre à les voir souvent varier d’une manière analogue ; de sorte qu’une variété d’une espèce peut revêtir quelques-uns des caractères d’une autre espèce, cette autre espèce n’étant, selon moi, qu’une variété bien marquée et permanente.
Devenus en quelque manière compatriotes, ils en adoptent les passions, parce qu’ils en ont les intérêts ; l’extrême supériorité ne peut entièrement étouffer la voix de l’envie ; et il faut attendre qu’on ne soit plus, pour recevoir sa récompense de cette postérité réelle, devant laquelle la jalousie s’éclipse, et tous les petits objets disparaissent. […] Ce n’est pas que j’approuve le fanatisme de quelques-uns de ses admirateurs ; l’estime du sage est plus tranquille ; mais c’est le propre des grands talents de faire des fanatiques, et il faut s’attendre à en rencontrer dans un siècle ou c’est une espèce d’héroïsme que de célébrer les génies supérieurs ; comme on doit s’attendre à faire naître des enthousiastes, des flagellants et des convulsionnaires dans les sectes qu’on persécute. […] Il en est de même des ouvrages annoncés qu’on attend depuis longtemps ; le public ne vit pas d’espérance ; plus elle a été longue, plus il veut que les effets y répondent, et malheur à qui le vient frustrer de son attente. […] L’expérience ne prouve que trop que les talents persécutés n’ont rien à attendre de ce côté-là, et que les ennemis chassent bientôt les protecteurs. […] Le sort de cet écrit, lorsqu’il parut pour la première fois, a été absolument contraire à celui que j’aurais dû en attendre.
Le conseil habituel du père Lefebvre à son jeune ami, c’est de profiter de son heureuse flexibilité qui tend à se porter sur toutes sortes de genres et de sujets, mais de ne s’y point livrer trop rapidement, d’attendre avant de publier : « L’âge est le meilleur des Aristarques. » Ses scrupules de traducteur, dans le travail qu’il avait entrepris sur la Bible, fatiguaient et consumaient le père Lefebvre : « Ce métier de traducteur dont je me suis occupé toute ma vie, disait-il, me paraît toujours plus difficile à mesure que j’avance, soit que l’âge me glace le sang, soit que mon goût s’épure à force d’approfondir ; une page de traduction m’épuise pour huit jours. » Et ailleurs : Je suis revenu de la campagne à la ville, mais j’étais si essoufflé qu’il m’a fallu un grand mois pour reprendre haleine. […] Une lettre écrite par Daru à l’un de ses amis, et où se trouvaient ces mots ironiques : « J’attends ici nos amis les Anglais qui, dit-on, vont débarquer bientôt, etc. », fut interceptée et prise au sérieux par ceux qui la lurent. […] Petiet, dirigé sur Orléans, où il dut attendre la chute de Robespierre. […] Toi qui, le long du jour, sifflant des ariettes, Ou d’un Homère grec feuilletant les vignettes, Achètes tristement, par sept heures d’ennui, Le brouet qu’à ma muse on apporte à midi ; Et qui, le soir venu, plus vigilant encore, Pour guetter une rime, attends souvent l’aurore ! […] On le guette, on l’aborde au moment où il s’y attend le moins ; on lui demande avec douceur, et, s’il résiste, on va lui prendre de force ce vêtement nécessaire qui doit être l’instrument de la cure merveilleuse.
Elle ne change rien d’ailleurs à ce qu’on connaissait, elle n’y ajoute rien d’imprévu ; avec Voltaire, il ne faut plus s’attendre depuis longtemps à des révélations ; il a tout dit du premier coup. […] J’ai été à l’extrémité ; je n’attends que ma convalescence pour abandonner à jamais ce pays-ci. […] Je suis très bien recommandé en ce pays-là et on m’y attend avec assez de bonté ; mais je ne puis pas vous répondre que je fasse le voyage. […] C’est là presque tout le prix qu’il faut attendre de la culture des belles-lettres ; beaucoup de mépris quand on ne réussit pas, et beaucoup de haine quand on réussit. […] Il laissa donner sa Mérope, et il lui dut à Paris un triomphe des plus flatteurs, et qui présageait celui qui l’attendait aux mêmes lieux trente-cinq ans plus tard : Mercredi 20 (mars 1743), lit-on dans le journal de l’avocat Barbier, on représenta à la Comédie-Française la tragédie de Mérope, veuve du fils du grand Alcide et mère d’Égisthe.
Quelques auditeurs ne lui cachaient pas leur surprise de trouver ces mémoires plus beaux et mieux écrits qu’on ne s’y attendait. […] Cela n’empêche point qu’à quelques jours de là, et sur la demande de l’abbé Bossuet, il ne compose ce mémoire dont nous avons parlé, et qui était destiné dans le principe à servir de matériaux et de notes pour une oraison funèbre ; mais il y met avec raison son amour-propre, et, voyant que les premiers cahiers réussissent auprès de ceux à qui il les lit, il redouble de soin et fait un ouvrage utile et plus agréable qu’on n’était en droit de l’attendre de lui. […] Je reviens en arrière et je trouve une description minutieuse mêlée d’inventaire, une photographie, telle que nous les aimons à cette heure, des salons de l’archevêché de Paris ; c’est le récit d’une visite que fait Le Dieu au cardinal de Noailles, chez qui il est envoyé un jour par Bossuet pour lui porter un de ses écrits en réfutation de Richard Simon : Ce mardi 19 (décembre 1702), j’ai porté au cardinal un exemplaire du livre en état d’être lu, au milieu de son audience remplie d’évêques, de grands seigneurs et de grandes dames, tout le monde debout, et les évêques même, aussi bien que les dames, comme chez le roi ; tout le monde dans un grand respect, et plus que chez le roi ; le silence même était très grand dès les antichambres, où les pauvres prêtres attendaient, le chapeau sous le bras, les cheveux fon courts et la tonsure faite, en posture de suppliants ou de séminaristes qui vont à l’examen pour les ordres ; leur extérieur était beaucoup plus composé qu’à l’église et à l’autel. […] Ennuyé de perdre là mon temps à voir faire des grimaces, je profitai du moment qu’il regarda de mon côté, qui était celui de la porte : je m’avançai, lui mis le livre en main en lui faisant un court compliment ; à quoi, sans me dire un seul petit mot de M. de Meaux, il me répondit par cette dureté : « Vous m’avez bien pressé », o pour me reprocher mes paroles de ma précédente visite, où certainement je n’avais pas tort de lui avoir dit que les imprimeurs pressaient, parce que le livre était demandé et attendu avec impatience par le public… Je me retirai sans répliquer, bien résolu de ne paraître jamais, si je puis, à ce spectacle. […] Tous les convives l’attendaient à la salle à manger, et personne n’était venu à sa chambre, où l’on savait que j’étais enfermé avec lui.
Les troupes françaises, concentrées à Pignerol, attendaient elles-mêmes le signal de donner, avec impatience. […] » La stupeur dont fut saisie l’assemblée à cette proposition ne saurait se dépeindre : les Vaudois demandaient du secours, s’attendaient à la lutte, espéraient la victoire, et avant même qu’ils eussent combattu, on leur parlait d’accepter toutes les conséquences de la défaite. […] On observe toutes vos démarches ; les troupes réglées n’attendent que le signal du massacre. […] Il y entra, dit-on, le 8 février (1687) à pied, couvert de son manteau sans que personne l’attendît, pour éviter toutes les cérémonies qui n’étaient pas de son goût et pour épargner les dépenses vaines. […] Mais aussi il inspira par là à ce prince la confiance de l’attaquer peu après dans une marche sur Saluces, — marche habile et bien calculée ; il prêta flanc exprès dans la route, sauf à laisser l’expédition contre Saluces pour faire face à l’attaquant si celui-ci donnait dans le piège, et le duc céda en effet à la tentation, à l’impatience de combattre, sans attendre l’arrivée de ses secours d’Allemagne.
Toute la cour se prit à rire ; le monarque lui-même daigna sourire, et passa outre pour se rendre à la messe qui l’attendait. […] Ayant pris terre sur cette côte et me lassant d’attendre que le vent redevînt favorable pour reprendre la route de Lerici, je laissai la felouque avec mes effets, et, prenant avec moi quelques chemises, mes écrits dont je ne me séparais plus et un seul de mes gens, j’enfourchai un bidet de poste, et, à travers les précipices de l’Apennin dépouillé, je me rendis à Sarzana, où je trouvai mes chevaux, et où il me fallut attendre la felouque plus de huit jours. […] “Des gardes-françaises, la baïonnette au bout du fusil, et des cavaliers du guet, qui attendaient la voiture place des Victoires, l’enveloppèrent au passage et lui servirent d’escorte. […] Ils attendent, ils attendent encore, espérant qu’il va venir d’un instant à l’autre. […] “Attendez, dit-il, je saurai bien me faire ouvrir.”
Un son fort, une lumière subite font comme tomber l’animal en arrêt : il est attentif, il attend : « Que va-t-il arriver ? […] De là notre tendance constitutionnelle à attendre toujours une succession de changements antérieurs et de changements postérieurs. […] Dès lors, si les mêmes causes reparaissent avec cette seule différence de temps qui s’est montrée de fait indifférente, nous attendrons logiquement les mêmes effets, comme si le temps était indifférent. […] Mais pourquoi ne nous en tenons-nous pas à ce principe hypothétique et pourquoi attendons-nous, en fait, des phénomènes semblables dans la nature ? […] Non seulement donc, si les causes sont les mêmes, nous attendons logiquement et mathématiquement les mêmes effets ; mais nous attendons aussi logiquement jusqu’à nouvel ordre, et sans aucune considération de finalité, que les causes soient effectivement les mêmes, que ce qui a été une fois continue d’être.
Nous nous acharnons en ce moment à attendre des légions de grands hommes par l’instruction obligatoire. J’attends plutôt les grands hommes par nécessité. […] La vraie immortalité a le temps d’attendre, elle est éternelle. […] Holà, un mot : ces hommes attendent-ils nos ordres ? […] Mon digne seigneur, vos nobles amis vous attendent.
Une révolution se préparait depuis quelque temps ; pour ceux qui prêtent l’oreille aux moindres bruits, elle était imminente ; on l’attendait de jour en jour ; elle vient d’éclater : ne vous troublez pas, tranquillisez-vous ! […] Monmerqué avait dès longtemps en main toutes les preuves de la corruption, et, comme auraient dit nos vieux éditeurs, de la dépravation du texte Sévigné, et l’aimable homme dormait tranquille là-dessus, il attendait patiemment et ne prévenait personne du danger : on ne s’en serait pas douté, si un autre près de lui ne l’avait dit et répété bien souvent, et n’avait averti un chacun de prendre garde ; cet autre, le premier et longtemps le seul à le dire, a été M. […] Non : on ne doit point s’attendre précisément à de telles conquêtes. […] Elle ne se paye pas de feintes et de faux-fuyants, elle pousse sa botte à fond ; elle lui fait sauter l’épée des mains, au moment où il ne s’y attend pas, elle le force à demander merci à genoux.
Ce livre si attendu, et qui a occupé M. […] Flaubert ; mais, celle-ci manquant et se faisant attendre, la critique et le public excités se jetèrent, à son défaut, sur ce qui se présentait en sa place et se substituait à elle en quelque sorte. […] Voilà quel était son nouveau sujet, étrange, reculé, sauvage, hérissé, presque inaccessible ; l’impossible, et pas autre chose, le tentait : on l’attendait sur le pré chez nous, quelque part en Touraine, en Picardie ou en Normandie encore : bonnes gens, vous en êtes pour vos frais, il était parti pour Carthage. […] Mathos n’était pas avec cette armée ; on l’alla assiéger dans Tunis, et pour l’avertir du sort qui l’attendait, on mit en croix Spendius et les autres chefs captifs à la vue des assiégés.
« S’il m’était resté huit à dix mille livres de rente, assez faible portion du revenu que je devais attendre ; s’il m’en était même resté la moitié ou que ces quatre à cinq mille livres me fussent survenues après bien des embarras, mais tandis que j’étais jeune encore, j’aurais pu jouir de la vie et en faire jouir les miens : cela est possible avec peu. […] « De bonne heure j’ai demandé aux hommes quelle loi il fallait suivre ; quelle félicité on pouvait attendre au milieu d’eux, et à quelle perfection les avaient conduits quarante siècles de travaux : ce qu’ils me répondirent me parut étrange ; ne sachant que penser de tout le mouvement qu’ils se donnent, j’aime mieux livrer mes jours au silence et achever dans une retraite ignorée le songe incompréhensible. […] Il y a dix-sept ans, je voulais m’endormir à jamais ; depuis ce jour j’attends, et peut-être il se trouvera enfin que j’eusse bien fait de quitter alors cette terre sur laquelle je suis inutile, sans fortune, chargé du sort des autres et privé de bras vigoureux propres à tout. […] Il fit observer que nulle part dans son ouvrage on ne trouvait l’empreinte de la passion : « Je n’ai jamais, disait-il, attendu des temps de trouble aucun avantage personnel… Ce livre n’avait pas pour objet d’être orthodoxe, mais on y demande la tolérance en faveur des cultes, comme entre les cultes,… et je n’approuverais pas plus l’exigence, au nom de la philosophie, que l’intolérance sous le prétexte du dogme… En 1798, j’ai été arrêté dans le Jura, parce que je n’avais pu obtenir un passeport.
On peut les comparer à des taches qui échapperoient dans l’examen d’un tableau commun, & qui choquent dans les productions d’un pinceau, dont on a droit d’attendre autant de correction & de réserve, qu’il a d’aisance & d’énergie. […] Linguet, nous dirons que cet Ecrivain, à qui l’on ne peut contester, malgré ses défauts, les qualités qui caractérisent le génie, auroit dû s’attendre, à cause de ces qualités mêmes, à plus d’égards de la part de quelques Gens de Lettres, qui n’ont pas senti combien il en méritoit.
Marceline n’eut le courage ni de renoncer à ce qu’elle pouvait encore attendre de bonheur, ni de désespérer un brave garçon par l’inutile confession d’un passé dont les traces étaient totalement abolies… S’arrangea-t-elle pour qu’il crût l’avoir intacte ? […] Quant à moi, j’en attends la continuation avec confiance… » M. […] Mais Marceline nous attend. […] Sainte-Beuve est le meilleur garant de la qualité d’âme de Marceline et de son génie intermittent, attendu qu’il fut, à coup sûr, le plus clairvoyant de ses amis. […] Sainte-Beuve t’attend sur tes gages donnés. » Mais ensuite Sainte-Beuve hésita, et, finalement, ne conclut point.
Je revoyais l’ancienne salle de spectacle, le petit bois plein de terreur, où étaient enterrés le père et la mère de ma tante, l’espèce de temple grec où les femmes attendaient le retour de leurs maris, de la Cour des comptes et du ministère des affaires étrangères ; enfin je me rappelais Germain, ce vieux brutal de jardinier, qui vous jetait son râteau dans les reins, quand il vous surprenait à voler du raisin. […] je ne sais, — je le priais de m’attendre, un moment, dans le passage des Panoramas, il m’a dit devant la grille du boulevard : « C’est là, n’est-ce pas ? […] je suis malheureux, et ça a mis au dedans de moi une irritation colère, qui fait que je ne suis plus toujours maître des mouvements de mon âme… Donc je lui ai dit que je sortais et qu’il ne m’attendît pas, parce que je ne savais pas quand je rentrerais. […] Mais attendons à demain. […] * * * Parmi les gens qui attendent dans le jardin, il y a un vieillard que je ne connais pas.
Élevé, par les uns, pour des qualités très réelles et dont quelques-unes furent brillantes, et abaissé, par les autres, pour des vices tout aussi réels et une inconsistance peut-être pire encore, Gustave III attend toujours sa gloire. […] Diapason à prendre et à nous donner de la gloire de Gustave III, c’était là ce qu’on aurait pu attendre de Léouzon-Leduc s’il avait eu la vocation de l’historien, et s’il avait vu dans l’histoire autre chose que l’intérêt matérialiste d’une même catastrophe et l’amusette tragique d’un mélodrame, — de toutes manières, infiniment trop répété ! […] Cet Henri III des cours du Nord, qui eut peut-être tout du Henri III de France, excepté la dévotion, attendu qu’il était du xviiie siècle et ne faisait pas avec son temps un anachronisme, cet Henri III des cours du Nord ne perdit pas comme l’autre, en se dépravant, son héroïsme.
Il n’a pas montré les initiatives que j’attendais de cet esprit qui n’a pas peur. […] Ils ont prescrit les vingt-quatre heures à attendre, pour qu’on fût sûr que la vie, ce mystère qui se joue des hommes, eût dit, à point nommé, sans une minute de plus, son dernier mot ! […] je m’attendais à autre chose, et j’ai été ce qu’un homme ne doit jamais être, disait Boling-broke : j’ai été étonné.
Sans nous aventurer si loin, disons qu’une fois fixé dans le livre, il a licence d’attendre ses lecteurs. […] Mais, je l’ai dit aussi, celui qui fait des livres est absolument libre d’attendre son public. […] La pièce n’aura plus qu’à rentrer dans le livre ; elle attendra des temps meilleurs. […] On attendra que le public se forme ; on attendra que renaisse une société. […] Et le public attend.
Pour lui, bien inférieur en nombre, il ne se laissa point imposer et ne se piqua point non plus d’honneur hors de propos ; il attendit sous les armes, ne devançant rien, acceptant ce qu’il plairait à l’ennemi d’offrir, n’essayant pas de le décourager d’une bataille, et ne faisant élever des retranchements qu’à l’endroit le plus faible de sa ligne. Qu’attendait Marlborough pour agir ? Il attendait l’arrivée du prince de Bade et du corps de troupes que ce général avait détaché de l’armée du Rhin. […] Si le prince de Bade joint Marlborough, comme tous les divers avis le portent, alors je ferai des ouvrages qui me donneront toujours le temps de prendre mon parti, si je ne m’en tiens pas à celui de les attendre où je suis… Mais quand nos troupes apprendront qu’il est arrivé quinze mille hommes de renfort aux ennemis, alors je leur dirai : « Faisons, puisqu’ainsi est, quelques redans de plus. » Si je les avais faits d’avance, et que les quinze mille hommes arrivassent ensuite, des bastions ne les rassureraient pas. […] Toute l’Europe avait les yeux tournés sur les affaires de la Moselle, et l’on s’attendait chaque jour à un choc terrible.
On l’eût crue indifférente de nature, quand seulement elle était indifférente aux riens, et qu’elle attendait. […] On aurait pu dire d’elle, en changeant quelque chose au vers du poëte : Et la grâce elle-même attendit la beauté. […] La révolte manqua, comme on eût pu s’y attendre. […] Il ne fit qu’entrevoir et saluer en chemin Mme de Noyon, qu’une visite, au même moment, rappelait au salon, et il se trouva seul en face de Mme de Pontivy qui ne l’attendait pas, assise ou plutôt couchée sur un banc, au pied d’une statue de l’Amour qui semblait secouer sur elle son flambeau, et dans une effusion d’attitude à faire envie aux nymphes. […] L’automne s’achevant, il revint à Paris, et il attendait, pour se présenter chez Mme de Noyon, qu’il avait quittée en froid, un mot, un signe de Mme de Pontivy, elle-même de retour.
Cette disposition de l’ame qui la porte toûjours vers différens objets, fait qu’elle goûte tous les plaisirs qui viennent de la surprise ; sentiment qui plaît à l’ame par le spectacle & par la promptitude de l’action, car elle apperçoit ou sent une chose qu’elle n’attend pas, ou d’une maniere qu’elle n’attendoit pas. […] C’est par-là que les jeux de hasard nous piquent ; ils nous font voir une suite continuelle d’événemens non attendus ; c’est par-là que les jeux de société nous plaisent ; ils sont encore une suite d’évenemens imprévûs, qui ont pour cause l’adresse jointe au hasard. […] Nous sommes touchés de ce qu’une personne nous plaît plus qu’elle ne nous a paru d’abord devoir nous plaire ; & nous sommes agréablement surpris de ce qu’elle a sû vaincre des défauts que nos yeux nous montrent, & que le coeur ne croit plus : voilà pourquoi les femmes laides ont très souvent des graces, & qu’il est rare que les belles en ayent ; car une belle personne fait ordinairement le contraire de ce que nous avions attendu ; elle parvient à nous paroître moins aimable ; après nous avoir surpris en bien, elle nous surprend en mal : mais l’impression du bien est ancienne, celle du mal nouvelle ; aussi les belles personnes font elles rarement les grandes passions, presque toûjours reservées à celles qui ont des graces, c’est-à-dire des agrémens que nous n’attendions point, & que nous n’avions pas sujet d’attendre.
Le livre que nous attendions est donc manqué et nous continuerons de l’attendre. […] Légitimiste fatigué, qui n’a pas attendu à être Louis XII pour oublier les cruelles injures du duc d’Orléans, il embrasse aujourd’hui ses ennemis de dix-huit ans et il n’a pas les bras qu’il faudrait pour les étouffer ! […] Travail nécessaire, qui aurait été curieux, attendu que, jusqu’ici, il n’a été fait encore par personne appartenant à l’opinion religieuse de M. […] La critique catholique attend toujours le Kant qui dégagera la sienne ; mais il est bien probable que ce ne sera pas M.
Il connoissoit trop bien le Stylum philosophicum, pour ne pas s’attendre à se voir accablé de sarcasmes, pour peu qu’il eût paru se détacher de l’étendard sous lequel on le retenoit captif. […] lui qui a attendu sa mort pour relever les erreurs du Livre de l’Esprit, avec une sévérité & une amertume qui décelent plus de haine pour l’Auteur, que d’amour & de zele pour la vérité.
Ne vaudroit-il pas mieux attendre patiemment qu’il reparût un Poëte comique, que d’accueillir si bénignement tant de Pieces bâtardes, propres tout au plus à étouffer le germe de la seule génération que le vrai goût puisse avouer ? […] S’il leur paroît plus facile de travailler au hasard & sans regle, de se conformer au goût d’une multitude abusée par des chimeres dont on la repaît ; ils ne peuvent s’attendre qu’à voir leur lauriers éphémeres se flétrir, se dessécher, & à devenir eux-mêmes le jouet d’un digne Successeur de Moliere, dont le plus utile essai seroit de venger Thalie des fades hommages qu’ils lui rendent.
Pour louer les auteurs de vos plaisirs, attendrez-vous toujours qu’ils ne soient plus ? […] La foule est continuelle autour de ton tableau ; il faut que j’attende mon tour pour en approcher.
Qu’on ne s’attende donc point ici à une apologie personnelle : l’auteur de ces lignes tâchera de se dissimuler le plus qu’il pourra et n’a pas d’autre but que de formuler une conclusion de doctrine. […] Albalat a lu, la plume à la main, annoté, disséqué les pages de tous nos écrivains français ; et, les textes sous les yeux, il explique comment on peut s’y prendre pour écrire sans recherche, mais avec précision, goût, sobriété et, si possible, de façon originale6. » M. de Gourmont lui-même le reconnaît : « Ce livre, dit-il, est bien meilleur que son titre, en ce sens qu’il soulève toutes sortes de questions de psychologie linguistique, alors qu’ou aurait pu s’attendre à un simple manuel scolaire… L’œuvre garde des parties excellentes ». […] On m’a dit (il fallait s’y attendre) : Qui êtes-vous pour enseigner à écrire ? […] Que mes œuvres soient à ce point mauvaises, ce n’est pas mon rôle d’en convenir, et on ne s’attend pas que je pousse la modestie jusque-là.
À force de regarder sa fille et d’attendre à l’horizon le gendre qui doit y apparaître, il ne voit plus, moraliste raccourci, les autres jeunes filles d’un monde très compliqué, très varié, plein de vocations différentes, et que le seul mariage n’explique pas comme au premier jour de la création. […] Pour mon compte, à moi, je m’attendais à mieux… J’y ai cherché, tout le long de ce livre, qui n’est long que par la sensation, ce danger qu’il cause auquel il devait exposer les sots, et ce bienheureux danger, auquel je m’attendais, je le cherche encore.
Il débutait, en 1876, par La Chanson des gueux, qui le fit célèbre tout de suite, qui le tira de ces antichambres de la Renommée où tant de gens se morfondent ; car, insolente comme l’Attila de Corneille, elle fait parfois attendre jusqu’aux rois, — les rois futurs de la pensée ! […] Richepin, n’attendit pas. […] C’est, de tous les livres qu’il pouvait faire, le plus étonnant à coup sûr, et celui auquel on devait le moins s’attendre.
Ne devrait-elle plus attendre qu’une de ces époques déjà signalées dans le monde, où la science des choses matérielles avait détruit le sentiment de l’idéal, où la force et le travail tenaient enchaînées dans un vulgaire bien-être des millions d’intelligences éteintes à l’amour de la liberté civile et des arts ? […] La perte de l’enthousiasme, l’inutilité de la poésie, seraient-elles un progrès que nous devions attendre des perfectionnements successifs de la vie matérielle ? […] On le voit donc : loin que cette puissance d’action, ce spectacle des réalités éclatantes, qui est l’âme de la spéculation, soit épuisé pour nous, l’Europe est plus que jamais à portée de faire de grandes choses, de s’ouvrir de nouveaux horizons, de féconder des terres nouvelles et de recueillir des fruits mûrs qui l’attendent.
— il pourrait arriver qu’elle se fît quelquefois, non point désirer (elle n’a si coquette prétention) mais attendre. » Je crois bien qu’elle se fit attendre indéfiniment après le septième numéro (décembre 1892).
On trouve en lui tout ce qu’on peut attendre d’un génie heureusement né pour les vers, cultivé par la lecture des auteurs agréables, & formé sur-tout à l’école du monde. […] Son envie de dogmatiser sur le goût, alloit au point, que, pour critiquer le Pastor fido, il n’attendit pas que la pièce fût imprimée.
Les cris de l’enfer se font entendre et les mauvais génies nous attendent sur le seuil de mon cachot. […] J’aperçois devant moi la route où je te vis pour la première fois, le jardin si riant où Marthe et moi nous attendions. […] Mes persécuteurs m’attendent. […] Le sort en est jeté, j’écris ce livre : qu’il soit lu par mes contemporains ou par la postérité, n’importe ; il peut bien attendre un lecteur pendant un siècle, puisque Dieu lui-même a manqué, durant six mille années, d’un contemplateur tel que moi. » Cette expression hardie d’un orgueilleux enthousiasme prouve la force intérieure du génie. […] On voit souvent ce phénomène dans les révolutions au moment où les partis fatigués ou impuissants ont besoin de se mentir à eux-mêmes et aux autres, pour feindre une transaction nécessaire à tous, et pour attendre une occasion de rompre la trêve.
» Puis il secoua la poussière de ses pieds, sortit d’Édimbourg et se retira au milieu des bois, dans une cabane de bûcheron, pour attendre ou le supplice ou la vengeance ! […] Quelques jours après, le 24 avril, comme elle revenait de Stirling, où elle avait été visiter son fils élevé loin d’elle, Bothwell, avec un groupe de ses amis en armes, l’attendit au pont d’Almondbridge. […] Il ne nia point le crime, et mourut en homme qui s’attendait à l’ingratitude du prince. […] XXXIII Le supplice de ses amis fit pressentir à Marie Stuart son sort ; aussi coupable et plus redoutée, elle ne pouvait l’attendre longtemps. […] Bourgoing lui répondit de la chambre où il était avec les autres serviteurs, que les lords attendaient Sa Majesté. — « Il n’est pas temps encore, reprit la reine ; qu’on revienne à l’heure convenue. » Alors, se précipitant de nouveau à genoux entre Élisabeth Curle et Jeanne Kennethy, elle fondit en larmes, se frappant la poitrine, rendant grâce à Dieu de tout, lui demandant avec ferveur, avec sanglots, de la soutenir durant les dernières épreuves.
Je répète tous les jours plus sincèrement le vœu qui terminait ma dernière lettre, et j’attends la tempête comme un autre le port. […] Elle attendra le jour du courrier, elle prendra une feuille, écrira trois pages, à lignes bien larges, et l’adresse sur la quatrième. […] J’attends ce jour avec impatience, et toujours en me reprochant bien vivement de ne vous avoir rien écrit plus tôt. […] On n’attend pas des preuves, on a déjà des échantillons. […] J’attends le jour des Rois avec impatience.
Il y a trop longtemps que l’armée de Mallius t’attend pour général. […] Catilina, sors de Rome, et, puisque tu attends le mot d’exil, exile-toi de ta patrie. […] « J’ai reçu d’eux un frère, avant que je pusse savoir ce que j’en devais attendre. […] « J’y trouvai Caton, que je ne m’attendais pas à rencontrer ; il était assis et tout entouré de livres stoïciens. […] Regardons plutôt la mort comme un asile, comme un port qui nous attend.
Cette critique étoit encore plus raisonnable qu’on n’avoit lieu de l’attendre de son siècle Elle courut manuscrite en 1650. […] Pour ce qui est de sa capacité, je n’ai point mémoire d’avoir lu d’écrivain si ignorant… Quel avantage dois-je donc attendre de combattre un homme si foible, de tenir tête à une harangère, & d’imiter ce Ctésiphon de Plutarque qui faisoit le coup de pied de mulet ?
Il ne s’agit que d’attendre l’avenir. […] et il fallut attendre que le roi fût mort, pour en venir à songer que le roi lui-même, serait quelque jour, un sujet de comédie. — « On peut tout croire, hélas ! […] Eh qu’importe, barbares, si mon talent est jeune, et si rien, dans mon art, ne se fait attendre : la voix, le geste, le sens, le sourire, le talent, la gaîté ? […] Elle a été patiente outre mesure ; elle a attendu longtemps sa beauté, son esprit, sa jeunesse, sa grâce, son charme enfin. […] Elle vaut bien, par les spoliations et les supplices qui l’attendent, qu’on lui pardonne son élégance et son imprévoyance à toutes les menaces de l’avenir !
Par exemple : le général Reille laissé à la droite de Ney, recevant par M. de Flahaut, qui le vit en passant, un premier ordre de se porter sur Frasnes, c’est-à-dire vers Ney son chef immédiat, raisonna et attendit un second ordre plus formel. […] Ney attendait donc pour agir le corps de Reille, et, sur son ordre pressant, il ne vit arriver en premier lieu que Reille lui-même en personne, dont les divisions ne se mirent en mouvement pour rejoindre qu’un peu plus tard, et dont les conseils prudents, les remarques à l’égard des Anglais et du caractère particulier de leurs troupes, ne laissaient pas de lui donner à penser. […] Napoléon les conjura encore par son génie à Fleurus ; et, voyant sa grande combinaison première, celle qui consistait à tourner les Prussiens, se faire attendre ou échouer, il en improvisa à l’instant une autre. « Tiens-toi tranquille, disait-il à Friant qui s’inquiétait, il n’y a pas qu’une seule manière de gagner une bataille. » Se portant, en effet, vers Ligny, à un endroit où le ruisseau fait coude, et d’où l’on apercevait, à travers une éclaircie d’arbrés, les corps prussiens échelonnés, il les prit en écharpe par du canon, et bientôt, dépassant Ligny même, il les fit attaquer à revers par sa garde.
Pour vous, si vous avez vu l’objet, n’allez pas le revoir ; si vous ne l’avez pas vu, voyez-le, et attendez. […] Voyez de quelle façon l’écrivain russe Tolstoï représente un homme dans un état de joie extrême : il fait sa première visite à sa fiancée : Il rôda dans les rues pour passer le temps qui lui restait à attendre, consultant sa montre à chaque instant, et regardant autour de lui. […] Après avoir fait un grand tour par la rue des Gazettes et la Kislowka, il rentra à l’hôtel, s’assit, posa sa montre devant lui, et attendit que l’aiguille approchât de midi.
Arlequin interrompt son maître pour lui dire que Vittoria l’attend près de là, dans la boutique d’un orfèvre. […] Pedrolino dit au capitaine qu’il trouvera Vittoria au logis de Pantalon ; il l’introduit dans les salles basses de la maison où l’attend Silvia dépouillée de son costume masculin. […] Isabelle raconte comment elles ont fait dire au capitaine qu’il trouverait Vittoria dans les salles basses de leur maison, où Silvia, au lieu de la comédienne, l’attendait.
Demain ne peut pas attendre. […] Un livre est quelquefois un secours attendu. […] Qu’attendez-vous ?
Attendons dans un respectueux silence. […] Encore une fois, attendons. […] Ainsi Virgile laissa son Énéide avec des vers qui attendent encore le dernier regard du maître.
Assurément, ici pas plus qu’ailleurs, je ne vois la couleur locale et cosaque à laquelle, avec son titre, je m’attendais. […] … Les curieux, les commères, les friands de scandale, excités par ce premier, écoutent et en attendent un second ; mais moi, non ! […] Avec l’impétuosité, la fierté, le mépris à l’Ajax pour Dieu et les hommes, l’intraitabilité qu’elle y affecte, on s’attend à y voir surgir des tragédies et des catastrophes, et il n’y a que son mari de cravaché, ce qui n’est pas une grande catastrophe.
On s’attendait à une audace, à quelque paradoxe hardi sous ce pavillon de Vertu, si fastueusement étalé et qui ne dit rien, s’il ne dit beaucoup ; car, excepté dans les romans, marqués à la sale patte du Réalisme contemporain, où l’on abolit la loi d’art des contrastes et où l’on vous sert du vice tout pur, sans aucun mélange ; excepté dans ces monstrueuses compositions qui sont la fin de toute littérature, il y a toujours dans les livres vrais comme dans les plus faux, une prétention à la vertu quelconque, depuis l’admirable Clarisse de Richardson qui pourrait aussi s’appeler Vertu, jusqu’à l’impossible Jacques de Mme Sand, qui a de la vertu, selon elle, puisqu’il se sacrifie héroïquement à l’amant de sa femme et se tue pour, lui donner son lit. Franchement, avec sa dédicace à George Sand, c’est à une vertu de ce genre que je m’attendais dans le roman de Mme Haller ; mais la vertu de son livre est d’une invention moins philosophique et moins compliquée. […] Il ne s’agit point de ses mœurs, à cette demoiselle ; elles sont excellentes… Seulement, par le fait des bonds, sauts et ressauts du roman, il se rencontre qu’elle est accusée d’avoir tué un enfant qui n’est pas lie sien, et qu’elle n’a pas tué, et qu’elle aime mieux se faire pendre que de révéler le meurtrier, lequel n’est pas son amant, À coup sûr, c’est là un acte de vertu et de vertu désintéressée, quoique ce ne soit pas celle-là à laquelle l’imagination s’attendait.
Mais cette gloire qui sort de l’obscurité et de l’obstacle, peu à peu, comme un chêne sort de terre, et sur le gland duquel, les racines et les premières pousses, des troupeaux de bêtes ont passé, cette gloire, qui fut celle de Joseph de Maistre, ce génie de trempe immortelle qui pouvait attendre et qui attendit, je ne crois point que Crétineau-Joly l’ait jamais, et peut-être n’était-il pas fait pour elle. […] Nous nous attendions à une de ces compositions historiques trop étroite de proportions pour être une histoire et qu’on appelle une biographie, et nous avons eu un dossier.
Sous le masque de lave de la plus impétueuse pensée auquel la réflexion ait jamais attaché ses rides et ses ombres, sous la fière moulure du lutteur le plus redoutable qui ait jamais terrassé l’ennemi, ce n’est pas tout que d’avoir trouvé une âme à laquelle nous ne pouvions guères nous attendre. Sous ce masque imposant, terrifiant, qui n’a jamais souri que comme Oreste, dans l’ironie de la fureur ou dans l’âpre joie du sarcasme, nous allons à présent montrer un esprit auquel certainement on devra moins s’attendre encore. […] On n’attend plus que le bourreau. » Et ailleurs, dans un ton moins froid et moins hautain, mais qui déshonorait davantage : « La monarchie !
Quant au reste de l’Allemagne, de l’Italie, et quant à la France, le chef-d’œuvre de la musique moderne eut le sort d’Athalie, le chef-d’œuvre de la poésie française : il fallait que cette musique surhumaine attendît trente ans ses juges. […] Des deux côtés de la scène, on voit deux orchestres qui n’attendent qu’un ordre du maître pour donner le signal de la fête. […] Mais, à peine le bruit de mon départ avec eux se fut-il répandu dans la ville, que toute la jeunesse de l’endroit se pressa autour de la porte pour attendre que je sortisse de la maison. […] Les premiers accords de l’ouverture me convainquirent que l’orchestre était excellent ; et si les chanteurs le secondaient quelque peu, je devais m’attendre à toutes les jouissances que me promettait le chef-d’œuvre. […] C’était comme l’accomplissement longtemps attendu de mes plus doux rêves, comme la réalisation de mes pressentiments les plus secrets.
Elle est debout et attend ; mais Ulysse délibère : ira-t-il en suppliant toucher les genoux de la jeune fille aux beaux yeux, ou la suppliera-t-il de loin, par des paroles persuasives, de lui donner des vêtements et de lui montrer la ville ? […] Je m’en chargeai ; mais je n’eus pas le temps d’accomplir ma commission : son frère entra avec le visage joyeux, affectueux et tendre d’un homme qui se réjouit d’emmener bientôt un frère aimé et glorieux sous son toit, à sa femme et à ses petits enfants qui l’attendent. […] Ma visite ne finissait pas ; je n’ai guère le temps d’en faire d’inutiles, mais cela paraissait donner tant de plaisir à trois personnes, que j’attendis pour sortir qu’il fit presque nuit dans la cour. […] ce don de Dieu, qui chantait tout à l’heure, Je pleure et je l’attends, je l’appelle et je pleure. […] Il y vécut pendant six semaines, les plus douces peut-être de sa vie, en pleine paix, en plein amour dans la maison, en pleine ombre, en plein soleil dans le jardin, comme ces haltes du voyageur, quand le jour va tomber et qu’il aperçoit déjà les clochers de la ville où le sommeil l’attend, après les lassitudes de la route.
Pleins de confiance en la bonté paternelle de notre monarque et rassurés par sa parole royale, nous devons attendre avec soumission l’abrogation de ces lois rigoureuses qui nous menacent encore… Ah ! […] Après cela, peut-on s’étonner que Jean-Bon Saint-André, menacé à cette date par la rage des réactionnaires, forcé de quitter Montauban et se trouvant à Toulouse, nous soit signalé comme agitateur, comme excitant par ses prédications les gardes nationaux de cette ville, et qu’il lui soit échappé de dire à Mathieu Dumas, en le sommant de prendre quelques mesures dans un intérêt patriotique : « C’est le jour de la vengeance, et nous l’attendons depuis plus de cent ans ? […] Le convoi était escorté par le contre-amiral Vanstabel31, trop faible pour lutter contre les croisières anglaises : il fut décidé que la flotte française sortirait de Brest commandée par Villaret-Joyeuse, irait au-devant du convoi attendu et combattrait au besoin les forces anglaises pour protéger son entrée. […] Le convoi attendu arrivant peu après, trouva la voie ouverte, la mer jonchée de débris et gagna le port sans dommage.
Les peuples s’entre-regardent à la lueur de l’incendie, et, agités d’un sentiment inconnu, attendent avec anxiété un avenir plus inconnu encore. » Il combat tour à tour et en toute occasion le Globe, les éclectiques, les doctrinaires ; il réfute et malnène les gallicans, M. […] Sans s’attendre à le trouver parfait, ce qui ne serait pas seulement de la simplicité, mais de la folie, on se figure qu’entre lui et le type idéal qu’on s’en est formé d’après les maximes spéculativement admises, il existe au moins quelque analogie. […] On prendrait, d’après notre sèche discussion, une idée bien inexacte du dernier livre de M. de La Mennais, si l’on ne s’attendait pas cependant à y trouver un vrai charme de récit, et, sauf le deuil de la foi perdue, auquel peu de lecteurs seront sensibles, bien des richesses d’une grande âme restée naïve, La gaieté elle-même n’en est pas absente : je n’en veux pour preuve que cette page légère où se jouent toutes les grâces d’ironie d’une plume laïque et mondaine. Les voyageurs, las d’attendre l’Encyclique qui ne devait les joindre qu’en route, quittèrent Rome en frétant un voiturin : « Cette manière de voyager, lorsque rien ne vous presse, dit l’auteur, est la plus agréable que puissent choisir ceux qui doivent rechercher une stricte économie.
Il s’attend à la voir accablée d’humiliation, abîmée de honte ; il trouve une femme relevant, sous un petit front qui ne mugit plus, ses invectives. […] Il appartient tout entier a Sylvanie de Terremonde, qui y fait son entrée impatiemment attendue. […] Le laquais diplomatique qui circule dans la pièce, espionnant des deux yeux, rusant des deux mains, tantôt pour la princesse, tantôt pour le prince, vient lui apprendre que M. de Terremonde, après un faux départ, est rentré chez lui, qu’il s’est embusqué, un pistolet au poing, derrière la porte de son hôtel, et qu’il attend là, à l’affût, l’amant annoncé. […] Prise d’une nausée amère, à la vue de ces princes du sang, de ces grands seigneurs avilis par l’ivresse et par la luxure, elle s’écria que les princes et les laquais « avaient été faits de la même pâte, que Dieu avait, dans la création, séparée de celle dont il avait tiré tous les autres hommes. » Il va donc aller à ce rendez-vous où l’attend la mort ; la princesse n’a qu’à le laisser partir pour être vengée.
Je n’insiste sur cette phrase de début, qui a frappé beaucoup de personnes, que pour montrer qu’on ne saurait raisonnablement attendre de l’historien-poète un grand scrupule d’exactitude sur ces points de détail et d’humble réalité. […] Quant à moi, au milieu de toutes les preuves de talent, de génie naturel, d’esprit même et de sagacité que donne M. de Lamartine dans les pages flottantes et dans les fresques inachevées de ses Histoires, je m’attendrai toujours à toutes les distractions et à tous les lapsus de pinceau de la part de quelqu’un qui, ayant à parler de Camille Desmoulins pour son Vieux Cordelier, a trouvé moyen de le comparer à Fénelon. […] Il arrivait sans être attendu, comme s’il eût voulu surprendre ou devancer une révolution. » Voilà de l’excellent style d’histoire. […] Mais c’est à la peinture des situations générales plutôt encore qu’à celle des individus qu’il faut attendre M. de Lamartine.
La jeune voyageuse, sans se faire attendre, donne sa signature. — La chanoinesse Amélie de Moldaw ! […] Nous attendons M.
Vous prévoyez quelles tortures morales attendent les deux époux, et que l’enfant lui-même ne saurait être que malheureux dans ces conditions. […] N’avez-vous point entendu dire que, rassurées par la bienfaisante antisepsie, des noceuses, les unes du monde et les autres d’ailleurs, hésitaient peu à se faire délivrer une fois pour toutes afin d’être tranquilles, attendu que sublata causa tollitur effectus ; et que cette opération, préservatrice de la maternité, était presque à la mode, au point qu’un humoriste a pu écrire que ce dont elles se débarrassent « ne se porte pas cette année ?
Certes il n’est pas sans talent, mais il faut attendre. […] Il faut attendre ; peut-être quelque chose, peut-être rien.
… Envoyé aux arrêts, mis à l’ordre comme un chef d’état-major incapable, après ce que je viens de faire à Bautzen, et au moment où j’attends une promotion pour prix d’une conduite que peu d’officiers auraient osé tenir !! […] Il attendait, il hésitait, il espérait toujours ; il faisait et refaisait en tous sens à sa manière le monologue de Coriolan prêt à passer aux Volsques. […] Arrivé le 16 août à Prague, il reçut de l’empereur Alexandre l’accueil bienveillant auquel il pouvait s’attendre. […] mon cher général, nous avons fait tous les deux une sottise ; si j’avais pu m’attendre à devenir le conseiller d’un général autrichien, je n’aurais certes pas quitté l’Amérique. » Jomini essaya, nous dit-on, de faire une distinction dans sa réponse et de se montrer plus désintéressé dans la question, mais il n’était pas éloigné de penser de même. […] M. de Senfft fut chargé, à ce moment, par M. de Metternich d’aller mettre en train à Berne la restauration aristocratique, et de chauffer une véritable contre-révolution, qui semblait n’attendre, pour éclater, que l’expiration de l’influence française.
Vers elle, je penchais ma lèvre mais sans prendre Le baiser qu’elle s’attendait à recueillir. […] Je ne réclame De vous que vos regards meurtris… L’amour est de « l’égoïsme à deux », prétendait Mme de Staël, mais les contemporains font l’économie du partage, autant par prudence que par orgueil : Je repousse le cœur qui m’attend et m’appelle, Et je suis cette nuit amoureuse de moi, De mes yeux sans espoir, de ma voix immortelle. […] et où il attend « le seul baiser maternel de la mort ». […] La seule différence est qu’il attend, pour se plaindre de la tentation, d’y avoir succombé. […] Goethe, ouvrant les bras au ciel, attend que l’infini l’aspire.
Fille d’une mère galante qu’entretenait un fermier général, mariée comme provisoirement au neveu de ce dernier, il sembla de bonne heure que toute la famille, en la voyant si séduisante et si délicieuse, la destinât à mieux, et qu’on n’attendît plus que l’occasion et le moment. « C’est un morceau de roi… », disait-on de toutes parts autour d’elle ; et la jeune femme avait fini par croire à cette destinée de maîtresse de roi comme à son étoile. […] Pour avoir le degré précis des fautes commises par chacun à cette date, il faut attendre la publication, qui ne saurait tarder bien longtemps, de toutes les pièces diplomatiques relatives au ministère du cardinal de Bernis et à celui du duc de Choiseul. […] Elle a l’air d’attendre avec certitude et d’écouter avec sourire. […] » Elle envisagea la mort d’un œil ferme, et, comme le curé de la Madeleine était venu la visiter à Versailles et s’en retournait : « Attendez un moment, monsieur le curé, lui dit-elle, nous nous en irons ensemble. » Mme de Pompadour peut être considérée comme la dernière en date des maîtresses de roi, dignes de ce nom : après elle, il serait impossible de descendre et d’entrer décemment dans l’histoire de la Du Barry. […] Il y a une tribu à la Cour qui attend toujours l’extrême-onction pour tâcher d’augmenter son crédit.
Ximeira est là, qui attend sa proie. […] Ils t’attendent. […] On attendait quelqu’un. […] Je l’attends. […] nous l’y attendons !
Pendant que le gouvernement impérial s’affermissait, il cultivait sa terre de Lagrange et attendait la liberté publique. […] jusqu’alors vainement attendu, s’échappa. […] A cette nouvelle, il met son armée en insurrection, mais en insurrection passive ; il proclame et il attend ; mais il attend vainement. […] Dumouriez, qui n’avait joué jusqu’alors que des rôles subalternes, se montra fort supérieur à ce qu’on devait attendre de lui. […] attendre le jour.
La voix est douce, mélancoliquement musicale, sans rien de la sonorité brutale qu’on pourrait attendre de l’encolure massive de l’homme. […] J’attends sous le péristyle de la mairie. […] Dans l’antichambre le garçon lit la Gazette des étrangers, et de gras cabotins de province, et des Antony de troupe ambulante attendent mélancoliquement sur les banquettes. […] Le lever du rideau, les trois coups ; ces choses solennelles que nous attendions avec un battement de cœur, nous ont totalement échappé. […] Nous refusons, en lui disant qu’il sait bien que ce qu’on siffle, n’est pas notre pièce ; et que nous sommes résolus à attendre que le gouvernement nous interdise.
Attendez les épreuves. […] J’attendis dans un coin de la salle de rédaction. […] Sans compter que les anciennes reviennent quelquefois au moment où on s’y attend le moins. […] Telle est l’aventure qui attend demain ce jeune triomphateur. […] Elle va poser des après-midi entières dans des antichambres, écrire son pauvre nom inconnu sur des carrés de papier et attendre patiemment qu’on la reçoive.
L’assemblée était assez nombreuse, quoique médiocrement empressée : on ne s’attendait pas à quelque chose de bien vif, évidemment ; mais, désœuvrement et habitude, peu à peu la portion de la salle destinée au public s’est remplie. […] Ils disent des banalités avec un air de finesse qui semble promettre ; on cherche, on attend, et rien n’arrive.
Réfléchissez que la chirurgie d’aujourd’hui eût pu « prolonger » Bossuet, sauver Racine, sauver Napoléon… * * * Mais ce progrès, tout en restant un grand bien, n’a pas donné partout ce qu’on en pouvait attendre. […] On songe qu’il doit éprouver, dans sa besogne libératrice, une sorte d’exaltation austère ; qu’il doit, à sa façon, « aimer le sang »… On se dit que le plus grand bienfait qu’un homme puisse attendre d’un autre homme, c’est le chirurgien qui le dispense.
Malherbe ne manquoit jamais de leur répondre qu’il ne les croyoit pas en grande faveur dans le ciel, attendu que dieu les abandonnoit dans ce monde ; & qu’il aimeroit mieux que M. de Luynes, ou quelque autre favori, lui eût tenu ce langage. […] Il fermoit souvent la porte de sa chambre, & crioit à ceux qui heurtoient : Attendez, il n’y a plus de chaises.
On fait souvent une belle action comme un sot dit un bon mot, comme Chapelain fait un vers heureux ; mais Virgile, Horace, Cicéron ont existé entre des siècles qui les attendaient et des siècles qui les ont suivis et qui les suivront sans les reproduire. […] Mais Mme de Meaux m’attend pour aller au Grand-Val114 ; si j’avais du génie, j’oublierais que je dois être chez elle à neuf heures, mais, hélas !
Il faut s’attendre à tout, et même à l’oubli. […] La seizième lettre de Pascal, l’apologie du vol, ne fut pas plus impatiemment attendue ! […] La tragédie, avant de se permettre des héros français, a attendu jusqu’à Voltaire. Molière ne nous a pas fait attendre si longtemps. […] Mais ne vous attendez pas que je le suive en cette lente agonie.
Le samedi à cinq heures, j’ai descendu au Grand-Hôtel, où m’attendait ma tante. […] J’attends des lettres d’Angleterre. […] J’attendrai que maman soit de retour et qu’elle ait fait ce que je lui demande. […] Et en ouvrant l’enveloppe je m’attendais à tout pour ne pas être saisie. […] Dites-nous donc quand il faudra vous attendre.
Je n’oublie pas qu’on peut et qu’on doit beaucoup en attendre. […] Il nous importe beaucoup à nous, attendu que nous sommes ces autres. […] Elle voulait être aimée, attendu que c’est le vœu de tout être vivant. […] La protestation attendue ne vint pas. […] M. de Montesquiou savait d’avance ce qui l’attendait.
« — Qu’attends-tu ? […] Nous allons en Angleterre attendre que le temps ait délivré la France du tyran que nous n’avons pu détruire. […] On vous attend là-haut ! […] À présent, quand toute la terre m’attendrait, j’y resterais. […] Attendez seulement un jour pour penser à votre âme.
» « (24 janvier 1847)… Je t’envoie avec celle-ci quinze francs que tu n’attends pas avec l’impatience que j’ai eue à te les envoyer. […] Laisse faire le temps et Dieu, et ne cesse pas d’aimer ta triste sœur. » « (8 mars 1847)… Tu vois, mon ami, que je t’écris seulement aujourd’hui pour te dire d’attendre, et que je n’ai pas voulu retarder ma lettre jusqu’au moment où je pourrai y joindre un envoi d’argent. […] — Attendons et croyons ! […] » Sa sœur Eugénie, qui habite Rouen, tombe mortellement malade, et l’on n’attend plus que sa fin ; Mme Valmore écrit à sa nièce, fille d’Eugénie, de respecter ce qui peut lui rester encore d’espérance de guérison : « (5 septembre 1850)… J’attends une lettre avec la plus grande anxiété, et votre silence me jette dans l’effroi. Ma chère Camille, je vous vois tous auprès de ma sœur comme des enfants et des anges qui consolent une sainte, et je suis tranquille sur les bénédictions du Ciel qui attendent une si belle âme ; mais les tortures de la mienne sont inexprimables, plus cent fois depuis que je suis revenue : la voir m’était encore moins terrible.
Un jeune Asturien de dix-neuf ans, le plus jeune des passagers, mourut, et sa mort impressionna péniblement Humboldt à cause des circonstances qui avaient motivé le voyage ; le jeune homme allait chercher fortune, pour soutenir une mère chérie qui attendait son retour. […] Les passagers que le fléau n’avait pas atteints, effrayés de la contagion, avaient pris la résolution de s’arrêter au plus prochain lieu de relâche favorable, pour attendre un autre navire qui les porterait au terme de leur voyage, Cuba ou Mexico. […] Le Vésuve semblait l’attendre en Europe pour éclater et se soumettre à ses investigations. […] Elle attendait la mort, mais en vain. […] Quand il était assis, il paraissait courbé et parlait en regardant à terre, ou bien il levait les yeux pour attendre la réponse des personnes auxquelles il s’adressait.
Le meurtrier, qui avait paru au premier moment à sa lucarne, les deux mains crispées à ses barreaux, ne s’y montrait plus ; j’en fus réjouie malgré l’impatience que j’avais de le voir ; je compris qu’il avait reconnu l’instrument de son père, et qu’il s’attendait à quelque chose de moi, semblable à la surprise qu’il avait eue la nuit, du haut de la tour, en entendant l’air d’Hyeronimo et de Fior d’Aliza, que l’un de nous deux seul pouvait jouer à l’autre, puisque nous ne l’avions appris à personne. […] Je n’osai rien témoigner de mon angoisse, de peur de me révéler, et j’attendis que le bargello fût ressorti de la prison pour faire parler, si j’osais, sa bonne femme. […] Quand le duc a signé le jugement, quand il n’y a plus d’appel et plus de remède à leur sort, on les instruit avec ménagement du supplice qui les attend ; on leur laisse quatre semaines de grâce entre l’arrêt et l’exécution pour bien se préparer avec leur confesseur à paraître résignés et purifiés devant Dieu, et pendant tout cet intervalle de temps, qui s’écoule entre la signification du jugement et la mort, on les traite non plus comme des criminels qu’on maudit, mais comme des malheureux déjà innocentés par le supplice qu’ils vont subir. […] Quelle mort attendait Hyeronimo à Lucques, devant les juges trompés et irrités par les sbires ? […] Tous et toutes m’ont affirmé que, depuis la noce de la fille du bargello avec un riche contadino des environs, on n’avait pas entendu une seule note de zampogne dans la ville, attendu que ce n’était pas la saison où les musiciens des Abruzzes descendaient après les moissons dans les plaines.
On ne s’attendait guère que Chapelle dût nous introduire dans ces considérations philosophiques et qu’on peut lire plus au long dans la lettre datée de Chiras : c’est lui pourtant qui, par ses questions à Bernier, les avait provoquées. […] Il ne faut point s’attendre à y trouver rien de la nature ni d’une description réelle. […] Il me semble voir les gens de la société du Marais qui attendent son récit en se disant : « Le bel esprit ! […] Cependant on ne trouva aucune trace d’incendie ; tout le monde attendit avec impatience la fin de la nuit.
Il me tient toujours sur le gril, et je dois attendre encore un mois avant d’avoir son arrêt. […] lui crie-t-elle tout d’une haleine ; le dîner attend, et nous sommes fatigués. » — « Et moi aussi ! […] Un jour qu’elle lui conseillait de faire des vers blancs, des vers sans rimes, ce qui est très conforme au génie de l’idiome breton, il répondit qu’il n’attendait pour cela qu’un sujet : « Un sujet ! […] Aucun sopha alors ne m’attendait à mon retour, et je n’avais point besoin de sopha alors ; la jeunesse répare la dépense de ses esprits et de ses forces en un rien de temps ; par un long exercice elle n’amasse qu’une courte fatigue ; et quoique nos années, à mesure que la vie décline, s’enfuient bien rapidement et qu’il n’y en ait point une seule qui ne nous dérobe en s’en allant quelque grâce de jeunesse que l’âge aimerait à garder, une dent, une mèche brune ou blonde22, et qu’elle blanchisse ou raréfie les cheveux qu’elle nous laisse, toutefois le ressort élastique d’un pied infatigable qui monte légèrement le degré champêtre où qui franchit la clôture ; ce jeu des poumons, cette libre et pleine inhalation et respiration de l’air qui fait qu’un marcher rapide ou qu’une roide montée ne sont point une fatigue pour moi ; tous ces avantages, mes années ne les ont point encore dérobés ; elles n’ont point encore diminué mon goût pour les belles vues naturelles ; ces spectacles qui calmaient ou charmaient ma jeunesse, maintenant que je ne suis plus jeune, je les trouve toujours calmants et toujours ayant le pouvoir de me charmer.
Il n’avait pas attendu jusque-là pour penser, pour écrire et dicter ses vues, ses plans de gouvernement, ses réflexions de roi. […] Un tel récit justifie presque ce mot de Bussy-Rabutin à propos de cette même campagne : « J’admire encore, disait-il du roi, sa manière d’écrire, la netteté et l’exactitude avec laquelle il observe jusqu’aux moindres particularités, et cela me fait croire que comme il ne s’attend pas à ses généraux d’armée pour faire des conquêtes, il ne s’attendra pas à ses historiens pour les écrire : personne ne peut si bien dire ce qu’il fait que lui… » « Flatterie sans doute, et de la part d’un disgracié qui avait tout intérêt à se faire pardonner de Louis XIV, flatterie tant qu’on le voudra ! […] Aussitôt après le passage du Rhin, le prince d’Orange se retire et n’estime pas de la prudence d’attendre dans ses retranchements de l’Yssel Louis XIV qui comptait se porter à sa rencontre : « Cette nouvelle de la retraite prompte du prince d’Orange, quoique avantageuse pour le bien de mon service, me donna d’abord quelque mortification pour ce qui regardait ma propre gloire, parce que, s’il fût resté sur l’Yssel, j’espérais le combattre et peut-être défaire entièrement son armée ; mais, ayant toujours préféré l’intérêt de l’État à celui de ma réputation, je ne songeai qu’à profiter des avantages que la retraite des ennemis me fournissait. » Ce ne fut pas la seule fois que Louis XIV regretta d’avoir manqué l’occasion de se mesurer avec le prince d’Orange : une autre fois, dans la suite de cette guerre (1676), il la manqua encore, proche de Valenciennes, mais par sa faute ce jour-là et par trop de prudence : il ne tenait qu’à lui d’attaquer.
Et M. de Rémusat, mûr dès la jeunesse, et Ampère, mobile d’humeur,« changeant comme avril » et Albert Stapfer, l’élève de Guizot, passé plus tard à Carrel ; et Sautelet au visage jeune, au front dépouillé qui attendait la balle mortelle ; et Duvergier de Hauranne, esprit net, perçant, ardent alors à toute question littéraire (je suis toujours tenté de lui demander grâce en politique au nom des amitiés de ce temps-là) ; et Artaud, jeune professeur destitué et promettant un littérateur ; et Guizard plus intelligent et plus discutant que disert, et Vitet dont le nom dit tout, et l’ironique et bon Dittmer, le demi-auteur des Soirées de Neuilly, si supérieur à Cavé ; et Dubois, du Globe si excité, si excitant, qui a commencé tant d’idées et qui, en causant, n’a jamais su finir une phrase ; et Paul-Louis Courier, aux cheveux négligés, qui apparaissait par instants comme un Grec sauvage et un chevrier de l’Attique, — large rire, rictus de satyre, et qui avait du miel aux lèvres ; — et Mérimée, dont M. […] Il attendait avec impatience pour cela que la France fît trêve à ses préoccupations politiques parlementaires ; mais il attendit longtemps, et cette trêve ne vint jamais. […] Je ne ferai plus que lui emprunter un portrait exact, peu flatté, mais assez amusant, du philosophe Ballanche, d’ordinaire si pacifique, mais irascible par accès et subitement colérique au moment où l’on s’y attendait le moins.
les unes pour mourir tout de suite et pour aller l’attendre dans le paradis, dont je n’aurais vu que quelques heures sur la terre, et les autres pour lui rendre la liberté et la vie, lui sacrifiant à son insu la mienne. CCLIII Enfin elle passa ; je n’osai pas, par mauvaise honte, m’approcher beaucoup de la loge où Hyeronimo attendait, sans vouloir m’appeler, la tête en ses deux mains, appuyé sur la grille du cachot, me regardant à travers les mèches de ses cheveux rabattus sur sa tête ; et moi, du haut de ma fenêtre, plongeant mes regards furtifs sur sa figure immobile dans la demi-ombre de sa loge. […] Un peloton d’une douzaine de sbires, commandés par un officier et armés de leurs carabines, chargèrent leurs armes devant moi, et se rangèrent, leur fusil en joue, pour attendre le commandement de tirer. […] monsieur, dans ce silence de tout un peuple qui retient son haleine en attendant la voix qui doit commander la mort d’un homme, vous me croirez si vous voulez, mais je ne crois pas avoir pâli ; la joie de l’idée qu’en mourant je mourais pour lui me possédait seule, et j’attendais le commandement de feu avec plus d’impatience que de peur !
Trouvant de la résistance à son rappel dans l’esprit de son petit-fils et de la jeune reine, il leur écrivit en père et en roi : Vous me demandez mes conseils, disait-il à Philippe V (20 août 1704), je vous écris ce que je pense ; mais les meilleurs deviennent inutiles, lorsqu’on attend à les demander et à les suivre que le mal soit arrivé… Vous avez donné jusqu’à présent votre confiance à des gens incapables ou intéressés… (Et parlant du rappel d’Orry et d’un autre agent :) Il semble cependant que l’intérêt de ces particuliers vous occupe tout entier, et, dans le temps que vous ne le devriez être que de grandes vues, vous le rabaissez aux cabales de la princesse des Ursins, dont on ne cesse de me fatiguer. […] Il s’était attendu, d’après tous les rapports, à trouver dans Mme des Ursins une femme de la Fronde, qui venait trop tard : au lieu de cela, il trouvait quelqu’un qui avait peu à faire pour être naturellement une personne d’autorité et de gouvernement, et qui ne cessait pas d’être de la plus agréable société dans le plus grand air. […] Amelot n’approuvèrent pas ma proposition, ajoute Berwick ; et l’endroit le plus éloigné du péril était celui qu’ils avaient résolu de préférer. » Ce plan généreux toutefois ne semblait pas contraire à l’humeur de Mme des Ursins, qui est brave, impétueuse, qui attend et demande toujours de Berwick une victoire qui tarde et qui ne vint que l’année suivante. […] Je retourne la médaille, et j’attends des consolations qui adoucissent fort mes peines.
Sur les portes non vernies, des trumeaux vides, où l’araignée pend déjà son hamac, et qui attendront vainement le pinceau, — le pinceau au bout duquel la couleur, fraîchement broyée, sèche et se cristallise ! […] On dirait que vous attendez. […] Attendez-vous, quand il portera sa dernière chemise au mont-de-piété, à l’entendre s’écrier dans une attitude théâtrale : « Vertu, tu n’es qu’un nom ! […] Je crois inutile d’attendre le bon plaisir du Dictionnaire de l’Académie, qui se hâtera sans doute de définir le mot quand la chose n’existera plus.
Mais, qu’il me permette de le lui demander, ces résultats sont-ils ce qu’il attendait, lui, quand, plus jeune et moins savant, il avait l’imagination saisie par un livre dont ridée était pour sa pensée tout à la fois un rêve et une caresse ? […] Mais, franchement, puisqu’il s’agissait du génie dramatique, ou du moins de la moitié du génie dramatique de tous les peuples, je m’attendais à quelque chose de plus grand, de plus varié, de plus formidable que ce que du Méril, avec toute sa science, nous a rapporté ! […] Édelestand du Méril, que personne n’a connu autrefois mieux que moi, et que je ne suis pas suspect de louer puisque je ne suis pas un savant et que je déplore qu’il en soit un, a précisément, dans cette Histoire de la Comédie, dont le fond aride ne pouvait être fécondé même par une culture comme la sienne, montré des qualités qu’on n’est pas accoutumé de rencontrer dans un homme qui s’amuse à piquer des têtes, à ne jamais retrouver, dans la métaphysique des grammaires… Spiritualiste ferme et lumineux, esthéticien robuste et sain dans un temps où l’esthétique est devenue je ne sais quelle baveuse maladie particulière aux pédants du xixe siècle, très capable de nous donner, à propos de la comédie, cette profonde et piquante histoire du rire que j’attendais et qu’il n’a pas faite (la fera-t-il plus tard ?) […] Il sait que la science a le temps d’attendre son temps et qu’il vient toujours, pendant que les générations jouent à leurs fossettes ou califourchonnent leurs vélocipèdes.
Il ne serait pas juste de juger la pensée, de l’auteur sur une première partie qui attendait son développement ; il est permis pourtant de dire que cette vue des deux sociétés et des deux régimes fut conçue trop exclusivement sous une inspiration de circonstance. […] Même lorsqu’il se croira un peu détendu et calmé, il rendra cet effet par un mot qui est bien du même ton : « J’attends moins de la vie, je cave moins haut. […] Lorsque ce livre sur la Révolution paraît et obtient aussitôt un succès assez vif auquel on ne se serait pas précisément attendu, au milieu des éloges ou des contradictions qu’il excite et des félicitations qui lui en arrivent, l’auteur ne s’exagère en rien la portée d’influence qu’il peut avoir : Les classes influentes ne sont plus celles qui lisent, écrit-il à M. de Kergorlay (29 juillet 1856).
1836 De tous les jeunes poëtes qui sont en train de croître, de s’améliorer avec éclat, de se débarrasser avec franchise de l’accoutrement quelque peu bizarre ou scandaleux des débuts, il n’en est aucun de qui l’on ait droit de plus attendre que de M. […] De beaux vers, la Nuit de Mai, où la plainte est comme étouffée, la Nuit de Décembre, où elle éclate, et de laquelle je ne voudrais retrancher que le dernier paragraphe (Ami, je suis la Solitude), avaient entretenu cet intérêt à la fois littéraire et romanesque, que la Confession d’un Enfant du siècle, fort vivement attendue, semble devoir combler. […] Il ne reste plus à présent, pour démêler le vrai dans ce conflit de récits passionnés et même envenimés, qu’à attendre la publication des lettres écrites par les deux acteurs en jeu, lettres contemporaines des événements, et dont quelques-unes au moins ont été conservées soit par la personne survivante intéressée, soit par des tiers.
Ayant fini, il prend la parole, et attirant toute l’attention de Burattino qui l’écoute la bouche béante, il lui fait un discours en trois points sur l’indélicatesse des voleurs et sur les châtiments rigoureux qui les attendent. […] Flaminia apparaît également, de l’autre côté, à la fenêtre du docteur et accuse la lenteur de l’aurore qui lui fait attendre la vue de Flavio. […] Cet enfant se fait attendre et les deux époux s’accusent mutuellement du retard.
C’est ce grand et mystérieux Inconnu de la Papauté qu’il a voulu nous faire connaître, en écrivant l’histoire de son passé pour en inférer l’avenir de son règne… Léon XIII, ce lion de Juda, — comme il s’est nommé lui-même dans une circonstance que Teste a racontée dans son livre, — Léon XIII, ce lion de Juda, qui ne rugit pas, mais qui attend l’heure de son rugissement, est d’une date trop récente pour avoir donné sa mesure, mais s’il est de taille avec les besoins de son siècle, il sera bien grand ! […] Elles ne donnent pas rigoureusement et immanquablement toujours ce qu’on semblait en droit d’attendre d’elles. […] Malheureusement, Grégoire XVI, qui l’accorda, mourut la même année (1846), et Pie IX fit attendre dix ans la pourpre donnée par son prédécesseur.
Et je restai longtemps, longtemps sans la comprendre, Et longtemps à pleurer son secret sans l’apprendre, A pleurer de sa mort le mystère inconnu, Le portant tout scellé dans mon cœur ingénu… Et ce cœur, d’avance voué en proie à l’amour, où pas un chant mortel n’éveillait une joie, voilà comme elle nous le peint en son heure d’innocente et muette angoisse : On eût dit, à sentir ses faibles battements, Une montre cachée où s’arrêtait le temps ; On eût dit qu’à plaisir il se retînt de vivre ; Comme un enfant dormeur qui n’ouvre pas son livre, Je ne voulais rien lire à mon sort ; j’attendais, Et tous les jours levés sur moi, je les perdais. […] lève-toi pur sur la France Où m’attendent de chers absents ; A mon fils, ma jeune espérance, Rappelle mes yeux caressants !
Il fit à l’abbé la douce violence qu’il attendait, le décida à publier ses Pensées, et nous présenta l’auteur. […] monsieur l’abbé, je ne saurais vous dire quel chagrin c’est, pour une âme restée religieuse et qui s’attendait à rencontrer un prêtre, de se trouver en face d’un vilain homme de lettres et d’un auteur fieffé !
Or et nous entrons ici dans le rêve que pourrait-on attendre aujourd’hui d’un monarque absolu qui, un siècle après la Révolution, aurait, au fond, la même notion du pouvoir royal et le même genre de sérieux et de bonne volonté que les rois-prêtres de jadis, qu’un Philippe-Auguste, un Louis IX ou un Charles V, et qui, jeté dans un monde totalement différent du leur, joindrait à cela les lumières auxquelles est parvenue, depuis ces grands princes, la conscience de l’humanité ? Il ne serait pas déraisonnable d’attendre beaucoup d’une âme ainsi constituée.
N’attendez donc de moi aucune prophétie. Mais si, comme tous les médecins prudents, je répugne à donner un pronostic, je ne puis pourtant me dispenser d’un petit diagnostic ; eh bien, oui, il y a des indices d’une crise sérieuse, comme si nous devions nous attendre à une transformation prochaine.
On frémit à ce mot, on suspend l’exécution du décret, on demande le fondement des accusations intentées contre Démosthène, & l’on attend sa défense. […] On attend avec impatience l’issue de cette grande affaire.
Esope met une corneille au lieu d’un geai : la corneille valait mieux, attendu qu’elle est toute noire ; sa fantaisie de se parer des plumes du paon n’en était que plus ridicule, et sa prétention plus absurde. […] Ni à moi non plus, attendu que cette fable n’est pas bonne.
C’est la vie rationnée ; chacun-se serre le ventre et attend en grognant un peu. » Quant aux petites villes, il en donne son opinion : « On s’imagine que tout est calme, heureux. […] Ces jeunes gens exténués et intimidés qui se pressent de ville en ville pour passer l’examen de Saint-Cyr, leurs parents qui attendent, leurs professeurs qui les recommandent, le recteur chez qui l’on dîne, le préfet et les magistrats avec qui on échange quelques considérations, tous ces personnages, M.
Je les attends au passage, le cœur me bat quand les voitures arrivent, je les admire dans leur toilette, elles me jettent en passant un petit rire qui me dore la nature comme s’il y tombait un rayon de quelque beau soleil. […] Un soir j’ai attendu jusqu’à trois heures du matin pour voir Nasie, que je n’avais pas vue depuis deux jours. […] À son retour à la pension, le père Goriot l’attend et s’enivre de ses confidences. […] Trompé par le silence de mes parents, je les attendais en m’exaltant le cœur, je les annonçais à mes camarades ; et quand, à l’arrivée des familles, le pas du vieux portier qui appelait les écoliers retentissait dans les cours, j’éprouvais alors des palpitations maladives. […] « — Ceci me semble difficile, répondit-il, Mme de Chessel nous attend.
Cette terre verte me paraît un grand cimetière qui attend. […] J’attends son coup de sonnette, qui est pour moi celui d’un jury des assises rentrant en séance… « C’est fini, plus d’espoir, une question de temps. […] J’attends Simon, qui doit lui apporter son billet d’entrée pour Lariboisière. […] Enfin nous voilà dans la grande salle, haute, froide, rigide et nette, où un brancard tout prêt attend au milieu. […] On nous a fait, un long moment, attendre avant d’ouvrir une autre porte, et pendant ces minutes d’attente, tout notre courage s’en est allé, comme s’en va, goutte à goutte, le sang d’un blessé s’efforçant de rester debout.
Rossi, à Rome, sous le poignard, au moment où ce politique habile, devenu fier et hardi, restaurait et réhabilitait, en le servant, le régime civil pontifical ; la mort du maréchal de Saint-Arnaud, au lendemain de sa victoire de l’Alma, cette mort qu’il portait en lui depuis bien des jours, qu’il contenait et recélait en quelque sorte, à laquelle il commandait d’attendre jusqu’à ce qu’il eût lui-même frappé le grand coup qu’il méditait. […] C’est alors qu’on voit avec lui percer et se produire plus fréquemment dans ses lettres cette seconde génération africaine qui remplacera la première déjà revenue en France ; les Pélissier, les Canrobert, les Bosquet, les Morris, sont, avec Saint-Arnaud, les chefs brillants de cette seconde génération qui serre et talonne le plus près qu’elle peut les Changarnier, les Lamoricière, les Bedeau, les Cavaignac, et qui n’attend que son tour d’entrer en scène. […] Elle en est quitte pour se retirer dans sa carapace et attendre. […] Le directeur de l’artillerie turque s’était couché devant la porte et attendait le moment fatal. […] Nous n’avions pas besoin de cela… Rien ne nous aura manqué : le choléra dans l’armée, et aujourd’hui dans les flottes ; — l’incendie. — Il nous faut une tempête atroce pour être complets : — je l’attends… Cependant il n’y avait plus que le choléra qui s’opposât au départ ; on attendait avec anxiété qu’il se ralentît ou cessât de sévir.
Roger a recouvré l’hippogriffe, ce Pégase de la chevalerie ; il fend les airs sur ce coursier ; il arrive à la plage de la mer où Angélique, enchaînée nue au rocher, attend le monstre marin qui va la dévorer. […] L’amour qu’elle avait si longtemps bravé l’attendait dans ce bocage. […] — Cela peut bien être, répondis-je au professeur ; mais alors, pour le juger, il faut attendre que nous ayons soixante ans. […] Nous avons joui ; attendons pour juger que nous ayons l’âge où l’on dit que l’amour et l’enthousiasme, ces deux huiles parfumées de la lampe de la vie, soient taris ou évaporés dans nos âmes. — Vous attendrez longtemps, dit Léna en rougissant, car il y a encore bien de la lueur sous vos paupières.
IV Je partis sur ce bon augure et je m’arrêtai seulement quelques jours, dans ma famille, à Mâcon, où m’attendait un nouveau bonheur, préparé et négocié par ma mère en mon absence. […] J’attendis qu’elle fût matériellement rouverte, et, ne voulant pas exposer ma femme et ma belle-mère aux dangers inconnus d’une route couverte de soldats débandés et d’une capitale en révolution qu’on nous dépeignait comme sanglante ; d’un autre côté, désirant me trouver à mon poste dans une circonstance éminemment intéressante pour la France et pour la maison de Bourbon, je partis seul pour Naples, au risque de ne pas arriver. […] Il n’attendit pas ma demande pour me nommer à Florence auprès du marquis de La Maisonfort, et destiné à le remplacer en chef aussitôt que les convenances permettraient de rappeler ce ministre. […] XXVI J’attendais mon ami, le comte Aymons de Virieu, qui, déjà souffrant, venait avec sa famille chercher un climat plus salutaire en Toscane. […] Un soir que les deux époux devaient aller ensemble au théâtre, le prince était parti le premier et se croyait suivi dans une seconde voiture par sa femme, retardée sous un spécieux prétexte ; mais il l’attendit en vain dans sa loge ; il l’avait vue pour la dernière fois : un couvent inviolable avait reçu la comtesse et l’avait soustraite aux droits et aux recherches de son royal époux.
Je n’attendis pas longtemps. […] » me dit-elle ; « vous êtes sans doute le jeune homme qu’il attend ? […] Dans un âge si tendre, Quel éclaircissement en pouvez-vous attendre ? […] Il aimait la gloire présente, et il ne savait pas l’attendre. […] je ne m’attendais pas à être attaqué moi-même par la calomnie dans ma fidélité à Dieu et au roi.
— Il faut s’attendre à tout, et aller toujours son chemin. […] Mais que j’attende ou n’attende pas, le vieux centurion des dieux, le temps, est toujours en marche. […] Est-ce un bon père, ou un tyran farouche, qui t’attend ? […] Je ne m’y attends pas. […] Qu’attends-tu ?
Il attend la fin des journées. […] Les femmes l’attendaient comme un roman. […] Billing, attaché à mon ambassade, m’attendait. […] Canning me cherche ; lady Jersey m’attend à dîner avec M. […] Napoléon ne l’attendit pas.
Nous n’avons plus d’argent pour enterrer nos morts… Le prêtre est là marquant le prix des funérailles, Et les corps étendus, troués par les mitrailles, Attendent un linceul, une croix, un remords. […] Le prêtre est là marquant le prix des funérailles, Et les corps étendus, troués par les mitrailles, Attendent un linceul, une croix, un remords. […] » Sa sœur Eugénie, qui habite Rouen, tombe mortellement malade, et l’on n’attend plus que sa fin. […] On a vu de reste toutes ses douces superstitions légendaires et les crédulités qu’elle avait gardées du pays natal ; mais il est un point sur lequel elle ne fléchit pas ; si elle est catholique d’imagination, elle a, si je puis dire, le catholicisme individuel ; elle n’entend y faire intervenir personne ; elle est surtout pour qu’on respecte la paix des mourants, et elle écrit à sa nièce, fille d’Eugénie, de se bien garder d’alarmer sa mère à l’instant suprême : « (5 septembre 1850)… J’attends une lettre avec la plus grande anxiété, et votre silence me jette dans l’effroi. Ma chère Camille, je vous vois tous auprès de ma sœur comme des enfants et des anges qui consolent une sainte, et je suis tranquille sur les bénédictions du Ciel qui attendent une si belle âme ; mais les tortures de la mienne sont inexprimables, plus cent fois depuis que je suis revenue : la voir m’était encore moins terrible.
Avec les grands hommes, il faut s’attendre à tout. […] Une nouvelle manifestation d’art était donc attendue, nécessaire, inévitable. […] Théodore de Banville n’a point porté au symbolisme l’aide qu’on attendait. […] Les symbolistes attendaient qu’en ses vieux jours ce poète savant et charmant chantât, à leur venue, le cantique de Siméon. […] Voilà encore, permettez-moi de vous le dire, des noms qu’on ne s’attendait point à voir réunis.
Le misérable se dit qu’il serait bien long d’attendre pour en jouir l’arrivée de la mort naturelle. […] Elle s’est faite belle et provocante ; elle attend en vain, la peur la prend, puis le désespoir, puis la faim. […] Attendons de précieuses révélations, qui ne sauraient manquer de venir, sur la tannerie, la corroirie, les égouts et les abattoirs. […] Voici le piment attendu. […] Attendons et laissons passer le sabbat.
Ce n’était pas l’enthousiasme de l’ode que vous pouviez attendre d’un tel poëte, Il fut à la muse lyrique de l’antiquité ce que l’Italie du moyen âge était aux cités glorieuses de l’ancienne Grèce, Il représenta cette vie plus oisive que libre, plus agitée que forte, où l’Italie du quatorzième siècle souffrit et lutta, sans rien faire de grand au dehors, et sans s’affranchir elle-même. […] bien que la parole soit impuissante contre les mortelles blessures que je vois si pressées sur ton beau corps, je veux exhaler des soupirs tels que les attend le Tibre, l’Arno et le Pô, dont j’habite les rives, douloureux et pensif. […] et regardez en pitié les larmes d’un peuple malheureux qui attend son repos de vous seul, après Dieu. […] Elle et ses fils affligés attendent ma colère et la mort après la défaite. […] Ne l’oublions jamais ; supplions la science et la poésie, tout ce qui reste d’organes à la raison publique de le redire sans cesse : ces beaux climats de l’Ionie, ces deux rives du Bosphore, cette ceinture asiatique de l’Europe, n’attendent pour revivre que le souffle et les arts du monde chrétien.
Damiette s’étant rendue, saint Louis résolut d’y passer l’été (1249) pour attendre que le Nil fût diminué. […] Un des leurs, Gautier de Cureil, leur en avait donné le conseil : dès que les Sarrasins lançaient leur coup, eux ils se jetaient tous à genoux dans leur tour ; là, appuyés sur leurs coudes, ils attendaient en prière l’effet de la redoutable bordée, et ne se relevaient que dans les intervalles. […] Le canal qui avait quelque temps arrêté l’année ayant été traversé à gué, le comte d’Artois, frère du roi, plein de vaillance, se porta en avant, renversant tout ce qu’il rencontrait ; et, entraînant avec lui par émulation l’élite des chevaliers du Temple et nombre de braves seigneurs, il se lança jusque dans la ville de la Massoure où la résistance l’attendait et où il trouva la mort. […] [NdA] Car il dicte et n’écrit pas ; et j’emprunte ici une remarque à un érudit en ces matières : On s’est longtemps récrié sur l’ignorance de l’antique noblesse, sur l’incapacité de tel ou tel seigneur qui ne savait pas écrire, attendu sa qualité de gentilhomme : si l’on se reporte au temps où tout châtelain avait à ses côtés un clerc ou chapelain, dont l’emploi était de tenir la plume pour son maître, on verra qu’il n’y avait rien d’extraordinaire à ce que le seigneur se dispensât d’écrire ; les écrivains alors remplaçaient les imprimeurs d’aujourd’hui, et étaient destinés comme eux à transmettre aux siècles futurs les pensées et les actes de leur époque… Les gens du métier seulement transcrivaient ce qu’on voulait conserver ; il en résulte de belles et uniformes copies.
Aucun scrupule d’ailleurs ne le retient de contracterac, soit avec le roi d’Angleterre (c’est tout simple) et avec ses coreligionnaires à l’étranger, soit avec le duc de Savoie, soit même avec le roi d’Espagne dont le secours s’était fait longtemps espérer et dont il attendait des subsides en dernier lieu. […] En revanche, Rohan se plaît fort à célébrer une action héroïque de sept soldats de Foix qui, s’enfermant dans une bicoque auprès de Carlat, arrêtèrent le maréchal et toute son armée deux jours entiers, et, après lui avoir tué plus de quarante hommes, se sauvèrent au nombre de quatre ; trois sur les sept, trois proches parents, voulurent demeurer et se sacrifier, parce que l’un était blessé et hors d’état de sortir : « Ainsi les quatre autres, dit Rohan, à la sollicitation de ceux-ci et à la faveur de la nuit, après s’être embrassés, se sauvent, et ces trois-ci se mettent à la porte, chargent leurs arquebuses, attendent patiemment la venue du jour, et reçoivent courageusement les ennemis, desquels en ayant tué plusieurs, meurent libres. » Ce sont là les seuls éclairs du récit chez Rohan, qui voudrait bien assurer aux noms de ces braves soldats une immortalité dont il n’est pas le dispensateur : il fallait de certains échos particuliers, et qui ne se retrouvent pas deux fois, pour nous renvoyer les glorieux noms qui ont illustré les Thermopyles. […] Le livre XVIe des mémoires du cardinal, rendant compte de cette seconde guerre civile, débute ainsi : Cette année (1625) vit dès son commencement éclore une infâme rébellion de nos hérétiques, qui fut tramée par Soubise, lorsqu’on n’attendait point de lui une semblable infidélité. […] Bref, et comme on l’a vu par le récit deRohan, après la défaite de Soubise en l’île de Ré, la paix se fit, mais non pas telle tout à fait que Rohan se plaît à le dire : le cardinal sans doute, sachant bien « que toute la prudence politique ne consiste qu’à prendre l’occasion la plus avantageuse qu’il se peut de faire ce qu’on veut », et sentant que les grandes et diverses affaires que le roi avait pour lors sur les bras ajournaient plus ou moins cette occasion, dissimula et laissa croire aux réformés qu’il ne leur était pas un irréconciliable adversaire : « Car ce faisant, dit-il, il avait moyen d’attendre plus commodément le temps de les réduire aux termes où tous sujets doivent être en un État, c’est-à-dire de ne pouvoir faire aucun corps séparé et indépendant des volontés de leur souverain. » Toutefois, par ce traité du 5 février 1626, le roi, déjà plus roi qu’auparavant, donnait la paix à ses sujets et ne la recevait pas ; et, du côté de La Rochelle expressément, il se réservait le fort Louis comme une citadelle ayant prise sur la ville, et les îles de Ré et d’Oléron comme deux autres places « qui n’en formaient pas une mauvaise circonvallation ».
Tel nous apparaît Maine de Biran dans ce volume, au point de départ ; quinze et vingt ans après, et par le seul mouvement continu de sa pensée, il en était venu à déplacer totalement son point de vue, à le porter, en quelque sorte, de la circonférence au centre, à tout rendre (et même au-delà) à la force intime et à la volonté : L’art de vivre, écrivait-il en 1816, consisterait à affaiblir sans cesse l’empire ou l’influence des impressions spontanées par lesquelles nous sommes immédiatement heureux ou malheureux, à n’en rien attendre, et à placer nos jouissances dans l’exercice des facultés qui dépendent de nous, ou dans les résultats de cet exercice. […] Jusqu’à présent j’ai attendu tout mon bien-être de ces dispositions organiques, par lesquelles seules j’ai souvent éprouvé des jouissances ineffables ; maintenant je n’ai plus rien à attendre de ce côté ; la force vitale n’éprouve plus que des résistances : il faut se tourner d’un autre côté. […] Mais il n’est pas plus tôt arrivé à cette conviction méditée qu’il se fait des objections qu’on n’attendait pas.
J’ose croire que si vous eussiez été auprès de moi lorsque cette cruelle offense vous a été faite, elle vous eût inspiré plus de compassion que de colère. » La première partie de cette réponse à Hume était écrite avant le retour de Mme de Boufflers à Paris ; elle attendit d’y être pour l’envoyer ; en arrivant, elle y prit connaissance d’une autre lettre de Hume adressée à d’Alembert, et qui contenait l’exposé de toute la querelle, avec prière de la communiquer, non-seulement aux amis de Paris, mais même à M. de Voltaire, c’est-à-dire à l’ennemi tout personnel de Rousseau. […] Attendait-il votre arrivée pour lever le masque, pour ternir une vie glorieuse plus qu’à moitié passée ? […] M. le prince de Conti, Mme la maréchale de Luxembourg et moi, nous attendons impatiemment vos explications sur cette incompréhensible conduite : de grâce, Monsieur, ne les différez pas. […] Mme du Deffand, dans son esprit de dénigrement et sa sévérité habituelle pour « la divine comtesse », suppose dès le commencement de la querelle, en la voyant rester neutre et s’abstenir, qu’elle attend d’où le vent viendra et qu’elle sera pour le parti « duquel il résultera le plus de célébrité. » Elle se trompe : Mme de Boufflers est meilleure que Mme du Deffand ne le suppose.
Les premiers volumes furent accueillis dans toute l’Europe avec un succès assez vif ; l’apparition de chaque tome nouveau était attendue, désirée des lecteurs libéraux et sérieux de tous les pays. […] Il peut goûter les gens, il peut vouloir leur plaire ; mais une tendre et vraie amitié, l’abandon, le dévouement, sont choses qu’il ne faut pas attendre de lui. […] Elle a consenti à se taire, à attendre, à souffrir pour retourner au milieu de tout ce qui lui est cher ; mais elle a refusé toute action, toute parole qui fût un hommage à la puissance… » Tous les personnages du groupe de Mme de Staël reviennent sans cesse dans ces lettres de Sismondi et y sont présentés avec beaucoup de naturel et de vérité. […] Mais ce qu’avait voulu le docte et impertinent Schlegel dans sa brochure, c’était surtout de se divertir avec ironie et de nous irriter, et comme il l’a dit ensuite lui-même : « C’était une expérience que je m’amusais à faire sur l’opinion littéraire, sachant d’avance qu’un orage épouvantable éclaterait contre moi. » Un autre Allemand, moins distingué et plus bizarre, un hôte de passage, le poète tragique et mystique, Zacharias Werner, qui séjourna à Coppet et qui passa ensuite par Florence, est annoncé par Sismondi à la comtesse en des termes assez piquants, et plus gais qu’on ne l’attendrait d’une plume aussi peu badine ; mais Werner y prêtait : « Werner, disait Sismondi, est un homme de beaucoup d’esprit ; — de beaucoup de grâce, de finesse et de gaieté dans l’esprit, ce à quoi il joint la sensibilité et la profondeur ; et cependant il se considère comme chargé d’aller prêcher l’amour par le monde.
Je barbouille du papier à force, quand la tête me fait mal ; j’écris tout ce qui me vient en idée : cela me purge le cerveau… Adieu, j’attends une cousine qui doit nous emmener à la promenade ; mon imagination galope, ma plume trotte, mes sens sont agités, les pieds me brûlent. — Mon cœur est tout à toi. » Si calme, si saine qu’on soit au fond par nature, il semble difficile qu’en ce jeune train d’émotions et de pensées, on reste longtemps à l’entière froideur, avec tant de sollicitations d’être touchée. […] Sophie, Sophie, juge à quel point je ressens l’amitié, puisque c’est chez moi le seul sentiment qui ne soit pas captif. » Mais Sophie seule, même en amitié, ne suffit plus ; vers le milieu de cette année 1776, on aperçoit quelque baisse, on entend quelque légère plainte : « Sophie, Sophie, vos lettres se font bien attendre… » En même temps que d’un côté on pensait à La Blancherie, de l’autre, à Amiens, on pensait au cloître ; Sophie avait eu l’idée, un momeni, de se faire religieuse. […] Ou était en 93 ; bien des années d’absence et les dissentiments politiques avaient relâché, sans les rompre, les liens des anciennes compagnes ; Mme Roland, captive sous les verrous de Sainte-Pélagie, attendait le jugement et l’échafaud. […] J’ai grand besoin de philosophie pour soutenir les assauts qui se préparent : j’en ai fait provision ; je suis comme Ulysse accroché au figuier : j’attends que le reflux me rende mon vaisseau. » M.
Philippe aime Cyprienne sa cousine, mais elle est pauvre, elle aussi, et il attend la fortune pour se déclarer. […] Cyprienne ne sait rien encore de ce beau chef-d’œuvre, non plus que Philippe, qui n’attend qu’une occasion pour oser l’aimer. […] Donc, madame Huguet fait à son fils une noire peinture de la pauvreté dans le mariage, et des périls qui attendent la Faim et la Soif partant, entrelacées, pour le voyage de la vie… A ce tableau désolant, Philippe oppose l’exemple de son père. […] Quoi qu’il en soit, madame Chariot s’assoit, s’installe et attend.
Mlle Le Couvreur avait vu Baron lorsque, vieux et toujours excellent, il rentra au théâtre en 1720 ; mais elle ne l’avait pas attendu pour réaliser à sa façon la poétique de Molière et pour réunir en elle les qualités à la fois élevées, touchantes et naturelles de la parfaite actrice tragique. […] Elle veut qu’on se propose tout cela à l’avance, qu’on s’y accoutume en idée, et elle est la première à vous y convier avec franchise : « Allons rondement, dit-elle, vers l’amitié. » Un grand préservatif qu’elle a contre toute nouvelle faiblesse, c’est qu’au fond elle aime, c’est que son cœur est rempli, c’est qu’elle tremble pour un absent qui court des dangers, c’est qu’elle attend avec impatience un retour : Une personne attendue depuis très longtemps, écrivait-elle le 23 octobre 1728, arrive enfin ce soir, selon les apparences, en assez bonne santé. […] Il n’est pas difficile d’imaginer quelle était cette personne si attendue : le comte de Saxe revenait, à cette date, d’un de ses voyages de Courlande à Paris.
Le poète, le romancier, ne voulait que réaliser le fantôme de ses rêves, et voilà qu’il a trouvé la forme qu’attendaient, que chérissaient vaguement d’avance les imaginations du moment, et qu’elles ne pouvaient définir et démêler sans lui. […] L’instinct de son sexe, c’est-à-dire son bon sens, lui dit bien tout bas par instants qu’elle a peu à attendre de lui, qu’elle peut à peine en tirer quelque réponse, qu’il n’est guère séant après tout à une femme de se jeter ainsi à la tête d’un homme bourru (fût-il grand écrivain), qui ne se soucie nullement d’elle et qui la rebute. […] qui, toujours ramené ou sous-entendu, vaguement indiqué et senti, fait le charme de ces correspondances, même les plus pures, et desquelles on n’attend rien autre chose que ce charme même. […] Elle attendait avec anxiété qu’il la prévînt de son arrivée par un mot, peut-être même qu’il la visitât : « J’ai entendu dire que vous étiez à Paris, mon cher Jean-Jacques ; je n’ai pu le croire, puisque je ne le savais pas par vous-même. » Mais le cher Jean-Jacques, ce jour-là, n’était pas dans une veine aimable : J’ai reçu vos deux lettres, madame ; toujours des reproches !
Il n’est point pressé d’abord ; son esprit trouve son compte aux lenteurs : J’attendrai quinze ou vingt ans si vous voulez, écrit le chevalier aux belles dames ses correspondantes… Le temps ne me coûte rien en fait d’aussi jolies personnes que vous. […] Fontenelle se sent de bonne heure en fonds d’années, et, dans les sièges qu’il entreprend, il se dit qu’il peut attendre. […] Il suppose qu’une cousine du chevalier est obligée de cacher quelque temps le mariage qu’elle contracte avec un galant homme, pour ne pas choquer une vieille tante de ce dernier, de laquelle on attend une grasse succession (toujours des rentes). […] Quand il causait, c’était cette épigramme qu’il semblait attendre toujours des autres et qu’il trouvait tout d’abord le plus souvent ; c’est l’homme dont on a cité le plus de jolis mots.
J’aime Joseph ; s’il part, je pourrai m’affliger, je pourrai laisser tomber quelques larmes ; mais, tout en l’aimant je l’attendrai sans mourir. […] Après la messe, il faut voir tout le village assemblé comme s’ils attendaient un grand seigneur, et Marthe, la fille au front pur, à côté du vieux prêtre, tous riants et plantés là, debout, à l’entrée du chemin : vous avez le tableau, et le grand chemin devant vous dans sa longueur : Rien au milieu, rien au bout de cette longue raie plate, rien que l’ombre déchirée à morceaux par le soleil (encore un de ces vers heureux qui peignent sans rien interrompre). […] Jasmin ne se fit pas prier : « L’Église m’attendait, dit-il, son curé m’a choisi ; j’ai pris la galopée. » Et le voilà, pèlerin à côté du prêtre, qui court de ville en ville. […] La Vigne de Jasmin est un de ces petits chefs-d’œuvre qu’on ne peut attendre que de ces poètes accomplis en qui le sentiment et le style s’unissent pour satisfaire à la fois l’âme et le goût.
« J’attends pour la lire de l’avoir écrite », répondit-il. […] Le public, après s’en être vivement épris, n’attendait qu’une occasion pour les rejeter. […] Je redoutais surtout de ne pouvoir supporter avec résignation les questions auxquelles il fallait m’attendre. […] Fiévée montre au Premier consul la société telle qu’elle est véritablement au fond, lasse, épuisée, se reprenant à une espérance précaire sitôt que quelques bons symptômes reparaissent : « On peut dire des peuples qui sont entrés dans la carrière des révolutions, qu’après s’être fatigués d’idées et d’espérances, ils retombent lourdement sous le joug de leurs besoins. » Il montre cette situation favorable à tout pouvoir qui s’élève, mais bien difficile à ménager : La Révolution ayant exagéré toutes les espérances populaires et n’ayant produit qu’un plus grand malaise, le peuple, toujours dupe de ceux qui l’exaltent, attendait tant de ses flatteurs qu’on ne peut rien faire pour lui qui approche de ce qu’on lui avait promis.
C’est Machiavel qui a dit qu’il y a toujours dans les hommes une disposition vicieuse cachée, qui n’attend que l’occasion pour sortir, et qu’il faut toutes les lois civiles, armées de la force, pour réprimer. […] J’ai eu le bonheur de vivre dans les mêmes sociétés que lui, disait Maupertuis ; j’ai vu, j’ai partagé l’impatience avec laquelle il était toujours attendu, la joie avec laquelle on le voyait arriver. — Et qui n’aimerait, écrivait le chevalier d’Aydie à Mme Du Deffand, qui n’aimerait pas cet homme, ce bonhomme, ce grand homme, original dans ses ouvrages, dans son caractère, dans ses manières, et toujours ou digne d’admiration ou adorable ? […] On n’attend pas que je me donne ici les airs de critiquer L’Esprit des lois : il y faudrait plusieurs volumes et le prendre livre par livre, chapitre par chapitre. […] Marmontel a remarqué qu’il attendait volontiers que la balle lui vînt, pour la prendre au bond ; il avait naturellement du trait.
Il a, sur ce sujet, de l’inégalité moderne comparée à l’antique esclavage, des paroles plus énergiques qu’on ne l’attendrait de lui. […] Necker n’est pas peintre, et il faut attendre, pour le réveil et le triomphe des images chrétiennes, que Chateaubriand soit venu. […] Necker, à ce moment, ne trouve aucune image au-dessus de sa situation personnelle ; au milieu de tous ces reproches d’ingratitude qu’il exhale, il lui semble encore qu’il use de clémence : « Comme le Prophète, après être venu sur la montagne pour maudire, je ne voulais y rester que pour bénir. » Un si grand tumulte de cœur, dans une situation qui était véritablement amère et cruelle, dépasse pourtant ce qu’on a droit d’attendre d’un homme d’État ferme, et qui a mesuré d’avance les chemins par où il faut passer : c’est qu’aussi M. […] Fit-il bien d’attendre si longtemps avant de se déclarer pour la double représentation du tiers état ?
Gaston Paris, dans la Revue critique du 6 octobre 1866 ; il s’agit de ces découvertes à la fois imprévues et trop prévues, qui viennent satisfaire si agréablement à un vœu secret du lecteur ; le jeune et savant critique disait à ce propos : « Quand des documents, de quelque nature qu’ils soient, se présentant sans garanties absolues, sont justement ceux que, dans l’état de nos connaissances, nous aurions pu fabriquer ou que nous aurions simplement attendus, ces documents sont presque toujours faux. […] Mais il y a eu un malheur, un contre-temps qu’on n’attendait pas : de vraies lettres, et cette fois toutes rudes et un peu brutes, adressées bien réellement à l’impératrice par sa fille, ont été publiées à Vienne par M. d’Arneth ; et dès ce moment le contraste a sauté aux yeux.
Il faut se placer au-dessus de soi pour se dominer, au-dessus des autres pour n’en rien attendre. […] Rien cependant n’inspire autant d’horreur que la possibilité d’exister uniquement, parce qu’on ne sait pas mourir ; et comme c’est le sort qui peut attendre toutes les grandes passions, un tel objet d’effroi suffit pour faire aimer cette puissance de philosophie, qui soutient toujours l’homme au niveau de la vie, sans l’y trop attacher, mais sans la lui faire haïr.
Mais, attendu que dans la Grande Marnière, c’est une patricienne qui épouse un ingénieur, ce sera cette fois un patricien qui épousera la fille d’un vétérinaire. […] Et la poésie On attend de M.
Messieurs les étudiants et chers camarades, Je n’attendais pas le grand honneur qu’il vous a plu de me faire. […] Les croyants disent : « Il faut avoir été bon pour être heureux dans l’autre monde ; donc, soyons bons. » Et les incroyants : « Puisque nous ne savons rien, puisque nous n’avons rien à attendre ni à espérer, puisque nous n’apparaissons un instant sur la surface d’une des plus petites planètes du système solaire que pour rentrer aussitôt dans l’éternelle nuit, arrangeons-nous pour que ce passage ne nous soit pas trop douloureux, ou pour qu’il ne le soit qu’au plus petit nombre possible d’entre nous.
Gustave Kahn innova une strophe ondoyante et libre dont les vers appuyés sur des syllabes toniques créaient presque en sa perfection la reforme attendue ; il ne leur manquait qu’un peu de force rythmique à telles places et une harmonie sonore plus ferme et plus continue que remplaçait d’ailleurs une heureuse harmonie de tons lumineux. […] Nous attendrons toutefois, pour parler plus longuement de M.
Devons-nous en attendre un autre ? […] Elle n’attendait plus qu’une occasion pour le perdre.
Comme les génies sont plus tardifs les uns que les autres (c’est ce que j’avois à dire en second lieu) comme leurs progrès peuvent être retardez par tous les obstacles dont nous avons parlé, nous n’avons pas prétendu marquer l’âge de trente ans, comme une année fatale, avant laquelle et après laquelle on ne dût rien attendre. […] Son esprit a contracté une faineantise intérieure qui lui laisse attendre des impulsions exterieures pour se déterminer et pour agir.
Alors cet homme, avec qui on se conduisait comme s’il était un petit jeune homme, quand il était un homme tout à fait, et qui, depuis dix ans, s’attendait et s’impatientait, accumulant et ramassant en lui des forces à faire le plus formidable des journalistes, fut étouffé par la force lâche du silence des journaux, et des journaux sur lesquels il aurait dû le plus compter ! […] Il recommença d’attendre, avec le poids de son talent méconnu et refoulé sur son cœur, l’occasion favorable où il pourrait prouver, à ses amis comme à ses ennemis, qu’il en avait.
Non, le seul résultat de ces ignobles journées a été de ruiner, ou peu s’en faut, le plus désintéressé et le plus vaillant des chefs d’orchestre, de jeter sur le pavé quatre cents de nos compatriotes, et de rendre impossible l’établissement de ce théâtre lyrique nouveau qu’attendaient si impatiemment tous nos jeunes musiciens. […] Or, nous savons tous que Richard Wagner est une personnalité considérable que beaucoup de gens ont commis la méprise de vouloir imiter, attendu que c’est toujours par ses côtés personnels qu’on reste inimitable et incommunicable. […] Attendons le public ; c’est là qu’est le jury. […] Je m’attends à une vraie première, Wagner n’étant pas plus connu, en réalité, de la plupart de ses détracteurs que de certains de ses partisans. […] songez que… et que… et attendons encore.
Attendez donc ! […] Il est donc puni et bien puni, le Poirier : son gendre lui échappe, sa fille l’abandonne, il lui reste sa marotte à faire sonner, son dada à chevaucher, son rêve à ruminer, la pairie à convoiter, à espérer, à attendre ! […] Roussel, où nous attend un tableau pathétique. […] On s’attendait à mieux, après la scène incisive et fine où il confesse Olympe, et lui avoue, à son tour, qu’il convoite la main de Mademoiselle Geneviève, la cousine de son mari, la petite nièce du vieux marquis. […] On s’attendrait, tout au plus, à lui voir lancer la malédiction tremblotante des vieillards de Greuze, ou brandir la canne patriarcale des grands-oncles poussés à bout.
L’insatiable feu des voluptés l’altère, Il ouvre son cœur vide à, la gloire ; il attend Comme une église où va tonner l’orgue éclatant : Il espère, il a soif d’aimer, il aime, il doute Et, buttant la fatigue, il traîne sur sa route L’effroi des jours qu’il faut pour atteindre en marchant Le bas du ciel rougi par le soleil couchant. […] Reviendrai-je dormir dans ta chambre d’enfant, Reviendrai-je, les cils caressés par le vent, Attendre la première étoile sous l’auvent, Et respirer dans ton coffret en bois de rose, Parmi l’amas jauni des vieilles lettres closes, L’amour qui seul survit dans la cendre des choses ? […] Hélène, aux murs troyens, blanche fille du cygne, Attend l’arc d’Héraclès pour nommer son vainqueur, Héros, presse tes pas et retiens ta douleur : Aux oreilles des dieux toute plainte est indigne. […] Eugène Vaillé chante à la Gloire de la Luxure en rythmes libres et souvent heureux, et de lui il faut attendre de plus complètes manifestations. […] Erlande est un poète dont on doit attendre beaucoup.
On attend. […] Je me méfiais de son énergie, elle fut au-dessous de ce que j’attendais. […] Et j’attendis. […] Elle regarde, elle attend. […] Je la donnai hier pour être mise à la poste ; que n’ai-je attendu à aujourd’hui ?
Je vous ai attendu longtemps. […] Et Jésus le regardant d’un front et d’un œil sévère lui dit : Je vais, et toi, tu attendras que je vienne. […] Donc, d’après la parole du Christ, ce Cartaphilus attend. […] Le vrai Dieu se retourna, et le regardant, lui dit : Ils ne t’attendront pas, mais toi tu m’attendras. Et en effet il attend encore ; il n’est pas mort depuis le temps.
Nous les attendons pour dîner. […] lasalle. — C’est pour cela qu’il ne faut pas les attendre. […] Ce matin, il a fallu attendre deux heures du pain pour faire déjeuner le pauvre Lasalle.
On y attend impatiemment votre Origène, et je vous assure que, dans le grand nombre de lieux où j’ai quelque accès, la moitié de sa réputation y est déjà bien établie. […] Je compte de donner incessamment le 1er tome de M. de Thou, il est fini ; mais je suis bien aise d’attendre l’édition latine d’Angleterre. […] Au tome VI du Pour et Contre (1735), parlant du Voyage de Jordan qui venait de paraître, Prevost touche quelques mots de l’accusation, à la fois vague et grave, dont il s’y voit l’objet ; mais, soit qu’il se sente la conscience moins nette, soit que les compliments mêlés à ce mauvais propos l’aient amolli, il répond moins vivement qu’il n’avait fait, l’année précédente, à Lenglet-Dufresnoy : « Je me suis attendu, depuis mon retour en France, dit-il, à ces galanteries de MM. les protestants, et je ne suis pas fâché d’avoir occasion de m’expliquer sur la seule manière dont je veux y répondre.
Est-ce à toi d’attendre ton destin des hommes ? […] Ma voix est foible, mais du moins elle sera l’interpréte de l’honnêteté ; & je dirai : ô vous qui courez la carriere de l’immortalité, oubliez-vous qu’ayant l’honneur de parler aux hommes, ils ont droit d’attendre de vous une vertu mâle, severe, courageuse, qui sçache prononcer contre vous-même lorsque l’intérêt général le demandera. […] Que ces têtes étroites, ces ames mal nées indifférentes sur l’intérêt général, concentrées dans leurs petits intérêts ne voyent que ce qui les blesse, vous hommes de Lettres & dignes de ce nom, vous ne profanerez point une plume qui ne doit être consacrée qu’au bien public, en la faisant servir à l’orgueil d’immoler un rival ; c’est à vous de donner l’exemple de ce généreux désintéressement, de cette impartialité qu’on est en droit d’attendre de vous, & que vous exigeriez pour vous même..
Dans la crédulité de son cœur, elle attendra de ce nouvel engagement la paix et la sécurité qui ont manqué au premier ; elle croira que les autres femmes, humiliées de son triomphe, se rallieront autour d’elle. […] Dès que son amant fait un pas, il trouve devant lui un œil curieux qui attend sa réponse ; s’il s’échappe un instant, il trouve au retour une bouche impérieuse dont chaque baiser est un ordre sans réplique. […] Heureux, trois fois heureux ceux qui n’ont pas attendu trop tard pour se deviner, et qui se sont quittés à temps !
Vous attendez mes papiers qui ne viennent point. […] Le peuple s’attendait à retrouver sur les autels ses dieux et ses déesses avec les charmes caractéristiques de son catéchisme. […] Attendez, mon ami : peut-être que ce qui suit donnera quelque vraisemblance à des idées qui ne vous ont amusé jusqu’à présent que comme un rêve agréable, que comme un système ingénieux.
J’attendis la fin de ce torrent d’éloges sans justesse, sans portée et sans… lendemain, que l’on fait d’un homme qui entre au cercueil, — qu’on ne ferait peut-être plus, s’il en sortait ! J’attendis l’épuisement de tous ces compliments mortuaires… Platon mettait, avec une couronne, tous les poètes à la porte de sa république, ne croyant pas payer trop cher, au prix d’une couronne, l’avantage d’en être débarrassé. […] Le génie de l’importunité vainquit… On fit à Janin l’aumône qu’il demandait, et cet homme obstinément heureux attendit d’être de l’Académie pour mourir… Ah !
Il assaisonna ce présent d’un bon accueil qu’il fit à Mondorge, qui ne s’était pas attendu à tant de libéralité. […] Molière se résigna et il attendit ; il avait tellement travaillé son sujet, qu’il ne pouvait s’imaginer qu’il se fût trompé. […] Elles lui prodiguèrent, à ce dernier moment de sa vie, tout le secours édifiant que l’on pouvait attendre de leur charité, et il leur fit paraître tous les sentiments d’un bon chrétien et toute la résignation qu’il devait à la volonté du Seigneur. […] … Mon beau-frère, attendez, je vous prie, Vous voulez bien souffrir, pour m’ôter de souci, Que je m’informe un peu des nouvelles d’ici… Tout s’est-il ces deux jours passé de bonne sorte ? […] On peut s’attendre à tout d’un homme qui, arrivant dans sa maison, répond à tout ce qu’on lui dit par cette seule question: Et Tartuffe ?
Attendons. […] Ils ne tenaient pas assez compte du temps, des circonstances, des ressentiments immérités, mais implacables, des envies sourdes qui attendent l’heure des disgrâces pour se révéler. […] Ils attendront, avec la patience infatigable de la spéculation, l’heure de ces ventes forcées, de ces encans par autorité de justice, dans l’espoir d’avoir ces millions de terre pour une poignée de papier. […] Une mort prématurée l’a enlevé de ce monde lorsqu’on avait le moins lieu de s’y attendre. […] Il y a plus de quarante ans que je suis sur le trône ; n’en est-ce pas assez, et faut-il que j’attende de l’avoir occupé soixante ans pour le céder ?
Le pape est expirant, et j’attends à chaque instant la nouvelle de son dernier soupir pour expédier mon courrier. […] Un jour il faudra que je vous quitte : j’irai vous attendre. […] J’espère que non, mais pourtant je suis tout consolé d’avance : j’aurais une raison légitime pour faire attendre au public les deux volumes que je lui dois encore. […] Cependant je n’ai pas trop mal arrangé ici les affaires du roi, et j’ai envoyé sur la guerre d’Orient un Mémoire de quelque importance ; j’ai de plus entre les mains une dépêche faite et assez curieuse, pour laquelle j’attends un courrier. […] J’ai foi dans ce repos intelligent et chrétien qui nous attend au bout de la journée.
« Au commencement de l’hiver, la comtesse d’Albany revint à Rome, où de graves événements l’attendaient. […] Je me hâtais autant que je pouvais, mais ainsi ne faisaient pas les ouvriers de l’imprimerie de Didot, qui, nouvellement travestis en politiques et en hommes libres, passaient les journées entières à lire les journaux et à faire des lois, au lieu de composer, de corriger, de tirer les épreuves que j’attendais. […] Chaque jour on attendait celui qui verrait s’établir enfin un ordre de choses tolérable ; mais le plus souvent on désespérait que jamais ce jour dût venir. […] « Après avoir ainsi disposé et mis en ordre mon second patrimoine poétique, je cuirassai mon cœur, et j’attendis les événements…… « Après avoir ainsi réglé ma manière de vivre, j’encaissai tous mes livres, excepté ceux dont j’avais besoin, et je les envoyai dans une villa, hors de Florence, pour voir si je pourrais éviter de les perdre une seconde fois. […] Le mois d’octobre arriva, et le 15, voici qu’au moment où on s’y attendait le moins, pendant la trêve conclue avec l’empereur, les Français se jettent de nouveau sur la Toscane qu’ils savaient occupée au nom du grand-duc, avec lequel ils n’étaient point en guerre.
Werther, comme un jet de flamme que le monde combustible de l’époque attendait, incendia à son apparition toutes les nations. […] Je ressemblais au marin qui ne peut pas faire route par le vent du jour, et qui est obligé d’attendre, avec la plus grande patience, des semaines et des mois jusqu’à ce que le vent favorable, qui soufflait il y a des années, souffle de nouveau. […] Nous traversâmes cette chambre, et nous entrâmes dans une seconde, un peu plus spacieuse, où il me pria d’attendre, pendant qu’il allait prévenir son maître. […] Je lui dis tout le plaisir qu’il me donnait, et enfin j’ajoutai : — Oui, cela va si loin, que malgré tout le plaisir que j’attends à votre soirée, j’ai été aujourd’hui tout tourmenté. […] Laissons-le parler : « “Un gros chambellan polonais me dit d’attendre. — La foule s’éloigna.
Et nous attendions toujours l’Oraison de Mauclair et le Poème de Pierre Quillard. […] — Et attendons aux murs refleuris les C. […] Soleils — ou lunes aussi bien, aux clartés louches de Yan’Dargent (tableau du Lutin à la queue de seize aunes fouaillant les cavaliers) soulevant par leur chute un envolement d’atomes avec parmi — attendrait-on — la Fallotte des Contes drôlatiques détendant le fléau de ses fémurs de sauterelle. — La face humaine n’apparaît jamais : premier seuls rêves de Thomas de Quincey. — Couchers de soleil de tous les rouges saignant ensemble en fournaises d’usines sur des buissons de Villes Tentaculaires. […] Catulle Mendès, « de l’éternelle imbécillité humaine, de l’éternelle luxure, de l’éternelle goinfrerie, de la bassesse de l’instinct érigée en tyrannie ; des pudeurs, des vertus, du patriotisme et de l’idéal des gens qui ont bien dîné. » Vraiment, il n’y a pas de quoi attendre une pièce drôle, et les masques expliquent que le comique doit en être tout au plus le comique macabre d’un clown anglais ou d’une danse des morts. […] Nous ne les pousserons pas de l’épaule, n’étant plus au XVIIe siècle ; nous attendrons que leur Ame raisonnable par rapport à elle-même et aux simulacres qui entouraient leur vie, se soit arrêtée (nous n’avons pas attendu d’ailleurs), nous deviendrons aussi des hommes graves et gros et des Ubus et après avoir publié des livres qui seront très classiques, nous serons tous probablement maires de petites villes où les pompiers nous offriront des vases de Sèvres, quand nous serons académiciens, et à nos enfants leurs moustaches dans un coussin de velours ; et il viendra de nouveaux jeunes gens qui nous trouveront bien arriérés et composeront pour nous abominer des ballades ; et il n’y a pas de raison pour que ça finisse.
Attendons-nous à de grandes choses, non seulement dans l’Espagne continentale, mais dans les Amériques espagnoles. […] Là, une imagination plus latine et une langue plus belle encore que l’espagnol, la langue des Lusiades, attend d’autres Camoëns, dont les chants seront répétés par deux mondes, de Cintra à Rio-Janeiro. […] Attendons, pour le dire, le poème épique de la raison humaine et le drame de la vérité qui se préparent à naître dans ce nouveau monde. […] Ils semblaient attendre quelque cérémonie ou quelque hôte illustre. […] J’aurais bien désiré ne pas les avoir, car l’embarras de les présenter dépassait de beaucoup, dans mon esprit, l’agrément que je pouvais attendre de ces nouvelles connaissances.
II y a une île quelque part dans les brouillards, et dans l’île il y a un château, et dans le château il y a une grande salle éclairée d’une petite lampe, et dans la grande salle il y a des gens qui attendent. Ils attendent quoi ? […] Ils attendent que l’on frappe à la porte, ils attendent que la lampe s’éteigne, ils attendent la Peur, ils attendent la Mort. […] Ils écoutent, ils attendent. […] Attendez donc encore, je vous prie, et donnez-moi jusqu’à mon prochain livre… » ; — mais il était de ceux qui s’attendent toujours eux-mêmes au prochain livre, des nobles insatisfaits qui ont trop à dire pour jamais croire qu’ils ont dit autre chose que des prolégomènes et des préfaces.
Je m’attendais à lui trouver un entretien mordant et plein d’épigrammes. […] Ce déchet l’a radoucie au point de la rendre plutôt agréable, car elle a de l’esprit et de bonnes manières ; mais vous jureriez, à voir l’agitation de sa personne et les effrois qu’elle ne peut cacher, qu’elle a signé un pacte avec le malin et qu’elle s’attend à être citée dans la huitaine, à l’échéance. » La sagacité de Walpole, d’ordinaire si pénétrante, semble l’avoir ici trompé, et il prête à l’activité de Mme de Luxembourg et à son goût pour les plaisirs de la société un sens plus profond qu’il n’en faut probablement chercher. […] Ce souper, tout à l’heure annoncé avec tant d’aigreur, se passe à ravir, et, le lendemain matin, Mme du Deffand fait amende honorable : « J’eus hier la compagnie que j’attendais. […] Mme de Genlis a raconté qu’un jour, un dimanche, à l’Ile-Adam, comme on attendait pour la messe le prince de Conti, on était dans le salon autour d’une table sur laquelle les dames avaient posé leurs livres d’heures ; la maréchale s’amusait à les feuilleter par manière d’acquit.
C’est presque toujours là que j’attends les jeunes arrivants si empressés au début et si superbes. […] Le critique ne sonnait si haut de la trompette que parce qu’il se sentait suivi, entouré, devancé même en plus d’un endroit par de généreuses ambitions qui n’attendaient que le signal pour se produire. […] Le Timon d’aujourd’hui, qui avait dès lors l’âge de la raison et même celui de la misanthropie, se serait bien gardé de se mettre du jeu ; s’il avait plus de motif, je l’ignore, je n’imagine que le motif littéraire très-suffisant : il attendait patiemment l’heure d’aborder les choses par le plus gros bout, de jeter à l’aise et crûment sa parole saccadée et cassante ; il se sentait le croc, non pas l’aiguillon. […] Ils savent trop ce que c’est que renommée, comment elle se fait, combien elle dure ; ils y mettent tous les jours la main, et plus d’un aussi pourrait dire à quelque roi du jour que la chute attend : J’ai fait des souverains, et n’ai point voulu l’être.
Elle a donc eu lieu cette séance tant attendue, tant désirée, et qui devait être la plus curieuse de toutes les fêtes que l’Académie française a offertes jusqu’ici à son brillant public : car c’est proprement un bal de beaux esprits qu’une séance de réception. […] Un petit détail où la curiosité l’attendait : — il a commencé son discours en disant monsieur et non pas mon père.
Sachons attendre. […] Dubois fit un article plus chaleureux que l’auteur ne l’avait attendu et presque enthousiaste de l’ode intitulée les Deux Îles.
Il attend pour le publier un moment plus littéraire. […] Il n’attendra jamais qu’on lui rappelle qu’il a été, à dix-sept ans, stuartiste, jacobite et cavalier ; qu’il a presque aimé la Vendée avant la France ; que si son père a été un des premiers volontaires de la grande république, sa mère, pauvre fille de quinze ans, en fuite à travers le Bocage, a été une brigande, comme madame de Bonchamp et madame de Larochejaquelein.
Certes, on peut tout attendre de ces générations nouvelles qu’appelle un si magnifique avenir, que vivifie une pensée si haute, que soutient une foi si légitime en elles-mêmes. […] D’ailleurs tous les départs veulent quelques apprêts, l’entrée dans l’inconnu nous attend tous, et la solitude et l’absence sont une espèce de crépuscule qui prépare l’âme à cette grande ombre et à cette grande lumière.
Si nous y voyons des défauts, et il y en a sans doute, attendons-en le remède de l’expérience et de la sagesse de nos maîtres, et restons ici… rester ici, moi ! […] Attendez que les choses soient bien, et jouissez de ce moment… et ma postérité ?
Il l’a traduit en La Bruyère ; il a transposé son style en un autre style tout différent et très personnel. » Mais, encore une fois, c’est précisément ce que nous disons, et c’est même ce résultat que nous attendons de toute bonne assimilation. […] Comme on n’apporte aucune preuve de ce démenti, on ne peut qu’admirer cette intrépidité ; et, comme nous n’avons pas attendu les lumières de certains critiques pour savoir ce que c’est qu’un style abstrait, nous répondions tout simplement que « la plupart des styles qu’on appelle concrets sont réellement abstraits ».
On savait que cet homme, qu’on appelait malheureux parce qu’il avait été la cause d’un désastre suprême, cherchait de toute sa force à se relever sous les accablantes paroles d’un historien qui pèsera un peu plus que lui devant l’Histoire, — les paroles de l’Empereur lui-même, — et c’était un spectacle qu’on attendait et qu’on tenait à voir que cette lutte d’un homme qui voulait sauver son honneur contre le mépris qui avait le plus le droit d’exister. […] Selon Rapetti, cette défection n’a pas même pour excuse d’être la perturbation du moment, attendu que, si la vaillance a des paniques, l’honneur n’en a pas.
En d’autres termes, sans être dans son genre un lord Byron, Erckmann-Chatrian a-t-il senti la vocation — cette tigresse qui dort parfois comme une marmotte — s’éveiller en lui sous le rude toucher de la Critique, et nous forcera-t-il à reconnaître qu’il a le génie fantastique, qui doit être le plus étonnant et le plus rare de tous les génies, puisque, ainsi que je l’ai avancé, il se permet tout, et que l’imagination, cette Rêveuse difficile, a toujours le droit de lui dire : Je m’y attendais ? […] Ce peintre d’école hollandaise levant des paysages allemands vus par la fenêtre d’un cabaret, ce peintre de genre encore trop heurté de couleur et qui attend comme un bénéfice le velours brun du temps, de l’expérience et de l’art, sur son rouge trop dur, a tout d’un coup élargi sa toile, et, dans un horizon plus vaste que celui dans lequel il se contient d’ordinaire, il est monté jusqu’à l’idéal.
Aussi n’avait-il témoigné, pendant tout le cours de sa maladie, qu’il s’y attendît ni qu’il en eût la moindre pensée ; et cette dernière nuit, il n’avait même rien ordonné touchant sa personne, sa maison ni son successeur: seulement, dans la force de son dernier accès, un peu avant d’expirer, se tournant du côté de l’appartement public, il avait prononcé avec quelque fureur ces paroles: « Je sais bien que vous m’avez empoisonné ; mais vous boirez votre bonne part du poison, puisque je laisse un fils qui, après ma mort, vous mangera à tous le cœur ! […] Il leur dit « qu’il ne doutait pas qu’ils ne l’eussent tous appris d’eux de la même sorte, et qu’ainsi ils auraient connu comment leur défunt monarque avait rendu l’esprit, sans avoir déclaré par écrit ni de vive voix auquel de ses deux fils il laissait le sceptre, et que, par cela, il était de leur devoir de procéder à cette élection au plus tôt, tant pour ne laisser davantage dans une condition privée celui des princes à qui la Providence avait destiné la couronne, que pour mettre l’État en sûreté, qui courait toujours fortune tandis qu’il n’aurait point de maître, vu qu’il en était des monarchies comme des corps animés, qu’un corps cesse de vivre au moment qu’il demeure sans tête, un royaume tombait dans le désordre au moment qu’il n’avait plus de roi ; que, pour éviter ce malheur, il fallait, avant de se séparer, élire de la sacrée race imamique un rejeton glorieux qui s’assît au trône qu’Abas II venait de quitter pour aller prendre place dans le ciel ; que ce monarque, de triomphante mémoire, avait laissé deux fils, comme il s’assurait que personne de ceux devant qui il parlait ne le révoquait en doute, l’un, Sefie-Mirza, qui était venu au monde il y avait environ vingt ans, et avait été laissé dans le palais de la Grandeur en la garde d’Aga-Nazir ; l’autre, Hamzeh-Mirza, âgé de quelque sept ans, qui se trouvait ici près d’eux à la cour, sous la garde d’Aga-Mubarik, présent en leur assemblée ; que, de ces deux, après avoir invoqué le nom très-haut, ils choisissent celui que le vrai roi avait préparé pour le lieutenant du successeur à attendre. » Par ce successeur à attendre, les Perses veulent dire le dernier des imaans (îmâm), qui est dans leur opinion comme leur Messie, dont ils attendent à tout moment le retour. […] Je m’assure qu’il vous punira, et que le moindre châtiment que vous en devez attendre est d’être envoyés nus en quelque désert, prier Dieu pour lui de ce qu’il vous aura laissé la vie. » Là-dessus, il s’arrêta tout court, le visage un peu ému ; puis reprenant la parole au même instant avec une exclamation subite: « Hamzeh-Mirza, s’écria-t-il, Hamzeh-Mirza ! […] Il n’était point ému par la haine, puisqu’il chérissait tendrement son aimable nourrisson ; moins encore par la crainte, puisqu’il ne pouvait attendre qu’une douce complaisance à son égard de celui qui avait été élevé entre ses bras. […] Ainsi, bien loin qu’aucun d’eux voulût tenir ferme sur son premier sentiment, ils se hâtèrent à l’envi l’un de l’autre de se rétracter ; et dissimulant leur mécontentement, ils arrêtèrent, tout d’une voix, « qu’attendu que l’aîné se trouvait en état de recevoir la couronne qui lui appartenait par la loi, il fallait sans délai l’aller tirer du palais de la Grandeur pour le porter sur le trône. » Voilà comme Sefie-Mirza (Sséfy-Myrzâ) fut élu monarque des Perses, contre la volonté de ceux mêmes qui lui donnaient leurs suffrages.
Là furent mes premiers amours ; Là ma mère m’attend toujours. […] Je me retirai ravi d’avoir trouvé un homme là où je ne m’attendais qu’à voir un génie. […] Nous fûmes surpris par les journées de Juillet ; nous ne nous attendions pas à tant d’audace et à tant d’étourderie de la part de Charles X. […] Ils écoutaient les bruits de la rue et ils attendaient pour se décider l’heure du hasard. […] Je m’y arrêtais souvent pour attendre le poète quand par hasard il n’était pas rentré à l’heure de mes visites.
Enfin, voilà de la littérature, et telle qu’on l’attendait depuis longtemps. […] Hennique, un véritable écrivain doit écrire ; il doit surtout n’attendre satisfaction et succès que de ses livres. […] Elle attend à présent sur les quais de l’enfer. […] … Que pouvait-on attendre d’un bibliothécaire qui s’obstinait à ne fusiller personne ? […] D’autres secours s’annoncent, sont attendus.
Ces notes d’André sont toutes semées ainsi de beaux vers tout faits, qui attendent leur place. […] « Ô ver luisant lumineux, … petite étoile terrestre, … ne te retire point encore…. prête-moi la clarté de ta lampe pour aller trouver ma mie qui m’attend dans le bois ! […] Non, il est sous la tombe : il attend, il écoute. […] Parle, est-ce toi, Clytie, ou dois-je attendre encore ? […] Voilà pour les préliminaires ; mais le principal, ce qui devrait former le corps même de l’édition désirée, ce qui, par la difficulté d’exécution, la fera, je le crains, longtemps attendre, je veux dire le commentaire courant qui y serait nécessaire, l’indication complète des diverses et multiples imitations, qui donc l’exécutera ?
Il tombe au milieu de la risée publique : aussi n’est-ce jamais un laurier qui l’attend. […] Il avait peine à gravir les degrés de l’estrade où sa présence était attendue ; mais à peine l’avait-on reconnu, qu’un tonnerre d’applaudissements proclamait son arrivée : il saluait en souriant le public qu’il interrogeait du regard, pour y chercher des visages amis ; puis il déroulait son manuscrit, car il se permettait rarement l’improvisation, disant que si le professeur y gagne, l’enseignement y perd, et qu’une leçon n’est pas une affaire de vanité, mais d’utilité. […] Le poète (et c’est là notre commune histoire) Caressait du regard son nombreux auditoire ; Et ce regard disait à tous en même temps : « Vous avez trop d’esprit pour n’être pas contents… Lorsque dans un salon une lecture assemble Gens du monde et savants, étonnés d’être ensemble, Chacun se tait d’abord, et, les yeux au plafond, On attend et l’on garde un silence profond. Lorsqu’on est las enfin d’attendre et de se taire, Tout bas à son voisin on parle avec mystère. […] Un troisième, élevant un peu la voix, demande Quel est le grand seigneur qu’il faut que l’on attende ?
Plusieurs attendent avec impatience ce Lohengrin qui va bientôt montrer décidément au public français de quelle façon Wagner traitait l’opéra, lorsqu’il traitait l’opéra. […] Pendant dix ans, il multiplia les auditions privées et publiques au piano, il n’épargna aucune démarche auprès de ceux qu’il savait avoir une action sur le public, pour les guider et les éclairer dans l’appréciation des œuvres de Wagner, allant jusqu’à se faire conférencier pour redresser les erreurs attribuées par la malveillance à son maître préféré … C’est Brassin qui à force de diplomatie et de finesse réussit à faire accepter comme chef d’orchestre Hans Richter, lorsqu’il fut question de donner pour la première fois Lohengrin au théâtre de la Monnaie à Bruxelles. » Ceci m’amène à parler de cette première de Lohengrin, longtemps attendue et qui eut enfin lieu, sous la direction de l’éminent chef d’orchestre, le 22 mars 1870. […] Liège a attendu jusqu’en 1884 pour voir Lohengrin ; — combien d’autres attendent encore ! […] Attendra-t-on que les théâtres de Paris se disputent les œuvres de Wagner pour s’apercevoir qu’elles sont entrées dans nos mœurs et qu’elles forment d’ores et déjà l’un des éléments de notre existence sociale ?
… D’autant plus qu’il s’attendait à ce qu’on aurait dit, qu’il faisait cela, pour devenir plus tard ministre du prince. » Jeudi 25 janvier Une immense pièce, aux boiseries blanches, aux rideaux de serge verte, au milieu un lustre de cafés de province, et par une fente des rideaux fermés, une filtrée de lumière ensoleillée, tombant d’une façon toute rembranesque, sur les crânes d’une rangée d’hommes pâles, d’hommes jaunes, et éclairant un coin d’un terrible paysage alpestre, comme peint avec des couleurs de décomposition. […] Je n’avais rien reçu, et je croyais l’affaire avec Delpit arrangée, quand hier soir, je trouve cette lettre : « Mon Goncourt, je vous écris de la gare de l’Ouest, les épées prêtes, le médecin attendu. […] Dimanche 15 juillet Une élégante, chez laquelle je me trouvais, après avoir pendant un quart d’heure blagué la maladie du comte de Chambord, et sa mort future, termine par cette phrase : « J’ai commandé une robe noire, que je porterai, si je ne suis pas en province… vous concevez, à Paris, n’être pas en noir… moi, ce serait ridicule. » Mardi 17 juillet Pendant que j’attendais des livres, dans la salle de lecture de la bibliothèque, je regardais un bossu : tout le haut de la tête d’un bossu, est dans le bas de sa mâchoire. […] La police a fait dire à Deslandes qu’il fallait s’attendre à du bruit. […] Je dis au ménage, ce que je crois, c’est qu’il n’y a pas au fond vraiment de question politique, mais que ça va être seulement une question de chic pour les clubs, de venir chuter la pièce, et qu’on doit s’attendre à cinq ou six représentations cahotées, après quoi, la pièce marchera.
Car si l’on suppose une fois l’esprit suffisamment instruit, on le prive du plaisir de la surprise, auquel il s’attendait. […] Les règles veulent qu’il attende ; et il abandonne le premier acte, quelquefois davantage, aux besoins du poète, dans l’espérance qu’il lui ménage par là de grandes émotions. […] Le personnage qui parle le premier dans une scène, peut tomber dans plusieurs défauts ; en ne disant pas d’abord ce qui doit l’occuper le plus, ou faute d’employer les tours que sa passion demandait, ou même en s’étendant trop, et ne s’arrêtant pas aux endroits où il doit attendre et désirer qu’on lui réponde. […] C’est encore, ce me semble, une manière indirecte de manquer au dialogue, que de faire sortir des personnages qui devraient attendre qu’on leur répondît, ou de faire rester ceux qui devraient répondre. […] Elle avait un fils, elle l’a perdu, elle l’attend ; ce sentiment seul l’intéresse.
Jenin le père nous attendait avec des guides pour le lendemain, et des granges pleines de paille et de foin odorant pour la nuit. […] On voulait le noyer dans la Doire ; mais la populace, qui l’attendait en dehors, l’assomma à coups de pierres. […] C’est donc ici, me dis-je, que ma demeure est fixée pour toujours ; c’est donc ici où, traînant une vie déplorable, j’attendrai la fin tardive de mes jours ! […] Un souper nous attendait chez M. […] L’occasion s’en fit attendre longtemps.
Nous attendions la réponse du directeur du Vaudeville, lorsque nous reçûmes la lettre suivante de M. […] Je ne sais pas si le Vaudeville vous attend et si vous êtes en pourparlers avec lui ; ce que je sais, c’est que la pièce ne me semble pas plus impossible au Théâtre-Français qu’au Vaudeville. […] Thierry que, quand même nous aurions fait le plus grand chef-d’œuvre ou la plus grande turpitude, chef-d’œuvre ou turpitude n’exciteraient pas de telles passions, un tel bruit ; que ce qu’on sifflait n’était point notre pièce ; et que devant cette situation, devant des attaques sans précédent, devant la majorité des applaudissements, devant le courage et la confiance de nos acteurs, décidés à lutter jusqu’au bout, nous ne pouvions ni ne voulions retirer Henriette Maréchal et que nous étions décidés à attendre qu’elle fût arrêtée par l’administration, interdite par l’autorité. […] tenez, j’ai dans ma pièce un quart d’heure de sortie… Je vous lirai pendant ce temps-là… Attendez-moi dans la salle. » La pièce dans laquelle il jouait finie, nous repinçons Brindeau qui veut bien du rôle ! […] Nous n’avons pas le courage d’attendre la réponse chez nous.
Elle sera la bienvenue ; nous l’attendons avec calme, nous l’appelons de tous nos vœux, nous la saluerons de toutes nos joies. […] L’une est bien loin, sous le soleil, sapant, minant, travaillant, découvrant, grandissant, affranchissant ; l’autre est assise à cette même place où elle a posé son siège il y a dix-huit cents ans ; elle sommeille, comme les vieillards, elle joue avec des textes, elle bégaye des choses inutiles auxquelles nul ne fait attention, elle a parfois des accès de cruauté domestique, et si, levant par hasard ses yeux affaiblis, elle voit la science qui se hâte sur sa route infinie, elle lui crie : Attends-moi ! attends-moi ! […] Quand on les blesse trop vivement dans leurs intérêts, ils se mettent en grève et attendent. […] Qu’il les dirige, qu’il les calme ou les excite selon qu’il en sera besoin, qu’il marche avec eux, ou sinon ils ne l’attendront pas et le laisseront loin d’eux, mourant de faiblesse et d’inanition.
Qu’attend-il encore, ce faiseur d’expériences ? […] Mais des hommes postés l’attendent au bas du mur. […] Mais, attendez ! […] Attendre davantage serait du dernier des nigauds. […] si j’attendais jusqu’au dîner !
quand ils virent la riche et belle flotte, qui avait si peu perdu pour attendre, surgir à toutes voiles et passer bientôt tout près d’eux, « ils en eurent si grande honte, dit Villehardouin, qu’ils n’osèrent se montrer » ; et le comte de Flandre ayant envoyé une barque pour les reconnaître, un des soldats non chevaliers, qui était parmi les transfuges, se laissa couler dedans, et cria de là à ceux qu’il abandonnait : « Je vous tiens quittes de tout ce que je laisse à bord, mais je m’en veux aller avec ceux-là qui m’ont tout l’air de devoir conquérir du pays. » Ce soldat, qui s’échappait d’avec les fugitifs pour s’en revenir avec les conquérants, fut reçu à merveille, on le peut croire ; on l’accueillit comme l’enfant prodigue87, et cet épisode anima la traversée. […] Les premiers vaisseaux arrivés attendent les autres au port d’Abydos, et de là tous remontent, par le canal dit alors de Saint-Georges, jusque dans cet admirable bassin et en cette mer intérieure qu’on appelait aussi quelquefois du même nom : En ces huit jours d’attente arrivèrent tous les vaisseaux et les barons, et Dieu leur donna bon temps : alors ils quittèrent le port d’Abydos. […] Quand Baudouin, élu empereur par les Français, s’est aventuré dans une expédition contre le roi des Bulgares et est fait prisonnier après une défaite, son frère Henri prend sa place ; mais les barons attendent, avant de l’élire et de le sacrer empereur à son tour, d’être positivement assurés du trépas de son frère : « Sur quoi je voudrais, écrit l’historien Nicétas, que les Romains (les Grecs) fissent un peu de réflexion ; eux, dis-je, qui n’ont pas sitôt élu un empereur qu’ils songent à le déposer. » Ainsi l’idée de légitimité, de fidélité au serment, et de religion politique, existe chez les Latins, tandis qu’elle est entièrement abolie chez les Grecs : ce qui, chez ceux-ci, est une infériorité sociale de plus.
Mais quand tout s’écroule et se renouvelle, quand les institutions antiques tombent en ruines et que l’état futur n’est pas né, que toutes les règles de conduite et d’obéissance sont confondues, que la justice et le droit hésitent entre les cupidités, les intérêts révoltés qui courent aux armes, c’est alors que le don de sagesse est bien précieux en quelques-uns, et que les hommes qui le possèdent sont bientôt appréciés des chefs dignes de ce nom, qu’ils sont appelés, écoutés longtemps en vain et en secret, qu’ils ne se lassent jamais (ce trait est constant dans leur caractère), qu’ils attendent que l’heure du torrent et de la colère soit passée pour les événements et pour les hommes, et qu’habiles à saisir les instants, à profiter du moindre retour, ils tendent sans cesse à réparer le vaisseau de l’État, à le remettre à flot avec honneur, à le ramener au port, non sans en faire eux-mêmes une notable partie et sans y tenir une place méritée. […] Sur ce refus, j’alléguai la loi de l’empereur Théodose, qui, après avoir commandé par colère et trop précipitamment la mort d’un grand nombre de chrétiens, fut rejeté de la communion par saint Ambroise, qui le contraignit de venir à pénitence, et, pour une entière satisfaction, faire une loi par laquelle défense était faite aux gouverneurs en l’administration de la justice qui présidaient dans les provinces, de ne faire à l’avenir exécuter tels mandements extraordinaires qui étaient contre l’ordre et la forme de la justice, sans attendre trente jours, pendant lesquels ils enverraient à l’empereur pour avoir nouveau commandement en bonne et due forme ; ainsi qu’il fallait envoyer promptement au roi… Grâce à cet avis d’une ferme et respectueuse résistance qui prévalut et fut adopté, avant même qu’on eût envoyé vers le roi, le contrordre eut le temps d’arriver de Paris : la Bourgogne fut garantie du crime et du malheur commun, et le nom du comte de Charny est inscrit dans l’histoire à côté de ceux du comte de Tendes, de MM. de Saint-Hérem, d’Orthez et d’un petit nombre d’autres, comme étant resté pur de sang dans l’immense massacre. […] Jeannin se hâte d’en informer Villeroi ; et les voilà encore à attendre une heure plus favorable, « se disant, selon l’expression de l’un d’eux, qu’il y avait plusieurs heures au jour, et que les cœurs et les volontés des princes étaient aussi sujets au changement comme les occasions s’en présentaient ».
Qui donc s’attendrait à ces débauches de gaieté de Marly, au sortir des majestueuses symétries de Versailles ? […] Son Éminence a besoin de repos ; elle a l’estomac dérangé : M. de Luynes sait dans la dernière exactitude tous les détails de santé qui font rire quand Molière nous les étale, mais qu’on n’écrit plus ; il les note ; on a le compte, le chiffre exact des coliques du cardinal dans les vingt-quatre heures ; et « d’ailleurs, les différentes situations de la santé de M. le cardinal se remarquent aisément, se reflètent — sur le visage du roi. » Quant au cardinal, il continue de s’occuper d’affaires dans ses intervalles de répit ; il reçoit le viatique, mais il ne songe pas à lâcher le ministère ; il n’a pas l’idée qu’il puisse s’en aller déjà, et il le dit même assez agréablement à l’adresse de ceux qui attendent. […] Chauvelin, il disait : « Il s’ennuyait de ce que je vivais trop longtemps ; c’est un défaut dont je n’ai pas envie de me corriger si tôt. » Rencontrant dans un de ses salons, au milieu de trente personnes, M. de Bissy, dont on lui avait apparemment rapporté quelque propos, il va droit à lui, et le regardant en face : « Monsieur, vous voyez que je me porte bien ; cependant je ne mets point de rouge pour me donner un bon visage. » M. de Puységur, qui avait quatre-vingt-quatre ans77, demandait depuis longtemps d’être chevalier de l’Ordre, et il pressait là-dessus le cardinal, qui lui répondit tout naturellement : « Monsieur, il faut un peu attendre. » L’archevêque de Paris, M. de Vintimille, fort âgé, mais un peu moins que le cardinal, sollicitait un régiment pour son neveu, et faisait remarquer au cardinal qu’il importait de l’obtenir promptement, d’autant plus que, quand lui, oncle, ne serait plus là, ce serait pour le jeune homme un grand appui de moins : « Soyez tranquille, répondait le cardinal, je m’engage à lui servir de père et de protecteur. » Sur quoi M. de Vintimille, malgré toute sa politesse, ne put s’empêcher d’éclater : « Pour moi, monseigneur, je sens bien que je suis mortel, mais je me recommande à Votre Immortalité. » Jamais on n’a mieux compris qu’en lisant les présents mémoires cette lente et coriace ténacité, ce doux et câlin acharnement au pouvoir qui caractérise l’ancien précepteur de Louis XV.
Eh bien, on en parlera encore pendant l’établissement du nouveau gouvernement (le Directoire) dont nous attendons notre bonheur. […] J’attends, moi, la paix pour résultat de notre campagne d’hiver, et, dans cet espoir, je m’y livre tout entier. […] Mais Bonaparte, nommé général en chef, arrivait à Nice le 27 mars et venait prendre en main cette armée de braves, sans habits, sans pain et sans souliers, qui n’attendait qu’un tel chef pour faire ses prodiges.
Une conformité sympathique d’opinions et d’idées avec Joubert, qui venait d’y prendre le commandement à la place de Brune, me portait à y rester pour attendre les événements qui se préparaient. […] Joubert était donc le héros désigné à l’avance et le sauveur attendu par toute une partie de la société parisienne. […] attaquerait-on l’ennemi, ou l’attendrait-on ?
Sa femme attendait avec impatience ce premier signe de l’âge raisonnable. […] Au moment où il s’y attendait le moins, il a retrouvé l’heure du berger. […] Mais Sibylle mus appelle : un cortège d’admiratrices nous attend à l’avance sur ce terrain romanesque tout idéal et nous y défie.
Mieux vaut un bon tiens que deux tu l’auras ; mieux vaut un moineau dans la main que la grue qui vole en l’air. » — Mais aussi le même Sancho (car il a deux bâts à son âne) dirait « que mieux vaut tard que jamais ; qu’il n’y avait nul péril en la demeure ; que bonne espérance, après tout, vaut mieux que chétive possession, et qu’on peut attendre patiemment quand on est déjà si bien loti d’ailleurs et si bien nanti. » Le fait est que la dernière œuvre de M. […] Il a longtemps attendu un dessinateur digne de lui et à la hauteur de ses rêves ; car il ne s’agissait pas seulement de montrer les choses telles qu’elles étaient, mais de les faire entrevoir aussi parfois telles qu’il les voyait en idée et qu’il se les figurait dans son monde de visions. […] Cervantes dut ressentir bien vivement le bonheur d’une liberté si longuement attendue, si chèrement achetée, et il s’en ressouvenait sans doute après tant d’années lorsqu’il faisait dire par Don Quichotte à Sancho, au sortir d’une captivité, toute gracieuse cependant et hospitalière : « La liberté, Sancho, est un des dons les plus précieux que le Ciel ait fait aux hommes.
J’ai voulu attendre que la question polonaise ne fût pas une question politique tout actuelle et toute brûlante, pour parler de ce volume ; car je n’en veux parler qu’historiquement et en ne sortant pas du cercle des souvenirs. […] Pendant la guerre de Prusse (1806) dans laquelle l’Électeur de Saxe avait commis la faute de se laisser entraîner malgré les avis certains transmis par M. de Senfft, celui-ci se conduisit jusqu’au bout avec tact et prudence ; il ne quitta point son poste, même après Iéna et en apprenant la défaite des armées dont le corps saxon faisait partie ; il attendit à Paris de nouveaux ordres, et on lui en sut gré dans sa Cour et ailleurs. […] M. de Talleyrand, qui était alors à Varsovie et qui voulait écarter de son voisinage le foyer du commérage diplomatique, avait envoyé les ministres étrangers l’attendre à Berlin où il avait bien le dessein de ne point aller.
Beugnot ne se fait faute de nous apprendre qu’au premier moment de l’arrestation de Mme de Lamotte il n’eut qu’une pensée : c’était la peur d’être arrêté lui-même pour ses relations avec elle ; et il s’y attendait si bien, que pendant plusieurs jours il tint, nous dit-il, sa malle toute prête pour la Bastille. […] Il a du maréchal de Beurnonville, notamment, un portrait-notice fait de main de maître et comme on peut l’attendre d’un compatriote qui sait son maréchal dès l’enfance et dès la charrue. […] Beugnot passa donc presque tout le temps de la seconde Restauration, et en dépit des services qu’il avait rendus dans les premiers jours, à l’état d’homme mis de côté et de demi-mécontent ; quand il se lassa d’être député, il eut à attendre pendant des années son siège à la Chambre des pairs.
La bataille qu’on attendait ne se donna que le 2 juillet. […] « Il arrive au vieux Louvre, nous dit M. de Luynes, sans être attendu, et il entre dans une salle sans savoir où il était ; il reconnaît que c’est l’Académie des Sciences ; il sort au plus tôt et arrive enfin à l’Académie française ; il prend place auprès de l’abbé Alary ; le directeur, qui est M. de Saint-Aignan, n’y était point. » Collé, qui nous complète, dit que Mirabaud présidait ce jour-là ; il tenait du moins le bureau en qualité de secrétaire perpétuel : à la vue du soudain confrère qui faisait son apparition, il ne quitta point le fauteuil pour le lui donner. […] M. le comte de Clermont avait écrit à l’Académie pour s’excuser de venir à l’élection, attendu qu’il était obligé d’aller à Fontainebleau.
C’est là qu’il attendait, loin du bruit et de la vaine agitation des hommes, l’avènement de. […] Il l’attendait avec confiance. […] Il n’y a plus à attendre que la démonstration d’authenticité, d’ailleurs douteuse, de ces papiers.
Puis humble, n’osant plus parler, elle attend l’heure Où le héros charmant va fuir, silencieux, Et dans ses longs cheveux répandus elle pleure. […] Mais, tels que le granit usé des promontoires Que l’assaut de la mer tempétueuse mord, Les dieux irradiés par les neiges du Nord Attendaient lâchement les jours expiatoires. […] Dupont et Lapissida avaient signé avec lui devenait inutile : les directeurs de la Monnaie se fussent pourtant résignés à cette perte d’argent et eussent enfin joué le drame attendu ; mais il leur fallait maintenant l’autorisation des héritiers de Wagner.
Le fait est que j’ai invariablement remarqué, pour mon compte, que s’il y a une certaine quantité et une certaine qualité d’esprits qui admettent, qui embrassent volontiers cet ordre métaphysique d’idées et croient les comprendre, il y a, pour le moins, une très grande moitié du monde, même du monde intellectuel, qui ne s’en trouve pas plus convaincue après qu’auparavant, et qui continue d’attendre la preuve après qu’on a prouvé. […] Homme d’Église avant tout, et peu fait au spectacle de violence et de désordre que donnait la vie des princes et des guerriers, attendons-nous à le voir soutenir avec fidélité, même avec obstination, mais sans ambition et sans calcul, la cause de la puissance spirituelle, ne sachant transiger ni sur le péché dont il deviendrait complice en le tolérant, ni sur la foi qu’il croit engagée dans les questions d’intérêt ecclésiastique. […] Ce rôle, en effet, fut important ; dans les conflits qu’il soutint contre Guillaume le Roux et même contre son habile successeur Henri Ier, Anselme, fidèle à ce qu’il considère comme ses engagements et ses devoirs envers la cour de Rome, vérifie point par point ce portrait : on le voit l’homme des embarras, des difficultés et des scrupules ; il les engendre en lui, et, quand ils sont une fois soulevés, il attend la solution d’ailleurs, il ne la trouve jamais de lui-même.
Je m’attendais à de magnifiques calomnies. […] On s’attendait à une brillante archiloquiade et on tombe dans une jocrisserie… C’est vraiment à, croire que ce titre des Derniers Marquis donné à une chose si triviale et si sotte, n’est qu’une invention d’éditeur pour faire lever de ses rayons, cette prodigieuse imbécillité. […] Elle copie avec sa plume, tout à la fois romantique et vulgaire, des tableaux de génie, peints par les plus grands peintres qui aient jamais existé, et en les décrivant elle semble dire comme Kepler à Dieu : « Soyez heureux de ma venue en Italie, car vous auriez pu attendre longtemps encore une admiratrice telle que moi. » Ainsi, Moi, Moi, toujours !
J’attendais de ce tête-à-tête des choses tragiques. […] — que je n’en attends. […] Et pourtant c’est la pièce elle-même, qui s’est fait bien attendre. […] Pourquoi a-t-il attendu deux ans ? […] Gaud, d’abord, défaille de joie au mot qu’elle attendait depuis deux ans et quelle n’espérait plus.
Nous dirons aux poètes de se méfier de leurs aînés, et, pour être originaux, d’aller puiser leurs inspirations dans les entrailles de la société moderne, qui attend encore sa vraie poésie. […] La poésie nouvelle, que le siècle attend, dont il a soif, sera donc une poésie de sédition et de révolte morale. […] Donnons-lui le temps, et sachons attendre. […] Une bonne rafale le redressera, et, si la rafale se faisait trop attendre, Mme Toscan en pourrait faire l’office. […] Et pourtant elle n’attend plus — on a quelque lieu de le supposer — que son cœur lui ait révélé comment l’esprit vient aux filles.
Une édition correcte n’en était pas moins un dernier hommage que méritait et qu’attendait encore cette mémoire charmante, si peu en peine de la postérité, et n’aspirant qu’à un petit nombre de cœurs. […] Cette décadence de Louis XIV, où la corruption pour éclater n’attendait que l’heure, faisait encore une société bien spirituelle, bien riche d’agréments ; cela était surtout vrai des femmes et du ton ; le goût valait mieux que les mœurs ; on sortait de Saint-Cyr, après tout, on venait de lire La Bruyère. […] Nous chercherons tout à l’heure. — Un mois après, Bolingbroke écrivait encore à Mme de Ferriol (30 décembre 1721) : « Je compte que vous viendrez ; je me flatte même de l’espérance d’y voir Mme du Deffand ; mais, pour Mlle Aïssé, je ne l’attends pas. […] Aussi quiconque a du mérite peut attendre du Chevalier quelques moments de sensibilité. […] Il n’était pas rare de voir arriver a l’heure du dîner douze ou quinze convives non attendus.
J’attendis vingt ans les retours de sang-froid ; ils vinrent avec les retours d’accusation, les uns mérités, les autres, selon moi, injustes. […] Le mien m’entraînait à l’action, même hors de propos ; attendre n’était pas mon tempérament. […] Toute ma force comprimée consistait donc à attendre ; il m’en fallait cent fois plus pour attendre que pour agir. […] Après avoir attendu quelque temps que je prisse à mon tour la parole, et voyant que je continuais à me taire, M. […] Molé, président du conseil, un effet infiniment plus pathétique que je ne m’y attendais.
J’ai voulu attendre plusieurs jours. […] Il m’a fait monter dans la voiture qui l’attendait, et nous avons gravi la colline en babillant. […] On est très content d’elle et elle vous attend dimanche. […] Avant de se rendre à Sainte-Pélagie, où l’attendaient ses trois mois de prison, M. […] L’attendre sous la pluie quand son caprice est de ne venir que longtemps après l’instant promis !
Il semblait que quelqu’un au dehors l’attendait. Le quelqu’un qui l’attendait, c’était, celle même, — cette compagne de toute sa vie, — qui le reçoit aujourd’hui dans cette tombe.
De là bien des images peu séduisantes, bien des détails qu’on voudrait voiler ; quelque chose de suranné qui ne ragoûte pas, quelque chose de railleur et de grivois qu’on n’attendait guère, et parfois même du cynisme qui offense. […] Nous trouvons cette sorte d’amour énergiquement exprimée dans une pièce de vers inédits adressée à un jeune homme qui se plaignait d’avoir passé l’âge d’aimer : Va, si tu veux aimer, tu n’as point passé l’âge ; Si le calme te pèse, espère encore l’orage ; Ton printemps fut trop doux, attends les mois d’été ; Vienne, vienne l’ardeur de la virilité, Et, sans plus t’exhaler en pleurs imaginaires, Sous des torrents de feu, au milieu des tonnerres, Le cœur par tous les points saignant, tu sentiras, Au seuil de la beauté, sous ses pieds, dans ses bras, Tout ce qu’avait d’heureux ton indolente peine Au prix de cet excès de la souffrance humaine ; Car l’amour vrai, tardif, qui mûrit en son temps, Vois-tu, n’est pas semblable à celui de vingt ans, Que jette la jeunesse en sa première sève, Au blondi duvet, vermeil et doré comme un rêve ; C’est un amour profond, amer, désespéré, C’est le dernier, l’unique ; on dit moins, j’en mourrai ; On en meurt ; — un amour armé de jalousie, Consumant tout, honneur et gloire et poésie ; Sans douceurs et sans miel, capable de poison, Et pour toute la vie égarant la raison.
Rossel et Demangeot, viennent de nous donner une de ces déceptions que le public parisien ne pardonne pas volontiers… Une intervention gouvernementale de la dernière heure a provoqué l’ajournement illimité de leur exécution, qui n’était pas moins impatiemment attendue que celle de Lohengrin. […] Il suppose qu’un arrêté préfectoral vient de fermer les bains Deligny, « attendu que ledit établissement de bains est entièrement construit en bois, ce qui l’expose d’une façon particulièrement grave aux dangers du feu… ».
Le révérend Georges Henslaw, doué d’une faculté qu’avait déjà Gœthe, voit, quand il ferme les yeux et qu’il attend un moment, l’image claire de quelque objet : cet objet change de formes pendant aussi longtemps qu’il le regarde avec attention ; mais, en étudiant la série de formes qui se succèdent, on reconnaît que le passage de l’une à l’autre est fourni tantôt par des relations de contiguïté, tantôt par des relations de ressemblance réductibles elles-mêmes à la contiguïté. […] Eh bien, quand Gœthe composait Faust, il était également obligé d’attendre la résolution intérieure d’une équation qui avait pour termes des images et des idées : son attention et son « aperception » réagissaient pour éliminer ce qui ne convenait pas au dessein choisi ; elles établissaient un intérêt dans le développement du spectacle interne, un nœud dramatique.
Car ces lettres ne l’attendirent pas. […] Même avant d’avoir lu une ligne de ces lettres, où l’enfer doit brûler par avance, ne vous attendez-vous pas à des luttes sans fin entre l’amour, le remords, l’épouvante ?