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51. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Les maîtres y étaient froids comme des geôliers, les enfants aigris et méchants comme des captifs. […] Je fus agréablement surpris d’y trouver dans les maîtres et dans les disciples une physionomie toute différente. […] À cet accueil des maîtres et des élèves mon cœur aigri ne résista pas ; je sentis ma fibre irritée se détendre et s’assouplir avec une heureuse émulation. […] c’est ton maître et ton juge ;              Fuis ! […] Il était plutôt pour nous un condisciple avancé en années qu’un maître.

52. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Né le 8 juillet 1624, à Château-Thierry, en Champagne, d’un père maître des eaux et forêts, Jean de La Fontaine paraît n’avoir reçu d’abord qu’une éducation assez négligée ; jeune, il étudiait selon les rencontres et lisait à l’aventure ce qui lui tombait sous la main. […] La Fontaine est célèbre comme mari par ses oublis et ses inadvertances ; son père, à l’époque de ce mariage, lui avait transmis sa charge de maître des eaux et forêts, et La Fontaine n’y porta pas moins de négligence qu’à ses autres devoirs. […] Dans Le Meunier, son Fils et l’Âne, il se joue, il cause, il fait causer les maîtres, Malherbe et Racan, et l’apologue n’est plus qu’un ornement de l’entretien. […] Mais, répliqua La Fontaine, si les rois sont maîtres de nos biens, de nos vies et de tout, il faut qu’ils aient droit de nous regarder comme des fourmis à leur égard, et je me rends si vous me faites voir que cela soit autorisé par l’Écriture. — Hé quoi ! […] Le maître étant absent, ce lui fut chose aisée.

53. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Il ne m’appartient pas ce copier un programme à cette place, mais d’appeler l’attention des lecteurs de la Revue sur cette solennité artistique, afin que toute personne qui sera à même de le faire aille porter au maître le tribut de ses applaudissements. […] Aujourd’hui, ils seront les premiers à désirer s’effacer devant l’illustre compositeur qui est pour eux, tout à la fois, le plus vénéré des maîtres et le meilleur des amis. […] Des maîtres. […] Ce travail dans lequel sont consignées toutes les indications données par le maître durant les répétitions de Bayreuth, sera le bréviaire obligé de tout chef d’orchestre chargé de diriger le Ring. […] Langhans) ; calendrier ; dates de la vie du maître ; le ciel germanique (W.

54. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Maître, nous t’apportons notre prose ou nos vers. […] Georges Ohnet Ni prose ni vers pour célébrer le Maître. […] Avant qu’ils n’aillent par le Portique superbe De l’Avenir se disperser dans l’univers, Le Maître a convie pour la cène du Verbe Ceux qui doivent porter aux nations les vers. […] Simplement, c’est ici le lieu de saluer de nouveau l’universel Poète, le Maître et le Père. […] Leconte de Lisle Dors, Maître, dans la paix de ta gloire !

55. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Lamoureux se propose de nous faire entendre, outre Lohengrin, deux ouvrages importants, l’un d’un maître français, l’autre d’un célèbre compositeur étranger. […] Les jeunes wagnéristes seuls lui reprochent un usage immodéré de la grosse basse ; avouant d’ailleurs qu’il était, pour son temps, un maître vraiment fort, et, même pour le nôtre, un précurseur. […] C’est un drame en cinq actes, le drame émotionnel d’une âme pieuse : Le souvenir de soi-même, d’abord, devant le Dieu ; une plainte, les émois de la honte : ayez pitié, Maître, de moi ! […] Et je crois bien que j’admirerais Offenbach si ce maître n’avait, après lui, donné le droit d’exister à d’extravagants compositeurs d’opérettes, incapables d’être expressifs comme d’être spirituels. […] Elle n’a produit nulle œuvre d’une vie supérieure, jusque le jour où un maître enfin intelligent, Wagner, voulut restituer, par les moyens d’elle comme de toute musique, les émotions très subtiles de son âme.

56. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

L’imagination qui soutenait ces grands maîtres, dévoyés dans leur gymnastique académique, l’imagination, cette reine des facultés, a disparu. […] Je serai compris de tous les gens qui ont comparé entre elles les manières de dessiner des principaux maîtres en disant que le dessin de M.  […] Mais Raphaël aimait les gros bras, il fallait avant tout obéir et plaire au maître. […] Ils exécuteront votre plan idéal, Comme un maître savant le croquis d’un élève. […] Ces différentes peintures servent à constater la prodigieuse certitude à laquelle le maître est arrivé.

57. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 22, quelques remarques sur la poësie pastorale et sur les bergers des églogues » pp. 171-178

La plûpart de ces habitans de la campagne étoient des esclaves que leurs maîtres avoient autant d’attention à bien nourrir, qu’un laboureur en a du moins pour bien nourrir ses chevaux. Le soin des enfans de ces esclaves regardoit leur maître dont ils faisoient la richesse. […] Beaucoup d’entre eux étoient encore nez ou élevez dans les maisons que leur maître avoit dans les villes, et ce maître ne leur avoit pas plaint une éducation qui tournoit toujours à son profit, soit qu’il voulut vendre ou garder ces esclaves.

58. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Satire contre le luxe, à la manière de Perse » pp. 122-126

Si nous y voyons des défauts, et il y en a sans doute, attendons-en le remède de l’expérience et de la sagesse de nos maîtres, et restons ici… rester ici, moi ! […] Maîtres des nations, tendez la main à Cérès. […] Maîtres des nations, faites que vos campagnes soient fertiles. […] Maîtres des nations, ôtez à l’or son caractère représentatif de tout mérite. […] Dans l’empire, le ciel suscite un maître qui amende ou qui détruit ; dans le cycle des races, un descendant qui relève ou qui renverse.

59. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Un maître écrivain tel que Tolstoï ne pouvait produire une chose absolument banale. […] On a toute raison en ceci de le proclamer un maître de premier rang. […] Cela remonte à l’époque où il était encore maître de chapelle du roi de Saxe, à Dresde. […] Quant au siècle de Louis XIV, il a son musicien absolument caractéristique en la personne de Lulli, pour ne pas parler des petits maîtres qui entouraient le grand maître franco-italien. […] Je n’ignore pas qu’un maître illustre, M. 

60. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Perroneau » p. 172

La figure est un peu raide et droite, fichée comme elle l’aurait été par le maître à danser, position la plus maussade, la plus insipide pour l’art, à qui il faut un modèle simple, naturel, vrai, nullement maniéré, une tête qui s’incline un peu, des membres qui s’en aillent négligemment prendre la place ordonnée par la pensée ou l’action de la personne. Le maître de grâces, le maître à danser détruisent le mouvement réel, cet enchaînement si précieux des parties qui se commandent et s’obéissent réciproquement les unes aux autres.

61. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

Le professeur de thème latin, le professeur de gymnastique, le maître d’équitation, le maître d’armes, sont des tortionnaires au même titre que le professeur qui inflige à la jeunesse l’effort de l’explication, avec les dislocations et les courbatures d’esprit qu’en peuvent éprouver les débutants. […] Elle est une école de bavardage et de vanité, elle est mauvaise pour le maître, mauvaise pour l’élève. […] Au reste, dans les limites que tracent certaines conditions générales de méthode, chaque maître se fera, selon sa culture et son goût, une technique personnelle. […] De là naquit, chez les meilleurs maîtres, l’usage de courber les esprits sur les textes, et, si je puis dire, de les y frotter. J’ai eu deux maîtres en rhétorique, qui, vers 1875, expliquaient chaque jour la leçon française du lendemain.

62. (1888) Portraits de maîtres

Quant à l’Italie, il a par moments la grâce sévère de certains maîtres de ce pays. […] Tous les poètes semblaient rauques et durs auprès de ce maître chanteur. […] C’est un bon livre, un maître livre que celui où tant de vertus sont remises dans leur lustre. […] Ô scènes ineffaçables de la Mare au diable et des Maîtres sonneurs ! […] La volonté du Maître y a fait dominer le lyrisme philosophique.

63. (1898) Le vers libre (préface de L’Archipel en fleurs) pp. 7-20

Or, la seule unité rationnelle est la strophe et le seul guide pour le poète est le rythme, non pas un rythme appris, garrotté par mille règles que d’autres inventèrent, mais un rythme personnel, qu’il doit trouver en lui-même, après avoir écarté les préjugés métaphysiques et culbuté les barrières que lui opposaient les Dictionnaires de Rimes et les Traités de Versification, les Arts poétiques et l’Autorité des Maîtres. II Cependant, lorsque les Maîtres et les Aînés vous prêchent, selon une Science suffisante et en des termes gros de discipulat, résumés par ce vers qui doit être de Boileau, que : Pour savoir son métier, il faut l’avoir appris, lorsqu’ils vous engagent à piocher les auteurs, écoutez-les — sous bénéfice d’inventaire. […] Parce que tu apportes, avec un pan du grand ciel bleu, l’âme des bois fleuris et sonores, parce que tu sens trop bon l’air libre dans ces lourdes salles gorgées de parfums artificiels et qu’éclaire uniquement la morte clarté des lampes, tes Maîtres te prendront en haine ; ils t’enseveliront à jamais au plus profond de la cave sans espoir. […] Et tel est le besoin d’aller en troupe, de s’enquérir des Systèmes et des Procédés que l’Éducation développa chez les poètes, qu’ils perdent ou dilapident le plus pur de leur être, qu’ils étouffent la voix innée en eux pour psalmodier à l’imitation d’un Maître. […] Va, suis-le, il est l’enfant nouveau qui dira ton âme à toi et la dira librement, se moquant de la Rime riche et de la Rime rare, du nombre et de la quantité des syllabes et des choses « bien faites » et de tout cela qu’inventèrent les Maîtres et les Habiles. » IV « Or, sais-tu ce qui arrivera ?

64. (1865) Du sentiment de l’admiration

Pour se rendre maître de ces modèles, il faut, il faut surtout une admiration vive, ardente, sans tiédeur et sans défaillance. […] Admirer en présence des orateurs et des poètes qui ont enveloppé Athènes de séduction et Rome de grandeur, c’est se donner tout entier à ces maîtres incomparables, leur livrer ses plus fraîches et ses plus naïves émotions et témoigner à ces pères de l’intelligence autant d’amour filial que de respectueuse fidélité. […] Nous serons ramenés à cette époque glorieuse où de véritables écoliers qui se nommaient Amyot, Ronsard, Montaigne et de moins illustres autour d’eux semblaient ne vivre que parmi les maîtres évoqués et ne respirer à pleine poitrine que l’air natal de l’antiquité ! […] Mais aujourd’hui le nombre de ces maîtres de dénigrement est considérable. […] Or quiconque se voue à l’étude zélée des maîtres fait abdication d’un esprit de critique envieuse et d’un orgueil trop fréquent chez les hommes ; il se détache en quelque sorte de lui-même pour se livrer à plus grand que lui.

65. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Sans compter les deux illustres que nous venons de nommer, vous pourrez encore y apprécier de nobles ouvrages de Guérin et de Girodet, ces maîtres hautains et délicats, ces fiers continuateurs de David, le fier Cimabué du genre dit classique, et de ravissants morceaux de Prud’hon, ce frère en romantisme d’André Chénier. […] Laissons donc rire et baguenauder à l’aise ces jeunes vieillards, et occupons-nous de nos maîtres. […] Télémaque et Eucharis a été fait en Belgique, pendant l’exil du grand maître. […] Cogniet, l’un des ordonnateurs de cette fête, en veut-il donc à son vénérable maître ? […] Cogniet, qui a si bien dissimulé son illustre maître, a-t-il donc craint de soutenir son illustre condisciple ?

66. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bergerat, Émile (1845-1923) »

. — Le Maître d’école (1870). — Poèmes de la guerre (1871). — Père et mari, drame en trois actes (1871). — Ange Bosari, drame en trois actes, avec Armand Silvestre (1873). — Séparés de corps, comédie en un acte (1873). — Théophile Gautier, entretiens, souvenirs et correspondances (1879). — Le Nom, comédie en cinq actes (1883) […] Il débutait ainsi, à dix-huit ans, dans la carrière dramatique, que son maître, Sarcey, lui avait probablement ouverte à son insu, en lui apprenant la scène à faire aux dépens de la grammaire latine. […] De ce nombre, il convient de citer les Cuirassiers de Reischoffen et le Maître d’école, ce dernier ouvrage surtout, dont un autre poète a dit qu’il était « le plus beau cri de douleur qu’ait poussé la patrie française pendant son martyre de 1870 ». […] Ce qui fait que quelques-unes de ses pièces, le Nom, par exemple, où se trouvent des parties admirables, des scènes de maître, ne se sont pas imposées au répertoire, c’est que l’allure générale en était incertaine, c’est que l’idée ne s’en dégageait pas nette et lumineuse.

67. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

J’étais incapable d’interpréter sans guide et sans maître ni Homère, ni Platon, ni Aristote. […] Ces deux premières associations de l’époux et de la femme, du maître et de l’esclave, sont donc les bases de la famille. […] Le rapport est le même du maître à l’esclave. […] « Il faut donc avouer que le maître doit être pour l’esclave l’origine de la vertu qui lui est spéciale, bien qu’il n’ait pas, en tant que maître, à lui communiquer l’apprentissage de ses travaux. […] On ne prétendra pas davantage qu’il faut le réduire à l’obéissance ; car prétendre au partage du pouvoir, ce serait donner un maître à Jupiter lui-même.

68. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Jouer un drame du Maître là, entre Roméo et Juliette et La Nuit de Cléopâtre, c’était nécessairement la déformer, l’asservir au cadre et aux traditions de ce vieux théâtre. […] Si nous acceptons cet échec de Lohengrin, nous devrons renoncer pour longtemps, à l’espoir de voir de nos jours en France quelque drame du Maître. […] Abot, d’après des documents très récents, et représente le Maître à l’époque de ses dernières années. […] Platen s’en servait dès le début, et il se montrait maître absolu dans ses Ghazels, ses Sonnets, ses Octaves et Tergines, ses Gloses et Triolets. […] Cette mélodie infinie est donc ce à quoi, en 1837 déjà, aspirait Wagner, lorsque, pour son début comme maître de chapelle à Riga, il faisait étudier la Norma.

69. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Ses maîtres l’appréciaient fort, et si une telle analyse ne nous échappait ici par son détail et sa ténuité, on pourrait faire remarquer qu’ils lui laissèrent chacun quelque chose de leur empreinte ; il gardait non seulement de leur influence, mais de leur forme, de leur pli. […] Rigault, en abordant la critique, avait à respecter tout ce monde, tous ceux que, de près ou de loin, il saluait ses maîtres. […] Pendant des heures, Rigault, bien plutôt excité que contredit par les maîtres du camp, développa brillamment ses ressources et fit feu de toutes les pièces de son esprit. […] Saint-Marc Girardin, le maître direct et contigu de Rigault, quand il moralise, comme cela lui arrive si volontiers à propos de tout, est bien autrement net et dégagé. […] Il avait le genre d’esprit que l’Université désire le plus chez ceux qui, après avoir été ses élèves chéris, deviennent ses maîtres respectés.

70. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Plein de sang-froid, il se pique très peu pourtant d’héroïsme militaire, et il est d’avis, comme son futur maître, que « qui a le profit de la guerre, en a l’honneur ». […] Le serviteur du duc de Bourgogne, au sortir de là, impatient de colère, n’a de hâte que pour faire seller son cheval, et aller raconter à son maître la trahison du connétable. […] Il la prise peu dans sa gloire, il la déteste dans son tous les jours ; il a en horreur les avanies, habituelles aux gens de guerre d’alors, même en pays ami, et il comprend déjà les intérêts positifs modernes en digne serviteur de son prudent maître. […] Commynes loue fort son maître de l’unité qu’il voulait établir dans son royaume, de l’unité dans les poids et mesures, de l’unité dans les coutumes et de l’espèce de Code civil qu’il projetait ; ajoutez-y encore le projet d’abolir les péages à l’intérieur, et d’établir pour le commerce la libre circulation, en rejetant les douanes à la frontière. […] Mal enrichi par Louis XI, qui le combla des confiscations injustes faites sur la maison de La Trémoille, Commynes eut, après la mort de son maître, à purger ses comptes, et il ne rendit qu’à la dernière extrémité les dépouilles de l’innocent.

71. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Jules de Courmont, maître des comptes, nous allâmes faire les visites à nos juges. […] Et le maître de la voiture, pour lequel notre procès était une grosse affaire de représentation, s’était fait faire pour la cérémonie un carrick prodigieux, un carrick cannelle à cinq collets, comme on en voit sortir à l’Ambigu des berlines d’émigrés. […] Après dîner, la Landelle, le romancier de bâbord et de tribord, beugle des chants de marin ; Venet, en chapeau de paille et en cravate printanière, fredonne des airs de Colin et de Collinette ; Mlle R… chante un grand morceau d’opéra, pendant que le maître de la maison, en un coin du logis, est en conférence avec des messieurs étranges, au sujet de quelque affaire extravagante, comme le monopole des sangsues du Maroc… Et l’on monte, en revenant, sur les chevaux de bois des Champs-Élysées. […] À quelques années de là, mené chez un maître de dessin à Cherbourg par son père qui lui montrait les crayonnages de son fils, le maître de dessin disait : Alors la ville de Cherbourg lui faisait une petite pension qui lui permettait d’entrer à l’atelier de Paul Delaroche. […] Lui, l’habile et le spirituel crayonneur, le brillant et savant aquafortiste, le maître au cochon, affecte doctoralement de répudier toutes les habiletés, les adresses, les procédés, tout ce dont est fait son petit, mais très réel talent, pour n’estimer que les maîtres primitifs, les maîtres spiritualistes, et ne reconnaître dans toute l’école moderne qu’un seul homme : M. 

72. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Il était le maître de son théâtre. […] En ce moment déjà, il comprenait qu’il serait le maître absolu des esprits et des intelligences de son temps. […] La pauvre fille est esclave, son maître l’a mise à prix. […] Dubois annonce son maître, son maître arrive. […] Et en ceci les sujets ont très volontiers obéi à leurs maîtres.

73. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Jeunes et même vigoureux, nous sommes fascinés par l’esprit de nos maîtres et nous gardons longtemps à l’épaule la marque des pavois que nous avons portés. […] Cette étoffe qu’il a réellement, jointe aux airs qu’il exécute, et qui ont déjà été entendus, sentis, applaudis, trouvés et exécutés, d’ailleurs, par de bien plus grands maîtres que lui, enchante le public, qui aime à repasser sur ses impressions, mais impatiente la Critique, qui en voudrait de nouvelles, et qui, d’un homme si bien doué que M.  […] La Critique pourrait compter une par une les pièces qui appartiennent ou par la pensée, on par la manière, ou par le mouvement, aux maîtres de M. Bouilhet, restés pendant trop longtemps ses maîtres. […] On lui préfère ce grand génie sombre qui s’appelle Molière ou ce valet qui se moque de ses maîtres et que l’on appelle Beaumarchais !

74. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

On croit lire une traduction d’Homère ou une continuation de l’Odyssée par un disciple égal au maître. […] C’était la confidence scellée, qui resterait ignorée à jamais jusque-là entre le maître et le disciple. […] On s’inquiétait de l’influence qu’il exerçait, non plus comme maître, mais comme ami, sur son élève. […] C’était le maître qui disparaissait dans le disciple ; c’était Fénelon qui mourait avec le duc de Bourgogne. […] L’abbé de Langeron expira dans les bras de son maître.

75. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Telle est la force de l’exemple, le génie le saisit en maître. […] Corneille continua de parcourir en maître la carrière qu’il avoit ouverte, & de marcher à pas de Géant au temple de l’immortalité. […] Les langues Grecque & Latine y tiennent si peu de place, que l’Elève les oublie pour toujours, dès qu’il est une fois sorti des mains de son maître. […] Il se forma particulièrement sur les Grecs qu’il aimoit, qu’il avoit étudiés & approfondis ; il semble sur-tout qu’il ait pris Eschyle & Sophocle pour modèles & pour maîtres. […] Style, coloris, situations, traits Comiques, tout dans cette pièce annonce un Maître élevé dans les bonnes lettres & dans l’Ecole de Thalie.

76. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Pas un moment ces maîtres excellents ne songeaient que, parmi leurs élèves, dût se trouver un écrivain ou un orateur. […] Le Hir, les seuls maîtres éminents que l’école catholique en France ait produits dans le champ de la critique sacrée. […] Cette division perçait très peu chez les maîtres. […] J’avais reçu de mes premiers maîtres, en Bretagne, une éducation mathématique assez forte. […] Après tout, mes maîtres étaient contents de moi.

77. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Quand je fus guéri, j’allai travailler chez mon ancien maître, l’orfèvre Marcone ; il me donnait assez à gagner, et j’aidais toute ma famille. […] Il était fort lié avec mon maître, et le visitait tous les jours. […] « Je ne cessai, à Florence, de m’appliquer à la manière de ce grand maître, et je ne m’en suis jamais écarté. […] Je me mis aussitôt en boutique, chez un maître dont le nom était le Firenzole de Lombardie, orfèvre fort habile. […] Celui qui me l’avait apporté vint tout en sueur pour le reprendre, disant que son maître l’avait demandé pour le montrer à quelques personnes.

78. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Aristote seul est un maître et un guide pour quiconque veut pénétrer dans ces questions difficiles et charmantes. […] À ses yeux, la poésie, ou l’art en général, est une imitation, comme le lui avait appris Platon, son maître. […] Nous pouvons même le prédire sans vanité : notre siècle compte en ce genre des maîtres que la postérité prendra pour modèles. […] Sa théorie de l’entendement n’est point autre à cet égard que la théorie même de son maître. […] Mais Aristote, qui a certainement connu celle de son maître, ne semble pas en avoir tenu le moindre compte.

79. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Les concerts du dimanche ne peuvent procéder que lentement ; ils doivent se faire leur public ; ils ne peuvent aborder qu’une à une les œuvres du maître : mais là, en un cercle privé, tout est permis. […] Si nous nous réjouissons, ajoute-t-il, d’avoir un Bayreuth, comprenons combien nous sommes loin encore d’avoir ce que le Maître avait voulu. […] Après ces maîtres fut la fin artistique du drame. […] N’entendons-nous point la voix aimée du Maître, et qu’elle nous dit : « Tous les arts ont une fin commune : tous ne valent que s’ils y travaillent. […] La partie spécialement biographique est faite surtout avec des lettres du Maître : la partie critique avec les jugements de Richard Wagner très habilement réunis et cités.

80. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Meurice, Paul (1818-1905) »

— Le Maître d’école, drame en cinq actes, avec F.  […] Le disciple de Hugo a su mériter d’être appelé maître à son tour. […] Plus d’une fois, Paul Meurice mit au théâtre des romans du maître avec un soin pieux.

81. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

À partir de ce moment, il est maître de sa forme. […] Augier jugé par les maîtres Dès que nous avons appris la mort d’Augier, nous nous sommes adressé à ses confrères de l’Académie, à des écrivains, à des interprètes de ses œuvres, pour avoir leur opinion sur l’illustre maître. […] On n’a pas découvert qu’Émile Augier fût autre chose qu’Émile Augier, c’est-à-dire un génie solide et clair, d’une probité littéraire égale à sa loyauté personnelle, un vrai Français, de style et d’âme, un maître depuis longtemps classique et qui dans sa retraite volontaire, son glorieux bonheur intime, goûta, de son vivant, la gloire incontestée et reçut le respect de la postérité. […] Son esprit, éminemment français, qui n’empruntait rien ni à Lope de Vega, ni à Goethe, ni à Shakespeare, qui prenait sa langue dans Rabelais, dans Montaigne, dans Beaumarchais, et peignait ses contemporains sur le vif, tels qu’il les voyait, bourgeois, financiers, aventuriers et aventurières, honnêtes gens, femmes vertueuses et coquines, de son temps, s’était obstinément refusé à s’enrôler sous la bannière du grand maître. […] Claretie avait envoyée à Mme Augier : « La Maison de Molière, qui était et qui est encore la maison d’Émile Augier, envoie l’expression de son respect et de ses douloureuses condoléances à Mme Augier. » Chacun citait des traits de la large et bienveillante affabilité du maître.

82. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

J’appelle donc des causes morales de la perfection des arts, la condition heureuse où se trouve la patrie des peintres et des poëtes lorsqu’ils fournissent leur carriere ; l’inclination de leur souverain et de leurs concitoïens pour les beaux arts ; enfin, les excellens maîtres qui vivent de leur temps, dont les enseignemens abregent les études et en assurent le fruit ? […] Non-seulement il faut que les grands maîtres soient recompensez, mais il faut encore qu’ils le soient avec distinction. […] La societé étoit alors partagée en maîtres et en esclaves, qui la servoient bien mieux qu’elle ne peut être servie par un menu peuple mal élevé, qui ne travaille que par necessité, et qui se trouve encore dépourvû des choses dont il auroit besoin pour travailler avec utilité, lorsqu’il est réduit à travailler. […] Enfin, les ouvrages des grands maîtres n’étoient point regardez, dans le temps dont je parle, comme des meubles ordinaires destinez pour embellir les appartemens d’un particulier. […] Seul auteur de ses décisions et maître de sa faveur, il alloit chercher ceux qui avoient cette capacité, et il leur offroit sa protection et son amitié, qu’ils n’osoient encore demander.

83. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Mais je n’ai plus de maîtres, je ne suis plus sujet. […] N’est-ce pas vous-mêmes, mes anciens maîtres, qui me l’avez appris ? […] Vous avez proclamé l’égalité de tous les hommes : donc je n’ai plus de maître parmi les hommes. […] Augustin, tu es le maître, la femme est ta servante. […] Sara obéissait à Abraham, qu’elle appelait son maître.

84. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Castel, et de rhétorique française, Luce de Lancival, deux universitaires qui passaient pour poëtes, deux maîtres du moins assez fleuris et assez mondains, dégagés de la vieille rouille. […] Pareillement pour les anciens ; comme Marie-Joseph Chénier, son maître, c’est à travers l’antiquité latine qu’il atteint la Grèce. […] Au reste, ce rôle de critique actuel, de journaliste contemporain, siérait mal à un maître illustre ; il a mieux à faire qu’à s’employer à ces fatigues d’éclaireur, à ces hasards d’avant-garde. […] Villemain, semblent briller d’une nuance radoucie de son talent, je ne veux pourtant pas oublier ici un maître bien goûté de ceux qui l’approchent, et qui soutient une partie du difficile héritage. […] Le dernier maître de l’école du xviiie  siècle, et certes le plus sagace, le plus docte de tous en diction, M.

85. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Ainsi, pour le public parisien, mieux que ce n’eût été dans une salle de spectacle quelconque, cette première fois a vécu l’épopée du premier acte de la Walküre, —-l’une des plus brillantes pages du Maître, certes des moins affinées, des moins émotionnelles, grossière même en sa psychologie rudimentaire. […] En Allemagne, de 1830 à 1880, se développait le génie de Wagner : d’artiste il devenait le maître de l’œuvre d’art de l’avenir. […]   Tristan et Parsifal, les deux pièces de fête de cette année, — deux mondes, mais tous deux, dans l’âme d’un seul Maître, arrivés à une plasticité idéale ! […] Pour que ces deux mondes soient en harmonieuse contordance, il faut que cet art devienne en nous une vivante morale, il faut qu’en nous-mêmes nous vivions cet art, comme le Maître lui-même l’a vécu. […] Tous les plaisirs étaient délaissés pour le spectacle inoui, magnifique ; c’était fête, chaque fois que, sur l’affiche, resplendissait le nom des Maîtres chanteurs !

86. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Clément Marot écrivait déjà de ses maîtres : … c’estoient de grands bestes Que les regents du temps jadis. […] Parfois aussi quelque maître brillant et pétrisseur d’âmes, comme un Abélard ou un Michelet, mérite d’être étudié isolément, parce qu’il a été capable de faire, non seulement des élèves, mais des disciples. […] Marmontel raconte dans ses Mémoires qu’étant en rhétorique il fut menacé du fouet par un maître injuste et sévère. […] Ils n’écrivent, sans doute, que lorsqu’ils sont de mauvaise humeur… De leur œuvre et de celle de leurs maîtres fuse l’ennui. […] Une école littéraire, comme toute école, contient beaucoup d’écoliers pour un maître, ou, si l’on préfère, beaucoup d’imitateurs pour un esprit original.

87. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Il serait facile ici de le mettre aux prises avec M. de Lamartine qui, tout en admirant Bossuet, est d’un avis contraire ; mais on me permettra plutôt de me détourner quelque temps des commentateurs et des peintres pour aller droit au maître. […] Avoir vu, ne fût-ce qu’un jour, Richelieu tout-puissant dans la pourpre, et bientôt après voir la Fronde, la guerre civile déchaînée et l’anarchie, ce fut pour Bossuet un cours abrégé de politique dont il tira la juste leçon : mieux vaut certes un maître que mille maîtres, et mieux vaut encore que le maître puisse être le roi lui-même que le ministre. […] Te voilà assiégée de tes ennemis, comme mon maître te l’a prédit quarante ans auparavant : « … Jérusalem, te voilà pressée de tous côtés, ils t’ont mise à l’étroit, ils t’ont environnée de remparts et de forts !  […] On aura remarqué comme il s’approprie aisément ce dont il parle et ce sur quoi il s’appuie : mon Évangile, mon texte, mon vingt-huitième chapitre du Deutéronome, mon maître, mon pontife, etc. Il aime ces formes souveraines ; il étend la main sur les choses, et, durant le temps qu’il parle, il ne peut s’empêcher de faire l’office du Dieu son maître.

88. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Le maître le plus écouté, le plus populaire, est un conseiller moral, un directeur de conscience948 . […] Depuis que Taine a disparu, les maîtres de la critique n’ont été et n’ont voulu être que des littérateurs, limitant leur activité pour la rendre plus efficace. […] Les maîtres de tous ces groupes qui s’appellent des noms de décadents, symbolistes, etc., sont M.  […] Dupuy, les Grands Maîtres de la littérature russe au xixe siècle. […] Brunetière (né en 1849), maître de conférences à l’École normale supérieure, directeur de la Revue des Deux Mondes.

89. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

 » Oui, cher maître, vous avez raison et plus même que vous ne croyez, — mais pas comme vous le croyez. […] non, cher maître, son stratagème n’est ni bizarre ni étrange. […] Vous avez raison, cher maître, j’ai donné le coup de pouce, j’ai forcé l’histoire, et comme vous le dites très-bien, fai voulu faire un siège. […] « Tel est, cher maître, ce qu’il y a, selon moi, de pire dans mon livre. […] « Je termine en vous disant encore une fois merci, mon cher maître.

90. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

C’est l’alpha et l’oméga des sermons du maître. […] Ce fils est mis au lycée ; il est bon élève, appliqué, content de son maître d’étude, qui est content de lui. Un dimanche, le maître d’étude est invité à venir passer la journée au château. […] N’importe : à peine la mère a-t-elle vu le maître d’étude de son fils qu’elle est conquise, séduite, fascinée : elle le compare avec le médiocre mari que la fortune lui a donné ; elle n’a de cesse qu’elle n’ait retiré son fils du lycée pour appeler chez elle le maître d’étude comme précepteur. […] C’est de ces maîtres qu’il a reçu son impulsion ; c’est d’eux qu’il tient ses curiosités et ses méthodes d’observation.

91. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Cherchant à s’appuyer sur des explications plus vulgaires, Gustave d’Alaux parle d’imitation intelligente ; mais l’imitation du nègre, comme celle des enfants et des domestiques, est beaucoup plus l’imitation des défauts que des qualités de leurs supérieurs et de leurs maîtres, et la vie tout entière de Soulouque, qui avorte même à parodier Napoléon, est la preuve sans réplique de cette imitation aveugle, grotesque et fatale ! […] Quand Dieu veut dégoûter le monde de liberté, il lui offre en spectacle les nègres essayant de s’en faire une, comme ils ont fait depuis plus de soixante ans, rejetant la règle, créant des républiques et des empires, toujours d’imitation, et toujours aussi, en raison de leur nature même, retombant de leurs premiers maîtres sous la main de maîtres plus durs ! […] Le christianisme, qui a déjà une fois modifié ces natures bestiales et enfantines, mais qui n’a pas — les doux maîtres partis — gardé sa conquête, tant le nègre redevient incorrigiblement ce qu’il était dans l’espace d’une génération, le christianisme, avec ses influences surnaturelles, pourrait seul constituer un état de civilisation relatif pour ces nègres, en pleine réaction, à l’heure qu’il est, de barbarie africaine, et dont Soulouque est bien plus l’instrument que la tête ; car un pareil homme n’est la tête de rien. […] En 1810, le général Lamarre fut tué en défendant le Môle contre Christophe, et Soulouque, qui était déjà devenu quelque chose comme l’aide de camp de son maître, fut chargé de porter son cœur à Pétion.

92. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

ton maître t’appelle, toi l’innommable : diablesse originaire ! […] Mais celle-ci, reconnaissant un maître, demeure suspendue sur la tête d’un Pur et d’un Fort. […] Opéra : les Maîtres chanteurs. […] Opéra : les Maîtres chanteurs. […] Concert : Chant d’amour de la Walkure ; Quintette des Maîtres.

93. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Celui-ci ajouta respectueusement : Mon maître, pardonnez-moi, je ferai tout ce que vous me commanderez. […] Le cardinal se plaisait à le comparer avec ceux des autres cardinaux, qui étaient presque tous de la main de ce grand maître. […] Je les envoyai demander plusieurs fois au maître de la poste, sans qu’il voulût me les rendre, en disant que j’avais éreinté son cheval. […] À ces mots, un maître fondeur, nommé Alexandre Lastricati, me répondit que je voulais faire une chose impossible. […] — Si vous n’y entendez rien, lui répondis-je enfin en lui tournant les épaules, laissez-moi donc faire. — Holà, maître !

94. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Les esclaves sont noires et moitié plus petites que leurs maîtres, qui sont de couleur rouge, de sorte que le contraste est trop grand pour qu’aucune méprise soit possible. […] Au contraire, on voit sans cesse les maîtres aller et venir, transporter des matériaux pour la construction ou des provisions alimentaires de toutes sortes. […] Ce sont les maîtres qui décident où et quand un nouveau nid doit se construire ; et, quand ils émigrent, ce sont eux qui portent leurs esclaves. En Suisse comme en Angleterre, les esclaves semblent avoir exclusivement soin des larves, et les maîtres seuls vont à la chasse aux esclaves. […] Il faut donc que la présence de ces derniers ait profondément modifié les instincts des maîtres qui les asservissent ; et l’on conçoit aisément que la présence d’individus neutres de la même espèce puisse exercer, par suite d’une longue habitude et de la pression de la nécessité, la même influence sur les individus féconds, que les esclaves d’espèce différente sur les maîtres qu’elles avertissent.

95. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Tout supérieur qu’il est comme observateur, il a senti son maître en l’approchant, et le détail même où il entre à ce sujet nous le prouve. […] Il examine, il écoute, il consulte ; puis il se décide par lui-même : « la décision a besoin d’un esprit de maître ». […] Cette première littérature du lendemain de la Fronde, et antérieure à Boileau et à Racine, n’étant pas contenue par le regard du maître, se serait développée et de plus en plus émancipée sous un Mécène peu sévère. […] Le Maître y peut beaucoup ; il sert de règle aux autres.        Comme maître premièrement, Puis comme ayant un sens meilleur que tous les nôtres.

96. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

Ils sont contournés, affectés, incohérents, alors que le maître est tout ingéniosité, grâce et ordre. […] Elles peuvent résumer leur but dans un des vers du maître : « Donner un sens plus pur aux mots de la tribu ». […] Achille Delaroche Pour la première fois depuis Racine (on n’oublie pas André Chénier, Vigny, Baudelaire, qui le furent par hasard), le poète se révéla maître, non héraut servile de l’inspiration, la dominant, la dirigeant à son gré vers le but assigné. […] [Nos maîtres (1895).]

97. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Parodi, D.-Alexandre (1842-1902) »

C’est un besoin, c’est une envie ; le voilà maître du trône et au comble de ses vœux, et alors il se passe dans son être quelque chose d’extraordinaire. […] Il ne faut pas chercher à comparer cette œuvre dramatique au beau poème de Victor Hugo sur le même sujet ; le maître est le maître ; mais un sentiment vrai appartient à tous, et cette pensée du pardon pour Caïn est aussi personnelle à M. 

98. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Ma vive admiration pour Wagner date du premier concert que le maître vint diriger au Théâtre-Italien, en 1860. […] A la première représentation des Maîtres chanteurs à Munich, en 1868, nous étions quatre Français, qui avions fait le voyage pour entendre l’œuvre du maître : Pasdeloup ; Leroy, mon ancien collaborateur de la Liberté ; un dilettante de Reims, dont j’ai oublié le nom, et moi. […] A quoi bon partir en guerre maintenant que la haute valeur du maître n’est guère plus contestée que par quelques esprits rétrogrades et routiniers ? […] Lors d’une visite à Francfort, le maître entra dans la boutique d’un coiffeur. […] C’est ainsi que le maître reniait le passé, ne voulant plus dater son œuvre que des Maîtres Chanteurs.

99. (1802) Études sur Molière pp. -355

La scène italienne est bouffonne, puisqu’Arlequin confie même à son cheval les secrets de son maître ; la française est du meilleur comique. […] J’ai vu un moderne Jodelet compter assez sur la patience de son maître et du spectateur pour quitter successivement une douzaine de gilets. […] Le maître ne craint-il point que le pantin ne fasse tort à l’amant ? […] pour donner le loisir à son maître de dévorer une seconde fois la main de son amante, et de provoquer de nouveaux applaudissements. […] Le jeune homme profite des leçons de son maître, cherche fortune, plaît à une belle, et cette belle est la femme du docteur.

100. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Gautier est, après le maître, l’expression la plus distinguée. […] L’auteur est maître en ces jeux de forme et de contraste. […] Mais nous, tes fervents, ô maître vainqueur ! […] Emmanuel Des Essarts Qu’on proclame l’Aède éternisé parmi Les maîtres du grand Art radieux et prospère, J’adorerai Celui dont il fut dit : « le Père » Et dont nous disions, fils respectueux : « l’Ami », Mâle raison, courage ardemment affermi, Qui, de rares vertus immuable exemplaire, Vint embrasser Paris dans la chance contraire, Et ne sut ni vouloir ni souffrir à demi ; Être indulgent et bon, soulevant les poètes, Tel qu’on voit Apollon sur un socle romain Tenir un petit dieu d’ivoire dans sa main, Et qui, plein de pudeur en ses fiertés muettes, Voilait discrètement, hormis pour notre chœur, Le plus beau, le plus pur des diamants, son cœur ! […] Maxime Du Camp Toutes les pièces d’Émaux et camées sont composées avec un art maître de soi, que nulle surprise ne peut dérouter et pour qui la poésie n’a pas de secret.

101. (1915) La philosophie française « I »

Si l’on peut contester sur certains points l’œuvre sociologique du maître, il n’en a pas moins eu le mérite de tracer à la sociologie son programme et de commencer à le remplir. […] Mais bien séduisante aussi, bien adaptée au siècle qui avait revivifié les sciences historiques, était la conception doublement optimiste de l’histoire qui pénétrait l’œuvre de ce maître ; car, d’une part, il pensait que l’histoire enregistre un progrès ininterrompu de l’humanité, et, d’autre part, il voyait en elle un succédané de la philosophie et de la religion. […] D’autre part, il est tout pénétré de la pensée des anciens maîtres : avec Spinoza il croit à l’universelle nécessité ; sur la puissance en quelque sorte magique de l’abstraction, sur les « qualités principales » et les « facultés maîtresses », il a des vues qui le rapprochent d’Aristote et de Platon. […] Préparée par les aliénistes français de la première moitié du XIXe siècle, elle s’est constituée d’une manière définitive avec Moreau de Tours, et elle n’a pas cessé, depuis, d’être représentée en France par des maîtres, soit qu’ils fussent venus de la pathologie à la psychologie, soit que ce fussent des psychologues attirés vers la pathologie mentale. […] Maître incomparable, il a nourri de sa pensée plusieurs générations de maîtres.

102. (1927) Des romantiques à nous

Ces maîtres pensent, en général, d’une manière naturelle dans la forme du développement. […] Il n’en reste pas moins Rimsky, c’est-à-dire un grand maître et un grand inspiré de son art. […] Cette communication affective, les étrangers l’éprouvent beaucoup moins au contact de ces maîtres. […] Il remonte aux maîtres de la plus grande époque et c’est à eux qu’il demande tout. […] Ce sont les inspirations du maître des maîtres auxquelles Lekeu sait et sent les siennes apparentées.

103. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Une fois Molière en selle, il fut le maître du grison, et il ne s’avisa pas de s’écrier : Holà ! […] Mon maître, a perdu tant d’honnêtes femmes que je puis bien avoir une inclination ! Mon maître, dit-il encore, a commandé tant de manteaux brodés à M.  […] La table de mon maître est surchargée de vins et de viandes, pourquoi ne pas m’enivrer un peu ? […] En effet, le maître et le valet se disputent sur la question : Être ou n’être pas !

104. (1761) Salon de 1761 « Peinture — Vien » pp. 131-133

Il a plusieurs qualités de ce grand maître ; mais il lui manque sa force et son génie. […] On vous donne un tableau d’un maître, d’une école, pour un tableau d’un autre maître ou d’une autre école ; une copie pour un original ; on vernit.

105. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

Vera, amoureuse de la clarté jusque dans les ténèbres de son maître, et la produisant, — ce qui n’est pas facile dans un pareil milieu, — à force de l’aimer. […] Mais, s’il avait plus songé à l’éducation à faire de l’intelligence du public, qu’il doit, avec ses convictions, vouloir rendre hégélien, qu’à l’éducation toute faite des philosophes comme lui, il eût commencé par les autres œuvres d’Hegel, moins cruellement abstraites (par exemple, les idées sur la Religion, sur l’État, sur l’Art, etc.), et il serait remonté de là vers les principes philosophiques d’où dépend toute la philosophie de son maître, et il eût placé ainsi le lecteur, familiarisé avec les idées et le langage hégélien, à la source même du système. […] Vera, qui est certainement, en France, le plus distingué, le plus savant et le plus net de tous, ne s’est pas inscrit en faux une seule fois contre les idées et ces tentatives de son maître. […] Mais on se dit, malgré la crainte que j’exprimais au commencement de ce chapitre, qu’il n’y a pas plus de fatalité pour l’esprit que pour le cœur, et que l’homme est son maître, tout en se donnant et même après s’être donné un maître !

106. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Il a trouvé son maître. Nous sommes dans un temps où les maîtres, ce sont les valets ! […] Renan et sur les talons de son maître, qu’il vaut peut-être par le talent, — car les chiens valent souvent leurs maîtres, quand parfois ils ne valent pas plus, — M.  […] Soury, lorsqu’il nous fit l’histoire de Madame Louise de France, la fille de Louis XV, — cette rachitique qui ne l’était pas, — et dont il expliquait, quoiqu’elle fût une adorable femme d’esprit, la sainteté et la bêtise — deux faits, selon lui, congénères, — par le charriage d’un sang immonde et vicié à travers les plus pures veines qui aient jamais étendu leur réseau autour d’un corps virginal… Il procédait par les pustules chimériques de la religieuse Louise de France, pour arriver à la chimérique folie de son divin Maître.

107. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

On ne sait, en vérité, quel est le maître, quel est le disciple. […] Ou ne sait lequel admirer le plus, ou du maître sans ombrage ou du disciple sans rivalité. […] Pour un observateur expérimenté du génie humain, il fut toujours le disciple, jamais le maître. […] Schiller, d’abord chrétien et pieux, suit son maître, et chante comme lui ses hymnes au Dieu inconnu. […] Le maître et le compagnon poursuivent leur œuvre sous la sainte protection de la liberté.

108. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Il a eu l’estime du marquis de Mirabeau : il sera le maître de son fils, qu’il enivrera de ses principes et de son éloquence. […] Ce maître intrigant, ce hardi brasseur d’affaires, peu scrupuleux sur les moyens, fut mêlé dans bien des scandales, et n’y parut jamais que comme dupe : c’est cela qui le relève ; et il le savait bien, le drôle, il avait assez d’esprit pour cela. […] Figaro n’est plus seulement le valet qui sert son maître : il « vole à la fortune », mais, argent à part, il y a de la protection dans son service ; c’est l’homme sensible, heureux de remplir le vœu de la nature en rapprochant des amoureux. […] Il n’est plus serviteur des amoureux ; l’amoureux, c’est lui : le mariage qu’il procure, c’est le sien ; et dans cette affaire, les subalternes, les comparses, ce sont ses maîtres. […] Il acquiert en 1755 une charge de contrôleur dans la maison du roi. devient maître de harpe de Mesdames filles de Louis XV, puis s’anoblit en achetant le titre de secrétaire du roi (1761).

109. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Laromiguière fut visiblement le dernier de ces maîtres. […] Les motifs qui persuadaient les maîtres persuadaient les disciples ; le même besoin régnait dans la chaire et dans l’assemblée ; l’auditoire était converti d’avance ; on lui prouvait ce qu’il avait envie de croire ; dans les sentiments du professeur, il applaudissait ses propres sentiments. […] Il en exposa un grand nombre de maîtres, il en édita plusieurs, il attira l’attention sur tous. […] Le système reste maître de l’enseignement, professeur et possesseur des générations qui naissent, défendu par une escorte d’hommes instruits, d’hommes de talent et d’hommes de cœur. […] Si on lit un de ses maîtres, c’est pour son grand cœur, son beau style, son éloquence vraie, son enthousiasme, sa noble conduite, et les protestations politiques que sa philosophie couvre et ne cache pas100.

110. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Atossa se rassure pourtant : après tout, son fils n’est-il pas le maître ? […] Ce sombre Éden des voluptés du maître séquestre ses Èves, il ne donne sur aucune vue du dehors. […] Quel est le maître de cette armée ?  […]Maître de notre maître, parais ! […] » — « Je le fais, ô maître ! 

111. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Il faisait en 1831 des dessins à la plume, dont l’un, montré à Gros, attira l’attention du maître, qui dit : « Mais voilà un grand dessinateur !  […] » — C’est la voix du maître qui vient effrayer les chanteurs. — « Malédiction ! […] Il a dans son crayon de cette aisance et de cette grâce dégagée qu’avait ce premier élève dis Balzac, qui eût pu être supérieur au maître si un disciple l’était jamais, et si surtout il eût plus fait, et si enfin il eût vécu ; je veux parler de Charles de Bernard. […]   Est-ce à dire pourtant que Gavarni, maître comme il est de ses sujets et se tenant au-dessus, soit un moraliste dans un autre sens que celui de peintre de mœurs, et qu’il ait prétendu, dans la série et la succession de son œuvre, donner une leçon ? […] En avançant, Gavarni, devenu plus maître et sentant qu’il dominait mieux son public, s’est accordé plus volontiers la série philosophique : mais ceci touche à une seconde manière que nous aurons à caractériser.

112. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Dès 1455, même dès 1417 selon une lettre de Jean de Montreuil, un maître d’hébreu avait été rétribué. […] Par sa science, sa maturité, sa fièvre d’enthousiasme, cet écolier valait un maître. […] N’ayant pas eu de maîtres, que devait, compter pour eux l’autorité ? […] J’ai lu aussi le Roman de la Rose, Maître en amours, et Valère et Orose Contant les faits des antiques Romains. […] Ce qui restait de rhétoriqueurs guindés ou de cyniques bourgeois dans les provinces se fondit peu à peu dans son école : quand il mourut, tout le reconnaissait pour maître.

113. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Il fit ses études au collège de Vannes, où il trouva, dit-on, un maître excellent. […] Après quelques essais assez malheureux de traductions et d’imitations, il eut ses deux premiers succès en l’année 1707 : la jolie comédie de Crispin rival de son maître, et Le Diable boiteux. […] Pourtant il n’y a pas à se le dissimuler, c’est afin sans doute de mieux se tenir au niveau de l’humaine nature que Gil Blas n’a pas le cœur très haut placé : il est bon à tout, médiocrement délicat selon les occurrences, valet avant d’être maître, et un peu de la race des Figaro. […] Après des scènes très gaies entre le vieillard fat et sa maîtresse qui le trompe, scènes qui ont pour contrepartie dans l’antichambre les entretiens de Gil Blas aux prises avec la soubrette surannée de la dame, Gil Blas, certain qu’on trompe son maître, prend sur lui de l’en avertir. […] Ce livre ne saurait être mal écrit, étant de Lesage ; mais il est aisé de s’apercevoir, par les matières que cet auteur traite depuis quelque temps, qu’il ne travaille que pour vivre, et qu’il n’est plus le maître, par conséquent, de donner à ses ouvrages du temps et de l’application.

114. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Puis, à quelques jours de là, un officier général prussien ayant dit à peu près la même chose, et ayant parlé peu convenablement de Louis XIV, le Français en Bonneval reparaissait, et il se battait avec le Prussien pour soutenir l’honneur de sa nation et de son ancien maître. […] Du moins je ne serai occupée que de vous plaire, et je vous jure, mon cher maître, une fidélité aussi durable que mon attachement est violent. […] Faites donc réflexion à tout cela, mon cher maître, et que ma seule ambition est votre conservation, vous seul pouvant me rendre heureuse. […] Ce qu’il y a même de plus cruel, mon cher maître, c’est qu’il peut le devenir aux autres pour être trop tendre. […] Décidément Bonneval est trop le contraire de ce d’Antin que nous avons étudié la dernière fois : lui, il tenait trop peu à ceux qu’il appelait ses maîtres.

115. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

Lemaignan, un domestique lui apprend que son maître n’est point à Moscou, et qu’il ignore l’époque de son retour. […] Elle s’arrête pour écouter le grand maître. […] mon maître, est-ce bien vous que je revois ?  […] j’ai envie d’aller demander grâce à votre maître ; en vous voyant, il sera touché de pitié. […] Leur maître se promenait au milieu d’eux, une pipe à la bouche et un rotin à la main.

116. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

Scapin, qui a entendu les conventions que l’étudiant vient de faire avec Mezzetin, feint d’être brouillé avec Fulvio son maître qui l’a battu ; il entre au service de Cintio, qui l’envoie demander l’argent à Beltrame, et qui lui confie l’anneau à la vue duquel on lui délivrera Celia. Scapin s’empresse d’exécuter ces ordres, mais au profit de son véritable maître. […] ACTE CINQUIÈME Scapin se fait un point d’honneur de triompher des sottises de son maître. […] Les écoliers devenaient les maîtres.

117. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vacquerie, Auguste (1819-1895) »

Vacquerie, on est tenté de le prendre pour un romantique intransigeant, d’autant plus qu’il a été longtemps le disciple du chef de l’école romantique, ou qu’il s’est donné pour tel (avec une modestie qui l’honore), et que les disciples ont, comme on sait, l’habitude d’exagérer les défauts des maîtres. […] Jules Claretie Vacquerie, en quelque endroit qu’il fût et quelque genre qu’il abordât, était partout un maître. […] Lisant beaucoup, connaissant tout, lettré jusqu’aux ongles, Vacquerie était, en même temps qu’un curieux d’art et un passionné de lettres, un travailleur infatigable, admirable… Toute cette existence fut un exemple… Les lettres françaises garderont, en leur histoire, une place glorieuse à ce disciple qui fut un maître, à ce poète qui, pour avoir marché dans le sillon du grand remueur de mots, de formes et de rythmes de ce siècle et de tous les siècles, n’en a pas moins fait sa gerbe, lui aussi !

118. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Ton maître te l’a donc permis ? […] J’allais autrefois chez ses maîtres. […] Il y a un maître là : tu ne le vois donc pas ? […] — Laissez-le, maître ! […] maître, ne parlons pas de cela, — me répondit-il d’un ton d’impatience

119. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Mais quelle distance immense du maître aux élèves ! […] Ce qu’ils ont vu et étudié dans le maître, c’est la curiosité et l’érudition. […] Ingres comprend les choses, le grand maître ! […] Ce tableau dénotait une science réelle de composition et une connaissance approfondie de tous les maîtres italiens. […] Klagmann, qui est, je crois, le maître de cet immense atelier.

120. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Néanmoins, par les concerts du Châtelet, le public apprend toujours à apprécier les œuvres du maître. […] Concert Lamoureux : Les Maîtres Chanteurs, prélude ; introduction du troisième acte ; Danse des Écoliers et entrée des Maîtres. […] Concert Parlow : Fragments de Tannhæuser, Lohengrin, la Walküre, les Maîtres, Goetterdaemmerung, Parsifal, Marche impériale. […] Dans ce volume se trouvent rassemblés divers Souvenirs personnels épars dans les dix volumes d’écrits du maître (Fritzsch, éditeur, Leipzig) : 1. […] Compositeur et musicographe, Camille Benoît (1851-1923) est connu pour ses analyses des motifs musicaux des Maîtres chanteurs.

121. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Vous avez voulu paraître sur la scène française, et les grands maîtres et leurs disciples en ont disparu. […] Voilà ce que nous ont appris nos prédécesseurs, nos maîtres dans l’art dramatique. […] Les chefs d’une opposition, en soulevant leurs partisans contre de prétendus abus, se forment des disciples qui, bientôt devenus leurs maîtres, les forcent à suivre une phalange immorale et perturbatrice. […] Dans un temps où les rois pouvaient disposer à leur gré des trésors de l’État, il n’est pas surprenant que les commensaux du palais aient joui seuls du privilège que s’était réservé leur maître. […] Dès le matin il se rendit humblement chez Paësiello, implora sa bienveillance, reçut ses conseils, en profita ; et grâce à la dure vérité du maître, il en devint l’élève le plus chéri et le plus distingué.

122. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Sans doute il a dû trouver en des temps plus voisins quelque descendant de ces vieux et respectables maîtres, qui l’aura introduit dans leur familiarité : car l’idée ne lui serait jamais venue de restituer immédiatement leur faire et leur dire, ainsi que l’a tenté de nos jours le savant et ingénieux Courier. […] Marot, le premier, en disciple reconnaissant et respectueux, voulut sauver de l’oubli quelques-uns de ceux qu’il appelait ses maîtres : il restaura à grand’peine et publia Villon ; il donna une édition du Roman de la Rose, dont il rajeunit, comme il put, le style. […] Il y avait quatre-vingts ans environ que le sonnet italien avait détrôné le rondeau gaulois, les ballades et les chants royaux : Voiture, Sarasin, Benserade, y revinrent, et cherchèrent de plus à reproduire le style des maîtres du genre. […] Mais même en poussant aussi loin qu’on voudra cette exigence scrupuleuse de La Fontaine, et en estimant, d’après un précepte de rhétorique assez faux à mon gré, que chez lui la composition était d’autant moins facile que les résultats le paraissent davantage, on n’en viendra pas pour cela à comprendre par quel enchaînement d’études secrètes, et, pour ainsi dire, par quelle série d’épreuves et d’initiations, le pauvre La Fontaine prit ses grades au Parnasse et mérita, le jour précis qu’il eut quarante et un ans, de recevoir des neuf vierges le chapeau de laurier, attribut de maître en poésie, à peu près comme on reçoit un bonnet de docteur. […] En somme, Jean de La Fontaine, maître des eaux et forêts à Château-Thierry, devait passer pour un très-agréable poëte de province, quand un oncle de sa femme, le conseiller Jannart, s’avisa de le présenter au surintendant Fouquet, vers 1654.

123. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Mais ni Turcaret, qu’on prit longtemps pour un chef-d’œuvre, ni Crispin rival de son maître, ne tirent plus rouler carrosse au pauvre Le Sage que le Gil Blas et Le Diable boiteux. […] Quant au Crispin rival de son maître, un laquais encore, inventé par cet homme qui aime les laquais et qui est cher aux laquais ! c’est le dernier Crispin du théâtre et du monde ; car, dans le monde, s’il y a encore des laquais, il n’y a plus de Crispins rivaux de leurs maîtres, mais des maîtres rivaux de leurs laquais !! Comme, après Gil Blas et Le Diable boiteux qui ne mirent pas le rond du moindre besant dans l’écusson de la gloire de Le Sage, qui ne fut que de gueules, il crut avoir pris un ton trop élevé et le baissa dans d’autres romans de pacotille : Le Bachelier de Salamanque, Estevanille Gonzalès, La Valise trouvée, de même, du Théâtre-Français et de Turcaret et de Crispin rival de son maître, il descendit et s’aplatit jusqu’au Théâtre de la Foire.

124. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Pourquoi conserver cette maison veuve où le maître ne rentrera plus ? […] Le grand maître y venait lui-même souvent. […] Il aimait tant les maîtres qu’il en oubliait sa propre individualité. […] comme elle planait d’une aile facile, soutenue par le souffle puissant du jeune maître ! […] Cependant les maîtres se développaient magnifiquement.

125. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Et l’influence de ces maîtres n’a pas agi sur moi seul. […] Combien connaissent un drame entier du Maître ? […] Et par cet autre maître de l’art de notre temps. […] Renan, deviendra maître de la matière. […] Chevrillon et son maître M. 

126. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

» M. de Senfft, devenu le ministre dirigeant les relations extérieures de son pays, s’il n’obtint pas tout le crédit qu’il avait rêvé, avait la confiance de son maître, et les affaires du grand-duché de Varsovie étaient plus particulièrement remises à ses soins. […] Nos relations furent des plus satisfaisantes, jusqu’au jour où, entraîné par une exaltation patriotique que les rois ont punie depuis comme un crime, après l’avoir encouragée comme une vertu, il crut devoir abandonner son maître fidèle à la France, pour se dévouer à ce qu’on nommait alors la patrie allemande. » Dans les diverses occasions où il put l’observer de près, M. Bignon ne lui trouve qu’un coin de partialité dont, à son insu, dit-il, il n’était pas le maître : c’était quand Mme de Senfft était intéressée dans une question. […] Lorsqu’en 1813 et à l’ouverture de la campagne, M. de Senfft, après avoir essayé de détacher son roi de la France et de le rallier à la politique de M. de Metternich, échoue et quitte le service de son maître pour entrer bientôt à celui de l’Autriche, M.  […] L’abbé de Pradt s’y vante presque d’avoir fait échouer toute l’entreprise de Napoléon ; il se plaît, dès les premières lignes, à répéter un mot qu’il prête à l’Empereur : « Un homme de moins, et j’étais le maître du monde. » Et il ajoute : « Cet homme, c’était moi.

127. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

l’esclave et le maître du monde ! le loustic et le maître de la république ! […] Dazincourt était le confident, mais non pas l’ami intime de son maître. […] Le comédien est le maître du monde ! […] Le peuple de Paris le trouvait un maître quelque peu dur.

128. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Il emprunte le métier du maître qu’il admire le plus. […] On ne dira jamais combien ce maître regretté fut réservé dans son appréciation de lui-même. […] Jusqu’à lundi je suis mon maître. […] Et tous reconnaissent pour un de leurs maîtres préférés, qui ? […] Aujourd’hui, un des maîtres de la critique, qui l’est aussi du haut enseignement, M. 

129. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 28, du temps où les poëmes et les tableaux sont apprétiez à leur juste valeur » pp. 389-394

Il se forme encore de nouveaux maîtres dans les arts qui jugent sans intérêt et avec équité des ouvrages calomniez. Ces maîtres désabusent le monde méthodiquement des préventions que leurs prédecesseurs y avoient semées. […] Heureusement ses rivaux n’en sont les maîtres que pour un temps.

130. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Moins maître de lui qu’il ne le fut ensuite, il laissa un jour échapper un signe non équivoque de son animosité contre la France. […] A chaque acte d’autorité que la France faisait à Turin, il était maître de lui et dévorait ses dégoûts en silence. […] L’abbé d’Estrades, après avoir salué la duchesse mère, allant droit au marquis Dronero, lui signifia à brûle-pourpoint devant tous le mécontentement du roi, son maître. […] Cette magnificence déplaît à Louis XIV ; il fait signifier là-dessus par son ambassadeur, sans autre explication, qu’il suspend le payement du subside qui était stipulé pour près de quatre années encore, laissant le duc de Savoie maître de réformer à son choix une partie de ses troupes. […] Victor-Amédée, lui aussi, contraint à son corps défendant de marcher avec Catinat, en profite pour apprendre le métier de la guerre sous un excellent maître, contre qui il se mesurera un jour.

131. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Ce piège, c’était de ne pouvoir plus vivre qu’en vue de la Cour, sous le regard et le rayon du maître, n’attendant, n’espérant rien que de lui, lui sacrifiant tout son être, et ne subsistant que de sa présence : voilà l’unique but de d’Antin, comme l’amoureux qui n’a de pensées que pour sa maîtresse, comme le dévot qui n’a d’autre fin que son Dieu. […] Il s’afflige bien moins encore de l’arrêt de sa fortune que de cette sorte d’ingratitude qu’il croit rencontrer au cœur du maître ; et c’est ici que nous trouvons chez d’Antin ce qui le caractérise dans l’espèce et ce que j’ai déjà appelé le platonisme du courtisan. […] Les malheurs arrivent ; le meilleur maître et le plus tendre protecteur de d’Antin, Monseigneur, est enlevé par la petite vérole (avril 1714). […] Il était de ceux que les maîtres qui se succèdent tiennent à s’attacher, car ce sont de ces acteurs rares et soumis qui remplissent parfaitement les rôles secondaires, et dont les aptitudes et les capacités, dans leur juste mesure, se dirigent à tout. […] Je demeurais comme une bête, sans mouvement, ne me croyant pas permis d’avoir une autre conduite, à l’agonie de ce cher maître, que celle que j’avais eue de son vivant.

132. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Dévouement au maître. […] Dévouement au maître. — Les sentiments d’affection qu’un maître peut inspirer à son serviteur vont-ils, de la part de ce dernier, jusqu’au sacrifice de soi-même ? […] Certains captifs ont cependant une très forte affection pour leurs maîtres puisqu’ils mettent le souci de l’honneur de ceux-ci au-dessus du désir de leur plaire. […] ) reprochent à leur maîtres leur inaction. […] La contrariété que ces courriers fâcheux causent à leur maître légitime justifie ce geste brutal et de si peu de conséquences.

133. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Je vois tous les soirs votre gros cousin (Louvois)90, qui me dit quelque chose de son maître, et puis il s’en va ; car je ne voudrais pas causer longtemps avec lui91. Ce maître vient quelquefois chez moi, malgré moi, et s’en retourne désespéré, jamais rebuté. […] Sa piété est douce, gaie, point fastueuse ; mais il veut une vie chrétienne et active ; c’est un homme admirable ; je vous l’enverrai, si vous souhaitez, à vous et à Guébriant, Il commence pars emparer des passions, il s’en rend maître, et il y substitue des mouvements contraires, il m’a ordonné de me rendre ennuyeuse en compagnie, pour modifier la passion qu’il a aperçue en moi, de plaire par mon esprit. […] Le maître du gros cousin est évidemment Louis XIV.

134. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Ce sont de ces fautes qui ne réussissent qu’aux maîtres. […] Notre ennemi c’est notre maître. […] On pourrait observer à La Fontaine que notre maître n’est pas toujours notre ennemi, qu’il ne l’est pas lorsqu’il veut nous faire du bien et qu’il nous en fait ; que Titus, Trajan furent les amis des Romains et non pas leurs ennemis ; que l’ennemi de la France était Louis XI, et non pas Henri IV. […] Cela vaut mieux que, notre ennemi, c’est notre maître.

135. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

C’est le maître des hommes ; c’est le maître des dieux. […] Il est bien, il est très bien ; il a pris chez lui la place d’un autre que son maître M.  […] Les autres portraits de Michel sont si médiocres qu’on ne les croiroit pas du même maître.

136. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

Les comparaisons qui s’y faisoient tous les jours entre les maîtres françois et les maîtres italiens avoient autant irrité nos romains jaloux, que les comparaisons qui se faisoient à Paris il y a quatre-vingt ans, entre les tableaux que Le Sueur avoit peints dans le petit cloître des chartreux de cette ville, et ceux que peignoit Le Brun, irritoient les éleves de ce dernier. […] Ainsi les italiens, après avoir négligé long-temps le Poussin, le reconnurent enfin pour un des grands maîtres qui jamais ait manié le pinceau. […] Après l’avoir fait prince de l’académie de saint Luc, ils parlent encore avec éloge de son mérite, en appuïant un peu trop néanmoins sur la foiblesse du coloris de ce grand poëte, quoiqu’il vaille mieux que celui de bien des grands maîtres de l’école romaine.

137. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

Croïons-nous, dis-je, que Chapelain fut le maître de traiter et d’embellir à son gré le caractere de ses acteurs principaux ? […] Nous ne sçaurions souffrir que le maître leur parle à peu près comme un chasseur parle à son chien couchant. Mais ces discours étoient convenables dans l’Iliade écrite pour être lûe par des peuples chez qui le cheval étoit en quelque façon un animal commensal de son maître. […] Monsieur le chevalier d’Arvieux après avoir discouru fort au long dans le chapitre onziéme de sa rélation des moeurs et des coutumes des arabes, sur la docilité, ou s’il est permis de parler ainsi, sur la débonnaireté de leurs chevaux, et de l’humanité avec laquelle leurs maîtres les traitent, ajoute : un marchand de Marseille qui résidoit à Rama, étoit ainsi en societé pour une cavalle avec un arabe… etc. .

138. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Mais c’est surtout par le caractère que je suis resté essentiellement l’élève de mes anciens maîtres. […] Mais je m’aperçois que je manque outrageusement à la première règle que mes excellents maîtres m’avaient donnée, qui est de ne jamais parler de soi. […] Je le répète, nos vieux maîtres chrétiens avaient là-dessus une règle excellente, qui est de ne jamais parler de soi, ni en bien, ni en mal. […] La civilité extrême de mes vieux maîtres m’avait laissé un si vif souvenir, que je n’ai jamais pu m’en détacher. […] Victor Le Clerc faisait revivre devant mes yeux toutes les qualités d’étude et de savante application de mes anciens maîtres.

139. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Nous donnerons aussi une place importante au mouvement artistique contemporain, aux efforts des jeunes artistes qui cherchent leur formule dans la voie ouverte par le Maître. […] Ce nous est une joie bien vive d’enregistrer ici les ovations faites au maître par un public enthousiaste. […] Et quelle est l’explication du charme magique qu’opéra sur le maître la connaissance des œuvres de Schopenhauer ? […] Jamais le maître ne créa tant et ne travailla aussi infatigablement que pendant l’époque qui suivit immédiatement son étude de Schopenhauer. […] Déroulède, qui a sacrifié son temps, ses relations, sa fortune, à la cause qu’il soutient, n’a jamais songé à partir en guerre contre les drames du maître.

140. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Des écoles diamétralement opposées se sont réclamées des deux maîtres. […] On affirme que Walter Scott reste encore aujourd’hui pour le maître l’objet de lectures assidues. […] Le déséquilibre n’en demeure pas moins la marque distinctive du maître et le fond essentiel de sa nature. […] Quelle différence entre cette esthétique et celle que le maître a toujours rêvée et toujours défendue ! […] Théodore de Banville est généralement accepté comme un maître, il a subi les conséquences des faveurs dont l’avait comblé la fortune.

141. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Je n’ai pas eu cette bonne fortune, quoique j’aie tout fait pour la rencontrer à son heure et à sa place ; mais Dieu, le maître du premier jour, est le maître aussi du dernier. […] Ce premier devoir étant rempli, les disciples achetèrent, au nom du petit-fils de leur maître, un terrain de cent pas carrés à quelque distance de la ville, pour y déposer le corps. […] L’empereur Kang-hi dit à ses enfants : « Je montai sur le trône à huit ans ; mes ministres furent mes maîtres et me firent étudier sans relâche les King et les annales. […] « Quant à l’éclat dont le chef de la littérature environne le trône, il suffit de dire que, mettant l’empereur dans le cas de parler en maître et en juge aux lettrés que la nation regarde comme ses maîtres, cela doit nécessairement consacrer, agrandir et ennoblir son autorité. […] « Désigner solennellement un successeur au trône, c’est dire à tout le monde que l’on donne comme un second maître à l’empire ; c’est ouvrir une source d’où peuvent découler les plus grands malheurs.

142. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Regnard y trouva la force d’écrire avec grand soin cette petite pièce, très librement imitée de Plante, où beaucoup de vers ont la franchise et la correction du maître. […] Piron suit le maître, et s’en trouve bien. Ses valets sont sensés ; ils voient les travers de leurs maîtres, et ils y cherchent leur profit. […] Les meilleurs vers sont dans le rôle d’Ariste, le sage, l’ami sensé de la sotte famille où le Méchant s’est rendu le maître en y brouillant tout le monde. […] Sa faute, c’était son sujet. » Diderot avait dit : « Opposez les situations aux caractères. » Beaumarchais renchérit sur le maître.

143. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

C’est alors que l’officier de la troupe s’approche de lui et le remercie d’avoir sauvé la princesse, la fille de son maître. […] Serviteurs japonais attendant leur maître à la porte d’un jardin impérial. […] Et aujourd’hui l’éditeur Sôyeidô a demandé au maître un nouvel et plus complet album qui servira de méthode pour la jeunesse. […] Croquis dans le faire du maître, vers 1840. […] Bing possède, ainsi que Hayashi, quelques albums de croquis, très révélateurs des procédés du Maître.

144. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Mon père me servait de répétiteur, et c’est lui qui fut en réalité mon seul maître. […] Balzac, que l’école réaliste semble vouloir revendiquer pour maître, n’a aucun rapport de tendance avec elle. […] Depuis la fondation de l’ordre, sans compter Balzac, le grand maître, ce qu’il est mort de simples Chevaux rouges, nous n’osons le dire. […] Sur ce boulevard, Paul de Kock règne en maître. […] Il manquait à Jules de Goncourt, apprécié, fêté, loué par les maîtres de l’esprit… eh !

145. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Bachelier en 1449, il devint vers août 1452 licencié et maître ès arts. […] Le détail de son style est d’un artiste : il a le sentiment de la puissance de la sobriété : il serre l’idée dans l’image, courte, franche, saisissante : c’est un maître de l’expression nerveuse et chaude. […] Commynes, au reste, marque vigoureusement les fautes de son maître, fautes d’impatience et d’emballement : mais ces fautes n’étaient pas communes. […] Elle ne souffre pas de tous les bons marchés qu’il fait, pour son maître, et pour lui-même. […] Tels sont Jean Marot, ou Jean Le Maire de Belles ; ils font du reste ce qu’ils peuvent pour attraper la manière des grands maîtres.

146. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Ils ne manquaient pourtant ni d’esprit ni de goût, et leur admiration de disciples tendres et fidèles donne à leurs pièces le caractère de pieux hommages à la gloire du maître. […] Le devoir parle d’ailleurs ; à peine a-t-il apparu aux âmes bien nées, qu’il y règne en maître. […] Il est, au cinquième acte, ce qu’il était au premier, uniforme, plutôt que conforme à lui-même, comme le veulent les maîtres, et comme l’exige la vérité dramatique. […] Ce sont deux peintures de maître, l’une à la fresque et l’autre à l’huile. […] Le dernier de ses imitateurs, Marie-Joseph Chénier, paraît le moins loin du maître.

147. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Ils n’ont plus qu’un seul maître ; et ce maître est le roi. […] Sans mettre officiellement la main au timon des affaires, ils sont en réalité les maîtres et les rois. […] Au lieu d’une mince abbaye, d’une pension chétive et précaire, les favoris du nouveau maître obtiennent de sa curiosité quelquefois un large budget. […] Tel est, selon nous, le nouveau maître des gens de lettres. […] L’homme de lettres n’a d’autre maître que le public : et c’est, nous l’avons vu, un maître juste, intelligent, débonnaire, qu’il faut servir et non flatter.

148. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Ce retard fut fatal, en ce que l’indiscipline, qui était inhérente à ces armées du Moyen Âge, se mit de plus en plus dans la sienne, et que ce temps d’inaction favorisa le désordre et les débauches, que le saint roi n’était pas maître de réprimer. […] Le soir du combat, au soleil couchant, saint Louis est resté maître du champ de bataille. […] Pendant que le roi disait ses grâces, Joinville, tout pensif, s’en alla donc à une fenêtre grillée qui était dans un enfoncement vers le chevet du lit du roi, et là, passant ses bras à travers les barreaux de la fenêtre, il pensait mélancoliquement à ce qu’il ferait s’il lui fallait demeurer en Syrie sans son maître et seigneur ; car il se croyait en conscience obligé d’y rester jusqu’au rachat de ses amis et de tout son monde. […] Joinville puisa cette fois dans son bon sens encore plus que dans aucune interprétation superstitieuse la force de résister à son saint maître : il lui opposa, pour ne pas le suivre, les plus légitimes raisons, les raisons tirées de l’intérêt de ses vassaux et de son peuple, les seules qui, auprès de saint Louis, pussent faire balance à l’intérêt de la foi. Car, de même que saint Louis, malgré sa piété, résiste quelquefois à l’Église quand il s’y croit fondé en justice et sur le bien de ses sujets, de même Joinville, malgré son dévouement à son maître, lui résiste quand il se croit dans le juste et dans le vrai.

149. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Il a étudié le paysage, — sous un maître à peine ; on n’étudie pas le paysage sous un maître, — mais d’après nature. […] Comme, à toute force, il faut vêtir l’idée, les maîtres ont compris que dépouiller la forme et la simplifier, c’est-à-dire supprimer toute couleur locale, c’était se tenir aussi près que possible de la vérité… » S’il m’est permis d’avoir un avis en telle matière, je ne trouve pas que les raisons de M.  […] Ce n’est pas à nous, d’ailleurs, qu’il conviendrait de lui reprocher son admiration pour les maîtres, ce culte de la tradition qu’il sait entremêler au culte direct de la nature. […] Les maîtres seuls sont d’intelligence avec la nature ; ils l’ont tant observée qu’à leur tour ils la font comprendre. […] Fromentin a la ressource de sa seconde peinture et de cette analyse animée, développée, dont il use en maître : « C’est aussi l’heure, dit-il, où le désert se transforme en une plaine obscure.

150. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

La nappe mise, chacun s’assit, maîtres et domestiques, le couteau et la fourchette en main, moi à la place d’honneur, devant un énorme château embastionné de choux et de lard, dont il ne resta pas une miette. […] Bref on attendit, et le manuscrit payé, modiquement payé, mais enfin ayant trouvé maître, continuait, comme ci-devant, de dormir dans le tiroir. […] C’est qu’alors dans la vigne, et non plus dans la grange, Maîtres et serviteurs, joyeux, s’assemblent tous. […] La fable antique parle d’un berger ou chevrier, Comatas, qui, pour avoir trop souvent sacrifié de ses chèvres aux Muses, fut puni par son maître et enfermé dans un coffre où il devait mourir de faim ; mais les abeilles vinrent et le nourrirent de leur miel. Et quand le maître, quelques temps après, ouvrit le coffre, il le trouva vivant et tout entouré des suaves rayons.

151. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Grimm, par l’inspiration, peut se rapporter hardiment à l’école des maîtres en critique, à celle des Horace, des Pope, des Despréaux ; il en a la susceptibilité vive, passionnée, irritable, en matière de goût. […] Son opinion a d’autant plus de poids qu’il sent plus profondément le génie des maîtres de notre scène, et qu’il les tient pour plus conformes au génie même de la société française. […] Ce n’est point l’un de ces maîtres que l’on redoute sous le nom de philosophes ou de sages, c’est un enfant à qui l’on permet de tout dire, et dont on applaudit même les saillies au lieu de s’en fâcher. Lorsque Charron, l’ami et le disciple de Montaigne, et qui fut en quelque sorte son ordonnateur, voulut ranger et mettre sérieusement en système les pensées et les réflexions de son maître, on lui fit des difficultés malgré sa prudence, et on refusa à la gravité de l’un ce qu’on avait accordé à l’autre pour sa vivacité charmante. […] Qu’on lise tout ce morceau : ce sont là des pages de critique littéraire fermes, senties, d’un goût incorruptible, de cœur et de main de maître.

152. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

On le trouve en 1732, au sortir du fort de Custrin, âgé de vingt ans, mûri déjà par le malheur, maître de lui-même et de ses passions, avide de réparer par l’étude les dissipations premières. […] Je voudrais, s’il se peut, en faire une terre bien fertile et ensemencée de toutes sortes de bonnes choses, afin qu’elles puissent germer à temps et porter les fruits qu’on en peut attendre. » C’est à ce même moment enfin qu’il écrivait au respectable Duhan, son ancien précepteur et maître (10 février 1738) ; « Je suis enseveli parmi les livres plus que jamais. […] Il aura l’avantage des génies supérieurs qui est de se rendre, pour ainsi dire, maître des conjonctures, de les faire naître et de les gouverner à son gré par sa sagesse ou par sa constance, par sa modération ou par sa bravoure, selon le cas et le besoin. […] Sans doute que le bonheur dont j’allais jouir était trop parfait pour pouvoir devenir ici-bas mon partage, et c’est (oui, je l’espère fermement, mourant en bon chrétien, et avec la tranquillité que m’inspire le témoignage de ma conscience), c’est pour m’en rendre participant dans une autre vie que le Maître suprême de nos destinées va me retirer de celle-ci. […] Quarante-cinq ans s’étaient écoulés ; l’aîné des fils de M. de Suhm qui, autrefois blessé au service, avait obtenu le titre de conseiller de guerre et la place de maître des postes à Dessau, allait mourir à son tour à l’âge de soixante-deux ans ; il écrivit à Frédéric une lettre touchante pour lui recommander ses trois fils, tous trois sous les drapeaux et peu avancés.

153. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Si des Grecs nous passons aux Latins, nous trouvons d’abord Ciceron qui fut le maître, ainsi que le modèle ; de la véritable éloquence. […] Il lui choisit des maîtres vertueux & habiles ; il montre comment il faut lui enseigner les principes des langues, des sciences & des beaux arts. […] Ce Dialogue ne peut être que l’ouvrage d’un grand maître. […] Dans tous, on sent un maître qui avoit enseigné depuis plus de 40 ans les regles qu’il explique. […] En effet, il est fâcheux d’avoir à essuyer leur apprentissage, & c’est ce qui n’arrive que trop souvent aujourdhui où tous les écoliers se croient maîtres.

154. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Quant à Barneveld, il le goûte et l’estime bien davantage comme un homme dont les qualités patriotiques et civiles concordaient mieux avec les siennes ; il le justifie auprès de Henri IV qui le soupçonnait d’être plus Anglais que Français ; car le ministre de Jacques Ier, ainsi que son maître, bien qu’uni en apparence et allant de concert avec Henri IV, ne jouait pas un jeu très net et très franc. […] En attendant, et pendant qu’on se préparait à avoir de longues conférences infructueuses sur la paix, le président pourvut à l’essentiel, qui était de ressaisir pour son maître l’influence principale et le véritable arbitrage de la situation. […] On a vu le roi d’Espagne s’inquiéter de la situation des catholiques dans les Provinces-Unies, et la vouloir remettre sur le pied où elle était primitivement ; mais il le faisait d’un ton d’ancien maître, et sa parole n’était capable que d’aigrir et d’ulcérer les dissentiments religieux. […] Jamais il n’embrassa plus d’affaires qu’il n’en pouvait expédier… Jamais il ne flatta son maître ; s’est toujours plus étudié à servir qu’à plaire ; ne mêla jamais ses intérêts parmi les affaires publiques. […] Le maître lui fie tout, et cette grande faveur le rend moins sociable avec ceux qu’il regarde au-dessous de lui, quoiqu’ils soient affectionnés à lui rendre service.

155. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Je dirai tout à l’heure un mot de l’esprit dans lequel a été composée cette petite brochure, quand j’aurai moi-même causé un moment avec le maître, et essayé de m’en rafraîchir l’idée. […] Certes, le jour où Rabelais faisait dans l’amphithéâtre de Lyon cette leçon publique d’anatomie, il devait avoir, comme Vésale, cet air vénérable de docteur et de maître dont quelques-uns de ses biographes ont parlé, et il représentait dignement en lui la majesté de la science. […] Après toutes les folies du début, la naissance de Gargantua par l’oreille gauche, la description mirifique de sa layette, les premiers signes qu’il donne de son intelligence et certaine réponse très coquecigrue qu’il fait à son père et à laquelle celui-ci reconnaît avec admiration le merveilleux entendement de son fils, on lui donne un maître, un sophiste en lettres latines ; et c’est alors que commence la satire la plus ingénieuse et la plus frappante de la mauvaise éducation de ce temps-là. […] Cependant son père Grandgousier voyait que son fils étudiait très bien, et qu’il n’en devenait que plus sot chaque jour ; il est fort étonné d’apprendre d’un de ses confrères, vice-roi de je ne sais quel pays voisin, que tel jeune homme qui n’a étudié que deux ans sous un bon maître, et par telle nouvelle méthode qui vient de se trouver, en sait plus que tous ces petits prodiges du vieux temps, livrés à des maîtres dont le savoir n’est que bêterie. […] Gargantua, sous un si habile maître, profite hardiment et utilement.

156. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

C’est par une sorte d’abus, mais qui avait sa raison, que l’on a compris encore sous le nom de romantiques les poètes, comme André Chénier, qui sont amateurs de la beauté grecque et qui, par là même, sembleraient plutôt classiques ; mais les soi-disant classiques modernes étant alors, la plupart, fort peu instruits des vraies sources et se tenant à des imitations de seconde ou de troisième main, ç’a été se séparer d’eux d’une manière tranchée que de revenir aux sources mêmes, au sentiment des premiers maîtres, et d’y retremper son style ou son goût. […] Il paraît généralement accordé aujourd’hui que l’école moderne a étendu ou renouvelé la poésie dans les divers modes et genres de l’inspiration libre et personnelle ; et, quelque belle part qu’on fasse en cela au génie instinctif de M. de Lamartine, il en reste une très grande aux maîtres plus réfléchis, qui ont donné l’exemple multiplié des formes, des rythmes, des images, de la couleur et du relief, et qui ont su transmettre à d’autres quelque chose de cette science. Et comment oublier, à ce propos, celui qui, dans le groupe dont il s’agit, s’est détaché à son tour en maître et qui est aujourd’hui ce que j’appelle un chef de branche, Théophile Gautier, arrivé à la perfection de son faire, excellant à montrer tout ce dont il parle, tant sa plume est fidèle et ressemble à un pinceau ? […] Théodore de Banville a réuni tous ses précédents recueils (moins un), je me suis dit avec plaisir : Voilà un poète, un des premiers élèves des maîtres, un de ceux qui, venus tard et des derniers par l’âge, ont eu l’enthousiasme des commencements, qui ont gardé le scrupule de la forme, qui savent, pour l’avoir appris à forte école, le métier des vers, qui les font de main d’ouvrier, c’est-à-dire de bonne main, qui y donnent de la trempe, du ressort, qui savent composer, ciseler, peindre. […] M. de Banville, dans cette pièce et ailleurs, n’hésite pas à nommer et à saluer, au rang de ses maîtres divins, un poète qui ne nous saurait être indifférent, le vieux Ronsard. « En ce temps-là, je ronsardisais », écrivait l’aimable Gérard de Nerval au début d’une de ses préfaces.

157. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

M.Viguier, ancien inspecteur général de l’Université, ancien directeur des études et maître de conférences à l’École normale, est mort le 11 octobre dernier à Précy-sur-Oise, où il vivait retiré depuis quelque temps. […] Viguier, — de concert avec ses jeunes amis, Cousin, Loyson, Patin, Guigniaut et d’autres encore, toute une élite, — se mit résolument à aborder ces branches toutes neuves ou renouvelées, à les suivre de près et à s’en rendre maître, comme s’il avait fait de chacune sa vocation spéciale. […] Véritable maître, il dépensait toute sa science dans des leçons, dans des conférences, dans des entretiens fructueux pour qui l’écoutait : il ne réservait rien. […] maîtres, l'abbé Mablin, le Toscan attique. […] Dans le petit nombre des maîtres universellement salués et reconnus qui tiennent, à leur époque, le sceptre de l’esprit et qui pourraient être dans tous les sens les arbitres des grâces, il s’en est rencontré un (chose rare !)

158. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

Je vends ma grappe en fruit comme tu vends ta fleur, Heureux quand son nectar, sous mon pied qui la foule, Dans mes tonneaux nombreux en ruisseaux d’ambre coule, Produisant à son maître, ivre de sa cherté, Beaucoup d’or pour payer beaucoup de liberté ! […] Ne nous en plaignons pas ; elle est esclave, et fait Le ménage divin de son maître parfait ; Bénissons-la plutôt, retombés dans la vase, De n’avoir pas brisé tout entier l’humble vase, D’avoir bu dans l’écuelle et de nous avoir pris Tantôt pour le pouvoir, tantôt pour le mépris. […] Je crois te voir encore, À l’heure où sur Paris montait la rouge aurore, Quand ma lampe jetait sa dernière lueur, Et qu’un bain de ma veille étanchait la sueur ; Tu t’asseyais tranquille au bord de ma baignoire, Le front pâle et pourtant illuminé d’histoire ; Tu me parlais de Rome un Tacite à la main, Des victoires d’hier, des dangers de demain, Des citoyens tremblants, de l’aube prête à naître, Des excès, des dégoûts et de la soif d’un maître, Du défilé terrible à passer sans clarté, Pont sur le feu qui mène au ciel de Liberté ! […] J’ai toujours envié la mort de ce grand homme, Esprit athénien dans un consul de Rome, Doué de tous les dons parfaits, quoique divers, Fulminant dans sa prose et rêveur dans ses vers, Cicéron en un mot, âme encyclopédique, Digne de gouverner la saine république, Si Rome, riche en maître et pauvre en citoyen, Avait pu supporter l’œil d’un homme de bien ! […] Le jardin qu’il aimait but le sang de son maître… De son bouquet sanglant ardente à se repaître, Fulvie, en recevant la tête dans son sein, Passa sa bague au doigt du tribun assassin ; Puis, dans l’organe mort pour punir la harangue, De son épingle d’or elle perça la langue, Et sur les Rostres sourds fit clouer les deux mains Qui répandaient le geste et le verbe aux Romains !

159. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Après, il fallait vivre. « J’ai été pion, disait-il plus tard, pion ou quelque chose d’approchant, et je n’en suis ni fier ni honteux. » Il nous a raconté comment il fut maître d’études au collège d’Aix, et en même temps étudiant à la Faculté des Lettres. […] Ce fut Sainte-Beuve, et non Taine, dont il se paya les œuvres complètes sur les 400 fr. de traitement annuel que gagnait un maître d’études du collège d’Aix. […] Larroumet n’a pas été mon maître. […] Nous étions sortis de l’École Normale, mes camarades et moi, très admirateurs des grandes constructions d’art littéraire que Taine avait édifiées, mais au fond très décidés à ne point nous mettre au service d’un système, tout préparés par nos maîtres, Fustel de Coulanges, Tournier, Boissier, Lavisse, qui nous avaient donné l’idée des méthodes exactes, à essayer d’adapter à l’histoire littéraire de la France les procédés de la critique ancienne et de l’histoire. […] Pour moi, ce m’est un encouragement et une force, de songer qu’en montant dans cette chaire qu’il a trop peu de temps occupée, j’y trouve installée déjà par lui, éprouvée par sa pratique et revêtue de son autorité, la méthode que je crois, sinon la plus glorieuse pour le maître, du moins la plus utile pour les auditeurs et la plus adaptée aux objets de l’histoire littéraire.

160. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Les imitateurs de Baudelaire n’ont pas assez vu que la perversité de leur maître ne consistait au fond que dans la perversion de ses sens et de son goût, dans une aliénation périodique de lui-même, dont il est vrai, d’ailleurs, qu’il avait le tort de se glorifier. […] Or, ce qui distingue Satan, c’est qu’il ne peut ni admirer ni aimer… Baudelaire, comme tous les poètes-nés, dès le début posséda sa forme et fut maître de son style, qu’il accentua et polit plus tard, mais dans le même sens. […] Mais lui, dieu de lui-même et maître d’ignorer. […] Maître, qui fus Celui, un instant, pour nous, Tu dois, de ceux qui se passent le flambeau, L’éternel flambeau, qui nous éclaire, nous, Recevoir le tribut des hymnes clairs et beaux : « Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères. […] II Nous nous sommes conquis sur l’antique univers ; Nous le repétrirons, ô Maître, à notre image ; Et couronnes d’insulte aussi bien que d’hommage, C’est pourquoi nous passons, portant des rameaux verts.

161. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Il dirait volontiers avec ce personnage de Montesquieu, dans les Lettres persanes : « Voici les poètes dramatiques, qui, selon moi, sont les poètes par excellence et les maîtres des passions… Voici les lyriques, que je méprise autant que j’estime les autres, et qui font de leur art une harmonieuse extravagance. » Il y a là, certainement, une lacune dans la manière dont M.  […] Je ne dis pas que j’ai tout cela, mais je voudrais bien l’avoir ; et celui qui y parviendra sera mon ami et mon maître. […] Des parties tout à fait belles et sérieuses, comme lorsqu’il parle de l’Antiquité grecque et des personnages d’Homère ou de Sophocle, ou encore lorsqu’il aborde cette autre Antiquité chrétienne des Augustin et des Chrysostome, font voir le maître dans son élévation et sa gravité, et rachètent quelques abus. […] Il prend ses termes de comparaison chez les Grecs, chez les Latins, dans le siècle de Louis XIV ; et enfin, quand il aboutit aux modernes, aux contemporains, il les bat, en les montrant inférieurs, malgré leur esprit, à ces maîtres plus naturels et plus graves. […] Le nom d’Aristarque, le maître en ce genre de sagacité grammaticale, est passé en circulation à l’état de type, et signifie l’oracle même du goût.

162. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Surtout acceptons la manière des maîtres. […] Ce n’est pas envers ces maîtres que la France a manqué, c’est envers elle-même. […] Les maîtres de la spiritualité reviennent sans cesse sur ce point. […] Janet, ces maîtres issus de M.  […] La Raison, pour Pascal, est un serviteur entre deux maîtres.

163. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

C’est pour cette philosophie, cette rigueur et cet art, que nous accordons à Céard, sinon la place d’honneur qu’il occuperait, par moins de nonchalance ou d’exigence envers soi, du moins une place bien à lui entre nos maîtres. […] Maître de sa technique dès En ménage, il ne s’est pas complu dans la réédition, sous des noms variés, des romans déjà connus, ni même des romans déjà envisagés comme possibles. […] La froideur anatomique, l’indifférence de dissecteurs reprochée à ses maîtres, a disparu. […] Descaves est proche de ce maître, par la vigueur précieuse de son style.

164. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

Longchamp et Wagnière mêlant leurs impertinentes affaires à celles de leur maître, l’un regrettant les bals, la bonne chère, et ce qu’il appelle l’aurore de sa vie, l’autre sollicitant votre indignation contre les héritiers de Voltaire, qui pourtant lui sont, dit-il, aussi étrangers que le grand Turc , et tous deux vous initiant, bon gré, mal gré, aux tracasseries subalternes et au commérage ignoble de madame Denis. […] Il aime bien mieux, dans sa naïve jactance pour la gloire de son maître, ne nous faire grâce en rien de ces confessions et communions dérisoires, dont le seigneur de Ferney donnait le spectacle aux grands jours dans son église paroissiale, et de celles, plus dérisoires encore, pendant lesquelles, couché sur un lit de mort supposé, il jouait la solennité de l’agonie tête à tête avec un capucin effrayé, et, par une inexplicable débauche d’imagination, se plaisait à célébrer le scandale avec mystère. Elles sont affligeantes, elles sont profondément immorales, ces sortes d’orgie d’un beau génie en délire ; et quand, dix années plus tard, aux approches d’une mort inévitablement prochaine, on voit éclater de point en point la contrepartie de ces scènes indécentes, quand un prêtre en habit court, introduit dans la chambre du moribond, l’obsède de ses dévotes violences, quand le même Wagnière caché, comme autrefois, derrière une porte, non plus pour rire d’un moine imbécile, mais pour sauver son maître d’un moine hypocrite, écoute tremblant, la main sur son couteau, et s’élance aux cris du vieillard, on tire d’un rapprochement si naturel et si terrible une condamnation plus sévère encore de ces jongleries philosophiques qui provoquent et semblent absoudre les persécutions religieuses.

165. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — III »

A mon jugement (et l’on m’excusera si je ne ressens pas dans toute leur intensité les pieux scrupules des intimes du maître), cet anonyme indiscret ne commit qu’une légère faute de goût : pour bien agir, il aurait dû publier ces sonnets seulement à une cinquantaine d’exemplaires. […] Et, en effet, il y a quelque rudesse pour des maîtres (je pense, par exemple, à M.  […] Taine qui, théoriquement, semble avoir eu tort de ne pas se prêter aux reporters, — tandis que son maître, Gœthe, en avait installé un d’office auprès de lui (Eckermann), — eut raison dans la pratique.

166. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

C’est la gloire de l’art d’être, pour ainsi dire, le maître de ses propres règles. […] Il est camarade et non point maître. […] Le jeune auteur est d’ailleurs passé maître en ces escrimes. […] Mais pendant cet espace de temps, les maîtres n’ont pas gardé le silence. […] Pour lui, son jeune maître n’est pas mort.

167. (1913) Poètes et critiques

Que ne puis-je citer ici le jugement de celui qui fut la critique même, du maître des maîtres, de M.  […] Pas plus que Brunetière, son vrai maître, M.  […] Victor Giraud a traité d’égal à égal avec un écrivain qu’il appelle son maître. […] Victor Giraud, Maîtres d’autrefois et d’aujourd’hui. […] Les paysages sont rendus de main de maître.

168. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Cruelle énigme le fit passer maître. […] Mme Daudet ne se rattache à aucun maître contemporain. […] Peut-être n’est-il point le maître du chœur. […] Et voici que les maîtres eux-mêmes sont pris d’inquiétude. […] Il y a encore des maîtres, des écoles, des systèmes, et personne pour les suivre.

169. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

A grands frais, quoiqu’il y eût alors de jeunes maîtres français, l’Empire fit jouer à l’Opéra le Tannhaeuser. […] De grands maîtres allemands l’avaient été avant lui. » C’est vrai  ! […] L’Allemagne des grands maîtres, que nous applaudissons en France chaque jour, comme nous sommes prêts à applaudir les maîtres allemands nouveaux qui n’ont point personnalisé l’injure jetée par un vainqueur à notre patrie vaincue, l’Allemagne patriote me comprendrait mieux, si je m’adressais à elle, que certains Français ! […] Les patriotes de la Ligue sont, eux, seuls juges, seuls maîtres, seuls responsables de leur attitude personnelle. […] Saint-Saëns que le maître du clavier et de l’orchestre, et elle le couvre de fleurs.

170. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Ainsi l’homme vertueux et maître de ses passions doit détourner avec soin, comme je le fais, ses regards de la femme étrangère !  […] Voilà, je vous le jure, comment il est tombé en ma possession : maintenant vous êtes les maîtres de me battre ou de me tuer. […] Sache que cet enfant est destiné à se rendre un jour, par sa valeur, maître du monde entier. […] Ainsi que l’ordonne le maître des dieux. […] Le maître du palais s’assoira au centre sur un trône.

171. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Tréguier »

Et mes excellents maîtres, à qui je dois ce qu’il y a de meilleur en moi…, un seul d’entre eux, je crois, et des plus méritants, vit encore. […] Ce petit écolier consciencieux, laborieux, désireux de plaire à ses maîtres, c’est bien moi tout entier ; j’étais doué dès lors ; j’avais tout ce que j’ai maintenant ; je n’ai rien acquis depuis, si ce n’est l’art douteux de le faire valoir. Il vaudrait sûrement mieux vivre et mourir solitaire ; mais on n’est pas le maître ; le monde vous prend par les cheveux, fait un peu de vous ce qu’il veut.

172. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

C’était, en effet, un début de Maître. […] De quoi se flatta le Christ, notre divin Maître ? […] supplie le maître valet. […] Mais pardonne à ces petits, à ces pauvres agneaux… Maître, ils sont innocents ; maître, ils sont tous à toi ! […] Tue-moi, maître !

173. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Henri Albert La Gardienne : En un décor de rêve, par un soir d’automne, dans une contrée septentrionale, tandis qu’à l’horizon vaporeux planent des nuées de tristesse et que le paysage tout entier s’enveloppe de silence et de grisaille, le Maître sort de la forêt mélancolique et s’approche, le front bas, de l’antique manoir de ses jeunes années. […] Ils contemplent avec lui les ruines du passé ; ils savent qu’en se retrouvant là, le Maître oubliera la vie d’apparence et d’action qu’avec eux il a menée, qu’il ne lui en restera que des regrets. […] Lugné-Poë (le Maître) répondaient les intonations molles et caressantes de Mlle Lara (la Gardienne). […] Mallarmé pour maître et pour émule M. 

174. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Maître, parlez de manière à être compris… BARRA. […] Quant à toi, maître, compte les coups un à un, à haute voix, qu’on t’entende ; et garde-toi bien de commettre, une erreur dans le compte, car il faudrait recommencer. […] Prenez, puisqu’il vous les donne, et en outre ce manteau pour le restituer à son pauvre maître. […] L’Affamato voudrait bien changer de maître ; mais chacun redoute la prodigieuse capacité de son abdomen.

175. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Molière, qui avait alors trente-six ans, et qui était devenu un maître à son tour, en était le directeur. […] Zucca, qui est un poltron, dit à son maître qu’il lui arrivera malheur d’aller ainsi toutes les nuits chez Virginia. […] Ramené par les questions de Flaminio, il fait le détail de tout ce qui se passe entre son maître et Virginia, puis il est battu. […] Les deux valets se plaignent de servir des maîtres extravagants. […] Pandolfo menace le maître et le valet, et va chercher des armes.

176. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Il n’est pas besoin d’être prévenu contre sa mémoire, pour s’apercevoir que le disciple a converti en procédés de versification les grandes doctrines du maître. […] Je me souviens du temps où de pieux maîtres me les faisaient apprendre par cœur, et je craindrais, en y regardant de trop près, de manquer de respect à leur mémoire. […] Il apportait avec lui tout le trésor de sa poésie dans un cœur de vingt ans, et dans un esprit fécond autour duquel veillaient le souvenir de sa mère et les ombres vénérées des maîtres immortels. […] Dans la jeunesse d’André Chénier, Bertin et Parny en étaient les maîtres. […] Le disciple a égalé les maîtres, et il a l’avantage d’intéresser plus vivement les modernes à des choses de l’art antique.

177. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

L’élève tue, le maître massacre : les proportions sont gardées. […] Claude refuse, voulant rester seul maître de son oeuvre, et il laisse Cantagnac discuter, en tête-à-tête avec sa femme, la vente de cette maison qui représente l’apport de sa dot. […] Elle le menace, elle l’insulte presque ; puis se radoucit, fond en grosse tendresse : il est son maître, elle l’a dans le sang. […] Cette chirurgie dramatique, trop souvent blessante, ou l’auteur était passé maître, est ici maniée avec le tact le plus délicat. […] C’est à encadrer net, comme une eau-forte de maître.

178. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

On louait tantôt avec délicatesse, tantôt avec pompe ; et ces courtisans polis, sous un gouvernement qui avait de l’éclat, mêlaient de la dignité dans leurs hommages, et honoraient par l’éloquence les maîtres qu’ils flattaient. […] Platon et Virgile, Homère et Lucrèce, Sophocle et Cicéron, devinrent les maîtres et les précepteurs des Gaulois. […] Non, l’orateur républicain n’est pas un vain discoureur chargé de cadencer des mots ; ce n’est pas l’amusement d’une société ou d’un cercle ; c’est un homme à qui la nature a remis un empire inévitable ; c’est le défenseur d’une nation, c’est un souverain, c’est un maître ; c’est lui qui fait trembler les ennemis de sa patrie. […] L’un appartient à la passion qui le domine, et règne sur lui ; l’autre a les bienséances pour maîtres et pour tyrans. […] L’enthousiasme publia fit naître ou perfectionna les talents ; ils se vouèrent tous au plaisir, ou à la grandeur du maître.

179. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Léopold fréquentait surtout le palais de la princesse Charlotte ; cette jeune femme s’essayait sous sa direction à dessiner, à peindre, à graver les œuvres du maître ; l’intimité des occupations amena l’intimité des cœurs. […] Le prince composait de grands paysages historiques avec les pages de la nature que la mer, les montagnes, les ruines déroulaient sous ses yeux ; Léopold Robert y jetait des groupes humains et pittoresques qui les animaient de leurs scènes ; la princesse Charlotte les gravait sous l’inspiration du jeune maître. […] L’histoire célèbre d’Héloïse et d’Abeilard, mille autres histoires domestiques aussi fatales attestent le danger de ces rapprochements trop habituels entre une élève innocente et un maître imprévoyant ; le péril pour tous les deux naît précisément de l’ignorance du péril. […] Au fond du char, le vieillard maître du champ, et père, beau-père ou aïeul de toute cette famille, gouverne. Assis sur une botte de foin des buffles, il témoigne de son rang et de son autorité en posant avec une impérieuse douceur la main sur le bras d’un serviteur qui replie, à l’ordre de son maître, les toiles étendues tout à l’heure sur le char pour le garantir contre le soleil.

180. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

On monte par un escalier de pierres grises au premier étage, où l’on trouve un petit salon et cinq ou six chambres de maîtres ou d’hôtes. […] Souvent il allait à la messe à l’heure où les servantes pieuses y vont avant que les maîtres soient levés ; il écrivait ensuite jusqu’au dîner. […] Et le ministre du roi de Sardaigne se concertant, à l’insu de son maître, avec le ministre de Bonaparte pour opérer un rapprochement intime et secret entre l’homme de Vincennes et le roi de Cagliari ! […] Maintenant, je suis en règle ; si vous ne voulez pas me croire, vous êtes bien le maître de faire tout ce qu’il vous plaira de ma personne ; elle est ici. […] « — Il est bien le maître, mais je ne partirai pas, car je ne partirai qu’avec la certitude de lui parler.

181. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Victor Hugo qui ne devança jamais de 24 heures l’opinion publique, mais sut toujours lui emboîter le pas, singeait Chateaubriand son maître, et appliquait à son usage privé le truc qui ne ratait pas son effet au théâtre. […] Sa conduite est celle de tout commerçant, sachant son métier : une maison ne prospère, que si son maître sacrifie ses préférences politiques et accepte le fait accompli. […] Jules Ferry lui souhaitant sa fête, deux ans avant sa mort, ne l’aurait pas salué du nom de Maître. […] Il avait de nouveaux maîtres à satisfaire. […] On pourra se faire une idée de la rapidité avec laquelle s’accroissait la fortune du maître quand on saura que celui-ci réalisa, en 1884, onze cent mille francs de droits d’auteur.

182. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Cette combinaison dura près d’un an, après quoi Gautier resta seul et maître du feuilleton. Maître ! […] pourtant il ne faudrait pas trop dire de mal des maniérés : ce sont des gens de beaucoup de talent et d’invention, qui ont eu le tort de venir lorsque tous les magnifiques lieux communs, fonds du bon sens humain, avaient été exploités par les maîtres d’une façon supérieure : ne voulant pas être copistes, ils ont tâché de renouveler la face de l’art par la grâce, la délicatesse, le trait les mille coquetteries du style ; le riche filon était épuisé, ils ont poursuivi la fibre dans ses ramifications les plus imperceptibles. […] Deux petits poneys, dignes de Tom Pouce, attelés à un élégant coupé dont la caisse en roulant rasait le pavé, portaient partout un maître à teint olivâtre qui remplissait majestueusement le dedans, et semblaient prêts eux-mêmes, à chaque visite où l’on s’arrêtait, à monter sans façon jusqu’à l’entre-sol. […] Plus d’une m’a remis la clef d’or de son âme ; Plus d’une m’a nommé son maître et son vainqueur ; J’aime, et parfois un ange avec un corps de femme, Le soir, descend du ciel pour dormir sur mon cœur.

183. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Quoi qu’il en soit, Guillaume de Chaulieu, le futur abbé, était fils d’un maître des comptes de Rouen. […] Ils ne sauraient guère avoir de meilleur maître… Il donna audience à l’envoyé des Tartares lundi ; il (l’envoyé) vint l’assurer de l’amitié du khan son maître, et de l’envie qu’il a de ménager une bonne paix entre le Turc et lui. […] Les régalades continuent sur toute la route au retour : l’ambassadeur et l’abbé ne se lassent pas de tenir tête aux grands seigneurs du pays et de s’enivrer à la polonaise, pour soutenir l’honneur du roi leur maître. […] Pour réparer son échec de Pologne, il prend le parti de s’attacher entièrement aux jeunes princes de Vendôme, et s’insinue si bien par son esprit, qu’il devient le maître absolu de leurs affaires, l’intendant et l’arbitre de leurs plaisirs. […] Avec cela, il se gouvernait, ai-je dit, et c’est par là qu’il était un maître et un arbitre écouté dans son monde.

184. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

On ne saurait dire non plus que cette retraite, qui prive les listes semestrielles de la faculté des plus beaux noms qui les décoraient, soit « un malheur public pour la jeunesse des Écoles » qui n’entendra plus désormais ces voix éloquentes ; car il y a vingt-deux ans que ces illustres maîtres avaient cessé de professer, et qu’ils ne remplissaient plus leurs chaires que par leurs lieutenants. […] Y a-t-il eu en réalité un moment où l’un ou l’autre de ces trois maîtres ait pu ainsi reparaître dans nos écoles avec opportunité, avec convenance ? […] Nos trois illustres maîtres, en s’épargnant ce retour sur un théâtre où ils avaient tant donné, mais où ils avaient à terminer encore, ont fait, selon moi, comme Turenne s’il avait manqué ses deux dernières campagnes, ou comme Racine s’il s’était retranché Esther et Athalie. […] Cousin, et le maître lui-même semble l’avoir compris en se réfugiant dans la littérature proprement dite, qui le distrait et le possède de plus en plus. […] Vous, les maîtres dans les humanités classiques, quels préceptes de conduite en avez-vous tirés ?

185. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Car enfin nous savions l’histoire de nos maîtres et nous nous en souvenions. […] Vous connaissez assez la vénération que nous inspire le maître des maîtres, pour comprendre quelle dût être notre douleur et notre rage. […] Certes, les maîtres, Méry, Léon Gozlan, Gustave Flaubert. […] Pour la première fois de sa vie, mon maître s’est trompé. […] Celui que vous reconnaissez pour un de vos plus chers maîtres, apprenez à tous qu’il est un maître en effet.

186. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — II »

Oui, le bienfait dont nous remercions le maître qui vient de mourir, c’est qu’il a trouvé un joint pour conserver à l’esprit moderne le bénéfice de cette prodigieuse sensibilité catholique dont la plupart d’entre nous ne sauraient se passer, car elle a façonné trop longtemps nos ancêtres. […] Je ne crois pas qu’il y ait dans l’histoire littéraire un exemple de disciples différant de leur maître aussi fort que diffère de M.  […] Si mêlé qu’il fût à la vie parisienne, cet illustre maître n’avait plus grand’chose de commun avec les préoccupations morales actuelles.

187. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Nous ne pouvons pas, lors même que nous le voudrions, apostasier nos maîtres et servir leurs ennemis. […] On ne peut reprocher à M. de Marcellus qu’un excès de faveur pour son maître en diplomatie, mais cette faveur même tient à la reconnaissance et à la bienveillance de son esprit. […] Lady Stanhope se coucha dans l’angle gauche du divan : c’est, en Turquie, la place du maître de la maison ; je me couchai à l’autre angle, vis-à-vis d’elle. […] « J’estime votre ambassadeur (M. le marquis de Rivière) ; c’est un fanatique dans son dévouement pour ses maîtres, mais il l’est de bonne foi. […] Je ne sais pas comment se nomme mon culte ; mais j’adore un Dieu maître du monde qui me récompensera si je fais le bien, et me punira si je fais le mal.

188. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

En voici le sujet en quelques mots : Chrisoforo (Epidicus de Plaute), valet de Polipo (Strattippoclès), jeune soldat, fils d’un père opulent, a été chargé par son maître, qui est allé au siège de Nicosie, en l’île de Chypre, d’acquérir par tous moyens Flavia, esclave d’un marchand d’esclaves nommé Arpago. […] Chrisoforo sait que le père de son jeune maître, le vieillard Polidoro, maintenant veuf de son épouse légitime, a toujours une première femme et une fille qu’il a laissées autrefois à Nicosie, et que cette fille, nommée Emilia, doit bien avoir à présent une vingtaine d’années. Le valet n’imagine rien de mieux, pour exécuter l’ordre de son maître que de faire passer Flavia pour cette Emilia, et d’arracher au père qui n’a jamais vu sa fille l’argent nécessaire à la rançon de l’esclave. […] On peut comparer ce canevas avec Crispin rival de son maître, de Le Sage. […] Mezzetin, pour le toucher, lui offrit le tiers de la récompense qu’il recevrait de son maître, et passa au moyen de cette promesse.

189. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Mais adieu ; trois de mes amis m’attendent ; nous devons discuter aujourd’hui la manière dont l’intelligence passe du moi au non-moi, et du subjectif à l’objectif. » Le pauvre disciple de Laromiguière, un peu confus et inquiet, monta à la bibliothèque de la Sorbonne, et pour se rassurer ouvrit le premier volume de son professeur. « Serait-il bien possible, disait-il, que la doctrine de mon cher maître renfermât de si étranges conséquences ?  […] De cette philosophie si lestement démolie, il subsiste plusieurs constructions intactes ; je voudrais les montrer, avant d’examiner la solidité de la bâtisse si bien décorée, où l’éducation présente nous fait entrer, où l’autorité des maîtres nous enferme, où les convenances et les traditions nous confinent. […] Il entrechoque devant ses auditeurs cette foule d’abstractions, d’explications et d’argumentations ; et quand il les voit bien assourdis par le bruit du combat et par le choc sonore de pompeux adjectifs philosophiques, il les amène doucement hors de la mêlée, éclaircit leurs idées par des exemples familiers, les engage adroitement dans la bonne route, leur fait découvrir d’eux-mêmes et près d’eux ce qu’ils cherchaient si loin et dans les autres, et les laisse satisfaits d’eux, contents du maître, enrichis d’une idée claire, et munis d’une leçon de patience et de discrétion. […] Il raillait les métaphysiciens amateurs de métaphores, pour qui « l’entendement est le miroir qui réfléchit les idées », et qui définissent la volonté « une force aveugle guidée par l’entendement, éclairée par l’intelligence. » Mais au même instant il joignait l’exemple au précepte, et disait dans ce style choisi dont ses maîtres lui avaient donné le modèle : L’homme est porté à tout animer, à tout personnifier, à mettre quelque chose d’humain jusque dans les objets qui ont le moins de rapport à sa nature. […] Les grands auteurs font cercle autour de sa chaire ; il en descend le plus souvent qu’il peut et leur cède la parole ; il prétend qu’ils sont les meilleurs maîtres d’idéologie, et que leur style est toute une logique.

190. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

La troisième partie du livre est consacrée aux maîtres du symbolisme, qui sont, d’après M.  […] De ces trois « maîtres », le seul qui paraît à M.  […] Barre voit dans les stances des « sentiments philosophiques d’une élévation assez haute pour valoir au poète qui les fixe dans ses vers l’honneur de se voir comparer aux plus grands maîtres de la pensée moderne, d’être même appelé le Vigny du XXe siècle. » Cela est à la page 235, et Moréas seul n’en eût pas été étonné ; mais qu’en pensa en Sorbonne son répondant, M.  […] à ces trois maîtres, M.  […] Comparez de même avec le poète et sa femme les géorgiques chrétiennes : la trouvaille métrique du poète, et, dans un tableau d’idylle, l’emploi si heureux d’une forme que Chénier avait créée comme la corde inverse de la lyre, est l’invention d’un maître.

191. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Elle instruit le jeune homme et le vieillard, le maître et le valet, le sage et le fou. […] Le Théâtre-Français m’avait-il vu m’écarter de la route battue par les maîtres de l’art, depuis mon entrée dans la carrière ? […] Ce risible incident est un coup de maître dans l’intrigue de cette comédie. […] De toutes les pièces latines l’Aulularia méritait le mieux d’être imitée par un grand maître. […] L’avarice rend mauvais maître ; Harpagon ne paie point ses valets, il les questionne et les met à la torture.

192. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Je désire que mes maîtres, après avoir pris congé, se rendent à la cour d’Etzel. […] Descendant le courant, il mena la barque vers une forêt, où il trouva son maître sur le rivage. […] C’était une triste récompense qu’il donnait là à ce maître. […] Je vins en toute loyauté au pays de vos maîtres. […] Dancwart, le frère de Hagene, cet homme très-rapide, quitta ses maîtres et bondit devant la porte, en face des ennemis.

193. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Prométhée n’est-il pas d’ailleurs, comme lui, statuaire et maître dans les arts du feu ? […] Toujours, c’est un maître dur celui qui commande depuis peu. » Mais la Puissance a hâte d’en finir, il lui tarde de voir le Titan aux chaînes. […] Le nouveau maître des Heureux a forgé pour moi cette chaîne affreuse. […] J’ai emporté dans une férule creuse, le Feu, maître de tous les arts, le plus grand bien dont puissent jouir les vivants. […] Nous avons tous un nouveau maître ; plus de paroles acerbes, de traits acérés ; Zeus les entendrait, quoiqu’il siège sur les hauteurs.

194. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Il fallut du temps au maître pour passer les Pyrénées. […] Nous nous amusâmes, Larroumet et moi, à chercher les pièces où avait été exploitée cette situation d’un valet se déguisant en maître ou même d’un maître empruntant les habits d’un valet. […] Car c’est un des meilleurs ouvrages de ce maître du rire contemporain. […] Il y a des scènes qu’il a jouées à ravir, et notamment celle du maître à danser, où Truffier (le maître de danse), a été lui aussi d’un sérieux merveilleusement drôle. […] On y trouve pourtant encore de ces traits qui enlèvent, et l’on sent la main du maître.

195. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Mon maître, M.  […] Je salue un maître. […] me dit le maître avec un sourire, en me serrant la main, vous venez voir si je suis mort ! […] Entre le maître. […] Mais qui est maître de la tournure des intelligences ?

196. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Sentant passer dans sa phrase la cadence d’un maître qui fut trop chère à son oreille, il éprouve un scrupule et se rejette en arrière, tel un cheval qui veut se débarrasser du fardeau. […] Possédée par son amant comme femme, comme écrivain la voici qui veut être prise encore par ses maîtres. […] Elle subordonne son émotion à la vision d’un maître et les influences se révèlent, disons mieux : elle se révèle à travers ces influences. […] Un seul point leur est commun : le souci de la Forme, qui donne la durée aux œuvres de l’esprit, par où tous deux relèvent d’une même école et sont disciples des mêmes maîtres. […] Ici, en effet, l’impartialité du juge se complique et s’affaiblit de l’indulgence du maître pour des disciples en qui il retrouve un miroir à ses plus chères doctrines.

197. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

L’esprit du maître est d’ailleurs empreint sur le disciple. […] Le doute du maître fait son plaisir ; le disciple a essayé de tromper le sien par la rigueur d’une méthode ; mais des deux parts, c’est le même doute. […] Mais ce langage du maître, dans l’imitation travaillée du disciple, jure au milieu de cet appareil de divisions et de subdivisions symétriques, de définitions, de distinctions dont Charron hérisse son livre, pensant le rendre plus clair et plus frappant. […] On cherche ce qui fait que le tour d’esprit de Charron n’a pas la franchise de celui de Montaigne, quoique avec tant de solidité en général, avec plus de profondeur que le maître sur certains points, et tant de ressemblance avec lui pour le style ; c’est que l’écrivain dogmatique ne prouve pas assez, et que le sceptique de l’école de Montaigne veut trop prouver. […] Charron, trompé par son honnêteté même, ou entraîné par l’exemple des licences du maître, fait tout voir grossièrement, ne croyant pas son âme complice de l’impureté de son intelligence.

198. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Rien n’est plus contraire à l’esprit de l’œuvre wagnérienne, à la volonté formelle du maître. […] On peut y entendre uniquement des fragments, des morceaux choisis des œuvres du maître allemand, non pas des œuvres symphoniques, mais bel et bien des œuvres dramatiques, sans décor il est vrai, sans mimique, sans acteur, mais avec la musique et le chant. […] Ces différentes impressions passent par les sens et arrivent au cerveau : c’est la que s’opère ce que le maître a appelé la « Gefühlswerdung des Verstandes », c’est-à-dire l’intelligence sensuelle de l’œuvre. […] Si le premier prélude est l’un des plus radieux fragments symphoniques de Wagner, le récit du Saint-Gral, qui d’ailleurs est dérivé de ce prélude, demeure l’une des pages les plus hautement suggestives que le maître ait écrites. […] Heuschel, dont les beaux concerts n’ont pas rencontré le succès qu’ils méritaient, ait espéré conquérir avec un programme wagnérien une salle comble, le grand imprésario wagnérien qui aura le courage de nous donner les chefs-d’œuvre du maître n’est pas encore apparu sur notre horizon.

199. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Le théâtre est l’Église du diable Voilà comment tiennent, l’une à l’autre, ces œuvres fameuses de la comédie ; un lien secret réunit à Molière, au maître absolu de ce grand art, toutes les comédies qui ont été faites après lui, et de même que Longin appelait le théâtre d’Eschyle, d’Euripide et de Sophocle : le Relief des Festins d’Homère , on pourrait appeler les comédies qui ont suivi L’Avare, Les Femmes savantes, Le Misanthrope et L’École des femmes, le relief des soupers de de la petite maison d’Auteuil. […] Les anciens, nos maîtres en toutes choses, étaient des enfants, comparés à ce M.  […] Revenons au maître, à Molière, et pardonnez-moi ces dissertations par lesquelles je tâche de réunir les diverses parties de ce travail que je voudrais rendre utiles aux écrivains à venir, afin de compenser le peu de renommée que j’en espère pour moi-même. […] Vous étudiez avec anxiété son geste, son sourire, l’inflexion de sa voix ; puis, à certains moments inespérés, vous vous retournez avec un murmure approbateur, et vous dites à votre ami : — Comme elle ressemble à son maître, mademoiselle Mars ! […] Vous lui faites jouer cette niaise comédie dans laquelle toutes choses sont bouleversées, où le valet devient le maître, où le maître devient le valet, pendant que de leur côté Marton et sa maîtresse changent également de robe, d’allure, de langage et d’amours.

200. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

C’étaient le plus souvent des circonstances fortuites ou insignifiantes de la vie du maître qui rappelaient aux disciples certains passages des Psaumes et des prophètes, où, par suite de leur constante préoccupation, ils voyaient des images de lui 733. […] Ils trouvaient tout simple que leur maître eût des entrevues avec Moïse et Élie, qu’il commandât aux éléments, qu’il guérît les malades. […] Il semble que le disciple qui a fourni les renseignements fondamentaux de cet évangile importunait Jésus de son admiration pour les prodiges, et que le maître, ennuyé d’une réputation qui lui pesait, lui ait souvent dit : « N’en parle point. » Une fois, cette discordance aboutit à un éclat singulier 759, à un accès d’impatience, où perce la fatigue que causaient à Jésus ces perpétuelles demandes d’esprits faibles. […] Il serait commode de dire que ce sont là des additions de disciples bien inférieurs à leur maître, qui, ne pouvant concevoir sa vraie grandeur, ont cherché à le relever par des prestiges indignes de lui.

201. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

Inférieur à certaines places dans le détail, qui n’a pas tout le fini que le détail doit avoir sous la plume des maîtres, il s’en revanche sur la hauteur de la pensée et sur l’amplitude de la tendance. […] Ses colères de porcher, s’il en eut, lui, il les boucla et les ardillonna sous son froc de capucin, et il sut jouer cette comédie de la vieillesse, que Capdepont n’aurait pas jouée, qui faisait dire au cardinal San Severino, plus jeune que lui de quelques années, car il ne faut que quelques années de moins sur la tête pour qu’un sot se fasse méprisant : « Ne nous opposons pas à ce pauvre vieux, parce que nous serons les maîtres ! » Or, on sait comme il fut vieux et comme ils furent les maîtres ! […] le fougueux Capdepont n’a pas cette grandeur de dompteur sur soi, d’être qui peut dire, comme l’Auguste de Corneille : Je suis maître de moi comme de l’univers !

202. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Lorsque dans une monarchie il s’élève un sujet qui, par les circonstances ou ses talents, obtient un grand pouvoir, aussitôt les hommages et les regards se tournent de ce côté ; tout ce qui est faible est porté, par sa faiblesse même, à admirer ce qui est puissant ; mais si ce sujet qui commande, a une grandeur altière qui en impose, si par son caractère il entraîne tout, s’il se sent nécessaire à son maître en le servant, si à cette grandeur empruntée qu’il avait d’abord, il en substitue une autre presque indépendante, et qui, par la force de son génie, lui soit personnelle ; si, de plus, il a des succès, et que la fortune paraisse lui obéir comme les hommes, alors la louange n’a plus de bornes. […] Ils conviennent enfin que peut-être dans de vastes empires, tels que la Chine et la Russie, où, entre la capitale et les provinces, il y a quelquefois douze cents lieues de distance, la réaction du centre aux extrémités doit être souvent arrêtée dans sa course ; qu’ainsi il pourrait être utile d’y rassembler dans une cour tous les grands comme des otages de l’obéissance publique et de la leur : mais ils demandent s’il en est de même dans les petits États de l’Europe, où le maître est toujours sous l’œil de la nation, et la nation sous l’œil du maître, et où l’autorité inévitable et prompte peut à chaque instant tomber sur le coupable. […] Peut-être ressembla-t-il au sénat de Rome, qui remuait toutes les nations pour être le maître de la sienne, et cimentait son pouvoir au-dedans par les victoires et le sang versé au loin sur les champs de batailles.

203. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Pour voir maintenant s’il travailla pour l’État ou pour lui-même, il suffit de remarquer qu’il était roi sous le nom de ministre ; que, secrétaire d’état en 1624, et chef de tous les conseils en 1639, il se fit donner pour le siège de La Rochelle les patentes de général ; que, dans la guerre d’Italie, il était généralissime, et faisait marcher deux maréchaux de France sous ses ordres ; qu’il était amiral, sous le titre de surintendant-général de la navigation et du commerce ; qu’il avait pris pour lui le gouvernement de Bretagne et tous les plus riches bénéfices du royaume ; que, tandis qu’il faisait abattre dans les provinces toutes les petites forteresses des petits seigneurs, et qu’il ôtait aux calvinistes leurs places de sûreté, il s’assurait pour lui de ces mêmes places ; qu’il possédait Saumur, Angers, Honfleur, le Havre, Oléron et l’île de Rhé, usurpant pour lui tout ce qu’il était aux autres ; qu’il disposait en maître de toutes les finances de l’État ; qu’il avait toujours en réserve chez lui trois millions de notre monnaie actuelle ; qu’il avait des gardes comme son maître, et que son faste effaçait le faste du trône. […] On ne peut douter que les deux oraisons funèbres de Le Tellier, où Fléchier et Bossuet le représentent comme un grand homme et comme un sage, le jour et le lendemain qu’elles furent prononcées, n’aient été fort applaudies à la table et dans l’antichambre de Louvois, qui était son fils, et qui était tout-puissant ; mais si elles avaient été lues à ceux qui avaient suivi la vie entière de Le Tellier, qui l’avaient vu s’élever par degrés, et qui, si l’on en croit les mémoires du temps, n’avaient jamais vu en lui qu’un courtisan adroit, toujours occupé de ses intérêts, rarement de ceux de l’État, courant à la fortune par la souplesse, et l’augmentant par l’avarice, flatteur de son maître, et calomniateur de ses rivaux ; si elles avaient été lues à Fouquet dans sa prison, à ce même Fouquet dont Le Tellier fut un des plus ardents persécuteurs, qu’il traita avec la basse dureté d’un homme qui veut plaire, et qu’il chercha à faire condamner à mort, sans avoir cependant le bonheur cruel de réussir ; si elles avaient été lues en Allemagne, en Hollande, en Angleterre, à toutes ces familles de Français que la révocation d’un édit célèbre, révocation pressée, sollicitée et signée avec transport par Le Tellier, fit sortir du royaume, et obligea d’aller chercher un asile et une patrie dans des contrées étrangères ; qu’auraient pensé tous ces hommes, et des oraisons funèbres, et de l’éloquence, et des orateurs ? […] Il y a apparence que Louis XIV, né à Rome, ne serait point devenu le maître du monde.

204. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

Dans les fêtes de sa cour, il affectait de proposer des prix aux poëtes, aux maîtres du luth ou de la lyre ; mais rarement il admit d’autres jeux ; et, parmi les cruautés de son règne, il fit mourir un athlète, dont le seul crime était d’avoir terrassé en public, par son agile vigueur et sans armes, un Macédonien tout armé. […] Les arts du dessin, que la domination d’un maître gêne moins, semblaient mieux garder leur génie ; et Alexandre était plus heureux à trouver des peintres, ou des statuaires que des poëtes dignes de lui. […] Elle se prostitua plus qu’elle ne se soumit à Démétrius Poliorcète, saluant l’entrée triomphale de ce nouveau maître par une servile cantate postérieure de quelques années à l’hymne religieux de Cléanthe. […] par tu en es le maître.

205. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIII. Des panégyriques en vers, composés par Claudien et par Sidoine Apollinaire. Panégyrique de Théodoric, roi des Goths. »

Il avait pour ami ce célèbre Stilicon, qui fut douze ans le protecteur de son maître, et qui, las de régner au nom d’un fantôme qu’il méprisait, voulut enfin régner par lui-même, et périt. […] On conçoit comment il put louer Stilicon, qui n’était pas à la vérité un citoyen, mais qui était à la fois et un ministre et un général ; mais Honorius, qui toute sa vie fut, comme son frère, un enfant sur le trône ; qui, mené par les événements, n’en dirigea jamais aucun ; qui ne sut ni ordonner, ni prévoir, ni exécuter, ni comprendre ; empereur qui n’avait pas même assez d’esprit pour être un bon esclave ; qui, ayant le besoin d’obéir, n’eut pas même le mérite de choisir ses maîtres ; à qui on donnait un favori, à qui on l’ôtait, à qui on le rendait ; incapable d’avoir une fois du courage, même par orgueil ; qui, dans la guerre et au milieu des périls, ne savait que s’agiter, prêter l’oreille, fuir, revenir pour fuir encore, négocier de loin sa honte avec ses ennemis, et leur donner de l’argent ou des dignités au lieu de combattre ; Honorius, qui, vingt-huit ans sur le trône, fut pendant vingt-huit ans près d’en tomber ; qui eut de son vivant six successeurs, et ne fut jamais sauvé que par le hasard, ou la pitié, ou le mépris ; il est assez difficile de concevoir comment un homme qui a du génie, peut se donner la peine de faire deux mille vers en l’honneur d’un pareil prince. […] Ainsi, dans l’espace de près de cinq cents ans, les lois, les mœurs, les arts, le gouvernement, la religion, le langage même, tout avait changé ; et dans le pays où César et Caton, Cicéron et Auguste avaient parlé aux maîtres du monde, en attestant souvent les dieux de l’empire et près de l’autel de la victoire, un Gaulois, chrétien et évêque, haranguait en langage barbare, un roi goth venu avec sa nation des bords du Pont-Euxin pour régner au Capitole.

206. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Il quitta sa chère patrie pour aller chercher à Rome des écoles supérieures et des maîtres plus illustres dans les lettres et dans la philosophie. […] Sa poésie, plus lyrique, plus élégante, quoique aussi voluptueuse, prit la douce gravité ou la gracieuse familiarité des maîtres du monde avec lesquels il vivait si familièrement. […] Les buissons mêmes sont chargés de prunes et de cornouilles ; le chêne et l’yeuse prodiguent aux troupeaux leurs glands nourrissants, au maître un épais ombrage : on se croit transporté dans la verte Tarente. […] Le peuple romain ne méritait peut-être pas mieux de ses maîtres : pourquoi avait-il livré sa liberté à César, à Auguste, aux légions ? […] Sans épouse et sans enfants, il devait désirer que ses champs et ses huit esclaves tombassent dans le domaine d’un maître aussi doux que puissant.

207. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

S’ils ont donné leur vie comme Socrate, en témoignage de leur sincérité, de leur foi, de leur amour de Dieu et des hommes, proclamons-les maîtres et martyrs de la raison humaine, et lisons, avec une respectueuse piété d’esprit, les arguments raisonnes de leur philosophie. […] Le dialogue est une pensée à deux, à trois ou à quatre interlocuteurs ; sans doute cette manière de penser à deux ou à trois peut éclaircir quelquefois la question, en faisant adresser par l’un des personnages des interrogations utiles, auxquelles le maître répond, réponses qui répondent ainsi d’avance aux doutes et aux ignorances que les autres s’adressent peut-être en silence. […] Le maître, au lieu de simplifier les questions par la simplicité et par la sincérité de l’argumentation, semble se complaire, pour faire preuve d’ingéniosité, de fécondité et de dialectique, à les compliquer de cinquante questions préalables ou secondaires, et à les embrouiller dans un tel écheveau d’arguments que lui seul puisse à la fin en retrouver le fil et dénouer le nœud gordien qu’il a formé. Ce procédé, qui fait briller sans doute l’adresse du maître, embarrasse l’intelligence du disciple ; il fait du chemin de la vérité, au lieu d’une route droite, large et bien jalonnée, un labyrinthe de sentiers étroits, tortueux, obscurs où l’écrivain a l’air de conduire le lecteur à un piège, au lieu de le mener à la lumière, à la vérité et à la vertu. […] Ici, comme mille et mille fois dans Platon, le philosophe trompe ses auditeurs avec des apparences de raisonnements qui ne sont pas des raisonnements sincères ; aussi inclinons-nous à croire que cette preuve erronée de l’immortalité de l’âme est du disciple et non du maître.

208. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Son chien seul, plus fidèle et plus inséparable de lui que l’amitié et que l’amour, suit en haletant les traces de son maître pour mourir à ses pieds ou pour triompher avec lui. […] » dit le demi-dieu ou le maître à son élève Arjoùn ; « le sage ne s’afflige jamais ni pour les morts ni pour les vivants. […] » demande le disciple. « Le bien va au bien, et le mal au mal », répond le maître ; « mais l’homme ne cesse pas d’exister sous d’autres formes jusqu’à ce qu’il soit régénéré tout entier dans le bien. » Puis le dieu se définit lui-même par la voix inspirée et extatique du maître surnaturel. […] Enfin le maître se transfigure entièrement en esprit, et foudroie le disciple anéanti dans sa divinité ; puis il reprend sa forme humaine douce et souriante, et l’instruit des devoirs du culte et de la morale. […] « Et maintenant », ajoute le maître divin, « as-tu écouté avec attention ?

209. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Qu’il est difficile de parler devant un public ; et quel public qu’un maître et des concurrents qui vous jugent, l’un avec une raison sévère, les autres avec une bienveillance équivoque ! […] « Je ne suis pas, disait-il à son maître M.  […] Quintilien et Rollin, pour des raisons diverses chacun en leur temps, ont omis cela dans le modèle qu’ils ont tracé d’un bon maître. […] Dans ses lettres ou plutôt dans les espèces de rapports sous forme de lettres qu’il adresse à ses maîtres, M.  […] À peine est-il maître d’un sujet, que force lui est de passer à un autre.

210. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 135-136

Il paroît, ou que le Maître n’étoit pas difficile sur le choix de ses Eleves, ou que l’Eleve a bien peu profité des soins du Maître ; car les Poésies de M.

211. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Voiriot »

Mauvais tableau, c’est Voiriot toujours Voiriot ; autres pères, mères et maître à châtier dans l’autre monde. Est-ce qu’au bout de six mois ou d’un an le maître n’a pas vu que l’art résistait à l’élève ?

212. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Duvauchel, Léon (1850-1902) »

Emmanuel Des Essarts La recherche du vrai et l’attachement au goût trouvent leur compte dans l’aimable volume de Léon Duvauchel… Il manie le triolet avec la perfection de Saint-Amant et de Blot, ces maîtres du genre. […] Les sonnets de Sylvie et de la Fraise mériteraient la même appellation… La poésie « de genre » compte un maître de plus.

213. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Raynaud, Ernest (1864-1936) »

Louis Tiercelin Elle est située en un plaisant domaine, cette Tour d’ivoire, et le maître qui s’y enferme l’a remplie de tout ce qui peut caresser son regard et charmer sa pensée. C’est un électrique ce jeune maître, et je l’en loue ; son goût d’artiste est capable de s’émouvoir aux plus diverses beautés et va de l’antique au moderne, de Falguière à Verlaine, de Saint-Cloud à Chislehurst, et de la gloire à l’amour… [L’Hermine (1900).]

214. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Elle existe, car sans domination, il n’y a ni peuple, ni ville, ni famille qui puisse subsister ; et si une famille a besoin d’un maître, il faut bien que l’univers en ait un. […] Sa foi est dans tout ce qu’il écrit, et ce seul trait prouve, selon nous, que Buffon ne fui ni son maître ni son modèle. […] Il fut, sous tous ces maîtres de la France, le maître de lui-même, et ne demanda jamais que du pain à sa patrie sous ces différents régimes. […] Martin connut là tous les hommes politiques du moment, mais il ne se lia d’une éternelle amitié qu’avec le grand orateur qui avait été son protecteur et son second maître. […] Pour le pauvre Fidèle, il était mort de langueur à peu près dans le même temps que son maître.

215. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Il ne s’agit ici que des grands hommes, des maîtres de l’esprit public. […] Art et procédés des maîtres. — Montesquieu. — Voltaire. — Diderot. — Rousseau […] Point d’écrivain qui soit plus maître de soi, plus calme d’extérieur, plus sûr de sa parole. […] Le titre est la Folle journée, et en effet c’est une soirée de folie, un après-souper comme il y en avait alors dans le beau monde, une mascarade de Français en habits d’Espagnols, avec un défilé de costumes, des décors changeants, des couplets, un ballet, un village qui danse et qui chante, une bigarrure de personnages, gentilshommes, domestiques, duègnes, juges, greffiers, avocats, maîtres de musique, jardiniers, pâtoureaux, bref un spectacle pour les oreilles, pour les yeux, pour tous les sens, le contraire de la comédie régnante, où trois personnages de carton, assis sur des fauteuils classiques, échangent des raisonnements didactiques dans un salon abstrait. […] Joignez à cela un double sens perpétuel, l’auteur caché derrière ses personnages, la vérité mise dans la bouche d’un grotesque, des malices enveloppées dans des naïvetés, le maître dupé, mais sauvé du ridicule par ses belles façons, le valet révolté, mais préservé de l’aigreur par sa gaieté, et vous comprendrez comment Beaumarchais a pu jouer l’ancien régime devant les chefs de l’ancien régime, mettre sur la scène la satire politique et sociale, attacher publiquement sous chaque abus un mot qui devient proverbe et qui fait pétard491, ramasser en quelques traits toute la polémique des philosophes contre les prisons d’État, contre la censure des écrits, contre la vénalité des charges, contre les privilèges de naissance, contre l’arbitraire des ministres, contre l’incapacité des gens en place, bien mieux, résumer en un seul personnage toutes les réclamations publiques, donner le premier rôle à un plébéien, bâtard, bohème et valet, qui, à force de dextérité, de courage et de bonne humeur, se soutient, surnage, remonte le courant, file en avant sur sa petite barque, esquive le choc des gros vaisseaux, et devance même celui de son maître en lançant à chaque coup de rames une pluie de bons mots sur tous ses rivaux  Après tout, en France du moins, l’esprit est la première puissance.

216. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Je crois cette méthode fort hasarde,, et injuste pour le passé : c’est, me dira-t-on, celle du génie qui procède volontiers en maître et en conquérant ; mais, comme le génie est rare, c’est aussi celle de la prétention et de l’effort ambitieux, bruyant, une méthode tapageuse et qui prête fort au charlatanisme. […] Tout considéré, et sauf quelques ombres, quelques grains plus marqués çà et là dans la physionomie, nous verrons le même Catinat, le vrai Catinat déjà connu, le plus vertueux des hommes de guerre de son temps, obéissant pourtant à sa consigne, et docile de point en point à Louis XIV, à Louvois ; puis, le guerrier une fois quitte de son service, nous aurons le philosophe et le sage, non pas absolument celui qu’on a arrangé au xviiie  siècle, et sur lequel on avait répandu une légère teinte de liberté de pensée, mais enfin un modèle de modestie, de raison, de piété morale, et un bon citoyen, celui qui disait ; « J’aime mon maître et j’aime ma patrie. ». […] La possession de la citadelle n’était pas tout en effet ; c’était la seule chose qui eût été stipulée avec le duc de Mantoue et à laquelle il avait consenti ; mais pour Louis XIV et pour Louvois, ce n’était qu’une partie du plan : il était sous-entendu par eux qu’une fois maître de la citadelle on en trouverait les fortifications insuffisantes, en trop mauvais état, et que ce serait prétexte pour demeurer et prendre ses quartiers d’hiver dans le pays, et pour occuper la ville ainsi que le château attenant. […] Us se sont regardés comme des hommes perdus et déshonorés, s’ils paraissaient si promptement consentir à une entière dépouille de leur maître. […] Il sut, dans le cas présent, exécuter les volontés impérieuses du maître sans faire d’éclat, et s’accommoder encore avec le marquis de Gonzague, de manière à sauver quelque apparence et à ménager sa délicatesse.

217. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Aussi, dès qu’il est maître du moins de son talent, la métaphore n’est-elle jamais banale chez lui : toujours rafraîchie à sa source, renouvelée par une sensation directe, elle peut être bizarre, ridicule, elle est toujours vraie et naturelle. […] Au reste, le maître lui-même rend témoignage du changement des temps par les recueils qu’il envoie de son exil. […] Par sa bizarrerie voulue et provocante, mais aussi par sa facture magistrale, Baudelaire a exercé une influence considérable : ne lui reprochons pas les sots imitateurs qu’il a faits, c’est le sort de tous les maîtres. […] Venons aux maîtres en qui s’exprime le besoin nouveau des esprits. […] Coppée892 s’est acquis le nom d’un maître.

218. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Mais lorsque, plus tard, dans sa chaire du Lycée, ayant trouvé sa fonction et sa vraie place, il lisait avec physionomie, avec feu, ses leçons en général judicieuses et élégantes, on s’étonnait de sentir en lui le maître, on le reconnaissait et on l’applaudissait sans effort, sans révolte. […] En publiant sa pièce, il la fit précéder d’une Lettre à Voltaire, dans laquelle il discourait et discutait même de cet art qui leur était commun, et il le faisait d’un ton de disciple déjà mûr et presque de maître, qui choqua beaucoup dans le temps, mais qui ne fait que nous confirmer les précoces inclinations critiques de La Harpe. […] Sur cette prétention que témoignait La Harpe d’être haï d’une foule de personnes, on faisait, dans l’une de ces deux lettres, cette remarque assez spirituelle : Un jeune petit maître se vante par air d’être aimé de beaucoup de femmes ; les jeunes poètes ont la même vanité, ils se supposent beaucoup d’ennemis. […] Je dis cela de tous les ouvrages de La Harpe en vers, soit qu’ils s’intitulent Warwick ou Mélanie, soit même qu’ils aient, comme dans Philoctète, une intention de goût plus sévère, mais à laquelle la vraie simplicité savante a manqué ; soit que l’auteur se joue d’un air plus léger, et qui vise au gracieux, dans des poèmes tels que Tangu et Félime, genre de poésie dans lequel Voltaire est à la fois, chez nous, le seul maître et le seul supportable ; car on ne peut lire que lui. […] Voltaire venait de mourir à Paris (30 mai), et la foule des petits auteurs, ennemis de La Harpe, n’attendait qu’une occasion pour tomber sur le disciple que la protection du maître ne couvrait plus.

219. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Il a un maître faible, mais assez judicieux, à persuader, à convaincre ; avant d’agir, il démontre. […] Avenel, jusqu’au moment ou s’arrête le premier volume de cette publication, c’est-à-dire à l’époque où il rentre au Conseil pour y être désormais le seul maître (1624). […] Il craint de donner prétexte à ces alliés puissants et turbulents qui, « après avoir ruiné les valets », iraient par ambition jusqu’à s’attaquer aux maîtres. […] Richelieu a sa méthode sur la manière dont un Premier ministre dévoué doit produire et mettre en relief un roi courageux ; il souffre de voir Luynes ne rien entendre à cet art et à cette jalousie d’honneur qu’on doit avoir pour les armes de son maître. […] Il s’attache à montrer Luynes comme peu fait pour cette élévation à laquelle la faveur l’avait porté, et qui ne lui donnait qu’éblouissement et insolence : Ces sortes d’esprits, dit-il, « sont capables de toutes fautes, surtout quand ils sont venus, comme celui-ci, à la faveur sans avoir passé par tes charges, qu’ils se sont plus tôt vus au-dessus que dans les affaires, et ont été maîtres des Conseils avant que d’y être entrés ».

220. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Il est impossible d’imiter avec les pierres et les morceaux de verre dont les anciens se sont servi pour peindre en mosaïque toutes les beautez et tous les agrémens que le pinceau d’un habile homme met dans un tableau, où il est maître de voiler les couleurs et de faire sur chaque point physique tout ce qu’il imagine, tant par rapport aux traits que par rapport aux teintes. […] Ils les reconnurent pour leurs maîtres dans les arts, et nommément dans l’art de la sculpture. […] éphestion le confident de l’intrigue, s’appuïoit sur l’himenée pour montrer que les services qu’il avoit rendus à son maître, avoient eu pour but de ménager entre Alexandre et Roxane une union légitime. […] Comme le temps a éteint les couleurs et confondu les nuances dans les fragmens qui nous restent de la peinture antique faite au pinceau, nous ne sçaurions juger à quel point les peintres de l’antiquité ont excellé dans le coloris, ni s’ils ont égalé ou surpassé les grands maîtres de l’école lombarde dans cette aimable partie de la peinture. […] Ces morceaux paroissent l’ouvrage d’artisans, autant les maîtres de leurs pinceaux que Rubens et que Paul Veronése l’étoient du leur.

221. (1874) Premiers lundis. Tome I « Hoffmann : Contes nocturnes »

En un temps où on est las de toutes les sensations et où il semble qu’on ait épuisé les manières les plus ordinaires de peindre et d’émouvoir, en un temps où les larges sentiers de la nature et de la vie sont battus, et où les troupeaux d’imitateurs qui se précipitent sur les traces des maîtres ne savent que soulever des flots de poussière suffocante, lorsqu’on avait tout lieu de croire que le tour du monde était achevé dans l’art, et qu’il restait beaucoup à transformer et à remanier sans doute, mais rien de bien nouveau à découvrir, Hoffmann s’en est venu qui, aux limites des choses visibles et sur la lisière de l’univers réel, a trouvé je ne sais quel coin obscur, mystérieux et jusque-là inaperçu, dans lequel il nous a appris à discerner des reflets particuliers de la lumière d’ici-bas, des ombres étranges projetées et des rouages subtils, et tout un revers imprévu des perspectives naturelles et des destinées humaines auxquelles nous étions le plus accoutumés. […] Aussi, dès qu’il se borne à peindre l’art et les artistes dans ce moyen âge, où il y avait du moins harmonie et stabilité pour les âmes, quelque chose de calme, de doré et de solennel succède aux délirantes émotions qu’il tirait des désordres du présent ; depuis l’atelier de maître Martin le tonnelier, qui est un artiste, jusqu’à la cour du digne landgrave de Thuringe, où se réunissent autour de la jeune comtesse Mathilde, luth et harpe en main, les sept grands maîtres du chant, partout dans cet ordre établi, on sent que le talent n’est plus égaré au hasard, et que l’œuvre de chacun s’accomplit paisiblement ; s’il y a lutte encore par instants dans l’âme de l’artiste, le bon et pieux génie finit du moins par triompher, et celui qui a reçu un don en naissant ne demeure pas inévitablement en proie au tumulte de son cœur. Outre les Maîtres chanteurs qui respirent, disons-nous, un parfum exquis du moyen âge, on trouvera dans la nouvelle livraison d’Hoffmann un joli conte, intitulé Maître Jean Wacht, et surtout un autre intitulé le Botaniste.

222. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Avertissement »

Ils pourront apporter bien du fatras : ce sera au maître de le trier, de faire dans chaque cas particulier la part du bien et du mal, et de leur faire comprendre pourquoi chaque chose, en chaque lieu, est bonne ou mauvaise. […] Pour ceux qui commencent à écrire, nul livre ne vaut la voix du maître, et nul exemple n’est bon que celui qu’ils se donnent à eux-mêmes. Ce sont leurs compositions mêmes qui les instruisent ; c’est sur les matières mêmes qu’ils auront traitées que le maître leur apprendra à féconder, à développer, à ordonner un sujet, c’est par leurs propres trouvailles de pensée et de style, bonnes ou méchantes, qu’il éclairera leur jugement et redressera leur goût.

223. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Heredia, José Maria de (1842-1905) »

Or, le trésor dont se sont rendus maîtres les Parnassiens — rimes riches, rythmes complexes, formes fixes — me fait souvent songer à ces anciennes monnaies qui n’ont plus aucune valeur de représentation. […] Leconte de Lisle, son maître, serait plutôt la lumière ; — et je ne crois pas que jamais vers aient mieux rendu que les siens la diversité des époques ou le changeant décor des lieux. […] Gaston Deschamps José-Maria de Heredia ne me pardonnerait pas si je le louais aux dépens de son illustre maître.

224. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

Quand l’adolescent a fini un nombre suffisant de phrases commencées par son maître, quand il les a ornées d’adjectifs modérés, quand il a, en temps convenable, emmailloté des idées qu’il n’avait point conçues, le grade de bachelier ès lettres vient témoigner qu’il a appris par là à se rendre maître de ses propres pensées. […] Je suis, au reste, moins vigilant pour autrui que notre vieil et tendre maître.

225. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

Pope, d’une santé délicate, ne fut point envoyé au collège, mais d’habiles maîtres se chargèrent de son éducation. […] Ce grand poëte, celui de tous qui fait le plus d’honneur à sa nation par l’élégance, par la correction & l’harmonie qu’on remarque dans ses poësies, se sentit alors moins maître que jamais de sa fureur. […] Un autre écrivain Anglois s’écrie, au sujet de ceux qui y sont déchirés : « Troupeau d’hébétés, dont le pinceau d’un grand maître a si bien caractérisé la sottise, c’est dans ce poëme que vous irez à l’immortalité.

226. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau et M. de Voltaire. » pp. 47-58

Mais ne pouvant profiter de la conversation d’un grand maître dans l’art des vers, il eut soin d’entretenir avec lui une correspondance. […] On a prétendu que le moindre éloge qu’il entendoit faire de ce successeur des plus grands maîtres dans le tragique le desespéroit ; & que ces larmes délicieuses qu’il apprenoit avoir été versées à plusieurs chefs d’œuvre de son jeune antagoniste, lui causoient des larmes de rage. […] Ce jésuite lui écrivoit, Monsieur, autrefois mon disciple, & maintenant mon maître .

227. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Lettre, à Madame la comtesse de Forbach, sur l’Éducation des enfants. » pp. 544-544

On apprécie les incertitudes ; on calcule les chances ; on fait sa part et celle du sort ; et c’est en ce sens que les mathématiques deviennent une science usuelle, une règle de la vie, une balance universelle ; et qu’Euclide, qui m’apprend à comparer les avantages et les désavantages d’une action, est encore un maître de morale. […] Les bons maîtres sont rares, parce qu’ils traînent leurs élèves pied à pied ; et qu’on fait avec eux une route immense, sans qu’ils s’avisent d’arrêter leurs élèves sur les sommités, et de promener leurs regards autour de l’horizon. […] Les enfants des maîtres du monde n’eurent d’autres écoles que la maison et la table de leurs pères.

228. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

Non pas dans les mots ; les violences de mots sont des gestes pour suppléer à l’animation réelle de la pensée, mais ici, ce sont les sentiments dans lesquels le maître recueillait ses observations qui font voir une singulière surexcitation. […] Renan, comme tous les maîtres qui nous ont précédés, croyait à une raison indépendante, existant dans chacun de nous et qui nous permet d’approcher la vérité. […] Nous ne sommes pas maîtres des pensées qui naissent en nous.

229. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

Certainement, des sergents comme Hoche, des maîtres d’armes comme Augereau, ont lu plus d’une fois ces nouvelles oubliées sur la table, et les ont commentées le soir même dans les chambrées de soldats. […] L’ouvrier tailleur est aigri contre le maître tailleur qui l’empêche d’aller en journée chez les bourgeois, les garçons perruquiers contre le maître perruquier qui ne leur permet pas de coiffer en ville, le pâtissier contre le boulanger qui l’empêche de cuire les pâtés des ménagères, le villageois fileur contre les filateurs de la ville qui voudraient briser son métier, les vignerons de campagne contre le bourgeois qui, dans un rayon de sept lieues, voudrait faire arracher leurs vignes792, le village contre le village voisin dont le dégrèvement l’a grevé, le paysan haut taxé contre le paysan taxé bas, la moitié de la paroisse contre ses collecteurs, qui à son détriment ont favorisé l’autre moitié. « La nation, disait tristement Turgot793, est une société composée de différents ordres mal unis, et d’un peuple dont les membres n’ont entre eux que très peu de liens, et où, par conséquent, personne n’est occupé que de son intérêt particulier. […] L’autre, qui suggère et dirige, enveloppe le tout dans les Droits de l’Homme et dans la circulaire de Siéyès. « Depuis deux mois, écrit un commandant du Midi797, les juges inférieurs, les avocats dont toutes les villes et campagnes fourmillent, en vue de se faire élire aux États Généraux, se sont mis après les gens du Tiers-état, sous prétexte de les soutenir et d’éclairer leur ignorance… Ils se sont efforcés de leur persuader qu’aux États Généraux ils seraient les maîtres à eux seuls de régler toutes les affaires du royaume, que le Tiers, en choisissant ses députés parmi les gens de robe, aurait le droit et la force de primer, d’abolir la noblesse, de détruire tous ses droits et privilèges, qu’elle ne serait plus héréditaire, que tous les citoyens, en la méritant, auraient le droit d’y prétendre ; que, si le peuple les députait, ils feraient accorder au Tiers-état tout ce qu’il voudrait, parce que les curés, gens du Tiers, étant convenus de se détacher du haut clergé et de s’unir à eux, la noblesse et le clergé, unis ensemble, ne feraient qu’une voix contre deux du Tiers… Si le Tiers avait choisi de sages bourgeois ou négociants, ils se seraient unis sans difficulté aux deux autres ordres.

230. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

L’empereur Tacite, maître du monde, se glorifiait de descendre de l’historien de ce nom, et ne passait pas une nuit sans lire ou composer. […] S’il ne trouve pas un homme, dans son siècle, digne de lui commander, il va demander un maître aux siècles passés : il lui dit, règne sur moi : et aussitôt se prosterne et se courbe aux pieds de sa statue. […] Ce maître devient le tyran de sa pensée et le législateur de son goût ; ce maître lui dicte ses opinions, et jusqu’aux mots dont il doit se servir.

231. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Cette belle phrase est depuis des siècles dans la bouche de tous les maîtres qui enseignent leur art et dans l’oreille de tous les enfants ; je ne vous la répéterai pas, toute belle qu’elle soit, parce qu’elle ne laisserait qu’une vaine rotondité de période et une vaine cadence de mots dans votre mémoire. […] Je pensais bien que ma composition serait la plus sèche, et que le maître et les condisciples auraient pitié de la pauvreté de mon pinceau. […] J’ai retrouvé, il y a peu de temps, cette composition d’enfant, écrite d’une écriture ronde et peu coulante, dans un des tiroirs du secrétaire en noyer de ma mère : mes maîtres la lui avaient adressée pour la faire jouir des progrès de son enfant. […] Je lus et relus vingt fois ma première composition ; je l’envoyai à ma mère par l’ordre de mes maîtres ; on la lut à la fin de l’année, à la cérémonie publique de la distribution des prix, au collège des Jésuites, devant les mères et devant les enfants qui l’applaudirent. […] Je sentis ce que sent un élève en peinture qui jette l’écume de la palette de son maître contre la muraille de l’atelier, et qui se trouve à son insu avoir fait de ces taches quelque chose qui ressemble à un tableau.

232. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Un procès s’est élevé entre M. de Blainville, grand maître des cérémonies, et M. de Sainctot, qui n’est que maître des cérémonies. […] L’accident principal du siège est l’attaque d’un ouvrage à cornes qui défend la place : « Samedi 31 avril. — Vauban a dit au roi que, s’il était pressé de prendre Mons, on pouvait dès aujourd’hui se rendre maître de l’ouvrage à cornes ; mais que, puisque rien ne pressait, il valait mieux encore attendre un jour ou deux, et lui sauver du monde. » Ce n’est pas le monde qu’on sauve, c’est du monde qu’on veut sauver à Louis XIV. […] La mort soudaine de Louvois au sortir d’un travail avec Louis XIV (16 juillet 1691) est un des endroits de Dangeau que Saint-Simon commente le plus ; il fait de ce grand ministre un admirable portrait, où cependant, à force de vouloir tout rassembler, il a introduit peut-être quelques contradictions et des jugements inconciliables, comme lorsque après l’avoir représenté si absolu, si entier, il veut qu’il n’ait été bon qu’à servir en second et sous un maître. […] On a fait abus, de nos jours, de ces collègues et de ces maîtres qu’on a donnés à Louis XIV.

233. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Doré, son Don Quichotte est classé désormais, qu’il est allé rejoindre son Rabelais et son Dante, et que je ne pourrai que répéter faiblement ce que les juges du genre, ces maîtres du camp, les Gautier et les Saint-Victor en ont écrit avec la vivacité et le relief qui les distinguent. […] « J’espère bien, disait un jour Sancho à son maître, en voyant les histoires d’Hélène et de Paris, d’Énée et de Didon, représentées sur de mauvaises tapisseries d’auberge, j’espère bien et je parierais qu’avant peu de temps d’ici il n’y aura pas de cabaret, d’hôtellerie, de boutique de barbier, où l’on ne trouve en peinture l’histoire de nos prouesses ; mais je voudrais qu’elles fussent dessinées de meilleure main… » Si Sancho, dans son prosaïsme, pensait ainsi, que dirait Don Quichotte ? […] Un de ses maîtres, Lopez de Hoyos, régent de collège, publiant en 1569 un recueil de vers funéraires, inscriptions, allégories, devises, composées pour les obsèques de la reine Élisabeth, femme de Philippe II, donna plusieurs pièces de la composition de Cervantes qu’il appelait « son cher et bien-aimé disciple. » Cervantes avait alors vingt et un ans. […] Les vicissitudes de sa captivité nous mèneraient trop loin, à les raconter en détail ; il passa successivement au service de trois maîtres et se fit considérer en même temps que redouter d’eux par les tentatives réitérées et pleines de hardiesse qu’il fit pour recouvrer sa liberté et la procurer à ses compagnons de chaîne. […] Quoi qu’il en soit de ce dernier projet qu’on lui a prêté et par où il eût renouvelé Spartacus, il fit preuve, durant cette longue captivité, des plus hautes qualités viriles qui imprimèrent une admiration reconnaissante au cœur de ses compagnons et qui inspirèrent du respect à ses maîtres.

234. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

On conçoit sans peine que l’affliction de ce personnage doit surpasser celle des autres, puisque ce grand maître desesperant de la répresenter, s’est tiré d’affaire par un trait d’esprit. […] Les rouleaux dont je parle se sont anéantis avec le goût gothique : mais quelquefois les plus grands maîtres ont jugé deux ou trois mots necessaires à l’intelligence du sujet de leurs ouvrages, et même ils n’ont pas fait scrupule de les écrire dans un endroit du plan de leurs tableaux où ils ne gâtoient rien. […] Saint Pierre tenant ces clefs est à genouil devant Jesus-Christ, et il paroît penetré d’une émotion conforme à sa situation : sa reconnoissance et son zele pour son maître paroissent sensiblement sur son visage. Saint Jean l’évangeliste répresenté jeune comme il l’étoit, est dépeint avec l’action d’un jeune homme : il applaudit avec le mouvement de franchise si naturel à son âge au digne choix que fait son maître, et qu’on croit appercevoir qu’il eut fait lui-même, tant la vivacité de son approbation est bien marquée par un air de visage et par un mouvement du corps très-empressé. […] Le peintre doit avoir cette attention sans cesse, mais elle lui est encore plus necessaire quand il fait des tableaux de chevalet destinez à changer souvent de place comme de maître.

235. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Par-dessus l’homme naturel, il a créé un homme artificiel, ecclésiastique ou laïque, noble ou roturier, roi ou sujet, propriétaire ou prolétaire, ignorant ou lettré, paysan ou citadin, esclave ou maître, toutes qualités factices dont il ne faut point tenir compte, puisque leur origine est entachée de violence et de dol. […] Ils ont beau la proclamer souveraine légitime, ils ne lui laissent jamais sur eux qu’une autorité passagère, et, sous son gouvernement nominal, ils sont les maîtres de la maison. Ces maîtres de l’homme sont le tempérament physique, les besoins corporels, l’instinct animal, le préjugé héréditaire, l’imagination, en général la passion dominante, plus particulièrement l’intérêt personnel ou l’intérêt de famille, de caste, de parti. […] Ce que désormais il sera et aura ne lui sera dévolu que par la délégation du corps social, propriétaire universel et maître absolu. […] Par ces jeux, dès la première adolescence, ils sont déjà démocrates, puisque, les prix étant décernés, non par l’arbitraire des maîtres, mais par les acclamations des spectateurs, ils s’habituent à reconnaître pour souveraine la souveraine légitime, qui est la décision du peuple assemblé.

236. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Pourquoi alors ne pas se faire tout simplement recevoir docteur en médecine et ne pas se livrer incontinent à l’exercice d’un art où il était déjà maître, et où les maîtres le traitaient au moins en égal ? […] On m’a parlé d’une ode sur la Lumière, dans laquelle, pénétré de toutes les théories optiques modernes et imbu des grandes paroles pittoresques des maîtres primitifs, il s’est élevé à une belle inspiration de science et de poésie. […] Voyez dans le traité des Airs, des Eaux et des Lieux, avec quelle fierté le Grec triomphe du barbare, l’homme libre du sujet soumis à un maître, l’Européen vainqueur de l’Asiatique partout vaincu sur terre et sur mer. […] Littré s’exerçait pour son compte et achevait de se rendre maître de notre vieille langue. […] Littré ne s’est pas effrayé de ces bizarreries chez celui qu’il appelle son maître, et il a pensé que la partie neuve, originale et utile de la doctrine était plus que suffisante pour couvrir et racheter le reste.

237. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Ma condescendance et l’habitude de la soumission qu’avait ce malheureux produisirent leur effet : « Maître, dit-il, je suis un fugitif ; je pourrais peut-être vous tuer ! […] — Maître, mon histoire est courte, mais elle est triste. […] Je tendis cordialement ma main au fugitif. « Merci, maître », me dit-il, et il me la serra de façon à me convaincre de la bonté de son cœur, et aussi de la force de son poignet. […] Le fugitif semblait avoir bien compris ce proverbe, car pendant la nuit il s’approchait de la plantation de son premier maître, où il avait toujours été traité avec une grande bonté. […] Je leur conseillai de prendre leurs enfants avec eux, et leur promis de les accompagner à la plantation de leur premier maître.

238. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Nos plus rudes censeurs sont les dociles élèves de ses maîtres. […] Sollicitez à ce sujet les confidences des maîtres de l’enseignement secondaire, vous serez édifié. Sur une classe de Rhétorique, il y a bien trois élèves qui connaissent le nom d’Anatole France, et un seul peut-être sachant que cet illustre maître est notre contemporain. […] François Mauriac l’aime encore pour nous avoir donné les maîtres auxquels nous revenons toujours . […] Le romantisme et le réalisme s’allient et se confondent pour faire de lui un maître français de la plus pure lignée.

239. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

. — Les choses ont des lois, et ces lois sont rigides ; elles opèrent contre l’homme ou pour l’homme, à son choix ; mais il n’est pas maître de les changer. […] La nation n’est plus qu’un troupeau marqué « du stigmate uniforme de l’esclavage et parmi lequel le maître tire au hasard ses hécatombes quotidiennes. […] Ce sont encore des sujets, non plus sous un roi, mais sous un maître anonyme. […] Pour lui, ce sont des figures manquées, des ébauches mal venues, il n’y a de réel que les formes dessillées ou modelées par les maîtres. […] Ainsi le maître de chœur et le maître de gymnase ont fait de leur mieux.

240. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 475-476

Denis, en 1624, mort à Paris en 1689, étoit fils naturel de François Luillier, Maître des Comptes, qui le légitima en 1642. […] Un jour qu’il sortoit d’une table, où la chere avoit été mince, il dit à l’oreille d’un de ses amis, de façon pourtant que le Maître de la maison pût l’entendre : Où irons-nous dîner en sortant d’ici ?

241. (1923) Au service de la déesse

» Avec tout ça, un mauvais maître ! […] Un mauvais maître ! […] Et cependant, un mauvais maître ! […] Néanmoins, un mauvais maître ! […] Un mauvais maître, Flaubert !

242. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Des maîtres dans l’art d’écrire, nous passons aux badigeonneurs du carrefour ! […] Ésope était esclave, on n’a jamais su le nom de son maître ! […] Comment s’est-il évanoui, et dans quel nuage sanglant, ce type souriant du courtisan éternel, esclave à tout faire et cependant maître absolu de son front, de son regard, de son visage ; infatigable, impénétrable, habile ? […] disait-elle, homme heureux, qui reste absolument le maître des esprits et des âmes ! […] Enfin la critique moderne est revenue, et vaillamment aux maîtres de l’antiquité, leur empruntant tout ce qu’elle pouvait leur prendre !

243. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Il convoque l’assemblée du peuple ; il s’y rend : son chien, fidèle comme les nôtres, suit son jeune maître. […] tout ce qu’une servante attachée dès l’enfance à la maison dit au fils de ses maîtres pour le détourner d’un départ qui l’alarme. […] Le berger désespère de revoir jamais son maître. […] Eumée tout en larmes baise la tête, les yeux, les mains de son jeune maître. « D’où nous vient cet étranger ?  […] c’est l’évangile de la vie rurale : l’esclave et le maître y sont égaux devant la poésie et devant la nature.

244. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Après Panard et avant Béranger, Collé est un des maîtres de la rime ; il a en même temps de l’imagination, du feu, et sa gaîté ne paraît jamais à la gêne. Dans son pot-pourri d’Ariane et Bacchus, Béranger a dit : « Près de Silène gaillard On voyait paraître Maître Adam, Piron, Panard, Et Collé mon maître, etc. » ; et au même moment, dans cette pièce, Béranger, comme pour justifier son dire, imite la chanson de Collé, La naissance, les voyages et les amours de Bacchus, une des plus ardentes et des plus belles. […] On ne sert pas deux maîtres à la fois : Collé l’a prouvé par son exemple. […] Parlant du bon Panard, son maître, à la date de sa mort (juin 1765), Collé a dans son Journal quelques pages excellentes et de la meilleure qualité, dans lesquelles, en rendant hommage à ce devancier charmant, à ce La Fontaine de la chanson, il marque bien en quoi il ne l’a pas imité. […] Qu’on relise dans la Correspondance de Béranger les lettres de conseils littéraires donnés à Mlle Béga, et qu’on les compare à celles de Collé à son élève : on verra le côté par où Béranger est supérieur à celui qu’il appela un jour « son maître. » La vie tout entière de Béranger avait été une éducation continuelle : Collé, sous le prétexte d’un goût naturel et sain, avait trop obéi à sa paresse et n’avait pas marché.

245. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Je vous dirai seulement que je suis insolent, que je parle beaucoup, bien haut et d’un ton de maître ; que je chante et que je danse en marchant, et enfin que je fais une dépense furieuse en poudre, plumets, gants blancs, etc. […] Le sévère Johnson, qui d’ailleurs n’était pas impartial à l’égard de Chesterfield, et qui croyait avoir à se plaindre de lui, disait, au moment de la publication de ces Lettres, « qu’elles enseignaient la morale d’une courtisane et les manières d’un maître à danser ». […] Ce qui soutient et presque ce qui touche le lecteur, dans cette lutte où tant d’art est dépensé et où l’éternel conseil revient toujours le même au fond sous tant de métamorphoses, c’est l’affection vraie, paternelle, qui anime et qui inspire le délicat et l’excellent maître, patient cette fois autant que vif, prodigieux de ressources et d’adresse, jamais découragé, inépuisable à semer sur ce sol ingrat les élégances et les grâces. […] Marcel, le maître à danser, est fort souvent recommandé ; Montesquieu ne l’est pas moins. […] Mieux vaut lire un homme que dix livres : « Le monde est un pays que jamais personne n’a connu au moyen des descriptions ; chacun de nous doit le parcourir en personne, pour y être initié. » Voici quelques préceptes ou remarques, qui sont dignes de ces maîtres de la morale humaine : La connaissance la plus essentielle de toutes, je veux dire la connaissance du monde, ne s’acquiert jamais sans une grande attention, et je connais bon nombre de personnes âgées qui, après avoir été fort répandues, ne sont encore que des enfants dans la connaissance du monde.

246. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Ce livre fait beaucoup d’honneur à M. de Blignières, qui est professeur de rhétorique dans l’un de nos collèges de Paris (Stanislas) ; la science dont il fait preuve n’est pas la seule chose qui plaise en lui ; son affection pour Amyot décèle ses mœurs, une âme qui aime les lettres, et qui les aime avec cette humanité d’autrefois, avec cette chaleur communicative qui est propre à gagner la jeunesse, et que possédaient les vieux maîtres. […] Il la mérite, nous dit Montaigne, excellent juge, pour la « naïveté et pureté du langage en quoi il surpasse tous les autres », pour la « constance d’un si long travail », pour la « profondeur de son savoir », ayant pu développer si heureusement un « auteur si épineux et ferré » que Plutarque (car il n’est pas besoin de savoir le grec pour sentir qu’on est porté avec Amyot dans un courant de sens continu, et que, sauf tel ou tel point de détail, il est maître de son sujet et dans l’esprit de l’ensemble). […] Nous autres ignorants étions perdus, si ce livre ne nous eût relevés du bourbier. » Et il ajoute avec un vif sentiment de ce bienfait : « Grâce à lui, nous osons à cette heure et parler et écrire ; les dames en régentent les maîtres d’école : c’est notre bréviaire. » Rien ne saurait prévaloir contre un tel témoignage. […] Maître ès arts à dix-neuf ans, il alla ensuite à Bourges pour y étudier le droit ; il y devint précepteur et bientôt professeur des langues grecque et latine à l’université de la ville. […] Il continua de justifier les faveurs de la fortune en publiant, en 1572, les Œuvres morales de Plutarque, qu’il dédia à son élève et maître le roi Charles IX, par reconnaissance pour ses bienfaits, « et aussi, dit-il, pour témoigner à la postérité et à ceux qui n’ont pas cet heur de vous connoître familièrement, que Notre-Seigneur a mis en vous une singulière bonté de nature… ».

247. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Cela est si vrai quant à la pensée et à la langue, que, lorsque les Mémoires de Retz parurent, une des raisons qu’alléguèrent ou que bégayèrent contre leur authenticité quelques esprits méticuleux, c’était la langue même de ces admirables Mémoires, cette touche vive, familière, supérieure et négligée, qui atteste une main de maître et qui choquait ceux qu’elle ne ravissait jamais. […] Il y réussit, il tint tête dans les luttes finales et dans les Actes de l’école à un abbé protégé du cardinal de Richelieu, et l’emporta d’une manière signalée, sans se soucier de choquer ainsi le puissant cardinal « qui voulait être maître partout et en toutes choses ». […] Bazin, en lisant cela, n’ait pas à l’instant reconnu et salué Retz comme un maître, sauf ensuite à le contredire en bien des cas, s’il y avait lieu ; mais l’historien qui rencontre, dès les premiers pas, dans le sujet qu’il traite, un tel observateur et peintre pour devancier, et qui n’en tire sujet que de s’efforcer à tout amoindrir et à tout éteindre après lui, me paraît faire preuve d’un esprit de taquinerie et de chicane qui l’exclut à l’instant de la large voie dans la carrière. […] Mon admiration pour ce grand maître s’est accrue en recopiant les tableaux tracés de sa main… Si ce jugement favorable trouve sa justification, c’est surtout à l’origine des Mémoires, et dans la partie qui nous occupe. […] Voilà le branle qui commence, et il ne songe plus qu’à demeurer le maître du bal, comme le disait très bien Mazarin lui-même.

248. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Lorsque son Testament politique parut en 1687, de bons juges y reconnurent le cachet du maître : Ouvrez son Testament politique, dit La Bruyère, digérez cet ouvrage : c’est la peinture de son esprit ; son âme tout entière s’y développe ; l’on y découvre le secret de sa conduite et de ses actions ; l’on y trouve la source et la vraisemblance de tant et de si grands événements qui ont paru sous son administration : l’on y voit sans peine qu’un homme qui pense si virilement et si juste a pu agir sûrement et avec succès, et que celui qui a achevé de si grandes choses, ou n’a jamais écrit, ou a dû écrire comme il a fait. […] En rapportant tout à son maître et en affectant de s’effacer, il ne craint pas que la postérité se méprenne, et qu’elle méconnaisse celui qui, en de si grands desseins si glorieusement exécutés, a été le principal outil. […] Là pourtant où il se sent maître, il applique déjà sa méthode et fait sentir la marque de son caractère. […] La reine régente Marie de Médicis, paresseuse, opiniâtre et sans vue précise, était restée entourée des principaux conseillers de Henri IV, Villeroi, Jeannin, le chancelier de Sillery, mais auxquels manquait désormais l’impulsion du maître. […] Richelieu se rendant de plus en plus utile et nécessaire, et affectant, comme il le faisait déjà en toute circonstance où il n’était pas maître, de vouloir se retirer, on aurait eu à opter entre les deux.

249. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Maître à la fois de l’Allemagne, du royaume de Naples et de la Sicile, savant lui-même dans les langues anciennes et dans l’arabe, curieux d’Aristote comme d’Averroès, il fondait à Palerme une académie pour la langue vulgaire ; il y inscrivait et lui-même et ses deux fils, Enze et Mainfroy, tous deux faisant des vers, sans que le génie politique du dernier fût moins perfide et moins cruel. […] Il avait, peut-être à un plus haut degré, les mêmes études de langue latine, de poésie provençale et de philosophie ; il composait une thèse sur la terre et l’eau considérées comme premiers éléments ; il était venu écouter dans Paris, rue du Fouarre, un grand maître de scolastique, et il avait lui-même discuté contre tout venant. […] Le caractère du Dante, ce grand novateur, fut d’adorer Virgile, ce maître d’un langage si classique et si pur ; et il ne l’adora pas seulement, comme avait fait Stace, en l’imitant mal, en exagérant son élégance, en gâtant sa simplicité, en altérant sa passion. […] « Maître, lui dis-je, quelle est cette Fortune, dont tu m’as dit un mot ? […] Mon maître ne dit rien, jusqu’au moment où ces premières blancheurs parurent des ailes.

250. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

En s’y reportant lui-même à son tour, en repassant sur ses anciennes traces, le maître vient d’y répandre la lumière qui est inséparable de sa plume comme de sa parole ; il n’a pu sans doute rendre à ces premiers canevas tout le développement et tout le souffle qui s’est évanoui avec l’improvisation même ; mais il a su y mettre partout la précision, la netteté, l’élégance, indépendamment de quelques riches et neuves portions dont il les a relevés ; il a su faire enfin de cette suite de volumes sérieux un sujet de vive et intéressante lecture. […] Son enseignement circonscrit, profond et analytique, forma des maîtres ; mais à M. Cousin il était réservé d’enflammer à la fois et les jeunes maîtres et le jeune public. […] L’antiquité dans ses grandes écoles, le Moyen-Age et la Scolastique, la Renaissance et les hardis rénovateurs italiens, ont été successivement mis en lumière, interprétés selon leur véritable esprit ; et dans ces voies diverses où s’avance chaque jour une studieuse élite, on retrouve partout à l’origine le passage lumineux, le signal et l’impulsion du maître.

251. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

Il me fâche d’avoir à nommer ici Renan comme un des maîtres de l’erreur que je constate : il a écrit dans l’Avenir de la science cette phrase où j’aimerais à ne voir qu’un enthousiasme irréfléchi de jeune homme, tout fraîchement initié aux recherches scientifiques : « L’étude de l’Histoire littéraire est destinée à remplacer en grande partie la lecture directe des œuvres de l’esprit humain ». […] Mais il ne faut jamais perdre de vue deux choses : l’une, que celui-là sera un mauvais maître de littérature qui ne travaillera point surtout à développer chez les élèves le goût de la littérature, l’inclination à y chercher toute leur vie un énergique stimulant de la pensée en même temps qu’un délicat délassement de l’application technique ; c’est là qu’il nous faut viser, et non à les fournir de réponses pour un jour d’examen ; l’autre, que personne ne saura donner à son enseignement cette efficacité, si, avant d’être un savant, on n’est soi-même un amateur, si l’on n’a commencé par se cultiver soi-même par cette littérature dont on doit faire un instrument de culture pour les autres, si enfin, tout ce qu’on a fait de recherches ou ramassé de savoir sur les œuvres littéraires, on ne l’a fait ou ramassé pour se mettre en état d’y plus comprendre, et d’y plus jouir en comprenant. […] Mais pour représenter le caractère des écrits et la physionomie des écrivains, je me suis interdit de résumer les jugements des maîtres que j’admire, de Taine et de Sainte-Beuve, comme de M.  […] Lebreton, maître de conférences à la Faculté des lettres de Bordeaux, qui m’avaient communiqué quelques rectifications intéressantes.

252. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Arlequin fait observer que son maître a bien la mine de vouloir esquiver l’affaire. […] Arlequin interrompt son maître pour lui dire que Vittoria l’attend près de là, dans la boutique d’un orfèvre. Lesbino, désespéré, cherche à persuader à Arlequin qu’il doit le tuer, lui Lesbino, parce qu’il a formé le dessein d’assassiner son maître. […] Arlequin dit à Oratio qu’Isabelle et Flaminia ont enlevé un page de son maître, et qu’elles retiennent ce page chez elles.

253. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

Demain, questions d’esthétique À propos d’un livre de nouvelles théories esthétiques1, j’eus l’idée de consulter sur l’objet même de ce livre quelques-uns des écrivains que j’estime le plus foncièrement parmi ceux qui représentent les formules accomplies ; Il me semblait précieux d’avoir le sentiment des Maîtres actuels sur les tendances de la jeune littérature, sur sa valeur et sur son avenir : quoique mes conclusions personnelles fussent déjà prises, j’étais curieux de savoir comment, par les théories, les efforts de demain s’accorderaient avec les traditions d’hier et les œuvres d’aujourd’hui. […] On dit même que le maître veut qu’un livre excellent présente trois sens superposés. . . […] Ceux-là, dès le berceau, sont nos maîtres, et la critique, loin de leur rien apprendre, doit tout apprendre d’eux. […] La musique, par Berlioz, Wagner, Saint-Saëns, tend vers la peinture et là littérature ; la peinture, par les Impressionnistes, envahit le domaine de la musique, celui de la poésie par des maîtres tels que Puvis do Chavannes, Besnard, Gustave Moreau, Odilon Redon, Eugène Carrière, et tout à la fois celui de la poésie et celui de la musique par ce grand inconnu à qui l’avenir fera sa place, Monli-celli.

254. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

Dans le genre du tableau littéraire proprement dit, où il excelle, et dans le tableau qu’il a donné du xviiie  siècle en particulier, je me permettrai seulement de faire une remarque, de relever un trait de caractère qu’on ne saurait omettre en parlant du critique célèbre qui a été le maître de notre âge. […] Tant que le maître est là, je suis tranquille, et, tant que je le lis, je suis charmé ; mais je crains les disciples. […] Oui, je crains par moments que le maître, avec son magnifique style, ne mette les colonnes du Parthénon comme façade à une école de Byzantins. […] Mais, encore une fois, la remarque n’intéresse que les disciples et non le maître.

255. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

Comme le déclarait il y a quarante ans tout à l’heure14 celui qui écrit ces lignes : les poètes et les écrivains du dix-neuvième siècle n’ont ni maîtres, ni modèles. Non, dans tout cet art vaste et sublime de tous les peuples, dans toutes ces créations grandioses de toutes les époques, non, pas même toi, Eschyle, pas même toi, Dante, pas même toi, Shakespeare, non, ils n’ont ni modèles ni maîtres. Et pourquoi n’ont-ils ni maîtres ni modèles ? C’est parce qu’ils ont un modèle, l’Homme, et parce qu’ils ont un maître, Dieu.

256. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

Et d’un plus grand maître que moi Votre louange est le partage. Ce grand maître était, comme on le sait, Louis XIV. […] et c’est le même auteur qui vous a dit si crûment : votre ennemi, c’est votre maître. […] C’est l’art des grands maîtres de savoir se jouer à propos de leur sujet.

257. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Deshays » pp. 208-217

Dans un autre genre, voyez tout ce que Raphaël et d’autres grands maîtres ont tiré de Moïse, des prophètes et des évangélistes. […] Nulle comparaison entre nos saints, nos apôtres et nos vierges tristement extasiés, et ces banquets de l’Olympe où le nerveux Hercule appuyé sur sa massue regarde amoureusement la délicate Hébé, où Apollon avec sa tête divine et sa longue chevelure tient par ses accords les convives enchantés ; où le Maître des dieux s’enivrant d’un nectar versé à pleine coupe de la main d’un jeune garçon à épaules d’ivoire et à cuisses d’albâtre, fait gonfler de dépit le cœur de sa femme jalouse. […] Qu’on m’amène un grand maître, et nous verrons. […] Qu’on m’amène incessamment un grand maître, et s’il répond à ce que je sens, je vous offre une Résurrection plus vraie, plus miraculeuse, plus pathétique et plus forte qu’aucune de celles que vous ayez encore vues.

258. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Les succès du jeune maître qu’il avait vu quelques mois auparavant à son école arrivèrent jusqu’à lui. […] Les disciples de Jésus furent fidèles à ces principes du maître. […] Plusieurs années après la mort des deux maîtres, on se faisait encore baptiser du baptême de Jean.

259. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 39-51

Cet esprit, malgré l’appareil de réflexion & de dignité qu’il s’efforce de se donner, n’a jamais pu se débarrasser d’un je ne sais quel air de petitesse qui en décrédite les créations ; ces connoissances, pour être annoncées d’une maniere affectée & présomptueuse, tombent inévitablement dans les disgraces attachées â l’ignorance & au pédantisme ; ce talent, pour n’avoir pas été sagement cultivé, pour afficher trop de confiance, décele continuellement sa foiblesse, & révolte plus qu’il n’attache ; en deux mots, on peut, d’après l’expression de son premier Maître, M. de Voltaire, comparer l’esprit de M. de la Harpe, à un four qui ne cuit point. […] Qui pourroit n’être pas révolté de le voir recueillir soigneusement les éloges qu’il a reçus de M. de Voltaire dans des Lettres particulieres ; de lui entendre répéter, au sujet de son Eloge de Fénélon, que c’est-là le style des Grands Maîtres , que c’est le Génie du grand Siecle passé, fondu dans la Philosophie du Siecle présent  ; &, au sujet de sa Mélanie, que l’Europe attendoit cette Piece avec impatience ? […] C’est là qu’il peut dire, avec bien plus de raison, ce que disoit le Fou du Roi Jacques, en s’asséyant sur le Trône de son Maître : Je regne ; c’est là qu’il prononce en Juge souverain sur nos trois Spectacles, qu’il donne des loix aux Poëtes & des leçons aux Comédiens ; c’est là, en un mot, qu’il dispense à son gré les honneurs ou les disgraces littéraires.

260. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Autrefois il y avait des maîtres dans les arts, et on ne pensait pas se faire tort, quand on avait vingt-deux ans, en imitant et en étudiant les maîtres. […] Mais s’inspirer d’un maître est une action non seulement permise, mais louable, et je ne suis pas de ceux qui font un reproche à notre grand peintre Ingres de penser à Raphaël, comme Raphaël pensait à la Vierge.

261. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

Des esclaves mêlent le vin et l’eau dans les coupes, et lui présentent les dons de Cérès dans une corbeille : le maître du lieu lui sert le dos succulent de la victime, dont il lui fait une part cinq fois plus grande que celle des autres. […] Le domestique amène l’accordée au fils de son maître, ou le fils du maître s’engage à garder pendant sept ans les troupeaux de son beau-père, pour obtenir sa fille.

262. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

Ils ne sauraient être en trop grand nombre, s’ils sont agréables ; car, les goûts étant différents, on a à choisir. » Nisard lui reproche ces concessions : « Raison spécieuse, dit-il, et qui n’est pas d’un maître de l’art. […] Supprime-t-on l’Ecole des beaux-arts et l’enseignement du dessin, parce que tel grand peintre de la Renaissance peignait à dix ans sans maître ? […] Les Maîtres de la critique au dix-septième siècle, p. 208 (NdA)

263. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Le sérieux est maître de presque tous les points, et menace d’envahir la place entière. […] Molière est un maître… dans la farce67. […] Et pourtant c’est par là que Molière mérite que je l’aie proclamé maître dans la farce. […] L’oncle se retire devant le neveu, et le maître du voleur l’oblige à restituer la marmite. […] C’est là un écueil que les plus grands maîtres n’ont pas toujours su éviter.

264. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Préface de la première édition du quatrième volume »

Je me suis donc abstenu, attendant que l’ordre, rétabli dans la société et dans les esprits, me permît de les juger, non comme des auxiliaires appelés en de mauvais jours pour des œuvres de destruction, mais comme des maîtres de l’art et comme les guides de l’esprit humain au dix-huitième siècle. […] C’est à l’écrivain à se rendre assez maître de sa vie pour remplir son devoir envers le public et la vérité.

265. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Adore, Aime comme ton Maître et bénis qui t’abhorre. […] Taine l’écoutant avec ce respect si touchant d’un maître pour un autre maître. […] Nous connaissons les règles que ces maîtres imposaient dans leurs ateliers aux débutants. […] Le Grand Condé fut le maître et le seigneur de ces pelouses et de ces étangs. […] Huditas, maître de conférences à l’Université de Jassy.

266. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

J’en appelle à toutes les institutions politiques, civiles et religieuses ; examinez-les profondément, et je me trompe fort, ou vous verrez l’espèce humaine pliée de siècle en siècle au joug qu’une poignée de fripons se permettait de lui imposer… Méfiez-vous de celui qui veut mettre l’ordre ; ordonner, c’est toujours se rendre maître des autres en les gênant. » Plus de gêne ; les passions sont bonnes, et, si le troupeau veut enfin manger à pleine bouche, son premier soin sera de fouler sous ses sabots les animaux mitrés et couronnés qui le parquent pour l’exploiter409. […] Il est dans la nature de l’égalité de s’accroître ; c’est pourquoi l’autorité des uns a grandi en même temps que la dépendance des autres, tant qu’enfin, les deux conditions étant arrivées à l’extrême, la sujétion héréditaire et perpétuelle du peuple a semblé de droit divin comme le despotisme héréditaire et perpétuel du roi. — Voilà l’état présent, et, s’il change, c’est en pis. « Car423 toute l’occupation des rois ou de ceux qu’ils chargent de leurs fonctions se rapporte à deux seuls objets, étendre leur domination au dehors, et la rendre plus absolue au dedans. » Quand ils allèguent un autre but, c’est prétexte. « Les mots bien public, bonheur des sujets, gloire de la nation, si lourdement employés dans les édits publics, n’annoncent jamais que des ordres funestes, et le peuple gémit d’avance, quand ses maîtres lui parlent de leurs soins paternels. » — Mais, arrivé à ce terme fatal, « le contrat du gouvernement est dissous ; le despote n’est maître qu’aussi longtemps qu’il est le plus fort, et, sitôt qu’on peut l’expulser, il n’a point à réclamer contre la violence ». Car il n’y a de droit que par consentement, et il n’y a ni consentement ni droit d’esclave à maître. « Soit d’un homme à un homme, soit d’un homme à un peuple, ce discours sera toujours également insensé : Je fais avec toi une convention toute à ta charge et toute à mon profit, que j’observerai tant qu’il me plaira et que tu observeras tant qu’il me plaira. […] Oui, car les êtres ont droit de se nourrir de toute matière propre à satisfaire leurs besoins… Homme de la nature, suis ton vœu, écoute ton besoin, c’est ton seul maître, ton seul guide. […] Confessions, 2e partie, IX, 361. « J’étais si ennuyé des salons, des jets d’eau, des bosquets, des parterres et des plus ennuyeux montreurs de tout cela ; j’étais si excédé de brochures, de clavecin, de tri, de nœuds, de sots bons mots, de fades minauderies, de petits conteurs et de grands soupers, que, quand je lorgnais du coin de l’œil un simple pauvre buisson d’épines, une haie, une grange, un pré, quand je humais, en traversant un hameau, la vapeur d’une bonne omelette au cerfeuil…, je donnais au diable le rouge, les falbalas et l’ambre, et, regrettant le dîner de la ménagère et le vin du cru, j’aurais de bon cœur paumé la gueule à Monsieur le chef et à Monsieur le maître qui me faisaient dîner à l’heure où je soupe et souper à l’heure où je dors, mais surtout à Messieurs les laquais qui dévoraient des yeux mes morceaux, et, sous peine de mourir de soif, me vendaient le vin drogué de leur maître, dix fois plus cher que je n’en aurais payé de meilleur au cabaret. » 418.

267. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

J’aperçois dans les vignes quelques chapeaux qui se lèvent au bruit du sabot de mon cheval sur les pierres et quelques gestes affectueux et tristes qui me disent : « Nous reconnaissons de loin, nous aimons toujours notre ancien maître ; pourquoi la rigueur du ciel nous en a-t-elle séparés ? […] Ce bâtiment, qui était un pressoir, s’étendait de la porte de la cour jusqu’à l’angle de la maison de maître. […] Elles furent toutes vivement touchées en apprenant que nous venions à pied de plus loin que Dijon pour faire une espèce de pèlerinage à ce petit coin de Milly, et pour y voir seulement l’ombre de leurs anciens maîtres. […] C’étaient des gens aussi doux que les maîtres. […] — Monsieur, me répondirent-elles, il est maître de pension rurale dans notre village de Renève ; il vous aime pour votre conduite dévouée en 1818, et son cœur est la source où nous avons puisé nos sentiments.

268. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Le pacha vint d’abord en Imirette, se rendit maître du pays et de la personne du roi Bacrat. […] Ainsi, il se contenta de réprimander sévèrement le joueur de luth de ce qu’il ne s’étudiait pas mieux à plaire à son maître. […] Le grand maître se jeta aux pieds du roi pour avoir la grâce du favori. […] Le grand maître me donna le conseil de présenter cette requête, à laquelle il fut répondu comme je le désirais. […] Je fus bien une heure à la porte, avec le grand maître, à attendre le roi.

269. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Une maison qui n’a pas été construite pour l’usage de son maître ne peut pas plus lui convenir qu’un habit dont on n’aurait pas pris la mesure. […] Le zèle de ce ministre était incomparable, tant pour le bien public que pour celui de son maître. […] » Et, en disant cela, il cria au grand maître de l’artillerie: « Vour !  […] Le nombre des grands seigneurs qu’on mit en pièces était quatre gouverneurs de province, le grand maître de l’artillerie et trois autres. […] Cette mule était si fidèle à son maître, qu’il la laissait toujours seule dans la place Royale, au coin qui donnait vers sa boutique.

270. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Comment Cromwell est-il devenu maître ? […] Il leur impose des lois ; il semble leur maître. […] Et Proxénos le Thébain : « Je m’étonne fort, Phalinos, si c’est en maître que le roi nous demande nos armes, ou si c’est comme don d’amitié ; si c’est en maître, pourquoi les demande-t-il et ne vient-il pas les prendre ? […] Aussi voyez quel éloge fait de lui son maître, le grave et sage Théodore. […] Tous les vices combattaient en lui à qui en demeurerait le maître.

271. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulié, Frédéric (1800-1847) »

. — Le Maître d’école (1839). — Diane de Chivry (1839). — Le Lion amoureux (1839). — Le Fils de la folle (1839). — L’Ouvrier (1840). — Un rêve d’amour (1840). — La Chambrière (1840). — Les Mémoires du Diable (1840). — Confession générale (1841-1845). — Le Maître d’école (1841). — Eulalie Pontois (1842). — Marguerite (1842). — Gaétan (1842). — Les Prétendus (1843). — Les Amants de Murcie (1844). — Le Château de Walstein (1844)

272. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXI » pp. 220-221

Les choses étant ainsi, Molière put croire que ce serait un coup de maître de faire maltraiter les mauvais auteurs par Montausier sous le nom d’Alceste, de la même manière que Boileau et lui en usaient dans leurs ouvrages, c’est-à-dire de le montrer faisant la guerre au mauvais goût sans la faire aux personnes. C’était en effet un coup de maître pour Molière, de représenter Montausier, ce censeur énergique, sous les couleurs les plus nobles, et d’opposer son caractère même aux prétentions de bel esprit sans esprit, et le poète sans talent ; de le montrer intraitable pour un mauvais ouvrage, quelque honnête, quelque estimable que fut l’auteur, en respectant en lui l’homme de bien et de mérite ; précisément comme Racine et Boileau prétendaient en user avec Chapelain, Cottin et leurs semblables.

273. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Il ne s’agit pas ici d’en apporter une raison ; c’est assez que Quintilien l’ait dit. »161 Il est amusant de voir un poëte s’accuser et s’excuser d’être poëte, et demander à son vieux maître de rhétorique la permission d’animer ses personnages. […] Au-dessus du maître de la terre, il y a les rois du ciel. L’opprimé s’armera de leur toute-puissance, et fera plier les oppresseurs sous la volonté de ces maîtres communs. […] « Ne vous imaginez pas, Romains, à cause que vous vous êtes rendus maîtres de notre Germanie, que ç’ait été par votre valeur et pour n’avoir pas vos pareils à la guerre. […] Quel droit vous a rendus maîtres de l’univers ?

274. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

On connaît leur liberté et leur égalité à leurs œuvres ; ils auront la liberté d’être proscrits de l’État comme six millions de vagabonds sans maître, mais sans feu ni lieu, sans qu’aucun maître ait la responsabilité de leur existence ! […] les six millions de noirs du Sud ne s’y trompent pas : ils n’hésitent pas entre leur servitude nourrie, protégée, achetée par la responsabilité de leurs maîtres, entre la providence intéressée de leurs soi-disant patrons, et la féroce irresponsabilité de leurs apôtres insurrecteurs du Nord ! […] Qui ne sait que le maître du capital est le maître de l’intérêt, et que l’Europe, livrée bientôt à ce pays de tous les monopoles, en subirait à jamais la loi ? […] Le canon de mon fusil était disposé à frapper de mort celui qui s’approcherait de moi ; mon chien regardait alternativement son maître et ses agresseurs. […] Ainsi j’avais trouvé mon maître !

275. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Il est le maître du pasteur comme il est le maître du rabbin. Et il est le maître du poète comme il est le maître du statuaire et du peintre. […] Et il est le maître du magistrat comme il est le maître du simple citoyen. […] Et il est le maître du public comme il est le maître du privé. […] Et il est le maître de la vertu plus profondément qu’il n’était le maître du vice.

276. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Le maître qui ose être le maître, et parler et agir en maître, épargne au monde des millions de cadavres ; et l’attitude timidement défensive, qui a toujours été celle du libéralisme, n’a jamais produit rien de bon. […] Ensuite il fallut attendre jusqu’à mon père pour que justice fût rendue, publiquement et de façon éclatante, à ce maître des maîtres. […] Villon reste, à travers les âges, le maître de la simplicité pathétique. […] Kant n’est qu’un maître d’erreurs. […] Le maître est d’autant moins sévère qu’il est plus tranquillement reconnu comme maître, obéi, et que ses ordres salutaires ne sont pas remis constamment en contestation.

277. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Les Scapin, les Crispin, les Mascarille, sont assez ordinairement des gens de sac et de corde : chez Marivaux, les valets sont plus décents ; ils se rapprochent davantage de leurs maîtres ; ils en peuvent jouer au besoin le rôle sans trop d’invraisemblance ; ils ont des airs de petits-maîtres et des manières de porter l’habit sans que l’inconvenance saute aux yeux. […] Dans une petite pièce intitulée L’Île des esclaves, il est allé jusqu’à la théorie philanthropique ; il a supposé une révolution entre les classes, les maîtres devenus serviteurs et vice versa. Après quelques représailles d’insolence et de vexations, bientôt le bon naturel l’emporte ; maîtres et valets se réconcilient et l’on s’embrasse. […] La nature humaine n’y est pas creusée assez avant ; on y voit du moins le faible de l’auteur et son goût pour ce genre de serviteurs officieux, voisins des maîtres. […] Nos spirituels ou poétiques auteurs de petites comédies, de proverbes, de spectacles dans un fauteuil, ont reconnu en Marivaux un aîné sinon un maître, et lui ont rendu plus d’un hommage en le rappelant ou en l’imitant.

278. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Je n’ai pas tout dit de cette éducation inventive et agréable où « la conversation, les amusements, la table, tout, par les soins et l’habileté du maître, devenait leçon pour l’élève, et rien ne paraissait l’être. » Je n’ai rien dit du Télémaque, ce cours de thèmes comme il n’y en a jamais eu, qui n’est, a le bien voir, que la plus longue des fables de Fénelon, l’allégorie développée, devenue épique, et où l’auteur, abordant par les douces pentes de l’Odyssée la grandeur d’Homère, de cet Homère qui, « d’un seul trait met la nature toute nue devant les yeux », n’a fait, en le réduisant un peu, que lui donner la mesure et comme la modulation virgilienne, et le ramener en même temps aux convenances françaises, telles crue les entendaient les lecteurs de Racine. Je n’ai point suivi le maître dans les plans et programmes de lectures sérieuses et graduées qu’il propose, à mesure que l’éducation avance : peu de grammaire, pas de rhétorique formelle ni dogmatique, et la logique ajournée ; mais la jurisprudence positive, historique, l’histoire elle-même, la lecture directe des auteurs, c’est ce qu’il conseille, indiquant chacun de ces auteurs alors en usage, le désignant au passage d’un trait juste, et sur les sujets et pour les époques les plus éloignées de cette « ingénue Antiquité » qu’il préfère, montrant qu’il sait comprendre tout ce qu’il regarde, même l’âge de fer et le Moyen-Age, et qu’il est un guide non trompeur, évitant partout sans doute l’accablement et la sécheresse, mais de trop de goût pour aller mettre des fleurs là où il n’en vient pas. […] Mme de Maintenon, qui s’en préoccupait aussi, et qui n’aurait voulu, pour son compte, que des pièces saintes, des comédies de couvent, lui demandait un jour : « Mais vous, Monseigneur, que ferez-vous quand vous serez le maître ? […] Certes un prince ainsi disposé, devenu le maître, et nonobstant toutes ses vertus, ou, si l’on veut, à cause d’elles, aurait eu fort à faire avec les contemporains du Régent, de Montesquieu et de Voltaire. […] Sous ce dernier rapport, il était plus qu’imitateur, il était le singe du maître… « C’était un être tout factice, nerveux et cérébral, affiné, affaibli par sa grande précocité morale et sexuelle.

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