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39. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Mme d’Épinay était alors une jeune personne jolie, spirituelle, sensible et intéressante, comme on disait. […] J’ai l’air jeune, sans fraîcheur, noble, doux, vif, spirituel et intéressant. […] Ici, au xviiie  siècle, ce n’est plus la vieille Macette, mais une Macette plus jeune et plus fine d’esprit, plus fraîche de joue, c’est Mlle d’Ette qui remplit exactement le même rôle auprès d’une jeune femme du monde. […] Toutes les scènes où elle figure sont excellentes et prises sur nature : mais la première, dans laquelle elle arrache le secret à la jeune femme et l’excite à aller plus avant, passe toutes les autres. […] La plus jolie scène, et l’une des plus honnêtes où il figure, est celle où on le voit un jour aller au collège de compagnie avec Mme d’Épinay, et où il fait subir un interrogatoire au précepteur du jeune d’Épinay, à ce pauvre et grotesque M. 

40. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Les Dernières Aventures du jeune d’Olban sont une imitation et une sorte de contre-épreuve de Werther qui venait de paraître. […] Par malheur, l’intérêt dans Le Jeune d’Olban ne répond pas à la théorie. […] Un bon nombre des élégies de Ramond parurent, en effet, dans ce même Journal des dames (avril 1778), sous ce titre : Les Amours d’un jeune Alsacien. […] Ici, pas plus que pour Le Jeune d’Olban, l’heure de la transplantation n’était venue. […] Ce sont ces Lettres de William Coxe, traduites de l’anglais et augmentées par le traducteur (1781), qui attirèrent vivement l’attention des curieux et qui commencèrent la réputation du jeune Ramond.

41. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

La jeune princesse en avait fait sa sœur ; elle n’avait rien de caché pour elle. […] La jeune veuve de ce mari vivant vécut ainsi plusieurs années chez sa mère. […] Le jeune et spirituel Cazalès, fils du célèbre orateur rival de Mirabeau, venait assidûment dans cette maison. Il était camarade des pages et ami du jeune Raigecourt ; Raigecourt devait être riche et pair de France après la mort du marquis. […] On confondait les vieux et les jeunes militaires dans la même admiration.

42. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

On met Gargantua en présence du jeune Eudémon, enfant de douze ans, qui s’adresse à lui avec bonne grâce, avec politesse, avec une noble pudeur qui ne nuit pas à l’aisance. […] Ponocrates commence par essayer son écolier ; il emploie à l’avance la méthode de Montaigne, qui veut qu’on fasse d’abord trotter le jeune esprit devant soi pour juger de son train. Ponocrates laisse donc le jeune Gargantua suivre quelque temps son train accoutumé, et Rabelais nous décrit cette routine de paresse, de gloutonnerie, de fainéantise, résultat d’une première éducation mal dirigée. […] Le jeune Gargantua fait de la sorte ses récréations mathématiques en se jouant. […] Il avait commencé, jeune, par mordre très peu à Rabelais.

43. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

Pensant à ce jeune héros et à ses camarades, il écrit dans une lettre que j’ai sous les yeux : « Cette guerre a parfois renversé les rôles. […] Et là encore, une minute, nous cherchions à distinguer ce jeune chrétien dans son ombre… Aujourd’hui, nous comprenons leur vie intérieure et nos parentés se révèlent. […] Les jeunes protestants se rattachent aisément aux idées qu’a développées le général Lyautey sur le rôle social de l’officier. […] Voir ses émotions de jeune officier qui prend le contact de l’âme guerrière de ses hommes. […] C’était un jeune soldat de vingt-deux ans à peine, nommé Gaston Verpillot, qui s’occupait avant la guerre d’horlogerie à Reconvilier (Jura bernois).

44. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Il faut dire pourtant que ce ne fut que dans les hautes classes que le talent du jeune Casimir se révéla : jusqu’à l’âge de quatorze ans, son intelligence elle-même paraissait sommeiller. […] Un matin qu’on avait donné quelque version de Perse ou d’Anacréon, le jeune écolier trouva plus facile de traduire en vers français. […] Il composait en même temps son Épître à Messieurs de l’Académie française sur l’étude, pour ce brillant concours de 1817 d’où sortirent tant de jeunes noms. […] La vogue des Messéniennes devait porter naturellement le jeune auteur vers d’autres applaudissements : Casimir Delavigne y avait de tout temps songé. […] Il fit précéder sa pièce, à l’impression, d’une charmante dédicace à son jeune fils, et qui rappelle pour le ton ces autres vers délicieux que chacun sait, adressés à sa campagne de la Madeleine.

45. (1914) Boulevard et coulisses

Et nous verrons dans quelles conditions un jeune écrivain de vingt-cinq ans débutait dans ce milieu-là. […] Il y avait, dans la vie d’un jeune débutant de cette époque, une heure entre toutes décisive. […] Au bout de cinq minutes que j’étais là, un jeune rédacteur du Gaulois, que je sus depuis être M.  […] Je fis encore la connaissance, pendant cette période, d’un très jeune écrivain, M.  […] Telle est l’aventure qui attend demain ce jeune triomphateur.

46. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Je définis le groupe, non pas l’assemblage fortuit et artificiel de gens d’esprit qui se concertent dans un but, mais l’association naturelle et comme spontanée de jeunes esprits et de jeunes talents, non pas précisément semblables et de la même famille, mais de la même volée et du même printemps, éclos sous le même astre, et qui se sentent nés, avec des variétés de goût et de vocation, pour une œuvre commune. […] Ainsi encore, pour ne pas nous borner à nos seuls exemples domestiques, ainsi à Gœttingue, en 1770, le groupe de jeunes étudiants et de jeunes poètes qui publient l’Almanach des Muses, Bürger, Voss, Hœlty, Stolberg, etc. ; ainsi, en 1800, à Édimbourg, le cercle critique dont Jeffrey est le chef, et d’où sort la célèbre Revue à laquelle il préside. […] Aucun des talents, jeunes alors, qui ont séjourné et vécu dans l’un de ces groupes, n’y a passé impunément. […] Je ne sais pas de jouissance plus douce pour le critique que de comprendre et de décrire un talent jeune, dans sa fraîcheur, dans ce qu’il a de franc et de primitif, avant tout ce qui pourra s’y mêler d’acquis et peut-être de fabriqué. […] Jeune ou vieux, il n’a cessé de se peindre, et, ce qui vaut mieux, de se montrer, de se laisser voir, et, en posant solennellement d’un côté, de se livrer nonchalamment de l’autre, à son insu et avec une sorte de distraction.

47. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Jeune, on lit tout naturellement les romans de sa jeunesse ; on en lit à tort et à travers, on lit tout : mur, on peut ne pas perdre de vue et suivre encore avec intérêt ce genre agréable chez ceux qui mûrissent avec nous et qui ne font que continuer. Plus tard pourtant, et peu à peu, tout ce qui est romans, nouvelles, commence à vous échapper, surtout venant d’auteurs jeunes, et, une fois le fil perdu, on ne le rattrape pas aisément. […] Quoi de plus ravissant au monde que la chambre d’une jeune femme distinguée, honnête et un peu coquette ? […] L’intérêt qu’il ne fallait pas laisser échapper un moment est tout entier dans les rapports, à peine entamés, de l’artiste et de la jeune dame. […] Mais pendant le bal et dans cette scène si bien amenée, où la jeune femme, qui n’a rien de grave, après tout, à se reprocher, tout émue enfin de tendresse, et transformée par la passion, se déclare au jeune amateur artiste et en vient à lui offrir son cœur, sa vie, sa main, — car elle est veuve, — d’où vient cette austérité subite et non motivée, cette pruderie farouche du jeune homme, déjà touché lui-même, et qui n’a plus aucune raison de la repousser ?

48. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Alors on récitait tout de ces jeunes poèmes, maintenant on commence peut-être déjà à faire le choix. […] Les autres, un peu plus tôt, un peu plus tard, tous très jeunes, quelques-uns encore enfants, sont donc entrés en lice pêle-mêle, à l’aventure. […] J’ai parlé tout à l’heure, dans les jeunes générations, de ceux qui, les premiers, ont admiré M. de Musset avec sincérité, avec franchise. […] Quand on est d’un âge très jeune, d’une certaine date très récente, c’est par Musset qu’on aborde volontiers la poésie moderne. La mère n’en conseille pas encore la lecture à sa fille ; le mari le fait lire à sa jeune femme dès la première année de mariage.

49. (1875) Premiers lundis. Tome III « Émile Augier : Un Homme de bien »

Les générations jeunes, celles qui ont vingt-cinq ans plus ou moins et qui n’en ont pas encore trente, commencent à sentir très-vivement le désir d’avoir des représentants à eux, des chefs de leur âge et, en quelque sorte, de leur choix ; elles les cherchent dans tous les genres, elles les appellent et les convient ; elles les proclament même parfois à tout hasard ; elles les inventeraient au besoin, plutôt que de s’en passer. […] Cette fois, le jeune auteur a voulu tenter la comédie proprement dite et tracer un caractère. […] Les jeunes gens du jour ont ce travers commun D’affubler leur candeur d’un vêtement d’emprunt, De faire les lurons à qui rien n’en impose, Et dont l’œil voit d’abord le fond de toute chose ; De ne pas sembler neufs sottement occupés, Ils mettent de l’orgueil à se croire trompés, Perdant ainsi, pour feindre un peu d’expérience, La douceur d’être jeune et d’avoir confiance ! […] Le jeune et spirituel auteur a (c’est tout simple) beaucoup à apprendre de la pratique du métier et du jeu de la scène ; MM.  […] Mais ce que nous voudrions surtout suggérer à un talent aussi net et aussi naturel d’expression, aussi tourné par vocation, ce semble, aux choses de théâtre, ce serait d’agrandir, avant tout, le champ de son observation, non pas de vieillir (cela se fait tout seul et sans qu’on se le dise), mais de vivre, de se répandre hors du cercle de ses jeunes contemporains, de voir le monde étendu, confus, de tout rang, le monde actuel tel qu’il est, de le voir, non pas à titre de jeune auteur déjà en vue soi-même, mais d’une manière plus humble, plus sûre, plus favorable au coup d’œil, et comme quelqu’un de la foule ; c’est le meilleur moyen d’en sortir ensuite avec son butin, et de dire un jour à quelque ridicule, à quelque vice pris sur le fait : Le voilà !

50. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

Bien que sans autres titres que ma connaissance familière des œuvres de ces jeunes écrivains, je me sens poussé par l’indignation en face des injures ineptes où sont en but de sympathiques et consciencieux artistes à écrire quelques lignes de vérité. […] Pour les Jeunes dont nous nous occupons c’est d’ailleurs un « ancêtre ». Stéphane Mallarmé Qui passe familièrement pour être avec Paul Verlaine, l’un des deux « maîtres » de la jeune littérature, est tout simplement un poète très personnel et exquis, malgré — et peut être à cause de — son apparente obscurité. […] Stéphane Mallarmé se distingue par son vers « parnassien » et à dessein un peu guindé des plus jeunes d’entre ces poètes chez qui la réaction contre le rigide « formisme » de leurs prédécesseurs se fait sentir. […] Il est l’auteur des Lendemains, d’Apaisement, de Sites, suite de sonnets délicats ; c’est un des plus jeunes poètes du groupe et l’un de ceux qui promettent le plus.

51. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Le Peletier fils et du jeune abbé de Louvois. […] Le jeune Villemain, indépendamment de ses exercices à la pension de M. […] La tradition des principes philosophiques et de l’enthousiasme politique, par où débutèrent tant de jeunes esprits d’alors, ne lui arriva point. […] Fauriel pour prendre un excellent exemple, comme doivent faire et font les jeunes et savants professeurs qui, succédant dans la carrière à M. […] Villemain avec les jeunes écoles dites romantiques, qu’il côtoya sans trop les coudoyer jamais, et en les accostant quelquefois.

52. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

oui, reprit la jeune femme, nous l’avons été ; tenez, regardez ce champ de maïs, ce petit enclos où les vignes et les figuiers rampent contre les pierres grises, qui sortent de terre comme pour les supporter ; ce petit pré, au fond du ravin à gauche, qui nourrit deux vaches, et ce bois de jeunes châtaigniers et de lauriers sauvages, qui descend d’en haut vers le pré : tout cela a été à nous. […] dis-je à la jeune femme, mais je n’en vois que quatre en comptant le petit enfant que vous allaitez. […] À ces mots, la jeune mère se leva, pressa son enfant contre son cœur d’un mouvement sensible et presque convulsif, tourna ses yeux humides du côté de la mer et les essuya avec la manche de sa veste verte. […] En parlant ainsi, je jetai involontairement un coup d’œil à la dérobée sur l’angélique figure de la jeune mère, qui était allée donner le sein à son enfant sur le seuil de la cabane. […] moi, je n’oserais pas, je suis trop jeune pour tout savoir et trop innocente pour savoir bien raconter, dit la sposa.

53. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Ç’a été tout bonnement le carnaval qui a fait les frais et qui a eu les honneurs de cette quinzaine, mais un vrai et franc carnaval, comme on n’en avait pas encore vu de si gaiement improvisé, de mémoire de jeune France. […] Si le saint-simonisme s’était maintenu plus longtemps à cet état vague de petite église, si le jeune Bucheille lui-même avait plus vécu, il est possible qu’il eût essayé d’en consacrer l’esprit et la couleur. […] à ton jeune avenir renais et chante encor. […] Il s’est formé, depuis deux ou trois ans, une société de jeunes peintres, sculpteurs et poètes, dont plusieurs annoncent un mérite incontestable, mais qui comptent beaucoup trop sur les avantages de l’association et de la camaraderie en fait d’art. […] Nous estimons trop le cœur et la portée de ces jeunes artistes pour ne pas leur parler avec franchise.

54. (1902) L’humanisme. Figaro

Claveau sur « l’Humanisme »a ayant vivement ému la jeune école littéraire qui s’inspire de cette doctrine, nous avons cru intéressant et utile, pour la loyauté de la discussion, de mettre sous les yeux de nos lecteurs la réponse de M.  […] Il n’est guère de jeune poète qui n’ait d’abord voisiné avec eux dans la chambre aux miroirs avant de rentrer, selon l’expression d’Albert Samain, « dans la vérité de son cœur ». […] Paul Bourde, nous apprend que, détachés de toutes les vieilles croyances, un certain nombre de penseurs « jeunes et hardis » se bornent maintenant à prêcher et à pratiquer l’humanisme. […] Vous le proclamez jeune et hardi, il m’apparaît très racorni, très timide. […] Si votre religion n’est pas jeune, vous êtes jeunes vous-mêmes et « la jeunesse est présomptueuse ; elle n’a pas encore été humiliée par la vie ; elle tend ses voiles de toutes parts à l’espérance qui l’enfle et la conduit ! 

55. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Cosima est une jeune femme de Florence qui a un mari bourgeois, marchand, mais excellent, délicat et noble de sentiments, honnête et brave. Un étranger, un Vénitien passe ; il s’occupe d’elle ; sans lui parler à peine, il l’entoure de ses soins comme de prestiges ; elle n’a guère vu encore que sa plume au vent et son manteau, que déjà elle l’aime, comme toute jeune femme, même la plus pudique, aimera, si elle n’y prend garde, le jeune étranger, est-ce moral ? […] Ordonio se fait aimer pourtant de Cosima, parce qu’il est beau, parce qu’il est jeune, parce qu’il est inconnu, parce qu’il a en réalité d’abord bien plus de distinction de ton et de tendresse menteuse que l’acteur Beauvallet ne lui en prête. […] Néri est une variété d’un type affectionné de l’auteur et reproduit par lui en plus d’un endroit ; c’est un Ralph plus jeune et plus gracieux. […] Il se pourrait qu’au théâtre on ne supportât pas en face de telles vérités et qu’il fallût toujours une certaine dose jeune premier dans l’amoureux.

56. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

Cependant on peut discerner dans les poèmes de quelques jeunes auteurs un caractère de véhémence qui dénonce assez chez ceux-ci les généreuses fureurs dont ils sont animés. […] C’est un fait constant que les jeunes poètes sont passionnés d’énergies. […] Je ne désire pas insister sur l’esprit poétique qui anime les jeunes écrivains. […] Dans la pensée de quelques jeunes poètes, les travaux quotidiens de l’homme paraissent mériter une consécration. […] La littérature à laquelle plusieurs jeunes auteurs se sont voués demeure infiniment violente ; resplendissante et heureuse.

57. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

L'auteur de Rancé est allé sur ce point au-delà de tout ce qu’on aurait pu imaginer, et on peut dire que, s’il est suivi par la foule des jeunes poëtes déjà vieillissants, il mène le deuil avec des pleurs et des plaintes qui sont d’un roi d’Asie. […] Tant qu’on est encore un peu jeune, cela va bien et a l’air d’une agréable plaisanterie, d’une piquante contre-vérité. […] alors, les soupirs se changent en cris amers, et comme la jeune Captive qui ne veut pas mourir encore, on crie : je ne veux pas vieillir ! […] Notre jeune siècle poétique et lyrique, par cela même qu’il ne sait pas vieillir et qu’il étale à ce degré devant tous sa misérable faiblesse, trahit son point vulnérable, l’inspiration morale positive et la foi qui lui ont trop fait défaut. […] Vacquerie est le frère de ce jeune époux de la fille de Victor Hugo, qui a péri, l’année dernière, en voulant sauver sa jeune femme.

58. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Clinias est un jeune Athénien, du temps de Périclès, blasé et désabusé, en proie à un ennui incurable. […] La Grèce se laissa faire, comme le dieu, et répandit une odeur d’ambroisie sur sa jeune suppliante. […] Diane est jeune encore, et pourtant la gravité de la matrone assombrit déjà son front résigné. Son père, avant de mourir, a remis entre ses mains son jeune frère Paul. […] Mais Paul est là pour relever l’outrage et étrenner son premier amour du premier coup de sa jeune épée.

59. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Après cette suavité première, succède aussitôt la grandeur : l’entrée du jeune inconnu dans l’église, sans respect et aussi sans mépris, son attente agitée, ses pas distraits sous les voûtes sonores, contrastent avec le génie des solitudes de Dieu. […] En somme, il y avait dans ce jeune talent une connaissance prématurée de la passion humaine, une joute furieuse avec elle, comme d’un nerveux écuyer cramponné, à force de jarret et d’ongles, au dos d’une cavale fumante. […] Sous la tresse d’ébène on dirait, à la voir, Une jeune guerrière avec un casque noir ! […] Poëte si jeune d’ans et qui pourriez être si mûr, pourquoi ne pas accomplir un dessein ? […] A chaque heure, de plus jeunes étoiles lèvent le front ; d’autres, qui n’étaient que pâles et douteuses encore, grossissent, se dégagent ; et, à mesure que l’importance de chacun diminue, la gloire et l’ornement du pays s’augmentent.

60. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Un jeune juif nous donne une réponse à ces grandes questions. […] Ce sont autant de petites méditations où l’on voit que le jeune soldat ne cherche et ne rencontre que lui-même dans tout le chaos de cette guerre. […] C’est vrai qu’il est différent, mais comment le lire sans l’aimer, ce jeune intellectuel, mort à vingt-cinq ans pour la France ! Certes, il est heureux qu’à côté de lui il y ait eu Péguy, Psichari, Marcel Drouet, et les jeunes Léo Latil, Jean Rival Cazalis, enfants tout lumineux. […] Un jeune paysan lui conseille « de faire demi-tour ».

61. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Voici l’histoire : le jeune employé était peu exact à son bureau ; il n’arrivait guère qu’à deux heures pour repartir à quatre. […] Mais il se trouve que ce jeune auteur, ami du père de la jeune personne, est un vieillard de soixante ans qui a fait dans sa jeunesse (à dix-sept ans, il est vrai, et il y en a plus de quarante) cette pièce qu’un tour de faveur si tardif vient d’exhumer. […] Le héros aimait une jeune femme, en était aimé, et il s’éloignait pourtant, bien qu’elle fut libre. […] si j’avais pu la déposer sur le front de mon plus jeune enfant ! […] C’est faire remonter bien haut le républicanisme du jeune employé des droits réunis.

62. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Le jeune Bossuet, qui demeurait dans la maison de son oncle, suivait ses classes au collège des Jésuites de la ville. […] On sait que, prôné à l’hôtel de Rambouillet par le marquis de Feuquières, qui avait connu son père à Metz et qui étendait sa bienveillance sur le fils, le jeune Bossuet y fut conduit un soir pour y prêcher un sermon improvisé. […] Ce sermon, prêché « selon que Dieu me l’a inspiré », dit Bossuet en le terminant, a quelque chose de jeune, de vif, de hardi, par endroits de hasardé et presque d’étrange. […] Étudions la jeune éloquence de Bossuet, même dans ses hasards de goût, comme on étudie la jeune poésie du grand Corneille. […] Ôtez de ce visage les rides, répandez-y la fleur de la vie, jetez-y le voile de la jeunesse, rêvez un Bossuet jeune et adolescent, mais ne vous le décrivez pas trop à vous-même, de peur de manquer à la sévérité du sujet et au respect qui lui est dû.

63. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Pour le jeune Rémusat, le salon précéda le collège. […] Mais, si précoce que fût le jeune Rémusat, nous l’avons un peu devancé. […] Le jeune Rémusat y devint ministériel, et ce fut son seul temps de ministérialisme avant 1830. […] Ils trouvaient alors écho dans toutes les jeunes âmes. […] Le doyen du groupe ne sentit pas autrement que le plus jeune initié.

64. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

« Ici sont les reliques des poésies de mes plus jeunes ans !  […] Allez voir la jeune Agnès ! […] Cependant, sous les fenêtres de la jeune Grecque se promènent le jeune Adraste et son esclave Ali, comme se promènent sous les fenêtres de Rosine le comte Almaviva et son ancien valet le barbier Figaro. […] Parlez-moi du jeune Adraste, parlez-moi d’Ali son humble esclave ! […] Alceste l’honnête homme, perdu au milieu de ces jeunes fats, aux pieds de cette coquette, se sera trompé de porte.

65. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

En l’indiquant, j’y vois comme un défi que quelqu’un de nos jeunes peintres relèvera62. […] Alors il prend des fleurs et de jeunes rameaux, et les répand sur cette tombe en disant : Ô jeune infortunée… (quelque chose de tendre et d’antique) ; puis il remonte à cheval, et s’en va la tête penchée et mélancoliquement, il s’en va Pensant à son épouse et craignant de mourir. […] Mais c’est assez de fragments : donnons une pièce inédite entière, une perle retrouvée, la jeune Locrienne, vrai pendant de la jeune Tarentine. […] Vos vierges, aujourd’hui riches de pourpre et d’or, Ouvrent leur jeune bouche à des chants adultères. […] Son Bacchus, Viens, ô divin Bacchus, ô jeune Thyonée !

66. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

XII Ce jour-là, nous reposions, paisiblement adossés aux arbres, la tête à l’ombre, les pieds au soleil, les cheveux au vent, dans les poses des jeunes poètes et des jeunes femmes de Boccace, épars à l’abri des pins parasols et des cyprès de Florence dans les tableaux du Décaméron. […] Sa seule physionomie me l’aurait nommé ; il était jeune, grand, élancé, la tête chargée de modestie, un peu inclinée en avant, le regard bleu et nuancé de blanches visions comme une eau de golfe traversée par beaucoup de voiles, le front plein, les traits mâles, quoique avec une expression générale mélancolique, le teint pâli par la lampe, la physionomie pieuse, si l’on peut se servir de cette expression, c’est-à-dire la physionomie d’un jeune solitaire qui écoute des voix célestes entendues de lui seul, et dont la pensée, consumée du feu doux de l’encensoir, monte habituellement en haut plus qu’elle ne se répand sur les choses visibles d’ici-bas. […] Les jeunes femmes et les jeunes filles, assises en silence autour du groupe de chênes voisins, ne goûtaient pas ces froides dissertations ; elles exprimaient, par des gestes d’impatience et par des chuchotements dont je comprenais le sens, le vif désir d’entendre, de la bouche de ce jeune et pâle poète, quelques-uns de ces vers qu’elles ne connaissaient encore que par mon admiration : « Vous voyez ? […] On eût dit d’un Ossian jeune, avant que l’âge eût blanchi sa barbe et aveuglé ses yeux inspirés. […] Dans un jeune univers, si tu dois y renaître, Puisses-tu retrouver la force et la beauté !

67. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

— Je vous le disais bien, reprit-elle, en se retournant avec un air de contentement vers son fiancé et vers ses vieux et jeunes parents qui regardaient tout émus du haut du char. […] L’œil des maisons, c’est la vieillesse, à ce qu’on dit ; les jeunes n’en sont que les pieds et les mains. […] ne pus-je m’empêcher de m’écrier, en entendant cette jeune paysanne emprunter naïvement une si charmante image pour exprimer son inexprimable anxiété d’amante et de musicienne, en jouant son air dans le vide, sans savoir si ses notes tombaient sur la pierre ou dans le cœur de son amant. […] Elle était nouvellement mariée à un jeune brigand de Radicofani, poursuivi par les gendarmes du Pape jusque sur les confins des montagnes de Lucques ; elle lui portait à manger dans les roches couvertes de broussailles de myrte qui dominent d’un côté la mer, de l’autre la route de l’État romain. […] Les sbires avaient reçu ordre d’en purger, à tout risque, le voisinage ; ils furent aperçus d’en haut par le jeune bandit.

68. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

La jeune hôtesse lui offre en vain sa bourse et son cœur, il a la délicatesse de refuser. […] Il refoula dans son cœur la flamme qui le tourmentait depuis un an, et reporta la partie indécise de son affection sur Constance Weber, la plus jeune des sœurs d’Aloïse. […] D’Aponte enlève à Trieste le cœur d’une jeune et belle Héloïse, fille d’un négociant anglais : les parents de son écolière lui accordent sa main. […] Ces jeunes femmes, mes sœurs, étaient toutes charmantes de visage ; mais Faustina, la plus jeune de ces sept sœurs, était un véritable ange de beauté ; je lui proposai, en badinant, de la conduire à Londres avec moi : mon père y consentait, mais elle, ne répondant ni oui ni non, je soupçonnai, non sans fondement, que bien qu’elle n’eût encore que ses quinze ans accomplis, elle ne fût déjà plus entièrement maîtresse de son propre cœur. […] Comme mon intention était de revenir promptement à Cénéda, avec ma femme, je me proposais d’emmener avec moi au-devant d’elle, dans ce petit voyage, la plus jeune de mes sœurs, Faustina, et mon plus jeune frère, Paulo, qui avait connu autrefois ma femme pendant qu’elle était encore ma fiancée à Trieste.

69. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Cette jeune fille servait à boire, dans la maison de sa tante, à ses cousins, jeunes débauchés amis de Goethe. […] Un écho de Méphistophélès, ce corrupteur du bien et ce moqueur du beau, se fait entendre de loin dans tous les livres de cette jeune école. […] Je sens tout à coup la jeune et sainte sève de la vie bouillonner dans mes nerfs et dans mes veines. […] Le chien, aux paroles enchantées de Faust, apparaît tout à coup sous forme humaine derrière le poêle du jeune docteur. […] Et notre jeune couple ?

70. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Introduction » pp. 5-10

Considérable, car la liste est longue de ceux qui entre dix-huit et trente-six ans on écrit des pages intéressantes, ont participé au mouvement littéraire de ce temps, si fécond en cénacles, si fertile en personnalités curieuses ; dangereux enfin, parce que, malgré deux ans de recherches, nous avons commis des oublis inévitables et surtout parce qu’ayant combattu, nous aussi, dans les rangs de cette jeunesse, nous n’avons pourtant pas hésité à mettre de côté toute camaraderie, toute confraternité, pour présenter un tableau sincère et précis de cette « jeune littérature » dont on parle tant et qu’on connaît si peu. […] … Ce livre sur des jeunes hommes est écrit par des jeunes. […] Frapié que l’Académie Goncourt appelle encore un jeune. […] Il n’y avait pas lieu de tomber dans cette erreur qui fait appeler « jeunes » des écrivains illustres et âgés de plus de cinquante ans. […] Ce soin néanmoins ne nous a pas fait négliger la gloire des jeunes maîtres ou des écrivains déjà notoires.

71. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Le premier de ces méfaits, je ne le sais pas ; il devait être bien excusable, car il était bien jeune accouplé, par une chaîne au bras, à un autre vieux galérien de la même galère. […] Il est pourtant bien jeune pour mourir ! — Oui, reprit-elle, mais n’était-il pas bien jeune aussi pour tuer, faudrait-il dire ? […] Dieu, dit la jeune mère, serait-on bien assez barbare ! […] J’y passais mon temps à prier Dieu, et à apprivoiser la plus jeune des colombes.

72. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Un étranger n’aurait jamais deviné une courtisane dans cette jeune femme au pur profil, aux silencieuses attitudes. […] Le jeune poète pleure comme il raille, avec la spontanéité, la fougue, la séduisante mobilité de la jeunesse. […] Paul Aubry, un jeune peintre de talent, en train de gagner son nom et sa fortune. […] Le jeune Paul n’en est pas encore là. […] La coquetterie agressive et presque impérieuse de la comtesse est déconcertée par la réserve du jeune artiste.

73. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

e Chateaubriand, qui a publié le premier la Jeune Captive ; M. […] Celui qui demain va mourir sent un regret à quitter la vie que consolait sous les barreaux une vue si charmante, mais il exprime ce regret à peine, et son émotion prend encore la forme d’une pensée légère, de peur de jeter une ombre sur le jeune front souriant94. […] , il était jeune encore, il était plus jeune que jamais ; la source longtemps recélée jaillit de terre dans toute sa fraîcheur. […] il ne vous suffit pas qu’un poëte ait déjà subi ce premier retard, cette quarantaine obscure de vingt-cinq années de laquelle il est sorti jeune et encore très-contemporain ; vous voulez en plus lui en supposer, lui en imposer une seconde. […] Ce qu’on pourrait faire, ce serait de comparer le sentiment de cette Jeune Captive qui ne veut pas mourir à l’Antigone de Sophocle qui le dit plus énergiquement et avec des cris désespérés, qui se plaint de s’en aller périr d’une mort misérable, non pleurée, non aimée, non épousée, ἄϰλαυτος, ἄϕιλος, ἀνυμέναιος… ; et elle revient plus d’une fois sur cette dernière idée.

74. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

C’est l’honneur et la gloire de l’homme de combattre pour son pays, ses enfants, sa jeune épouse, contre l’ennemi. […] Voilà le courage ; voilà le prix le plus grand parmi les hommes, la plus belle gloire à remporter pour le jeune guerrier. […] « Sur lui gémissent ensemble jeunes et vieux ; et toute la ville, dans un douloureux regret, soigne ses funérailles. […] Dans les assemblées, tous ensemble, les jeunes et ceux qui sont du même temps, lui cèdent la place, et ceux qui sont plus anciens aussi. […] C’est une honte, en effet, que, tombé au premier rang, un vieillard soit gisant à terre, en avant des jeunes, avec une tête blanchie, une barbe grise, exhalant sur la poussière son âme courageuse, couvrant de ses mains les blessures sanglantes, hideuses, de son corps à nu : mais aux jeunes tout sied bien, tant qu’ils ont la fleur brillante du bel âge.

75. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau et M. de Voltaire. » pp. 47-58

Il apprend que c’est un jeune pensionnaire très-heureusement né pour la poësie, & dont on a des choses surprenantes pour son âge. En effet, le jeune Arrouet avoit déjà, dans le collège, la réputation de poëte. […] Tout le fruit que le jeune Arrouet avoit espéré d’en tirer s’évanouit. […] Le sujet d’Œdipe ayant paru au jeune poëte digne d’être traité de nouveau, il se hâta d’y mettre la main. […] Rousseau ne pardonna jamais au jeune poëte de l’avoir éclipsé, & de lui avoir fait sentir à son âge le danger qu’il y a de sortir de sa sphère.

76. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Paul Fort prit tour à tour, en a parte, les trois jeunes écrivains belges. […] Cette niaiserie d’un jeune provincial ne trouvera guère de partisans. […] J’ai précisément sur ma table différents ouvrages de jeunes et je me propose d’en parler aujourd’hui. […] Moréas ne s’est pas développé, pas plus d’ailleurs que ses jeunes disciples, tels que M.  […] Il faudra qu’ils trouvent, ces jeunes apôtres, des mots sans sanglots et des paroles d’extase.

77. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Un jeune valet de chambre, qui l’avait suivi dans son voyage du Brésil, faisait tout son service. […] Tout jeune que j’étais, cela me fit l’effet d’un beau thème de rhétorique. […] C’était un jeune gentilhomme qui ne sortait d’aucune école que de celle de la mer, des forêts vierges du nouveau monde. […] Et il fut évidemment le commensal et l’ami de tous ces jeunes hommes et de toutes ces jeunes femmes que visitait le premier consul. […] Mais à côté se trouve le touchant tableau de la jeune mère indienne ensevelissant et berçant son enfant mort parmi les branches d’un érable.

78. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Cet écho dure encore, et se renouvelle sous la parole élégante de Longfellow, comme il éclata dans quelques vers de la jeune Maria Davidson. […] Olavidez, jeune magistrat de la ville de Lima dans le Pérou, avait occupé Paris de ses luttes contre l’Inquisition dans les deux mondes, de ses disgrâces et des efforts heureux de son active industrie. […] Jeune encore, mais infirme et malheureux, le poëte succomba sous tant de maux. […] Très jeune, elle perdit son père. […] La jeune Gomez languit longtemps de ce mal du pays plus sensible aux exilés de l’Orient qu’aux voyageurs partis de l’Europe.

79. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Foulon de Vaulx, André (1873-1951) »

Foulon de Vaulx, André (1873-1951) [Bibliographie] Les Jeunes Tendresses (1895). — Les Floraisons fanées (1895). — Les Lèvres pures (1896). — Les Vaines Romances (1896). — La Vie éteinte (1896). — Deux pastels (1896). — L’Accalmie (1897). — Le Jardin désert (1898). […] Antony Valabrègue Ce volume d’un débutant, Les Jeunes Tendresses, qui mérite d’exciter l’intérêt, est présenté au public par M. Gabriel Vicaire, qui a écrit, pour le jeune poète, une préface des plus courtoises et des plus amicales. […] Gaston Deschamps Le poète des Jeunes Tendresses souffre de cette barbarie de la coutume et de la loi qui condamne le jeune homme à opter entre l’observance d’un vœu quasi monastique et la pente qui mène aux dangereuses flâneries, aux irréparables concessions.

80. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Vers l’âge de dix-huit ans, il resta trois années entières sans sortir ; il n’était pas seul pourtant, et avait toujours nombreuse compagnie de jeunes gens et de jeunes personnes. […] Ballanche publia, en 1819, le Vieillard et le Jeune Homme, enseignement philosophique plein d’autorité et de grâce. […] Saint-Marc Girardin, citait récemment les consolations de Jean Chrysostome à son jeune ami Stagyre, comme s’appliquant à bien des âmes d’aujourd’hui. Le Jeune Homme de M. […] Ballanche, par la promptitude de cet instinct qui fait deviner de loin aux jeunes âmes les émanations fraternelles.

81. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Son bon sens l’avait rangé de bonne heure dans le parti du jeune roi Louis XIV, de la reine-mère et de l’habile ministre Mazarin. […] Le jeune roi l’aimait comme il aima plus tard Molière et Boileau. […] nous avons tous été jeunes ! […] Il se dit : je suis jeune, je suis nonchalant, je suis enjoué, je ne crois qu’à mon plaisir, je serai le poète de la jeunesse. […] Un jeune écrivain aussi délicat de touche qu’il est accompli d’intelligence et qu’il est viril de caractère, M. 

82. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

On attend le retour des deux plus jeunes fils du comte de Thommeray, revenant de l’armée, à la fin de leur engagement volontaire. […] Sa mère l’a fiancé à une jeune orpheline dont elle a fait sa fille adoptive. […] Caverlet et madame Merson vont se séparer, le jeune Reynold accourt, radieux de la bonne nouvelle qu’il apporte. […] Sa tête avance sur son coeur, l’idée d’être baronne chatouille sa jeune vanité. […] Bernard est un enfant naturel ; sa mère, toute jeune, a été séduite par le fils d’une maison où elle donnait des leçons de piano.

83. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

Ce jugement des oies a donné lieu à une scène assez vive entre Marmontel et un jeune poëte appellé Chamfort, d’une figure très-aimable, avec assez de talent, les plus belles apparences de modestie et la suffisance la mieux conditionnée. […] Les jeunes auteurs de ces esquisses, peintres ou sculpteurs, sont obligés de conformer leurs tableaux ou bas-reliefs aux esquisses sur lesquelles ils ont été admis. […] Les plus échauffés des jeunes élèves s’attachent à ses vêtemens, et lui disent : croûte, croûte abominable, infâme croûte, tu n’entreras pas ; nous t’assommerons plutôt ; et puis c’était un redoublement de cris et de huées à ne pas s’entendre. […] Vous ne serez peut-être pas fâché de connaître celui de Milot, et je vais vous le décrire. à droite, ce sont trois grands philistins, bien contrits, bien humiliés, l’un, les bras liés sur le dos ; un jeune israélite est occupé à lier les bras des deux autres. […] Le jeune Falconnet avait concouru ; les prix étaient exposés, et le sien n’était pas bon.

84. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Le jeune chasseur du Moruth, Fillan, bande son arc. […] La mort environne le jeune Ryno ; mais je marcherai sans bruit, ô mon héros ! […] Jeune arbre de Moi-ura, tes branches vertes sont-elles flétries ? […] N’était-ce pas un jeune et beau guerrier ? […] Ô jeune Morar !

85. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Un jeune cavalier aime Portia, il en est aimé. […] Quand le jeune étranger s’arrêta sur le seuil. […] Moi si jeune, enviant ta tristesse et tes maux ! […] bien jeune encor, tu te mourais d’amour. […] Vous étiez jeune alors, vous, notre chère gloire.

86. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Le mariage se fit l’année suivante, mais pour la forme seulement, et pendant quelques années on ne s’occupa que de l’éducation de la jeune princesse. […] On y voit la jeune princesse se repentir du malheureux goût qu’elle avait pour le jeu et qu’elle partageait avec toute la Cour. […] La duchesse de Berry, fille du futur Régent, n’était pas la seule jeune femme d’alors à qui il arrivât de s’enivrer. […] Adorée de son jeune époux, et sachant prendre en main ses intérêts en toute rencontre, il ne paraît pas qu’elle eût pour sa personne un goût bien vif et bien tendre. […] À ce même Fontainebleau, où la jeune duchesse de Bourgogne arrivait à l’âge de onze ans, n’avons-nous pas vu arriver aussi (quand je dis nous, j’en puis d’autant mieux parler aujourd’hui que je n’en étais pas), — n’a-t-on pas vu arriver, il n’y a pas quinze ans, une jeune princesse, désirée à son tour et fêtée, également héritière du trône ?

87. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

C’est là qu’un jour il vit arriver un jeune élève de l’École normale, Jouffroy, de deux ans plus âgé que lui, et qui, en revenant passer les vacances au hameau des Pontets, s’arrêta un moment au passage. Jouffroy, dans le premier orgueil de la jeunesse et de la science et avec l’auréole au front, ne dédaigna point de discuter avec le jeune séminariste de province : il le combattait sur les preuves de la Révélation et contestait surtout l’âge du monde, en s’appuyant sur le témoignage, si souvent invoqué alors et bientôt ruiné, du fameux Zodiaque de Denderah. […] Le Mémorial catholique, à peine fondé, piqua d’honneur les jeunes écrivains du camp philosophique. […] Le jeune comte Albert de La Ferronnays avait épousé une jeune personne russe, Mlle d’Alopaeus, de la religion luthérienne, et il désirait vivement l’amener à la foi. […] J’ai sous les yeux une jolie petite scène en vers, qu’il destinait, il y a peu de jours, aux jeunes pensionnaires du Sacré-Cœur d’Amiens, et dans laquelle il a passé comme un souffle d’Esther, mais d’une Esther égayée du voisinage de Gresset.

88. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Tous les jeunes auteurs d’alors commencent à peu près de même : c’était la voie tracée. […] Betty, la jeune Indienne, a été rencontrée dans une île sauvage, « dans un climat barbare », par un jeune homme, un jeune colon anglais de l’Amérique du Nord, Belton, qui a fait naufrage. […] La jeune actrice qui faisait Betty, pour jouer plus au naturel, portait en guise de robe une « peau de taffetas tigré ». […] Jeune, pauvre et fier, il ne présageait pourtant en rien le républicain et l’admirateur du 10 août, qu’il est devenu depuis. […] La pièce fut donnée d’abord au théâtre de la Cour, à Fontainebleau (le 1er et le 7 novembre 1776), sous les yeux de la jeune reine Marie-Antoinette.

89. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Cette espiéglerie, venant couronner le vrai talent, eût achevé d’établir à Aix la réputation du jeune avocat, si M. […] Les impressions du jeune Marseillais dans ce monde nouveau qui s’ouvrait à lui furent bientôt d’un tout autre ordre. […] Les Tablettes furent la première tentative d’union entre les jeunes générations venues de bords différents, celle des proscrits de l’Université (Jouffroy, Dubois, etc.), les jeunes doctrinaires, fleur des salons sérieux (M. de Rémusat en tête), et les deux méridionaux directement voués à la révolution, MM. […] Et il nous faut bien d’abord toucher quelque chose de la doctrine générale de la fatalité tant reprochée aux deux jeunes historiens de la révolution. […] Jouffroy, les belles pages sur les jeunes générations en marche vers 1823.

90. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

— Vingt-sept ans, c’est comme cela, répond l’entêtée jeune femme. — Eh bien soit ! […] Elle a été si longtemps ce qu’on appelle une jeune femme, qu’elle se moquait bien fort du calendrier auquel on l’attachait. […] nous n’en voulons plus, elle n’est plus, pour nous, assez jeune ! […] de n’être plus une jeune femme ! […] Donc honneur à l’artiste habile qui peut cesser d’être jeune, impunément !

91. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

L’évêque de cette ville était pour lors un Montmorency-Laval ; le jeune Merlin, bien recommandé, fut nommé de sa chapelle. […] Il lui parle de la religion d’une manière à fort étonner un jeune séminariste encore novice et très sincère : il ne la prenait, en effet, que par le côté social et politique, et pour l’utilité morale ; hors de là, il n’en acceptait rien et se croyait tout à fait libre et dégagé dans son for intérieur, « ne voyant le péché que dans l’injustice, le défaut de charité et le scandale. […] Rentré à son séminaire de Metz, le jeune Merlin, toujours croyant, mais ému et très ébranlé, avait bientôt conçu ou cru concevoir une passion pour une jeune pensionnaire qu’il apercevait de sa fenêtre dans le jardin d’un couvent voisin. […] Le parent de Merlin, dom Barthélemy Effinger, dont la principale occupation consistait à recevoir les hôtes, se trouve très heureux de s’adjoindre le jeune arrivant pour l’aider dans cet office. […] Je ne pouvais concevoir comment un homme, et surtout un homme oisif, pouvait engloutir tant de nourriture : cependant, à l’exception du prieur, tous les moines mangeaient leur portion, et j’ai même vu dom Pierre et dom Quentin, deux vieillards octogénaires, et dom Lucien, aide-sacristain, jeune encore, mais à peu près stupide, demander des suppléments ! 

92. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

Et puis venaient des sévérités : Vous me demandez mon avis sur la jeune littérature. […] Ils étaient singuliers, ces jeunes poètes et ces jeunes prosateurs ! […] Anatole France achevait sa lettre par ces conseils aux jeunes écrivains : Soyons simples, enfin. […] Je vous demandais, Monsieur, à propos d’un livre ou je tâche de préciser le sens de la Littérature de tout à l’heure, votre sentiment sur la direction des efforts jeunes vers le beau, — quelle que soit sa nature. […] Et ces jeunes poètes eux-mêmes que vous traitez de mystiques — j’en sais plus d’un que le mot ne fâcherait point  si contradictoires et nuageuses que soient leurs aspirations, je ne crois pas impossible d’y démêler une certaine et suffisante unité.

93. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. Lettres philosophiques adressées à un Berlinois »

Quant au jeune groupe dont nous voulons parler, et qui se comporta, sinon plus sagement, du moins avec plus d’esprit et de décence, le fait principal qui le concerne, c’est qu’il se dispersa à l’instant, et que l’ensemble des idées qui avaient l’air de se tenir pour un bon nombre d’années encore, s’éparpilla en un clin d’œil comme le plus vain des nuages. […] Depuis deux ans, sans entrer dans la lice de la politique proprement dite, ce jeune philosophe et publiciste a labouré en tous sens, et avec une infatigable ardeur, le champ des idées sociales, du développement historique de l’humanité et de sa destinée probable au xixe  siècle. […] Par lui, les grandes phases de l’histoire des nations, les monuments de leurs lois, la série des législateurs et des philosophes, tout ce que le travail continu des siècles a apporté d’indestructibles matériaux à l’édifice du nôtre ; par lui, tout ce fortifiant spectacle n’a cessé de se dérouler aux regards des jeunes intelligences que la vue seule du présent pouvait décourager ou irriter outre mesure : leur devancier à peine de dix ans, l’ardent professeur les a constamment échauffées pour la science et pour l’avenir. […] à part le mérite du fond et cette opiniâtreté d’étude et de recherche dont, bien jeune encore, rien ne l’a jamais détourné, M.  […] Après s’être incliné, et avoir levé un instant, puis baissé l’épée devant l’individualité brillante et aventureuse de M. de Chateaubriand, le jeune écrivain arrive à l’homme le plus constant et le plus uni des temps modernes, à celui dont l’individualité solennelle, depuis cinquante ans, consiste à exprimer la patiente et invariable pensée de la démocratie victorieuse.

94. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

Voilà, très exactement le problème que le jeune Breton se pose et propose à sa sœur. […] Le jeune Ernest Renan, quand il acceptait l’idée d’une vie ecclésiastique, n’imaginait rien d’autre que l’état d’un Malebranche qui fût prêtre et hardi penseur. […] Cette correspondance pose avec une ingénuité émouvante le problème d’un jeune garçon du peuple, empêché par sa condition précaire et par des complications familiales, qui veut assurer son développement intellectuel. […] Cet enfant de vingt-trois ans et cette jeune femme sont admirables en ce que jamais, au cours du débat qu’ils ont institué sur la voie à suivre pour créer à l’un d’eux une belle vie de culture, ils n’acceptent le point de vue des avantages mondains.‌ […] Cette mesquinerie d’habitudes où se plaisait dans ses rêves le jeune Renan et qu’acceptait Stendhal ne paraît pas acceptable à certains esprits qui, bien qu’exempts de cupidité vulgaire, veulent un décor de grandeur à leur biographie.

95. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Je suis pourtant encore si jeune, si jeune ! […] « Descendez maintenant, dit-il à ses compagnons de route, et allez vous informer si la jeune exilée est vraiment digne de la main que je lui présente. […] Goethe, très jeune encore à l’époque où son nom avait éclaté tout à coup par Werther en Europe, avait eu la bonne fortune de rencontrer sur les bords du Rhin le jeune prince héréditaire de Weimar, le duc Charles-Auguste. Deux jeunes amis de Goethe, avec lesquels il voyageait alors, les deux comtes de Stolberg, célèbres eux-mêmes depuis, avaient présenté leur compagnon de voyage au jeune duc de Weimar. […] La beauté morale du jeune favori transperçait à cette époque à travers la beauté matérielle de ses traits.

96. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

Elle fait perdre beaucoup de temps, et met encore un jeune artisan hors d’état de faire un bon usage de celui qu’elle lui laisse. […] Enfin, comme le succès ne sçauroit répondre toujours à la précipitation d’un jeune peintre, il peut bien se dégoûter de temps en temps d’un travail laborieux, dont il ne voit pas naître un fruit qui le satisfasse. […] Quand la force du génie ramenera notre jeune peintre à une étude plus sérieuse de son art, parce que l’yvresse de la jeunesse sera passée, sa main et ses yeux ne seront plus capables d’en bien profiter. […] Il est donc heureux pour la societé, que les jeunes poëtes soient déterminez par leur fortune à un travail assidu. […] Je crois rencontrer quelle est la situation où l’on peut souhaiter que soit un jeune poëte, dans un bon mot de notre roi Charles IX.

97. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Ce père du jeune Horace était un homme qui ne vivait que pour son fils ; il lui servait de mère par sa tendresse et par sa vigilance. […] Une lettre du fils de Cicéron à un nommé Tiron, affranchi de son père, nous donne une idée de la vie que ces jeunes Romains menaient à Athènes. […] Brutus emmena avec lui le jeune poète en Macédoine avec les fils de Caton, de Cicéron, de Messala et de plusieurs autres. […] Horace était jeune ; il tournait depuis quelque temps à la philosophie facile et accommodante d’Épicure. […] Les courtisanes telles que Phryné, Laïs, à Athènes, étaient en général de jeunes esclaves grecques ou syriennes affranchies dans leur enfance pour leur extrême beauté.

98. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Un jeune et brillant génie, une âme d’artiste, un second Mozart, a été découvert dans les campagnes de Dalmatie par un dilettante effréné, le chevalier Carnioli : celui-ci l’enlève, le fait élever, le couve, le patronne et, avant de le lancer, le promet d’avance à tous d’un air de mystère ; il en est fier et glorieux comme de son œuvre et de sa conquête. […] Le drame d’ailleurs du Jeune Homme pauvre, tout en poussant à la vogue du livre, a un peu nui en même temps à l’estime qu’on en faisait ; il a mis en relief les défauts de l’œuvre et a éteint quelques-uns des agréments. […] Sibylle, qui a en elle de la fée, aime fort à courir seule les bois : la rencontre qu’elle y fait d’un jeune peintre qui a nom Raoul et qu’elle surprend à dessiner un de ses sites favoris, la Roche-Fée, est un des événements de son enfance. […] Et ici je désire être bien compris : j’admets tout à fait qu’une jeune femme, une jeune fille merveilleusement douée, esprit supérieur et gracieux, âme pure, apporte avec elle une joie légère, un charme qui opère insensiblement ; mais il ne faut pas forcer ce charme et lui demander plus qu’il ne peut. […] Sibylle, tout inexpérimentée qu’elle est en pareille matière, donne à la jeune femme, son amie, le seul conseil droit et sage : «  À votre place, ce que je ferais, le voici : je me confierais tout simplement à mon mari. » Blanche suit le conseil et s’en trouve bien.

99. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

La jeune princesse d’Angleterre, élevée en France pendant les malheurs de sa maison, fut destinée à épouser Monsieur, frère du roi, aussitôt que le jeune roi eut épousé l’infante d’Espagne, et vers le temps où Charles II venait d’être restauré sur le trône de ses pères. […] À côté de Monsieur, il y avait un jeune seigneur qui, en ce temps-là, était son favori : c’était le comte de Guiche, le plus beau jeune homme de la Cour, le mieux fait, hardi, fier, avec un certain air avantageux qui ne déplaît pas aux jeunes femmes, et qui accomplit à leurs yeux le héros de roman. […] Madame devient la reine du moment, et ce moment durera jusqu’à sa mort ; elle donne le ton à toute cette jeune cour, dispose de toutes les parties de divertissements : Elles se faisaient toutes pour elle, et il paraissait que le roi n’y avait de plaisir que par celui qu’elle en recevait. […] Madame aimait l’esprit, le distinguait en lui-même, l’allait chercher, le réveillait chez les vieux poètes, comme Corneille, le favorisait et l’enhardissait chez les jeunes, comme Racine ; elle avait pleuré à Andromaque, dès la première lecture que le jeune auteur lui en fit : « Pardonnez-moi, madame, disait Racine en tête de sa tragédie, si j’ose me vanter de cet heureux commencement de sa destinée. » Dans toutes les cours qui avaient précédé de peu celle de Madame, à Chantilly, à l’hôtel Rambouillet et à l’entour, il y avait un mélange d’un goût déjà ancien, et qui allait devenir suranné : avec Madame, commence proprement le goût moderne de Louis XIV ; elle contribua à le fixer dans sa pureté. […] La duchesse de Bourgogne, élève chérie de Mme de Maintenon, et qui la désolait quelquefois par ses désobéissances, appartenait déjà à cette génération de jeunes femmes qui aimaient démesurément le plaisir, le jeu, par moments la table ; enfin elle était bien faite pour être la mère de Louis XV.

100. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

David, qui vient de mourir, génie plus romain que grec, n’a pas emporté son marteau ; de jeunes émules rêvent le beau moderne sur sa tombe, et le rêve dans l’art précède toujours le réveil. […] Le peintre David, qui régnait alors en France comme réformateur de la peinture, permit au jeune apprenti de venir dessiner d’après ses tableaux froids et automatiques dans son atelier. […] Bientôt l’exil politique de David, proscrit comme régicide en Belgique en 1816, ramena le jeune artiste, sans maître et sans patrie, dans la maison paternelle. […] Le jeune artiste accepta sans hésitation, des mains de l’amitié, ces arrhes de sa gloire future, bien sûr de les restituer avec usure à son généreux patron. […] On retrouvait là tous les jeunes artistes du matin, confondus, comme du temps de Léon X, avec les puissants de la terre.

101. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

C’était Frédéric Mistral, le jeune poète villageois destiné à devenir, comme Burns, le laboureur écossais, l’Homère de Provence. […] Le jeune Provençal était à l’aise dans son talent comme dans ses habits ; rien ne le gênait, parce qu’il ne cherchait ni à s’enfler, ni à s’élever plus haut que nature. […] Voilà toute l’histoire du jeune villageois de Maillane ; cette histoire était nécessaire pour comprendre son poème. […] Mireille va et vient dans la foule, semblable à la jeune âme de la maison et de la saison. […] Comme un grain de raisin (je l’ai vu), notre jeune maîtresse est devenue vermeille dès que le nom de Vincent a été prononcé.

102. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Son père, marié tard à une jolie veuve d’Asti, mourut encore jeune. […] Il lui offrait hors de ses États une hospitalité princière. « Je ne céderai qu’à la violence », répondait le jeune souverain. […] Dès l’âge de dix-sept ans, la jeune chanoinesse attirait tous les regards dans cette société d’élite. […] La jeune femme, accompagnée de sa mère, se rendit ensuite à Venise et s’y embarqua pour Ancône. […] De ce jour, l’expatriation complète du jeune Alfieri est accomplie.

103. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

. — La Sœur de charité ; un soldat blessé est reconnu par une sœur de charité jeune ; une plus vieille est au seuil de la maison et regarde. […] Bivouac français ; un jeune tambour qui commence à battre, un vieux grognard, le menton appuyé sur son fusil ; derrière lui, un officier assis à terre, étudiant sa carte. […] Nous approchons de 1822 et de la lièvre d’enthousiasme pour les Grecs. — La Vie d’un soldat (suite de lithographies de Delpech) : ses premiers jeux ; départ du jeune conscrit, pleurs de sa maîtresse ; équipement militaire du jeune Grivet (il est dragon) ; premier fait d’armes du jeune Grivet, il est blessé au bras, etc. — Ces diverses scènes, celle de l’Apprenti cavalier (un soldat sur un âne qui rue, 1819), et la Cuisine militaire et la Cuisine au bivouac, et le galant hussard, et le jeune invalide qui fait danser l’enfant sur la seule jambe qui lui reste, sont plutôt des caricatures du genre, et Horace Vernet ici côtoie le Charlet. […] Pourquoi la France entière sut-elle par cœur du premier jour l’élégie de Millevoye, le Jeune Malade ? […] Et cependant, s’il y ressongeait quelquefois, retrouva-t-il jamais, même dans les triomphes que lui ménageait l’avenir, même dans les années de son ambassade académique à Rome, même dans ses vaillantes campagnes à l’armée d’Afrique, même dans sa haute faveur à la Cour de Russie, retrouva-t-il jamais ce premier entrain, cette fraîcheur et cet enchantement des dix premières années de sa carrière, lorsqu’il semblait que l’âme de la jeune armée expirante en 1814 et 1815 eût passé en lui et sur ses toiles, lorsque tout était jeune autour de lui, que ces brillants officiers des derniers jours de notre gloire n’étaient pas encore devenus de vieux beaux ou des invalides plus ou moins illustres, lorsque l’Art lui-même s’avançait personnifié dans un jeune groupe à physionomies distinctes, mais avec tout l’incertain et l’infini des destinées : Delacroix, Delaroche, Schnetz, Léopold Robert, Sigalon, Schefler, tous figurant au Salon de 1824, et Horace Vernet comme un frère d’armes au milieu d’eux !

104. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Pauvre, épuisé de misère, le jeune émigré breton trouve en Angleterre, dans une province, un ministre anglais, M.  […] Mais, au moment où tout va s’aplanir, où la jeune fille est touchée, où sa mère, qui la devine, prévient l’aveu et offre d’elle-même l’adoption de famille au jeune étranger, un mot fatal vient rompre l’enchantement : Je suis marié ! […] Il se demande ce qu’il serait devenu s’il avait épousé la jeune Anglaise, s’il était devenu un gentleman chasseur : « Mon pays aurait-il beaucoup perdu à ma disparition ?  […] » On voit percer, même dans cette scène qui vise et touche à l’émotion, cette double fatuité qui ne le quitte jamais, celle de l’homme à bonnes fortunes qui veut rester jeune, et celle du personnage littéraire qui ne peut s’empêcher d’être glorieux. […] René, qui se croit en péril de mourir, écrit à Céluta, sa jeune femme indienne, une lettre où il lui livre le secret de sa nature et le mystère de sa destinée.

105. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Une jeune femme, orpheline et veuve à vingt ans, se retire dans un château, chez sa belle-sœur, pour s’y livrer à son deuil d’Artémise auprès du mausolée de son époux, et s’occuper de l’éducation de sa fille. […] J’omets divers accidents qui engagent de plus en plus la jeune exaltée et l’aimable étourdi. […] Mme Gay, se rejetant en arrière, dirait volontiers avec les guerriers de ces années d’orgueil et d’espérance : « Nous étions jeunes alors !  […] la jeune femme avait fort dégénéré, ou du moins elle s’était émancipée plus qu’on n’aurait pu croire sous un régime si sage. […] Tout cela, déjà, est un peu vieux, c’est de l’Ancien Régime ; les jeunes femmes du régime nouveau s’essaient encore, et je ne les connais plus.

106. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Un jeune militaire émigré, le marquis de Saint-Alban, qui servait dans l’armée prussienne, est blessé dans une affaire sur les bords du Rhin ; il n’évite d’être fait prisonnier qu’en traversant le fleuve dans une barque. […] Il devançait, en théorie et en espérance romantique, les jeunes modernes d’il y a trente ans. […] Malgré moi tu m’apprends toutes sortes de hontes, moi qui connais tout ce qu’il y a de bon et de beau parmi les hommes. » Le vieux poète, imbu d’une philosophie naturellement païenne et voluptueuse, s’adresse à un jeune ami Cyrnus. […] Il lui fait l’effet d’être plus jeune qu’il ne l’était, et M. de Meilhan passa longtemps dans le monde pour être plus jeune que son âge : elle le plaint et elle compatit à le voir ainsi désabusé comme un vieillard, et il semble qu’en mettant son propre désenchantement en commun avec le sien, elle ait quelque désir de le consoler : « Vous êtes destiné, monsieur, lui disait-elle au début, à passer une vie douloureuse : vous voyez le jeu des machines, et alors plus de bonheur. […] [1re éd.] par son jeune ami Saint-Alban ao.

107. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Chez Saint-Réal, l’amour de la reine Elisabeth pour le jeune prince son beau-fils, et de celui-ci pour elle, faisait la donnée principale et charmait les cœurs tendres ; le marquis de Posa, cet ami généreux de don Carlos, n’était qu’indique. […] Un jeune écrivain français, de ceux qui s’occupent d’études sérieuses, M. de Mouy, venait de publier sur ce même épisode un volume très consciencieux, très estimable, puisé en partie aux mêmes sources et arrivant à très peu près aux mêmes résultats. […] Vêtu avec magnificence, monté sur un cheval blanc richement caparaçonné, sa mine chétive et blême contrastait singulièrement avec celle de son jeune oncle, don Juan d’Autriche, qui était à sa gauche dans le cortège, et qui montrait à la foule, dans toute sa fleur de bonne grâce et d’audace, le futur vainqueur de Lépante. […] Une seule bonne qualité surnageait au milieu de tant de travers et de vices, c’était son sentiment d’affectueuse déférence pour sa jeune belle-mère, la reine Elisabeth, dont la bonté compatissante et gracieuse l’avait touché. […] Il avait toujours l’idée de se tuer, ou de se laisser mourir ; il essaya d’abord du jeune et s’abstint d’aliments pendant cinquante heures (fin de février) ; mais il n’eut pas la force de persévérer.

108. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Je ne craindrai pas de comparer ce document à la belle Instruction donnée par le maréchal de Belle-Isle à son jeune fils, le comte de Gisors, lorsqu’il fut nommé colonel. […] La jeune femme du général avait résolu d’y suivre son mari et de partager toutes ses fortunes. […] M. de Saint-Joseph, qui avait lu le Gonzalve de Florian, compare les rêves de ses jeunes années à la réalité qui, même en en rabattant, lui paraît encore belle. […] Il se plut particulièrement à figurer une jeune femme se balançant sur un fauteuil et élevant dans ses bras son jeune nourrisson qui se penchai vers elle. […] Il aimait sa jeune femme, qui devait elle-même mourir de sa mort. « Je ne souffre que pour elle » : c’étaient par moments les seuls mots qu’il pût prononcer.

109. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

La toile se lève sur l’atelier de Paul Forestier, un jeune peintre, fils d’un vieux sculpteur. […] Mais, au lieu de son jeune amant, un vieillard étonné et triste sort, à sa voix, du paravent que forme la toile. […] Le voilà déjà dur et brusque envers la jeune femme. […] ce jeune artiste si affectueux pour son père, si tendre à sa jeune femme qu’il lui adressait, tout à l’heure des litanies, comme à une sainte Vierge, le voilà qui, d’un jour à l’autre, se transforme en fils dénaturé, en mari sans cœur ! […] Aussi bien le jeune Adhémar arrive à point pour écraser le Moustique.

110. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Joseph Delorme était un pseudonyme, un jeune poète imaginaire dessiné sur le type de Werther. […] La vue de jeunes et brillants talents qui s’épanouissent lui inspire, non pas de l’envie, il n’en eut jamais ! […] qui ne le plaindrait, ce jeune et malheureux cœur, si on y lisait ce qu’il souffre ! […] qui lui rendra son jeune âge ? […] Que sont devenus ces jeunes arbres réunis autrefois dans le même enclos ?

111. (1908) Jean Racine pp. 1-325

J’étais fort jeune quand je la fis. […] Le héros amoureux, c’est l’idéal de tous les jeunes seigneurs, et c’est l’idéal du jeune roi. […] Mais, plus accessible ainsi, il dut plaire d’autant plus à la jeune cour et au jeune roi. […] Pyrrhus est jeune, beau, illustre, et généreux en somme. […] C’est une sorte de jeune moine chasseur, de jeune Templier qui a consacré sa virginité à la déesse Artémis (la Diane des Latins).

112. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

Louis XIV entoura donc son petit-fils de conseils ; lui-même il traça de sa main les règles qu’il crut les plus sages ; il composa la cour d’Espagne avec choix ; l’ambassadeur à Madrid, le duc d’Harcourt, fut en réalité le gouverneur du jeune roi, et la jeune reine reçut pour gouvernante, à titre de dame d’honneur, une Française célèbre par sa naissance et son mérite, Anne-Marie de la Trémoïlle, veuve du prince de Chalais, et depuis mariée en Italie à Flavio, prince des Ursins. […] Pendant ce temps, madame des Ursins avait étendu son crédit ; le jeune roi, ainsi qu’un historien l’a caractérisé, chaste, dévot et ardent, était tout dévoué à son épouse, laquelle l’était elle-même à sa dame d’honneur. […] « Il est vrai, écrit-elle, qu’on a de la peine à remuer toute cette machine ici ; mais on ne néglige rien pour la faire marcher. » Dès les premiers jours, elle s’est décidée contre les grands dans une querelle d’étiquette, et a inspiré au jeune roi une énergie qui a fait taire les vanités : elle comprend que la condescendance ne sauverait rien. […] « Seulement, pour se tenir toujours à portée d’être utile à la reine et au jeune prince des Asturies, elle ira dans quelque petite ville des Pyrénées. […] « Sa Majesté, lui écrit-elle, aussi modeste que vos jeunes demoiselles de Saint-Cyr, voudrait passionnément cacher à tout le monde ce que sa seule conscience l’oblige à faire. » L’abbé Albéroni fut seul chargé de tout conclure ; on connaît assez l’issue.

113. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

De jeunes esprits, nourris du Génie du Christianisme, tournés par leur nature et leur éducation aux sentiments religieux et aux croyances mystiques, avaient pensé, à la vue de tant d’événements mémorables, que les temps marqués étaient accomplis et que l’avenir allait enfin se dérouler selon leurs vœux. […] Au milieu d’une société étrangère par ses goûts et ses besoins à ces sortes de théories, une vive sympathie dut bientôt réunir et liguer ensemble les jeunes réformateurs : aussi ne manquèrent-ils pas de s’agréger étroitement, et de se constituer envers et contre tous missionnaires et chevaliers de la doctrine commune. […] Mais après la chute de leur théorie, un rôle assez beau resterait encore aux jeunes talents qui, désabusés d’une vaine tentative, abjurant le jargon et le système, se sentiraient la force d’entrer dans de meilleures voies, et de faire de la poésie avec leur âme. […] De tous ceux qui formaient la tribu sainte et militante à ses beaux jours d’ardeur et d’espérance, le plus indépendant, le plus inspiré, et aussi le plus jeune, était M.  […] Né dans les camps, élevé au milieu de nos guerriers, il avait de bonne heure parcouru l’Europe à la suite de nos drapeaux ; son jeune cœur était déjà oppressé d’une foule d’ineffables sentiments, à l’âge ordinaire des jeux et de l’insouciance.

114. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Comme tout cela était jeune, nouveau, étrangement coloré, d’enivrante et forte saveur ! […] On était beau, on était jeune, on était fier, on était enthousiaste. […] Tout ce qui était jeune, vaillant, amoureux, poétique, en reçut le souffle. […] — et ils invitaient les jeunes poètes à ne pas imiter cette licence du génie. […] Ce retour à l’antiquité, éternellement jeune, fit éclore un nouveau printemps.

115. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Parmi les jeunes et ceux qui briguent la palme dans un prochain avenir, je suis forcé de négliger un groupe de jeunes amis : Catulle Mendès que son prénom oblige et qui ne paraît pas d’humeur à y déroger, qui se fait un jeu de mêler dans ses composés subtils Gautier, Musset et Benserade, nectar et poison ; — Emmanuel des Essarts que son nom oblige aussi, fils de poëte, un de mes élèves à moi (car j’en ai eu à l’École normale), et qui sait allier la religion de l’antiquité aux plus modernes ardeurs : qu’il ne les sépare jamais ! […] Les réminiscences, les sensations, les nobles désirs, les aspirations généreuses, y débordent ; le jeune auteur voudrait tout unir, tout embrasser. […] Sous le titre Avril, Mai, Juin, j’ai reçu il y a deux ans un recueil de sonnets41, où deux jeunes amis se sont mis à chanter de concert tout un printemps et sans livrer au public leur nom ; je ne l’ai moi-même appris qu’à grand’peine (Léon Valade et Albert Mérat). […] Je note en passant, pour la relire, la pièce des Deux Printemps à une jeune Bourguignonne poëte qui en est à son premier avril et à son premier aveu. […] Comment ne pas donner un souvenir amical et reconnaissant à un ancien et fidèle amateur, contemporain de nos jeunes années, M. 

116. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Les jeunes étudiants résolurent de la seconder ; la maison continua de marcher, nonobstant le vieil ivrogne. […] Mon jeune compatriote et ami, M.  […] Ce jeune prêtre savait son art comme personne ne le sut jamais. […] Le palmarès tomba sous les yeux d’un des hommes éclairés que l’ardent capitaine employait à recruter sa jeune armée. […] Le Breton jeune est difficilement transplantable.

117. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Le jeune bourgeois n’est ni un Prudhomme ni un gandin. […] Le jeune bourgeois ne crèvera pas de sitôt encore. […] Le jeune bourgeois a devancé le règne de Louis-Philippe. […] Le fiacre est parti, mais le jeune bourgeois est resté. […] disait Viennet) pour allonger son nom de jeune bourgeois.

118. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Ses œuvres ne sont que ses tablettes retrouvées après lui dans sa maison de Tibur ou dans la mémoire des jeunes Romains et des jeunes Romaines. […] Je ne rougis pas d’avoir été jeune, mais je rougirais de l’être toujours. […] Rixe entre nos jeunes esclaves avec les matelots, et des matelots contre nos jeunes serviteurs : — Aborde ici. — Tu entasses trois cents personnes dans la barque ; holà ! […] Une jeune Apulienne, d’une beauté grecque, y charme ses songes. […] Un jeune littérateur, M. 

119. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Sur les Jeune France. (Se rapporte à l’article Théophile Gautier, page 280.) »

Sur les Jeune France. […] Le hasard me fait retrouver une preuve certaine de l’effarouchement véritable que produisit dans le monde même de Victor Hugo et chez une partie de ses premiers amis l’invasion, en apparence barbare, de ces jeunes recrues et de cette génération romantique toute nouvelle. […] Gautier ou tout autre ambassadeur bousingot. » On voit à quel point il y avait méprise ; la singularité du costume donnait le change sur la nature des opinions : Auguste Le Prévost méconnaissait le jeune France ; il appelait bousingot ce qu’il y avait de plus opposé à cette catégorie de politiques tapageurs et communs. […] C’était l’époque des grandes batailles romantiques au théâtre, et il n’était que trop naturel que les amateurs-admirateurs de 1825 cédassent le pas, dans l’action, aux jeunes admirateurs plus effectifs et plus utiles, qui payaient de leur personne.

120. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Mais quand le procès éclata, lorsque Mme de La Motte fit ses mémoires et factums, lorsque Cagliostro co-accusé lui opposa les siens, une chose est pour nous remarquable : c’est combien chacun évita d’inculper ce jeune secrétaire et de le compromettre. […] Il y mêlera des personnages, des figures selon la rencontre, le berger basque, plus tard le contrebandier aragonais : En ce moment (au moment de la descente), deux jeunes montagnards nous abordèrent ; beaux et bien faits, ils marchaient pieds nus avec cette grâce et cette légèreté qui distinguent éminemment les habitants des Pyrénées. […] On ferait avec ces deux ouvrages de Ramond, et en laissant de côté les considérations purement scientifiques, une suite de Morceaux choisis dans le genre de ceux de Buffon, et qui mériteraient d’avoir place dans toutes les jeunes bibliothèques. […] Un jeune berger marchait à la tête de chaque troupeau, appelant de la voix et de la cloche les brebis qui le suivaient avec incertitude, et les chèvres aventurières qui s’écartaient sans cesse. […] Après les vaches venaient les juments, leurs poulains étourdis, les jeunes mulets, plus malins mais plus prudents ; et enfin le patriarche et sa femme, à cheval ; les jeunes enfants en croupe, le nourrisson dans les bras de sa mère, couvert d’un pli de son grand voile d’écarlate ; la fille occupée à filer sur sa monture ; le petit garçon, à pied, coiffé du chaudron ; l’adolescent armé en chasseur ; et celui des fils que la confiance de la famille avait plus particulièrement préposé au soin du bétail, distingué par le sac à sel, orné d’une grande croix rouge.

121. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Je sens combien j’ai à demander pardon pour ma témérité à plusieurs de nos jeunes lecteurs et surtout de nos lectrices3. […] En tout cas, quand on est jeune, fût-on la distinction même, on glisse vite sur ces défauts à une première lecture ; on s’attache à ce qui plaît, à ce qui nous offre l’expression idéalisée la plus moderne de nos sentiments, de notre situation ou de notre désir. […] J’en conclus que la véritable Elvire aurait peine à se reconnaître dans les pages alambiquées du roman panthéiste de M. de Lamartine, et je la restitue dans mon imagination telle qu’elle apparut la première fois au bord de ce lac, bien différente, au jeune poète lui-même si différent ! […] C’est ensuite cette autre visite que fait le jeune poète, son manuscrit des Méditations en main, chez l’imprimeur Didot : la physionomie de l’estimable libraire classique, son refus, ses motifs, tout cela est raconté avec esprit et malice ; le poète en a tiré une charmante vengeance. […] Le gracieux poète des roses et de la jeunesse voudra bien me pardonner d’être moins jeune et moins indulgent que lui.

122. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Ces drames, tels qu’ils sont, sont encore à part dans la jeune école. […] Ce serait le jeune Macchabée enseveli sous son éléphant ! […] Homme heureux qui n’a été jeune que du meilleur côté de la jeunesse ! […] Avec quelle froideur, en effet, son jeune auditoire l’aura écouté ! […] Il fallut courir après le régiment, qui relâcha volontiers ce jeune héros.

123. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Herder, Wieland l’accueillirent en frère plus jeune, mais du même sang. […] que ne fleurit-il à tout jamais, l’heureux temps du jeune amour ! […] À force de rêver de Goethe, la jeune Bettina finit par l’aimer. […] Cette réserve augmenta et fit durer l’amour dans l’âme de la jeune Italienne. […] Elle disait toujours : “Beaucoup apprendre, beaucoup comprendre par l’esprit, et mourir jeune !

124. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Plus jeune de dix années que cette sœur charmante, après sa première enfance passée dans son pays natal, le jeune Jacques fut amené à Paris et mis en pension chez M.  […] J’ai oublié de dire qu’il était protestant, et c’était là un élément de garantie qui ajoutait à sa jeune sagesse. […] Mme Dufrenoy, pour peu qu’elle eût été de quelques années plus jeune, eût éprouvé peut-être quelque chose de ce même sentiment pour son jeune ami. […] Mme Sophie Gay a été aussi une des amies et des correspondantes du jeune M.  […] « Oui, ma jeune amie, j’ai éprouvé une singulière émotion de la mort de Benjamin Constant.

125. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

oui, un joli jeune Savoyard habillé en fille, c’est assez cela. […] L’amoureux préféré est un jeune lord qui voyage avec un de ses parents pour gouverneur. […] La seconde renferme des lettres du gouverneur du jeune lord à la mère de Cécile, dans lesquelles il raconte son histoire romanesque et celle de la belle Caliste. […] Mais elle connut le jeune gentilhomme qui écrit ces lettres et elle l’aima. […] Le père du jeune gentilhomme s’étant opposé au mariage de son fils et de Caliste, mille maux s’ensuivirent, et la mort de Caliste les combla.

126. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

M. de Harlay, jaloux de l’évêque de Meaux, ressentit cette négligence du jeune prêtre […] Il en avait déjà un grand nombre ; le plus cher et le plus assidu était le jeune abbé de Langeron. […] Louis XIV fut charmé de l’extérieur, de la modestie, de l’éloquence naturelle du jeune prêtre. […] Il fit nommer l’abbé Fleury sous-précepteur, et l’abbé de Langeron lecteur du jeune prince. […] Le jeune disciple, par son caractère, donnait autant à redouter qu’à espérer de sa nature.

127. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

La seule explication satisfaisante de ce fait, c’est d’admettre que les conditions de vie leur ont été extrêmement favorables, qu’il y a eu conséquemment une moindre destruction des individus vieux ou jeunes, et que presque tous ces derniers ont pu se reproduire à leur tour. […] Parmi les plantes, il y a une énorme destruction de graines ; mais, d’après quelques observations que j’ai faites, je crois que les jeunes plantules ont à souffrir davantage encore en ce qu’elles germent dans un sol déjà suffisamment fourni d’autres plantes plus âgées. […] D’un autre côté, en quelques cas assez rares, tel que l’Éléphant, par exemple, aucun individu de l’espèce ne devient la proie d’autres animaux, car même le Tigre de l’Inde n’ose que très rarement attaquer un jeune Éléphant protégé par sa mère. […] Cependant, en regardant de plus près entre les tiges de Bruyère, je trouvai une multitude de jeunes plants et de petits arbres qui avaient été broutés ras par le bétail au fur et à mesure qu’ils croissaient. […] Il n’est donc point étonnant qu’aussitôt la terre enclose elle se couvrit de rangs épais de jeunes Pins croissant avec vigueur.

128. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

Denne-Baron s’annonçait comme un facile et brillant amateur dans le groupe des traducteurs élégants, harmonieux, ou des jeunes élégiaques pleins de sentiment ; il s’essayait avec succès entre Baour-Lormian et Millevoye. […] Denne-Baron était alors, parmi les jeunes poètes, un élève des peintres en vogue, tels que Guérin, Girodet ; il l’était surtout de Prud’hon. […] Jupiter, dédaignant le bouton près d’éclore, Laisse à ses demi-dieux la jeune et tendre Flore,         Et s’enivre aux pieds de Cérès. […] Ou, comme un jeune poète auprès de moi l’a traduit pour les derniers vers : L’âge mûr est venu, qui ne t’a rien ôté ; Même en ton négligé, la plus jeune beauté Sous ses plus beaux habits, te cède la couronne. […] On noterait encore de ces strophes qu’on aime à retenir, dans l’ode adressée par Denne-Baron Aux Mânes d’Octavie Devéria, sœur des célèbres peintres ; cette jeune femme, morte peu après le mariage, dans tout l’éclat de la beauté et entourée du charme des arts, a bien inspiré le poète ami : Des chœurs de l’Hyménée à peine tu déposesq, Ta chevelure encor sent l’haleine des roses Dont il te couronna comme un ciel du matin… Properce occupa de bonne heure M. 

129. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Il retrouve une jeune femme, Laurence, une artiste demi-galante, qui l’a aimé autrefois, quand il était étudiant. […] Figure-toi cette chambre de jeune femme, mystérieuse comme un boudoir, éclairée par vingt bougies ; le lit en face de nous… Elle décolletée, les bras à demi nus..   […] Toinette (c’est le nom de la jeune femme) est fort jolie, très ignorante, assez bonne, et elle aime son mari. […] La vie du jeune ménage est plus que serrée : ils ont à peine trois mille francs pour vivre. […] « Toinette et lui se regardèrent et, pour la première fois, peut-être, ils se comprirent… « À cette heure ils ne regrettaient pas de s’être mariés jeunes et pauvres, car toute une vie robuste, par cela même, s’ouvrait encore devant eux.

130. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Irréconciliable ennemi d’Antoine, il crut devoir élever contre lui le jeune Octave. […] La vertu du jeune prince le contenait ; et il avait peur de sa gloire. […] Séjan séduisit la femme de ce jeune prince, et le fit périr par le poison. […] Ce roman d’Héliodore, surpris dans les mains du jeune Racine, devait être un grand scandale. […] Le jeune élève lisait aussi dans sa langue les versions poétiques d’Homère et d’Ovide.

131. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 218-221

1840 La bibliothèque de tous les jeunes gens et de bien des jeunes femmes va s’enrichir de trois charmants volumes qui offrent, réunies, toutes les œuvres de M. […] Alfred de Musset fut le plus jeune, le plus hardi et le plus fringant dès l’abord ; il entra dans le sanctuaire lyrique tout éperonné, et par la fenêtre, je le crois bien. […] Sa Nuit de Mai restera un des plus touchants et des plus sublimes cris d’un jeune cœur qui déborde, un des plus beaux témoignages de la moderne Muse. […] M. de Musset fera ainsi, nous voulons le croire ; les trésors d’observation et de larmes, qui se sont amassés dans cette âme jeune encore, en sortiront.

132. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Hortense, jeune ouvrière, aime un jeune cornet à piston. […] Céphale est nouvellement marié et aime sa jeune femme Procris. […] Est-elle toujours jeune ? […] Est-ce que le jeune idiot du quatrième acte ne vous a pas agacé ? […] Le jeune roi, grisé, vit dans une fête ininterrompue.

133. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Lumet sont certainement, parmi les œuvres de jeunes, les plus réussies dans ce genre. […] Si nous l’avons rangé parmi les jeunes, c’est que comme Camille Mauclair et René Boylesve, il est resté l’homme des jeunes revues et l’ami de la jeunesse. […] La jeune littérature perd une force. » J.  […] Saint-Georges de Bouhélier débuta fort jeune et causa une révolution dans les lettres. […] Gilbert de Voisins : C’est un des stylistes les plus précis de la jeune génération.

134. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Cette maison, entourée de treilles, est dominée par l’Epoméo, montagne couverte de bois de lauriers et de jeunes châtaigniers, qui divise l’île en deux zones. […] Cet enfant, né sous les plus heureux auspices, échappa comme ma fille, en mourant jeune, à sa triste destinée. […] Le jeune souverain actuel continuait son oncle. […] Mon penchant pour la Toscane et pour les jeunes souverains était entièrement désintéressé. […] Le jeune et charmant objet de ce double culte fut enlevé dans sa première fleur à son époux et à son adorateur.

135. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Cette phrase d’une de ses premières lettres à la jeune femme résume toute sa correspondance de vingt-cinq ans avec son amie. […] Bernadotte, un des soupirants de la jeune femme, obtint de Bonaparte, à force d’intercessions, la liberté du père de son amie, mais la destitution fut maintenue. […] Récamier vint trouver sa jeune femme ; sa figure était bouleversée, et il semblait méconnaissable. […] Le prince Auguste, neveu du grand Frédéric, était jeune et beau comme un héros de guerre et de roman. […] Elle peut y croire, nous n’y croyons pas ; madame Récamier ne pouvait pas, en matière si délicate, ouvrir son cœur à sa jeune nièce.

136. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

A travers ce croisement d’idées et de sentiments, rien n’opprimait le jeu libre de la pensée et n’en forçait la direction ; les jeunes esprits avaient de quoi s’y gouverner eux-mêmes dans leur droiture et y faire leur voie. […] Sa taille était restée jeune. […] La jeune servante, Marie, qui sert de messagère auprès du jeune homme, répond à quelques questions qu’il lui adresse, et ce peu suffit pour fixer l’imagination de l’amant, tout en l’excitant davantage. […] Le petit roman des deux jeunes émigrés, qui date de 1814, exprime assez bien, dans plusieurs détails, cette espèce de teinte bourbonienne que prirent à ce moment ses pensées. […] De là elles sont tentées de faire des romans de sentiment quand elles sont jeunes, et plus tard des plans d’éducation.

137. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Au retour d’une ambassade en Espagne il épousa à Naples Porcia de Rossi, jeune héritière d’une illustre maison de Pistoia en Toscane, mais dont la famille habitait alors Naples. […] Pendant ce doux loisir du père, le jeune Torquato continuait ses études à Bergame, dans la maison d’une grande dame de la famille des Tassi, qui traitait l’enfant comme son fils. […] Cette occupation et la société des poètes de Venise décidèrent de plus en plus la vocation du jeune Torquato vers la poésie. […] La cour du cardinal Louis d’Este, le plus jeune des frères d’Alphonse II, se composait de plus de cinq cents chevaliers, courtisans, officiers ou serviteurs. […] Pendant l’absence de son protecteur les deux princesses ses sœurs, Lucrézia et Léonora d’Este, filles de Renée de France, admirent le jeune poète dans leur familiarité.

138. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

J’ai vu expirer un jeune homme et une jeune femme en chantant. […] Il y avait alors un jeune officier du génie en garnison à Strasbourg. […] Le jeune officier s’y asseyait le soir et le matin comme un fils ou un frère de la famille. […] Strasbourg doit avoir bientôt une cérémonie patriotique ; il faut que de Lisle puise dans ces dernières gouttes un de ces hymnes qui portent dans l’âme du peuple l’ivresse d’où il a jailli. » Les jeunes femmes applaudirent, apportèrent le vin, remplirent les verres de Dietrich et du jeune officier jusqu’à ce que la liqueur fut épuisée. […] Dietrich, sa femme, le jeune officier se jetèrent en pleurant dans les bras les uns des autres.

139. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Crébillon fils en son temps eut aussi une telle prise sur l’imagination de certaines femmes, qu’une jeune dame anglaise, dit-on, s’affolant de lui après une lecture de je ne sais quel roman, accourut tout exprès pour l’épouser. […] En parlant des facultés extraordinaires de son jeune ami Lambert, M. de Balzac a dit : « J’ai longtemps ignoré la poésie et toutes les richesses cachées dans le cœur et sous le front de mon camarade. […] Dans la Grenadière, le jeune Louis ne se contente pas des assurances de bonne santé que lui donne sa mère, il en étudie le visage, etc. […] Souvent cette jeune passion, morte dans un jeune cœur, y reste brillante d’illusions. […] Jeune, il est venu à Paris, vers l’an 1783 ; il s’est fait présenter dans les meilleures sociétés, chez Mme d’Egmont, chez Helvétius, qui pourtant était mort depuis plusieurs années ; mais peu importe l’anachronisme.

140. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Quoi qu’il en soit, il paraît bien que ce ne fut qu’à Copenhague, où elle alla en quittant Venise, que la jeune ambassadrice fut entièrement éclairée sur le genre de sentiment qu’elle avait inspiré à M. de Stakieff. […] Eynard s’étonne trop, selon nous, du goût de la curieuse étrangère pour les Voyages du jeune Anacharsis et pour leur aimable auteur. […] On a dit de cet aimable vieillard qu’il n’avait jamais eu que vingt ans ; il avait quatre-vingt-un ans qu’il se croyait jeune encore. […] Eynard cite le passage d’une lettre d’Ymbert Galloix, jeune homme de Genève, mort à Paris en 1828, et il le proclame un jeune poète plein de génie. […] Eynard est dédié A mes amis Alfred de Falloux et Albert de Rességuier , avec une épigraphe tout onctueuse tirée de saint Paul, ce qui semblerait indiquer que la jeune Rome et la jeune Genève ne sont pas si brouillées qu’autrefois ; mais ces exceptions entre natures affables et bienveillantes, ces avances où il entre autant de courtoisie que de christianisme, ne prouvent rien au fond.

141. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Le plus jeune est capitaine de cavalerie, un autre architecte et ingénieur. […] Le jeune Henri Lacordaire fit ses études au lycée de Dijon, de 1810 à 1819. […] Devenu étudiant en droit, toujours à Dijon, il commença à se distinguer par un talent réel de parole dans des conférences qu’avaient établies entre eux les étudiants et de jeunes avocats. […] Cette connaissance du siècle et de ses faiblesses lui ménage de faciles alliances avec l’imagination et le cœur de son jeune public. […] Âgé de trois ans, il allait frapper à la porte des frères des écoles chrétiennes, et, comme on lui en refusait l’entrée parce qu’il était encore trop jeune, il pleurait beaucoup.

142. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Il disait, et je ne sais s’il le pensait, que le jeune auteur « avait pris un vol d’aigle dans Warwick ». […] Sur cette prétention que témoignait La Harpe d’être haï d’une foule de personnes, on faisait, dans l’une de ces deux lettres, cette remarque assez spirituelle : Un jeune petit maître se vante par air d’être aimé de beaucoup de femmes ; les jeunes poètes ont la même vanité, ils se supposent beaucoup d’ennemis. […] Chabanon nous le montre tout jeune, à l’âge de vingt-sept ans, installé chez Voltaire à Ferney, où il passa toute une année (La Harpe y était avec sa femme, une assez jolie femme, la fille d’un limonadier, qui faisait elle-même des vers et qui jouait la comédie). […] La Harpe à Ferney, tout jeune, critiquait Voltaire, relevait ses vers faibles dans les pièces où il jouait un rôle, les lui corrigeait quelquefois sans l’en avertir. […] L’élite des jeunes dames, des gens d’esprit et des littérateurs, tout ce qu’il y a de plus brillant à cette florissante époque de Louis XVI, entoure sa chaire.

143. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Louis Bouilhet, reproduit trop visiblement (j’en demande bien pardon au jeune auteur) le ton, les formes et le genre de boutades de Mardoche. […] Ce que j’ai lu depuis de ce jeune poète me l’a montré de plus en plus en voie de se dégager ; avec la facture dont il dispose déjà habilement, il a un noble désir. […] Une jeune et riche veuve campagnarde, Nola, autrefois servante, vient de perdre son vieux mari, qui l’avait épousée par reconnaissance de ce qu’elle lui avait cédé un dimanche sa place à l’église. […] Jeune, et déjà fait aux épreuves de la vie, il prend l’homme avec tous ses sentiments de père, de fils, d’époux, d’ami, et il le place dans le cadre éblouissant des Tropiques. […] Un jeune ami, qui n’est pas loin de moi, et qui n’est encore connu du public que par une édition d’Hégésippe Moreau, M. 

144. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

C’était bien là une remarque à frapper une jeune et jolie reine. […] Il épousa, en 1792, âgé déjà de cinquante-cinq ans, une jeune personne de vingt-deux, Mlle Félicité Didot, et, dans sa correspondance avec elle, on ne le voit occupé que de réaliser, comme toujours, son idée d’une île champêtre et d’une chaumière. […] Remarié bientôt après, vers l’âge de soixante-trois ans, à Mlle Désirée de Pelleport, jeune et jolie personne, et qui se plia sans effort à ses goûts, Bernardin de Saint-Pierre eut une vieillesse heureuse. Les lettres qu’on a de lui jusqu’à la fin attestent son imagination riante : « Je suis un vieux arbre, disait-il, qui porte de jeunes rameaux. » il avait échangé son ermitage d’Essonne pour une autre retraite à Éragny, sur les bords de l’Oise : il s’y livrait aux douces spéculations dont il a rempli ses Harmonies. […] À propos d’un changement de lune et d’un redoublement de pluie au mois de mai, il lui écrit : « Cette abondance d’eau accélère la pousse des végétaux ; elle est nécessaire à leurs progrès et à leurs besoins : le mois de mai est un enfant qui veut toujours téter. — Je t’embrasse, mes amours, mes délices, mon mois de mai. » Ce mois de mai, qui est un enfant qui veut toujours téter, n’est-il pas la plus gracieuse et la plus parlante image, surtout adressée à une jeune femme, à une jeune mère ?

145. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Tâchons du moins que la critique littéraire, sous le jeune et nouvel Empire, ne paraisse pas trop au-dessous de ce qu’elle était sous l’ancien. […] Avant d’être célèbre comme écrivain par son Voyage du jeune Anacharsis, qu’il publia seulement à l’âge de soixante-douze ans, Barthélemy ne fut longtemps qu’un antiquaire en effet, et c’est à ce titre qu’il avait acquis sa première et toute paisible renommée. […] C’est, en effet, de ce séjour d’Italie que date la pensée du Jeune Anacharsis. […] Au retour d’Italie, M. de Choiseul l’avait chargé d’accompagner sa jeune femme et de la ramener à Paris. […] pendant plus de vingt ans, il a vu s’habiller et se déshabiller la duchesse de Choiseul, et il n’a jamais osé s’avouer à lui-même qu’il était amoureux d’elle. » —  Une des personnes présentes et des plus jeunes (M. 

146. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Les dessins sont d’un jeune artiste, M.  […] Les pauvres gens qui les ont trouvés les élèvent comme s’ils étaient à eux, et quand ils sont en âge, on les envoie aux champs, dans les beaux jours, pour faire paître, le jeune garçon les chèvres, la jeune fille les brebis. […] C’est l’ingénuité toute pure de deux jeunes êtres élevés ensemble au sein d’une belle et riche nature rustique, et sans que rien les avertisse d’un danger. […] Une peinture plus vive que touchante des premières émotions, des premiers sentiments de deux jeunes amants élevés dans la simplicité d’une vie champêtre et protégés contre eux-mêmes par la soûle ignorance. […] Lycénion, qui donne à Daphnis sa première leçon d’amour, est une voisine et non une « courtisane » ; c’est une jeune femme alerte et fringante, qui vit avec un vieux cultivateur et qui a l’œil aux jeunes gens.

147. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

A ceux qui, jeunes, débutent par l’attaquer, par la dédaigner, l’Académie, qui n’est pas une personne jeune, mais d’âge moyen, et qui ne meurt pas, peut répondre : J’attendrai. […] Plus jeune on aimait mieux un autre bal, plus frivole certainement, plus sérieux aussi, demandez à Roméo. […] C’est alors que commença cette rude et forte éducation des choses pour le jeune Mathieu Molé, âgé de onze ans. […] Robespierre tomba : le jeune témoin assistait aux séances de la Convention qui amenèrent sa chute. […] Le livre donne du respect pour la jeune intelligence qui l’a conçu.

148. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Il se trouve, en un mot, dans les trois quarts des hommes, comme un poëte qui meurt jeune, tandis que l’homme survit. […] Mais, un jour que le jeune Millevoye était, au fond du magasin, absorbé dans une lecture, le chef passa et lui dit : « Jeune homme, vous lisez ! […] rien que le Cimetière de Gray, la Jeune Captive de Chénier, la Chute des Feuilles de Millevoye !  […] Le premier, il cita des fragments du poëme de l’Aveugle dans les notes de son second livre d’Élégies, de même que M. de Chateaubriand avait cité la Jeune Captive. […] Auger, judicieux et bienveillant, quoique sec ; la mesure du jeune poëte y est bien prise.

149. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

L’abbé Barthélemy ne voulait pour son Jeune Anacharsis qu’un succès doux et presque silencieux, assez semblable à la manière dont il avait été composé, et il obtint dès le premier jour un succès d’éclat. […] Avec son jeune Grec élégant, poli, et qui nous semble aujourd’hui si froid, l’abbé Barthélemy eut un succès à la Bernardin de Saint-Pierre. […] Le Voyage proprement dit s’ouvre avec bonheur et avec émotion par une visite à Épaminondas, le plus parfait des héros anciens ; il se termine, au dernier chapitre, par un portrait du jeune Alexandre : le récit tout entier s’encadre entre cette première visite à Thèbes, où le sujet apparaît dans toute sa gloire, et la bataille de Chéronée, où périt la liberté de la Grèce. […] Avec Barthélemy ou avec son jeune Anacharsis, qui est censé arriver pour la première fois à Athènes, on n’a rien de pareil : on parcourt les rues une à une à perte d’haleine, et sans coup d’œil. […] Le chevalier de Boufflers lui répondit, et eut les honneurs de la séance par une analyse brillante du Jeune Anacharsis, dont il comparait l’auteur à Orphée.

150. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Jeune, dans un moment de frénésie, il avait coiffé sa muse du bonnet rouge ; il avait donné des gages éclatants à un parti : quoi de plus simple et de plus inévitable que ce parti, se voyant quitté, le calomniât, méconnût ses intentions intimes les plus pures, travestît grossièrement les ressorts délicats et secrets de sa conduite ? […] Il appartient à la toute jeune et toute nouvelle génération littéraire qui salue en lui une de ses espérances. […] Je m’explique bien par là que les jeunes amis de M.  […] Gaston Paris, contre les désespoirs ou les fantaisies de la génération précédente ou présente, et à ce propos il nous donne une idée de l’art poétique rajeuni qui est le sien, et dont il voudrait faire la loi de ses jeunes contemporains : A défaut des vieillards, les jeunes le diront, Ils chercheront du moins ; leur fierté répudie Du doute irréfléchi le désespoir aisé. […] Après cette suite de beaux vers, d’un souffle élevé et juste, notre estime, celle de tous les lecteurs, est acquise au jeune poëte.

151. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Écoutez : Il y avait une fois une grande dame, qui ouvrait son salon à tous venants ; là surtout prêchait un novateur tudesque qui endoctrinait les jeunes têtes. […] Je ne recherche pas pour le moment à qui est la faute, aux auteurs, aux acteurs ou au public ; peut-être même n’y a-t-il de faute d’aucun côté ; peut-être les uns ne sont-ils coupables que d’avoir vieilli, et les autres que d’être jeunes. […] Ces raisons spirituellement superficielles pourraient trouver grâce auprès de quelques jeunes esprits dominés par leurs penchants philosophiques ou politiques, et trop disposés à faire bon marché de leurs opinions littéraires : nous y répondrons avec quelque détail. […] Aujourd’hui que la victoire semble décidée et que bientôt la sécurité va naître, la politique et l’art se sépareront sans s’isoler ; l’art, retiré du tourbillon, jeune encore et déjà mûr d’expérience, tracera dans la solitude son œuvre pacifique, qu’il animera de toutes les couleurs de la vie, de toutes les passions de l’humanité. […] Mais le public est patient, parce qu’il est jeune ; il semble dire à M. le directeur des beaux-arts : « Monseigneur, j’attendrai. » Seulement l’abbé de Bernis, en attendant, allait, dit-on, au cabaret, et le public du xixe  siècle va au Gymnase.

152. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES » pp. 456-468

Ou encore, comme un poëte devenu critique le disait : Jeune, on se passe très-aisément d’esprit dans la beauté qu’on aime et dé bon sens dans les talents qu’on admire. […] En vain les Adolphe et les René se croient le privilége de leurs orages ; tous les jeunes cœurs sensibles passent à peu près par les mêmes phases d’émotion, comme plus tard les judicieux arrivent aux mêmes résultats d’expérience. […] La jeune Clady trouve grâce à vos yeux par son sourire ; vous avez pour elle de tendres complaisances, et on l’a vue, me dit-on, à votre bras un soir, et le matin dans la voiture où vous la promeniez. […] Clady est belle, elle est jeune, elle me sourit. […] Tu n’es plus jeune, Ami : tout cesse.

153. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Paul Bourget, tout jeune qu’il fût, n’était nullement de cette école de poésie qui ressemble à celle des Lakistes à peu près comme le lac d’Enghien ressemble aux lacs de l’Ecosse. […] Ce que vit Byron jeune, il l’a vu plus jeune encore. […] … quelques parnasseries, qui, à mesure que le volume avance, disparaissent ; car ce livre est comme la vie, puisque c’est la vie d’un talent très jeune : à mesure qu’il avance, il se muscle et se virilise. […] Il nous a rappelé cette torture sublime… Il ne l’aurait pas eue que sa Vie inquiète n’aurait plus été la Vie inquiète, au même degré du moins, et que sa poésie aurait manqué de ce qui touche le plus en elle : Heureux l’homme qui, jeune et le cœur plein de songes Meurt sans avoir douté de son cher Idéal, À l’âge où les deux mains n’ayant pas fait de mal Nos remords les plus vrais sont de pieux mensonges. […] IV Je n’ai pas cité tout ce que j’aurais voulu mais tout ce que j’ai pu de La Vie inquiète, mais j’en ai cité assez pour juger le livre et la tendance du poète Les poètes, quoi qu’en disent les jeunes gens, qui ne se contentent pas des seuls profits de la jeunesse mais qui veulent jusqu’aux profits de ceux qui ne sont plus jeunes, les gloutons !

154. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Tant qu’elle fut jeune pourtant, Mme de Ferriol parut fort recherchée, et elle eut rang parmi les femmes en vogue du temps. Ses deux fils, MM. de Font-de-Veyle et d’Argental, surtout ce dernier, furent élevés avec la jeune Aïssé comme avec une sœur. […] Il faut laisser aux hommes et aux magiciens les gestes violents et hors de mesure ; une jeune princesse doit être plus modeste. […] Elle avait traversé la Révolution encore fort jeune ; elle était moins femme de cour. […] Les hommes et les jeunes femmes venaient à cheval, chacun suivi de deux ou trois domestiques.

155. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Ce peuvent être des Lézards, ou de petits oiseaux, ou de très jeunes mammifères, tant il y a une complète identité dans le mode de formation de la tête et du tronc de ces différents animaux. […] Dans la tribu des Chats, la plupart des espèces sont rayées ou tachetées par lignes ; et la fourrure des Lionceaux ou des jeunes Pumas est très distinctement rayée ou tachetée. […] Nous ne pouvons supposer, par exemple, que chez l’embryon de tous les vertébrés, la disposition en arc des crosses artérielles le long des fentes branchiales ait un rapport quelconque avec les conditions de vie toujours identiques du jeune être ; puisque la même particularité s’observe à la fois chez le jeune mammifère, pendant qu’il est nourri dans la matrice, chez le jeune oiseau encore enfermé dans l’œuf et couvé dans un nid, et chez la larve de la Grenouille au fond des eaux. […] En l’un ou l’autre cas, le jeune individu ou l’embryon devra ressembler parfaitement à l’adulte qui le produit : c’est ce que nous avons vu chez le Culbutant à courte face. […] Pourquoi, chez ces diverses espèces, les jeunes individus ne subissent-ils aucune métamorphose, mais, au contraire, ressemblent étroitement à leurs parents dès les premières phases de leur vie ?

156. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Pour Alfred de Musset, la poésie était le contraire ; sa poésie, c’était lui-même, il s’y était rivé tout entier ; il s’y précipitait à corps perdu ; c’était son âme juvénile, c’était sa chair et son sang qui s’écoulait ; et quand il avait jeté aux autres ces lambeaux, ces membres éblouissants du poète qui semblaient parfois des membres de Phaéton et d’un jeune dieu (se rappeler les magnifiques apostrophes et invocations de Rolla), il gardait son lambeau à lui, son cœur saignant, son cœur brûlant et ennuyé. […] Alphonse de Lamartine Alfred de Musset, soit qu’il éprouvât lui-même cette fastidiosité du sublime et du sérieux, soit qu’il comprît que la France demandait une autre musique de l’âme ou des sens à ses jeunes poètes, ne songea pas un seul instant à nous imiter. […] » Avec quelle fougue a-t-il lancé et entrechoqué l’amour, la jalousie, la soif du plaisir, toutes les impétueuses passions qui montent avec les ondées d’un sang vierge du plus profond d’un jeune cœur ! […] si jeune et déjà si las ! […] Sans barbe alors, et tout resplendissant d’une grâce juvénile, ce nez aquilin trop long et trop busqué, d’un caractère si étrange et hardi, ces yeux ingénus et profonds, cette petite bouche aux lèvres amoureuses, faites pour les baisers, ce puissant menton byronien, et surtout ce large front modelé par le génie, et cette épaisse, énorme, violente, fabuleuse chevelure blonde, tordue et retombant en onde frémissante, lui donnent l’aspect d’un jeune dieu.

157. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Baudouin » pp. 198-202

La jeune mariée s’est laissé vaincre, elle a déjà un genou sur la couche ; elle est en déshabillé de nuit. […] Quand elle sort de sa toilette pour passer vers le lit nuptial, ses genoux se dérobent sous elle ; ses femmes sont retirées, elle est seule, lorsqu’elle est abandonnée aux désirs, à l’impatience de son jeune époux. […] La petite mine chiffonnée de la mariée, l’action ardente et peu touchante du jeune époux vu par le dos, ces indignes créatures qui entourent la couche, tout me représente un mauvais lieu. […] Croit-il que le moment où tout le monde s’est retiré, où la jeune épouse est seule avec son époux n’eût pas fourni une scène plus intéressante que la sienne ? […] Tout à fait à gauche, devant une petite table, un jeune talon rouge, vu par le dos, serrant la main qu’on lui a tendue, la tête penchée sur son autre main ou renversée en arrière, je ne sais lequel des deux, et dans l’attitude du désespoir.

158. (1929) Amiel ou la part du rêve

Amiel était destiné, dans sa réserve avec les jeunes, ensuite avec les moins jeunes, à badiner indéfiniment avec l’amour. […] Sentez passer d’un vieux sur un jeune visage le feu tournant de Genève ! […] Il surveille un peu l’instruction de ses jeunes neveux. […] Amiel rencontre une jeune et jolie fille, demoiselle de magasin. […] D’autres pièces étaient jouées par une fille et un garçon qui n’étaient plus jeunes.

159. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Il fallut que bien des révolutions s’accomplissent pour que ce miracle devînt possible ; mais, par cela même qu’il dura, le salon de Mme Swetchine se renouvela souvent, et, dans les dix ou douze dernières années notamment, il fît d’intéressantes recrues, il acquit un certain nombre de jeunes amis et de fidèles qui avaient du mouvement, du liant, beaucoup d’entregent, le goût de la publicité, le talent de l’oraison funèbre, et qui lui ont fait sa réputation posthume. […] La jeune Sophie accueillit ce choix comme tout ce qui venait de son père, avec une affectueuse déférence. […] Les deux jeunes personnes, au reste, qui étaient censées compatriotes, ne sortaient pas tout à fait du même Orient. […] Elle a de bonne heure fait le plus sensible des sacrifices pour une femme, surtout pour une femme qui a su et senti ce que c’est que l’amour : elle s’est dit : « Une femme qui n’a point été jolie n’a pas été jeune. » Et elle a sacrifié sa jeunesse, elle s’est jetée à corps perdu du côté de Dieu : « A l’âge de dix-neuf ans, je me jetai entre les bras de Dieu avec une passion telle, que je ne puis rien comparer de ce que j’ai éprouvé à sa vivacité. […] Un salon pour moi, c’est un cercle présidé par une femme, vieille ou jeune, peu importe, et le mieux peut-être est qu’elle ne soit pas trop jeune en effet ; car ainsi elle n’éteint pas ce qui l’entoure.

160. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Les souvenirs de cette première vie d’enfance se reproduiront plus loin sous la plume de la jeune Marceline, née la dernière et la mieux douée. […] Ce qui n’est pas douteux, c’est que vers 1799 la jeune Marceline accompagna sa mère à la Guadeloupe, où elles comptaient retrouver un parent qui y avait fait fortune. […] Après ses premiers succès à l’Opéra-Comique, des difficultés matérielles et l’intérêt de son père la contraignirent à sacrifier l’avenir au présent et à accepter un engagement pour Bruxelles, où elle tint l’emploi des jeunes premières dans la comédie, et des jeunes Dugazons dans l’opéra. […] Elle avait joué très jeune, en même temps que l’excellente actrice Mme Gontier, qui avait jadis inspiré une passion à M. de Florian, et qui surtout en avait ressenti une très vive pour ce brillant capitaine de dragons, auteur de jolies arlequinades. […] C’est ainsi que chantait la dernière Valmore dans le ressentiment de ses jeunes et anciennes douleurs.

161. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Ce fut surtout vers 1827 que ce vif intérêt de Goethe pour la nouvelle et jeune France se prononça pour ne plus cesser. […] Il s’était fixé jeune à Weimar. […] Je vis aussi de brillants et jeunes étrangers avec lesquels Goethe causait en français. […] Nous bavardions gaiement sur le théâtre, sur les jeunes Anglais de Weimar, et sur les petits incidents du jour. […] Il me dit qu’une jeune Polonaise, qui venait d’arriver, devait improviser sur le piano.

162. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Laurent Tailhade à l’hôpital » pp. 168-177

Un jeune esthète, à sa barbe, défend Jean Lorrain. […] François Coppée, Catulle Mendès, Anatole France, Armand Silvestre, qui, depuis un quart de siècle, règnent despotiquement sur la presse et qui n’ont usé de leur toute-puissance que pour organiser autour des talents indépendants la conspiration du silence, comme s’ils tremblaient de se diminuer en accueillant les jeunes chez qui leur jalousie inquiète ne leur laisse voir que des rivaux !  […] Anatole France est le premier qui ait promu les jeunes à la solennité du Temps. […] Et puis, quels instincts de filles ont donc la plupart des jeunes d’à présent ! […] On chante ; le doux patois aux syllabes rondes fait vibrer le sol, les maïs pliés se redressent au vent léger, et le cher pays souffle son haleine reposée. » C’est dans une revue de jeunes que je cueille ces bluettes gracieuses, mais, comme on la félicite, Mlle Moréno se défend d’être écrivain. — Un bas-bleu !

163. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

A côté des odes que je ne voudrais pas appeler officielles, car elles sont nées d’une admiration jeune, naïve et désintéressée, beaucoup de pièces témoigneront que la poésie privée et individuelle n’était pas, au temps de l’Empire, aussi rare qu’on l’a cru. » Ce que M.  […] Né en 1785, il débuta sous l’Empire en 1805 et en reçut la pleine influence ; il fut, par l’inspiration et le timbre du talent, le plus jeune poète de l’Empire, et, pour ainsi dire, éclos le même jour que lui, dans sa première grande victoire. […] Il n’en fut pas moins indigné contre le jeune cadet, sorti de terre on ne sait d’où, qui lui volait ainsi d’emblée sa lyre et son nom. […] Demain, le fatal demain, est déjà venu… Mais que l’on juge pourtant de l’effet instantané d’une telle parole de l’Empereur, d’un tel coup d’éperon sur une jeune imagination ardente et enthousiaste. […] J’ai trop matin commencé ma journée ; Avant qu’ils soient fleuris, j’ai cueilli mes lilas ; Bien jeune encor !

164. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Ma revue : la Vogue, avait soixante-quatre fidèles ; — à leur début les jeunes revues n’en ont habituellement guère plus, et l’on pourrait connaître personnellement tous ses lecteurs. […] On se prêtait la revue parmi les jeunes, on la prenait en mains sous les galeries de l’Odéon. […] J’ai ouï-dire que sitôt le fascicule paru, le samedi de chaque semaine, un jeune Parnassien se saisissait d’un numéro qu’il portait chez François Coppée et qu’on se réunissait à dix, jeunes gens et hommes mûrs, autour de cet exemplaire unique pour se gaudir d’abord, puis alterner les lamentations sur la décadence de la langue française et le toupet inouï de ces jeunes barbares qui démantelaient l’ancien alexandrin, tendre chez Racine, épique chez Victor Hugo, sourcilleux chez Leconte de Lisle et devenu sous l’archet de nos railleurs si tranquille et un peu valétudinaire. […] À ces poètes se sont joints, et toujours apportant des nouveautés de rythme et d’idées, toute cette autre jeune pléiade des Vildrac, A.  […] C’est l’adhésion de ces jeunes groupes qui fortifie notre confiance dans l’avenir, comme ce sont les paroles de sympathie qu’ils nous ont apportées à propos de nos poèmes qui nous font croire que notre temps n’a pas été tout à fait perdu.

165. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

M. de Sémonville, que nous avons connu de tout temps si actif, si empressé à se mêler du jeu des événements publics et de leurs chances, avait enlacé Joubert par le plus sûr des liens ; une jeune personne charmante, sa belle-fille32, avait fait impression sur le cœur du général, et allait devenir sa femme. […] Ce dernier commandait en chef lorsque Joubert vint le relever ; il eut le patriotisme de vouloir assister et prendre part à la bataille que le jeune général était pressé de livrer. […] Ainsi mourut à l’âge de trente ans ce jeune général, aimé, regretté de tous, succombant, on peut le dire, à une situation trop forte, à une épreuve où la préoccupation politique avait pesé étrangement sur les déterminations de l’homme de guerre. […] Napoléon a toujours parlé très bien de Joubert, et comme d’un ami ; son jugement, conservé tant dans ses Mémoires que dans les conversations de Sainte-Hélène, résume toute la carrière du jeune guerrier, ses services, ses mérites et ses qualités, avec cette conclusion : « Il était jeune encore et n’avait pas acquis toute l’expérience nécessaire. […] Mais en un sens, et si l’on ne cherche que ce qui le distingue des autres, il est mort à temps, au moment où ce simulacre de république dont il était l’une des plus nobles colonnes, allait s’écrouler sous un choc puissant ; il est mort jeune avec ce qui devait mourir alors pour n’avoir pas à se démentir ou à se transformer.

166. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Mme Récamier, jeune, eut besoin de cet ange à côté d’elle et en elle, car le monde qu’elle traversa et où elle vécut était bien mêlé et bien ardent, et elle ne se ménagea point à le tenter. […] Cette jeune femme, en face de ces passions qu’elle excitait et qu’elle ignorait, avait des imprudences, des confiances, des curiosités presque d’une enfant ou d’une pensionnaire. […] Fouché, voyant cette jeune puissance, eut l’idée de s’en faire un instrument. […] Elle a conservé presque jusqu’à la fin ce rire enfant, ce geste jeune qui lui faisait porter son mouchoir à la bouche comme pour ne pas éclater. […] En jouant avec ces passions humaines qu’elle ne voulait que charmer et qu’elle irritait plus qu’elle ne croyait, elle ressemblait à la plus jeune des Grâces qui se serait amusée à atteler des lions et à les agacer.

167. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Elle ajouta qu’elle était la mère de ces trois jeunes personnes qu’elle me demandait la permission de me présenter. […] — Enfin, voilà ma troisième fille, Marie, reprit la mère en me présentant la plus jeune. […] entrez, mesdames, dit la jeune femme, vous verrez si vous pouvez vous accommoder du logement. […] Alphonse quand il était jeune. […] Nous les saluâmes poliment, et il y en eut une qui dit à Besson : « Où menez-vous donc ces jeunes et belles demoiselles ?

168. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Elle a raison, la jeune Caliste, et j’approuve fort son délicat scepticisme. […] Il est jeune, beau, fier, de fine race et de grand cœur. […] De son côté, Caliste aime secrètement le jeune gentilhomme. […] D’ailleurs, il se contredit lui-même au dénouement, le jeune puritain. […] Ainsi pris au piège, il faut bien que le jeune Henri avoue sa mésalliance.

169. (1884) La légende du Parnasse contemporain

La passion, la mélancolie, le rire, il avait tout cela, ce jeune homme, ce jeune dieu. […] Il épousa une jeune femme, pauvre comme lui. […] Mais enfin, plus jeunes, ils me sont plus chers et ce sont mes Benjamins. […] Jeune, on aime à parler trépas. […] Je l’ait dit, quoique bien jeunes encore, nous commencions à devenir graves.

170. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVI » pp. 188-192

En souscrivant à ce mariage, le jeune prince avait sacrifié son inclination pour Marie Mancini, sœur de la comtesse de Soissons, qu’il avait aussi eue pour sa maîtresse. […] Des fêtes magnifiques et continuelles signalèrent le mariage du jeune roi. […] Le roi négligea pour Henriette la jeune reine qui était enceinte. […] C’était certainement plus d’un mois avant le 5 septembre 1661, jour où il fit arrêter Fouquet, puis que celle disgrâce fut attribuée à la témérité du surintendant qui avait tenté de séduire cette jeune favorite58.

171. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Une jeune actrice, un soir où l’on n’attendait rien, s’est trouvée dire à merveille des vers que depuis longtemps on ne récitait plus à la scène d’une façon tolérable. […] Quoi, de ma jeune destinée Le cours n’en est point inconnu ! […] Saintine eut l’autre prix et où Charles Loyson obtint l’accessit, on distinguait le nom surgissant de Victor Hugo et celui de Casimir Delavigne ; la jeune milice de la Restauration s’essayait. […] Pour bien définir son rôle, je dirai de lui qu’il est le plus jeune des poëtes de l’Empire, de même qu’on pourrait dire de M. […] La jeune école de Mme de Staël commençait à percer dans le monde ; la jeune École normale, M.

172. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

1836 De tous les jeunes poëtes qui sont en train de croître, de s’améliorer avec éclat, de se débarrasser avec franchise de l’accoutrement quelque peu bizarre ou scandaleux des débuts, il n’en est aucun de qui l’on ait droit de plus attendre que de M. […] Son joli essai de fantaisie dramatique, A quoi rêvent les Jeunes Filles, s’est continué et diversifié heureusement dans les Caprices de Marianne, dans On ne badine pas avec l’Amour, dans la Quenouille de Barberine, et tout récemment dans le Chandelier. […] La troisième partie de la Confession, qui contient les amours naissantes et les premiers épanchements d’Octave et de Mme Pierson, est d’une fraîcheur d’adolescence, d’une grâce délicate et amoureuse, qui montre à nu toutes les ressources du jeune talent de M. de Musset, et combien il lui sied d’ensevelir une certaine expérience corrompue. […] et n’y a-t-il pas, au contraire, des exemples de jeunes cœurs, qui, après une première corruption non invétérée, se sont sauvés et rachetés par l’amour ? […] M. de Musset est, de nos jeunes auteurs modernes, celui duquel on tirerait peut-être le plus grand nombre de vives et saillantes épigraphes, c’est-à-dire de pensées concises, colorées et comme inscrites sur un caillou blanc.

173. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Fortoul, jeune, atteint, j’imagine, un moment par le romantisme, s’était bientôt retourné contre, et avait emprunté à un système, qu’il jugeait plus large et plus fécond, des principes qui ne valent pourtant que pour ce qu’on y met de particulier et de correctif perpétuel dans l’application. Mais ce sont là des formes de passions et comme de maladies, que les jeunes talents doivent presque nécessairement traverser ; ils deviennent d’autant plus mûrs qu’ils s’en dégagent plus complètement. […] Au commencement du mois de mai 1737, un jeune homme et une jeune femme arrivent à Vevey, dans le canton de Vaud, et là, au bord du beau lac, interrompant leur voyage, ils font choix d’une habitation élégante et rustique ; ils continuent, durant des années, d’y vivre dans l’amour fidèle, dans l’admiration de la nature et l’adoration du créateur. […] Le jeune Steven de Travendahl, fils d’un général de Charles XII, qui a péri à Pultawa, s’est retiré dans ce pays de Hartz avec sa mère, avec sa sœur ; devenu le chef respecté des intrépides mineurs, il n’a, d’ailleurs, qu’une pensée : servir sa mère, lui obéir, consoler sa triste sœur Mina, qu’une langueur secrète dévore. […] Son neveu, le jeune duc de Holstein, et le vieux chancelier Mullem, qui précède de peu Charles XII, se sont donné rendez-vous dans le Hartz.

174. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Barthélémy répand sur sa solide érudition, sont pour quelque chose dans le succès du Voyage du Jeune Anacharsis : mais le goût du public y a été pour beaucoup aussi ; le livre est venu à son heure. […] Il n’a été révélé qu’après sa mort : la Jeune Captive, la Jeune Turentine furent imprimées dans la Décade et le Mercure ; les Œuvres ne parurent qu’en 1819. […] Sa Camille « aux yeux noirs », sa « Julie au rire étincelant », sa Rose « dont la danse molle aiguillonne aux plaisirs », sont de faciles créatures ; et ce qu’il espère, ce qu’il se promet de ses vers, c’est qu’ils soient un code d’amour et de volupté ; c’est qu’ils échauffent les désirs dans les jeunes âmes, et qu’ils éloignent « du cloître austère » la pensée des vierges619 . […] L’Aveugle, le Jeune Malade, la Jeune Tarentine, la Liberté, d’autres pièces encore, une foule de fragments inachevés, d’inspirations inemployées sont des œuvres absolument sans pareilles dans notre littérature. […] Né en 1762 à Constantinople, Chénier fut amené tout jeune en France (1765) ; il se lia au collège de Navarre avec les frères Trudaine.

175. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Le jeune Jérusalem, fils d’un théologien connu, et secrétaire de légation, qui se trouvait à Wetzlar en même temps que Goethe, jeune homme romanesque et lettré, épris d’une passion malheureuse pour la femme d’un de ses collègues, se tua d’un coup de pistolet à la fin d’octobre 1772. […] Goethe, comme tout le jeune monde allemand d’alors, fut très frappé de cette mort sinistre, et il s’enquit très curieusement des détails auprès de Kestner, qui les lui donna par écrit. […] Quand j’étais plus jeune et plus ardent, j’ai regardé souvent, pendant mes excursions, ce crépuscule durant des heures entières. […] Une autre conclusion également imprévue qui s’y rattache, c’est que dans l’année qui suivit celle de la publication de Werther, Goethe devint l’ami du jeune duc de Saxe-Weimar, et bientôt son principal conseiller, son ministre. […] Le type y est saisi et embrassé dans son entier comme par un jeune frère.

176. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

La décence de sa conduite, ses traductions de la Bible, ses liaisons particulières avec les hommes pieux, la modestie de sa physionomie, les habitudes régulières de sa vie avaient quelque chose des jeunes lévites. […] C’était un jeune ecclésiastique récemment converti, né à Saint-Malo, pays de M. de Chateaubriand, et qui était égal à son compatriote, non en sensibilité, mais en éloquence. […] Il les menait l’été à la Chesnaye, maison de campagne solitaire où il composait ses ouvrages en tenant ses jeunes acolytes dans une espèce de couvent rural et religieux ; il revenait à Paris l’hiver. […] Elle avait emmené une jeune personne, mademoiselle de Fauveau, célèbre pour son rare talent de sculpteur, qu’elle continua de perfectionner à Florence. […] Le jeune fils de M. de Genoude vint la prendre. « Allez, lui dis-je, à la cour exilée de ce jeune prince, dont votre père et moi nous avons célébré la naissance et déploré les catastrophes.

177. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Le jeune archevêque de Pise, un des agents les plus envenimés du complot, certain qu’il allait s’accomplir, et désirant ou en éviter l’horreur, ou en saisir plus vite l’à-propos, avait pris le chemin du palais et montait à pas pressés l’escalier immense et sombre de ce palais, semblable à une forteresse du moyen âge. […] Laurent, informé de ces justices populaires, envoya délivrer le jeune cardinal Riario, neveu du pape, qui s’était réfugié à l’ombre de l’autel et qui jurait de son innocence. […] Ces attraits de la beauté qu’Amour présentait à tes yeux, et qui te séduisirent dès tes plus jeunes ans, t’ont privé de toute la paix et de tout le bonheur dont tu devais jouir. […] « Politien entretenait aussi une correspondance amoureuse avec Cassandra Fidelis, jeune et belle Vénitienne, aussi érudite qu’aimable. […] s’écrie cette femme énergique en montrant son sein à la multitude ; il me reste des sens capables d’en avoir d’autres. » On vint à son secours, et sa générosité courageuse sauva sa patrie et ses jeunes fils.

178. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

» Peu s’en faut que le rossignol évoqué par le jeune et gracieux poète, M.  […] Catulle Mendès est un des plus jeunes adeptes de la nouvelle école poétique. […] Le groupe auquel on a donné un moment le nom de « parnassien » représentait, en somme, toute la poésie jeune sous le second Empire. […] Catulle Mendès par les jeunes écrivains (22 avril 1897).] […] [Discours prononcé à la soirée offerte par les jeunes écrivains (22 avril 1897).]

179. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

A ces honorables sexagénaires, on aurait pu faire remarquer que M. d’Alton-Shée n’avait pas encore soixante ans ; que dans son geste, son allure, dans toute sa personne, il y a toute la prestesse et la vivacité d’un homme encore jeune : il est vrai que la vue lui fait défaut. […] Étant en garnison à Boulogne, il y connut une jeune personne de la bourgeoisie et l’épousa. […] Shée, également militaire d’abord, puis secrétaire des commandements du duc d’Orléans (Égalité), puis militaire derechef et général de brigade, préfet, sénateur et pair de France (il était lui-même protégé par Clarke, autre Irlandais), prêtait un appui à ses jeunes cousins les d’Alton, et il donna sa fille à l’un des cadets, James, mais à la condition qu’il quitterait le service : on en fit un receveur général. […] Il se trouva ainsi le plus jeune membre de la pairie, et je ne répondrais pas qu’elle n’ait été plus souvent effrayée que charmée des surprises que lui ménageait ce dernier né, cet enfant terrible. […] A Rome, où les jeunes Français qui s’y trouvaient alors se réunissaient quelquefois, il rencontra un jeune homme qui a depuis marqué dans la politique, M. 

180. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Le grand historien du Nord, Suhm, vivait encore ; il le visita un jour d’automne, et le trouva à sa campagne, vieillard de 73 ans à côté de sa jeune épouse : « Son esprit brillant, sa conversation animée et toujours spirituelle me rappelait celle de Voltaire. […] Elle ne paraît grande que pour faire apercevoir l’immensité de l’empire de la mort. » Vingt-cinq ans après, écrivant à une jeune et brillante amie qui faisait ce voyage : « Que je voudrais voir l’Italie avec vous ! […] Mais la jeune Russe venait de partir pour l’Italie avec sa mère (1828). […] J’avais vu des seigneurs russes : c’est une autre race que celle des jeunes dames russes. […] Je voulais donner une idée approchante de ce Fontenelle d’une nature singulière et d’une autre race, resté jeune jusqu’à la fin, — jeune d’esprit, d’imagination et de cœur —, homme avant tout aimable, et dont les faiblesses mêmes (selon le beau vers de Goldsmith) penchaient du côté de la vertu 100.

181. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Elle y joignait d’excellents avertissements de morale, à l’appui desquels la dévotion n’était pas oubliée : le jeune Béranger fit sa première communion à onze ans et demi. […] Le jeune Béranger était l’orateur, le rédacteur habituel et le plus influent. […] L’influence des ouvrages de M. de Chateaubriand sur le jeune Béranger fut prompte et vive. […] Lucien Bonaparte (car c’était lui) accueillit en ami des lettres le jeune poëte, écouta ses projets, lui recommanda la correction, lui déconseilla Clovis comme barbare ; il eût préféré César. […] Par ces raisons diverses qu’il sait lui-même fort agréablement déduire, Béranger est donc allé jusqu’à se croire redevable de quelque chose à la jeune école poétique.

182. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Quelqu’un dit : « J’ai entendu un petit berger des montagnes de Bethléem, fils d’Isaï, qui joue merveilleusement de la harpe en gardant ses brebis. » On fait venir le jeune musicien. […] Le fils du roi, Jonathas, s’attache au jeune berger de l’amour d’un frère, d’un amour de femme , dit la Bible, pour en exprimer la tendresse. […] La tendresse de sa jeune épouse, Michol, veille sur lui, découvre les assassins, fait descendre David par la fenêtre et place une statue revêtue d’un casque sur sa couche, afin de faire croire aux gardes que son mari dort et de lui laisser, par ce subterfuge, plus de temps pour la fuite. […] Le jeune chef va demander asile au roi voisin des Moabites. […] À la fin, il cède à l’amour que lui avait inspiré Respha, jeune concubine de Saül, et il l’épouse.

183. (1914) Une année de critique

Henri Franck était très jeune. […] Rien n’a répondu à l’attente anxieuse du jeune lévite. […] Qu’est ce jeune M.  […] La jeune femme. […] La jeune femme.

184. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Je m’empressai de m’éloigner, et m’arrêtant à quelque distance, j’eus l’indicible bonheur de voir la mère regagner courageusement son nid et distribuer à sa jeune famille deux belles chenilles vertes. […] Revenons à Plombières ; les arbres ont part, comme les oiseaux, à l’affection et à la sympathie de la jeune voyageuse : Nous avons été dans un bois par le chemin d’Épinal, et là nous avons vu des arbres extrêmement curieux. […] Tout cela est gai, et jeune, et vivant ; ce sont des tableaux faits sans quon y pense. […] [NdA] Je m’étais trompé en cet endroit, lorsque l’article, pour la première fois, parut dans Le Moniteur ; j’avais voulu rattacher à Mme de Coigny et à sa fille le souvenir de La Jeune Captive. La Jeune Captive célébrée par André Chénier n’était ni la marquise de Coigny, née de Conflans, ni sa fille la comtesse Sébastiani, mais, bien Mlle Aimée de Coigny, qui fut duchesse de Fleury et qui épousa depuis M. de Montrond ; elle avait repris son nom de famille, et elle n’en portait pas d’autre quand elle mourut le 17 janvier 1820.

185. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

L’histoire du Lépreux est donc véritable, comme l’est celle de la Jeune Sibérienne, que l’auteur avait apprise en partie d’elle-même, et comme le sont et l’auraient été en général tous les récits du comte Xavier, s’il les avait multipliés. […] Son habitation était parfaitement solitaire : un jeune officier (celui de Mme Hautcastel peut-être) donnait volontiers alors, à la dame qu’il aimait, des rendez-vous dans ce jardin qui cachait des roses ; ils étaient sûrs de n’y pas être troublés. […] Le plus savant des docteurs de Salerne lui a dit qu’il ne pourrait être guéri que par le sang d’une jeune vierge librement offert, et l’amour le lui fait trouver38. […] La Jeune Sibérienne est surtout délicieuse par le pathétique vrai, suivi, profond de source, modéré de ton, entremêlé d’une observation fine et doucement malicieuse de la nature humaine, que le sobre auteur discerne encore même à travers une larme. […] Étale ta riche parure Aux yeux de mes jeunes enfants ; Témoin de leurs jeux innocents, Plane autour d’eux sur la verdure.

186. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Si Mlle Sibylle n’était pas une jeune personne aussi romanesque, elle ne mourrait point et elle épouserait son Raoul, qui ferait un excellent mari et qui n’aurait d’ailleurs aucune répugnance à raccompagner à la messe. […] Octave Feuillet apparaissent alors comme de ravissants mensonges, et peut-être comme les plus gracieux qu’on ait imaginés en ce siècle pour bercer les âmes jeunes et enchanter les esprits innocents. […] Comme elles n’ont que des apparences d’âmes dans leurs corps de jeunes possédées, comme elles ne sont presque jamais poussées que par la détente de leurs nerfs, on ne saurait dire qu’elles soient bonnes ou mauvaises. […] a été mariée étourdiment par sa mère à M. de Maurescamp, une nature grossière qui ne comprend point les délicatesses de sa jeune femme. […] Vous vous rappelez, après la chute de la petite Mme Lescande, son étrange discours, puis le baiser qu’il met au bas de la robe de la jeune femme, et ses remords, et la scène bizarre du chiffonnier.

187. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

la jeune servante qui porte l’eau et la cuvette dans les chambres des étrangers ? […] Il convoque l’assemblée du peuple ; il s’y rend : son chien, fidèle comme les nôtres, suit son jeune maître. […] À son réveil, Télémaque est conduit au bain par la belle Polycaste, la plus jeune des filles de Nestor. […] Ainsi Ulysse immolera un jour ces jeunes insensés !  […] Autour d’elle sanglotent toutes ses servantes, les plus jeunes comme les plus vieilles !

188. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Je me figure quelquefois le jeune Siècle comme un aventureux jeune homme qui s’est mis en route de bonne heure pour faire son tour du monde, pour y bâtir un temple de Delphes ou une cathédrale de Reims incomparables. […] Bref, le jeune Siècle, déjà un peu vieilli, s’en revient, rapportant… quoi ? […] Comme les anges toujours jeunes de visage, cette sainte nous apparaît toujours adolescente. […] Mais l’âme, à la fin du chapitre, est du moins abondamment rafraîchie et satisfaite par ce baiser d’union que la reine Blanche, la mère de saint Louis, donne à sainte Élisabeth sur le front du jeune fils de celle-ci, qui lui était présenté. […] Un sentiment supérieur à l’idée de louange, et qui se formait en moi à cette lecture, est le respect qu’inspirent de semblables travaux pour la jeune vie, d’ailleurs si ornée, qui s’y consacre avec ardeur.

189. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Mme de Souza, alors Mme de Flahaut, avant d’épouser fort jeune le comte de Flahaut, âgé déjà de cinquante-sept ans, avait été élevée au couvent à Paris. […] Mariée, logée au Louvre, elle dut l’idée d’écrire à l’ennui que lui causaient les discussions politiques de plus en plus animées aux approches de la Révolution ; elle était trop jeune, disait-elle, pour prendre goût à ces matières, et elle voulait se faire un intérieur. […] Mme de Flahaut, qui était jeune quand le siècle mourut, en garda cette même portion d’héritage, tout en la modifiant avec goût et en l’accommodant à la nouvelle cour où elle dut vivre. […] Par combien de détours, de charmes, il faudra cacher votre surveillance à sa tête jeune et indépendante ! […] Moraliste des replis du cœur, elle croit peu au grand progrès d’aujourd’hui ; elle serait sévère sur beaucoup de nos jeunes travers bruyants, si son indulgence aimable pouvait être sévère.

190. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Dans ces demi-confessions intitulées Mémoires d’un jeune Espagnol, il a jugé à propos de travestir les noms de personnes et de lieux, ce qui laisse de l’incertitude sur quelques points, d’ailleurs peu importants. […] Quelques biographes ont fait, des promenades du jeune Florian avec son grand-père, un tableau sentimental, une idylle ; Florian, dans ses Mémoires, en parle beaucoup plus légèrement. […] Un jeune militaire, qu’on appelait par confusion et par ricochet un petit-neveu de Voltaire, ne pouvait que trouver faveur à sa suite et au lendemain de son apothéose. […] La duchesse d’Orléans, fille du duc de Penthièvre, était un de ces types d’Estelle ; mais Florian avait pensé encore à une autre personne, à une jeune femme du monde, à laquelle il voulait dédier le roman sans la nommer. […] C’est en effet Paul et Virginie qui succède naturellement dans notre jeune admiration à cette première esquisse trop fade de Florian, et qui mérite d’y rester comme la page idéale et durable.

191. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Les nôtres, au contraire, soit prudes, soit galantes, soit vieilles, jeunes, sottes ou habiles, veulent se mêler de toutes choses. […] « Elle était jeune, belle, de beaucoup d’esprit, avec beaucoup de monde, de grâce et de langage. » Elle recourut à la protection des cardinaux français, dont plus d’un ne fut pas insensible. […] Dès l’abord elle charme la jeune reine, une gracieuse et vraiment spirituelle élève, lui devient nécessaire, et par elle arrive à l’être au jeune roi, prince d’un esprit juste, brave à la guerre, mais d’un caractère timide, d’un tempérament impérieux, et par là dépendant étroitement de sa femme (uxorius), en un mot chaste, dévot et amoureux. […] Les grâces et l’esprit de cette reine enfant n’y auraient pas suffi sans les directions de ce guide continuel, et qui l’était aussi du jeune roi en bien des choses. […] Il lui fallait passer par ces soins domestiques pour arriver aux affaires d’État et pour y conduire peu à peu ce jeune couple.

192. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Élevé à l’institution Hix, d’où il suivait le lycée Bonaparte, le jeune de Vigny eut de bonne heure les instincts militaires et poétiques. […] A. de Forges, le résumé des états de service du jeune officier. […] Les esprits jeunes, poétiques, exclusivement littéraires, les esprits plus ou moins féminins et non critiques, lui donnaient raison aussi par leur émotion. […] Dans les exemples de Gilbert, de Chatterton et d’André Chénier, il étalait complaisamment l’image du poète-martyr ; il se faisait le pontife des jeunes esprits douloureux. […] L’heure, le moment, l’attitude, sont décrits par un poète qui a retrouvé ses plus jeunes pinceaux.

193. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Journal intime d’une jeune personne. […] Nous pleurons tous une jeune femme de mon âge, la plus belle, la plus vertueuse de la paroisse, enlevée en quelques jours. […] Voyez la jeune et sainte solitaire. […] On le fit venir au Cayla, il y arriva mourant ; il s’y éteignit dans les bras de son père, de sa sœur et de sa jeune femme. […] Il ne lui restait que son père à consoler, un tout jeune frère bon, aimable, un peu étourdi, et sa sœur Mimi à cultiver.

194. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Le seuil, si je puis dire, se compose de brindilles très flexibles, de fortes tiges d’herbe et jeunes pousses, le reste étant feutré de la manière ordinaire. […] Fréquemment je m’enhardissais jusqu’à prendre les jeunes dans ma main ; plusieurs fois même, j’ôtai du nid toute la famille, pour le nettoyer des débris de plumes qui les gênaient. […] Les jeunes se retiraient de préférence dans les bois, comme s’y sentant plus en sûreté que dans les champs. […] À mon retour, dans le commencement du mois d’août, je trouvai trois jeunes pewees dans la caverne ; mais ce n’était plus le nid que j’y avais laissé lors de mon départ. […] La femme ne leva point ses yeux vers les miens, et les petits, il y en avait trois, se retirèrent dans un coin, comme autant de jeunes ratons qu’on vient de prendre.

195. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Cette jeune personne avait reçu de la nature un esprit délicat, et de son père un esprit cultivé. […] Ce profond et cruel égoïsme du jeune horloger en fit bientôt un vagabond sans patrie, parce qu’il était sans famille. […] mon enfant, me dit-elle d’un ton qui me fit tressaillir, vous voilà courant le pays bien jeune ; c’est dommage, en vérité. […] Elle avait épousé fort jeune M. de Warens de la maison de Loys, fils aîné de M.  […] Esprit aventurier comme Rousseau, fils d’un artisan comme lui, cœur bon et évaporé qui se livrait à tout le monde, Diderot fut le premier ami du jeune Génevois.

196. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

La famille maternelle du jeune Racine fut particulièrement édifiée de la piété de ces saints et de ces saintes anachorètes. […] Ils se hâtèrent d’éloigner le jeune Racine de la scène de ses premiers succès, de peur qu’il ne prît goût à ces vaines gloires, et de l’envoyer chez un de ses oncles, chanoine à Uzès, nommé le père Sionin. […] Boileau, à qui Molière porta l’ode de son jeune protégé, l’estima assez pour y faire de sa main des corrections. […] Ils s’affligèrent de voir le jeune Racine, leur élève bien-aimé, prêter son talent de poète au théâtre. […] Le prologue, récité devant le roi et sa cour par une des jeunes élèves de Saint-Cyr, respire tout entier la religieuse nouveauté de ce style.

197. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Le 15 mai 1840, la Revue des deux mondes publiait un article de George Sand sur un jeune poète dont le nom était parfaitement ignoré jusque-là, Georges-Maurice de Guérin, mort l’année précédente, le 19 juillet 1839, à l’âge de vingt-neuf ans. […] Il y eut dès lors dans la jeunesse toute une école choisie, une génération éparse d’admirateurs qui se répétaient le nom du Guérin, qui se ralliaient à cette jeune mémoire, l’honoraient en secret avec ferveur, et aspiraient au moment où l’œuvre pleine leur serait livrée, où l’âme entière leur serait découverte. […] Un jeune Grec, disciple de Théocrite ou de Moschus, n’eût pas mieux dit que ce jeune lévite qui semblait en quête d’un apôtre. […] L’hiver cependant est lent à partir : le jeune et amoureux observateur en note dans son journal la fuite tardive, les retours fréquents : Le 3 mars. — La journée d’aujourd’hui m’a enchanté. […] Celui qui était encore l’abbé de Lamennais célébrait dans la chapelle la messe pascale, — sa dernière messe2 —, et y donnait de sa main la communion à de jeunes disciples restés fidèles, et qui le croyaient fidèle aussi : c’étaient Guérin, Élie de Kertangui, François du Breil de Marzan, jeune poète fervent, tout heureux de ramener à la sainte table une recrue nouvelle, un ami plus âgé de dix ans, Hippolyte de La Morvonnais, poète lui-même.

198. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Le jeune Belle-Isle était fait pour en profiter. […] Il nous donne cette fois le tableau des campagnes auxquelles prit part le jeune comte de Gisors. […] Cette histoire d’un jeune colonel, fils du ministre de la guerre, est devenue sous sa plume l’histoire même de l’armée ; on en a toute une peinture fidèle pour le matériel comme pour le moral, à la date de 1757-1758. […] La jeune épouse, qui, dans des lettres familières, est appelée ma Heine ou ma petite Huchette, de même que le jeune époux avait pour sobriquet Mlle Colette, ne nous offre que des traits assez peu définis. […] Il était plus sérieux et plus appliqué à se perfectionner qu’aucun jeune Français de qualité que j’aie jamais vu.

199. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Jeune, vingt-trois ans à peine, l’âge à peu près de lord Byron quand il publia ses Heures de loisir, l’auteur du livre que voici nous le jette à la tête comme un défi, avec des airs qu’assurément lord Byron n’avait pas quand il débuta. […] , pour s’incliner devant qui que ce soit », et il demande qu’on décourage les jeunes poètes ! […] Voici comme ce marmot-Titan, qui demandait dans sa préface qu’on décourageât les jeunes poètes et qu’on jetât sans pitié dans le barathrum des Spartiates tout ce qui ne serait pas conformé pour devenir un Hercule, a, par une inconséquence de l’orgueil qui se frappe sans vouloir se punir, inventé une théorie qui semble une protectrice de sa faiblesse. […] « Je trouve le moment venu — dit ce jeune Spartacus de la prosodie — de se séparer de la routine, et c’est pourquoi j’ai modifié le nombre ordinaire de syllabes… Mon idée — ajoute-t-il — est même que le poète a le droit de compter les mots en variant, au besoin, selon le hasard du vers… » Au hasard du vers ! […] En effet, et que ceci soit mon dernier mot, ce jeune garçon a vraiment âme de poète.

200. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — IV. Les ailes dérobées »

» — « Personne, si ce n’est de jeunes yébem qui s’amusent à faire une partie de hin141 ». […] A la vue de l’intrus, les jeunes yébem qui étaient en train de jouer et s’étaient débarrassés de leurs ailes pour se mettre à l’aise, s’effrayèrent et sautèrent dans un grand trou qui s’ouvrait au milieu de l’aire de la case. […] Seule, leur jeune sœur abandonna les siennes dans sa précipitation. […] Tu dois tenter de les reprendre car il est sans exemple qu’une yébem ait laissé ses ailes entre des mains humaines. » La jeune yébem, malgré sa frayeur, remonta dans la case et s’adressant à Sakaye : « Humain !

201. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Qu’importe que le vase où l’on boit soit ébréché, quand on est jeune ? […] , moi, jeune, j’ai balancé entre la Sorbonne et la Comédie. […] — J’ai une femme jeune et belle, repart Zapata, et je n’en suis pas plus avancé. […] Il a guéri une jeune femme amoureuse du Soleil ! […] Il ne veut voir aucune des tendresses que fait son petit-cousin à la jeune femme.

202. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

et n’est pas plus malin, en fait de combinaisons rythmiques, qu’un jeune joueur de chalumeau. […] la jeune Polonaise faisait-elle bien exprès, tout à fait, de s’exprimer en cette forme ? […] À coup sûr, la bonne foi des novateurs, si jeunes il y a quinze ans, est hors de conteste. […] Peut-on dire qu’en effet il soit mort jeune ? […] C’est à la jeune femme qui baisa cette fleur que j’offre cette page funéraire aussi.

203. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Ni même des jeunes pleins de talent comme M.  […] À ce point de vue, il n’y aurait guère parmi les jeunes (suis-je un jeune ?) […] Mais ce sont de « vieux jeunes », vieux par l’âge, jeunes par l’œuvre. […] Barrès, parmi les jeunes, est celui qui m’intéresse le plus. […] En cette fin de siècle, où tant de choses sont mûres, sur le point de crouler de vétusté, lui est encore jeune, tout jeune.

204. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Cette jeune dame habite le même hôtel que M.  […] M. de Maynard est jeune ; c’est un dandy à tous crins. […] Victor Hugo est le plus jeune de trois frères dont l’aîné vient de mourir. […] Et se trouva face à face avec une jeune et jolie fille fort effrayée. […] Méry était accompagné d’un jeune écrivain de ses amis.

205. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Le jeune abbé Vaillant essaye de cette critique moderne et d’après M.  […] Pendant que son père va s’établir à Metz en qualité de conseiller au Parlement, le jeune Bénigne reste à Dijon, ainsi qu’un frère aîné, confié aux soins d’un oncle, conseiller au Parlement de Bourgogne. […] Un jour, dans le cabinet de son père, qui venait de temps en temps à Dijon, le jeune Bossuet ouvre une Bible latine ; il en reçoit une impression profonde. […] Chacun a son idéal de vie heureuse, sa maison d’Horace en perspective : pour le profond et grand chrétien, jeune ou vieillissant, il n’y avait d’autre maison que celle de mon Père. […] Jeune, et quand il n’était encore qu’Éliacin, on n’a pas de portrait de lui, j’entends aussi de portrait au moral ; on ne songeait pas à en faire ; mais on a dans l’abbé Vaillant, dans M. 

206. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Dès l’âge de quatre ans, la jeune Amable faisait preuve d’une grande intelligence et d’une surprenante mémoire ; elle avait pour la lecture une véritable passion, et il lui fallait cacher les livres qu’elle dévorait. […] Une année de pension, le second mariage de son père, qui épousa une jeune personne, douée elle même du goût et du talent d’écrire60, apportèrent quelque variété dans l’existence concentrée et casanière de notre poëte. […] Plusieurs prix, remportés aux Jeux Floraux, commencèrent dans le midi la réputation de la jeune femme ; mais ce qui la fit d’abord remarquer des juges littéraires de Paris, ce fut sa pièce, publiée en 1825, à l’occasion du Sacre. […] Il y a un moment unique où toutes les pensées, tous les rêves chastes et poétiques à la fois, se rencontrent dans l’âme de la jeune fille, de la jeune femme ; c’est à la veille ou au lendemain du jour qu’embaume pour elle la fleur d’oranger. […] Plus jeune, on se disait les chagrins et la joie ; Plus tard, on se tait mieux.

207. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Et c’est la « jeune dame » par-ci, « la belle paresseuse par-là » ; et « la chère rêveuse » avec sa « charmante petite moue », et le mari qui est « le cher tyran », et les apostrophes dans le goût du siècle dernier : « Objet sacré, ne craignez rien ! […] Il ne proteste même pas, du moins dans ce volume, contre l’éducation que recevaient encore la plupart des jeunes Françaises de son temps. […] Celui qu’elle est tentée d’aimer, c’est un jeune homme que son mari aime, un commis de la maison ou un jeune cousin. […] Il soignera l’âme de la jeune pénitente, la consolera, l’exhortera, la fera changer d’air, et il ne sera ni soupçonneux ni jaloux. […] Il est très bon de dire aux gens d’aujourd’hui, — et de tous les temps, — que la vérité, c’est de se marier jeunes, de n’aimer qu’une femme et de l’aimer toute sa vie.

208. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Jeune et belle veuve, à l’humeur libre et hardie, dans ce rôle d’éblouissante Célimène, eut-elle en secret quelque faible qu’elle déroba ? […] Un homme de ses amis (l’abbé Arnauld), qui avait aussi peu d’imagination que possible, en a trouvé pour la peindre, lorsqu’il nous dit : Il me semble que je la vois encore telle qu’elle me parut la première fois que j’eus l’honneur de la voir, arrivant dans le fond de son carrosse tout ouvert, au milieu de monsieur son fils et de mademoiselle sa fille : tous trois tels que les poètes représentent Latone au milieu du jeune Apollon et de la jeune Diane, tant il éclatait d’agrément dans la mère et dans les enfants ! […] C’était le seul théâtre que la jeune femme jugeât digne de ses triomphes. […] La jeune Sidonia était née un peu tard ou un peu tôt. […] Mais la jeune imprudente avait quinze ans et ne croyait qu’en sa fantaisie.

209. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

La jeune enfant est née et a vécu sous cette perpétuelle invocation. […] L’enfant passa ses jeunes années à jouer sous le calvaire et sur les tombes. […] Le poëte Léonard est né à cette Guadeloupe où la jeune Marceline va tenter la destinée. […] Déjà même, du bord de ce doux nid, gloire et douceur maternelle, une jeune voix bien sonore lui répond. […] Je vous ai tous quittés si jeune que je sais peut-être moins que vous de notre origine.

210. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

— Tenez, monsieur, on voit, à ce qu’on dit, encore la marque, ajouta l’aveugle en promenant le doigt sur la joue de la jeune sposa. […] — Vous êtes témoins, disait l’homme de loi, que ce jeune insensé s’est opposé avec violence, et une arme à la main, à l’abattement de l’arbre, et qu’il fait opposition à la justice. […] Et nous les entendîmes, cachés par les sapins, casser et couper des jeunes tiges pour en faire un brancard sur lequel ils emportèrent leur camarade mourant à la ville. […] Quant à l’enfant, il continuait à dormir sur le blanc oreiller, pendant que la jeune femme allait raconter comment il était venu au monde, entre deux rosées de sang et de larmes. […] L’image dont cette naïve jeune mère ne soupçonnait pas même la candeur ne fit sourire ni l’aveugle, ni la vieille tante, ni moi ; tout était pureté dans cette bouche pure, vierge d’âme, quoique avec son fruit d’innocence sur son sein.

211. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

Il y gagna le cœur d’une jeune personne, fille d’un des principaux fonctionnaires de la ville, d’une condition et d’une naissance supérieure à la sienne, et qui, malgré sa famille, lui donna sa main. […] Né en 1792, enfant d’une génération qui a produit des hommes supérieurs ou distingués en tout genre, élève de l’École normale dans la première ferveur de la création, il eut aussi, à sa manière, le souffle et le feu sacré ; il marqua de bonne heure, entre ses jeunes camarades, par des qualités qui étaient bien à lui. […] Son zèle à servir nos braves soldats atteints du typhus faillit lui devenir funeste ; saisi lui-même par le fléau, il fut près de payer de sa vie son humanité, et Metz qui avait été témoin de ce dévouement du jeune professeur s’en est ressouvenu toujours : cette noble cité était devenue pour Armand Paulin une seconde patrie ; ses amis de Metz sont restés fidèles jusqu’à la fin à cet enfant, adoptif, à ce cœur généreux dont ils avaient vu le premier élan. […] Durant ces années heureuses où sa franche nature se déployait avec expansion, et avant les mécomptes, il fut admirablement secondé par une femme distinguée, son égale par le cœur, qui réunissait à son modeste foyer dans des conversations vives bien des hommes alors jeunes, et dont plusieurs étaient déjà ou sont devenus célèbres. […] Est-ce que je n’ai pas su ce que je faisais lorsque j’ai dit : « Metz, qui avait été témoin de ce dévouement du jeune professeur, s’en est ressouvenu toujours ? 

212. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

Le juste et vertueux Booz trouvant Ruth endormie à ses pieds ; Anacréon montrant sa barbe argentée à la jeune Ionienne aussi blanche et aussi souple qu’un lis ; don Ruy Gomez de Sylva proposant à dona Sol son amour vrai, profond, paternel, amical : voilà les types uniques des vieillards qui peuvent aimer sans ridicule. […] Reste donc pour nous intéresser, pour exciter notre sympathie et nos larmes, l’amour jeune, c’est à-dire l’amour depuis la première adolescence jusqu’aux derniers ans de la virilité, depuis Chérubin jusqu’à Othello. Entre ces limites, l’intérêt le plus gracieux, celui des jeunes filles et des jeunes gens qui n’ont pas encore aimé, est surtout pour l’amour jeune, adolescent, plein de pudeur et de mystère, pour le premier et le plus frais amour ; l’admiration et la sympathie des âmes fortement remuées par les passions s’attachent de préférence à l’amour plus complet, plus sévère et aussi plus fatal, tel qu’il éclate souvent au milieu de la virilité ou même sur le déclin, résumant et consumant du dernier coup toutes les puissances de notre être. […] Les lecteurs curieux de ces sortes de cas particulier trouveront, pages 209 et 319, un petit roman métaphysique où toutes les finesses de l’amour-propre et de la coquetterie, toutes les jalousies et les délicatesses de l’amitié, sont en jeu et luttent pour ou contre un sentiment profond sincère et désespéré, c’est presque un pendant à l’histoire d’une Jeune grecque moderne, par l’abbé Prévost ; c’est une rareté précieuse, comme M. de Stendhal en a réuni plus d’une dans son livre de l’Amour. […] Nous soumettons cette idée à quelque jeune artiste pour l’exécution ; et quant à la pensée même, nous ne craignons pas de la proposer au zèle éclairé de ceux qui président chez nous à l’administration des Beaux-Arts.

213. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Heureux l’homme simple dont le cœur est toujours jeune !  […] Adolphe est un jeune Allemand. […] On y remarque surtout une série de pièces telles que la jeune Malade, la Sœur malade, la jeune Fille malade, la Mère mourante. […] Le jeune Lamartine ne résista pas à cet ascendant. […] Les Jeunes Gens.

214. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Donc la fontaine de Jouvence, 1° nous peint en vieux quand nous sommes jeunes et nous figure en jeunes quand nous sommes vieux ; 2° nous fait véritablement jeunes quand nous sommes vieux et vieux quand nous sommes jeunes, sinon pour très longtemps, du moins pour un temps appréciable. […] J’ai donc été aimée très jeune, c’est incontestable. […] La « massière » est, dans un atelier de jeunes femmes peintres, ce que le « massier » est dans un atelier de jeunes peintres ou de jeunes sculpteurs. Or, le massier, dans un atelier de jeunes peintres ou de jeunes sculpteurs, c’est l’intendant, l’économe, le questeur. […] Le Bargy qu’il aurait fallu là ; — ou, inversement, le jeune Brûlé.

215. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Jammes, Francis (1868-1938) »

. — La Jeune Fille nue (1899). — Le Poète et l’Oiseau (1899). […] C’est un jeune écrivain anglais qui a publié un volume de contes, très remarquable, paraît-il, un peu dans le goût de Maupassant, et intitulé : Wreckage. […] Souvent, parmi les jolis motifs de ses poèmes, j’ai pris plaisir à entendre tinter L’harmonieux grelot du jeune agneau qui bêle. Mais nos jeunes poètes ont une si fâcheuse tendance à marcher courbés, qu’on est obligé, quelquefois, de leur donner, sans malice, un amical coup de poing, afin de leur redresser leur taille.

216. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Deshays  » pp. 134-138

ce Jupiter brisé ; cet autel renversé ; ce brasier répandu ; quel effet entre ces natures féroces ne produit point ce jeune acolyte, d’une physionomie douce et charmante agenouillé entre le sacrificateur et le saint. À gauche de celui qui regarde le tableau, le préteur et ses assistants élevés sur une estrade ; au-dessous du même côté, le sacrificateur, son dieu et son autel renversé ; à côté vers le milieu, le jeune acolyte ; vers la droite le St debout, et lié ; derrière le saint les soldats qui l’ont amené. […] Tout est beau dans le St Benoit qui près de mourir vient recevoir le viatique à l’autel, et l’acolyte qui est derrière le célébrant ; et le célébrant avec son dos voûté, et sa tête rase et penchée ; et le jeune enfant vêtu de blanc qui est à genoux et à côté du célébrant, et le second acolyte qui placé debout derrière le saint le soutient un peu, et les assistants. […] Voilà un morceau de peinture d’après lequel on ferait toucher à l’œil à de jeunes élèves qu’en altérant une seule circonstance on altère toutes les autres, ou la vérité disparaît.

217. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

c’était l’auteur, jeune invraisemblablement, de vers si extraordinaires, puissants, charmants, pervers ! […] Au lieu des choses archi-alambiquées trop familières au pédantisme, à la sécheresse en vain mouillée de mots et délayée dans des phrases dont usent « certains jeunes » — quels mots et quelles phrases et quels jeunes ! […] C’est le secret de Judith Walter, pseudonyme transparent sous lequel se dérobe la brillante personnalité d’une jeune femme que recommande au public lettré ce double titre d’être la fille d’un poète illustre et la femme d’un autre poète qui a extrêmement de chances pour rendre bientôt célèbre un nom déjà retentissant parmi le jeune romantisme. […] Le roi Charles X, qui n’avait pas pris place au parterre et qui eût pu, faible et autoritaire comme il l’était, faire acte d’arbitraire, eut plus d’esprit que tout le monde et sauvegarda la liberté pas le joli mot qu’on sait et qui est, paraît-il et il y paraît bien, de lui, trop jeune ou trop jeune encore. […] Ils ont la science, un peu à l’aventure, car ils sont jeunes, ils ont la musique, — du moins la plupart des quatre qui forment le groupe.

218. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Cependant son pupille, le jeune Lord, ne s’est toujours pas déclaré ; Cécile et sa mère partent pour voir leur parente du Languedoc. […] Bref, étant un jour à Genève, il y rencontre, dans la famille d’un ami, une jeune personne honnête, instruite, charmante à voir, et il se marie : le voilà heureux. […] Près d’un esprit si fin, si ferme et si hardiment sceptique en mille points, le jeune Constant aiguisa encore le sien. […] (On est chez la jeune baronne de Berghen, vers 94 ou 95). « — Pour qui écrire désormais ? […] D’une autre part, une jeune veuve, Mme Constance de Vaucourt, s’est attachée à Émilie.

219. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Même les tout jeunes Aphis se comportaient de la même manière, ce qui me prouva qu’ils agissaient bien par instinct, et non par expérience. […] On ne saurait contester que de jeunes Chiens couchants ne tombent souvent d’arrêt dès la première fois qu’on les lance, et mieux parfois que d’autres depuis longtemps exercés. […] C’est si bien un instinct héréditaire de la race, que j’ai vu moi-même de jeunes sujets accomplir dans l’air leur saut périlleux, sans qu’ils l’eussent jamais vu faire à d’autres Pigeons. […] D’autre part, les jeunes Poulets ont perdu, et cette fois entièrement par habitude, la crainte des Chiens et des Chats originairement instinctive dans leur espèce. […] Elle se mit aussitôt à l’œuvre, donna la pâture aux survivants et les sauva, construisit quelques cellules, donna ses soins aux jeunes larves, enfin remit toutes choses en bon ordre.

220. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

De jeunes écoliers, sous le prétexte de briser les entraves qui enchaînaient leur génie, ont rompu tous les liens qui, en resserrant l’action d’un drame, donnaient à toutes ses parties plus de mouvement, plus d’intérêt et plus de vraisemblance. […] Mais comme si ce n’était pas assez d’indiquer une route inconnue jusqu’à vous à tous vos jeunes néophytes, vous avez cru devoir leur prouver que tout ce que nos pères ont admiré pendant près de deux cents ans, était indigne maintenant de notre attention. […] Avec vous notre jeune France s’est mise à l’œuvre ; avec vous elle a voulu détruire ces grands monuments littéraires auxquels nous autres auteurs de l’empire avions enchaîné notre gloire et notre fortune. […] Cette franchise de ma part me rappelle ce que disait un grand maestro au jeune compositeur auquel je dois la musique de mon Prisonnier, et dont la mort est venue trop tôt interrompre les brillants succès. […] Ce jeune artiste, nouvellement arrivé à Naples, et ayant composé un opéra avant d’avoir complètement fini ses études musicales, désira se faire entendre chez une princesse sa protectrice.

221. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Hier encore, un jeune savant qui a déjà fait ses preuves en haute matière et qui se trouve être à la fois un excellent écrivain, M.  […] Il tient la jeune intelligence constamment en éveil et en haleine, et mêle aux leçons de la gaieté et de l’intérêt ; il pratique le conseil de Charron et de Montaigne : « Je ne veux pas que le précepteur invente et parle seul, je veux qu’il écoute son disciple parler à son tour. » Il fait commencer le grec dans le même temps et sur le même pied que le latin. […] C’est là, c’est dans ce cadre domestique, paisible, animé, sévère à la fois et riant, que fut élevée la jeune Anne Le Fèvre ; elle avait environ dix-huit ans quand elle perdit ce père dont elle serait devenue l’orgueil et l’honneur. […] Cette fois, dans la traduction nouvelle, le sublime ivrogne entrait singulièrement accosté, avec la jeune Le Fèvre pour Antigone et M. de Montausier pour chaperon. […] La jeune Olympia Morata de Ferrare, dans la première moitié du xvie  siècle, commença par le pur miel des Muses et fut une Grecque italienne de ce temps-là ; puis convertie par la Réforme, ayant épousé un jeune docteur allemand, elle le suivit aux bords du Main et du Necker, et mourut à Heidelberg à l’âge de vingt-neuf ans, animée d’un esprit de sacrifice, mais regrettant involontairement la Grèce, l’Italie, la patrie du soleil et de la beauté.

222. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

On peut trouver à redire au pêle-mêle, désirer plus de discernement dans cette pêche miraculeuse de chaque matin, demander trêve pour les plus jeunes, qui ont besoin d’attendre et de grandir, pour les plus mûrs, dont cette impatience puérile interrompt souvent la lenteur fécondante ; mais enfin il semble qu’au prix de quelques inconvénients on obtient au moins cet avantage de ne rien laisser échapper qui mérite le regard. […] Stapfer, Franck Carré, Sautelet, Bastide, faisaient partie, et qui, durant le silence public de l’éloquent professeur, se nourrissait de sérieuses discussions familières, en vit naître de très-passionnées au sujet d’Oberman, qui était tombé entre les mains de l’un des jeunes métaphysiciens : M. […] Une demoiselle de la maison, qui s’y trouvait peu heureuse, connut le jeune étranger, s’attacha à lui ; des confidences et quelque intimité s’ensuivirent. […] Le jeune sage avait débuté par le stoïcisme, il le déclare ; il avait voulu nier fièrement les maux, combattre absolument les choses ; il s’y est brisé. […] Génie ardent, erroné, intercepté si jeune avant le retour et englouti par le gouffre !

223. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Walckenaer hier encore, par un jeune érudit mort trop tôt et bien regrettable, M.  […] Un jour qu’il cherchait un mot, une acception pour son Lexique roman, un de ses jeunes travailleurs, qui était d’Abbeville, entra, et, entendant de quoi il était question, trouva le sens aussitôt. — « Ah ! […] Raynouard, jeune, honnête et généreux, mérita d’être enveloppé à son heure dans la tempête universelle. […] À propos d’une querelle injurieuse et sans mesure, qui avait été faite par un jeune et vif érudit au digne M. Fauriel, Raynouard, rendant compte d’une publication de ce jeune érudit dans le Journal des savants (août et septembre 1833), disait, en terminant : Mais dans ces recherches, dans ces discussions auxquelles de jeunes littérateurs sont pareillement appelés à se livrer avec nous tous vétérans des études, n’oublions jamais, ni les uns ni les autres, qu’il s’agit de discuter et non de disputer.

224. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Il parle en un endroit de la santé chancelante du jeune général. […] Michaud, avec sa petite santé, sa longue taille fluette et sa complexion délicate, n’eut jamais la force d’être tout à fait jeune. […] La jeune Quotidienne ne commence guère qu’à partir de 1822 avec MM.  […] Il avait des amis jeunes et dévoués qui étaient prêts à le servir de leurs recherches et de leurs études. […] Ils restent jeunes plus longtemps : on les retrouve frais et curieux, agréables et nullement chagrins dans leur vieillesse.

225. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Un auteur de tragédie ou comédie, Chabanon, Desmahis, Colardeau, je suppose, obtenait un salon à la mode, ouvert à tout ce qu’il y avait de mieux ; c’était un sûr moyen, pour peu qu’on eût bonne mine et quelque débit, de se faire connaître ; les femmes disaient du bien de la pièce ; on en parlait à l’acteur influent, au gentilhomme de la Chambre, et le jeune auteur, ainsi poussé, arrivait s’il en était digne. […] De plus faibles, de plus jeunes, de plus expansifs, après lui, ont senti le besoin de se rallier ; de s’entendre à l’avance, et de préluder quelque temps à l’abri de cette société orageuse qui grondait alentour. […] Ses soirées, à lui, se composaient de son jeune Abel, des frères Trudaine, de Le Brun, de Marie-Joseph : C’est là le cercle entier qui, le soir, quelquefois, A des vers, non sans peine obtenus de ma voix, Prête une oreille amie et cependant sévère. […] L’ami du poëte, le confident de ses jeunes mystères, comme a dit encore Chénier, a besoin d’entrer dans les ménagements d’une sensibilité qui ne se découvre à lui qu’avec pudeur et parce qu’elle espère au fond un complice. […] Heureuses de telles amitiés, quand la fatalité humaine, qui se glisse partout, les respecte jusqu’au terme ; quand la mort seule les délie, et, consumant la plus jeune, la plus dévouée, la plus tendre au sein de la plus antique, l’y ensevelit dans son plus cher tombeau !

226. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Autour de cette jeune femme se sont donné rendez-vous tous les oisifs de la cour. […] Ces beaux jeunes messieurs s’inquiètent bien du cœur de Célimène ! Ils en veulent à l’éclat que cette jeune femme peut leur donner dans le monde, et non pas à son amour. […] Ces beaux jeunes regards s’arrêtaient, tout émus, sur cette femme qu’ils ne devaient plus revoir. […] Lui, cependant, Baron, fidèle à ses rôles, et sachant très bien qu’en fin de compte le parterre ne s’intéresse qu’à la passion dans la comédie et dans le drame, il jouait, jusqu’à la fin, le rôle des beaux jeunes gens amoureux que Molière avait écrit tout exprès, il y avait soixante ans, pour ce jeune Baron.

227. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Ce souvenir revivait aussi dans le cœur de la jeune veuve ; le malheur fut l’unique intermédiaire de ces deux amants. […] La comédie, déjà populaire en Italie, naissait seulement en France ; on s’occupa peu du jeune Molière. […] Cette crise dura un an, et ne tarda pas à être punie par la passion de sa jeune femme pour le comte de Guiche. […] On le voit dans les soins qu’il prit du jeune Baron, enfant de douze ans, amené à Paris par la Raisin. […] Elle avait découvert à Villejuif, près de Paris, le jeune Baron, enfant prodige, qui jouait en maître sur son théâtre.

228. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Voyez le jeune baron de Thondertentronck. […] Les jeunes feuilles des tilleuls ont froid et n’osent s’ouvrir. […] Il est jeune encore, puisqu’il dit qu’il vieillit. […] Aussi montra-t-il, jeune encore, un esprit bien armé. […] Il est jeune aux jeunes.

229. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Colet, Louise (1810-1876) »

Jeune fille, jeune femme, jeune mère, telles sont les trois phases de la vie correspondant aux trois recueils qui composent le volume de Mme Colet, et chacune d’elles a donné sa fleur ou son fruit. […] Et certes, il faudrait avoir l’esprit bien mal fait pour ne pas s’associer à la pensée qu’il exprime si judicieusement et avec une si naïve confiance ; mais de quelle solide foi romantique ne devait pas être animé le statuaire qui avait représenté Mme Louise Colet, splendide alors et épanouie comme les Néréides du maître d’Anvers, sous la figure d’une jeune femme rêveuse et mourante, étendue près d’une fontaine, et intitulée : Penserosa !

230. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Celui qui fut tour à tour René, Chactas, Aben-Hamet, Eudore, l’Homère du jeune siècle, il était là, écoutant les erreurs de son Odyssée. […] Dans le jeune parti républicain, M. […] Il enflamme derrière lui des émulations généreuses et des passions qui régénèrent ; il est pour beaucoup dans toutes les nobles pensées de ses contemporains et du jeune avenir.  […] Le chevalier est encore à Saint-Malo, luttant contre les vagues, aux prises avec ses jeunes compagnons, battu ou battant tour à tour. […] Sa plus jeune et mélancolique sœur, reçue chanoinesse, reste aussi à la campagne, en attendant de passer d’un chapitre dans un autre. 

231. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

De plus, des jeunes, encore plus jeunes. […] Virgile eut toujours un goût très vif pour les jeunes Romains. […] Il y avait là le jeune moniteur que j’avais déjà vu, deux demi-pensionnaires d’une douzaine d’années, enfin le jeune George Andrews, le fils de la maison, un gros petit garçon de trois ans environ, fort bruyant, souvent grondé, mais très choyé. […] London, jeune prêtre de l’Église de la Congrégation, par sa sœur et son frère, jeune garçon de dix-huit, ou dix-neuf ans, tous plus aimables les uns que les autres. […] Il ne tarda pas à épouser une jeune femme charmante qui lui donna un fils.

232. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Le Petit Carême, qui fut prêché en 1718 par Massillon déjà nommé évêque, devant Louis XV enfant, dans la chapelle particulière des Tuileries, est depuis les jeunes années dans toutes les mémoires. […] On a dit qu’en parlant de la sorte il faisait, en présence du jeune roi, des allusions et des satires indirectes contre Louis XIV : je ne le crois pas. […] Le sacre de Massillon eut lieu le 21 (et non le 16) décembre 1718, dans la chapelle même du roi, et ce jeune prince y voulut assister. […] L’accueil plein de bonté que nous lit ce vieillard illustre, la vive et tendre impression que firent sur moi sa vue et l’accent de sa voix, est un des plus doux souvenirs qui me restent de mon jeune âge. […] On a imprimé deux lettres de Massillon à l’abbé de Louvois, écrites de Paris en 1701, pendant le voyage du jeune abbé en Italie.

233. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Les grâces et les qualités rares de cette jeune personne, sa distinction naturelle, l’avaient mise, même dans ce monde de cour, sur un pied tout différent de celui où la plaçaient sa condition et sa naissance. […] Lassay n’était âgé que de dix ans au moment où arriva cette aventure, et sa jeune imagination en avait été frappée ; il avait eu l’occasion presque au sortir de l’enfance de rencontrer Marianne et s’était accoutumé à l’admirer, à l’aimer. […] Les jeunes princes de Conti partaient alors secrètement pour faire leurs premières armes en Hongrie et guerroyer contre les Turcs ; Lassay s’arrangea pour être avec eux de l’entreprise et de la croisade. […] Les jeunes princes amoureux du métier des armes y étaient accourus de tous côtés et s’y étaient donné rendez-vous comme à une école : « Il y a une si grande quantité de princes dans notre armée que je ne crois pas qu’on en ait jamais vu tant ailleurs, hors dans les romans. » Le prince Eugène, à ses débuts, y était. Les princes de Conti y firent leurs preuves, et le plus jeune qui survécut à son frère, et qui fut le Conti élève du Grand Condé, le Conti de Steinkerque et de Neerwinden, y montra des vues et des intentions de capitaine.

234. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Un pareil régime absorbant, dévorant, produisait son effet naturel sur de jeunes et vigoureux cerveaux ; on vivait dans une excitation perpétuelle et dans une discussion ardente. […] Il y eut dispersion, tout aussitôt, de la jeune génération brillante. […] Est-ce la peine, pourrait-on dire, de fabriquer et de nourrir à grands frais de jeunes géants, pour les occuper ensuite, non pas à fendre des chênes, mais à faire des fagots ? […] Taine, quand on a le plaisir de le connaître personnellement après l’avoir lu, a un charme à lui, particulier, qui le distingue entre ces jeunes stoïciens de l’étude et de la pensée : à toutes ses maturités précoces, il a su joindre une vraie candeur de cœur, une certaine innocence morale conservée. Il m’offre en lui l’image toute contraire à celle du poëte qui parle « d’un fruit déjà mûr sur une tige toute jeune et tendre » ; ici, c’est une fleur tendre et délicate sur une branche un peu rude.

235. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Mon père était de Moreuil en Picardie, mais il était venu jeune à Boulogne, comme employé des aides avant la Révolution, et il s’y était fixé. […] Sa mère, fille d’un marin de Boulogne et d’une Anglaise, éleva le jeune enfant de concert avec une belle-sœur, une sœur de son père. […] Il y débuta par un article sur Georges Farcy, jeune professeur de philosophie tué pendant les journées de Juillet. […] De jeunes sergents d’infanterie méritent-ils tant d’éclat ? […] Cloüet, porte quelques lignes de la plus jeune écriture de M. 

236. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Les deux jeunes guerriers chargent le cadavre sur leurs épaules, afin d’en partager ainsi le poids. […] Ce qui est dangereux pour ces jeunes âmes, ce ne sont pas les beautés de l’imagination, ce sont ses laideurs. […] Elle s’achemine avec son jeune époux vers les Indes, où elle va faire couronner Médor roi du Cathay. […] Ils ensevelissent ensemble le corps embaumé de Zerbin dans un riche cercueil ; ils le chargent sur le cheval du jeune guerrier, et voyagent ensemble à pied derrière le cercueil. […] … Ainsi la jeune martyre de l’amour, de la chasteté et de la religion avait échappé à la fois à l’infidélité, à la profanation et au suicide en se faisant immoler par son tyran.

237. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Au reste, l’idée mise en avant par Alberti est appuyée d’une érudition si étendue et si variée, que son commentaire dut être extrêmement amusant pour ses jeunes auditeurs. […] « Les effets de cette passion sur le cœur de Laurent furent tels qu’on pouvait les attendre d’une âme jeune et sensible. […] Le plus jeune d’entre eux, semblable à Brutus, fut chassé de la maison de son père, où il avait cherché asile. […] Le jeune Riario cependant exprima, comme envoyé du pape, son oncle, le désir d’assister au sacrifice solennel, le dimanche 26 avril 1478. […] Un de ses jeunes amis, craignant que l’épée du prêtre Maffei ne fût empoisonnée, suça la blessure.

238. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Organt est donc un détestable poème, passe-temps d’un jeune désœuvré qui vient de lire La Pucelle. […] Vers ce temps, Saint-Just, amoureux d’une jeune personne de Blérancourt, manqua sa poursuite, et on la maria à un notaire du pays. […] Je suis très jeune, j’ai pu pécher contre la politique des tyrans, blâmer des lois fameuses et des coutumes reçues ; mais, parce que j’étais jeune, il m’a semblé que j’en étais plus près de la nature. […] Il a pu aussi se dire ancien élève du collège Louis-le-Grand pour mieux gagner la confiance du jeune soldat, qui l’avait intéressé dès l’abord. […] Et c’est à la faveur de cette tradition domestique que s’accréditait doucement et se dessinait peu à peu dans les jeunes esprits candides la réputation immaculée du vertueux Saint-Just, du vertueux Robespierre.

239. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Mais le jeune Rodolphe Töpffer paraît avoir été d’abord comme un enfant de la pure cité de Genève et de la vieille souche. […] il le conserve par affection, même après qu’il est devenu inférieur à ses jeunes rivaux. […] Il s’agit d’un jeune bossu qui a des instincts chevaleresques, des velléités oratoires, qui a surtout des besoins de tendresse et qui souffre de ne pouvoir se faire aimer. […] Le petit bossu, dans une traversée qu’il fait aux États-Unis d’Amérique, parvient à se faire remarquer par ses soins auprès d’un passager malade et de sa jeune femme qui va devenir veuve. […] Dans le second moment, qui s’intitule la Bibliothèque de mon Oncle, c’est de la jeune juive, si docte et si belle, qu’il est épris mystérieusement ; elle meurt.

240. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Le jeune créole, à peine hors des bancs, trahit son caractère vif, enthousiaste et mobile ; il songea d’abord, assure-t-on, à prendre l’habit religieux chez les Pères de la Trappe, et il finit par entrer dans un régiment. […] Ces jeunes créoles, plus ou moins mousquetaires, se montraient fidèles en cela aux habitudes de leur siècle comme aussi aux instincts de leur origine. […] A ses débuts donc, on le trouve dans toute la vivacité des goûts et des modes d’alors, très-imbu de cette fin de Louis XV et vivant comme vivaient la plupart des jeunes gentilshommes de Versailles, contemporains ou à peu près de cette première jeunesse du comte d’Artois. […] La jeune personne, l’Héloïse nouvelle auprès de laquelle on l’accrédita imprudemment en qualité de maître de musique amateur, n’avait que de treize à quatorze ans. […] Mais le Ciel avait au trépas Condamné ses jeunes appas.

241. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Et cette prophétie encore du plus sensible des poètes : « Jeune héros, si tu parviens à rompre le destin contraire, tu seras Marcellus !  […] Quel fut, cette immortelle et quadruple campagne terminée, quel fut le jeune général que Bonaparte choisit entre tous pour envoyer au Directoire le drapeau dont la Convention avait fait présent à l’armée d’Italie, drapeau qui revenait si glorieux, si surchargé de victoires ? […] Joubert représente donc parfaitement l’esprit de cette armée, de ces brigades intrépides et de leurs jeunes officiers, par le brillant de la valeur, par la politesse et l’élégance naturelle des manières, l’habitude et le prestige, de la victoire, et un attachement profond au général en chef qu’il eût suivi sans doute s’il eût vécu. […] Le jeune général, même après ses victoires et son élévation, ne cessa jamais, en écrivant à son père, de signer : « Votre très soumis fils. » Dès l’âge de seize ans, étant en rhétorique et quoique bon élève, Joubert avait trahi ses instincts belliqueux en s’échappant du collège pour s’engager dans l’artillerie. […] ce jeune guerrier si intrépide, si intelligent, si actif et si infatigable, hésite à accepter le grade de général de brigade qu’il vient de mériter et de gagner, au vu et su de tous !

242. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Alors il m’ouvrit son cœur et m’expliqua confidemment ses idées sur le mariage et la qualité de l’alliance qu’il cherchait pour sa fille, ajoutant que s’il trouvait de quoi remplir solidement ces idées, comme serait un jeune avocat de bon esprit, bien élevé, formé de bonne main, qui eût eu déjà quelque succès dans des coups d’essais et premiers plaidoyers, avec un bien raisonnable et légitimement acquis, il le préférerait sans hésiter à un plus grand établissement, quoi que lui fissent entrevoir et espérer des gens fort qualifiés et fort accrédités qui voulaient marier sa fille. […] Comme je suis témoin et charmé de la bonne éducation qu’ils ont eue tous deux, je n’ai qu’à souhaiter que le Raphaël valût prix pour prix la jeune Sara et le jeune Tobie. […] M. le Prince101 lui avait envoyé pour cela, deux ou trois jours auparavant, un mulet chargé de gibier et de venaison ; il y avait un jeune sanglier tout entier. […] Vuillart, entrant dans la pensée de son ami, pensée qui eût fait sourire un profane, mais où lui ne voyait qu’un sujet d’édification de plus, répondait assez agréablement : « Il eût été à désirer, monsieur, que l’on eût fait cadrer en tout la comparaison de Tobie le jeune et de la jeune Sara avec nos jeunes et nouveaux conjoints.

243. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Un matin, le jeune étudiant s’éveilla atteint d’une singulière folie. […] Un mariage d’amour avait fait entrer la jeune Irlandaise, Lucy O’Neilly, dans l’antique famille de Couaën. […] Mais nos jeunes auteurs ne croient pas qu’ils n’ont plus qu’à conduire le deuil d’une décadence littéraire. […] Après tout, un brevet de secrétaire n’est pas une cuirasse de triple airain autour d’un jeune cœur. […] Le voici : elle a épousé secrètement un jeune bâtard allemand nommé Max.

244. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

. — Hippolyte avait observé qu’ils avaient l’air bien jeunes pour les enfants de ce vieillard. […] Par exemple, Mme Duchambge se reportait toujours en idée à ses jeunes rêves, et ne pouvait s’empêcher de se revoir telle qu’elle avait été autrefois ; à quoi Mme Valmore répondait : « (Le 9 janvier au soir, 1857)… Pourquoi t’étonnes-tu de retourner si jeune dans le passé ? ne sommes-nous pas toujours jeunes ? […] C’est qu’un jeune Anglais, musicien, auquel s’intéresse beaucoup M.  […] C’est cette sœur aînée qui avait appris à lire à la jeune Marceline tout enfant, et l’on trouve en maint passage des poésies un souvenir esquissé de sa douce figure.

245. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Le jeune amateur de ces deux profanes anciens n’en devint pas moins un grand janséniste et le conseil du parti en Auvergne durant les persécutions du cardinal de Fleury. […] Dans ce vague de direction, le jeune Prosper de Barante s’appliquait à la géométrie, en vue de l’École polytechnique. […] Jeune, au sein de cette société enthousiaste, il ne se départit point de la réserve ni du goût. […] Cela fit bruit, et le jeune auditeur fut envoyé en Espagne pour y porter des dépêches. […] Voyez le premier, le plus jeune de nos vieux chroniqueurs.

246. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Mais toutes ces réputations à peine naissantes, qui faisaient l’entretien précieux des ruelles à la mode, cette foule de beaux esprits de second et de troisième ordre, qui fourmillaient autour de Malherbe, au-dessous de Maynard et de Racan, étaient perdus pour le jeune Corneille, qui vivait à Rouen, et de là n’entendait que les grands éclats de la rumeur publique. […] Celui-ci la trouva une assez jolie farce, et le jeune avocat de vingt-trois ans partit de Rouen pour Paris, en 1629, pour assister au succès de sa pièce. […] Corneille s’en montra reconnaissant au point de donner à son jeune ami le nom touchant de père ; et certes s’il nous fallait indiquer, dans cette période de sa vie, le trait le plus caractéristique de son génie et de son âme, nous dirions que ce fut cette amitié tendrement filiale pour l’honnête Rotrou, comme, dans la période précédente, ç’avait été son pur et respectueux amour pour la femme dont nous avons parlé. […] Il avait fini par se figurer qu’il avait été en son temps bien autrement galant et amoureux que ces jeunes perruques blondes, et il ne parlait d’autrefois qu’en hochant la tête comme un vieux berger. […] Les succès de ses jeunes rivaux l’importunaient ; il s’en montrait affligé et noblement jaloux, comme un taureau vaincu ou un vieil athlète.

247. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Il y avait alors à Paris une jeune, belle et riche veuve, madame Guyon, douée d’une beauté rêveuse et mélancolique, d’une âme passionnée et d’une imagination qui cherchait l’amour jusque dans le ciel. L’évêque de Genève, qui connaissait le nom, l’esprit, la fortune, la piété célèbre déjà de la jeune veuve, s’était empressé de donner à madame Guyon la direction, à Gex, d’un couvent de jeunes filles converties, par ses soins, du schisme de Calvin. […] « Enfin, lui écrit le jeune prince, je trouve une occasion de rompre le silence que je suis contraint de garder depuis quatre ans. […] Le jeune prince ne put retenir sa joie, en apercevant son précepteur ; il l’embrassa à plusieurs reprises ; on ne fit que relayer, mais sans se presser : nouvelles embrassades et on partit. […] Ce changement était l’œuvre de madame de Maintenon, à qui le jeune prince, conseillé par Fénelon, avait témoigné une déférence flatteuse pour son amour-propre et rassurante pour son avenir.

248. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

On se plaint généralement, parmi les jeunes, que les journaux « ne parlent pas assez » des livres nouveaux. […] Sans doute le snobisme, les duels, la curiosité des collégiens et des jeunes femmes, les relations mondaines ou politiques ne sont pas sans influer sur la vente d’un livre. […] Il renvoie tous nos faux jeunes maîtres à l’école. […] Maurice Le Blond qui est un esprit juste s’est laissé gâter par le vent des tendances sociales qui souffle sur les jeunes têtes. […] Léon Bailby rédacteur en chef de l’Intransigeant de son infatigable confiance dans le talent des jeunes et de sa volonté tenace à signaler les tentatives intéressantes.

249. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Au fond c’est une cervelle très curieuse, et de toutes les cervelles de jeunes que je connais, la plus disposée et la plus prête à donner de l’original et du puissant. […] Enfin, avec le premier argent de sa peinture, avec les premiers 500 francs gagnés, il part avec sa jeune femme pour l’Italie. […] Déjà deux fins tragiques parmi les jeunes de mon grenier : Robert Caze et Margueritte. […] La duchesse ruinée et se refusant au divorce, le jeune Astier a la tentation de l’empoisonner, et l’empoisonnement est joliment imaginé. […] » Daudet comprenait, que c’était de son jeune enfant, mort il y avait deux ans, qu’il parlait.

250. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Éphémérides poétiques, 1891-1900 » pp. 179-187

. — La Revue jeune (Maurice Pujo). — L’Art et l’Idée (Octave Uzanne). — L’En dehors (Zo d’Axa). — Les Essais d’art libre (Edmond Coutances). — Les Essais des jeunes (Emmanuel Delbousquet). — Floréal (Paul Gerardy). — Le Réveil, Flandre et Wallonie (Max Elskamp-Gerardy-Maeterlinck). […] Revues : L’Action (Otto). — Arte (Eugénio de Castro). — L’Art jeune (Van Lerberghe). — Le Livre des légendes (Jacques des Gachons). — Nib (Tristan Bernard). — Le Coq rouge (Demolder). — La Coupe (Richard Weman). — La Critique (Georges Bans). — L’Enclos (F.  […] — La Jeune Fille nue.

251. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

En effet, soyez un jeune poète, faites des vers. […] La jeune école littéraire devait confondre bientôt le pathétique avec l’horrible et poursuivre l’émotion à tout prix. […] Aujourd’hui un jeune protégé sonne à la porte d’un journal : pour l’essayer, pour lui faire la main, on lui livre la littérature. […] La critique c’est la main du public étendue vers les jeunes auteurs. […] — accueille le jeune auteur, écoute le premier acte, demande les suivants et promet une lecture.

252. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Il y a d’autres tombeaux plus jeunes et en nombre suffisant, certes. […] Les deux plus jeunes jouent aux cartes. […] C’est le jeune prince de Babylone qui vient pour épouser Aréti la belle. […] Est-ce la plus jeune cousine de ma fiancée, sa préférée ? […] La plus jeune cousine de ta fiancée, sa préférée, n’est pas morte.

253. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Mais ne serait-ce pas au plus bizarre, au plus sincère aussi, des jeunes rénovateurs ? […] — Et que pensez-vous de l’irrespect envers vous et vos contemporains qu’ont montré les jeunes ? […] » L’art accomplit aujourd’hui chez la plus jeune génération un retour admirable et évident vers la vie. […] De La Tailhède et de Régnier, un louable souci de clarté, de pureté et de calme, chose plutôt rare en les jeunes écoles. […] L’un des plus jeunes prophètes de la littérature septentrionale, M. 

254. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

et voilà que je suis entré tout savant dans la tombe, tout jeune dans l’Érèbe !  […] Le jeune enfant fut ainsi ramené dès son bas âge dans le Ponthieu, patrie de sa mère, et c’est là qu’il fut élevé sous l’aile des plus tendres parents et dans une éducation à demi domestique. […] L’érudition de Charles Labitte y gagna un air d’agrément et presque de gaieté qui manque trop souvent à d’autres jeunes éruditions très-estimables, mais de bonne heure contraintes et comme attristées. […] Nous livrons le brillant programme à remplir à quelques-uns de nos jeunes vivants ; mais nul, on peut l’affirmer, ne saura exploiter dans toute leur abondance les ressources que Charles Labitte y embrassait déjà. […] Le jeune professeur partit pour Rennes, non sans s’être auparavant muni des conseils et des bons secours de M. 

255. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Elle était comédienne et chanteuse au théâtre Feydeau ; et c’est une profession qui met peu de garde-fous autour des jeunes personnes. […] Mais les rôles sont intervertis dans cette union, puisque c’est lui qui est le plus jeune (de sept ans), le plus faible et le plus beau. […] Un jour elle s’intéresse à un jeune forçat repentant, arrive à le tirer du bagne, fait une quête pour lui. […] Les jeunes maîtresses étaient admises à ces réunions. […] Et pourtant, il eut un vrai chagrin lorsque, quelques années plus tard, Ondine épousa un jeune avocat, M. 

256. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Enfant du XVIIIe siècle et païen à sa manière, — païen vertueux et innocent, — les scrupules néo-chrétiens, qui de notre temps ont prise sur tant d’âmes jeunes ou vieilles, lui sont restés inconnus et étrangers. […] Delécluze, peu exact dans ses termes, que le talent poétique de son jeune beau-frère s’était produit d’abord « avec éclat. » Dans les dernières années de la Restauration, de 1820 à 1828, la bibliothèque de M.  […] Je crois voir le doyen de Killerine à la fois fier et inquiet de ses pupilles, jeunes frères et sœurs, si différents de lui. […] Il y avait alors, auprès de Mme Récamier, une jeune et jolie nièce, Mlle Amélie. […] » Et il déduisait longuement les raisons pour et contre ; dans cette éternelie consultation de Panurge, il prenait même pour confidents de sa perplexité quelques-uns des jeunes amis de Récamier.

257. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

3° Il y eut, en 1831, et dans les années qui suivirent, un mouvement de bonne volonté et de rapprochement de la part des croyants d’un certain ordre et de plusieurs jeunes esprits respectueux, mouvement qui n’eut lieu d’abord que dans une sphère assez restreinte, dont M. de Lamennais fut quelque temps le centre, mais qui se prolongea même après ses écarts et sa défection. […] Un groupe de jeunes écrivains catholiques distingués, de doctrinaires du parti, qui, à l’envi du Globe, s’étaient essayés dans le Correspondant sur la fin de la Restauration, se joignirent, sans s’y confondre, avec le groupe des amis de M. de Lamennais : à côté du vigoureux et sombre Breton, du doux, aimable et savant abbé Gerbet, du brillant et valeureux Lacordaire, du jeune comte leur ami91, alors dans toute la fraîcheur acérée de son talent, on eut Edmond de Cazalès, riche esprit, cœur plus riche encore ; Louis de Carné, esprit sage, écrivain consciencieux, s’instruisant toujours, désireux d’acquérir et de combiner tout ce qui est bien, se nuisant par là peut-être à la longue ; on eut un Franz de Champagny, jouteur sincère, peintre studieux, sévère pour les Césars comme un élève de Tacite qui eût été chrétien ; plusieurs Kergorlay, au nom jadis hostile, mais tous d’une autre génération plus adoucie, tous réconciliés entièrement ou en partie avec le siècle. […] Quelque chose du même esprit de rénovation soufflait un peu partout dans le jeune Clergé averti : il fit en ces années de grands efforts et des progrès dans des directions différentes et sur des lignes parallèles. […] Paris s’en aperçut peu ; mais ce qui se vit alors dans quelques provinces n’est pas encore oublié : le corps universitaire souffrit et fut découragé dans la personne de plus d’un de ses jeunes membres. […] Certains corps religieux ont eu, de tout temps, l’art d’élever et de captiver les jeunes esprits : ils ne négligent rien pour cela, ni les méthodes nouvelles, ni les études variées, ni même l’agrément et les grâces : tout est bon pour prendre les enfants du siècle.

258. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Le premier Lauzun, si insolent et si dur avec Mademoiselle, avait fini par épouser une femme jeune, parfaite, dont lui-même, à certains moments de sincérité, se reconnaissait indigne : Bonneval de même, le futur pacha, avait une divine jeune femme qui avait fait de lui son idole chevaleresque et qui s’estimait heureuse pour des années quand elle l’avait entrevu au passage. […] Ce n’est pas lui qui raillerait son ami et son élève de dégénérer en père de famille ; il l’y encourage au contraire, il prend intérêt à sa jeune femme et à leur commun bonheur. […] Ainsi, dit le poëte, au temps des Césars, une jeune chrétienne était amenée dans le cirque ; ses yeux, mouillés de pleurs, levés vers le ciel, y cherchaient un appui, ses mains essayaient de dérober ses charmes aux regards des spectateurs ! Après l’affreuse attente, au signal donné, les belluaires ouvraient l’entrée de l’arène aux bètes féroces ; … mais, au lieu du tigre de l’Inde ou du lion de Numidie, s’avançait une joyeuse bacchanale : les trompettes d’airain résonnaient, les tambourins battaient, les vierges folles couraient le thyrse à la main, et de jeunes garçons portaient en chance ant des outres pleines de vin nouveau. […] On ne commencerait pas avant Henri IV, laissant derrière soi les Valois avec leurs goûts douteux et leurs caprices bizarres ; mais, dès Louis XIII, on aurait une de ces scènes d’intérieur ou les jeunes seigneurs et gentilshommes du temps, les Montmorency, les Liancourt, en compagnie du poëte Théophile, célébraient la fête de la jeunesse et celle, dit-on, de la Nature.

259. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

La jeune Claire fut admise dès l’âge de sept ans dans la société familière de ses parents ; Mme de Duras disait volontiers qu’elle n’avait pas eu d’enfance, ayant été tout d’abord raisonnable et sérieuse. […] On conçoit l’intérêt passionné avec lequel cette jeune âme devait suivre de loin les efforts et les dangers de son père. […] Elle racontait qu’on disait souvent d’elle toute jeune : « Claire est très-bien, c’est dommage qu’elle « ait si peu d’esprit !  […] Une de ses pensées habituelles était que, pour ceux qui ont subi jeunes la Terreur, le bel âge a été flétri, qu’il n’y a pas eu de jeunesse, et qu’ils porteront jusqu’au tombeau cette mélancolie première. […] Durant ce séjour en Angleterre, la jeune duchesse de Duras n’eut-elle pas à vaincre d’abord quelques préventions du monde émigré sur sa noble origine si avant mêlée à la Révolution ?

260. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Le métier des armes lui plaisait, il croyait que l’homme est fait pour l’action ; dans un siècle où les frivolités, la mollesse et la corruption envahissaient la jeune noblesse, il attachait un sens précis, un sens antique à ces mots de vertu et de gloire : « La gloire embellit les héros, se disait-il. […] En lui répondant par quelques conseils littéraires, en le redressant et en l’éclairant doucement sur quelques points, il ne parle tout d’abord à ce jeune officier de vingt-huit ans que comme à un égal, à un ami, à l’un de ceux qui sont à la tête du petit nombre des juges. […] Marmontel, très jeune, qui le vit beaucoup dans cette année, nous a montré au naturel avec sa bonté affable, sa riche simplicité, sa douceur à souffrir, sa sérénité inaltérable et sa haute raison sans amertume. […] Est-il rien de plus délicat, de plus aimable, de plus pratique et de plus encourageant, que les Conseils qu’il donne à un jeune ami ? Bien que jeune lui-même, il inspirait de la vénération, et plusieurs de ses compagnons d’armes le traitaient comme ils eussent fait un père.

261. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Les jeunes époux s’établirent, en se mariant, dans l’hôtel du marquis de Pisani, père de la marquise, mort depuis une année. […] Il était fort naturel à la jeune marquise de s’intéresser à la reine malheureuse dont elle était l’alliée ; mais il lui était pénible d’avoir à disputer sa confiance aux Concini, qui l’avaient captée par l’espionnage et la délation, et n’étaient occupés qu’à irriter une jalousie trop bien fondée. Il était d’ailleurs naturel à une jeune femme élevée dans une famille de mœurs pures et décentes, de partager le dégoût général pour les amours du roi, qui n’avaient plus l’excuse de la jeunesse. […] C’était sous l’influence de l’heureux besoin dont les esprits étaient alors pressés, que s’ouvrait l’hôtel de Rambouillet aux gens de la cour ennemis des scandales, aux gens du monde poli de la capitale, aux gens de lettres de profession, aux esprits cultivés de toutes les classes ; c’était par cet intérêt que les femmes les plus distinguées y étaient amenées et reçues avec des hommes d’élite, par une des plus belles, des plus jeunes, des plus riches et des plus respectables femmes de la cour. Je n’ai pu découvrir quelles femmes entrèrent les premières dans la société de la jeune marquise : on apprend seulement de Segrais, que les princesses la voyaient, quoiqu’elle ne fût pas duchesse.

262. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Littérature dramatique Il n’y a pas beaucoup de littérature dans les pièces qui se jouent chaque soir à Paris et il y a peu de jeunes auteurs joués, ce qui explique la brièveté de ce chapitre. […] L’esthétique caduque du romantisme ne s’anime plus, même au contact des jeunes énergies. […] Gabriel Boissy écrit : « … D’une succession de faits, un fait majeur s’impose : les lettres françaises, sommeillantes ou vagissantes depuis l’époque romantique, entrent aujourd’hui en effervescence ; un nouvel âge se prépare par les efforts convergents d’un groupe nombreux d’esprits toujours jeunes ou de jeunes esprits. […] Lugné-Poë a offert à Paris trois œuvres de manières différentes, de nature éminemment originales, mais toutes trois exubérantes de la jeune et régénératrice sève : la foi en l’idéalité des formes parallèles à l’idéalisme des pensées. […] Mais ces chemins sont étrangement beaux. — Nous connaissions depuis longtemps déjà Tête d’Or et La Ville ; une version très différente, de ce dernier drame avait paru plus récemment dans Le Mercure ; L’Échange avait paru dans L’Ermitage, l’an passé ; La jeune Fille Violaine et Le Repos du Septième Jour, inédits encore, malgré d’admirables parties, sont moins bons. — Réunis d’un coup en volume, ces cinq drames manifestent un travail et une puissance d’invention considérables. — Aucune analyse, si détaillée soit-elle, ne peut donner aucune idée de ces cinq drames ; ils ne rappellent quoi que ce soit, et l’on est étonné qu’ils existent ; ils semblent palpiter et vivre, avec des organes nouveaux, agiter des bras inconnus, respirer avec des branchies, penser avec les sens, et sentir avec les objets ; — mais ils vivent pourtant ; ils vivent d’une vie rouge et violente, pour étonner, rebuter et exaspérer le grand nombre, pour enthousiasmer quelques-uns. »   La Dame à la Faux de M. 

263. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Si le chantre d’Ilion peint un jeune homme abattu par la lance de Ménélas, il le compare à un jeune olivier couvert de fleurs, planté dans un verger loin des feux du soleil, parmi la rosée et les zéphyrs ; tout à coup un vent impétueux le renverse sur le sol natal, et il tombe au bord des eaux nourricières qui portaient la sève à ses racines. […] On croit entendre les soupirs du vent dans la tige du jeune olivier. […] Ceux qui ont vendu Joseph, les propres frères de cet homme puissant, retournent vers lui sans le reconnaître, et lui amènent le jeune Benjamin qu’il avait demandé. […] » Joseph, levant les yeux, vit Benjamin, son frère, fils de Rachel, sa mère, et il leur dit : Est-ce là le plus jeune de vos frères, dont vous m’aviez parlé ? […] Joseph, pleurant à la vue de ses frères ingrats, et du jeune et innocent Benjamin, cette manière de demander des nouvelles d’un père, cette adorable simplicité, ce mélange d’amertume et de douceur, sont des choses ineffables ; les larmes en viennent aux yeux, et l’on se sent prêt à pleurer comme Joseph.

264. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

» répéta après moi la plus jeune, la plus douce, la plus timide voix de quinze ans, celle que je n’ai entendue que ce soir-là, que je n’entendrai peut-être jamais plus. […] Ce n’est plus seulement une femme que je désire, une femme belle et jeune, comme toutes celles que j’ai précédemment désirées. […] Ce que je veux, c’est une femme toute jeune et toute naissante à la beauté ; je consulte mon rêve, je le presse, je le force à s’expliquer et à se définir : cette femme dont le fantôme agite l’approche de mon dernier printemps, est une toute jeune fille. […] Je dirai tout : oui, un baiser me plairait, un baiser plein de tendresse ; mais surtout la voir, la contempler, rafraîchir mes yeux, ma pensée, en les reposant sur ce jeune front, en laissant courir devant moi cette âme naïve ; parer cette belle enfant d’ornements simples où sa beauté se rehausserait encore, la promener les matins de printemps sous de frais ombrages et jouir de son jeune essor ; la voir heureuse : voilà ce qui me plairait surtout et ce qu’au fond mon cœur demande.

265. (1875) Premiers lundis. Tome III « Le roi Jérôme »

Le prince Jérôme, plus jeune, devait y entrer plus aisément. […] Il lui confia 25,000 hommes de troupes bavaroises et wurtembergeoises, avec lesquelles le prince Jérôme s’empara de la Silésie, et rendit à la grande Armée, alors en Pologne, d’utiles services : « Le prince Jérôme, disait l’empereur dans un de ses bulletins, fait preuve d’une grande activité et montre les talents et la prudence qui ne sont d’ordinaire que les fruits d’une longue expérience. » — Le 14 mars 1807, Napoléon nommait son jeune frère général de division, et le 4 mai il écrivait au roi de Naples, Joseph : « Le prince Jérôme se conduit bien, j’en suis fort content, et je me trompe fort s’il n’y a pas en lui de quoi faire un homme de premier ordre. […] Après les premières opérations dans lesquelles un illustre historien de ce temps a reconnu que le jeune prince « n’avait commis aucune faute », un conflit fâcheux s’éleva, sur lequel ce n’est ni le moment ni le lieu d’insister. Le jeune général en chef, qui ne l’était plus, crut qu’il y allait de son honneur de roi de se démettre.

266. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le termite »

Ce roman nous raconte les gésines littéraires, les pénibles amours et les coliques néphrétiques du jeune Noël Servaise, écrivain naturaliste de son état. […] Il y a aussi ce fait que la littérature, plus lucrative de nos jours qu’elle ne l’a jamais été, apparaît de plus en plus comme une profession à laquelle il est avantageux de se vouer exclusivement : et de là le nombre toujours croissant des jeunes écrivains, un pullulement prodigieux, une concurrence âpre, amère, enragée. […] Aujourd’hui, les jeunes littérateurs forment réellement une nouvelle variété de la race humaine. […] Lisez là-dessus, pour vous édifier, la plupart des jeunes revues littéraires : elles suent le pédantisme le plus âcre et la plus sotte intolérance.

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