Les détails de la composition de cette adorable pièce et des représentations qu’on en fit sont trop connus pour y revenir : ils forment un des plus gracieux épisodes, et le plus virginal assurément, de notre littérature dramatique.
La Beaumelle se souvient qu’Auguste a fait une tragédie d’Ajax, et vite il fait dire à Frédéric : « J’ai lu qu’Auguste (p. 397) avait fait quelques poèmes dramatiques, entre autres un Ajax.
Mais laissant de côté ce qui me regarde, je demande si cette sorte d’exaltation dans laquelle se place tout d’abord M. de Pontmartin, cette sorte de ferveur guerroyante d’un chevalier armé et croisé pour la défense de la société, est une disposition favorable pour juger sainement de l’œuvre d’un artiste, d’un romancier, d’un auteur dramatique.
La remarque dont il est question, et qu’on peut lire au tome II du Cours de Littérature dramatique de Schlegel, a bien l’air pourtant d’une épigramme.
Il a taillé dans une pièce fort intéressante et fort riche assurément, mais très-éparse, et biographique encore plus que dramatique, un Cid bien français, un Cid à l’instar de Paris.
Le besoin de faire effet, d’être dramatique et de poser, pouvait mener aux plus funestes résultats, et l’enseignement de la rhétorique était au fond de tout cela.
La forme dramatique et les petites compositions à la Mérimée le tentèrent vite.
Il ne s’agit encore que de l’histoire romaine, sujet classique, lieu commun de l’éloquence et de la tragédie du siècle précédent : mais la forme est loin d’être oratoire ou dramatique.
., des Hébreux ; dans l’Iliade, il y a des éléments religieux, militaires, épiques, lyriques, dramatiques ; tout cela forme plus tard autant de genres.
L’acte du milieu reste seul, c’est-à-dire le moins dramatique, au sens actif et violent du mot.
Je vous donne cet acte pour un chef-d’œuvre de vie, d’action, de rapidité dramatiques.
Thiers a raconté, avec le détail le plus circonstancié et le plus dramatique, toutes les phases et les vicissitudes de cette entreprise (disons le mot comme il le dit lui-même), de cet attentat de Napoléon contre la royauté espagnole.
En quelques endroits seulement, quand elle veut faire du sentiment pur, quand elle veut hausser le ton, elle donne un peu dans l’invocation et l’exclamation, ce qui n’est permis qu’à Jean-Jacques ; mais partout ailleurs ce sont des lettres familières, des conversations vives, naturelles, dramatiques, reproduites d’un air parfait de vérité.
Tout ce petit cours d’éducation par lettres offre une sorte d’intérêt dramatique continu : on y suit l’effort d’une nature fine, distinguée, énergique, telle que l’était celle de lord Chesterfield, aux prises avec un naturel honnête, mais indolent, avec une pâte molle et lente, dont elle veut à tout prix tirer un chef-d’œuvre accompli, aimable, original, et avec laquelle elle ne réussit à faire, en définitive, qu’une manière de copie suffisante et estimable.
Bazin est une composition rare, originale, offrant, non pas comme d’autres prétendues histoires, une marqueterie brillante et spirituelle, moyennant des lambeaux de citations relevées de quelques scènes dramatiques, mais un récit médité, réfléchi, tout à fait neuf, dans lequel il est tenu compte de chaque témoignage, et où l’historien a constamment le fil en main pour donner à tout la liaison la plus vraisemblable, l’accord le plus exact et l’enchaînement le plus conforme à la vérité.
Dans cette seconde scène toute dramatique, notez-le bien, il est le conseiller, l’instigateur ; il a monté la machine, et il jouit de la voir jouer, se déployer graduellement, et frapper les coups aux yeux de tous ceux qui sont moins informés à l’avance et qui s’en étonnent, ou qui en gémissent.
Napoléon (on n’a pas tous les jours des feuilletonistes de ce calibre-là), entrant dans l’analyse de la pièce, remarque qu’en restant dans les données de l’histoire et de la tradition, l’auteur aurait pu imprimer à sa tragédie une force et une couleur dramatique qui lui manquent entièrement : Le caractère de Philippe le Bel, pense-t-il, prince violent, impétueux, emporté dans toutes ses passions, absolu dans toutes ses volontés, implacable dans ses ressentiments et jaloux jusqu’à l’excès de son autorité, pouvait être théâtral, et ce caractère eût été conforme à l’histoire.
Il n’est pas étonnant d’après cela que les critiques anglais, et notamment le judicieux Jeffrey dans la Revue d’Édimbourg, se soient fort appuyés du témoignage de Grimm, comme d’un utile auxiliaire pour la guerre qu’ils se disposaient à renouveler alors (1813) contre les auteurs dramatiques du continent.
De l’examen de chacune de ces parties de l’œuvre, comparées à celles d’autres romans, ou plutôt à un roman moyen et abstrait, il résultera de nombreuses données précises ; jointes à celles qu’on aura dérivées des moyens extérieurs précédemment énumérés, aux renseignements tirés directement de l’étude des émotions, et aux conclusions générales que l’on peut induire du choix du sujet même — action dramatique ou description d’un milieu pittoresque — ces indications donneront enfin, en se complétant et se précisant l’une l’autre, le raccourci de toutes les particularités internes ou externes de l’œuvre.
L’histoire se fait shakespearienne : elle devient plus dramatique que narrative. […] Qu’on cesse, par exemple, de consulter sa Révolution française pour y chercher une vue exacte et impartiale des événements et des hommes ; la dramatique beauté du récit subsiste. […] Il y a dans cette œuvre de Vigny une double beauté, beauté dramatique et beauté didactique. […] Il est diplomate et policier, auteur dramatique et négociant. […] Il prend ainsi plaisir à voir agir à sa vue des êtres qui tirent leur vérité dramatique d’avoir été pris, si l’on peut dire, à même la vie et qui, par leur action, la reproduisent au naturel, tout en permettant d’en mieux saisir le sens.
Des scènes dramatiques viennent rappeler que l’auteur est un habitué du théâtre. […] Il les a appliquées d’une façon dramatique et singulière à l’histoire. […] Le volume offre une étrange bigarrure de sujets et d’auteurs : on y trouve, côte à côte, des discours, des nouvelles dramatiques, des récits plaisants, des boutades amères, des morceaux de vie et d’histoire ; on y voit fraterniser (ô quelle magicienne que la mort pour rapprocher les distances !) […] D’autre part, le Christ cessera d’être à la mode comme personnage dramatique. […] Retiré dans son cabinet de travail, il voit dans ce concours de circonstances matière à beaux effets dramatiques et il écrit d’enthousiasme, en les transfigurant, les scènes qu’il vient de vivre.
Par rapport à l’art dramatique. […] Je ne remarque, comme pièces dramatiques, dans le catalogue, qu’une Jocaste, tirée des Phéniciennes d’Euripide, l’Andria et L’Eunuque de Térence, Les Ménechmes de Plaute et les tragédies de Sénèque. […] L’un a retrouvé l’art dramatique, l’autre l’a porté à sa perfection ; semblables à deux philosophes anciens, ils s’étaient partagé l’empire des ris et des larmes, et tous les deux se consolaient peut-être des injustices de la fortune, l’un en peignant les travers, et l’autre les douleurs des hommes. […] C’est sous le rapport du génie qu’il faut considérer les belles scènes isolées dans Shakspeare, et non sous le rapport de l’art dramatique. […] Tout ce raisonnement tend à prouver qu’il n’y a point de règles dramatiques, ou que l’art n’est pas un art.
Quand il arrive, dans cette revue qu’il fait en idée de sa bibliothèque, aux auteurs dramatiques et aux tragédies, le président exprime des idées littéraires très libres, très dégagées, et qui, bien que justes au fond, ne sont pas vérifiées encoreao.
Et c’est ainsi qu’Horace Vernet arriva à réaliser et à fixer en trois tableaux, vrais et dramatiques, irréprochables d’exactitude, admirables de composition et de vie, les préliminaires et l’instant même de ce glorieux assaut.
Lui personnellement n’était que comme le concierge et le portier de ses curiosités et de ses merveilles dramatiques ; sa ménagerie, comme il la nommait, était des plus curieuses : celui qui la montrait était insupportable. » Critiques de profession, trouvez donc mieux que cela !
. — Critique dramatique. — Romans : Le Capitaine Fracasse 47.
Est-ce que cela a nui à la pleine intelligence de son génie, de mieux connaître toute la littérature et le théâtre de son temps, ce mélange de subtilités et de violences, et de pouvoir le comparer avec les autres auteurs de cette forte couvée dramatique dont il est l’aigle et le roi ?
Un poète dramatique normand, auteur d’une tragédie de Marie Stuart, et de plus économiste, Antoine de Montchrétien, a été étudié avec soin sous ces divers aspects par M.
La Mort de Socrate et surtout le Dernier Chant d’Harold sont d’admirables méditations encore, avec un flot qui toujours monte et s’étend, mais avec l’inconvénient grave d’un cadre historique donné et de personnages d’ailleurs connus : or, Lamartine, le moins dramatique de tous les poëtes, ne sait et ne peut parler qu’en son nom.
Cousin prononça sur sa tombe quelques paroles pleines de douleur, bien qu’un peu dramatiques, dans lesquelles il s’écriait : Noble esprit, âme tendre, jeune sage !
Magnin a su montrer la persistance et faire comme l’histoire de la faculté dramatique aux époques même où il n’y a plus de théâtre ni de drame à proprement parler, M.
C’est une sorte de poëme, moitié descriptif, moitié dramatique : tout consiste dans la peinture de deux amants qui marchent et causent dans la solitude ; tout gît dans le tableau des troubles de l’amour au milieu du calme des déserts et du calme de la religion.
On conçoit que, de l’œuvre de Marguerite, l’Heptaméron seul ait vraiment échappé à l’oubli : le xviie siècle s’y retrouvait, mondain, dramatique et moral.
Un peu lourd, quoi qu’en ait pensé Flaubert, en sa richesse descriptive, ce roman est supérieur à tout ce qu’on a pu tenter en ce genre, par la largeur pittoresque et l’énergie dramatique des tableaux.
Bonnard, ce ne sont point les surprises du hasard ni la violence dramatique des situations, mais le monde et les hommes dans leur train habituel.
Mais il convenait de reconnaître la part considérable que l’art antérieur de l’Italie occupe dans les commencements de sa carrière, pour montrer combien cet art avait contribué à son éducation dramatique.
N’étudier l’histoire que pour les leçons de morale ou de sagesse pratique qui en découlent, c’est renouveler la plaisante théorie de ces mauvais interprètes d’Aristote qui donnaient pour but à l’art dramatique de guérir les passions qu’il met en scène.
Cherchez maintenant combien de fois le roman et le théâtre ont reproduit ce type de l’honnête homme, transformé en galant homme ou en gentleman ; examinez quel parti littéraire ils ont tiré de l’honneur et du point d’honneur ; comptez, si vous pouvez, dans combien de pièces, depuis le Cid jusqu’à nos jours, le duel, cette survivance mondaine des usages chevaleresques, intervient comme moyen dramatique ; et vous aurez une idée à peu près suffisante, quoique incomplète, des innombrables répercussions que la vie du monde a eues et a encore sur les œuvres de nos littérateurs.
Entre les mains de son jeune rival, la tragédie s’était détachée des liens du lyrisme ; elle se pliait aux mouvements et aux variétés de la vie, le nœud dramatique s’était resserré : il accepta ce terrain nouveau.
Ce qui me gâte cet acte, si passionnément dramatique, c’est l’appétit brutal qui s’empare de l’amour de Paul, exalté par la confession de Léa.
Ayant perdu son oncle, elle hésitait entre Rouen et Paris ; mais son frère, qui prenait rang alors parmi les auteurs dramatiques et dont les pièces réussissaient à l’hôtel de Bourgogne, la décida à venir s’établir dans la capitale.
Marmontel aime assez ce genre de locutions dramatiques, même quand il ne fait que raconter des scènes de la réalité.
De loin, aujourd’hui, il n’est pas jusqu’à cet instant de trouble et de confusion dans les idées qui ne nous touche chez le grand capitaine poussé à bout, et qui se retourne comme le lion blessé ; cet éclair égaré est d’une beauté dramatique et d’une grandeur épique suprême.
tels que les héros dramatiques, ils payent leur célébrité du prix de leur bonheur.
Il recourra aux romanciers, aux auteurs dramatiques, aux conteurs, aux poètes comiques.
Jeudi 23 juin Un jeune médecin italien nous faisait hier soir, un dramatique récit.
Il fait savamment sentir la simplicité du fait métaphysique sous la complication du fait dramatique.
Certains poètes sont sujets, dans le dramatique, à de longues suites de vers pompeux, qui semblent forts, élevés, et remplis de grands sentiments ; le peuple écoute avidement, les yeux élevés et la bouche ouverte, croit que cela lui plaît, et à mesure qu’il y comprend moins l’admire davantage, il n’a pas le temps de respirer, il a à peine celui de se récrier et d’applaudir.
En Italie plusieurs musiciens composent sur les mêmes paroles ; en Grèce plusieurs poëtes dramatiques traitaient le même sujet.
Il est vrai que cette uniformité de rithme n’a point empêché le succès de nos poëmes dramatiques en France et dans les pays étrangers ; mais ces poëmes qui n’ont que deux mille vers sont assez excellens pour le soutenir contre ce dégoût.
Les poètes épiques eux-mêmes étaient peu lus, les poètes dramatiques l’étaient bien moins encore.
qu’il faut savoir quand on est professeur, en présence de ces faits très peu dramatiques, et qui ne prêtent guères aux déclamations et aux effets de plume, je conçois qu’un ennemi de l’Église fût légèrement contrarié.
Connu déjà pour d’autres poésies, couronné plusieurs fois par l’Institut, malgré le talent le moins académique, ayant abordé vaillamment la satire politique, le seul genre de poésie qui rende vite un nom populaire, — après la poésie dramatique toutefois, — M.
Qu’on se représente une de ces fêtes, telle qu’on en donnait quelquefois dans la Grèce et dans Rome ; ces fêtes, ou, après des victoires, cent mille citoyens étaient assemblés, où tous les temples étaient ouverts, où les autels et les statues des dieux étaient couronnés de fleurs, où la poésie, la musique, la danse, les chefs-d’œuvre de tous les arts, les représentations dramatiques de toute espèce étaient prodiguées, et où la renommée et la gloire, en présence d’une nation entière, attendaient les talents.
Puis, la scène improvisée, là-bas sur un tertre, contre les remparts d’Alger, m’apparaît encore, sereine dans le bleu du ciel, malgré le vent du large qui soufflait et renversait les pots de lauriers-rose… Quel imprévu pendant ces tournées dramatiques, et quel entrain aussi, en dépit de la fatigue ! […] Un comité, qui mêlait de beaux noms à la science et au monde officiel avait d’organisé là une fête dramatique. […] * Connaissez-vous : Souvenirs d’un auteur dramatique ? […] Mais n’allez pas croire que tout est à négliger dans les Souvenirs d’un auteur dramatique ! […] Quant à ses paroles sur Shakespeare, il faut s’entendre : la poésie qui coule, je dirai paisiblement, dans l’œuvre du grand tragique est de la meilleure qualité, mais la forme dramatique qu’il a subie donne le plus mauvais exemple.
Journaliste, directeur de théâtre, conteur et auteur dramatique, il a toujours eu le souci des idées morales ; et il ne les aimait pas seulement pour lui, pour son usage, mais il voulait encore les promulguer. […] De là cette comédie dramatique du Gant qui a, paraît-il, déterminé en Norvège un « mouvement d’opinion ». […] Il ne cherche pas à la rendre pathétique par d’autres moyens, par l’invention de péripéties dramatiques, par la vivacité du sentiment, par l’accent du discours. […] … D’autres écrivains dramatiques nous mettent tout de suite en plein drame. […] Les Grecs n’avaient qu’un petit nombre de sujets dramatiques.
Dans sa brève campagne dramatique à la Revue Indépendante il parut approuver cette attitude de Gautier qui, lui, tourna toute sa vie la meule feuilleton : « Le plus simple est encore de dire du bien de tout le monde. […] Les feuilletons dramatiques de ces cinq auteurs, de Mendès surtout, lui paraissent le comble de l’art. […] Fréquentant le théâtre dans les quelques mois d’une campagne dramatique, Il a vu curieusement dans Hamlet une sorte de frère d’Hérodiade, et il l’a appelé « le seigneur latent qui ne peut devenir ». […] Eschyle avait pris au silence que lui imposait la loi des deux acteurs ses plus puissants effets dramatiques.
La vérité, c’est qu’il y a au moins deux manières de faire les vers (et qui se peuvent combiner) : une à l’usage des poètes dramatiques, élégiaques, philosophes, et, en général, des poètes qui analysent et qui pensent : et une autre pour les poètes qui n’ont que des yeux, pour les lyrico-descriptifs. […] Sans doute Victor Hugo avait chanté les petits dans la Légende des siècles 34 ; mais, ne pouvant se passer de grandeur sensible, il nous avait montré des infortunes dramatiques, des douleurs désespérées, des sacrifices éclatants. […] Il a dû, à vingt ans, et dans des conditions qui rendaient le choix particulièrement douloureux et dramatique, opter entre la foi et la science, rompre les liens les plus forts et les plus doux et, comme il était plus engagé qu’un autre, la déchirure a sans doute été d’autant plus profonde. […] A ce compte, beaucoup de romanciers et d’auteurs dramatiques sont donc des poètes ; mais ce qui est intéressant, c’est que M. […] Ajoutez qu’il ne pouvait guère y avoir d’intérêt dramatique ni de progression dans ces aventures de la chair toute crue.
Le second, d’une imagination aussi élevée et plus régulière, épuré dans ses formes, narrateur et dramatique à la fois, enjoué jusqu’à la folie, sage au milieu de son délire, et railleur malin sans amertume, se plaît à raconter les guerres et les amours des preux, en y mêlant des prodiges qui vous offrent partout les brillantes parodies des fictions d’Homère, de Virgile, et d’Ovide, dont il saisit tous les tons en ses octaves harmonieuses : ses élégantes aventures, qu’assaisonne à l’improviste le sel piquant de sa gaîté sans cesse renaissante, vous font reconnaître ce fonds de vivacité volage et bouffonne dont le feu pétillait dans les galantes cours d’Italie. […] D’autres chants jettent la semence du dramatique intérêt qui va toucher les cœurs émus à l’aspect de l’innocence des deux premières créatures humaines. […] Il ne sera pas continuellement narratif, ce qui le rendrait à la longue froid, sec, trop exact, et décoloré ; il ne sera pas toujours descriptif, ce qui lui imprimerait une ennuyeuse splendeur, et le ferait languir sous le poids d’une richesse surabondante ; il ne sera pas dialogué partout, car dès-lors il n’aurait plus qu’une éloquence dramatique, à moins qu’il ne respirât une lyrique fureur, insoutenable délire en des chants de longue haleine. […] La muse épique est plus libre en sa carrière que la muse dramatique ; je l’ai dit en mes leçons de principes, et mon respectable ami Ducis me le rappelle encore dans son épître à Bitaubé : « Jupiter dans les cieux sur ses balances d’or « Voit flotter les destins et d’Achille et d’Hector : « Pluton dans les enfers pour punir les Atrides, « Fait sortir des serpents du front des Euménides.
Il en est résulté que ceux à qui un heureux hasard n’a pas fait entendre quelqu’une de ses jolies chansons, par exemple le Guide, le Néophyte doctrinaire ; — que ceux surtout qui n’ont pas assisté aux lectures de sa pièce d’Abélard, où cette vivacité première se retrouve, associée à de hautes pensées, à de la passion profonde et à un puissant intérêt dramatique, ne le connaissent pas encore tout entier. […] Le succès fut grand, prodigieux ; durant deux hivers l’intérêt se soutint, et la conversation vécut presque uniquement là-dessus ; mais, cette fois, ce n’était pas un intérêt passager dû à la nouveauté du genre, à la vivacité de quelques tableaux ; le sérieux du fond, l’amusant du détail, l’ampleur et la variété du développement, le caractère passionné et dramatique qui pénétrait jusque dans les portions les plus élevées du sujet, tout attestait une œuvre durable.
Le second mobile qui me sollicitait intérieurement à écrire cette histoire à la fois dramatique et critique de la Révolution française, était, je l’avoue, un mobile humain, une ambition d’artiste, une soif de gloire d’écrivain toute semblable à la pensée d’un peintre qui entreprend une page historique ou un portrait, et qui n’a pas pour objet seulement de faire ressemblant, mais de faire beau, afin que dans le tableau ou dans le portrait on ne voie pas uniquement l’intérêt du sujet, mais qu’on voie aussi le génie du pinceau et la gloire du peintre. […] « Quand j’aurai chanté en moi-même et pour quelques âmes musicales comme la mienne, qui évaporent ainsi le trop-plein de leur calice avant l’heure des grands soleils, je passerai ma plume rêveuse à d’autres plus jeunes et plus véritablement doués que moi ; je chercherai dans les événements passés ou contemporains un sujet d’histoire, le plus vaste, le plus philosophique, le plus dramatique, le plus tragique de tous les sujets que je pourrai trouver dans le temps, et j’écrirai en prose, plus solide et plus usuelle, cette histoire, dans le style qui se rapprochera le plus, selon mes forces, du style métallique, nerveux, profond, pittoresque, palpitant de sensibilité, plein de sens, éclatant d’images, palpable de relief, sobre mais chaud de couleurs, jamais déclamatoire et toujours pensé ; autant dire, si je le peux, dans le style de Tacite ; de Tacite, ce philosophe, ce poète, ce sculpteur, ce peintre, cet homme d’État des historiens, homme plus grand que l’homme, toujours au niveau de ce qu’il raconte, toujours supérieur à ce qu’il juge, porte-voix de la Providence qui n’affaiblit pas l’accent de la conscience dont il est l’organe, qui ne laisse aucune vertu au-dessus de son admiration, aucun forfait au-dessous de sa colère ; Tacite, le grand justicier du monde romain, qui supplée seul la vengeance des dieux, quand cette justice dort !
Jeudi 26 janvier Au fond, je pense avec une certaine ironie, du haut de quel mépris, la critique dramatique d’ordinaire, si facile à la louange de n’importe quoi de pas original, a traité la pièce de l’homme assis sur quarante volumes, un peu en avant de tout ce qui avait été fait ou écrit avant lui. […] Lui, il dit que dans une exécution, la seule chose dramatique, est l’apparition du condamné sur la porte, et que la rapidité de la décapitation dans tous ses détails — il a compté — ne dépasse pas 50 secondes.
Sur la scène, on déclame une poésie de forme approximativement dramatique.
Ce conflit atteint sans cesse en lui des couches plus profondes ; c’est à Moyencourt, qu’il conçut Avant la décision 45, drame dans lequel il prédit en termes précis la chute des Hohenzollern ; un dialogue entre l’esprit de Kleist, le Corneille de l’Empire, l’auteur de Prince de Hambourg, et un uhlan qui ressemble singulièrement à l’auteur, sorte de ballade dramatique, dénote avec plus de grandeur encore le tourment de cet homme courageux fait pour la guerre et qui se délivre d’elle. […] Pour être auteur dramatique, faut-il en être complètement démuni ? […] Son domaine est celui des faits. » Voilà un jugement un peu court et imprudent que vient démentir la dernière comédie dramatique de M. […] Comédie dramatique en 3 actes et 5 tableaux, présentée au Théâtre du Gymnase le 12 octobre 1922.
* * * Ils ne sont pas non plus dramatiques. […] La Légende des Siècles est dramatique ; dramatique, Les Contemplations. […] Dans les poèmes qui s’inspirent de ce second principe, les incidents et les agents seraient, en partie du moins, surnaturels ; et l’excellence qu’on se proposait d’atteindre devait consister à intéresser l’émotion par la vérité dramatique des sentiments qui accompagneraient naturellement de telles situations, en les supposant réelles.
On n’y rencontre pas non plus ce genre d’intérêt médiocre auquel atteignent si souvent les écrivains de second ordre, et qui consiste dans l’enchevêtrement des circonstances et dans le dramatique des situations. […] Cette douleur, ici, n’est point attachée aux actes passagers des hommes, ni à telle situation plus ou moins dramatique ; — nous l’avons vu, tout est simple dans cette histoire et rien n’est tragique que la nature — mais elle a sa source dans l’être même, et dans l’essence des choses finies. […] Dans Mensonges, le même problème se pose, mais plus dramatique parce qu’il est plus concret, parce qu’il s’incarne dans le dialogue de deux personnalités vivantes, parce qu’il va au vif de la question et qu’il met en présence, d’une manière saisissante, les deux solutions contraires de la vie humaine que proposent le monde et le christianisme. […] Ici s’ouvre la période dramatique de sa vie. […] Cela est aussi dramatique que navrant.
Ces premières lettres, vrai poème en prose, chroniques de voyage dans les Alpes et vers le Tyrol, récit de conversations ou d’impressions solitaires à Venise, sont l’expression attristée, dramatique, d’un esprit souffrant, malade, déjà cruellement éprouvé par la douleur, trompé par l’amour, comme si, après quelques années à peine d’expérience, il avait dû se démontrer à lui-même que les passions les plus romanesques ne sont pas à l’abri de la souffrance, pas plus que les existences les plus bourgeoises. […] Ni l’esprit dramatique ni la vis comica ne se rencontrent chez elle. […] Pendant cette période, disputée au roman et en partie usurpée par des tentatives dramatiques, Mme Sand n’abandonnait pas la voie que lui montrait sa vraie vocation. […] Quand une rencontre dramatique a lieu, quand une grande aventure commence, qui peut dire, dans le train de l’existence, ce qui devra arriver le lendemain ? […] Dans un autre roman, l’Homme de neige, un des récits les plus dramatiques de George Sand, il faut remarquer le rôle considérable que l’auteur attribue à une représentation de marionnettes.
Mais son œil visionnaire y voit bien d’autres choses : des paysages, des apparitions merveilleuses, des scènes dramatiques qu’il suit avec une curiosité passionnée. […] Parfois la lutte contre la matière rétive devient passionnée et vraiment dramatique. […] Cette faculté d’invention dramatique n’est nullement à dédaigner. […] On peut même dire que c’est dans ce cas qu’il est le plus nécessaire de recourir à la méthode dramatique, et de faire ainsi appel à l’activité inconsciente de l’esprit. […] Grâce à ce don de mimétisme moral que l’artiste doit posséder au même degré que le romancier ou le poète dramatique, il se les représente en réalité.
Je ne dis pas qu’il ne serait pas extrêmement curieux aujourd’hui d’avoir ces notes si, par hasard, elles s’étaient conservées, mais je dis que, dans le système qui tendrait à prévaloir et qui prévaut déjà, on en viendrait à les préférer décidément à la composition même, à cette histoire de la guerre du Péloponèse si parfaite, si épique ou dramatique, et d’une si austère unité d’action ; on en viendrait en tout à préférer les matériaux à l’œuvre, l’échafaudage au monument.
La littérature, Messieurs (et par ce mot j’entends toute la culture des choses de l’esprit, se manifestant par l’impression ou par la représentation dramatique), a pris de nos jours un caractère qu’il ne faudrait ni dénigrer ni préconiser outre mesure.
Ainsi, en renonçant au théâtre, dès vingt ans il se dit : « Tu es un homme de style, toi, et non dramatique. » On verra pourtant qu’il garda jusqu’au bout et introduisit dans sa chanson quelque chose de la forme du drame.
Le Dernier des Chouans offre seul pour la première fois du pittoresque, de l’entente dramatique, des caractères vrais, un dialogue heureux ; par malheur, l’imitation de Walter Scott et de Cooper est évidente.
Le ranz des vaches de cette contrée, le ranz des Colombettes, celui, entre les divers ranz, auquel l’air célèbre est attaché, a de plu une petite action dramatique, vive de couleur et de poésie1.
A son avis, ce n’était qu’un centon maladroit et intempestif que le président du Sénat avait jeté dans la discussion, comme il aurait dit, dans un autre moment, et avec aussi peu d’à-propos, s’il s’était agi par exemple de censurer un auteur dramatique : C’est un droit qu’à la porte on achète en entrant.
L’éloquence, la poésie, les situations dramatiques, les pensées mélancoliques agissent aussi sur les organes, quoiqu’elles s’adressent à la réflexion.
Y en eut-il jamais une à la fois plus lyrique, plus épique et plus dramatique ?
Il distingue même les formes variées de l’imagination, qui correspondent à la diversité des genres : tel a l’invention dramatique qui n’a pas l’élan lyrique, ni le sens épique.
On passe de.Mahomet à Mélusine, de l’empereur Constant au roi Richard Cœur de Lion ; à côté du merveilleux Partenopeus de Blois de Denis Pyramus, qui nous conte en son style enjolivé les amours d’un beau chevalier et d’une fée inconnue (c’est Psyché, où les rôles seraient renversés), on rencontre la très simple et dramatique histoire de la châtelaine de Vergy, qui n’est que le récit d’une très humaine passion située en pleine réalité contemporaine, ou l’aimable chante-fable d’Aucassin et Nicolette, récit, en prose coupée de laisses chantées, des amours de deux enfants qui finissent par se rejoindre et s’épouser.
L’humanité a reconnu en lui un exemplaire de sa commune nature ; et pour l’attester il suffira de nommer Bacon qui fait ses Essais à l’imitation de notre gentilhomme périgourdin, Shakespeare, à qui Montaigne peut-être a révélé la richesse psychologique et dramatique de Plutarque, qui à coup sur lisait, annotait, transcrivait parfois Montaigne ; le vieux Ben Johnson même l’avait entre les mains.
Il abstrait, il analyse, il condense ; dans cette manipulation, le réel, le sensible, la couleur s’évanouissent ; ce n’est pas seulement le dramatique qui fait défaut à cette histoire, malgré la prétention de Voltaire ; c’est cette sorte de résurrection du passé qui seule peut le faire connaître.
Par suite, la lutte, qui fait le fond de toute œuvre dramatique, change de caractère.
Nous arrivons à la maîtresse-scène de la pièce, une des plus hardies et des plus dramatiques que M.
En voici la pompe, la richesse, la composition solennelle, le geste accompagnant la mélopée… Oui, la tragédie respire et vit là, mieux que dans l’œuvre imprimée et morte de ses maîtres, mieux que dans les reconstitutions des critiques ; oui, là, sous ce portique ordonnancé par un Perrault, qui laisse voir sous un de ces arcs le jet d’eau d’un bassin de Latone ; là, dans ce quatuor balancé, dans cette partie carrée où la passion dramatique semble un menuet grandiose.
Mardi 14 janvier Le directeur d’un de nos grands théâtres, auquel on apprenait qu’un de nos plus célèbres auteurs dramatiques était devenu impuissant, dit en soupirant : « Il est bien heureux, le voilà sauvé des horreurs de l’incertitude !
Cet élément d’intérêt dramatique est — nous l’avons déjà dit — remplacé par la haine des co-épouses entre elles ou des marâtres contre les enfants d’un autre lit.
J’en risque l’affaire, et je vous parlerai désormais du génie de conteur de La Fontaine, ou plutôt de son talent de conteur de son joli talent dramatique, de son charmant talent de touriste et enfin de son génie comme fabuliste.
Cette guerre forme le nœud de l’action dramatique : le vieux Tarass y incarne, dans la rudesse héroïque de ses traits et de son âme, le type légendaire des aventuriers de la steppe. […] Qu’on veuille bien réfléchir aux lois essentielles de l’art dramatique ; ce qui fait la puissance du drame, ce n’est pas la grandeur de l’objet en cause, c’est la violence avec laquelle une âme désire cet objet. […] La dernière édition complète35 ne renferme pas moins de dix volumes : romans, nouvelles, essais dramatiques et critiques. […] Il a été moins sévère pour quelques saynètes et comédies, composées vers cette époque ; mais, en permettant à ses éditeurs de les publier, il nous prévient modestement qu’il ne se reconnaît pas le talent dramatique. […] Examinons des livres40 d’une si grande conséquence, et d’abord le plus dramatique de tous, la vie de l’homme qui les conçut.
Je ne sais quelle opinion le public prendra de mon talent dramatique et je ne m’en soucie guère, mais je voulais qu’on vît un homme qui porte au fond de son cœur l’image de la vertu et le sentiment de l’humanité profondément gravés, et on l’aura vu. […] Au reste, monsieur, si l’auteur croit que quelques vers heureux suffisent pour soutenir un ouvrage dramatique, il en est encore à l’A, B, C du métier. […] Vous voilà donc, monsieur, à la tête d’une insurgence87 des poètes dramatiques contre les comédiens. […] Diderot, le sujet le plus théâtral et le plus dramatique qui ait été mis à la scène ; il intéresse particulièrement votre nation, et je pourrai vous envoyer la pièce pour Pâques. […] George Colman, célèbre auteur dramatique anglais.
Émile Zola nous a montré que cela n’était pas nécessaire de douer les personnages vulgaires de surnaturelles qualités pour leur donner de l’attrait dramatique, mais que chaque créature, si minime qu’elle soit, contient une parcelle de beauté. […] Aussi la lecture de cet auteur est-elle plus bouleversante que pacifiante, et son génie plus dramatique qu’harmonieux.
Les veines en racines, sillonnant les bras, un malheureux emprunt à la très médiocre sculpture dramatique du Laocoon. […] Depuis, il avait passé par bien des amours, romanesques, farouches, dramatiques, avec toujours cependant, au fond de lui, la sourde mémoire de ce premier amour, auquel il était passionnément revenu, en retrouvant à Lyon sa jeune fille, âgée de 74 ans.
Alors sa parole retourne à Rome, avouant que pendant qu’il était là-bas, sa pensée appelait tout le temps la mort du pape, appelait le spectacle d’un conclave, qu’il est en train de mettre en scène, avec une documentation très à effet, très dramatique. […] ……………………………………………………………………………………………… « On a bu à l’homme illustre, à Goncourt romancier, historien, auteur dramatique, écrivain d’art.
Qu’on sorte de la règle ou non, peu m’importe, pourvu que l’on soit un héros comme Shelley ou Byron dont je mets la vie véritablement épique infiniment au-dessus de la vie moyennement dramatique des nombreux Romney qu’on rencontre dans les pays anglo-saxons. […] » N’est-ce pas là l’intuition nette et l’indication claire de ce mode d’expression nouveau que des œuvres futures semblent devoir préciser et qu’une conception profonde de la poésie lyrique ou dramatique justifierait à elle seule ?
Cet antagonisme nécessaire à toute œuvre dramatique vient en dernier. […] La grande fresque sociale qu’Émile Zola composait, parmi des dénigrements et des enthousiasmes également ardents, recule déjà dans le passé, comme les poèmes d’histoire religieuse de Renan, comme les puissantes comédies dramatiques de Dumas et d’Augier. […] Me trompé-je en reprenant, à propos du grand chimiste, les termes mêmes que j’appliquais à l’auteur dramatique ? […] Elle a reconnu cette imagination puissante, servie par une érudition à la fois vaste et minutieuse, ce style éloquent et coloré qui s’apparente à Flaubert, cette intensité dramatique qui rappelle le Barbey du Chevalier Destouches et de l’Ensorcelée, et cela sans imitation, par l’originalité d’un des plus vigoureux tempéraments littéraires qui aient paru depuis cinquante ans. […] Nul ne s’est plus soucié que lui d’être intéressant, simple formule et si profonde, mais il a compris aussi que l’intérêt dramatique et sentimental n’est pas complet s’il ne s’achève sur une suggestion d’idées.
Ce roman, qui ne cesse jamais d’être attachant, vivant et dramatique, devient ainsi une sorte de somme des idées contre-révolutionnaires, c’est-à-dire — et M. […] On ne se doute d’ailleurs pas de tous les éléments pittoresques et dramatiques qu’elle est capable de recéler. […] Avec moins de scories, peut-être, plus de vivacité, de mouvement dramatique et certainement une plus fine connaissance du cœur humain, MM. […] Critique dramatique ou romancier d’André Tourette, c’était toujours une sécheresse ironique, parfois assez élégante, qui dominait chez lui.
Il n’en est que plus dramatique. […] Comme théoricien dramatique, Wagner, malgré bien des critiques qu’on lui a faites, me paraît avoir eu, en définitive, gain de cause. […] La tragédie grecque, synthèse de musique, poésie, danse, évolutions rythmiques, sculpture et architecture, était œuvre d’art intégrale ; c’est précisément pour cela qu’il faut que l’œuvre moderne ne le soit pas. » J’ai trouvé cette objection devant moi, il y a quelque vingt ans, alors que, wagnérien sans le savoir, je soutenais que la tragédie grecque était un opéra et qu’elle avait bien raison de l’être et que tout effort pour réintégrer ainsi l’œuvre dramatique était un très louable effort. […] Elle arrive à éliminer du drame, comme au xviiie siècle, tout lyrisme, toute imagination et toute poésie, sous le prétexte, vrai du reste, que lyrisme, imagination et poésie ne font point partie de l’essence même du poème dramatique. […] Duplessis entretient avec Jane Taylor, artiste dramatique, une liaison qu’il entend ne pas rompre après son mariage.
Je n’en citerai que deux, l’une et l’autre d’auteurs dramatiques. […] Douze ans après, il rentra triomphalement par Esther et Athalie, et, s’il n’était pas mort prématurément, c’était tout un nouveau théâtre et toute une nouvelle littérature dramatique, presque inconnue en France avant lui, ou de laquelle, au moins, on s’était désaccoutumé, qu’il allait donner à l’histoire intellectuelle de son pays. […] Je ne serais pas bien étonné que, de tout cela, ne sortît une littérature et, en particulier, une littérature dramatique tout à fait inédite, et très essentielle, et pleine de suc et de moelle.
que de peintures d’un monde dont vous deviez à peine reconnaître l’existence, que vous nommiez tour à tour art dramatique, roman ou poésie ! […] Cette bête intelligente et ambitieuse, dont le nom trouve naturellement sa place dans cette digression sur l’art dramatique moderne, croit s’ennoblir en faisant à peu près tout ce que fait le commun des hommes, les hommes, qui sont bêtes. […] Que disait-on, qu’il n’avait aujourd’hui que de l’indifférence pour les questions littéraires ; que les succès dramatiques s’enlevaient par la claque, et se confirmaient sans protestation dans des feuilletons complaisants ; enfin, que la jeunesse n’avait plus ces intempérances, ces indignations irréfléchies que l’on blâmait, mais que l’on aimait jadis en elle ; en un mot, qu’elle n’était plus jeune ? […] Certains lecteurs de feuilletons trouveront peut-être que la Nichée de gentilshommes manque d’incidents dramatiques : il s’y trouve pourtant plus de douleurs et plus d’amour vrai que dans la plupart des vies d’homme. […] Heureux déjà celui qui n’a point perdu la croyance dans le bien, la persévérance dans la volonté, l’amour du travail. » La donnée, on le voit, quoique simple, est suffisamment dramatique.
Elle s’est, de plus, montrée ingénieuse à composer avec les reliquats des sommes, et moyennant autorisation du Gouvernement, des prix particuliers tout littéraires, soit pour d’utiles et bonnes traductions, soit pour la meilleure tragédie, soit (ce qui vaut mieux) pour les œuvres dramatiques en général.
Cet homme n’est pas le premier venu dans son métier, il parle sans arrêt, sans hésitation, sans repos, jetant de temps en temps au milieu de la phraséologie dramatique et des vieux clichés de la bonne aventure, de crapuleux éclats de verbe et de voix à la Vautrin : « Vous coucherez avec une femme, vous la lâcherez !
Cette faculté prodigieuse qui n’est pas l’impersonnalité, mais la personnalité multiple, cette faculté de l’inventeur dramatique, quand a-t-on vu que l’ait eue Sainte-Beuve ?
Michelet, qui a la haute habitude historique pourtant, s’obstine à vouloir faire une histoire qui remplacera Dieu par la légende révolutionnaire, et des fêtes dramatiques comme à Athènes, et dans lesquelles on verra les Eschyle et les Sophocle de l’avenir jouer dans leurs propres drames, inspirés par les héroïsmes de l’avenir !
La différence entre la poésie pastorale et la poésie rurale des Géorgiques, c’est la peinture de l’amour et l’expression dramatique dans la vie la plus simple.
Et l’on y trouve, en un sens plus large que celui du théâtre ordinaire, un intérêt dramatique passionnant ; nous assistons aux efforts successifs et infructueux de l’Italie pour conquérir cette unité à laquelle Dante et Pétrarque aspiraient déjà. […] Michaut, ne sont créateurs que les romanciers et les auteurs dramatiques, qui créent des personnages vivants. […] Il n’y a point apparence que ce fût un chef-d’œuvre, car l’âge avait un peu refroidi la verve de La Fontaine et ce n’est pas dans le genre dramatique qu’il avait du génie. […] La place me ferait défaut pour en indiquer ici les résultats détaillés : car Striyenski n’a pas adopté le système de la large coupure franche, comme un auteur dramatique qui supprime carrément un acte entier. […] Le critique dramatique du Mercure de France, M.
Lorsque je l’eus admiré, durant quelques minutes : — C’est très beau, avouai-je, très impressionnant, très dramatique… Mais le sublime, avec ses ordinaires accessoires : les couronnes brisées, les crânes en poussière, les vieux tombeaux, ne trouvez-vous pas qu’il a, parfois, ses dangers ? […] Et c’est spirituel, sensuel, profond, dramatique, angoissant ! […] Ce qui crie, ce qui proclame la beauté inaccoutumée de cette œuvre nouvelle, même dans l’œuvre de Zola, ce qui fait de ce livre un livre différent, non seulement des autres livres, mais du livre en soi, ce n’est pas l’affabulation dramatique, contre laquelle, d’ailleurs, nous pourrions émettre quelques objections ; c’est, à la fois, un sentiment nouveau et une vieille idée, une prescience du futur, une intelligence de ce qui doit être, par conséquent, une prophétie et un ordre… C’est surtout ce long, ce puissant, ce formidable appel de résurrection qu’il fait entendre, et qu’il faut entendre, si nous ne voulons pas mourir… Aussi nous ne devons pas nous arrêter à ce que nous pouvons, çà et là, trouver d’illogique et d’arbitraire en cet Évangile. […] Émouvant, non seulement par les qualités dramatiques dont il est rempli, par la vie ardente, passionnée, sans cesse créatrice qui l’anime de la première à la dernière page, mais encore — et c’est là, à mon sens, la beauté nouvelle de ce livre extraordinaire — par la mise en œuvre, par la construction forte et logique d’un idéal social : le bonheur humain dans le travail réorganisé, dans le travail devenu, enfin, ce qu’il doit être, une joie d’homme libre, au lieu de rester ce qu’il fut toujours, plus ou moins, une souffrance, une abjection d’esclave… Glorification sublime, magnifique épopée du travail conquérant, peu à peu, avec toutes les résistances humaines, toutes les forces et toutes les richesses de la nature, pour en faire, non plus le privilège de quelques-uns, mais la jouissance et la propriété de tous !… Ils sont peu nombreux, en n’importe quelle littérature, ceux qui dans une action dramatique, qui vous prend aux entrailles, au moyen des personnages qui ne sont point des personnages de féerie, ou des abstractions philosophiques, mais qui vivent réellement dans notre humanité, ils sont peu nombreux ceux qui furent capables de concréter un tel rêve, et de donner à ce rêve la forme d’une réalisation possible et vivante… Pour une œuvre aussi gigantesque — puisqu’il ne s’agit de rien moins que de remettre à la fonte tout un système social et d’en diriger la coulée nouvelle vers des moules nouveaux — pour rendre sensible aux yeux de tous une telle œuvre, pour la faire vivre, enfin, d’une vie plausible, il fallait un cerveau dont nous n’avons plus guère l’habitude, un cerveau où la conception de la science et de la philosophie s’alliât à toutes les ressources inventives, à toutes les émotions d’un art supérieur.
Jules Lemaître romancier et auteur dramatique Bravant le préjugé qui emprisonne chaque écrivain dans un genre, M. […] Pour l’homme d’aujourd’hui la perle de la foi n’est plus dramatique. […] Il y montrait, avec un peu plus de justesse et de sûreté qu’on n’eût voulu, la pauvreté de l’école ; et il y signalait comme tout proche le jour où cette doctrine, à laquelle on allait proclamant qu’appartenait l’avenir, ne serait plus qu’une doctrine morte et reniée déjà par ses plus fervents ou ses plus imprudents adeptes de la veille. — Les hugolâtres : car il a commis l’un des premiers cette impiété de parler du dieu sans superstition. — Les romantiques attardés, ceux qui trouvent de la philosophie dans Tragaldabas et qui prennent encore Dumas père pour un écrivain. — Certains fanatiques de Voltaire, ceux à qui il ne saurait convenir, puisqu’ils en ont fait l’un des ancêtres de la démocratie, d’entendre rappeler qu’il fut le plus déterminé des aristocrates et le plus empressé des courtisans. — Les amis de ce Béranger, dont il n’a cessé de dénoncer la platitude et la vulgarité. — les Baudelairiens, et ceux qui ont organisé autour de ce prétentieux Beyle un petit culte de chapelle. — Les auteurs dramatiques, qui ne lui pardonnent pas d’avoir, comme on dit, « éreinté » Labiche et affecté de ne voir, dans ce candidat à l’Académie, que l’auteur de Si jamais j’te pince ! […] Enfin, pendant trois années, il a été chargé du feuilleton dramatique au Soleil. Dans ses travaux de critique dramatique, M.
Le Dies Iræ n’a point de violences plus éclatantes, l’évocation y est dantesque mais plus plausible et je ne connais guère que la Danse Macabre d’Holbein qui atteigne à une effroyable et aussi dramatique intensité. […] Cependant en plusieurs occurrences, et notamment dans Swanhilde, poème dramatique, M.
On commençoit, il est vrai, à observer les règles Dramatiques, à dessiner mieux un plan, à soutenir davantage les caractères ; mais on ignoroit l’art de joindre (*) à ces mêmes règles la majesté de la Tragédie, la noblesse des caractères & la force de la versification. […] Les Discours qu’il a joints à ses pièces de Théâtre renferment une Poëtique admirable, que nos jeunes Auteurs devroient bien consulter, non-seulement pour y prendre des instructions sur l’Art Dramatique, mais des leçons de modestie sur la véritable estime qu’on doit avoir de soi-même.
Conserver en soi ce feu de la jeunesse, accorder aux conflits qui se déroulent dans l’esprit le même intérêt dramatique que nos auteurs reconnaissent seulement aux conflits sentimentaux, et, selon l’exemple de Nietzsche, faire à toute heure de l’exercice de l’intelligence, une passion, — tel fut le secret d’Henri Franck, et l’essentiel de son évangile. […] Les critiques dramatiques de M. […] Il en va du moins ainsi dans la plupart des familles françaises qu’il m’a été donné d’approcher : et ce n’est pas ma faute si elles ne ressemblent guère à celle que nous présentent certains auteurs dramatiques contemporains. […] Alors, nous assistons à un drame qui a juste autant de réalité que ceux qui se déroulent sur la plupart de nos théâtres, un de ces conflits créés par un décret de la Providence des auteurs dramatiques, une bataille-fantôme, un duel entre deux moulins à vent.
C’est à partir d’ici que la partie dramatique du livre devient plus saisissante encore. […] Alexandre Parodi, a publié chez Dentu une œuvre dramatique en deux parties, intitulée Séphora. […] Adam se met à la recherche de Caïn, et c’est là qu’est l’intérêt dramatique du beau poème de M. […] Octave Feuillet est digne de ses devanciers : même respect de la forme, même élévation de sentiments, même mouvement dramatique. […] Ici commence le second chapitre et le plus dramatique des amours de Philippe.
Montigny avait, en effet, le droit de représenter une pièce qu’on lui avait adressée, avec prière de la jouer, et dont les droits d’auteurs, perçus par l’agent dramatique, seraient à la disposition de l’inconnu, quand il lui plairait de se faire connaître ; mais le directeur du théâtre n’avait pas le droit de vendre à un éditeur la pièce qu’il représentait. […] « Je recommande ce précepte à mes jeunes confrères, peut-être un peu ahuris au milieu des principes dramatiques nouveaux qu’ils entendent énoncer de toutes parts, je leur recommande bien de ne jamais terminer une pièce ayant la prétention de reproduire une phase de la vie réelle par l’intervention du hasard. […] Jules Lemaître ne sont pas aussi dramatiques, mais tous sont traités avec un égal souci de la perfection. […] En philosophe qu’il était, l’auteur écrivit deux charmantes pièces de vers où je trouve des strophes que tous ses confrères en art dramatique devraient retenir et méditer : Que, d’humeur clémente ou farouche, Le public siffle à pleine bouche Ou batte des mains, Qu’est-ce que ça change à la chose ? […] L’expédition dans les Calabres, en Pouille, à Naples, est particulièrement intéressante et dramatique ; nous retrouvons là un récit du miracle de saint Janvier auquel a assisté Thiébault, je passe les commencements de la scène et j’arrive au fait.
» Banville est un excellent critique dramatique : il sait raconter une pièce et la juger. […] Après avoir publié à la Revue des deux mondes ses études sur le théâtre anglais, il donnait à la Fortnightly Review la série d’études qu’il a intitulées De Dumas à Rostand : c’est l’esquisse, et très finement tracée, du mouvement dramatique en France. […] En 1898, appréciant les auteurs dramatiques déjà célèbres, il annonce « de hautes destinées » à l’un d’eux, à M. […] Peut-être aussi découvrirait-on, dans les poèmes dramatiques de Robert Browning, le thème de la vie séparée et de la vie secrète. […] Elle y a vu « les débats de l’éternel trio, le mari, la femme et l’amant, dont le nul d’amour se communique de scène en scène et fait ressembler le cabinet de travail de l’auteur dramatique à un cabinet de consultation pour maladies sentimentales et mentales ».
C’était la première fois qu’un poète dramatique, parmi les nouveaux et les tout modernes, montait résolument à l’assaut et s’emparait du théâtre pour y planter son drapeau comme sur une brèche ; mais ce drapeau ainsi planté hardiment et avec témérité, en lieu si escarpé et si abrupt, tiendrait-il ?
A son brusque début, on l’a pu prendre pour un fragment, et c’est ce qui l’aura fait négliger ; mais André aime ces entrées en matière imprévues, dramatiques ; c’est la jeune Locrienne qui achève de chanter : « Fuis, ne me livre point.
On croit sentir plus de loisir dans le travail ; les temps aussi sont plus dramatiques ; le passage de la république à l’empire est plus récent, la tyrannie est plus neuve, les hypocrisies, les forfaits plus effrontés, les avilissements plus bas.
Ce dernier souper des victimes m’avait paru à moi-même si improbable et si dramatique, que j’avais trouvé là à l’histoire un faux air de poème ou de roman, et que j’avais résolu de le révoquer en doute ou de le réduire aux proportions les plus prosaïques de l’histoire.
Une révélation de son génie inné lui avait fait imiter sans efforts l’expression des fortes sensations : effroi, amour, contemplation, tristesse, deuil, désespoir, sur le visage et dans la pose du corps, pour produire sur l’œil ce que la poésie dramatique ou épique la plus éloquente produit sur l’imagination la plus sensible.
Despréaux arrive, récite de ses vers ; on dîne, on médit d’une tragédie de La Serre ; et en prenant le café sous un berceau, dans le jardin, la conversation tombe sur la déclamation dramatique : Boileau, évoquant les souvenirs d’un temps qui lui est cher, montre comment la Champmeslé disait un vers du rôle de Monime, ou Molière une tirade du Misanthrope.
Les restitutions de mœurs lointaines et de civilisations disparues faisaient souvent éclater l’étroitesse de la forme dramatique : nos romantiques se trouvèrent plus à l’aise dans la forme indéterminée du roman, qui se resserrait ou s’étendait selon la matière ou la fantaisie.
On se voit donc en présence d’une œuvre d’art complète, en laquelle s’identifient absolument les éléments dramatiques, lyriques et symphoniques.
Elle fait une dernière apparition, une trentaine d’années plus tard, au commencement de la Prise de Troie, dans l’Allégro : « Quitte-moi dès ce soir » de l’air de Chorèbe dans la scène avec Cassandre ; voir l’intéressante interprétation de ce passage dans le volume d’Alfred Ernst ; L’œuvre dramatique de Berlioz (Calmann Lévy, 1884) [NdA] 59.
Quand je me déciderai à tenir ma promesse et à étudier les agents de publicité, je ne pourrai plus ignorer qu’il existe des gens dénommés critiques dramatiques.
C’est un succès oratoire plus encore qu’un succès dramatique.
Dans la Légende des Siècles, les contrastes dramatiques abondent.
Voltaire, philosophe, historien, critique, érudit, commentateur, poète épique, poète dramatique, poète satirique, poète burlesque et scandaleux, poète léger et rival en grâce d’Horace son maître ; Voltaire surtout, correspondant de l’univers et répandant dans ses lettres familières, chef-d’œuvre insoucieux de soixante-dix ans de vie, plus de naturel, d’atticisme, de souplesse, de grâce, de solidité et d’éclat de style qu’il n’en faudrait pour illustrer toute une autre littérature.
On se battit réellement pour ses drames, pleins de beautés grandioses et d’effroyables énormités, quand, un jour, trouvant le Théâtre trop petit pour l’envergure de sa pensée, il fit Cromwell, l’injouable Cromwell, plus long que les trois Wallenstein de Schiller, et qui est certainement son chef-d’œuvre dramatique, — une énormité réussie, mais, enfin, une énormité !
V Voilà, en toute brièveté, dans sa conception sans profondeur et dans sa chétive combinaison dramatique, — si chétive qu’elle arrive à la nullité, — ce roman de M.
L’un devait me dire s’il croyait qu’une des manifestations du nouveau mouvement serait un renouvellement de la littérature dramatique, l’autre s’il y distinguait des tendances à l’expression de l’âme moderne et à sa moralisation, ou bien s’il n’y voyait que de simples didactismes de lettrés se désintéressant de la vie et n’ayant d’autre préoccupation que de réaliser la symbolisation de la beauté ? […] Prenons, par exemple, Vielé-Griffin qui est une des intelligences les plus complètes de ce temps et dont les livres décèlent à la fois une rare aptitude au dramatique et des dons lyriques admirables. […] Critique dramatique du Siècle, devenu critique dramatique de l’Événement, curieux de tout, très érudit, d’une érudition qui ne se contente pas de connaître le titre des volumes mais qui en sait le contenu et tâche à en démêler les rapports intellectuels. […] Il a montré au Théâtre-Libre, avec un bonheur qui n’a pas été égalé, du dramatique suggestif : La mort du duc d’Enghien.
Ampère, en le supposant lancé dans cette même voie dramatique, n’eût guère pu que le suivre ou le côtoyer, avec plus de conviction et de sens critique assurément, mais avec infiniment moins d’adresse et moins d’élégance. […] Il était davantage dans ses tons en présentant une analyse et un jugement excellent des œuvres dramatiques de Goethe (29 avril et 20 mai 1826).
La figure de Brutus, qui s’est retiré dans l’ombre et près de la statue de Rome pendant que l’on rapporte les corps mutilés de ses fils dans l’intérieur de sa maison, produit de l’effet ; mais ce genre de beauté est plus dramatique que pittoresque, et dans le tableau dont il est question, cette pensée tragique est tant soit peu obscurcie par l’opposition peu naturelle, révoltante surtout, du groupe de la femme de Brutus et de ses deux filles, qui sont spectatrices de la scène sanglante qui occupe le fond du tableau. […] La pantomime de ce tableau est dramatique ; et, bien que son exécution manque de soudaineté et d’énergie, cet ouvrage fut accueilli par le public avec des applaudissements dont aucun succès obtenu depuis ne peut donner l’idée. […] En effet, les artistes lui surent gré des efforts qu’il avait tentés dans cette partie de son ouvrage, mais la masse du public montra sa préférence pour tout ce qui y est imité plus simplement et dont l’expression est plus dramatique. […] La partie dramatique des Sabines, assez vague effectivement, produisit donc peu d’effet, et ce fut le naturel souvent exquis avec lequel plusieurs personnages sont rendus qui fixèrent l’attention et ravirent tous les suffrages. […] Entraîné par les idées nouvelles que lui avait suggérées la vue de quelques peintures d’Herculanum et de Pompéi, par les descriptions de Pausanias46 à l’occasion des tableaux que Polygnote exécuta dans le Pœcile à Athènes, ainsi que par les compositions sur un seul plan de Pérugin et de quelques-uns de ses prédécesseurs, David conçut la pensée, pour ramener l’art de la composition à cette simplicité antique, d’intéresser le spectateur, non pas comme l’ont fait les peintres depuis le xviie siècle, en sacrifiant tout à l’effet dramatique, mais, au contraire, en fixant l’attention successivement sur chaque personnage par la perfection avec laquelle il serait traité.
Toutes les expériences imaginables ayant été faites désormais le sang rouge et le sang bleu ayant coulé ensemble dans le même ravin révolutionnaire ; les anciennes larmes amoureuses de la foi chrétienne ayant été détournées par de modernes ingénieurs pour l’irrigation du potager dramatique ; la noble gloire militaire ayant servi, comme une chandelle de deux sous, à graisser les bottes nauséeuses de l’Allemand ; la littérature, enfin, ayant réussi, en moins de soixante ans, à exténuer si complètement l’esprit français que ce malade en est réduit aux liquides de Zola ou de M. […] Un dimanche, je passais devant le Théâtre-Français, à l’heure même où finissait une de ces matinées qui précèdent, à Paris, le coucher du soleil, et qu’on a inventées pour teindre de littérature dramatique les intelligents bourgeois que le repos dominical pourrait amollir. […] Mais j’ai lu passablement de comédies ou de drames et j’ai toujours vu par la pensée les mêmes fantoches dramatiques s’agitant dans la même demi-douzaine de situations à effet certain, tandis qu’au-delà de l’absurde coupe transversale, dans la buée de l’amphithéâtre, l’innombrable bétail humain mugissait au diapason. […] Quant à l’auteur dramatique, je ne le connaissais guère que par d’anciennes lectures qui avaient fort ennuyé mon adolescence et que la brièveté de la vie ne m’avait pas permis de recommencer.
Nous avons vu que son grand procédé, sa grande faculté, c’est l’observation, l’observation dépouillée de tous les accessoires que recherchent ordinairement les auteurs dramatiques. […] Je ne crois pas en effet que, dans notre langue au moins, aucun écrivain dramatique ait su se plier au personnage et s’assimiler sa manière de parler, comme Molière ; et cela est d’autant plus remarquable, que, considéré en lui-même, Molière a un style très personnel, rempli de défauts et de défaillances. […] En 1662, au début même de sa véritable carrière dramatique, il arriva à Molière un événement qui devait jouer un grand rôle et exercer une grande influence, non seulement dans sa vie privée et particulière, mais encore dans sa vie de poète ; il prit femme, et dans les conditions les plus inattendues de sa part. […] Celles-ci, par exemple, qu’on pourrait intituler : « De la prédominance, chez Molière, de l’étude morale et dramatique des caractères sur l’invention scénique, la technique théâtrale » (première conférence). — « De la puissance de Molière à donner aux caractères qu’il met en scène une valeur typique » (deuxième conférence). — « De l’action historique du génie de Molière ; de certaines transformations heureuses dans l’esprit et l’état de la famille, dans les mœurs, dans les relations de l’état social, auxquelles, pour une part, le théâtre de Molière a contribué » (quatrième conférence). — « Des causes personnelles et diverses de l’animosité qu’il a déployée dans sa guerre à la médecine et aux médecins » (troisième conférence), etc.
Auteurs dramatiques, ils laissent se perdre toute la valeur d’une pensée parfois originale, par la gaucherie et l’insuffisance des moyens scéniques. […] De ce dévergondage et de ces violences est sortie la plus belle poussée de génie dramatique : quarante poètes, parmi eux dix hommes supérieurs et le plus grand de tous les artistes qui avec des mots ont interprété des âmes ; plusieurs centaines de pièces et près de cinquante chefs-d’œuvre ; le drame promené « à travers toutes les provinces de l’histoire, de l’imagination et de la fantaisie. […] Et parce qu’il se rend bien compte, comme moraliste, qu’il avance une énormité, et, comme auteur dramatique, qu’il fait violence à l’opinion du public, il se contente d’autoriser de l’exemple du fantaisiste Sire de Pontamafrel la thèse de la réciprocité. — Dans les dernières pages de Crime d’Amour, le héros de M. […] Seulement, il a pris quelque embonpoint, ainsi qu’il convient à un homme établi, personnage important dans le monde des lettres, auteur dramatique en renom, directeur de revue, chevalier de la Légion d’Honneur, officier d’Académie et lauréat de l’Académie française. […] On se représenterait assez bien cet auteur dramatique sous les dehors d’un gentilhomme campagnard égaré sur le pavé de Paris.
J’ai été en cela plus dramatique que juste, je le dis à la postérité.
Jovialités facétieuses, et brusques indignations, apostrophes brutales, apologues satiriques, dialogues comiques ou dramatiques, quolibets des halles et pédantisme de l’école, descriptions saisissantes de vérité vécue, et parfois à l’aventure d’étonnantes images de mélancolie profonde, des jets hardis de poésie pittoresque, tout se mêlait, se heurtait dans cette verve puissante dont ils enlevaient les foules, grands et peuple.
Un troisième correspondant a eu une autre idée : « … Les vers que vous citez : Ton nom… Tu sais que dans le mien le ciel daigna l’écrire, me semblent s’appliquer parfaitement à Saint-Marcellin, fils naturel de Fontanes, auteur dramatique et journaliste, et qui fut tué en duel en 1819 ou 1820. » Eh bien !
La proposition grammaticale coïncide avec le vers, ou, plus souvent, les membres de chaque proposition sont présentés séparément ; parfois même il suffit d’un fragment de l’un d’eux pour remplir tout un vers lorsqu’il a une particulière importance descriptive, suggestive ou dramatique et, — chez M.
Mais comme c’est une vérité de l’art littéraire ou poétique observée par Voltaire, que ce qui fait rire au théâtre, ce sont les méprises des personnages, et que c’est une autre vérité recueillie par l’observation, que la méprise la plus risible et la plus ridicule consiste essentiellement dans la prétention manquée, il faut avoir plus d’esprit qu’il ne m’en appartient, pour reconnaître que Molière, ce grand maître de l’art dramatique, cet observateur profond, n’a exprimé ou sous-entendu ces vérités dans la préface des Précieuses que pour masquer un gros et plat mensonge sur ses intentions relativement à l’hôtel de Rambouillet.
Tel est ce drame ardent, vivace, passionné, qui inaugure un nom, qui popularise un théâtre, qui promet un maître à l’art dramatique.
* * * — C’est curieux, ce besoin de dramatique qu’a l’humanité.
L’épique, le lyrique et le dramatique amalgamés, le roman est ce bronze.
La poésie narrative, la poésie descriptive, qu’il faut appeler la poésie pittoresque pour lui donner un nom honorable, et elle le mérite chez lui, la poésie dramatique, la poésie élégiaque, la poésie philosophique, il a touché à tout cela avec infiniment de talent dans chaque genre.
L’écrivain qui fait un roman, l’auteur dramatique qui crée des personnages et des situations, le musicien qui compose une symphonie et le poète qui compose une ode, tous ont d’abord dans l’esprit quelque chose de simple et d’abstrait, je veux dire d’incorporel.
Ivan Tourgueneff (suite) I Jacques Passinkof, Faust, le Ferrailleur, les Trois Portraits, l’Auberge de grand chemin, quelques essais dramatiques et enfin Deux journées dans les grands bois, magnifique scène descriptive des plaines ténébreuses de la Grande Russie, forment le premier et le second volume de cette collection étrange, pittoresque et attachante. […] Quoiqu’écrivain supérieur à Balzac dans la perfection des détails et dans le portrait des personnages, hommes ou femmes, il n’atteignit pas du premier coup la grandeur de son cadre, il ne sut pas ramener comme nos romanciers la diversité des caractères à l’unité dramatique.
Dujardin ne s’oublia pas lui-même ; il écrivit des contes, des poèmes, un roman et une trilogie dramatique, la Légende d’Antonia. […] Mazel aime à traiter dans les solides études qui, paralipomènes de ses fresques dramatiques, requièrent fréquemment ses méditations. […] Dirions-nous qu’il a le don du tragique et, en puissance, toutes les vertus d’un grand poète dramatique : peu de têtes se retourneraient et peu sans un mauvais sourire.
Cette recherche fiévreuse de l’expression dramatique que nous avons entreprise avec Wagner, nous pensions qu’elle exigeait d’abord l’abandon de tous les moules musicaux, de toutes les formes prescrites ; elle nous semblait impossible sans ce sacrifice préalable. […] Un air ou un chœur de Dardanus, encadré par ses ritournelles ou engagé entre deux récits de forme à peu près fixe, est aussi expressif que les plus libres mélodies dramatiques d’aujourd’hui. […] Comme l’orchestre wagnérien il semble vouloir emplir à chaque instant une forme invisible. — Mais Wagner, que guide un profond instinct dramatique, sait fléchir sa tension ; il sait l’art de préparer en atténuant ; parfois il cède un peu de sa ressource pour ménager une éclosion ; sa richesse, ayant une autre fin qu’elle-même, parfois s’oublie et consent à montrer un visage terne. […] La sobre délicatesse d’Iberia permet d’imaginer une déclamation dramatique tout imprégnée de sévérité, une musique toute serrée et nue, et dont l’expression ne sera que par sa rigueur même émouvante.
qu’il vienne, qu’il s’élève de quelque part ce libre esprit et peintre à la fois, ce génie dramatique incisif, amer et éloquent !
Littérature dramatique de l’Allemagne.
. — Un pensum dialogué en vers toscans, voilà le vrai nom que l’Italie laissera à son prétentieux poète dramatique, jusqu’à ce qu’on n’en parle plus, quand l’Italie aura son théâtre sérieux, après la fédération nationale des Italiens modernes ?
Elle ne sera plus épique ; l’homme a trop vécu, trop réfléchi pour se laisser amuser, intéresser par les longs écrits de l’épopée, et l’expérience a détruit sa foi aux merveilles dont le poème épique enchantait sa crédulité ; elle ne sera plus dramatique ; parce que la scène de la vie réelle a, dans nos temps de liberté et d’action politique, un intérêt plus pressant, plus réel et plus intime que la scène du théâtre ; parce que les classes élevées de la société ne vont plus au théâtre pour être émues, mais pour juger ; parce que la société est devenue critique de naïve qu’elle était.
C’est un vrai poète (il en avait l’âme et l’oreille), un amant de la campagne, qui dans le plus faux des genres, dans la pastorale dramatique, a su jeter quelques impressions profondément sincères, un doux mélancolique qui a pleuré la fuite des choses et le néant de l’homme en strophes lamartiniennes, du milieu desquelles parfois s’enlèvent puissamment de magnifiques images, des périodes nerveuses et fières.
MM. d’Indy et Chabrier ; et d’autres avec eux, par les théories et les œuvres Wagnériennes ont appris à répudier la loi du poème à forme fixe ; leur esprit s’est habitué à un développement libre des émotions ; et, en même temps qu’ils s’inspiraient de la forme dramatique Wagnérienne, ils s’inspiraient (justement), de la langue Wagnérienne.
Cette poudrière d’or qui saute en un clin d’œil, c’est de la pyrotechnie dramatique ; mais il ne fallait pas moins que ce feu de joie aux noces épurées de M. de Trélan.
Histoire vécue plutôt que roman, c’est comme le journal de la guerre de 1870, tenu minutieusement à jour, racontant par le détail tous les événements, expliquant le retentissement et le contrecoup qu’ils eurent, sur l’heure même, dans l’intelligence, dans l’âme et dans le cœur de ceux qui en ont été les acteurs et les victimes, et unissant à une dramatique précision une chaleur et une émotion communicatives.
Alors Crémieux, Halévy et Siraudin étaient les collaborateurs du duc et ses confidents littéraires, et Siraudin, à ce propos, tenta avec la diplomatie d’un auteur dramatique doublée de celle d’un confiseur, d’opérer un rapprochement entre Rochefort et de Morny.
Enfin, — et c’est là peut-être la source la plus féconde, — sous l’action de certaines théories scientifiques, il se produit une agitation prodigieuse d’idées, un conflit dramatique des consciences qui semble s’accroître tous les jours.
Henri-René Lenormand (1882-1951) est un auteur dramatique à succès, lié à la Compagnie Pitoëff.
Et cependant, cette histoire, individuellement dramatique, pouvait s’ouvrir à plus larges battants, et l’action du premier Guise se produire sur un grand fond qui n’est pas ici, et qui devait être le tableau complet, moral et intellectuel de l’Europe.
Hémistiches alternés et pondérés, balance exactement équilibrée, périodes mesurées, sévérités rythmiques, splendeur de vocabulaire, majesté d’images, voilà les caractères essentiels, grands et profonds, qui ont toujours distingué le vers, dans les œuvres lyriques ou dramatiques de tous les âges.
XV Car la question poignante d’un livre qui pouvait être si dramatique et si terrible est de savoir si l’âme et le génie peuvent vivre, dans leur double intensité, au fond de ce système nerveux endiablé, comme disait Voltaire, d’une comédienne qui aime son art comme tout être de génie aime le sien, et qui lui demande ses émotions, son bonheur et sa gloire.
Il y a là une observation pour le physiologiste, il y en a une pour le peintre, pour l’homme du monde, pour le psychologue, pour l’auteur dramatique, pour le premier venu.
Les auteurs classiques, même dans leur poésie lyrique, ne se peignent point et le goût des auteurs classiques pour la poésie dramatique vient en partie de ce que c’est la forme de poésie où la personne de l’auteur et sa pensée intime se dérobent le plus. […] Dramatique, il le sera peu ; il le sera (chose d’une extrême importance pour l’histoire de l’art à la date où il l’a été, mais insuffisante en définitive) par tout le côté pittoresque, impuissant du reste à donner la vie complète à ses personnages.
Deux grands poèmes de forme dramatique encadrent l’œuvre, qui s’ouvre sur un ardent appel à l’amour et aux voluptés, clamé « vers qui pourrait entendre » par le Veilleur des tours, et se clôt sur un hymne extasié à la Nuit, vêtue de noire chevelure piquée d’astres de diamants : Et tu nous ris de toutes tes étoiles, Nuit abondante qui nous enveloppe de son voile !
. — La déformation dramatique consiste à grouper les faits pour en augmenter la puissance dramatique en concentrant sur un seul moment ou un seul personnage ou un seul groupe des faits qui ont été dispersés. […] Il faut se défier de tout récit très pittoresque, très dramatique, où les personnages prennent des attitudes nobles ou manifestent des sentiments très intenses. […] Le but est de « faire revivre des coins du passé » en des tableaux dramatiques, artistement fabriqués avec des couleurs et des détails « vrais ». […] A l’étude des accidents individuels, à la biographie, aux épisodes dramatiques ou à l’étude des enchaînements et des évolutions générales ? […] On ne demande plus guère à l’histoire des leçons de morale ni de beaux exemples de conduite, ni même des scènes dramatiques ou pittoresques.
Mentionnons cependant Henri de Kleist, poète et auteur dramatique qui, à la suite des désastres de sa patrie, tombé dans une mélancolie profonde, se donna la mort, et que M. […] Rien de plus poignant, on peut dire de plus dramatique, que le récit de cette révélation ; de cette nuit d’hiver dans une chambre étroite et nue de l’École Normale, à la clarté d’une lune à demi voilée par les nuages ; de cette funeste nuit pendant laquelle fut déchiré le voile qui dérobait à Jouffroy sa propre transformation. […] » Ce dernier, traducteur des œuvres dramatiques de Gœthe, prononçait des paroles amères que son ami nous a rapportées : « Albert me disait l’autre soir : il y aura toujours quelque chose de sombre, de désenchanté au fond de notre existence » (Lettres de 1820 et 1821). […] Il mourut le 12 février 1835, date qui coïncidait, nous le verrons plus loin, avec la représentation d’une œuvre dramatique, offrant avec cette mort, une douloureuse analogie. […] Ils avaient écrit des poésies fugitives ; Escousse avait fait représenter, avec des succès inégaux, deux œuvres dramatiques, et il avait composé, en collaboration avec Lebras, une tragédie que le public avait fort mal traitée.
A quoi attribuer cette habitude, ce tour d’esprit de notre grand poète dramatique ? […] De là ce génie dramatique, ces notes du Don Juan, si passionnées que les chanteuses italiennes ne pouvaient les chanter. […] Le génie dramatique lui vint ; il le dut au drame intérieur qui se passa en lui. […] L’un et l’autre, sans doute, sont admirables, pathétiques, dramatiques ; mais peu chrétiens, et même peu religieux. […] Sa peinture, toutefois, après avoir été d’abord uniquement représentative, devint peu à peu dramatique.
C’est dans ces bas-fonds, sur ces fumiers, parmi ces dévergondages et ces violences, que poussa le génie dramatique, entre autres celui du premier, d’un des plus puissants, du vrai fondateur, Christopher Marlowe. […] Shakspeare et tous les auteurs dramatiques.
Mais par le vif des analyses, par le dramatique des situations, par l’intensité du sentiment, c’est surtout à Gontcharoff qu’il fait songer. […] S’il faut dire, ce dernier livre n’est point tout à fait indigne de M. de Montépin, et telles pages, dans le premier, atteignent au dramatique sombre de Ponson du Terrail. […] Ohnet s’est emparé du public et s’il le tient toujours, c’est qu’il a les deux qualités qui décident habituellement de ces sortes de succès : ses livres sont charpentés de main d’ouvrier et il apporte une réelle puissance au développement des lieux communs dramatiques de l’amour.
Après le sonnet didactique et le sonnet dramatique, voulez-vous un sonnet élégiaque ? […] Ces morceaux dramatiques étaient, je pense, l’œuvre de quelque digne abbé ou de quelque vertueuse demoiselle. […] Car les Mounet sont ainsi : chacun d’eux est persuadé que son frère est le plus grand artiste dramatique de tous les temps.
La Peur est un récit minutieux et dramatique d’une impression d’enfance.
Sans nous étendre sur les événements trop souvent microscopiques qui composent l’histoire de la Toscane, cette Athènes de l’Arno, aussi illustre et aussi dramatique que l’Athènes du Céphise, jetons un regard seulement sur les fondements de cette histoire où Machiavel décompose et recompose en quelques pages l’Italie tout entière ; cette anatomie, aussi savante que lucide, rappelle tout à fait, par sa structure fruste mais indestructible, ces monuments cyclopéens qui portaient des temples ou des villes, et qu’on rencontre encore çà et là sur les collines de l’antique Étrurie.
Cela donne lieu à des scènes peu vraisemblables, tirées par les cheveux, mais dramatiques et dignes d’un grand maître de larmes, par le pathétique des situations et par la naïveté des amours qui en sont la suite.
L’art de Pascal est de ne jamais dépasser la mesure ; il fait une comédie qui n’a pas besoin du théâtre, sans machine et sans décors, dans ce juste degré de dramatique et d’illusion auquel nous pouvons nous prêter hors de la scène.
Cours de littérature dramatique, t.
» Oui, il y a vraiment dans le temps de critique et d’analyse où nous vivons, abus d’ingénuité en ce génie de 1830 : le masque à bandeau qui rend Triboulet sourd et aveugle à la fois, et lui fait encore perdre le sentiment de sa droite et de sa gauche, est une invention dramatique par trop enfantine.
Il porta la force du raisonnement dans l’art de prêcher, comme Corneille l’avoit porté dans l’art dramatique.
Cité comme témoin devant la Cour de Rouen, Alexandre Dumas père répondit au président qui, selon l’usage, lui demandait quelle était sa profession : « Je dirais auteur dramatique si je n’étais dans la patrie de Corneille. » Ce magistrat lettré s’écria : « Dites toujours, monsieur ! […] Qu’il n’aborde pas l’art dramatique. » Et il ne s’agit ici que des diverses provinces littéraires. […] Élémir Bourges, mais il ne faut dédaigner ni Sous la hache, dramatique épisode de la Révolution, ni surtout la Nef, œuvre considérable, mais un peu hermétique, et dont le premier volume seul a paru. […] Dans ces trois premières parties, point d’événements d’aucune sorte : nulle action dramatique ; pas davantage de descriptions ni de scènes pittoresques. […] Ce récit rapide, dramatique et violent ne donne évidemment qu’un croquis partiel de mœurs coloniales.
Elle n’en avait fait que bien peu jusqu’alors dans la partie Dramatique. […] Jodelle a du moins posé la premiere pierre de l’édifice Dramatique. […] Le goût décidé qu’eut le Cardinal de Richelieu pour les productions dramatiques, fut la source d’une émulation toujours favorable aux Arts qui en sont l’objet. […] Ce genre n’offre pas à l’imagination les mêmes ressources que le genre Dramatique.
Je voudrais qu’une représentation dramatique rappelât en quelque chose, pour rester véritablement un jeu, les boîtes de Nuremberg, les arches de Noé et les tableaux à horloge. […] Les représentations dramatiques étaient fréquentes dans les couvents de filles nobles et lettrées. […] Il ne néglige rien pour nous rendre le ciel intéressant, dramatique, romantique, pittoresque, amusant et moral.
En toute cette partie si dramatique, le poëte grec est presque l’égal de Virgile, et il a été l’un de ses modèles.
Ces neuves et vivantes descriptions du paysage, la scène dramatique d’Antonia au piano devant cette glace qui lui réfléchit brusquement, au-dessus des plis de son cachemire rouge, la tête pâle et immobile de l’amant inconnu, ce sont là des marques aussi de franche possession et d’indépendante investiture.
Le point de départ de ces illusions n’est pas difficile à démêler ; on le trouve dans le procédé d’esprit de l’écrivain dramatique, du conteur, de toute imagination vive ; au milieu d’un monologue mental, une apostrophe, une réponse jaillit ; une sorte de personnage intérieur surgit et nous parle à la deuxième personne : « Rentre en toi-même, Octave, et cesse de te plaindre. » — Maintenant, supposez que ces apostrophes, ces réponses, tout en demeurant mentales, soient tout à fait imprévues et involontaires ; cela arrive souvent.
C’était une scène fort dramatique, et dont le silence augmentait l’intérêt.
Mais poète dramatique allons donc !
Vendredi 12 mars Une maîtresse inférieure n’est jamais complètement associée au monsieur, avec lequel elle couche ; elle aura pour lui le dévouement dans les révolutions, les maladies, les événements dramatiques, mais en pleine existence tranquille et bonasse, l’amant d’une autre caste trouvera chez elle, le retrait, l’hostilité même intérieure d’un peuple, contre une aristocratie.
Le grand homme n’est plus celui qui fait vrai, c’est celui qui sait le mieux concilier le mensonge avec la vérité ; c’est son succès qui fonde chez un peuple un système dramatique qui se perpétue par quelques grands traits de nature, jusqu’à ce qu’un philosophe poëte dépèce l’hipogrife et tente de ramener ses contemporains à un meilleur goût.
Sans aucun doute, dans ce jeu bizarre où l’auteur devient de bonne foi, et, comme l’acteur, se fascine soi-même, il y a (et la Critique doit l’y voir) un naturel de poète dramatique qui, tiré de toutes ces données, sujets habituels des Contes d’Edgar Poe : le somnambulisme, le magnétisme, la métempsycose, — le déplacement et la transposition de la vie, — aurait pu être formidable.
. — Une seule chose est choquante, c’est la femme demi-nue, vue de face au premier plan ; elle est froide à force d’efforts dramatiques. — De ce tableau, nous ne saurions trop louer l’exécution de certains morceaux. — Ainsi certaines parties nues des hommes qui se contorsionnent dans les flammes sont de petits chefs-d’œuvre. — Mais nous ferons remarquer que ce n’est que par l’emploi successif et patient de plusieurs moyens secondaires que l’artiste s’efforce d’obtenir l’effet grand et large du tableau d’histoire.
Ils peuplent leurs fictions dramatiques et romanesques de personnages qui ne sont possibles que si elles sont vraies. […] Les personnages romantiques ne sauraient se produire au théâtre que dans un appareil dramatique fonctionnant par lui-même. […] Un homme du bas peuple, élevé par la fortune à la plus haute charge et s’y égalant par la conscience et le génie, voilà, à la rigueur, un sujet d’étude dramatique. […] Cette mécanique dramatique appartient donc aux moins coûteux efforts d’invention de l’esprit humain et est au niveau d’un vulgaire amusement. […] C’est un bon fait divers, un brave crime de l’Ambigu, accompli dans toutes les conditions de fertilité dramatique que l’Ambigu exige.
Ce besoin d’idéal qui le dévore lui a joué d’assez méchants tours, c’est à lui qu’il faut attribuer la chute de ses œuvres dramatiques…. […] Je suppose qu’un poète dramatique, nourri dans les traditions classiques, s’empare de cette fable.
Vous ne trouverez, dans ce livre, aucune dissertation doctrinale, aucun tableau dramatique, aucun portrait en haut-relief. […] L’immense succès des feuilletons signés par Dumas, par Eugène Sue, par Frédéric Soulié l’indique assez : les romanciers d’alors ont surtout l’ambition d’être des amuseurs, et Balzac lui-même, dans Splendeurs et Misères des courtisanes, dans la Dernière incarnation de Vautrin, dans Une ténébreuse affaire, cherche à rivaliser en invention dramatique avec les fournisseurs du rez-de-chaussée des journaux. […] On comprend quelles délicates, on pourrait dire quelles dramatiques fonctions, de telles circonstances assignaient à M.
Aussi bien les odes de Pindare, quoique célébrant des exploits purement humains et n’ayant rien de sacerdotal, uniquement inspirées qu’elles sont par le génie héroïque, les odes de Pindare n’en ont pas moins une haute valeur religieuse, et restent d’une grande importance pour l’histoire de la mythologie grecque Après la constitution de l’épopée, dégagée comme branche distincte de la poésie primitive dont l’ode conservait jusqu’à un certain point la forme et l’esprit, un autre élément de cette poésie qui avait été pour ainsi dire le formulaire du culte, l’expression consacrée de la prière, arrive aussi à se constituer au point de vue héroïque et humain dans la tragédie, dans la poésie dramatique. […] Ainsi apparaissent successivement les nombreuses subdivisions des trois grands genres lyrique, épique, dramatique, les formes tout individuelles de l’élégie, de la chanson, de l’épigramme ; enfin la comédie et la satire, qui, en introduisant l’ironie dans la poésie, dénaturent tout à fait son caractère primitif, et précipitent le morcellement de l’art. […] Le genre dramatique est dans la poésie ce qu’est la peinture entre les arts plastiques, le plus approprié à l’analyse des sentiments, à l’expression des détails de la nature humaine, au rapprochement dans le même cadre de toutes les conditions de la vie humaine ; il suppose, de la part de l’artiste, une observation plus minutieuse et en même temps une liberté d’esprit plus complète pour prendre son sujet partout où il le trouve. […] Quoiqu’ils ne fussent pas divisés en strophes d’une mesure déterminée, comme les hymnes grecs, ils étaient exécutés comme eux sous une forme en quelque sorte dramatique. […] Avec le genre dramatique commence une poésie moins pure ; les sentiments héroïques et religieux descendent de leur hauteur en se compliquant de l’observation des réalités, c’est-à-dire des infirmités humaines.
Elle est trop froide, elle donne à l’homme trop de gravité et de prudence, et lui interdit trop les belles explosions dramatiques « d’énergie » violente, c’est-à-dire de passion déchaînée. […] Racine, sans qu’on puisse dire qu’il dissimule la profondeur de S3s observations, du moins met son talent d’auteur dramatique à ne pas l’afficher, à ne pas l’accuser violemment, d’où vient que, surtout quand on ne veut pas la voir, il se rencontre qu’on ne la voit point. […] Ses portraits deviennent ainsi dramatiques dans tous les sens du mot et dans les meilleurs. […] Ainsi, dans ces pièces dramatiques qui ont surtout pour objet de nous faire connaître un personnage, ce personnage passe par plusieurs phases, se révèle à nous par différentes parties, nous livre fragment par fragment le secret de lui-même, nous laisse enfin de lui une image pleine et précise, faite de tous ces traits successifs qui ont su s’accumuler sans s’effacer les uns les autres et s’ajouter les uns aux autres en se coordonnant.
Si l’on trouve de magnifiques tableaux comme celui du pèlerinage aux pieds du pape, où l’hystérie religieuse est notée magistralement (p 264-270), comme aussi le récit de l’entrevue de Léon XIII et de l’abbé Pierre, d’un grand effet et d’une émotion poignante (p. 614-645), comme enfin la mort dramatique de Dario et de Benedetta (p. 566-595), bien des landes arides restent à traverser. […] Jullien, pas plus que tout auteur dramatique sachant son métier, ne s’efforce de clicher des phrases telles quelles, entendues çà et là et de les coordonner en vue d’une exactitude grossière. […] Si l’on veut bien admettre, en outre, que la poésie est, avant tout, faite pour être déclamée ou chantée, ce qui lui confère une valeur dramatique, que ses ressources rythmiques : temps forts et temps faibles, coupes variées, altérations, assonances, rimes, etc., la rendent propre à frapper les esprits avec plus d’intensité que ne le fait la prose, on reconnaîtra qu’elle est tout aussi apte à exprimer la vie que n’importe quelle autre forme d’art. […] » Sous une forme infiniment simple, le petit poème dramatique de M.
L’artiste, au lieu de s’attacher à des réalités matérielles, cherche l’apparence et s’y complaît ; l’art suprême, c’est celui où le jeu atteint son maximum, où nous en venons à jouer, pour ainsi dire, avec le fond même de notre être : telle est la poésie, et surtout la poésie dramatique. […] Le jeu, en effet, est l’art dramatique à son premier degré. […] Toute la puissance de l’orateur est dans le ton et l’accent ; c’est là aussi l’élément essentiel de l’art dramatique ; la douleur qui s’exprime par la voix nous émeut en général plus moralement que celle qui s’exprime par les traits du visage ou par les gestes. […] La tragédie grecque avec ses chœurs, avec ses mouvements lyriques mêlés à la trame dramatique a également disparu ; mais ce qui a péri, c’est surtout ce qu’il y avait en elle de conventionnel.
Ce ne sera pas un peintre si vous voulez, dirai-je à ces critiques, mais ce sera le plus lyrique, le plus pathétique, le plus dramatique, le plus idéal des écrivains à l’huile !
Littérature dramatique de l’Allemagne.
Mais, si la composition pouvait être plus riche de combinaisons dramatiques, la poésie ne pouvait pas être plus neuve, plus pathétique, plus colorée, plus saisissante de détails.
— Je pense, dis-je alors modestement et en regardant avec timidité le professeur, le chanoine et Léna, je pense qu’il n’y a dans aucun poème connu un épisode plus amoureux, plus chevaleresque et plus dramatique que le chant de Ginevra.
C’est là le procédé que j’ai suivi dans toutes mes compositions dramatiques, à commencer par le Philippe, et j’ai pu me convaincre qu’il compte au moins pour les deux tiers de l’œuvre.
Le pape s’en excusa, en me disant qu’il ne pouvait accepter la dédicace d’aucune œuvre dramatique de quelque genre qu’elle fût, et je n’ajoutai pas un mot sur ce sujet.
« Il lisait enfin avec passion, comme la plupart des enfants, toutes ces féeries dont les catastrophes, plus ou moins dramatiques, les font tant pleurer !
Il a des poètes qui peuvent lutter avec ceux du xvie , des romanciers qui écrasent ceux du xviiie , des auteurs dramatiques qui ne sont pas indignes de ceux du xviie et du xviiie ; des critiques, des essayistes, des moralistes, des voyageurs, des orateurs et des savants.
Est-il d’ailleurs si inférieur, par l’invention, à ces romans uniformes et interminables qu’on lui préfère, et les meilleurs offrent-ils quelque endroit qui vaille mieux que ses portraits si piquants, premières ébauches des grandes créations dramatiques ?
Cependant, le mot de roman appliqué à ce livre ne lui ferait pas tort, si l’on entendait caractériser par là plus vivement le tour dramatique que Voltaire lui a donné, et le genre de plaisir qu’on y prend.
Une verve grosse mais qui va toujours, des ripostes qui sabrent tout, sans souci de la politesse, un aplomb qui touche à l’insolence, et qui en donne à sa parole toutes les bonnes fortunes ; par là-dessus, une amertume cruelle… mais incontestablement un esprit bien personnel, un esprit mordant, coupant, emporte-pièce, que je trouve supérieur à l’esprit que l’auteur dramatique met dans ses pièces, par sa qualité de concision et de taille à arêtes vives, qu’il a, cet esprit, dans sa première spontanéité !
* * * — Les femmes affectionnent le malheur : celui des autres et même le leur, et tout ça pour le dramatique du malheur.
Lundi 19 février À cette première de la reprise de Ruy-Blas, j’étais frappé de l’infériorité de la machine dramatique, et comme elle fait faire de l’enfantin aux plus grands talents.
Ils convenoient que l’action doit être une, grande, mémorable & surtout intéressante, entière, vraie ou du moins réputée telle ; qu’il faut s’y borner à la narration & à l’imitation, afin de distinguer ce genre de celui de l’histoire, qui raconte & qui n’imite pas, & du poëme dramatique, qui ne peint qu’en action.
On utilisait, à l’époque, la mère de toutes les façons ; elle était déjà la grande ficelle dramatique : c’était le souvenir de la mère qui au théâtre paralysait le bras de l’assassin prêt à frapper ; c’était la croix de la mère, qui exhibée au moment psychologique, prévenait le viol, l’inceste et sauvait l’héroïne ; c’était la mort de sa mère, qui du Chateaubriand sceptique et disciple de Jean-Jacques de 1797, tira le Chateaubriand mystagogique d’Atala et du Génie du Christianisme de 1800.
En troisième lieu, un poème épique suppose un récit continu, un commencement, un milieu, une fin, récit inspirant, par ses péripéties, un intérêt épique ou dramatique à celui qui lit ou qui écoute.
Et, à ce sujet, je ne puis m’empêcher de vous faire observer, en passant, que l’enfant, l’adolescent, le jeune homme, l’homme fait prendraient bien plus de goût à la littérature et à la poésie si les maîtres qui la leur enseignent proportionnaient davantage leurs leçons et leurs exemples aux différents âges de leurs disciples ; ainsi, aux enfants de dix ou douze ans, chez lesquels les passions ne sont pas encore nées, des descriptions champêtres, des images pastorales, des scènes à peine animées de la nature rurale, que les enfants de cet âge sont admirablement aptes à sentir et à retenir ; aux adolescents, des poésies pieuses ou sacrées, qui transportent leur âme dans la contemplation rêveuse de la Divinité, et qui ajournent leurs passions précoces en occupant leur intelligence à l’innocente et religieuse passion de l’infini ; aux jeunes gens, les scènes dramatiques, héroïques, épiques, tragiques des nobles passions de la guerre, de la patrie, de la vertu, qui bouillonnent déjà dans leur cœur ; aux hommes faits, l’éloquence, qui fait déjà partie de l’action, l’histoire, la philosophie, la comédie, la littérature froide, qui pense, qui raisonne, qui juge ; la satire, jamais !
Après la mélancolique destinée de l’Indien, les dramatiques irrésolutions de la Malgache, passionnée de jalousie, l’histoire de Compère est tragique, celle de Cafrine est joyeuse ; elles symbolisent l’esprit chinois et l’esprit cafre.
comme nos maîtres nous ont abusés jadis et se sont abusés eux-mêmes en offrant à nos admirations la dramatique image d’un Théodore Jouffroy se demandant avec une anxiété douloureuse si sa raison lui permet de rester fidèle à l’idéal de ses pères, d’arracher de lui le vivant symbole de vérités qui compose la substance même de son âme !
… La Peinture s’accorde avec l’art dramatique pour synthétiser, par des gestes identiques, les passionnés mouvements de l’âme humaine : en ce sens un Frédérick Lemaître et un Eugène Delacroix pouvaient tirer les plus durables bénéfices d’une fréquentation régulière, puisque leurs moyens d’expression étaient voisins et que se confondaient les limites de leur art. […] Quelques années après les dates héroïques du Romantisme, ayant une fois pour toutes dépouillé le gilet rouge d’Hernani, et quand il n’était plus qu’un fournisseur désenchanté de feuilletons dramatiques, Théophile Gautier observe, en sa préface aux Fleurs du Mal, qu’une seule fois dans l’Histoire on vit un père et une mère d’accord pour préparer leur fils à la vie littéraire, et ce fils était….
On dit qu’il composait une pièce dramatique en quelques matinées. […] Thésée qui feint toujours de se croire fils du roi tué par Œdipe, porte à celui-ci un défi, qui est surtout ridicule à cause d’un pareil anachronisme dans une action dramatique si fameuse. […] On a remis sur le tapis, la question de ce qu’on appelle une traduction exacte… Qu’est-ce que la traduction exacte d’un grand ouvrage dramatique ?
Georges Polti a catalogué les situations dramatiques et n’en a trouvé que trente-six. […] La mémoire auditive est fort utile au romancier et surtout au poète dramatique ; mais sans la mémoire et sans l’imagination visuelles, les paroles de leurs personnages seraient de purs échos aptes à êtres proférés par des murs aussi bien que par des êtres humains. […] Il est donc bien indifférent, relativement au peuple, que telle œuvre d’art soit obscure ou lumineuse, puisqu’il ne la jugera jamais comme œuvre d’art, mais seulement comme œuvre dramatique, comme œuvre représentative d’une action.
Émile Faguet, ancien élève de l’École normale, professeur agrégé des lettres, docteur ès lettres et critique dramatique de La France, avait jugé, en quatre cents pages, Chateaubriand, Lamartine, Alfred de Vigny, Victor Hugo, Alfred de Musset, Théophile Gautier, Prosper Mérimée, Michelet, George Sand et Balzac, et que ses jugements étaient toujours sincères, souvent hardis, quelquefois nouveaux. […] » C’est ainsi que des circonstances fortuites, qu’il est impossible de prévoir, entraînent la chute d’une œuvre dramatique. […] Il a abordé tous les genres de drames et de comédies, c’est le plus divers, le plus souple, le plus fertile en ressources de nos auteurs dramatiques. […] Il faudrait dire comment ce gentil esprit, dont la malice était toujours inoffensive, eut le malheur de fâcher deux auteurs dramatiques, Émile Augier et Théodore Barrière, avec qui il se battit au pistolet et à l’épée.
Les prodigieuses images qui vous animent sont variées comme vos figures, comme vos voix, comme vos gestes ; ce sont eux surtout qui révèlent le désir, ces gestes dramatiques ou joyeux, d’amour, de haine et de folie ; ces bras ouverts, ces poings serrés, ces invocations, ces supplications, ces refus, ces transports ou ces arrachements, dont la fresque est comme l’ombre de l’agitation humaine. […] Binet sur la psychologie des auteurs dramatiques. […] Alexandre Dumas pour me rendre compte des sujets qui le passionnent, de la façon dont il les ordonnance, et de son habileté dramatique, et de la préoccupation extrême que lui donnent les conflits de la morale et du code. […] Nette et concise, elle établit les rapports réciproques des trois éléments qui joignent les esprits et les mœurs : le principe fédératif gaulois, le principe unitaire romain et le principe libéral germain : Les trois alternent ou se mêlent ; par leurs jeux, leurs détentes ou leur silence, ils donnent à l’histoire de France un aspect vivant et dramatique où l’œil s’arrête rarement sur des périodes de calme et de bonheur dans le repos.
La transformation, ou la décadence du lyrisme dans les premières années du xviie siècle, est le prix dont nous avons payé le progrès et le triomphe de la poésie dramatique et de l’art oratoire. […] L’auteur de Zaïre et de l’Alzire devait lui porter le dernier coup, en achevant de réduire le Dieu de l’Évangile à la condition de ressort dramatique, et en l’égalant de la sorte à ceux qui remplissent un office analogue dans sa Sémiramis, ou dans son Orphelin de la Chine.
Rien de plus violent dans Monte-Cristo ou les Quarante-Cinq, et ces épisodes d’un dramatique si fort se de roulent à travers des pages comparables, sinon supérieures, à celles d’Adolphe et de Volupté, pour la perspicacité d’une préparation quasi chirurgicale qui divise et met à nu, comme avec un scalpel, les fibres les plus déliées du cœur. […] Il les veut engager dans des destinées sans événements dramatiques, pour n’avoir à noter que le quotidien de l’existence. […] Pareillement Taine n’a plus reconnu dans l’œuvre littéraire que sa signification historique Il a cru avoir épuisé toutes les données de la création poétique, dramatique et romanesque, en analysant les influences de la race, du moment et du milieu. […] Cette légende dramatique risquait de mettre dans votre famille quelque chose d’excessif et d’un peu tendu.
Les autres se préoccupaient davantage de l’Allemagne, du moyen âge et des théories dramatiques : lui, il resserra et poussa uniquement ses efforts dans la haute poésie lyrique, et aussi dans des écrits en prose d’une extrême perfection.
Le zèle prodigieux avec lequel furent cultivées l’épopée, la poésie dramatique et l’éloquence, ajoute Herder, éleva nécessairement l’analyse littéraire à une perfection inconnue parmi nous.
La Traduction d’Eschyle, 1770. in-8°, est d’un homme qui a brillé dans la carriere dramatique & qui est versé dans tous les genres de Littérature.
Ce sont toujours des sujets généraux « où la philosophie descend aux applications de la vie civile ; il y traite du but des études et de la méthode qu’on doit y suivre, des fins de l’homme, du citoyen, du chrétien. » Ces discours, généralement admirables par la hauteur des vues, ont une forme paradoxale et quelquefois bizarrement dramatique.