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54. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Toute la poésie : non, pas plus que l’orgue n’est toute la musique. […] Or, c’est là tout le rôle de la poésie : émouvoir et rendre bon. […] En poésie, il en va autrement qu’en amour ; on n’a pas le droit d’être exclusif. […] L’œuvre de Victor Hugo est un document de la pensée et de la poésie du siècle dernier, — ce n’en est ni toute la pensée ni toute la poésie. […] Il n’est pas toute la poésie, parce qu’il ne pouvait être toutes les lyres.

55. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

pour que les badauds y trouvent de l’illusion ou de la joie : mais est-ce là de la poésie vraie ? Est-ce réellement de la poésie, — de la poésie qui n’est jamais que le cri, l’inimitable cri de la personnalité ? Je comprends, quelle qu’elle soit, la poésie d’un homme. Je sais ce que c’est que la poésie de Byron ou de Crabbe, par exemple, mais je ne sais pas, ou plutôt je sais trop ce que c’est que la poésie antique, — la poésie orientale, — la poésie indienne, obtenues à l’aide du procédé moderne par des hommes qui ne sont ni des Anciens, ni des Orientaux, ni des Indiens, et qui jouent littérairement d’une façon plus ou moins sérieuse, c’est-à-dire plus ou moins comique, la scène de M.  […] Sa poésie donnerait peut-être un grand plaisir à M. 

56. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Il ôte aux êtres bas d’esprit, dont le monde est plein, cette joie de pouvoir dire que la vie des poètes les plus éclatants n’est que leur poésie à la renverse, et qu’avec leurs ailes, — leurs ailes de Chimères !  […] Il parlait de tout comme il aurait chanté, et il agissait comme il parlait, poésie plus rare ! […] Je dis que c’est là l’intérêt, le grand intérêt de ces dernières poésies d’Alfred de Vigny, qui tranchent si nettement et avec une incision si profonde sur toutes les poésies de ce temps et même sur les siennes. […] Franchement, dans les abaissements de la poésie contemporaine, d’inspiration semblable, je n’en connais pas. […] Voilà pourquoi je me détourne avec regret de ces poésies qui n’ajoutent rien à ce qu’on sait du poète charmant, transparent et lumineux, qui s’est éteint dans le sombre bronze que voici, dans ce bronze du mépris qu’une créature humaine n’obtient jamais qu’à force de se briser… Pour nous qui croyons que les plus belles poésies ne sont jamais faites pour la volupté intellectuelle de faire des vers, mais pour se soulager d’une oppression sublime, d’un étouffement titanique du cœur sous le poids d’un grand sentiment, pour nous qui avons dit combien l’homme dans Alfred de Vigny était toujours le poète, ces poésies dernières nous font mieux comprendre cet homme que nous avons connu.

57. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

. — Poésies complètes (1857) […] De naissance, il eut le don de cette admirable langue que le monde entend et ne parle pas ; et de la poésie il possède la note la plus rare, la plus ailée, le lyrisme. […] Sa poésie est somptueuse et bienfaisante. […] Le fait est que ces poésies d’une si mâle inspiration ont moins résonné dans les oreilles de tout le monde que les poésies de M.  […] Théodore de Banville est le plus grand des poètes vivants qui ont réalisé leur œuvre, je crois qu’il a pour âme la poésie elle-même.

58. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Où donc est la poésie de Boileau ? […] Et tout cela, c’est sa poésie. […] Ce prétendu père de la poésie noble ne cherche pas les périphrases ni les mots élégants. […] Mais, si l’on refuse à Boileau le nom de poète, c’est la poésie réaliste elle-même qu’il faut nier. […] Et nous sommes ramenés toujours au même point : ce qu’il y a de poésie dans sa critique a la même origine que le réalisme de sa poésie descriptive.

59. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Éphémérides poétiques, 1870-1890 » pp. 181-188

Achille Millien : Poésies. André Lemoyne : Poésies. […] Catulle Mendès : Poésies. […] Jules Cougnard : Poésies. […] Barbier : Poésies posthumes.

60. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

De la poésie de notre époque. […] Nous tenons à démontrer que tel est, en effet, le caractère de la poésie de notre temps. […] Le second mode d’expression, c’est la poésie. […] La poésie de Victor Hugo n’est pas plus matérialiste ou matérielle que colle de Lamartine. […] Ce qu’il y a de réel pour moi, la poésie de Byron, poésie ironique et désolante, qui soulève des abîmes où notre esprit se perd, et qui, comme les harpies, salit, à l’instant même, tous les mets qui couvrent la table du festin.

61. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Il n’a point horreur de la poésie, ce Normand ! […] Il a la poésie de cette mort par-dessus la poésie de sa poésie. […] C’est là le sublime de la poésie lyrique. Or, la poésie lyrique est, dans la hiérarchie poétique, la première de toutes les poésies. […] André Chénier, d’organisation inconsciente, était plus fait pour la poésie lyrique que pour toute autre poésie, et quand il en eut conscience, il était trop tard.

62. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Elle peut être toute dans leur manière de les exprimer… Sans doute, l’idéal de la poésie la plus puissante serait la réunion de la vérité la plus pure et de la plus pure beauté, dans un entrelacement sublime ; mais, en réalité, le plus souvent, elles se dédoublent, et la poésie a la vie assez dure, cette immortelle ! […] C’est par l’enthousiasme qu’il est vengé de la déraison de ses croyances et de la fausseté des systèmes dont il a fait sa poésie. […] Elle le laissera vivre, cet agneau… Mais, dans l’intérêt de sa poésie future, elle lui signalera les défauts de sa poésie actuelle, qui sont grands, — aussi grands que ses qualités. […] Ces qualités — et c’est leur gloire — ne sont pas du tout celles de la poésie de ce temps dévasté de poésie. […] La poésie est son gagne-pain de renommée.

63. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859) »

. — Élégies et poésies nouvelles (1825). — Poésies inédites (1829). — Album du jeune âge (1829). — Les Pleurs, précédés d’une préface d’Alexandre Dumas (1883). — Pauvres fleurs (1839) […] Poésies, précédées d’une préface de Sainte-Beuve (1842). — Bouquets et prières (1843). — Poésies inédites, réédition (1860). — Les Poésies de l’enfance, réédition (1881). — Œuvres choisies, avec préface d’Auguste Lacaussade (1886-1887). — Correspondance intime, 2 vol. (1896). […] D’autres ont parlé dans leurs vers de Dieu, de Jésus-Christ et des anges, mais à titre de poésie, sans conséquence mauvaise ni bonne ; et cela même était triste. […] Cette poésie m’apparaît comme un jardin : mais ce n’est pas la solennité grandiose de Versailles ; ce n’est pas non plus le pittoresque vaste et théâtral de la savante Italie qui connaît si bien l’art d’édifier les jardins (ædificat hortos) ; pas même la Vallée des flûtes ou le Ténare de notre vieux Jean Paul. […] [Commentaire aux poésies de Marceline Desbordes-Valmore, édition Lemerre (1886-1887).]

64. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

. — Poésies inédites (1873). — Correspondance, publiée par Madame Valentine de Lamartine (1876-1877). […] Sa plus haute poésie traduit toujours le plus familier christianisme et s’interprète à son tour par lui. […] Le mouvement de la strophe était dans cette poésie le mouvement même de l’âme. […] Il est remarquable que les seules poésies de quelque durée où l’on puisse reconnaître son influence soient des poésies écrites par des femmes. […] [Évolution de la poésie lyrique (1894).]

65. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

II Après avoir dit cela, ce n’est pas nous qui affirmerons que la poésie des Fleurs du mal est de la poésie personnelle. […] Ce profond rêveur qui est au fond de tout grand poète s’est demandé, en Baudelaire, ce que deviendrait la poésie en passant par une tête organisée, par exemple, comme celle de Caligula ou d’Héliogabale, et Les Fleurs du mal — ces monstrueuses ! […] dans le livre chaque poésie a, de plus que la réussite des détails ou la fortune de la pensée, une valeur très importante d’ensemble et de situation, qu’il ne faut pas lui faire perdre en la détachant. […] Elles sont moins des poésies qu’une œuvre poétique de la plus forte unité. […] … Quand un homme et une poésie en sont descendus jusque-là, — quand ils ont dévalé si bas dans la conscience de l’incurable malheur qui est au fond de toutes les voluptés de l’existence, poésie et homme ne peuvent plus que remonter.

66. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

D’autre part, si je déclare la poésie sœur de la métaphysique, c’est que je n’entends pas par poésie tout ce qu’on est convenu d’appeler des vers. […] Si le rythme était la ligne de démarcation qui différencie la prose de la poésie, un art poétique ou une géométrie en vers deviendraient de la poésie parce que rythmés. […] La poésie est « une langue bien faite ». […] La métaphysique et la poésie de l’idéal. […] La Poésie nouvelle, p. 20.

67. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

Comment la réalité et la nature s’introduisent dans la poésie lyrique. La poésie bourgeoise ; mélange d’éléments, du lyrisme et de la satire. Naissance de la poésie personnelle. — 2. […] A vrai dire, il n’est pas sûr que ce soit une poésie lyrique : elle se mêle de toutes sortes d’éléments et revêt mille formes. […] Malgré cette pièce et d’autres de même ordre, on pourrait désigner toute cette poésie d’origine bourgeoise sous un nom qui, en la distinguant de la poésie lyrique, marquerait bien le rapport qui les unit l’une à l’autre : on pourrait l’appeler poésie personnelle.

68. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

Poésie, tome II, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1909, p. 5-12. […] C’est à eux que va la poésie. […] D’ailleurs, parce que le vent, comme on dit, n’est pas à la poésie, ce n’est pas un motif pour que la poésie ne prenne pas son vol.  […] Or la poésie tient de l’oiseau. […] Ces poésies véhémentes et passionnées auraient troublé le calme et l’unité de ce volume.

69. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

Tous ceux qui aiment et lisent la poésie en Europe, lisent et sentent Burns et trouvent des saveurs singulièrement toniques dans le houblon de sa poésie. […] Par là il s’approche de la poésie descriptive, tout en plaçant néanmoins, avec d’heureuses personnifications, ses tableaux à des niveaux très élevés de l’art. […] Maximilien Buchon de ces poésies de Hebel, qui répugnent même à passer dans le haut allemand, tant elles sont d’une localité et d’une originalité profondes, atteste beaucoup de talent et un sentiment très animé des beautés sincères qu’elle s’efforce de reproduire. […] Mais le résultat de cette méthode est que rien ne se tient plus debout dans cette poésie fracturée, où de temps en temps, pourtant, passent des strophes charmantes et des vers étonnants de sentiment et de coloris ! […] Poésies complètes, traduites par M. 

70. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Poésie aristocratique, érudite, grave, laborieuse. […] Elle apporte une haute et fière idée de la poésie, qu’elle tire de la domesticité des grands, qu’elle interdit à la servilité intéressée des beaux esprits : la poésie devient une religion ; le poète, un prêtre. […] Il avait pour trois siècles au moins donné la haute poésie à l’alexandrin. […] Il demande « une naïve et naturelle poésie ». […] Et du coup la sincérité de la poésie reçoit une grave atteinte.

71. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Victor de Laprade vient de publier un dernier volume de poésies sous ce titre d’Idylles héroïques, un beau titre, n’est-il pas vrai ? […] Or, à notre sens, toute poésie lyrique repousse, d’essence, le dialogue qui n’est pas lié au récit et qui n’y entre pas comme l’intaille même dans le bronze. […] Théodore de Banville, le funambulesque, n’est qu’un saquiste parmi les poètes païens et saltimbanques ; mais M. de Laprade est le Stylite de la poésie vertueuse. […] c’est de la poésie de glacier. M. de Laprade croit sans doute, comme beaucoup de gens, que la froideur, c’est la sagesse, la force et la vertu, et elle ne l’est pas plus qu’elle n’est la poésie.

72. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

La poésie est religion, la religion est loi. […] Le christianisme amène la poésie à la vérité. […] Il en est de même de la poésie lyrique. […] Car la poésie vraie, la poésie complète, est dans l’harmonie des contraires. […] C’est une théorie, non une poésie.

73. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

La poésie naissante ne peut s’élever plus haut. […] Par quels caractères le roman de la rose a hérité son rang dans l’histoire de la poésie française. […] Tout cela dépend de l’idée qu’on s’est faite de la poésie française. […] C’est un chaos sans doute, mais un chaos en travail la poésie antérieure n’était qu’un sommeil. […] Elles n’ont été d’aucune influence ni d’aucune aide pour la poésie française.

74. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

La poésie, comme la beauté, est de création supérieure à l’homme. […] la poésie de M.  […] Poésie gênée, mortifiée, qui fait souffrir plus encore qu’elle ne gouffre. […] : pourquoi la poésie, au déclin des civilisations poussées à l’excès, n’irait-elle pas chercher un rajeunissement aux sources premières ? […] Il n’y a pas que l’Académie qui couronne cette poésie déjà couronnée… aux genoux.

75. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Ronsard »

Charmante coutume, que pour le catholicisme je regrette… Eh bien, nous qui aimons la poésie, c’est ce que nous avons pu nous dire avec la même joie, en nous embrassant, du grand poète que je n’hésite pas à nommer littérairement notre Seigneur à tous, — le Seigneur de la poésie du xixe  siècle ! La grande et complète édition de Ronsard par Prosper Blanchemain a consacré cette Résurrection, qui commence la poésie moderne par un miracle. […] S’il est l’Adam de la poésie française, ses poésies, à lui, en sont le Paradis terrestre. […] L’incroyable magie de Ronsard est précisément que sa poésie est d’autant plus charmante et quelquefois plus belle que sa langue n’est pas encore une langue venue, à contours pleins, arrêtés et purs. […] La langue, grandie et devenue forte comme les petits de la lice, se retourna férocement contre sa poésie et lui prit sa place au soleil, jusqu’au moment impatienté, que j’ai signalé au commencement de ce chapitre, où le poète, malgré la langue qu’il avait parlée, à force de Poésie, ressuscita !

76. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

D’aucuns vous diront qu’il est éclectique en poésie, mais ne les croyez pas ! […] On ne pouvait pas même comparer au phénix cette Poésie nouvelle, car le phénix, c’est l’oiseau flamboyant et merveilleux qui renaît de ses cendres, et la poésie de Lamartine n’était point une renaissance. […] Or, à leur tour, Musset et Hugo ont influé, par l’admiration qu’ils ont inspirée, sur la poésie contemporaine. […] Il a trop aimé la poésie de son époque, et en cela il a fait tort à la sienne. […] Croyez-vous, maintenant, qu’il y ait en poésie une composition plus originale ?

77. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Et voilà pourquoi cette poésie fut si peu travaillée. […] Il a vécu sa poésie : elle est comme le journal de sa vie. […] Poésies inédites, publ. p. […] Par ce mot Lamartine signalait l’intimité de sa poésie. […] Poésies, I, 281.

78. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Il vint en effet à l’heure fatigante et embrasée des artificielles splendeurs de la poésie romantique. […] Lord Byron s’était consolé de sa Marie Chaworth, en écrivant cette poésie qui s’appelle le Rêve. […] C’est cette cliquette que nous entendons, à chaque nouveau recueil de poésies, depuis Lamartine ou Chénier. […] Sa poésie est une poésie blanche, mais elle l’est à la manière de ce qu’on appelle la messe blanche ; la consécration n’y est pas. […] J’aime mieux pour mon compte cette simple et quelquefois trop simple poésie de Brizeux que la poésie vide de cruches, qui se croient des amphores, de ces Grecs du xvie  siècle, au xixe , qui se croient aussi des Grecs !

79. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

. — De la poésie venue d’Asie, même à Sparte : Alcman. — Arion de Méthymne. […] Pour les anciens mêmes, c’était un symbole de l’antique poésie plutôt qu’un législateur véritable et un poëte. […] Et cette fiction, qui se renouvela souvent et dans les commencements de notre ère, remonte sans doute au premier âge de la poésie grecque. […] Lui-même ajoute, en prenant il témoin les curieux amateurs de l’ancienne poésie, qu’il restait d’Orphée des hymnes très courts et en petit nombre. […] Ce n’est pas d’un point septentrional de l’Europe, mais des côtes de l’Asie, que la poésie était venue dans la Grèce avec les chants d’Homère.

80. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dierx, Léon (1838-1912) »

. — Poèmes et poésies (1864). — Lèvres closes (1867). — Les Paroles d’un vaincu (1871). — Poésies complètes (1879) […] On avait représenté de lui un drame en un acte, en vers, La Rencontre, se résumant en trois scènes d’une donnée amère, mais laissant l’impression d’une très pure poésie. […] Avec les années, sa poésie s’est faite plus profonde. […] Quelques-unes de ses poésies, grâce à leur personnalité et à leur beauté, le désignent à ma profonde admiration, et son caractère fier et simple me le fait aimer. […] Léon Dierx incarne la poésie !

81. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

La poésie est, par la beauté, l’expression humaine de la notion divine. […] La poésie est une expression individuelle de l’humanité. […] Il n’y a pas de place pour Berquin dans la poésie grecque. […] N’oublions pas qu’aux origines, la poésie était l’unique interprétation des mystères que se sont partagés la philosophie, la poésie et la science. […] Elles recèlent l’avenir même de la poésie et, je crois, le désirable avenir.

82. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

C’est dans cette vieille loque philosophique que Laurent Pichat a enveloppé sa poésie. […] qui ne sentirait, de prime saut, l’absurdité et le sacrilège de tout cela, si la Poésie ne jetait pas son voile brillant sur le sacrilège et l’absurdité ?… La Poésie, je le sais bien, en est profanée. […] Assurément, la poésie de Laurent Pichat n’a pas cette beauté souveraine, mais elle en a souvent trop encore pour les idées qu’elle exprime, et que, sans elle, on ne pourrait pas supporter. […] … Voilà cette poésie obscure, à peu près inconnue, qui, par sa mâle et altière expression, rappelle ce Byron dont le poète parle ici, et qui, de son ironie, aurait, je m’imagine, charmé Byron !

83. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Sur le poète et sa poésie, peu de chose. […] Défi de la poésie au poète, vite relevé. […] La poésie devint descriptive et analytique. […] Les mots de la poésie romantique, comme de toute poésie, conservent leur sens matériel, positif, visuel, ils sont des objets. […] Mais il est aussi essentiel à la poésie.

84. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Des poésies de Toiture et de Saint-Amant. — § IV. […] Il n’en était pas de même de la poésie, ni de l’art d’écrire en vers, en quoi consiste la perfection de la poésie. […] Les poésies de Voiture et de Saint-Amant. […] Poésies XXIX. […] Poésies LVIII.

85. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

Soit que l’on blamât, en effet, ou que l’on regrettât le fond ou la forme de la poésie de M.  […] Il y a là poésie. […] Dans ce volume d’Émaux et Camées, le poète, systématique au fond, a donné sa poétique avec le prestige de sa poésie, habile homme jusque-là ! […] Certainement le poète, dans cette transformation, n’est pas spirituel comme on pourrait le désirer, mais il est plus diaphane, et sa poésie, je ne parle pas seulement de ses vers, l’intimité de sa poésie y gagne un degré supérieur de transparence et de lumière. […] Théophile Gautier représentait glorieusement l’école volontaire de la poésie travailleuse et, qu’on nous permette le mot, rageuse au travail, qui pose assez insolemment pour soi-même et pour le génie, que la Poésie est le résultat d’une poétique, la langue touchée, de telle ou telle façon, comme un piano, et qui croit simplifier et réaliser tout par des règles.

86. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

Ces verselets, puisque verselets il y avait, n’étaient pas la haute vulgarité, rimée et sonore, qu’on rencontre partout et qui s’appelle de la poésie. […] Roitelet, verselets, poésies et poète, vaudraient aujourd’hui cent pour cent de plus dans leur inspiration et leur manière, par cela seul qu’ils n’auraient pas trempé dans l’air ambiant de la poésie contemporaine ! […] Il y a deux espèces de poésies dans le recueil de M.  […] Si courtes que soient ses meilleures poésies, nous n’avons pas l’étendue qu’il faudrait pour en détacher quelques-unes. […] Mais, jeune ou non, éprouvé par le travail ou caressé par l’inspiration facile, qu’il se souvienne du conseil que nous lui donnons en toute sympathie et dans l’intérêt de ses œuvres futures ; il y a deux hommes en lui, — l’homme de la veine et l’homme de la culture ; l’homme de la poésie sentie et l’homme de la poésie ressouvenue.

87. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Mais son livre n’est pas qu’un recueil de poésies ; c’est toute une composition. […] … Il a écrit plusieurs poésies en pur argot, qu’il s’est obligé à traduire en français dans la page suivante. […] Mais la poésie de madame Ackermann n’était, malgré la fermeté de son marbre, que la balbutie de la poésie qui allait venir. […] La poésie de Richepin, car il m’ennuie de dire M.  […] la poésie de Richepin n’est pas seulement de la furie et du vomissement d’ampleur de fleuve contre Dieu.

88. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Le commencement du prologue des Élémens est un morceau de poésie majestueuse. […] Il fut le pere de notre Poésie. […] La Poésie lyrique est le triomphe de cet Ecrivain. […] La poésie en est noble & harmonieuse. […] Les graces autant que les Muses ont dicté ses poésies fugitives.

89. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

C’est donc dans ses créations intellectuelles et morales qu’il faut constater la puissance de la poésie grecque. […] La foi, l’amour, la poésie n’ont été pour lui que des matières d’amplifications brillantes. […] la poésie est un excès dont nous ne nous rendrons jamais coupables. […] Mais l’iniquité serait grande de juger Auguste Barbier sur ses dernières poésies. […] Sa modération native souffre des excès apparents de ses premières poésies.

90. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

Despériers sert la Réforme, la libre pensée et la poésie. […] La poésie de Marot avait déjà un certain caractère d’art : mais c’était un art mondain, fait d’élégante netteté et de distinction aisée ; car le premier effet de la Renaissance a été de ranimer chez nous la poésie aristocratique. […] Cela apparaît chez Ronsard, dont la poésie d’homme d’épée et d’homme de collège implique à ce double titre le mépris du bourgeois et du populaire. […] Pendant que la poésie reculait de l’hellénisme à l’italianisme, la division des éléments de la Réforme et de la Renaissance s’était achevée. […] La poésie, qui se perdait dans l’imitation artificielle et les froides éruditions, se rapprocha de la réalité, elle apprit à puiser aux vraies sources des sentiments profonds et généraux : la foi catholique de Ronsard, le zèle protestant de d’Aubigné tira d’eux le meilleur et le plus pur de leur poésie.

91. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

. — De la poésie lyrique dans l’Iliade. — Archiloque ; quelques débris de son génie. En Grèce, comme ailleurs, la conjecture la plus naturelle fait remonter la poésie lyrique à l’origine même de l’art. On l’a vu pour l’Orient : la poésie lyrique se confond avec la prière, et l’une et l’autre semblent le premier élan spirituel de l’âme. […] Il n’importe ; on voit ici, dans l’unité de ton des hymnes religieux et des récits épiques, l’antiquité même de cette poésie lyrique. […] Mais alors cette croyance n’était plus qu’une imposture, où la poésie manquait comme l’enthousiasme.

92. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Rayons et les Ombres » (1840) »

Poésie, tome II, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1909, p. 529-535. […] De la passion mêlée à la rêverie naît la poésie proprement dite. […] Du reste, il y a du drame dans la poésie, et il y a de la poésie dans le drame. […] Quant à cette poésie qu’il publie aujourd’hui, il en parlera peu. […] L’algèbre est dans l’astronomie, et l’astronomie touche à la poésie ; l’algèbre est dans la musique, et la musique touche à la poésie.

93. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Les études sur l’ancienne poésie française ont fait de grands progrès depuis trente et quarante ans. […] C’est de cette seule époque de notre poésie que j’ai à parler en ce moment. […] Ackermann, un ingénieux grammairien ; elle l’a été, une seconde fois, avec un choix de ses Poésies (1841), par M.  […] La subtilité abstraite et philosophique régnait alors au Palais et dans l’Église ; elle s’étendit à la poésie, où elle prit la première place. […] Il y avait eu un Choix des œuvres et poésies de Ronsard, publié par M. 

94. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. […] Les anachorètes écrivirent de la douceur du rocher et des délices de la contemplation : c’est le premier pas de la poésie descriptive. […] Telle fut la seconde époque de la poésie descriptive. […] Horace et Pindare sont restés bien loin de cette poésie. […] Delille a excellé, peut être aussi regardé comme le fondateur de la poésie descriptive en France.

95. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Où se leva la poésie ? […] À côté de cette poésie des troubadours, s’élevait une autre poésie, moins vive, moins ingénieuse, autrement téméraire. […] J’ignore si la rime se trouve dans la poésie hébraïque. […] Un caractère fréquent de la poésie arabe, qui a passé dans la poésie romane, c’est l’allégorie. […] Tant de vers supposent peu de poésie.

96. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Il pourrait concevoir et réaliser sa poésie comme il faut la concevoir et la réaliser pour être encore sympathique à un temps qui, demain, ne voudra même plus de cette poésie qu’on a descendue jusqu’à lui. […] La pensée n’y était pas renversée par l’image comme dans la poésie de M.  […] En soi, la poésie n’y perd pas. Plus elle s’écarte de nous, la poésie, plus elle rentre chez elle. […] Cependant, il faut bien le dire, depuis que ce chapitre est écrit, l’Académie a donné le prix de poésie à M. 

97. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Il a inventé plusieurs rythmes très vivants sous son souffle, et il a introduit dans la poésie savante les vers sans rime correspondante de notre poésie populaire. […] Qui donc a gagné quelque chose à la réglementation de la poésie ? […] L’imitation de Victor Hugo, voilà le salut de la poésie française ! […] Il y a tout de même de la poésie dans ces vers-là. […] La poésie hellénique vivait aussi d’imitations.

98. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

La réforme de la poésie. […] Sa poésie est plus étroite et plus sèche que sa nature. […] Réforme de la langue et de la poésie. […] Il ne distingue la poésie de la prose que par le mécanisme, non point par la nature de l’inspiration. […] Il porte le même esprit dans la réforme de la poésie : il n’invente pas, il choisit.

99. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Sa prose, dans mes sensations à moi, ne brille ni ne brûle tant que cela… Quand on la lit, et je viens de la lire, on est même frappé des qualités entièrement opposées à celles de cette poésie dont elle est la sœur, et qui, colorée et toujours chaude, a fini, sous la pression d’un temps maudit, par s’embraser comme les feux du Styx pour les scélérats que le poète, exaspéré de cette poésie terrible, y plongea. […] Puisque Chénier n’est pas chrétien et qu’il y a une poésie religieuse supérieure à tout dans les Harmonies religieuses de Lamartine, cette poésie des Iambes n’est donc que la seconde des poésies, — la poésie humaine ; — mais elle est incontestablement la première des poésies humaines. […] Cette poésie de Chénier paye-t-elle à la France la douleur et la honte d’avoir eu les Jacobins pour maîtres ? […] La splendide poésie est restée. Seulement, la trombe hideuse reviendra, et pas plus dans l’avenir que dans le passé, cette poésie de Chénier ne l’empêchera de nous passer sur le corps !

100. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

A mesure que la civilisation gagne, que la société s’organise et se raffine, la poésie, primitivement éparse, se concentre sur quelques têtes et s’individualise de plus en plus. […] Si l’art, la poésie, se doivent jamais appeler le produit précieux d’un mal caché, ce n’est pas de l’art, de la poésie d’Homère et de Sophocle, ni de celle de Dante, ni de celle de Shakspeare, de Molière et de Racine, qu’on peut dire cela : ces sortes de poésies, quelque travaillées qu’elles semblent, demeurent toujours le riche et heureux, couronnement de la nature, ramis felicibus arbos ; mais c’est bien de la poésie de Jean-Jacques, de Cowper, de Chatterton, du Tasse déjà, de Gilbert, de Werther, d’Hoffmann, et de son musicien Kreisler, et de son peintre Berthold de l’Église des Jésuites, et de son peintre Traugott de la Cour d’Arthus, c’est de toutes ces poésies, et c’est aussi de celle de Stello, qu’on peut à bon droit le dire. […] Il a commencé par être poëte pur, enthousiaste, confiant, poëte d’une poésie blonde et ingénue. […] Eux, du moins, par quelque côté, par certaines analogies, on peut les rattacher à la poésie française antérieure. […] Or, suivant nous, toute poésie de M. de Vigny est engendrée par un procédé assez semblable, par un mode de transfiguration aussi merveilleuse, bien que plus douloureuse.

101. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

Autour de deux ou trois idées fondamentales, s’organisa chez eux un système complet de poésie, formé du platonisme en amour, du christianisme en mythologie, et du royalisme en politique. […] Hugo, l’histoire des hommes ne présente de poésie que jugée du haut des idées monarchiques et des croyances religieuses. […] La société se fâcha de n’être pas mieux comprise par une poésie qui se proclamait celle du siècle, et à son tour elle se piqua de ne pas la comprendre. […] Elle eut bientôt ses lieux communs, ses fadeurs mythologiques, sa chaleur factice, et la plupart des défauts qu’elle reprochait à l’ancienne poésie. […] Hugo parle en son nom dans ses poésies, qu’il ne cherche plus à déguiser ses accents, mais qu’il les tire du profond de son âme, il réussit bien autrement.

102. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sainte-Beuve, Charles-Augustin (1804-1869) »

Sainte-Beuve, Charles-Augustin (1804-1869) [Bibliographie] Tableau de la poésie française au xvie  siècle, et Œuvres choisies de Ronsard avec notices, notes et commentaires (1828). — Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme (1829). — Les Consolations (1830). — Volupté, roman (1834). — Pensées d’août (1837). — Poésies complètes (1840). — Portraits littéraires (1839, 1841, 1844). — Histoire de Port-Royal (1840-1862). — Portraits de femme (1844). — Portraits contemporains (1846). — Causeries du lundi (1851-1857) […] Sainte-Beuve est, à vrai dire, un Protée en poésie. […] C’est la poésie de la maladie ; hélas ! la maladie n’est-elle pas un état de l’âme pour lequel Dieu devait créer sa poésie et sen poète ? […] L’esprit critique le dominait trop pour qu’il eût sincèrement le génie que la Poésie exige.

103. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

Quoique écrites dix ans auparavant, ces poésies, l’auteur les avait gardées sans les publier. […] Présentement, la poésie n’intéresse personne. […] tel le titre de Lefèvre-Deumier, et telle est souvent sa poésie, et non pas seulement sa poésie d’aujourd’hui, mais sa poésie de toujours. C’est de la poésie entortillée et brillante, et dont l’éclat n’est pas de la clarté. […] Dernières poésies (Pays, 22 décembre 1857).

104. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Paul Bourget, tout jeune qu’il fût, n’était nullement de cette école de poésie qui ressemble à celle des Lakistes à peu près comme le lac d’Enghien ressemble aux lacs de l’Ecosse. […] — pour s’enrégimenter parmi les travailleurs en poésie, parmi les hommes de la bagatelle poétique qui décrivent pour décrire, et font des vers… pour faire des vers. […] Paul Bourget revenait d’Italie et de Grèce ; plusieurs de ses poésies, et quelques-unes des plus belles, sont datées de Venise, de Florence, de Corfou. […] Parmi toutes ces poésies lyriques où la personnalité de l’auteur jette plus énergiquement son cri, M.  […] Ce n’est pas une flatterie, c’est une réalité… Lui, il comprend la poésie autrement qu’un ouvrage et le poète qu’un bon ouvrier.

105. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Poésie, science et philosophie, — II. […] C’est la poésie de l’âme qui inspire les nobles sentiments et les nobles actions comme les nobles écrits. […] Et parmi les rêves, le plus beau est la poésie. […] La poésie, c’est le regard jeté sur le fond, brumeux, mouvant et infini des choses. […] La poésie grandit la science de tout ce que celle-ci ignore.

106. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1822 »

Poésie, tome I, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1912, p. 5-6. […] Il a semblé à l’auteur que les émotions d’une âme n’étaient pas moins fécondes pour la poésie que les révolutions d’un empire. Au reste, le domaine de la poésie est illimité. […] Les beaux ouvrages de poésie en tout genre, soit en vers, soit en prose, qui ont honoré notre siècle, ont révélé cette vérité, à peine soupçonnée auparavant, que la poésie n’est pas dans la forme des idées, mais dans les idées elles-mêmes. La poésie, c’est tout ce qu’il y a d’intime dans tout.

107. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

La poésie dite légère. […] Dans cette vivacité et cette mobilité d’impressions, une vie s’en va à vau-l’eau : mais l’étoffe est riche pour la poésie. […] C’est en lui, non dans son auteur, qu’il a trouvé le pittoresque et la poésie du sujet. […] On désigne cette poésie du nom de poésie légère, ne pouvant l’appeler lyrique ; il y manque en général la passion, l’émotion, la profondeur ; et il y manque l’art. Ce sont des vers élégants, souvent jolis, parfois exquis : ce n’est pas de la poésie, ou, du moins, ce que nous mettons dans ce mot est absent.

108. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

On croyait aussi la poésie épuisée vers l’an 1820. […] Renan, au dépérissement de la poésie elle-même. […] L’erreur même a sa poésie. […] Voici quelques lignes tirées des poésies de MM.  […] Mais la poésie descriptive n’est pas la vraie poésie.

109. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Mais nul autre souffle de la poésie hébraïque ne vint-il toucher les lyres grecques d’Alexandrie ? […] C’était un sujet étrange pour la poésie que l’apothéose d’un roi mari de sa sœur et fratricide. […] La différence entre la poésie pastorale et la poésie rurale des Géorgiques, c’est la peinture de l’amour et l’expression dramatique dans la vie la plus simple. […] De là se forma chez les Grecs cet âge tardif de la poésie naturelle, l’âge de Théocrite. […] C’est autre chose que la poésie sicilienne ; c’est l’Orient même.

110. (1940) Quatre études pp. -154

Il avait été question, la veille, de la poésie d’Arthur Rimbaud. […] Poésie misérable, j’en conviens ; mais poésie cependant, puisque toute poésie est relative à son temps, aux goûts des contemporains, à leurs habitudes, à leurs désirs. […] C’était, à un moment donné et pour un temps donné, la Poésie. […] xiii : « De la poésie allemande ». […] Voir aussi le jugement porté sur l’opposition de la poésie anglaise et de la poésie française, dans la préface écrite par G. 

111. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Liberté, c’est-à-dire poésie pure, poésie complète, poésie dégagée, de tout ce qui n’est pas elle, poésie libre parce qu’elle ne veut vivre que de son essence, liberté de s’affirmer poète total. […] De là leur poésie parfois bien superficielle. […] En poésie c’est le nombre douze. […] Sa poésie et l’ineffable.  […] Oui, plus que quiconque, Mockel a horreur de la poésie abstraite.

112. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Éphémérides poétiques, 1891-1900 » pp. 179-187

Jules Laforgue : Poésies complètes. […] Arthur Rimbaud : Poésies complètes. […] André Theuriet : Poésies. […] Henry Cazalis : Poésies. […] Adolphe Retté : Poésies.

113. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Chaumié, « une des plus propres à la poésie que l’Humanité ait connue ». […] Cela, à seule fin de prouver que la race méridionale possède un fonds de poésie aussi riche que les autres. […] N’oublions pas ici que la poésie fait généralement escorte aux princes temporels. […] Je le tiens pour un des plus grands noms de la Poésie française. […] Évidemment pas que les méridionaux sont moins sensibles à la poésie que les gens du Nord.

114. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

La poésie dans les deux premiers tiers du dix-neuvième siècle. — § III. […] La poésie dans la première moitié du dix-neuvième siècle. […] Dans cette poésie délicieuse, on reste sur le seuil de beaucoup de choses ; rien ne va jusqu’à la pensée poignante. […] Cette poésie prodigieuse a fait peur presque autant qu’elle a été admirée. […] Cette idée, c’est que l’isolement est la condition du génie, et que la poésie doit se voiler aux regards vulgaires.

115. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Mais qu’est-ce qu’une pensée vraie, en poésie ? […] Au contraire, la raison, en art, en poésie, ne fait qu’un avec la nature. […] Ce caractère est sensible dans la poésie de Racine, et dans toute la littérature du siècle. […] La poésie, disait Aristote, exprime le général. […] La poésie en effet, depuis l’origine, peint l’homme, le type éternel de l’homme : qui n’en veut plus, et veut du nouveau, ne peut faire que des « monstres ».

116. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Combien de charmants livres de poésie, et dans des genres non conventionnels, on aurait ainsi ! […] Le monde est si grand et si riche, la vie si variée, que jamais les sujets pour des poésies ne manqueront. Mais toutes les poésies doivent être des poésies de circonstance, c’est-à-dire que c’est la réalité qui doit en avoir donné l’occasion et fourni le motif. […] Toutes mes poésies sont des poésies de circonstance ; c’est la vie réelle qui les a fait naître, c’est en elle qu’elles trouvent leur fond, et leur appui. […] Faites bien attention que si Gœthe ne veut pas de poésies en l’air, il ne fait pas de pensées en l’air non plus.

117. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Ils s’occupaient cependant des sciences et de la poésie ; mais ils cultivaient les sciences en astrologues, et la poésie en guerriers. […] Dans le temps même où Pétrarque mettait dans ses poésies une exagération trop romanesque, Boccace se jeta dans un genre tout à fait contraire. […] Ce n’est pas néanmoins que des mots aussi sonores soient un avantage pour tous les genres de style, ni même pour tous les genres de poésie. […] Mais qu’aurait-on pu ajouter à la perfection de la poésie après Racine ? […] Les poésies hébraïques, les complaintes de Job en particulier, ont un caractère de mélancolie qui ne ressemble en rien à celui qu’on peut remarquer dans les poésies du Nord.

118. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Sa poésie, à la fois majestueuse et précieuse, marche magnifiquement, comme les personnes de cour en grande toilette. […] Je n’ai pas dit, de ses poésies, tout ce qu’elles suggéraient dans les détails ; il y en a de charmants, ou qui le seraient si quelque trait à côté n’y faisait tache, ou s’ils n’étaient ! […] Sa poésie était semblable à cette fleur, Mais, tulipe embaumée où se cachait un pleur, Elle avait le parfum exquis de la lavande. […] Mais les grandes compositions et les longues méditations des premières poésies (1830-1845) ? […] Il désencombre la poésie, qu’étouffait le moi lyrique.

119. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

De la poésie en 1865. […] Tous les six mois il distille une goutte d’ambre qui se cristallise en poésie et qui s’ajoute à son cher trésor. […] Quand je lis des vers nouveaux, que je parcours un de ces frais recueils qui viennent de paraître, ou même un choix de poésies dans un journal, je me dis presque aussitôt : « Ah ! […] Après avoir chanté dans sa jeunesse des refrains qu’ont répétés les échos de l’Helvétie, il a pris, en vieillissant, une vocation de plus en plus prononcée pour la poésie intérieure et morale. […] Pourquoi l’oasis de poésie en France n’a-t-elle duré qu’un instant ?

120. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

Mais en poésie, où tout est Sentiment et Expression, ces deux purs dons de Dieu, comme la Beauté et la Naissance, le travail compte pour rien quand il est tout seul, et voilà pourquoi la Critique, qu’on croit dédaigneuse et qui ne veut pas même être sévère, laisse là, en fait de poésie, les violettes de la médiocrité, d’autant plus cachées sous le foin de leur gazon que leur parfum ne les trahit pas. […] Et tel est, selon nous, le premier mérite et l’honneur de cette poésie métallique, brillante, lapidaire, solide, harmonieuse comme du cristal qui tinterait contre de l’or : elle est humaine ! […] C’est le caractère, en effet, de sa poésie, que la plaie éternelle et cachée sous l’éblouissant mensonge de la forme, qui se ferme pour se rouvrir, qui vieillit, qui n’empêche pas de vivre et même de sourire, mais qui, au lieu de guérir, s’envenime. […] De tous les deuils de la pensée du poète, c’est celui dont l’expression revient le plus dans ses poésies, et il est si beau, et il y jette un éclat d’idéal si sévère, qu’on n’en voudrait pas d’autre à côté. […] Les sonnets religieux, les poésies qu’il adresse à la Vierge, marquent bien ce dernier coup d’aile de sa Muse dans le ciel chrétien où elle s’envole, et qui sait ?

121. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

La poésie de Victor Hugo en vivra. […] Une longue poésie chrysalide aboutit à une poésie ailée. […] Il a toujours tenu la poésie vraie, la « poésie même » comme un état précaire de grâce qu’il est téméraire de consolider en habitude. […] Mais en 1820, un autre nom est monté au zénith de la poésie. […] Cela se reconnaît dans sa poésie.

122. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Fusil, La Poésie scientifique de 1750 à nos jours (1917), M. […] Je ne croupirais pas dans la poésie personnelle !  […] Même intelligible aux lettrés la poésie philosophique de M.  […] Fusil, La Poésie scientifique, et de Mlle A. […] René Ghil, dont la curieuse influence sur la poésie moderne est indéniable ».

123. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Il y a quelque temps, le hasard, qui n’est pas toujours un imbécile, jeta dans nos mains un recueil de vers dont on a parlé bien sobrement, — l’auteur n’était pas de Paris, — et c’est ce recueil, très-inconnu en raison du peu qu’en ont dit les hospitaliers généreux de cette ville charmante, c’est ce recueil d’un luxe typographique qui est une poésie à lui seul que nous voulons signaler à l’attention de ceux-là qui aiment la poésie, et on ne peut l’aimer maintenant qu’avec désespoir. […] Je sais, comme vous, que dans toute poésie, quelle qu’en soit la forme ou l’étendue, il y a une lutte secrète entre l’infini du sentiment qui circule et le fini de la langue dans laquelle cet infini se renferme sans se limiter, mais ici, cette lutte, qui est le caractère glorieux et infirme de toute poésie, a lieu sur un bien plus petit espace, ce qui augmente le danger et constitue un bien plus difficile idéal. […] Tout au plus était-ce bon pour les Voiture et les Benserade, cette forme presque calligraphique de poésie. […] Naturellement, il était de l’école des Émailleurs et des Volontaires, car il n’y a que deux Écoles ou, pour mieux parler, que deux Vocations en poésie, les Volontaires et les Inspirés. […] Comme aussi dans L’Accord parfait, Sacra famés, L’État, L’Expiation, Le Mal suprême et d’autres encore qu’il est impossible d’énumérer dans cette gerbe pressée de poésies qui n’ont qu’un tort à nos yeux, c’est d’être des brins de poésie.

124. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Sincère ou de parti pris, volontaire ou inspirée, la poésie des Odes funambulesques arrive-t-elle, n’importe à quel prix, à l’émotion et à l’illusion que toute poésie doit créer dans nos âmes ? […] La Chimère porte un sein de femme, et la poésie la moins humaine peut racheter le vide de son amphore par la pureté de son contour et les beautés de sa surface. […] … Quelles poésies nouvelles sur la corde raide, sur la corde lâche et sur le fil d’archal, devons-nous subir encore ? […] Mais sous ce morceau de paillon que l’auteur des Odes funambulesques attache à l’épaule de sa Muse, il y a bien plus important qu’un poète, fût-il charmant dans le passé et eût-il pu devenir grand dans l’avenir : il y a la poésie, — la poésie telle qu’elle est acceptée, saluée et malheureusement comprise par beaucoup d’esprits de ce temps. […] C’est cette école qui, pour faire plus spectacle, a mis la poésie lyrique sur le théâtre et le théâtre dans la poésie lyrique, et a développé depuis vingt-cinq ans en nous tous, gens de vieille société ennuyée, cet amour que les peuples de civilisation excessive, à la veille de leurs décadences, ont toujours eu pour leurs histrions.

125. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Dans tous les cas, c’est là un titre beaucoup trop fort en gueule et en éclats de rire pour le recueil de poésies de ce nouveau poète, d’un nom si beau, — M.  […] Comprenez-vous le ton simple, abandonné, humilié, qui n’est plus fier, mais qui est noble encore, de cette poésie, poignante et douce ? […] M. de Châtillon est dans la poésie contemporaine un Chevalier déshérité, comme Hégésippe Moreau y est un Bohême. Seulement, cet Ivanhoë de la poésie, ce chevalier de la race des premiers Croisés, porte une autre croix que ses ancêtres. […] Il y a plus que cette exécution à reprendre dans la poésie de M. 

126. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Grande poésie avant le règne d’Auguste. […] Mais, destructeur des idoles sans rien adorer à leur place, il aura desséché la poésie tout en triomphant par elle. […] C’est la poésie lyrique en action ; et nulle part, à nos yeux, elle n’aura montré plus de grâce noble et naïve. […] Il n’en était pas de plus favorable à la poésie de tradition, à cette toile de Pénélope que tissaient les ingénieux travailleurs d’Alexandrie. […] Et, grâce à des jours plus heureux, sans mœurs plus sévères, la poésie lyrique pourra fleurir à Rome.

127. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

De Corneille à la Fontaine, quels tons de poésie sublime et naïve n’avait-elle pas créés ou reproduits ! […] Il n’en fut pas ainsi, pour lui, dans la grande et forte poésie. […] Ses premiers élans de poésie avaient célébré la prise de la Bastille. […] Citait Williams Jones, l’auteur des Études sur la poésie asiatique. […] Cette poésie eut deux formes : tantôt l’hymne religieux, tantôt l’ode descriptive et passionnée.

128. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Mais la poésie, plus encore que la prose, se pique d’être agréable à entendre. […] Il y avait là fusion ou plutôt confusion de deux arts plus éloignés encore que la poésie et la musique. […] … Quel esprit, quelle poésie y a-t-il là-dedans ?  […] La poésie dramatique et la poésie lyrique en ont surtout tiré profit. […] Les progrès de la poésie française depuis 1830 (1867).

129. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Il n’avait pas tort, ce me semble, de tenter quelque nouvelle route pour enrichir notre langue, pour enhardir notre poésie, et pour dénouer notre versification naissante. […] Rempli de la poésie des anciens et particulièrement des Grecs, la goûtant dans ses hardiesses les plus harmonieuses et les plus naturelles Fénelon savait tout le faible de la poésie moderne et de la nôtre en particulier ; il l’a indiqué encore en d’autres endroits de cette lettre, et on n’a jamais dit à une Académie accoutumée à se célébrer elle-même, ainsi que sa propre langue, des vérités plus fortes d’une manière plus douce. […] Lui et ses amis ils avaient conjuré ensemble pour que la langue française eût enfin une haute poésie, et ils se mirent incontinent à l’œuvre pour la lui donner (1550). […] La poésie française classique, à proprement parler, date bien de celui-ci, et Malherbe n’a fait que recommencer l’œuvre en la corrigeant, en la prenant d’un cran plus bas. […] Ronsard, qui n’avait pas le génie et qui n’était qu’un homme de talent poussé d’érudition, prit la poésie française au point où elle était, et vit, avant tout, un progrès à faire, une victoire à remporter sur Marot et sur Mellin de Saint-Gelais.

130. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Il ne pouvait que jeter quelques charmantes œuvres dans le cours de la poésie française, non pas le détourner ou le rectifier. […] Alors il a mis la poésie dans sa voie : il a indiqué le but, qui est d’exprimer la nature dans une forme parfaite. […] En effet, on laisse les grands modèles, Homère, Pindare : on saisit Virgile par le côté sentimental et alexandrin de sa poésie. […] , Paris, 1882 ; Abbé Froger, R. ecclésiastique, 1882, in-8 ; les Premières poésies de R. […] Magny, Odes et Poésies, Lemerre, 4 v. in-12.

131. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Vous dirai-je qu’en fait de poésie je crois aussi fermement à la supériorité de notre génie national ? […] Il me reste à vous faire apprécier le plus merveilleux instrument de la poésie française, la Rime, qui chez nous seulement est obligatoire. […] Je vous ai montré, l’an dernier, l’émulation de nos troubadours du Midi, créant la poésie italienne en Toscane et la poésie allemande dans l’école des Minnesinger. […] De même toute la poésie épique au moyen âge, sauf chez les Slaves, comme le fait remarquer M.  […] Sainte-Beuve a le premier révélé la poésie du seizième siècle ; mais ses études ont été bien accrues et bien complétées par les travaux spéciaux de MM. 

132. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Notre poésie a toujours trop ressemblé à de la belle prose. […] Et cette poésie se jouerait sur les confins de la raison et de la démence. […] La poésie de M.  […] C’est presque de la poésie avant la parole : c’est de la poésie de limbes, du rêve écrit. […] Car c’est à cela que se réduit de plus en plus la poésie de M. 

133. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

La poésie eut de bonne heure sa place dans ce concours universel : elle sut se rajeunir et par le sentiment et par la forme. […] C’est tout cela, c’est bien d’autres choses encore (car je ne puis tout énumérer) que l’on a appelé de ce nom général de Romantisme en notre poésie. […] La poésie parée, civilisée, celle des époques brillantes, ne lui paraissait, comme à Mérimée, qu’une poésie de secondes ou de troisièmes noces : il la laissait à de moins curieux et à de moins jaloux que lui. […] Mais étendons notre vue et songeons un peu à ce qu’a été la poésie lyrique moderne, en Angleterre, de Kirke White à Keats et à Tennyson en passant par Byron et les lakistes, — en Allemagne, de Burger à Uhlandet à Ruckert en passant par Goethe, — et demandons-nous quelle figure nous ferions, nous et notre littérature, dans cette comparaison avec tant de richesses étrangères modernes, si nous n’avions pas eu notre poésie, cette même école poétique tant raillée. […] Je ne suis donc et ne serai jamais qu’un demi-converti, et c’est pour cela qu’en recevant et en relisant le volume de poésies dans lequel M. 

134. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Elle prend la poésie — exclusivement la poésie — et « c’est assez !  […] Lamartine a posé sur les siennes son époque tout entière, pour lui faire passer le fleuve de poésie fausse dans laquelle elle pataugeait et se noyait, et, d’une seule haleine, il l’a portée dans l’enivrante et haute atmosphère de la Poésie vraie, — de la Poésie éternelle, qu’en France, lorsqu’il vint, on ne connaissait plus ! […] Depuis Racine, la Poésie était morte en France. […] une poésie aussi, avait remplacé l’autre poésie. […] Il y a des poètes qui meurent sans mourir, — qui deviennent les sarcophages vivants de leur poésie morte et de leur âme envolée.

135. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Il n’est pas chaque fois prompt à la colère, comme un homme mortel. » Dans le calme de cette poésie, quelle autorité puissante ! […] On y sent cette haute gravité qui élève la poésie gnomique à l’enthousiasme des prophètes. […] Telle est l’ardeur calme et vraie de cette poésie guerrière. […] Longtemps après lui, l’âme belliqueuse répandue dans ses vers plaisait au génie d’Alexandre, et ce héros rangeait ses poésies parmi les lectures qui conviennent aux rois. […] Ce n’était pas le moment d’imiter ni d’interpréter, à Rome, la poésie généreuse et virile de l’ancien Stésichore.

136. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

la poésie ne se mesure pas à la mesure du temps. […] La Poésie est une Immortelle. […] C’est un homme, et il a vécu, et c’est même tant mieux, pour sa poésie, qu’il ait vécu ! […] Elle y échappe par sa passion même… et c’est là justement ce qui fait la poésie d’Armelle et ce qui la rend incompréhensible aux esprits désorientés dans l’horizon où cette poésie aurait toute sa puissance… « Ce n’est pas sur mon bras perdu qu’il faut pleurer, — disait Saint-Hilaire à son fils, au coup de canon qui, avec son bras, emportait Turenne, — c’est sur ce grand homme qui n’est plus !  […] La poésie passe aujourd’hui par les yeux, — le plus sensuel des organes.

137. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Arriver au point juste en toutes choses, diminuer l’hyperbole, diminuer le quelque chose d’énorme que Diderot nous donnait pour la définition de la poésie, et qui n’est la poésie que pour des enfants ou pour Diderot tombé en enfance sous la pression de son matérialisme grossier ; voir clair, — expression charmante pour dire la seule chose utile et digne de l’esprit humain, tout cela n’est, certes ! pas diminuer la poésie, s’il y en a réellement dans l’Inde, et si ce n’est pas nous qui la créons, pauvres éblouis que nous sommes par les reflets de ces boules d’or tournant au soleil, avec lesquelles, comme de vrais Indiens, nous nous sommes mis à jongler ! […] Malgré tout ce qu’on en a écrit, il n’y a pas, selon nous, de vraie poésie pour les connaisseurs dans le chaos de la littérature indienne, ou, s’il y en a, c’est de la poésie de seconde main. […] Le poème dont il est question, ou, pour mieux parler, les poésies en général comme les philosophies des Indiens, en d’autres termes toutes les manifestations de leur pensée, sont marquées des caractères qui doivent distinguer un pareil peuple, et ces caractères sont tous inférieurs. […] Trouvée là comme une goutte de rosée, oubliée par le soleil, dans les feuilles brûlantes de quelque lotus desséché, cette poésie tranche sur l’esprit indien et s’en sépare tout en s’y unissant.

138. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Seulement, la Critique, plus forte que l’Imagination, ne doit voir, elle, que l’essence même de la poésie qui est en eux. […] Ils l’écoutèrent un instant, mais ne l’entendirent pas, cet astre de poésie dépaysé dans leur misérable politique. […] Et c’est ainsi que la gloire du poète parmi eux fut diminuée par le fait même de la supériorité de l’idéal de sa poésie. […] Héroïque et poétique à la fois, on aurait dit qu’il ignorait son héroïsme et sa poésie ; on aurait dit que la poésie, quelle que fût la forme qu’elle prît en lui, était si profonde qu’il n’en avait plus la conscience. […] Tel cet ignorant de lui-même et des autres, et qui, pour l’honneur de sa poésie, fut ce que j’ai appelé : « un poète sans littérature ».

139. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Elle était à la poésie, elle roule désormais à la politique ; il est orateur. […] Une pièce de lui sur le Bonheur de l’Étude eut un accessit à l’Académie française ; il la publia avec d’autres poésies en 1817. […] La mémoire fidèle de ses amis et la lecture de ses poésies touchantes ont suffi pour nous le faire apprécier et aimer. […] Aussi elle a laissé trace plus qu’on ne croirait en des esprits sérieux et qui ne sont pas tendres à toute poésie. […] Sous ce titre : Empédocle, vision poétique, suivie d’autres poésies.

140. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 133-139

Tant qu'on aura parmi nous l'idée de la belle Poésie, & le goût des véritables beautés, Rousseau sera regardé comme le Génie le plus étonnant que notre Nation ait produit. […] Si l'on apperçoit quelques défauts dans ses Odes, pour peu qu'on se connoisse en Poésie, on est tenté d'en accuser plutôt l'impuissance de l'Art, que celle du Poëte. […] Jamais la Poésie fut-elle plus touchante, plus attendrissante, plus majestueuse, que lorsqu'elle anime les différens tableaux que le pinceau du Poëte y a tracés ? […] Il est certain qu'on n'y retrouve pas cette noblesse, cette élégance soutenue, cette même force de génie qui caractérise ses Poésies lyriques ; mais on seroit injuste de ne pas y admirer une raison supérieure, une poésie nerveuse, une facilité de style, une sûreté de goût, qui décelent le grand Maître, sur-tout dans les matieres où il parle de son Art. […] On sait qu'il est le créateur de l'Allégorie, genre de poésie que ni lui ni ses Imitateurs n'ont point encore porté au degré de perfection dont il est susceptible, mais qui n'en prouve pas moins la fécondité de son imagination.

141. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

En elles-mêmes et d’après leur nature, la poésie et la science, de même que la philosophie, ne sauraient être séparées. […] « Est-il bien vrai, dit-il, que la maturité de la science la prépare en effet à un hymen suprême avec la poésie ? […] N’y a-t-il pas là pour la poésie une matière inépuisable ? […] Excellente méthode en philosophie, dangereuse en poésie. […] Voir, dans la Revue du 15 mai 1874, notre étude sur les Poésies philosophiques, de L. 

142. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Jeté entre Henri IV et Richelieu, c’est un poëte de régence, le favori de ces jeunes seigneurs que Richelieu décapitera (Bouteville, Montmorency) ; sa poésie libertine eût dû se ranger sous le grand Cardinal. […] Il redevient peintre en parlant poésie. […] Bazin, quoi qu’il en soit, a très-bien rapporté le caractère de la poésie de Théophile à la date politique qui y correspond. […] L’un fait de la poésie d’homme gras, l’autre de la poésie d’homme maigre, voilà la différence !  […] Boileau et Racine remirent en honneur le régime des honnêtes gens en poésie.

143. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

L’abstraction disparaîtra de la poésie de ce peuple, et le mystère y naîtra. […] Et ce morceau, d’une forme inusitée de style, ressort d’autant mieux qu’il est entouré d’une poésie toute différente. […] Nous prendrons dans les poésies de M.  […] Hugo en particulier, ont encouru le reproche de faire de la poésie pour les yeux et d’introduire une sorte de matérialisme poétique. […] En géométrie, comme en poésie, comme en tout, la comparaison est la grande route de l’esprit humain.

144. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

La poésie écrite et chantée commence son œuvre, déduction magnifique et efficace de la poésie vue. […] Qui dit poésie dit philosophie et lumière. […] La poésie est un coup d’aile. […] La poésie est élément. […] L’éternelle poésie se répète-t-elle ?

145. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Pratiquement, par l’exemple, il orientait contre le naturalisme, et vers l’idée d’une poésie pure ; on ne trouverait point trace de son voisinage chez les meilleurs d’entre nous, à tel ou tel vers, mais peut-être dans des tenues générales d’un livre. […] Il n’y a aucune raison pour que cette vérité s’infirme en 1888, car notre époque ne paraît nullement la période d’apogée du développement intellectuel. — Ceci dit pour établir la légitimité d’un effort vers une nouvelle forme de poésie. […] La question de césure, chez les maîtres de la poésie classique, ne se pose même pas1. […] En somme, le vers libre serait l’aboutissement nécessaire du poème en prose, créant une poésie à côté, des proses et des cantiques, à côté de la loi et des liturgies. […] Elle touche d’ailleurs à la destinée de cette technique qui ne doit pas rester confinée à la poésie personnelle ou à la poésie décorative.

146. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 124-134

Les sentimens de M. d’Alembert sur la Poésie, par exemple, ne sont nullement d’accord avec les principes fondamentaux & consacrés par l’aveu de tout le monde. […] Assujettir les fictions, les images, la hardiesse, les écarts de la Poésie au ton lourd & pénible de la vérité, c’est ôter à l’esprit humain ces charmes séducteurs qui l’attachent, le captivent & lui font goûter le vrai qu’ils ont embelli. […] La Poésie a toujours été regardée comme une imitation de la Nature, & non comme une science de raisonnement ; elle est l’art de peindre, non l’art d’enfiler des pensées. […] Quand nous disons Poésie, nous ne prétendons pas la réduire à la simple versification : on sait en particulier que Mallebranche n’a fait que deux vers en sa vie, qui l’ont même rendu ridicule : nous parlons de cette Poésie, qui bien loin d’être ennemie de la prose, en est l’ame & l’ornement. […] Il est à croire qu’il en a fait autant à l’égard de ses principes sur l’Eloquence, qui sont à peu près les mêmes que ses principes sur la Poésie, & qu’on peut réfuter par les mêmes réponses.

147. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Il y va de l’intérêt de la poésie. […] Le παντα ρει universel englobe la poésie comme la vie elle-même. […] Nous venons de parler des intransigeants de la poésie dont M.  […] Ce n’est pas du nombre de syllabes que dépend la poésie. […] Les premières assonances qui parurent dans la poésie française sont masculines.

148. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Ayant à juger, non sans quelque délicatesse particulière de situation, un confrère et successeur en poésie, M. […] Depuis quelque temps, on établit en poésie un grand chemin à pente inévitable de Virgile à Lucain et de Lucain à Claudien. […] Théophile Gautier en manque trop souvent dans sa poésie et surtout dans ses romans. […] Je n’ai pas dit de ses Poésies tout ce qu’elles suggéreraient dans les détails ; il y en a de charmants, ou qui le seraient si quelque trait à côté n’y faisait tache, ou s’ils n’étaient en général compromis et comme enveloppés par le reflet, une fois reconnu, de l’ensemble. […] Théophile Gautier, à la date où j’écrivais ceci, n’avait point donné encore son recueil de Poésies complètes (1845), où il a inséré quantité de charmantes petites pièces, élégies et fantaisies, qui sont d’un bien véritable et bien ingénieux poëte.

149. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

Alors même qu’elle ne penserait pas que la poésie est la plus belle et la plus difficile des choses littéraires, alors qu’elle partagerait pour ce langage des dieux, méprisé des goujats, l’indifférence dédaigneuse des fortes têtes de son siècle, la Critique ne peut pas plus laisser inaperçu un livre de vers signé Auguste Barbier, qu’un poème de Lamartine et des recueils de poésies de Victor Hugo et d’Alfred de Musset. […] Parmi les grands succès contemporains, — (et dans ce temps-là on aimait la poésie pour elle-même, on n’avait pas les ineptes dégoûts d’à présent,) — rien de plus prompt ne s’était produit. […] Le recueil de poésies qui vint après celui-là, plus considérable et plus grave que les Odelettes, montre que, dès les Odelettes, le poète inspiré n’était plus. […] — mais par quelles odieuses petites bêtes le Crotoniate de la poésie lyrique et satirique du xixe  siècle aura-t-il été dévoré ! […] Et c’était là le poète, cependant, que les Anciens auraient appelé le Iambique, et qui nous a laissé ces douze Ïambes superbes, zodiaque de poésie dont il a été le soleil !

150. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Mais cette poésie, on peut le dire, faisait partie de l’action même ; elle était comme l’appareil et le langage sacramentel du patriotisme et du courage. […] Cicéron, studieux amateur de l’ancienne poésie de Rome, parle des hymnes, des éloges en vers chantés aux repas funèbres et conservés dans le pieux souvenir des familles, à la suite des obsèques de quelques grands citoyens. […] Il avait vu au théâtre de Rome ce personnage renouvelé par le poëte, avec des nuances plus pures et plus douces, qui le faisaient s’écrier : « Ô poésie touchante ! […] Ces accents de poésie, ces effrois de l’imagination, étaient comme assortis aux crises dernières de la liberté de Rome. […] Mais auparavant, il est curieux pour l’histoire et pour l’art de recueillir certains effets soudains et populaires de cette poésie des Ennius, des Pacuvius, des Accius.

151. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Ce n’est pas un poème d’haleine courte, comme les meilleures poésies de ce temps pulmonique, asthmatique et lyrique, qui n’a que des cris et des soupirs… quand il en a. […] Ainsi, on peut se demander si c’est là de la poésie naïve ou de la poésie raffinée, sous couleur de naïveté… si le poète qui s’est traduit lui-même dans une de ces traductions interlinéaires, lesquelles plaquent brutalement le mot sur le mot et sont le plâtre sur le visage vivant, ne serait pas, après tout, un de ces profonds et savants comédiens intellectuels, comme ce faux moine de Chatterton, par exemple, qui se composa à froid une inspiration à laquelle se prit, un moment, l’Angleterre ? […] Poésie de terroir ou poésie d’âme individuelle, toutes les deux sont à lui au même titre et font également sa poésie, car les poètes vraiment grands sont ton-jours le résultat de deux hasards sublimes. […] Cette poésie ne nous donne plus la sensation ordinaire de l’Étrange, mais la sensation extraordinaire du Naturel, tel que les Anciens l’ont conçu et réalisé toujours, et Shakespeare quelquefois après eux. […] Seulement, disons-le lui en finissant, il y avait une question plus importante et plus élevée que la question de la langue provençale et du succès actuel de Mirèio qui peut très bien attendre : c’était la question des patois en poésie ou en littérature, question qui n’a jamais été posée carrément et qu’il était hardi et convenable ici de poser.

152. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Du reste, l’oubli que nous prédisons à ces tristes poésies sera du respect encore. […] Hugo ne vantent eux-mêmes que deux poésies de ce volume (deux sur presque cent !!) […] Cette poésie est de ces derniers temps : elle est datée de Marine-Terrace et de l’année 1855. […] car si le poète était banni alors, sa poésie n’était pas exilée et elle habitait parmi nous. […] Les uns sont morts, comme Alfred de Musset, dont la poésie était morte, même avant lui.

153. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Le premier s’intitulait Amour et Foi, le second Poésie catholique. […] Le caractère qui me frappe le plus dans la poésie de M.  […] Turquety, de le citer en ce que sa poésie a d’aimable, plutôt que d’insister sur ce qu’elle laisse à désirer pour l’idée. […] Il y règne parfois un mysticisme de langage amoureux qui rappelle certaines poésies du commencement duxvii e siècle. […] À travers beaucoup d’incorrections et des formes légèrement étranges, un parfum primitif et franc respire dans l’ensemble de ces poésies.

154. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

On ne saurait rendre l’ampleur et le procédé habituel de cette poésie, si on ne l’a entendue dans son récitatif lent et majestueux ; c’est un flot large et continu, une poésie amante de l’idéal et dont l’expression est toute faite aussi pour des lèvres harmonieuses et amies du nombre. […] Vous voulez rendre la vie à la poésie, et vous lui retirez ce qui est la vie même de l’Univers : l’amour, l’éternel amour. […] Mais c’est le mal du siècle tombé dans une nature intellectuelle, et c’est une poésie dont le tissu premier est une trame d’idées. […] Leconte de Lisle dans l’évolution de la poésie contemporaine qu’en disant qu’il y a réintégré le sens de l’épopée. [L’Évolution de la poésie lyrique (1894).]

155. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

La poésie de Boileau : impressions d’un bourgeois de Paris. […] Est-ce de la poésie ? Je ne sais : car qui décidera s’il y a, s’il peut y avoir une poésie vraiment, absolument réaliste ? […] La matière de sa poésie est petite, le champ de son talent est étroit : mais la perfection de sa forme le fait grand, et donne une rare valeur à son œuvre. […] L’imitation de la nature est le principe de la beauté dans la poésie : mais quelle nature imitera-t-on ?

156. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Sa douleur, comme dans toutes les âmes émues, devient poésie sous sa plume. […] Le siècle n’avait point de poëte français en vers, point d’orateur en action ; il adopta cette femme comme la poésie et l’éloquence de l’époque. […] La poésie est le langage naturel à tous les cultes. […] La poésie dramatique est admirable dans nos premiers écrivains ; la poésie descriptive, et surtout la poésie didactique a été portée chez les Français à un très-haut degré de perfection ; mais il ne paraît pas qu’ils soient appelés jusqu’à présent à se distinguer dans la poésie lyrique ou épique, telle que les anciens et les étrangers la conçoivent. […] Nous avons en français des chefs-d’œuvre de versification ; mais comment peut-on appeler la versification de la poésie ?

157. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Tissot. Poésies érotiques avec une traduction des Baisers de Jean Second. »

C’est une religion que sa poésie ; la poésie de Béranger est une pensée ou mieux une opinion populaire. Ces idées nous font apprécier l’ensemble des poésies érotiques de M.  […] Ce n’est donc pas, disons-le franchement, dans les poésies originales qu’est pour nous le mérite de la nouvelle publication de M.  […] Décidément, doué d’une âme d’artiste, et pressé de la produire, tour à tour peintre, sculpteur, graveur, c’est-à-dire toujours poète, il semblait essayer tous les langages imparfaits de la poésie, comme s’il n’en trouvait aucun d’assez expressif et qui lui allât à son gré. […] Tissot, déjà honoré à sa première publication du suffrage de Chénier, nous paraît un service de plus rendu par le respectable écrivain à la poésie et aux lettres latines, dont il fait passer dans notre langue une des plus agréables productions.

158. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Ces deux livres sont les poésies lyriques, philosophiques et religieuses de M. de Laprade, et un autre dont je vais vous parler après. […] Laprade est en poésie ce que Beethoven et Liszt sont en musique : ce sont des esprits aériens. […] Ces poésies sont des Heures de l’âme poétique ; ces vers sentent l’encens. […] Mais, malgré cela, nous n’aimons pas la poésie politique : c’est aux grands philosophes et aux grands orateurs d’exprimer ces vérités dans leurs livres ou dans leurs harangues ; la poésie n’y doit pas toucher, ou elle ne doit y toucher que bien rarement. […] C’est à la prose de parler de ce qui passe ; c’est à la poésie de parler de ce qui est éternel.

159. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

De là date une poésie que l’on peut définir : la poésie pour tous. […] plus de poésie !  […] Mais la musique était elle-même un acheminement vers la poésie. […] La poésie anime et colore partout le style de M.  […] Sa plus chère, sa seule maîtresse, c’est la poésie.

160. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

C’était le printemps même, tout un printemps de poésie qui éclatait à nos yeux. […] Tous ces brillants couplets et ces jets de verve que leur succès même a usés depuis, mais qui dans la poésie française étaient alors si nouveaux : Amour, fléau du monde, exécrable folie, etc.  […] Pour Alfred de Musset, la poésie était le contraire ; sa poésie, c’était lui-même, il s’y était rivé tout entier ; il s’y précipitait à corps perdu ; c’était son âme juvénile, c’était sa chair et son sang qui s’écoulait ; et quand il avait jeté aux autres ces lambeaux, ces membres éblouissants du poète qui semblaient parfois des membres de Phaéton et d’un jeune dieu (se rappeler les magnifiques apostrophes et invocations de Rolla), il gardait encore son lambeau à lui, son cœur saignant, son cœur brûlant et ennuyé. […] Ses volumes, je l’ai remarqué ailleurs, faisaient partie des corbeilles de noces, et j’ai vu de jeunes maris élégants le donner à lire à leurs femmes, dès le premier mois, pour leur former l’esprit à la poésie. […] Il était d’une génération dont le mot secret, le premier vœu inscrit au fond du cœur, avait été la poésie en elle-même, la poésie avant tout. « Dans tout le temps de ma belle jeunesse, a dit l’un des poètes de cette même époque, j’ai toujours été ne désirant, n’appelant rien tant de mes vœux, n’adorant que la passion sacrée », la passion, c’est-à-dire la matière vive de la poésie.

161. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille Lundi 13 novembre 1854. […] » Il me semble qu’on ne peut demander à la critique d’une époque rien de plus net et de plus formel que ces jugements : elle ne saurait aller plus loin sans faire elle-même office et acte de poésie. […] Saint-Lambert manquait des sources vraies d’où s’alimente le genre de poésie naturelle qu’il cultivait. […] En parlant ainsi, je touche aux vraies sources de cette poésie que Saint-Lambert a manquée17.

162. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Mais le critique littéraire a un autre devoir que celui qui lit pour son plaisir ; il se préoccupe de la suite, de l’avenir de la langue et de la poésie. […] Pour les poésies en l’air, je n’en fais aucun cas. » Les Regrets de Du Bellay ne sont plus des poésies en l’air, et c’est ce qu’on en aime. […] On aurait à conférer ses poésies latines avec les poésies françaises qu’il faisait presque en même temps sur les mêmes sujets. […] Il contient les poésies de la seconde manière. […] Il a, de plus, extrait des poésies latines de Du Bellay ce qui intéresse plus particulièrement sa vie.

163. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

Coppée, en dépit d’un secret penchant à l’imitation, une vraie source de poésie. […] François Coppée, ce n’est qu’un thème à poésie. […] Coppée n’en a pas moins ce grand mérite d’avoir, le premier, introduit dans notre poésie autant de vérité familière, de simplicité pittoresque, de « réalisme » qu’elle peut en admettre. […] [L’Évolution de la poésie lyrique (1894).] […] Poète, il est un des quatre ou cinq qui, depuis Victor Hugo, représentent quelque chose d’essentiel dans le développement de la poésie française.

164. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nerval, Gérard de (1808-1855) »

Paul de Saint-Victor La poésie n’était pas pour lui ce qu’elle est, ce qu’elle doit être pour les autres, une lyre qu’on prend et qu’on pose pour vaquer aux choses extérieures ; elle était le souffle, l’essence, la respiration même de sa nature. […] L’application de la poésie à la musique le tourmentait aussi beaucoup. […] Toutefois on peut conclure du soin avec lequel il recueillait les chants populaires de sa province (le Valois), tous ces petits poèmes où les soldats, les forestiers, les matelots ont exprimé leurs passions ou leurs rêves, qu’il faisait plus de cas, en poésie, du sentiment que de l’art. Il prétendait que l’assonance peut suppléer la rime — la rime surtout était un grand obstacle à la popularité des poésies, en ce qu’elle rendait le récit poétique lourd et ennuyeux. […] Voici quelques pierres rares, choisies par un artiste, que la poésie trouvera digne d’embellir sa parure.

165. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Le ciel de l’art et de la poésie se dépeuple. […] Lebrun a toute raison de dire « Ce sera du moins une nouveauté que des poésies laissées un demi-siècle en porte-feuille. […] Quant à sa poésie elle-même, un dernier mot. […] Une telle poésie existe de droit et se justifie à elle seule. — Poésie modérée, bien que depuis lors nous en connaissions une autre, grande, magnifique, souveraine, et que nous nous inclinions devant, et que nous l’admirions en ses sublimes endroits ; — poésie d’entre-deux, moins vive, moins imaginative, restée plus purement gauloise ou française, plus conforme à ce que nous étions et avant Malherbe et après ; — poésie qui n’es pas pour cela la poésie académique ni le lieu commun, et qui as en toi ton inspiration bien présente ; qui, à défaut d’images continues, possèdes et as pour ressources, à ton usage, le juste et ferme emploi des mots, la vigueur du tour, la fierté du mouvement ou la naïveté du jet ; poésie qui te composes de raison et de sensibilité unies, combinées, exprimées avec émotion, rendues avec harmonie ; puisses-tu, à ton degré et à ton heure, à côté de la poésie éclatante et suprême, te maintenir toujours, ne cesser jamais d’exister parmi nous, et d’être honorée chez ceux qui t’ont cultivée avec amour et candeur ! lorsqu’en tout genre les choses modérées disparaissent, puisses-tu ne pas disparaître comme elles, poésie légitime et modérée !

166. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Ces premières poésies légères de La Fontaine sont dans le goût de Voiture et de Sarrasin et ne s’élèvent guère au-dessus des agréables productions de ces deux beaux esprits ; on sent seulement que chez lui le flot est plus abondant et plus naturel. […] C’est alors que Lamartine paraissant trouva en poésie des accents nouveaux qui répondirent à ce vague état moral des imaginations et des cœurs. […] Il est tout simple que le grand représentant de cette poésie qui avait toujours manqué à la France, s’en prenne à La Fontaine qui est l’Homère de la vieille race gauloise. […] Sortira-t-il de la lutte amoindri et tant soit peu diminué en définitive, et cette belle poésie première de Lamartine, qui a excité tant d’émotions, fera-t-elle baisser d’un cran la sienne, si naturelle, si précise et si parlante ? […] [NdA] « La Fable n’était, chez La Fontaine, que la forme préférée d’un génie bien plus vaste que ce genre de poésie », a dit M. 

167. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Des Essarts, Emmanuel (1839-1909) »

Des Essarts, Emmanuel (1839-1909) [Bibliographie] Poésies parisiennes (1862). — Les Élévations (1864). — Les Voyages de l’Esprit, critiques (1869). — Origines de la poésie lyrique en France au xvie  siècle (1873). — Les Prédécesseurs de Milton (1875). — Du génie de Chateaubriand (1876). — Éloge de la Folie, d’Érasme, traduction (1877). — Poèmes de la Révolution (1879). — Portraits de maîtres (1888). […] Il a déjà donné deux recueils, les Poésies parisiennes et, en dernier lieu, les Élévations. […] De la poésie en 1865.] […] Parfois la robe à la mode dont sa muse est revêtue dans les Poésies parisiennes prend des plis de tunique et appelle quelque chaste statue grecque. […] Emmanuel des Essarts a employé ce rythme une fois avec bonheur dans ses aimables Poésies parisiennes, mais en le compliquant d’une difficulté inutile.

168. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Manuel, Eugène (1823-1901) »

. — Pendant la guerre, poésies (1871). — L’Absent, drame (1873). — En voyage, poésie (1890). — Poésies de l’école et du foyer (1892). […] Manuel s’était déjà fait connaître du public qui aime la poésie par un volume dont le titre indique les tendances et l’esprit : Pages intimes. […] Une lumière idéale enveloppe sa poésie et jette son voile d’or sur les réalités de la vie ou de la nature. Il y a comme deux courants distincts, dans la poésie de M. 

169. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

. — Poésie des liturgies chrétiennes. — Lyrisme populaire et lyrisme savant. […] Le culte mosaïque n’était que chant et poésie. […] De là, les accents de vraie poésie élégiaque, admirés dans Grégoire de Nazianze, mais qui ne devaient pas nous faire oublier son génie lyrique. […] Mais cet enthousiasme, dernière forme de la poésie antique, il l’exhale d’un cœur ému, sous l’invocation, sous la présence du Christ. […] Synésius n’est pas un imitateur de formes élégantes, un travailleur industrieux en poésie, comme il s’en rencontre dans les siècles de décadence.

170. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

De la poésie en 1865. […] La littérature et la poésie ont peu à y glaner, et, à ce propos, je me permettrai de dire à M.  […] Sa poésie, pour nous, expression fidèle de sa manière d’être, est trop directe ou trop linéaire, si je puis dire ; elle ne passe point par une création : c’est une poésie qui a du nombre, un certain éclat, mais qui ne se transforme et ne se transfigure jamais à travers l’imagination. […] Un des hommes qui ont droit d’avoir un avis sur la littérature et la poésie provençales et languedociennes, M.  […] Poésies de la dernière saison, par Évariste Boulay-Paty, avec une Notice par M. 

171. (1888) Portraits de maîtres

Les poésies apocryphes de Clotilde de Surville viennent sous ses yeux. […] C’est un Meschacébé de poésie. […] Il apprit surtout l’anglais dont sa poésie profita plus tard : car chez lui nous trouvons plus que chez Lamartine et Musset des rapports avec cette poésie anglaise, si ornée, si élégante et en même temps si serrée et si précise, avec la poésie de Milton. […] On dirait même qu’il s’attribue le privilège de la poésie pensée. […] Ici même cette poésie souriante a son reflet de grandeur.

172. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

1841 Tout le monde est plus ou moins poëte à un certain âge de la vie ; mais, indépendamment de cette poésie de jeunesse et de quinze ans, de cette poésie du diable, comme l’appelle M. […] Ayant à parler d’un recueil de poésies choisies, d’une Anthologie française, M. […] Fidèle au corps d’élite de la poésie, M. […] Il paraît que les poésies en langue celtique que M. […] L’inspiration bretonne, même là où elle est le plus présente, ne communique à la poésie de M.

173. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Il nous donnera une poésie lyrique, une littérature pittoresque, une histoire vivante. […] Et ici, il avait de la peine à faire rentrer Lamartine dans le cadre où il enfermait la poésie contemporaine. […] Il entend la poésie de telle façon qu’il en élimine l’élément poétique. […] Voici une simple liste qui nous aidera à comprendre sous quelle pression du milieu a éclaté la poésie romantique : 1809. […] Raynouard,Choix de poésies originales des troubadours, 6 vol. in-8. 1817.

174. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Millevoye, Charles (1782-1816) »

Millevoye, Charles (1782-1816) [Bibliographie] Les Plaisirs du poète, suivi de poésies fugitives (1801). — Armand, ou les tourments de l’imagination et de l’amour (1802) […] — Étrenne aux sots (1802). — Satire des romans du jour (1803). — L’Amour maternel, poème (1805). — L’Indépendance de l’homme de lettres (1805). — La Bataille d’Austerlitz, poème (1806). — L’Invention poétique (1806). — Le Voyageur (1807). — Belzunce ou la Peste de Marseille, suivi de poèmes (1808). — Les Bucoliques, trad. du latin (1809). — Hermann et Thusnelda, poésie lyrique (1810). — Les Embellissements de Paris (1811). — La Mort de Rotrou (1811). — Charlemagne, poème en dix chants (1812). — Élégies, suivies d’Emma et Eginard (1812). — Goffin, ou le Héros liégeois (1812). — Poésies diverses (1812). — Alfred, poème (1815). […] Millevoye, le même dont nous venons de parler, vient de donner au public un recueil de ses poésies. […] [ Histoire de la poésie à l’époque impériale (1844).] De Pongerville Millevoye, cependant, ne s’élève au premier rang que dans l’élégie, le fabliau, la poésie délicatement érotique où l’esprit est toujours l’intermède de la volupté.

175. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delavigne, Casimir (1793-1843) »

. — Poésies diverses (1823). — Trois nouvelles Messéniennes (1824) […] — Messénienne sur lord Byron (1824). — Sept nouvelles Messéniennes (1827). — La Princesse Aurélie, comédie (1828). — Marino Falieri, tragédie (1829). — Nouvelles Messéniennes (1830). — La Parisienne, hymne, musique d’Auber (1830). — Messéniennes et poésies diverses (1831) […] À propos de Delaroche, sa peinture est la meilleure idée approximative qu’on puisse donner de la poésie de M.  […] Gustave Planche Le style de Louis XI est quelque chose d’inouï et de merveilleux : c’est une sorte de poésie acrobatique, où l’alexandrin, entre deux rimes qui ne sont pas toujours sœurs, exécute, sans balancier, les évolutions et les pas les plus variés. […] J’ai trouvé que l’École des vieillards ne manquait ni de vérité ni de force, et que la confession de Louis XI à François de Paule était une scène singulièrement dramatique ; et j’ai goûté, dans les Poésies posthumes, le rythme berceur et le charme gris des Limbes… Je n’avais pas lu Une famille au temps de Luther, mais j’en avais d’avance une assez bonne opinion, et je comptais que la représentation serait pour le moins intéressante.

176. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IX. »

Plus tard, dans ce bel âge de poésie que commencera Pindare, nous retrouverons encore l’accent lyrique se mêlant à la philosophie chez un peuple amoureux des arts. […] En quel pays plus que la Grèce dut-il se rencontrer une poésie anonyme et populaire ? […] De là souvent une licence de langage qu’excitait la corruption même du culte ; mais, souvent aussi, une noble poésie, dans l’expression même de ce que la vertu devait condamner. […] Ce style gracieux, mais inégal, ces mètres faciles et simples, nous rendent-ils la poésie hardie et savante de celui que les anciens avaient rangé parmi leurs grands lyriques ? […] Peut-être n’avons-nous d’Anacréon que ses poésies les plus durables, parce qu’elles étaient les plus vulgaires ; peut-être ont-elles été mêlées, dans les âges suivants, de quelques copies inférieures au modèle.

177. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

C’est l’épouvante jusqu’à la poésie de l’épouvante ! Gui, sous les lignes brisées de ce grand dessin géométrique qu’on aperçoit encore en ces Pensées, comme le plan interrompu d’une Pompéï quelconque après le tremblement de terre qui l’a engloutie, il y a une poésie, une poésie qu’on ne connaissait pas avant Pascal, dans son siècle réglé et tiré à quatre épingles ; la poésie du désespoir, de la foi par désespoir, de l’amour de Dieu par désespoir ! une poésie à faire pâlir celle de ce Byron qui viendra un siècle plus tard, et de ce Shakespeare qui est venu un siècle plus tôt ! […] Poésie naïve s’il en fut, celle-là, car elle ne se sait pas poésie, et quand elle le saurait, elle ne s’en soucierait pas ! […] l’enfer a été la source de la formidable poésie de Pascal.

178. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

L’intériorité toute allemande qui s’exprime dans la plupart de ses poésies confirme la signification que l’on attribue à l’influence locale sur le développement des artistes. […] Sa prosodie imprécise a rendu plus musicale la poésie française, qui se surchargeait de couleurs pittoresques et se raidissait en structures architecturales. […] Il a passionné une poésie qui risquait de se sécher dans les œuvres immobiles et brillantes des Impassibles. […] Et dans cette inimitable poésie, il nous a dit toutes ses ardeurs, toutes ses fautes, tous ses remords, toutes ses tendresses, tous ses rêves, et nous a montré son âme si troublée mais si ingénue. […] saint François d’Assise s’affirment avant tout ascétiques et la poésie ne peut qu’accessoirement les réclamer.

179. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Ils découvraient l’inconscient ; ils le proclamaient objet de poésie. […] Pour moi, je suis au contraire frappé du peu que pèse la poésie symboliste envisagée non pas précisément du point de vue des « idées », cher à M.  […] Là est ce qui donne tant de fraîcheur à la poésie tourangelle de M.  […] Là enfin est la seule source où la poésie actuelle trouve encore de l’inspiration neuve. […] Si la poésie née du symbolisme donne les fruits que nous devons en attendre encore, si un théâtre de poésie neuve forme l’oreille du public, si les essais critiques qui se poursuivent actuellement sur l’essence et le rythme du vers français continuent eux aussi à assurer et à affiner le sens poétique, jamais plus riche matière n’aura été offerte à l’exercice du goût conscient et aux délicatesses de l’analyse.

180. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

C’est avec Xénophane que la philosophie grecque nous parlé pour la première fois la langue de la poésie. […] Par un autre côté, cependant, les fragments de poésies conservés sous son nom intéressent nos recherches. […] ne semble-t-il pas rentrer dans ce trésor de sentiments et d’images qui, chez les Grecs, faisaient de la philosophie même une seconde poésie ? […] Mais cela même atteste un ordre d’élévation intellectuelle et mystique lié de près à la poésie, et que nous retrouvons à différents âges de l’esprit humain. […] Ce n’est pas encore la loi de justice et d’amour qui devait enflammer le monde, et y répandre une nouvelle poésie.

181. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Jamais cette poésie de l’hymne religieux ou de l’hymne guerrier, de l’adoration divine ou de l’ardeur patriotique, n’éclata dans des vers plus hardis, d’un tour plus extraordinaire et plus libre. […] Une autre poésie s’était élevée, depuis plus d’un siècle, puissance bien assortie aux troubles des états libres, n’épargnant ni le vice ni la vertu, et promenant de Paros à Corinthe son fouet injurieux. […] Grâce à la poésie et à la gloire, Pindare n’était pas compris dans cet anathème de sa ville natale. […] Quelle poésie dans ce langage ! […] Ce jour-là, dans les fêtes d’Athènes, le génie de la liberté et de la poésie jetait, un siècle d’avance, les fondements de la grandeur d’Alexandre et commençait la conquête de l’Orient.

182. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Poésies et correspondance recueillies et publiées par M.  […] Le recueil des Poésies de François Ier, que vient de publier M.  […] Gaillard, qui avait feuilleté en manuscrit les Poésies du prince, a noté avec sens les meilleurs vers qu’on y distingue. […] Les Poésies de François Ier eussent reparu assez hors de propos en cette ère nouvelle. […] Aimé Champollion, pour avoir exhumé et mis au jour cet ensemble des royales poésies.

183. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Cet aïeul d’Alfred de Musset cultivait la poésie. […] malheureusement non : tout n’était pas original dans cette poésie charmante et bouffonne du nouveau poète. […] C’était la musique, ou plutôt c’était la poésie sous figure de femme. […] Le ricanement de l’indifférence sur les lèvres, du plaisir pour de l’or et de l’or pour le plaisir dans la main : voilà ta poésie ! […] la poésie se dégradant au tour de force comme une danseuse de corde !

184. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

A mon sens, il y aurait pourtant à gagner beaucoup, même pour des points actuels et toujours pendants d’art et de langage poétique, à cette appréciation exacte, à cette divulgation fidèle de la poésie ancienne originale, et il n’y a que la poésie grecque qui ait en elle cette première originalité. […] qu’en allant au fond de l’art et de la poésie grecque, on arrive à je ne sais quel mélange de laideur et de beauté, et qu’on rejoigne le caractère sauvage, souvent rude et, en tous cas, plus compliqué, de la poésie du Nord, de la poésie shakspearienne ! […] Or ces analogies heureuses n’avaient guère servi de rien à notre langue en poésie, jusqu’à ce qu’André Chénier fût venu montrer qu’il n’était pas impossible d’y revenir. […] La poésie des Latins, au contraire, était née tard et d’une étude savante ; elle n’avait pas eu d’enfance. […] La hardiesse de l’expression ne dépasse nullement ce qui est ordinaire à la poésie grecque et à celle de Méléagre en particulier.

185. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Soyons de bonne foi : uniquement parce qu’il y a des hommes, d’ailleurs de talent, qui n’ont pas senti notre poésie versifiée, cela prouve qu’elle n’est pas notre seule poésie, car le propre de la poésie est d’être sentie par tous. Notre poésie versifiée n’a reçu sa perfection que dans un siècle de politesse extrême : il en a été de même chez les Romains. Lorsque la poésie française a voulu s’exprimer en prose, elle a dû affecter l’imitation de la langue grecque ; lorsqu’elle a voulu s’exprimer en vers, elle a dû affecter l’imitation de la langue latine. […] Chez les Grecs, la poésie s’est souvent réfugiée dans la prose ; chez les Romains, elle a dédaigné cet asile. […] Le seul écueil que nous ayons à éviter, lorsque nous voulons introduire la poésie dans la prose française, c’est, à mon avis, l’imitation de la poésie latine.

186. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

On y admire, à chaque page, un art séduisant de peindre & d’animer tous les objets, de présenter à l’imagination les détails de la Physique avec toutes les richesses de la Poésie. […] Sous prétexte d’être exact dans l’expression, le Poëte a dénué ses Vers de Poésie. […] D’ailleurs la Poésie n’a-t-elle pas ses priviléges ? […] Racine, celui de tous nos Poëtes, qui, après son pere, a le mieux connu le mécanisme de notre Langue, se fût abandonné à son génie, dans le Poëme de la Grace, au lieu de s’engager dans des discussions déplacées, cet Ouvrage eût été un nouveau modele de Poésie didactique, & la réponse la plus complette à toutes les objections contre ce genre de Poésie. […] Ses Réflexions sur la Poésie, où plusieurs Auteurs ont souvent puisé sans s’en vanter, annoncent un Homme profond dans la Littérature.

187. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Hugo le triomphe le plus complet que la poésie pût obtenir. […] Hugo a souvent dépassé les limites de la poésie. […] Il est très vrai que la France, il y a sept ans, aimait le spectacle, et préférait la poésie qui se voit à la poésie qui se comprend. […] Hugo, en écrivant la préface de Cromwell, n’a voulu prouver qu’une seule chose : que la poésie dramatique est la première de toutes les poésies, et qu’avant Shakespeare cette poésie n’existait pas. […] Hugo aussi loin de la poésie que de l’histoire.

188. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « SUR ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 497-504

S’il avait survécu à la Terreur, c’était bien différent : il est à croire que le côté politique, qui fait la moindre portion et comme un accident de son œuvre actuelle, se fût de beaucoup accru et développé ; que nous aurions eu de lui plus d’ïambes et de nobles invectives, des hymnes guerrières et tyrtéennes, quelque grande et romaine poésie du Consulat. […] Grâce à cet anachronisme qui eût glacé tant d’autres, les Poésies d’André Chénier, nées comme à part de leur siècle, ne pouvaient tomber plus à propos, et elles se firent bien vite des admirateurs d’élite qui les poussèrent au premier rang dans l’estime. […] Toute sa poésie depuis 89 jusqu’en 94, depuis son Jeu de Paume jusqu’aux vers inachevés du dernier ïambe, autorise cette conjecture. […] Lorsque les Poésies d’André Chénier parurent, sous la Restauration, les circonstances étaient fort différentes de celles au milieu desquelles il avait écrit, mais elles n’en étaient que plus propices au succès du poëte. […] Littérairement, et après le bouillonnement écumeux de sa première moitié, la Restauration peut être comparée à une espèce de lac artificiel, qui cessa du moment où les écluses s’ouvrirent, mais qui se prêta assez longtemps aux illusions et aux jeux de l’art, de la philosophie, de la poésie ; on y voguait à la rame, l’été ; on y patinait agréablement l’hiver.

189. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de l’édition originale »

Poésie, tome I, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1912, p. 615-620. […] D’ailleurs, tout est sujet ; tout relève de l’art ; tout a droit de cité en poésie. […] et vous lâche dans ce grand jardin de poésie, où il n’y a pas de fruit défendu. […] Lui s’est laissé faire à cette poésie qui lui venait. […] Il lui semblait y voir briller de loin une haute poésie.

190. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

— M. de Chateaubriand, la poésie transatlantique et l’Angleterre. […] Le christianisme amène la poésie à la vérité. […] Telle fut la première création qu’inspira à Victor Hugo la poésie du Nord. […] Mais il y avait bien plus loin de la poésie française à la poésie germanique. […] Dans ses poésies descriptives Victor Hugo n’affirme pas.

191. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

La poésie française prise dans sa moyenne ne dépérit pas. […] Et d’abord les Poésies Barbares, par M.  […] Leconte de Lisle n’a point prétendu certainement que ses poésies qu’il publie aujourd’hui fussent agréables ; il lui a suffi de les faire fortes. […] » Chez celui-ci, en effet, l’homme avant tout a souffert, et toute sa poésie l’exprime ; il a la fibre vibrante. […] Or, il n’y a pas encore eu de décret de M. le ministre d’État pour abaisser le diapason dans la poésie comme pour la musique.

192. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Patin, avant d’être établi et fixé dans la poésie latine, M.  […] Il ne sortira de là aucune inspiration pour la poésie française future. […] Aussi ne prenons de cet exemple que ce qui convient au genre littéraire sérieux, à la Poésie lyrique élevée dont je parle. […] Sa langue est fière et sonore ; sa poésie respire certaine senteur libre et vivace. […] On a, dans ces beaux endroits de Malherbe, le bon sens politique élevé à la poésie.

193. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Eh bien, en voici une autre, d’une importance supérieure par le nombre des pièces de poésie mises en lumière pour la première fois. […] Et il a aussi dans sa poésie bien des choses qui ressemblent à la foudre. […] C’est un Juvénal vigoureux comme l’antique, mais malheureusement circonscrit et protestantisé ; car le protestantisme circonscrit, quand il ne la châtre pas, toute poésie. […] Et encore, aucun de ces treize n’a les qualités exigées par Boileau pour qu’un sonnet vaille un long poème… C’est que d’Aubigné est, en poésie, un tempérament bien plus qu’un accomplissement de poète. […] Il a le tempérament qu’ont les hommes primitifs, les hommes qui commencent les races ; car il en a commencé une et il est un des primitifs de la Poésie française.

194. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dorchain, Auguste (1857-1930) »

. — Sans lendemain, poésie (1890). — La Jeunesse pensive, avec préface de Sully Prudhomme (1893). — Vers la lumière, poésies (1894). — Rose d’automne, comédie en un acte, en vers (1894) […] — Poésies d’Auguste Dorchain (1881-1894) [1895]. — Ode à Michelet (1898). […] Cette pensée, il voulait la revêtir de grâce et de charme, sachant bien que le but de la poésie c’est, avant tout, de satisfaire le besoin de la beauté ; mais il pensait, sans le dire, que le travail de la forme pour elle, même, permis aux arts plastiques, risque de réduire la poésie au rôle de simple amusement… Vers la lumière respire le bonheur partagé, mérité et permis. Entre les notes si diverses que fait entendre la poésie du siècle, celle qui résonne dans ces vers est d’un charme pénétrant.

195. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

C’est, de plus, un de ces hommes sans tache qui se placent sur l’isoloir de leur poésie pour éviter le coudoiement des foules. […] voilà la poésie de M.  […] Tout Musset, le seul grand, celui des Poésies nouvelles, est pourtant dans cette plainte sans grandeur. […] [Évolution de la poésie lyrique (1891).] […] Cette poésie, d’une forme de choix, se trouve ne pas être un travail d’exception et de byzantinisme.

196. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Gaston Paris, La Poésie du Moyen Âge.] […] Jeanroy, Les Origines de la poésie lyrique en France au Moyen Âge, Paris, 1889 ; — G. Paris, Les Origines de la poésie lyrique en France, Paris, 1892. 2º Les diverses formes de la Poésie lyrique. […] Les poésies de Guillaume de Machaut sont encore presque toutes inédites.

197. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre V. Observations philosophiques devant servir à la découverte du véritable Homère » pp. 268-273

L’histoire naquit d’abord, ensuite la poésie. En effet, l’histoire est la simple énonciation du vrai, dont la poésie est une imitation exagérée. Castelvetro a aperçu cette vérité, mais cet ingénieux écrivain n’a pas su en profiter pour trouver la véritable origine de la poésie ; c’est qu’il fallait combiner ce principe avec le suivant : — 3. […] Ceux qui ont cherché l’origine de la poésie, depuis Aristote et Platon, auraient pu remarquer sans peine que toutes les histoires des nations païennes ont des commencements fabuleux. — 11. […] C’est ce que prouve tout examen de la nature de la poésie.

198. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Les filets de sentiment, et de poésie lyrique ou champêtre, qui jaillissent çà et là dans les vers de la reine de Navarre, l’intéressaient moins. […] Heureusement, si son éducation le rattachait aux Molinet et, aux Crétin, son tempérament le tournait vers les Jean de Meung, les Villon, les Coquillart : il porta dans la poésie aristocratique les meilleurs dons de la poésie bourgeoise. […] Cette âme légère a fait sa poésie avec ses idées et ses impressions, légères comme elle. […] Il a gardé toute la verdeur, la nette vivacité, le bon sens aigu de la poésie parisienne ou champenoise. […] Édition : Poésies de François Ier , etc., éd. par Champollion-Figeac, Impr. roy., 1847, pet. in-fol.

199. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Des voûtes de Saint-Pierre aux mosquées bénies et transformées de Grenade, une poésie pieuse et guerrière célébrait le triomphe de la Croix et réclamait la délivrance de l’Orient chrétien. […] On peut nommer cette poésie le chant de l’amour pur. […] La poésie en Espagne est amoureuse et guerrière ; mais elle est plus pieuse encore. […] La science partout éveillait l’émulation, et pouvait parfois tromperie talent sur le moment venu d’oser en poésie, et sur l’audace permise à notre langue. […] Désormais la poésie lyrique était possible en France.

200. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

. — Poésies, édition, photolithographiée (1887). — Les Poèmes d’Edgar Poe (trad.). — Vers et Prose (florilège) […] [L’Évolution de la poésie lyrique (1894).] […] Mallarmé a cessé d’être clair, après l’avoir été dans les magnifiques poèmes de sa première manière, c’est qu’il a voulu employer la poésie à des fins plus hautes. Il a rêvé d’une poésie où seraient harmonieusement fondus les ordres les plus variés d’émotions et d’idées. […] Le Romantisme, né d’influences étrangères comme la Pléiade autrefois, avait enrichi la Poésie d’une multitude de couleurs et de formes, d’une harmonie plus sonore et d’une émotion nouvelle.

201. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

De quoi la poésie se compose-t-elle toujours ? […] La poésie de M.  […] Vous avez omis, encore une fois, la grande poésie pour la moindre. […] voilà de la poésie inférieure au sujet ! […] Il ne faut pas parler du roman, ni de la poésie.

202. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rollinat, Maurice (1846-1903) »

Maintenant, le madrigal est de dire un teint vert, et l’on veut voir sur les joues des femmes la poésie excitante de la Morgue et des filets de Saint-Cloud. […] Gustave Geffroy La critique qui devait si bien, plus tard, songer à Baudelaire, aurait dû signaler la part d’imitation de Mme Sand, et, surtout, dire la sincérité de ces impressions, la profondeur d’action de cette poésie de terroir. […] Jules Barbey d’Aurevilly L’auteur de ces poésies (Les Névroses) a inventé pour elles une musique qui fait ouvrir des ailes de feu à ses vers et qui enlève fougueusement, comme sur un hippogriffe, ses auditeurs fanatisés. […] … Les Névroses forment un volume de poésies — faut-il dire lyriques ou élégiaques ?  […] Il trouve, dans sa profondeur, de la variété… Ces poésies qui expriment des états d’âme effroyablement exceptionnels, ne sont pas le collier vulgairement enfilé de la plupart des recueils de poésies, et elles forment dans l’enchaînement de leurs tableaux comme une construction réfléchie et presque grandiose.

203. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

XIV Ce jeune homme aura évidemment un autre don de la poésie moderne, le don de rendre en vers familiers quoique expressifs les choses et les sentiments que l’orgueil emphatique de la poésie du dix-huitième siècle avait relégués dans le domaine de la prose, comme si le vers était incapable de dire juste et vrai, comme si la poésie n’était pas, par excellence, le langage du cœur ! […] Cette poésie qui marche à pied, qui ne se drape pas à l’antique, qui ne se met ni blanc ni rouge sur la joue, qui ne porte ni masque tragique ni masque comique à la main, mais qui a le visage véridique de ses sentiments, et qui parle la langue familière du foyer, cette poésie qui semble une nouveauté parce qu’elle est la nature retrouvée de nos jours sous les oripeaux de la déclamation et de la rhétorique en vers, sera la poésie de ce nouveau venu dans la famille qui chante. […] Plaire est le seul système en poésie ; or il n’y a rien de moins plaisant qu’un syllogisme, fût-il en beaux vers. […] Joseph Autran est un Grec mal francisé (heureusement pour lui et pour nous), qui, ayant abordé sur quelques débris de l’antique Phocée aux bords de la Provence, comme Reboul, Mistral, Méry, Barthélemy et cent autres, n’a pas pu se défaire encore de l’accent natal : il est de cette colonie grecque qui, avec des images grecques et une harmonie ionienne, reconstruit une poésie française plus colorée, plus harmonieuse et plus chaude surtout que la poésie du Nord ! […] Le monde l’appelait miss Blake ; je ne sais quel nom lui donnera la poésie, mais elle en aura un.

204. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Nous demandons aux provinces qui ont le mieux conservé leur cachet antique, à notre Bretagne, par exemple, tout ce qu’elle recèle de poésie à elle, et nous regrettons de ne rien trouver de contemporain. […] Reboul de Nîmes, qui, simple boulanger, s’est élevé à des accents de poésie qu’a reconnus et salués la lyre de Lamartine. […] Jasmin se rattache, je l’ai dit, à Marot, né tout près de là, à Villon, l’enfant de Paris, à Boileau du Lutrin, à Gresset, à Voltaire des Poésies légères, à Parny, à Béranger. […] Les Papillotes sont un recueil des diverses poésies de l’auteur depuis 1825 jusqu’en 1835 : toute sa vie s’y réfléchit. […] Ainsi va et sans cesse recommence, et se remontre soudainement, aussi fraîche qu’au premier matin, la poésie immortelle.

205. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Arnould Fremy, qui se porte aujourd’hui pour juge absolu du véritable esprit de la poésie grecque et de la simplicité antique, a commencé, il y a une quinzaine d’années, sous des auspices bien différents. […] e Latouche publia en 1819 les Poésies d’André Chénier, quelques personnes n’auraient pas été fâchées de croire ou de donner à entendre que ces poésies étaient, au moins en partie, du fait du célèbre éditeur ; il est dommage que M. […] atin, qui tous les jours, dans son Cours de poésie latine, éclaire le rôle de Catulle ou d’Horace chez les Latins par celui de Chénier parmi nous, tous ces esprits supérieurs ou délicats ont fait fausse route à cet endroit. […] Depuis La Fontaine, et en laissant de côté les chefs-d’œuvre dramatiques, la poésie lyrique digne de ce nom, la poésie d’odes, d’idylles, d’élégies, où en était-elle, je vous prie, en France ? […] remy veut bien nous demander si nous croyons que ces poésies, publiées aujourd’hui pour la première fois, occuperaient dans l’attention publique le rang qu’elles obtinrent il y a vingt-cinq ans.

206. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 122-127

Au lieu du Prix ordinaire de Poésie, établi dans l'Académie des Jeux Floraux, les Magistrats de la ville de Toulouse déciderent qu'on lui feroit présent d'une Minerve d'argent massif. […] Pour lui marquer le cas qu'elle faisoit de ses Poésies, elle lui fit présent d'un Buffet de deux mille écus. […] De là cette fureur de mettre à contribution toutes les Langues, de farcir ses Poésies de vocables Grecs, Latins, Italiens, Languedociens, Normands, Picards. […] Malgré tous ces travers, il faut convenir que Ronsard n'a pas peu contribué à l'avancement de la Poésie parmi nous. […] Plusieurs morceaux de ses Poésies n'ont pas encore perdu leur agrément.

207. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Il eut pour rival le rendre Euripide, dont la Poésie étoit touchante & remplie d’excellentes maximes de morale. […] Son imagination riante & agréable répandoit des fleurs sur toutes les poésies. […] La simplicité du style n’est point incompatible avec la vraie poésie. […] On y trouve toutes les poésies de Tibulle, traduites en vers françois. […] Quel torrent de poésie !

208. (1757) Réflexions sur le goût

Dans un ouvrage de poésie, par exemple, on doit parler tantôt à l’imagination, tantôt au sentiment, tantôt à la raison, mais toujours à l’organe ; les vers sont une espèce de chant, sur lequel l’oreille est si inexorable, que la raison même est quelquefois contrainte de lui faire de légers sacrifices. Ainsi un philosophe dénué d’organe, eût-il d’ailleurs tout le reste, sera un mauvais juge en matière de poésie. […] Notre philosophe croira n’avoir rien ôté à un ouvrage de poésie, en conservant tous les termes et en les transposant pour détruire la mesure ; et il attribuera à un préjugé dont il est esclave lui-même sans le vouloir, l’espèce de langueur que l’ouvrage lui paraît avoir contractée par ce nouvel état. […] Ce n’est pas ainsi que le vrai philosophe jugera du plaisir que donne la poésie. […] C’est en examinant avec attention cette différence, qu’il parviendra à déterminer jusqu’à quel point l’habitude influe sur le plaisir que nous font la poésie et la musique, ce que l’habitude ajoute de réel à ce plaisir, et ce que l’opinion peut aussi y joindre d’illusoire.

209. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

Pour mon compte, je ne suis pas de ceux qui croient que le sel brillant de toute poésie se volatilise et s’évapore dans le creuset d’une traduction, fût-elle médiocre. […] Matter, prennent de certaines combinaisons d’idées pour de la poésie. […] Leur croyance, s’ils croyaient, ne pesait pas sur leur poésie. […] De poésie vraiment protestante, où cela s’est-il vu ? Est-ce en France, dans Marot racornissant les Psaumes, desséchant cette poésie grandiose ?

210. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Chénier était un païen aimable, croyant à Palès, à Vénus, aux Muses43 ; un Alcibiade candide et modeste, nourri de poésie, d’amitié et d’amour. […] Regnier pense que le même feu qui anime le grand poëte échauffe aussi l’ardeur amoureuse, et il ne serait nullement fâché que, chez lui, la poésie laissât tout à l’amour. […] Dans ce chef-d’œuvre, une ironie amère, une vertueuse indignation, les plus hautes qualités de poésie, ressortent du cadre étroit et des circonstances les plus minutieusement décrites de la vie réelle. […] Chénier est le révélateur d’une poésie d’avenir, et il apporte au monde une lyre nouvelle ; mais il y a chez lui des cordes qui manquent encore, et que ses successeurs ont ajoutées ou ajouteront. […] En parcourant cet admirable musée de statuaire antique à Naples, je songeais à lui ; la place de sa poésie est entre toutes ces Vénus, ces Ganymèdes et ces Bacchus ; c’est là son monde.

211. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Prenons un exemple d’un historien de la poésie et de la rythmique. […] Ceci dit pour établir la légitimité d’un effort vers une nouvelle forme de poésie. […] La question de césure, chez les maîtres de la poésie classique, ne se pose même pas2. […] La poésie doit chanter sous peine de n’être point la poésie. […] Une poésie n’est qu’une suite de métaphores, une suite logique certes, mais il y a plusieurs façons d’être logique.

212. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

La prière est toute sa religion, l’ode est toute sa poésie. […] Shakespeare, c’est le drame ; — et le drame est le caractère propre de la troisième époque de poésie, de la littérature actuelle. — Ainsi, pour résumer rapidement, la poésie a trois âges dont chacun correspond à une époque de la société : l’ode, l’épopée, le drame. […] On sent dans tous les poèmes homériques un reste de poésie lyrique et un commencement de poésie dramatique. […] Il y a tout dans tout ; seulement il existe dans chaque chose un élément générateur auquel se subordonnent tous les autres, et qui impose à l’ensemble son caractère propre. — Le drame est la poésie complète. […] Et si le drame est « la poésie complète », c’est-à-dire définitive, allons-nous faire des drames jusqu’à la fin des temps ?

213. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Le titre, le sujet de son Cours, est la poésie française. […] La poésie lyrique, cette branche heureuse qui fait le plus d’honneur aux grands talents de notre âge, l’a très peu occupé. […] Saint-Marc Girardin entend et présente la poésie. […] Il n’aime pas la poésie pure, la poésie à l’état de rêve ou de fantaisie. […] Saint-Marc Girardin à l’égard de la poésie pure, de la poésie lyrique.

214. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

— Les Îles d’amour (1885). — Lila et Colette, contes (1885). — Monstres parisiens, 2e série (1885). — Poésies, nouvelle édition en sept volumes, augmentée de soixante-douze poésies nouvelles (1885). — Le Rose et le Noir (1885). — Tous les baisers, 4e vol […] Chabrier (1899). — Farces (1899). — Les Braises du cendrier, poésies (1900). — L’Art au théâtre, troisième volume (1900). […] Le groupe auquel on a donné un moment le nom de « parnassien » représentait, en somme, toute la poésie jeune sous le second Empire. […] C’est l’enchantement du joli ; et le poète serait sans conteste le premier si la poésie n’avait d’autre mission que de briller comme un bijou. […] C’est pourquoi, si simplement, sans nul artifice de mise en scène, sans qu’ils offrissent le moindre spectacle, nos samedis populaires de poésie ont si bien réussi.

215. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

De toutes les poésies de nos jours, aucune n’est, autant que la sienne, selon le cœur des femmes, des jeunes filles, des hommes accessibles aux émotions pieuses et tendres. […] La pièce qui a pour titre Pensée des morts nous semble le miracle de cette poésie simple, pénétrante et bénie. […] Il est piquant de voir comment la diversité d’imagination et de cœur les lance dès le point de départ dans des routes de rêverie bien éloignées, où ils ont trouvé moyen l’un et l’autre de recueillir une si abondante moisson de sentiments et de poésie. […] La manière poétique de M. de Lamartine est trop connue pour que nous ayons besoin d’y insister beaucoup en faussant ; c’est toujours cette même facilité dans l’élévation, cette même abondance dans le développement, ce même éclat de poésie continue . […] Il faudrait dire que, dès que le poète commande à sa muse d’enfanter, sa muse répand les vers par mille et ne les compte pas ; qu’il frappe le rocher par tous les points, et que par tous les points le rocher ruisselle ; qu’à défaut de soleils sur sa route et de masses rayonnantes, il sème toujours du moins une poussière d’or, une voie lactée de poésie, une atmosphère éthérée et scintillante : largior hic campos aether et lumine vestit purpureo.

216. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

Charles Monselet Poésies complètes. […] Mais je ne connaissais pas le Monselet intime, — le Monselet du Monselet, — la quintessence de l’essence, et c’est ce livre, intitulé tout uniment et tout simplement : Poésies complètes de Charles Monselet, qui me l’a fait connaître, qui m’a appris l’autre Monselet dont je ne connaissais que la moitié. […] Il ne l’a été que par veines rares ; il ne l’a été que par gouttes et par gouttelettes, retrouvées au fond de ce verre étroit qu’il a appelé ses Poésies complètes. […] Histoire vulgaire, poignante de réalité, et qui, sous sa plume, est devenue une poésie. […] Et c’est une leçon de flûte, aussi, donnée à ceux qui adorent la Poésie par un poète au lieu d’un berger, et dont la flûte est enchantée !

217. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle Comme un devoir m’est de répondre à l’heur qui m’est offert de résumer en cette Revue l’égoïste vouloir de ma Poésie, en même temps de rendre à chacun ce qui lui est dû avec l’impartialité de qui admire et de qui, d’autre part, ne peut être ému devant choses lui étant indifférentes. […] Cette poésie de sensation et de hasard a eu sa gloire pleine en ce siècle — et en d’autres âges et d’autres langues elle ne se délivra pas de cette étreinte primitive, si nous mettons à part le poète latin Lucrèce. […] Cette poésie a eu sa gloire pleine en ce siècle —  avec Musset, le plus instinctif et le plus faible de tous, et avec Lamartine, Hugo, Banville, tous les purs et ruisselants romantiques enfin, par qui elle a triomphé au délire suprême, à la mort. […] * * * La Science qui tue la poésie de rêverie (celle-là seule, car celle qui se lève l’appelle au contraire et prend en elle son principe rationnel), la Science et son positivisme n’avaient étreint les fronts encore pour le doute fécond, et tout naturellement la Poésie s’accommodait-elle des songeries des philosophes prioristes ne gênant ses religiosités, ou le plus souvent les ignorait-elle même : et le bonheur de vivre, troublé de seules mélancolies d’amour, s’épanchait aux mots sonores, et la douceur des légendes des cultes était en tout poème, en tout cantique d’amour. […] « Tant que de même la poésie, présentement après la musique et le savoir du savant, première désormais !

218. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

. — Poésies complètes : 1re partie, Contes d’Espagne et d’Italie (1830) ; Poésies diverses : 2e partie, Un spectacle dans un fauteuil ; 3e partie, Poésies nouvelles (1835-1840) — Les Deux Maîtresses ; Frédéric et Bernerette (1840). — Comédies et Proverbes (1840-1848-1851), contenant : André del Sarto ; Lorenzaccio ; Les Caprices de Marianne ; Fantasio ; On ne badine pas avec l’amour ; Une nuit vénitienne ou les Noces de Laurette ; La Quenouille de Barberine ; Le Chandelier ; Il ne faut jurer de rien ; Un caprice. — Dans une deuxième édition (1857) sont ajoutés : Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée ; Louison ; On ne saurait penser à tout ; Carmosine ; Bettine. — Nouvelles (1841-1846) : Les Deux Maîtresses ; Emmeline ; Le Fils du Titien ; Frédéric et Bernerette ; Croisilles ; Margot. — Nouvelles, avec M.  […] Émile Augier (1849). — Louison, comédie en deux actes et en vers (1849). — Poésies nouvelles (1850). — Œuvres posthumes (1860). […] Pour Alfred de Musset, la poésie était le contraire ; sa poésie, c’était lui-même, il s’y était rivé tout entier ; il s’y précipitait à corps perdu ; c’était son âme juvénile, c’était sa chair et son sang qui s’écoulait ; et quand il avait jeté aux autres ces lambeaux, ces membres éblouissants du poète qui semblaient parfois des membres de Phaéton et d’un jeune dieu (se rappeler les magnifiques apostrophes et invocations de Rolla), il gardait son lambeau à lui, son cœur saignant, son cœur brûlant et ennuyé. […] Tant qu’il y aura une France et une poésie française, les flammes de Musset vivront comme vivent les flammes de […] Ses poésies sont décousues ; on les dirait faites de pièces et de morceaux !

219. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Caro, doit s’allier soit à la poésie, soit à la science. […] Matthews pour confondre la poésie de Piccadilly avec la poésie du Parnasse. […] Il y a fort peu d’Australie dans la poésie de Gordon. […] Voici quelques stances d’une autre poésie de M.  […] Le sentiment de la nature dans la poésie écossaise.

220. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

(Troisième volume de ses Poésies.) […] C’est que la vraie poésie, en puisant aux mêmes sources, se rencontre et se réfléchit par les mêmes images. […] Aujourd’hui, c’est fête à Vergt pour la religion, mais aussi pour la poésie qui la comprend et qui l’aime. […] Ces qualités sérieuses et dignes, recouvertes d’une poésie fraîche, riante et sensible, ont profité à Jasmin. […] Ce n’est certes pas se compromettre que de dédier un volume de poésies à M. 

221. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

C’est un poète, sans ces cruelles et étincelantes agrafes qui pincent et retiennent la pensée dans leurs mordantes lèvres d’or, et par cette magnifique compression en font la poésie rythmique. […] Il a compris, lui qui est poète, que la plus profonde, la plus remuante poésie, c’est la poésie du passé ! […] Magique perspective de la distance qui veloute les lointains dans nos âmes comme dans les horizons, impossibilité de ressaisir ce passé qui, pour l’homme, créature de contradiction, s’embellit à mesure qu’il s’éloigne, talent naturel de coloriste grandi et avivé par l’émotion et par le souvenir, poésie de la famille qui s’ajoute encore à la poésie du passé, sentiments créés et développés par l’intimité domestique, voilà, en quelques mots, ce qui fait la valeur et ce qui fera le succès du livre de Dargaud. […] Nous l’avons dit déjà, ce qui entraîne le plus naturellement Dargaud, c’est la poésie des sentiments ressouvenus et exprimés, c’est la peinture des plus douces images. […] En dehors du catholicisme, il n’y a ni philosophie, ni poésie.

222. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Une pièce de poésie qui répondît à une idée très à l’ordre du jour, mais diversement comprise : Les Chercheurs d’or. […] Jacques Demogeot, professeur agrégé de l’Université, connu par une histoire élégante de la littérature française et par des études d’art et de poésie. […] La poésie, revenons à la poésie ! […] Quoi qu’il en soit, et vous en jugerez tout à l’heure, messieurs, le concours a eu de la vie, et la poésie qu’on y couronne n’est pas une poésie froide et morte. […] Quelques-uns avaient marqué avec éclat dans la poésie même, et avaient bien droit d’avoir leurs préférences.

223. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Comme il arrive aisément dans les lieux qui plaisent, on eut le chemin plutôt que le but ; et, au lieu de la critique qu’on cherchait d’abord, la poésie naquit. […] Dès 1819, l’école nouvelle en poésie éclôt et s’essaye ; de grands noms se dessinent déjà. […] Dans une brochure récente imprimée à Berlin et sur notre propre poésie. […] Et puis l’humble poésie est à bord, après tout, du grand vaisseau de l’État, et telles seront les destinées de l’ensemble, telles aussi un peu les siennes en particulier. […] Suivant une expression de mademoiselle Bertin, elle aussi, elle est arrivée à la onzième heure de poésie ; j’espère que de même elle aura sa part (et elle la mérite) à côté de plus d’un qui a devancé.

224. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Il a réuni, voilà quelques mois, une petite partie de ses leçons sous ce titre : la Poésie au moyen âge ; et l’on ne sait ce qui est le plus intéressant dans ce volume, de M.  […] Je vous recommande son admirable leçon sur la Poésie du moyen âge, sur la poésie de sa religion, de sa science, de sa vie entière. […] Il est sûr, d’autre part, que le moyen âge n’a jamais su exprimer complètement, dans des ouvrages parfaits, cette poésie qui était en lui. […] L’auteur de la Poésie au moyen âge les désavouerait certainement, car ce n’est ni de l’érudition, ni de l’histoire, ni même de la critique. […] La poésie au moyen âge, leçon et lecture par M. 

225. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Sa gloire est de l’avoir apportée, — ou presque — dans nos lettres ; son défaut fut qu’elle l’admit quasi exclusivement et faillit ainsi lier la Poésie à une seule forme de l’art. Le Parnasse immobilisait la strophe ; il immobilisa le poème et la Poésie aussi bien que l’image elle-même. […] —  Il fallait étudier avec plus de soin la Figure, et pour y parvenir ils l’arrêtèrent glacée en une pose sculpturale, complétant ainsi la Poésie selon le mode exclusif de l’espace. […] Mais la poésie contemporaine (et je suppose ici réalisées toutes les promesses, sans doute inconscientes, qu’elle contient), a pris conscience de sa véritable nature. […] La Poésie nouvelle semble avoir suivi la même loi.

226. (1902) La poésie nouvelle

Notre poésie française, fanée, mourait, il y a quinze ou vingt ans. […] Il la faut sans cesse renouveler ; il faut sans cesse imaginer une autre poésie. […] La défunte est la poésie des Parnassiens, la vivante est la poésie de ceux qu’on appelait naguère « les Décadents ».‌ […] L’échec du Parnasse marque la fin d’une forme particulière de la poésie française, qui coïncide heureusement avec la naissance et l’épanouissement merveilleux d’une poésie nouvelle.‌ […] Henri de Régnier semble renoncer à la poésie intime, personnelle.

227. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vicaire, Gabriel (1848-1900) »

Il s’exhale de son volume une bonne odeur d’herbe et de blé mûr, et sa poésie a le charme de tout ce qui est sincère et humain. […] Vicaire transpose aussi ; mais il recherche le ton bonhomme, le ton bonne femme de la vieille poésie (et c’est une note personnelle). Cette vieille poésie est pour lui pédestre et légère, à cotillon court joliment et sobrement rayé. […] Et nul n’a mieux décrit le charme de la poésie populaire : « Le vers sans doute est boiteux, dit-il, il court cependant. […] [La Poésie populaire et le Lyrisme sentimental (1899).]

228. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Taine, parce que je ne l’étudie pas simplement au point de vue de la race, distinguait les diverses époques de la poésie anglaise par quatre noms, quatre fanaux lumineux : Chaucer, Spenser, Milton et Dryden. […] Averti de bonne heure par un ami, le poète Walsh, qu’il connut vers l’âge de quinze ans, il se dit qu’après tout ce qui avait été fait en poésie il n’y avait plus qu’une voie qui lui était laissée pour exceller. […] Ce nom qui représente la poésie morale, la poésie correcte et ornée dans tout son fini et dans tout son charme de diction, est pour moi un prétexte et une occasion favorable, on le sent bien, pour maintenir un certain côté trop menacé et qu’on méprise trop aujourd’hui, après lui avoir tout accordé autrefois. […] À ce point de vue, il est sûr que la poésie de Pope doit paraître comme un rameau avorté : c’est la moins anglo-saxonne des poésies anglaises. […] Ce petit recueil est tout un trésor, en effet, de forte ou suave poésie.

229. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Il était dans sa vingt et unième année quand il perdit son père qui lui laissa quelque fortune, assez pour être indépendant des clients ou des libraires, et, son génie dès lors l’emportant, il se donna tout entier aux lettres, à la poésie, et, entre tous les genres de poésie, à la satire. […] » Il s’agissait pour Boileau de rendre désormais la poésie respectable aux Pascals eux-mêmes, et de n’y rien souffrir qu’un bon jugement réprouvât. Qu’on se représente l’état précis de la poésie française au moment où il parut, et qu’on la prenne chez les meilleurs et chez les plus grands. […] Les deux poètes firent bivouac où les deux ours l’avaient fait la nuit précédente, et eurent le loisir de songer ou à leur poésie passée, ou à leur histoire future. […] Boileau, vieillissant et morose, jugeait déjà le bon goût très compromis et déclarait à qui voulait l’entendre la poésie française en pleine décadence.

230. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre V. La Henriade »

La poésie épique Se soutient par la fable et vit de fiction. […] Là il n’y a point de poésie où il n’y a point de menterie , dit Plutarque6. […] Il n’a répandu quelque chaleur dans ses inventions qu’aux endroits mêmes où il cesse d’être philosophe pour devenir chrétien : aussitôt qu’il a touché à la religion, source de toute poésie, la source a abondamment coulé. […] Ne lui demandait-on pas de la poésie, un ciel chrétien, des cantiques, Jéhovah, enfin le mens divinior, la religion ? […] Si Voltaire eût été animé par la religion comme l’auteur d’Athalie ; s’il eût étudié comme lui les Pères et l’antiquité ; s’il n’eût pas voulu embrasser tous les genres et tous les sujets, sa poésie fût devenue plus nerveuse, et sa prose eût acquis une décence et une gravité qui lui manquent trop souvent.

231. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre II. Quelques traditions sur Pindare. »

Le voyant enorgueilli de ses premiers essais et du beau langage qui lui venait sans effort, Corinne lui aurait dit « qu’il manquait aux muses, en ne sachant pas employer les fictions, ce qui est le grand œuvre de la poésie, tandis que les expressions, les figures de style, la mélodie, le rhythme, ne sont qu’un agrément ajouté aux choses mêmes ». […] Quoi qu’il en soit, élève ou non de Corinne, Pindare paraît avoir été quelquefois son rival, et même il aurait été vaincu par elle dans un ou plusieurs concours de poésie. […] Il y a aussi dans le gymnase un portrait de Corinne, la tête couronnée de bandelettes, pour la victoire qu’elle avait rem portée au concours de poésie, sur Pindare, à Thèbes. […] Ce qui nous reste des poésies de Pindare le montrera, plus que nous ne l’avons dit encore, généreux et sensé dans les conseils qu’il donnait à quelques chefs des cités de Sicile et de la colonie grecque de Cyrène. […] Il oubliait toute la poésie lyrique du théâtre d’Athènes.

232. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Théophile Gautier le chapitre de la poésie, celui de l’art dramatique à M.  […] On peut dater d’André Chénier la poésie moderne. […] Sa poésie est ondoyante et diverse comme l’homme de Montaigne. […] C’est bien là en effet la poésie de M.  […] La poésie est prodigue comme la nature.

233. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blanchecotte, Augustine-Malvina (1830-1897) »

Blanchecotte, Augustine-Malvina (1830-1897) [Bibliographie] Rêves et réalités, poésies (1856). — Impressions d’une femme, pensées, sentiments et portraits (1867). — Tablettes d’une femme pendant la Commune (1872). — Les Militantes, poésies (1876). — Le Long de la vie, nouvelles impressions (1876). […] Sainte-Beuve L’auteur, pour peu qu’il s’apaise un jour et qu’il rencontre les conditions d’existence et de développement dont il est digne, me paraît des plus capables de cultiver avec succès la poésie domestique et de peindre avec une douce émotion les scènes de la vie intime ; car si Mme Blanchecotte (ce qui est, je crois, son nom) a de la […] C’est de la poésie de sentiment et non de sensation. […] C’est la même imagination confiante, le même élan continu vers la sympathie du lecteur… Mme Blanchecotte est encore, parmi nos modernes, un de ceux qui ont le plus gardé des traditions de poésie subjective ; mais les Militantes marquent un grand progrès, et, de cette personnalité un peu mélancolique, trop attachée, selon nous, à la lettre de sa souffrance, l’auteur commence à se dégager vers les régions supérieures où l’âme de chacun se fond et se disperse dans la vie de tous.

234. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

Il y a véritablement dans Henri Cantel une fleur de poésie que nous aimerions à sauver ; car elle est en péril. […] En poésie, nous en avons peut-être encore plus. […] n’est pas séparé de la poésie individuelle par grand’chose… Il a l’instrument ; il a la main. […] Pour notre compte, c’est ce que nous avons tenté de faire ici sur les poésies de Cantel, ce jeune arbre qui laisse tomber tant de feuilles mortes sur ses racines qui sont vivantes. […] Organisé pour être un poète, qu’il ne revête pas sa poésie de formes épuisées ; qu’il n’enferme pas sa pensée dans ce symbolisme païen, le cercueil de tout un monde fini !

235. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

. — La poésie passionnée, dans la mythologie et dans l’amour : Sapho. — Perfection de l’art grec. […] Mêlant ses combats, ses naufrages, ses factions, ses amours, il avait composé plusieurs livres de courtes poésies, satiriques par le fond, lyriques par la passion et la forme. […] Son nom même consacra un des mètres les plus heureux de la poésie lyrique, dans la langue du peuple nouveau qui domptait et imitait les Grecs. Nul doute, comme nous le voyons par Horace, que l’influence de cette vieille et libre poésie ne se soit mêlée à l’art alexandrin, dans les premières leçons d’élégance grecque et de poésie qu’un Lucrèce, un Gallus, un Catulle, rapportaient de Grèce et d’Égypte. […] Tout cela, si nous l’avions encore dans sa grâce originale, serait pour nous un modèle de goût et d’élégance, trésor de poésie, chef-d’œuvre de style embelli par la passion.

236. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tisseur (Les frères Barthélémy, Jean, Alexandre et Clair) »

Poésies (1885). […] Poésies (1885). […] — Dictionnaire du patois lyonnais (1887-1890). — Pauca Paucis, poésies (1889). — Modestes observations sur l’art de versifier (1893). […] Trois d’entre eux sont poètes et le quatrième, Alexandre, a un vif sentiment de la poésie et de l’art. […] Ce volume donne : d’abord de sévères poèmes antiques, puis des rêves intimes, des notations philosophiques ; — puis une seconde série où se retrouveront les mêmes inspirations, mais exprimées avec moins de rigidité et d’heureux manquements aux règles surannées (et même ridicules) de la poésie classico-romantique, — règles faites pour une langue dont la prononciation a varié.

237. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

, chez le libraire Mary, passage des Panoramas, un petit recueil de vers : Poésies de Théophile Gautier, avec cette épigraphe : Oh ! […] Dans ce petit volume de 1830, si on le prend à part, en soi et non noyé, comme plus tard, au milieu des Poésies complètes, on surprend l’adolescence du talent qui se dessine dans toute sa grâce. […] Son recueil de Poésies publié en 1845, par tout ce qu’il contient, et même avant le brillant appendice des Émaux et Camées, est une œuvre harmonieuse et pleine, un monde des plus variés et une sphère. […] Serait-il vrai qu’en France nous soyons en poésie comme en religion, exclusifs et négatifs ? […] Sans compter que le public français (j’y reviendrai) ne peut guère porter qu’un poète nouveau à la fois, notez encore que c’est presque toujours par des côtés accessoires, étrangers à la poésie pure, qu’il l’adopte et qu’il l’épouse.

238. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

. — La poésie lyrique en France, au dix-neuvième siècle. — La poésie espagnole au Mexique et en Espagne. […] Tour à tour populaire ou savant, moqueur ou mélancolique, sceptique ou religieux, ce fond de poésie, sous des mains diverses, occupa vivement la France. […] Ses poésies lyriques, publiées dans les deux années suivantes, furent populaires d’abord dans les salons et partout répétées. […] À quinze siècles de distance, la poésie de l’évêque de Ptolémaïs reparaît sur les lèvres d’une Espagnole d’Amérique. […] Et toi, suprême auteur de l’harmonie, qui donnes des sons à la mer, au vent, à l’oiseau, prête une force virile à mes accents, et accorde-moi de redire, dans une sévère poésie, la puissance de la croix.

239. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laprade, Victor de (1812-1883) »

. — Du sentiment de la nature dans la poésie d’Homère (1848). — Poèmes évangéliques (1852). — Les Symphonies (1856). — Idylles héroïques (1858). — Pernette, poème (1868). — Harmodius, tragédie (1870). — Poèmes civiques (1873). […] Victor de Laprade, par son poème de Psyché (1841), par celui d’Éleusis (1843), par les odes et les pièces qu’il a composées alors et depuis, s’est placé au premier rang dans l’ordre de la poésie platonique et philosophique. M. de Laprade possède au plus haut degré ce qui manque trop à des poètes de ce temps, distingués, mais courts ; il a l’abondance, l’harmonie, le fleuve de l’expression ; il est en vers comme un Ballanche plus clair et sans bégayement, comme un Jouffroy qui aurait reçu le verbe de poésie. […] François Coppée Ceux qui auraient pu craindre qu’il s’attardât dans un panthéisme plein de poésie sans doute, mais un peu bruineux et incertain, qu’il restât absorbé dans le rêve mystique où le plongeait la contemplation de la nature, ont été bien vite rassurés. […] La publication de Psyché marque une date dans l’histoire de la poésie française.

240. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Barbier, se déploie librement dans les plus hautes régions de la poésie. […] Nier la nécessité de l’exagération, c’est nier les conditions mêmes de toute poésie, c’est nier la poésie même. […] Mais si l’histoire n’est pas la poésie, comment la poésie doit-elle employer l’histoire ? […] La poésie n’est plus pour elle qu’un jeu ou un métier. […] Moralité de la poésie.

241. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Les mémoires furent égarés par lui ; on n’en a connu les principaux faits que par ses entretiens, et par les allusions dont ses poésies sont pleines. […] Les magnifiques poésies de Mistral, dignes souvenirs d’Homère, nous en sont une preuve récente. […] Aucune poésie moderne jusqu’à ce jour ne s’était si vite et si profondément gravée dans ma mémoire. […] Le sceau des poésies de madame de Surville c’était la sensibilité. […] Or, les poésies de Clotilde de Surville sont les plus belles et les plus naïves poésies et sentiment de toute la littérature française.

242. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Pourquoi la poésie du dix-septième siècle, en somme, est-elle si peu poétique ? […] La science montre les rapports abstraits de toutes choses ; la poésie nous montre les sympathies réelles de toutes choses. […] Aussi la poésie peut-elle très bien se servir de termes de comparaison non pas concrets, mais abstraits. […] On l’a depuis longtemps remarqué, une figure essentielle de toute rhétorique et de toute poésie est la répétition. […] Ainsi naquit en Perse la poésie, et le rythme, et la rime. » C’est dire que la poésie est la sympathie même trouvant une forme qui lui répond, une harmonie des âmes s’exprimant par l’harmonie des paroles et par leurs échos multipliés.

243. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Son œuvre est un poème, sa vie une poésie : en lui naissance, patrie, nature, génie, vie, amour, infortune et mort, tout est d’un poète. […] Beaucoup de pages de ces poésies intimes expliquent les mystères de son âme et de sa vie. […] Léonora, à ces études sévères, avait joint l’étude de la poésie et excellait elle-même dans la langue des vers. […] Il en écrivit six chants en quelques mois, avec la double inspiration de la poésie et de l’amour. […] L’Arioste avait assoupli ce mètre à la poésie légère, le Tasse allait l’élever à la poésie héroïque.

244. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

LA Poésie Italienne, fille de la Latine, passa par différens dégrés. […] Où trouver des images plus grandes, plus sublimes, une poésie plus mâle, plus énergique, des idées plus neuves, plus hardies ? […] Quoiqu’en prose, elle est écrite d’un style vif, brillant & qui approche de la poésie. […] Sans parler du Choix des Poésies Allemandes, publié par M. […] On pourra prendre aussi une idée de la poésie chinoise dans une espêce de Roman, traduit par M.

245. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Quoi qu’il en soit, l’érudition proprement dite de notre dix-septième siècle ne fut pas non plus fort attentive à la poésie de Pindare. […] Il ajoutait des ornements à cette poésie concise comme la perfection du goût. […] Ce n’est pas, comme dans l’arrière-saison du culte et de la poésie mythologique, comme dans les hymnes officiels de Callimaque et les extases savantes de Proclus, un effort de travail ou d’abstraction rêveuse. […] C’est déjà la pleine lumière de ce bel âge de la Grèce qui commence à Eschyle et que couronne Platon, âge où le sublime, soit de la passion, soit même de la réflexion, a toujours la forme et l’accent de la poésie. […] Il n’offre pas seulement ces descriptions terrestres d’une autre vie, communes à la poésie grecque, ces plaisirs de l’Élysée semblables aux chasses, que se figure le sauvage dans le séjour des âmes.

246. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

La poésie lyrique en fait l’ensemble et la forme ; l’enthousiasme prophétique en est l’âme et le merveilleux. […] Comment ne pas marquer les différences et les beautés morales que le génie, aidé par le temps, ajoutait encore à cette poésie ? […] N’essayons pas même ici d’analyser ce charme de la poésie grecque. […] Les Chœurs d’Euripide renouvelaient pour la Grèce l’antique poésie des Homérides. […] C’est en dire assez sur la flamme de passions diverses, depuis le patriotisme et la pitié jusqu’à la fureur, dont cette poésie lyrique de la tragédie grecque agita l’ancien monde.

247. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

1833 (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) […] Dans cette jeune école, en effet, au sein de laquelle fut un moment le centre actif de la poésie d’alors, il y avait des exclusions et des absences qui devaient embarrasser. […] qu’importe aussi que Mme Valmore ne soit pas un poëte selon l’art, si elle est la poésie et l’âme ?  […] Pardon et la Crainte, l’idée religieuse se mêle tendrement au poids de la faute, à l’amertume du calice : Mme Valmore n’a jamais proféré en poésie de plus hautes paroles. […] En lisant Mme Valmore, on se fait à cette idée que la vie, l’amour, la poésie et la gloire ne s’échappent qu’en débris.

248. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Cette comparaison doit donner de la modestie aux poëtes qui réussissent, à l’égard de leurs généreux frères qui échouent ; mais elle doit donner aussi à penser à ces derniers : dans les arts, dans la poésie, rien ne dure, rien n’est véritablement beau, sans la qualité de finesse. […] Le génie des Romains, comme celui des Français au XVIIe et au XVIIIe siècle, avait un caractère positif qui se prêtait mieux à la politique, à l’histoire, à la philosophie, qu’à la poésie lyrique ou épique. […] » Cette concurrence, qui fait peut-être le prix des thèmes et poésies populaires, est médiocrement favorable, nous le croyons, aux monuments des génies individuels, vastes et consommés ; dans tous les cas, elle cesse du moment qu’un de ces génies a pris possession de l’œuvre et l’a consacrée de son sceau. […] Pour nous, qui ne l’avons pas vu, nous ne pouvons pas nous replacer au lieu précis de la génération qui nous a devancés, sans que nous mettions l’archéologie à la place de la poésie. […] Et nous, dans notre nuit, grand Dieu, Dieu des armées, Nous bénirons ton sceau sur nos lèvres fermées, Et ta blessure dans nos cœurs. » Enfin, comme autre exemple heureux et large de la poésie de M.

249. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Poésie : les symbolistes. […] Cela est philosophie, ou poésie, nature prise sur le vif ou idée originale ; mais ce n’est pas du théâtre : bon à siffler. […] Au théâtre comme en poésie, nous voyons plus d’intentions que d’effets, plus de bonnes idées que de bonnes pièces. […] Poésies : les Médaillons, 1880  ; Petites Orientales, 1883. […] Poésies : les Symboles, 2 séries in-18, 1888 et 1895.

250. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Un savant617 peut alors concevoir le projet de ramasser dans un ouvrage de vulgarisation toute la civilisation grecque, telle que la science du temps l’a restituée, vie publique et vie privée, religion et philosophie, poésie et art, monuments et paysages. […] Cette poésie-là, avec plus de force de pensée, plus de génie et d’art dans l’expression, n’est encore que la poésie des Delille et des Esménard : elle est essentiellement didactique, analytique, intellectuelle ; elle ne dépasse pas le ton oratoire. […] Chénier a connu ce mouvement ; il y a participé ; il l’a propagé dans la poésie. […] Cela a l’air des choses antiques, sans rien d’artificiel : c’est une poésie légère, limpide, plastique, baignée de lumière, aux formes harmonieuses et faciles, qui semblent spontanément écloses, un art sûr et sobre, qui se dérobe partout, et jamais ne défaut. […] Marie-Joseph fit en vain tous ses efforts pour le sauver.Éditions : Poésies, 1819 ; G. de Chénier, Lemerre. 1874. 3 vol. in-8 ; Becq de Fouquières.

251. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

La métaphysique dont je parle, c’était leur poésie, faculté qui naissait avec eux. […] Cette poésie fut d’abord divine : ils rapportaient à des dieux la cause de ce qu’ils admiraient. […] Ce qui nous prouve que la poésie a dû naître ainsi, c’est ce caractère éternel et singulier qui lui est propre : le sujet propre à la poésie c’est l’impossible, et pourtant le croyable (impossibile credibile). […] Les vérités que nous venons d’établir renversent tout ce qui a été dit sur l’origine de la poésie, depuis Aristote et Platon jusqu’aux Scaliger et aux Castelvetro. […] Cette découverte de l’origine de la poésie détruit le préjugé commun sur la profondeur de la sagesse antique, à laquelle les modernes devraient désespérer d’atteindre, et dont tous les philosophes depuis Platon jusqu’à Bacon ont tant souhaité de pénétrer le secret.

252. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

. — De la poésie comique. […] Entrechat La poésie, surtout la poésie comique123, doit toujours être romantique, et le romantisme dans la comédie, c’est l’humour 124. […] De même que la société russe, la poésie française manque d’un tiers-état163. — L’art n’est pas un plat miroir reproduisant telle quelle la réalité élégante ou vile. […] La France est le pays qui de tout temps a eu le moins de superstition et de poésie. […] La poésie française n’est qu’une épigramme prolongée.

253. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Roger de Beauvoir »

Le bien que nous dîmes de ce recueil de poésies est peut-être oublié ; mais nous nous en souvenons toujours. […] — J’aime mieux le cri qui termine cette poésie que toute cette poésie : Mais non ! […] Quand je rendis compte du livre intitulé Colombes et Couleuvres, je lui conseillai de renoncer à toutes les inspirations de la jeunesse, qui ne sont jamais, du reste, de la poésie perdue, — car, si on ne fait plus de cette musique, on garde l’instrument ; je lui conseillai délaisser là toute cette poésie de castagnettes jouant les Folies d’Espagne, de ces castagnettes dont il parle encore si bien aujourd’hui, l’incorrigible ! […] J’aurais désiré lui persuader qu’il était temps de cesser d’être un beau jeune homme en poésie et d’y être un homme tout à fait. […] Sa Muse d’alors, je la comparai à une Madeleine qui n’avait encore que les yeux sur le Crucifix, et je lui promis que si elle s’y couchait le cœur tout entier, il deviendrait, lui, le Canova de la poésie du xixe  siècle.

254. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bornier, Henri de (1825-1901) »

Bornier, Henri de (1825-1901) [Bibliographie] Les Premières Feuilles, poésies (1845). — Le Mariage de Luther, drame en cinq actes et en vers (1845). — Le Monde renversé, comédie en vers (1853). — Dante et Béatrix (1853). — La Muse de Corneille (1854). — Le Quinze janvier ou la Muse de Molière (1860). — Le Fils de la terre, roman (1864). — Agamemnon, tragédie en cinq actes (1868). — La Fille de Roland, drame en quatre actes (1875). — Les Noces d’Attila, drame en quatre actes (1881). — Poésies complètes, 1850-1881 (1881). — La Lizardière, roman (1883). — Le Jeu des vertus, roman d’un auteur dramatique (1885). — Mahomet (1888). — Le Fils de l’Arétin (1806). — France… d’abord ! […] Emmanuel Des Essarts En sa qualité de méridional, dans le recueil de ses poésies complètes, Henri de Bornier devait insérer les Cigalières. […] Il a fait entendre à Caen, au rendez-vous de la Pomme, la chanson paternelle des Cigaliers… Enfin il a payé sa dette avec un gracieux apologue aux fêtes données en l’honneur de Florian, tout près de ce parc de Sceaux où la duchesse du Maine avait tenu sa cour de petits poètes et présidé l’ordre de la Mouche à miel. — À la suite de ces poésies lyriques, parmi lesquelles se détache encore l’hymne éclatant à la mémoire de Paul de Saint-Victor, se placent des poèmes philosophiques qui ont aussi leur grande valeur, d’un symbolisme profond et d’une émotion communicative ; quelques-uns m’ont rappelé, avec une langue plus moderne, certaines inspirations très heureuses d’Émile Deschamps, qui présente quelques analogies avec notre poète, ne serait-ce que par un caractère commun dans leur talent, caractère de conciliation et de transaction. […] La plus éperdue poésie n’est pas la meilleure au théâtre, et M. de Bornier a prouvé encore dans son premier acte qu’il s’entend au vers scénique. Par la suite, il a oublié souvent que la nécessaire vertu d’une telle poésie est la sonorité : trop d’alexandrins parurent sourds.

255. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

La sensualité grossière y tue tout amour et par conséquent toute véritable poésie. […] On pressent déjà de grandes qualités de poésie épique dans la description du combat. […] C’est là le danger de cette poésie ou de cette littérature du suicide après l’orgie. […] Byron, Heine, Musset et tant d’autres ont fait faire un demi-siècle de chemin à la poésie sur la route du mal ! […] Jamais, avant ce jeune homme, la poésie n’avait volé avec autant de liberté et d’envergure du fond des égouts au fond des cieux.

256. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Je vais vous dire comment je devins poète, ou plutôt comment je conçus ce goût pour la poésie qui fit de moi, non pas un véritable et grand poète, mais un de ces hommes qu’on appelle en italien un dilettante, en français un amateur de poésie et de littérature ; car je ne me fais aucune illusion, et je ne me suis jamais donné à moi-même, en poésie, une autre importance et un autre nom. […] Qu’est-ce que l’action, en effet, si ce n’est une poésie réalisée ? […] La poésie d’Homère, de Virgile, d’Horace, de Racine, de Boileau, de J. […] La poésie se compose de trois choses : sentiment, peinture, musique. […] Je le devenais davantage chaque jour, mais je ne savais guère encore ce que c’était que la poésie.

257. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Victor Hugo ne désespère pas ainsi de lui-même, de son siècle et du pouvoir de la poésie. […] Il semblait qu’on vint de retrouver le grand secret perdu ; et cela était vrai, on avait retrouvé la poésie. […] Qu’il ait été puissamment secondé, personne ne le nie ; mais si, aujourd’hui, des hommes mûrs, des jeunes gens, des femmes du monde ont le sentiment de la belle poésie, de la poésie profondément rythmée et vivement colorée, si le goût public s’est haussé vers des jouissances qu’il avait oubliées, c’est à Victor Hugo qu’on le doit. […] Le poète qui vient d’ouvrir à l’imagination et au sentiment des voies nouvelles, révèle à la poésie française son harmonie. […] [L’Évolution de la poésie lyrique en France au xixe  siècle, 2 vol. 

258. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

La poésie de Racine : La couleur dans ses tragédies. […] Une admirable poésie, dont on parlera plus tard, s’y fond, et s’y résout en langage pratique. […] Il a mis la poésie dans la tragédie, cette poésie si rare dans Corneille, et que Rotrou par accident a rencontrée. […] Toute la poésie des Livres Saints est passée dans la prière d’Esther. […] Et surtout la poésie de Racine est tout juste l’opposé de la poésie romantique : elle n’est pas l’épanouissement de l’individualité, impérieuse et capricieuse ; elle est tout objective et impersonnelle.

259. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

La poésie n’est pas lin état permanent de l’âme. […] En ce temps-là, la peinture et la poésie fraternisaient. […] Il semblait qu’on eût découvert la poésie, et c’était, en effet, la vérité. […] Le drame venait de la prendre au mélodrame ; la poésie au patois du boulevard. […] On peut dater d’André Chénier la poésie moderne.

260. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Cette poésie, qui essayait de spiritualiser la nature, avait son excès tout comme celle qui s’acharnait à la copier crûment et à la décalquer à l’emporte-pièce. […] C’est donc Horace qui consomme ce divorce de la religion et de la poésie, cette décadence qu’avait si bien commencée Homère. […] Adorateur et sectateur idolâtre de la noble poésie, l’auteur, on le sent, n’aime pas les Lettres dans leur charmante variété et dans leur imprévu perpétuel. Il a aussi attaqué, dans une dissertation à part, l’industrie et ses prodiges modernes comme mortels à la poésie. […] Maxime du Camp, a fait un jour une levée de boucliers en faveur de la poésie des machines ; mais il a passé depuis à d’autres idées plus chevaleresques.

261. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

La poésie corrompue par l’afféterie, avait cessé de puiser aux torrents de Dante, aux limpides ruisseaux de Pétrarque. […] Quelle force de jeunesse n’ont pas alors l’imagination, la mémoire, et les passions qui inspirent la poésie ? […] Pourquoi les orateurs réussissent mal dans la poésie. — De la grammaire. — 1720. […] Dans ses poésies, proprement dites, il a trop souvent sacrifié au goût de son siècle. […] Philosophie est une poésie sophistiquée.

262. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Il semble, au premier abord, que la science n’ait sur la poésie qu’une influence désastreuse. […] Et la poésie va mourir avec eux, tuée par la science. […] Mais ce n’est pas la seule façon dont la science puisse éveiller la poésie. […] Il nous est permis après cela de conclure que la science et la poésie peuvent s’allier heureusement. […] Des destinées de la poésie

263. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

(Voir la Préface et les Destinées de la poésie.) […] C’est ingénieux, mais cela ne contient pas une parcelle de poésie. […] Et cela n’est pas, sans doute, le contraire de la poésie ; mais ce n’est pas non plus la poésie même. […] Voilà la merveille des merveilles, l’exemplaire idéal de la poésie symbolique. […] Il a donné à toute la poésie lyrique de ce siècle la secousse initiale, mais de haut.

264. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

La poésie alors, orale, vivante, forme naturelle et souveraine, support et enveloppe de tout, de la science, de l’histoire, de la morale, du culte, tenait au fond même de l’existence d’une race, et enserrait, comme en un tissu merveilleux, mœurs, exploits, souvenirs, les dieux et les héros d’une nation. […] L’empire du chant, de la poésie naïve et primitive, n’eut jamais l’étendue et l’importance que jadis il obtint là-bas ; la vieille société antérieure y mettait obstacle ; la théologie, la grammaire, l’histoire, toute grossière qu’elle était, intervinrent au berceau, et entravèrent mainte fois les couplets de poésie par où s’essayaient les modernes instincts populaires. Dans notre France surtout, de ce côté-ci de la Loire, au sein des provinces centrales et passablement prosaïques de Picardie, Berry et Champagne, il n’y eut guère, à aucune époque, de poésie populaire proprement dite, de poésie vivante et chantée ; seulement la malice des fabliaux circula ; la moquerie, la jovialité de certains mystères, répondirent au bon sens railleur et matois des populations. […] L’état moral où il a trouvé la population française prêtait beaucoup, il est vrai, à cette inoculation soudaine d’une poésie qu’aiguiserait le chant. […] Ailleurs, comme dans Jeanne la Rousse, la poésie, éludant le côté sévère et périlleux du sujet, c’est-à-dire le braconnier, tourne au sentiment, à la complainte gracieuse et touchante.

265. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Au Moyen-Age, les troubadours nous offrent tous les avantages et les inconvénients de ces petites sociétés directement organisées pour la poésie : éclat précoce, facile efflorescence, ivresse gracieuse, et puis débilité, monotonie et fadeur. […] Mais on ne vit rien alors de pareil à une poésie distincte ni à une secte isolée de poëtes. […] On se rappelle encore comment fut accueilli le glorieux précurseur de cette poésie à la fois éclatante et intime, et ce qu’il lui fallut de génie opiniâtre pour croire en lui-même et persister. […] C’est un faible en ce monde que la poésie ; c’est souvent une plaie secrète qui demande une main légère : le goût, on le sent, consiste quelquefois à se taire sur l’expression et à laisser passer. Pourtant, même dans ces cas d’une poésie tout intime et mouillée de larmes, il ne faudrait pas manquer à la franchise par fausse indulgence.

266. (1902) L’humanisme. Figaro

Agnostiques de l’art, les parnassiens ont restreint le champ de la poésie, comme l’agnosticisme avait restreint le domaine de la philosophie. […] Mais enfin la poésie des symbolistes — et les meilleurs d’entre eux l’avouent — a exprimé des rêves abscons et froids, et non la vie. […] Ils se sont d’abord interdit comme trop vile toute poésie à tendances philosophiques, ou religieuses, ou sociales. […] Nous voulons une poésie qui dise l’homme, et tout l’homme, avec ses sentiments et ses idées, et non seulement ses sensations, ici plus plastiques, là plus musicales. […] Il signifie bien que nous voulons réaliser une poésie humaine ; après la poésie trop strictement artiste du Parnasse ou trop obscurément abstraite du Symbolisme.

267. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Imagination militaire, ce qui veut toujours un peu dire imagination chevaleresque, il s’est profondément pénétré de la personnalité de ce peuple arabe, — le seul peuple réellement poétique qu’il y ait maintenant sur la terre, et dont la description ressemble aune page de la Bible oubliée dans des feuillets de ce Khoran qui ne sera bientôt plus pour l’humanité qu’un livre oublié, — une poésie chantée ! […] Il y trouverait l’émotion ; il y trouverait la poésie elle-même. Ses œuvres sont les récipients d’une poésie qu’il n’a pas créée, il est vrai, mais qu’il a énergiquement réfléchie. […] On y sent la vie observée, la vie vraie, qui battra toujours la vie rêvée, et la poésie des réalités, qui l’emportera toujours sur la poésie de seconde main, la poésie des mots et des livres. […] Cela nous enivra de cette poésie vierge et primitive, si puissante sur les palais blasés que nous ont faits les vieilles littératures compliquées, curieuses et bizarres.

268. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Rossignol en vient à l’appréciation littéraire, et le coup d’œil qu’il jette sur la composition d’une seule églogue le mène aux considérations les plus intéressantes sur ce genre même de poésie, sur ce qu’étaient sa forme distincte et son rhythme particulier chez les Grecs, sur ce qu’il devint, chez les Romains, déjà moins délicats d’oreille, et qui se contentèrent d’un à peu près d’harmonie. […] Rossignol, les caractères généraux de la poésie pastorale ; on a déterminé avec assez de précision quels devaient être le lieu de la scène, le rôle des acteurs, le ton du discours, les qualités du style ; mais l’organisation intérieure, le mécanisme secret, la structure savante et ingénieuse de cette poésie, ont été jusqu’ici peu étudiés. […] De même qu’on est disposé à mieux sentir Théocrite au sortir de ces pages, on mesure avec plus de certitude le degré précis dans lequel Virgile s’est approché du maître : car c’était bien un maître que Théocrite pour Virgile dans la poésie pastorale ; et M.  […] Virgile, jeune, amoureux de la campagne, mais non moins amoureux des poésies qui la célébraient, s’est évidemment, à son début, proposé Théocrite pour modèle presque autant que la nature elle-même. […] A une certaine hauteur toutes les piétés se tiennent et communiquent aisément par l’imagination et par la poésie.

269. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice Bouchor »

comme l’athée Ackermann, qui eut un jour d’inspiration infernale dans des poésies superbes. […] Telle est la vraie poésie du Faust moderne et l’impression qu’il donne, impression absolument et heureusement contraire à celle que le poète a voulu donner. […] Marlowe enlève l’imagination dans le tourbillon d’une poésie désordonnée et débauchée comme lui. […] Il y a dans le sang de sa poésie, malgré sa générosité et son exubérance, des gouttes du sang des poètes dont il s’est nourri. […] — qui plonge tous les jeunes gens de la génération présente dans la vaste cuve de sa poésie, et qui les eu retire ruisselants et teints !

270. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Une certaine école, dite « sérieuse », a arboré de nos jours ce programme de poésie : sobriété. […] Pas de poésie que tirée à quatre épingles. […] L’inspiration est suspecte de liberté ; la poésie est un peu extra-légale. […] Elle n’a rien à voir avec la poésie. […] Cette poésie se lamente et raille.

271. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

. — POÉSIE SCIENTIFIQUE. […] Par là, ils se rattachent à ce qu’il y a de plus essentiel en poésie. […] Le meilleur moyen de savoir ce que veulent les poètes de demain est encore de savoir ce qu’ils reprochent à la Poésie qui est déjà pour eux la Poésie d’hier. […] La poésie, phénomène subjectif, est la volupté de la connaissance. […] Poésie d’aujourd’hui, L’Europe artiste, décembre 1904.

272. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Tous, ou presque tous, ont commencé à aiguiser sur cette pierre vive de la poésie l’instrument dont ils devaient se servir puissamment plus tard dans la prose. […] Mais les Mémoires de Byron valent ses poésies ! […] Il y avait en ces poésies autre chose que des vers, des rhythmes et des mascarades de forme à juger. […] Il ne le fut pas comme tant de poètes, — comme Byron, par exemple, ou comme Lamartine, qui a fait même une Méditation intitulée : Le Désespoir, pour les besoins de sa poésie. Lui, le malheureux, le fut toujours, et il l’est encore lorsque sa poésie exprime tout autre chose que le désespoir.

273. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aicard, Jean (1848-1921) »

. — Miette et Noré, poésies (1880). — Othello ou le More de Venise, drame en cinq actes et en vers (1881). — Lamartine, poème (1883). — Smilis, pièce en quatre actes et en vers (1884) […] — Emilio, drame en quatre actes, en prose (1884). — Le Dieu dans l’Homme (1885). — Le Livre des petits, poésies (1886). — Le Livre d’heures de l’amour, poésies (1887) […] — Au bord du désert, poésies (1888). — Le père Lebonnard, pièce en quatre actes, en vers (1889). — Roi de Camargue (1890). — Jésus (1896). — Notre-Dame d’Amour (1896). — Tatas, roman (1901). […] Jean Aicard, un poète s’il en fut et de la bonne école… Remarquons que tout le volume est dédié aux cigales si chères aux Provençaux… Il ne me leste plus qu’à engager le lecteur à lire avec recueillement ces poèmes dont chaque vers est ciselé à la façon antique ; il y a dans ce livre un parfum de poésie grecque et une pureté de forme et de langage qui rappellent le charme des bonnes œuvres d’André Chénier.

274. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rambert, Eugène (1830-1886) »

Rambert, Eugène (1830-1886) [Bibliographie] Poésies (1874). — Dernières poésies (1877). […] Édouard Grenier Toute sa poésie n’est qu’un hymne, un chant d’amour pour la Suisse… Fils d’un simple vigneron des environs de Clarens, il se fait gloire de son humble origine : Je suis né paysan et je le resterai. […] Il est le représentant, comme Frédéric Bataille chez nous, de ces natures naïves et fortes, nées parmi les pasteurs et les villageois, qui s’élèvent peu à peu par le travail et la méditation jusqu’aux plus hautes régions de la pensée, et à qui la poésie ouvre son domaine enchanté, trop souvent fermé aux heureux de ce monde… [La Revue bleue (17 août 1895).]

275. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbier, Auguste (1805-1882) »

. — Poésies posthumes (1884). […] Gustave Planche Auguste Barbier occupe un rang glorieux dans la poésie contemporaine ; ce rang, il ne le doit qu’à ses œuvres, car la critique n’a pas eu besoin d’intervenir et d’expliquer à la foule le sens et la valeur des paroles du poète. […] Charles Baudelaire La poésie se suffit à elle-même. […] Or, une partie de la gloire d’Auguste Barbier lui vient des circonstances au milieu desquelles il jeta ses premières poésies. […] Cette ribote de poésie ne s’est jamais plus retrouvée depuis ce jour-là.

276. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Il y a des philosophies qui sont presque, des poésies sans rhythme, il y a des métaphysiques qui ont un côté idéal, grandiose, religieux, et ce n’est pas pour rien sans doute qu’on parle des ailes d’or de la pensée de Platon. […] D’ailleurs, dans ce livre : De l’Allemagne, comme dans la tête de l’auteur, il résulte du mélange de poésie très vraie et de philosophie très fausse qui s’y combinent, je ne sais quoi d’hermaphrodite et de bâtard qui n’est ni la poésie qu’on pouvait espérer, ni la philosophie qu’on devait attendre. […] C’est par amour de la boutade et de la polémique que Heine, le plus naturellement romantique des poètes allemands, se moque perpétuellement de la poésie romantique. […] c’est pour ce rire de satyre rieur — signe d’infirmité intellectuelle — que Henri Heine, l’un des plus grands poètes de ce temps, a été infidèle au génie de la poésie et des larmes ! […] Quand le poète, le véritable poète est le fond d’un homme, et que cet homme est assez richement doué pour avoir une spécialité en dehors de sa poésie, il est plus fort — et on le comprend bien ! 

277. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fontaney, Antoine (1803-1837) »

Fontaney, Antoine (1803-1837) [Bibliographie] Ballades, mélodies et poésies diverses (1826). — Scènes de la vie castillane et andalouse (1835). […] Lui-même, rendant compte en 1836 des poésies nouvellement publiées, constatait la décadence générale de la poésie secondaire, tout à l’honneur, disait-il, de la poésie du même rang qui florissait sous la Restauration.

278. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Sa conversation était séduisante comme sa voix, plus séduisante encore que brillante, parce qu’il avait plus de poésie native que de bel esprit. […] Si, dans sa vie, il songea beaucoup à la poésie et à la gloire, il commença par beaucoup écrire pour les libraires. […] La publication des Poésies d’André Chénier est le grand titre de M. de Latouche, le grand fait littéraire auquel restera attaché son nom. […] Vous étiez là aux sources de l’inspiration, de la consolation véritable, de la poésie limpide et de la vie. […] Je crois qu’il faut toujours s’unir contre la censure et les sots ennemis de la poésie.

279. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Rousseau nous semble un admirable et savant écrivain, un vigoureux philosophe, plutôt qu’un grand poète ; Voltaire, comme artiste, ne triomphe plus que dans la moquerie, c’est-à-dire dans un genre de poésie qui est antipoétique par excellence. […] Pourtant il était impossible que le contre-coup de cette ruine sociale ne retentît pas tôt ou tard dans la poésie, et qu’elle aussi n’accomplît pas sa révolution. […] La Restauration prit la France sur ces entrefaites ; les trois ou quatre premières années en furent peu littéraires ; les factions politiques, les débats orageux et hostiles, les luttes renaissantes de l’ancien régime et de la Révolution tuèrent toute cette frêle poésie delillienne ; mais ce n’est guère qu’en 1819 qu’on voit une poésie nouvelle éclore sur les hauteurs de la société, dans les endroits les plus abrités du souffle populaire et les moins battus de la foule. Cette poésie reçut tout à fait à sa naissance les rayons du génie catholique, chevaleresque et monarchique de M. de Chateaubriand. […] Aujourd’hui que la Restauration n’est plus, que la terrasse si laborieusement construite a croulé, et que peuple et poètes vont marcher ensemble, une période nouvelle s’ouvre pour la poésie ; l’art est désormais sur le pied commun, dans l’arène avec tous, côte à côte avec l’infatigable humanité.

280. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

D’où un long malentendu entre la poésie et le peuple. […] Et la Poésie était dans l’Île. […] La poésie sans passion et sans pensée ? […] elle est une source éternelle de poésie. […] Émile Goudeau a inventé une espèce de poésie moderne.

281. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Il y a eu autre chose, une poésie disparue, parce qu’elle fut orale. […] La poésie, c’est Roland à Roncevaux ; la réalité, c’est Philippe-Auguste à Bouvines. […] La poésie lyrique, aristocratique, est une fin, très gracieuse d’ailleurs. […] Malherbe n’a pas tué la poésie lyrique, elle mourait d’elle-même ; la poésie de salon, qu’elle soit pompeuse ou légère, est sans valeur pour nous. […] Il y a entre ces deux hommes une différence profonde : Voltaire, c’est le bon sens ; Rousseau, c’est la poésie.

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