Ce qui a manqué à la philosophie de Biran et d’Ampère, ce sont les circonstances. […] En philosophie, l’ignorance est très-favorable à l’invention. En lisant Kant, on est confondu du peu de lectures qu’il avait fait en philosophie. […] C’était le moment où de toutes parts commençait à éclater un évident besoin d’émancipation à l’égard de la philosophie régnante. […] Sans avoir jamais su l’allemand, il pense et écrit en philosophie comme un Allemand.
Cependant la théorie de la connaissance doit forcément s’élever derrière toute philosophie. […] La philosophie en a beaucoup accumulé, mais à sa honte, elle y a rongé son frein, cassé sa sangle, bu son écume. […] Ils n’ont point fait à si bon marché une philosophie de l’histoire. […] Logiquement, il est vrai, et de philosophie à philosophie, d’augure à augure, la chose serait bien moins ardue, car la portée d’une pareille thèse n’échappe pas. […] Pelletan est moins pour lui, en ce moment, que sa philosophie, et pour nous, au contraire, le style dans son ouvrage est tout.
Émile Saisset et son livre de Philosophie religieuse, voici M. […] Essai de philosophie religieuse ! Histoire et philosophie religieuse ! Toujours la religion mêlée à la philosophie ! […] Histoire et Philosophie religieuse, par M.
La philosophie de l’unité ne reconnaît ni l’une ni l’autre. […] Hâtons-nous de le reconnaître : la philosophie religieuse n’a rien de commun avec la philosophie naturelle quant au sentiment des vérités de l’ordre moral. […] Nous le croyons alors même que la science ou la philosophie essaye de nous démontrer le contraire. […] Les atomistes de nos jours n’ont pas une autre philosophie de la nature que les atomistes anciens. […] Voilà ce que la conscience apprend à la philosophie naturelle.
À l’époque, lointaine déjà, où M. de Rémusat écrivait son Essai de philosophie, il y avait en lui ce pétillement d’idées qui ferait croire à la force d’individualité d’une intelligence, mais ce n’était là qu’une illusion, due probablement à sa jeunesse. En réalité M. de Rémusat était bien plus pétri par les philosophies qu’il maniait qu’il ne les pétrissait lui-même. […] Car tel est le but, sinon atteint, du moins visé, du nouvel ouvrage de M. de Rémusat Maintenir le fondement de la philosophie rationaliste, de cette philosophie qui n’est pas autre chose que le protestantisme en métaphysique, mais échapper aux conséquences panthéistiques de cette philosophie, devant lesquelles le monde, plus chrétien encore qu’il ne pense, se cabre encore avec effroi, tel est le but que s’est proposé M. de Rémusat dans sa monographie intellectuelle de Saint Anselme. […] M. de Rémusat a beau nous dire, avec une intention qui ne trompe personne : « Descartes ne serait pas aisément convenu que saint Anselme fut un de ses maîtres. » Tout ce qui s’occupe de philosophie n’en sait pas moins que l’argument de saint Anselme, sur l’existence de Dieu (et l’existence de Dieu, c’est toutes les questions de la philosophie dans une seule), est le même dans le Monologium que dans les Méditations. […] Ce n’est pas assurément en passant qu’on peut traiter, comme il le faudrait, de la vérité absolue ou relative de toute philosophie, de cette science qui n’en est pas une, car elle se cherche éternellement sans se trouver.
Dans ce beau travail (sur Vanini), il établit de plus en plus nettement la position qu’il prétend faire à sa philosophie éclectique. Il y a eu tour à tour, dans le monde, des philosophies d’essai, de destruction, et des philosophies régulières et de fondation : il y a eu à un certain moment, comme philosophie régulière et régnante, le platonisme des Pères ; puis, au moyen âge, l’aristotélisme catholique des théologiens. Ce dernier est tombé définitivement au xvie siècle, et il s’en est suivi une anarchie devant laquelle se sont essayées toutes les philosophies critiques et subversives. Descartes est revenu établir une philosophie régulière et organique qui a marché assez bien de concert avec la religion de son temps. C'est cette philosophie que M.
Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. […] La philosophie du dix-huitième siècle, malgré la reprise catholique de 1803, semblait fermement assise : cette philosophie qui avait parcouru toutes ses phases et pénétré toutes les sphères, évincée du monde politique par l’Empire, irritée bien plutôt qu’effrayée du rétablissement des autels, restait maîtresse en théorie. […] A vrai dire, quand une philosophie en est arrivée là, quelles qu’aient pu être sa valeur et sa vérité au point de départ, il est temps qu’elle finisse et soit détrônée ; car toute philosophie, digne de ce nom, n’existe qu’à la condition d’être sans cesse en question, sur le qui-vive, et de recommencer toujours. […] Ce qui me frappe avant tout, ce qui m’intéresse singulièrement dans ces premiers développements de la philosophie de M. […] Il a donc raison de revendiquer l’initiative de cette méthode de philosophie qu’il combina avec celle de son illustre prédécesseur.
Des pensées de Pascal sur la religion, et de ce qu’il faut croire de son mépris pour la philosophie. […] La philosophie de Descartes est tout à l’usage de son esprit ; sa science est presque tout au service de sa santé. […] Et d’ailleurs, que m’apprend cette philosophie sur ma fin ? […] Valait-il donc mieux que Pascal transigeât, qu’il conciliât la foi et la philosophie ? […] Bossuet a-t-il jamais songé à fortifier sa foi de quelque preuve tirée de la philosophie ?
La philosophie de l’Imitation manifestait le philosophe. […] Toute argutie d’école, toute controverse religieuse écartée, il n’y a au fond que deux philosophies dans le monde : la philosophie du plaisir, ou la philosophie de la douleur ; la philosophie des rêves, ou la philosophie réelle. Le monde actuel penche vers la première de ces philosophies. […] Voilà la philosophie de la réalité, en opposition avec la philosophie des rêves. […] Qu’est-ce en effet qu’une philosophie, me disais-je ?
On l’appelle la philosophie de la perfectibilité indéfinie et continue de l’humanité ici-bas. […] Disons un mot de cette théorie à propos de la philosophie de l’Inde. […] … Franchement cette philosophie, qui fait un Dieu progressif, fait par là même un Dieu absurde ! […] » continue cette philosophie primitive de l’Inde. […] Cette philosophie découle des premiers livres sacrés de l’Inde jusque dans la philosophie du christianisme de nos jours.
Cette philosophie est l’alliée naturelle de toutes les bonnes causes. […] Ainsi la philosophie est à la fois l’objet suprême et le flambeau de l’histoire de la philosophie. […] La philosophie est l’interprète du genre humain. […] Qu’est-ce en effet pour cette philosophie que la volonté ? […] Elle mit une philosophie étrangère à la place de la philosophie nationale, coupable, toute persécutée qu’elle avait été, de ne pas être inconciliable avec le christianisme.
C’est qu’il en est du mot de philologie comme de celui de philosophie, de poésie et de tant d’autres dont le vague même est expressif. […] C’est donc dans la philosophie qu’il faut chercher la véritable valeur de la philologie. […] Si le Moyen Âge, par exemple, a si mal compris la philosophie ancienne, est-ce faute de l’avoir suffisamment étudiée ? […] Si quelques Alexandrins, comme Porphyre et Longin, réunissent la philologie et la philosophie, ces deux mondes chez eux se touchent à peine ; la philosophie ne sort pas de la philologie, la philologie n’est pas philosophie. […] La beauté d’une œuvre, c’est la philosophie qu’elle renferme.
De la philosophie Il ne faut point se lasser de le dire : la philosophie ne doit être considérée que comme la recherche de la vérité par le secours de la raison ; et sous ce rapport, le seul qu’indique le sens primitif de ce mot, la philosophie ne peut avoir pour antagonistes que ceux qui admettent ou des contradictions dans les idées ou des causes surnaturelles dans les faits. […] Mais la philosophie n’est autre chose que la raison généralisée. […] Il y avait dans la philosophie des anciens plus d’imagination et moins de méthode que dans la philosophie des modernes. […] Il s’agit seulement ici de considérer l’application possible et les résultats vraisemblables de la philosophie, comme science. […] La philosophie maintenant doit reposer sur deux bases, la morale et le calcul.
Voilà les conséquences qu’entraîne la philosophie du fini ; il faut ramener l’infini dans l’univers et dans la science. […] Leur philosophie ne les en détourne pas, elle les y conduit ; elle leur fournit des arguments, non des objections. […] Et je ne dois pas craindre que mon cours de philosophie en soit plus mal ordonné. […] Qu’est-ce que la philosophie ? […] La philosophie fut alors la maîtresse des sciences ; elle indiqua une nouvelle route, et on la suivit.
La philosophie suppose l’érudition. […] Union de la philologie et de la philosophie. […] Philosophie des choses. […] La philosophie n’est pas une science à part. […] La philosophie ne peut se passer de science.
Philosophie, seule capable de nous guider ! […] « Quelques-uns ont admiré d’où me venait cette ardeur toute nouvelle pour la philosophie. […] Mais ce goût pour la philosophie ne m’est pas si nouveau qu’on se l’imagine. […] La philosophie, l’éloquence, la politique du grand Romain, méritaient un tel interprète. […] Nos tribunes modernes de Londres et de Paris ont son émotion, mais elles n’ont pas sa philosophie.
Il en résulte également un nouveau motif de ne pas comprendre un tel ordre d’idées dans un cours de philosophie positive, puisque, loin de pouvoir contribuer à la formation systématique de cette philosophie, les théories générales propres aux différents arts principaux doivent, au contraire, comme nous le voyons, être vraisemblablement plus tard une des conséquences les plus utiles de sa construction. […] La philosophie des sciences fondamentales, présentant un système de conceptions positives sur tous nos ordres de connaissances réelles, suffit, par cela même, pour constituer cette philosophie première que cherchait Bacon, et qui, étant destinée à servir désormais de base permanente à toutes les spéculations humaines, doit être soigneusement réduite à la plus simple expression possible. […] Mais, quelque parti qu’on puisse prendre à cet égard par suite des progrès ultérieurs de la philosophie naturelle, la classification que nous établissons n’en saurait être aucunement affectée. […] (2) Un second caractère très essentiel de notre classification, c’est d’être nécessairement conforme à l’ordre effectif du développement de la philosophie naturelle. […] Dans l’état actuel du développement de nos connaissances positives, il convient, je crois, de regarder la science mathématique, moins comme une partie constituante de la philosophie naturelle proprement dite, que comme étant, depuis Descartes et Newton, la vraie base fondamentale de toute cette philosophie, quoique, à parler exactement, elle soit à la fois l’une et l’autre.
Elle serait impardonnable, en présence de tous les enseignements qu’ont dû nous donner et la philosophie de l’histoire et l’histoire même de la philosophie. […] La philosophie sera donc comme un apprentissage et comme une anticipation de la mort véritable. […] La philosophie va beaucoup plus loin : elle ne se contente pas d’affirmer, elle démontre. […] Nous ne savons pas au juste ce qu’était la forme adoptée par la philosophie antérieurement à Platon. […] Mais la philosophie s’ignorait encore.
Elle est tout à la fois la philosophie et l’histoire de l’humanité. […] La philosophie doit appuyer ses théories sur la certitude des faits ; la philologie emprunter à la philosophie ses théories pour élever les faits au caractère de vérités universelles éternelles. Quelle philosophie sera féconde ? […] Ces deux doctrines isolent l’homme, et devraient s’appeler philosophies solitaires. […] Philosophie de l’histoire.
Des ouvrages sur les différentes parties de la Philosophie. […] Celle de la Philosophie, par M. […] L’Histoire critique de la Philosophie, par M. […] Le Pere Buffier a traité presque toutes les parties de la Philosophie, en divers vol. […] On en conclut que Descartes étoit un très-beau génie, mais qu’il n’est guéres sorti de sa tête que des romans de Philosophie.
Il y a, selon lui, deux espèces d’époques, celles où la philosophie est en honneur et où l’on pense, celles où la philosophie est découragée et où l’on ne pense pas : Là où il n’y a pas de philosophie, a-t-il dit en homme qui sait les lois et presque les dogmes de l’histoire, il n’y a pas de civilisation ; là où il n’y a plus de philosophie, la civilisation dépérit et l’humanité s’affaisse. […] Et puis, si l’on va au fond, qu’est-ce que cette pensée et cette philosophie, avec laquelle M. […] Que si l’on prend philosophie dans le sens purement moderne, comme l’a entendu, par exemple, l’école de M. […] Cousin, Jouffroy et Damiron sont bien de la même philosophie : seulement chacun y a porté son humeur et son tempérament : M. […] Riaux, professeur de philosophie, parle à l’appui du genre d’étude qu’il professe.
Dans le volume d’aujourd’hui, intitulé Philosophie, je l’ai dit déjà, la philosophie de Diderot ne tient pas. […] La philosophie de Diderot, c’est les sens de Diderot. […] Il les a intitulés : Philosophie. […] Il a de la passion philosophique, mais il n’a point de philosophie. […] Il fut un prédicateur retourné et prêcha pour la philosophie.
Je leur conseille donc la lecture et la méditation de la philosophie d’Auguste Comte. […] Renouvier, Philosophie analytique de l’histoire, t. […] Renouvier, Philosophie analytique de l’histoire, t. […] XXV, 404, 467, a donné une exposition qui est un de ses chefs-d’œuvre ; — mais je me contenterai de rappeler les invectives de Schopenhauer contre les « professeurs de philosophie » et je les renverrai à l’analyse de la philosophie de Fichte telle que l’a donnée M. […] Renouvier, Philosophie de l’histoire, IV, p. 6 et suiv.
Caro est professeur et croit à la philosophie. […] Caro, qui est une claire intelligence française, répugnant de nature aux obscurités des Lycophron allemands, lesquels ne sont clairs que quand ils sont fous, et répugnant aussi à leurs extravagances, a pu penser que la philosophie était compromise par les systèmes de Schopenhauer et de Hartmann et il s’est inscrit en faux contre eux, pour la sauvegarde et pour l’honneur de la Philosophie. […] … Il ne retourne, ni plus ni moins, que du fakirisme indien comme de la philosophie définitive du monde actuel et du monde de l’avenir, comme du dernier pas de la science sous ce ciel constellé qui a mêlé la lumière de dix-neuf cents ans de Christianisme à la lueur de ses étoiles ! […] L’auteur y semble pressé, il a hâte d’arriver à ce qui est pour lui la grande affaire : — la philosophie. […] Il est certain, en effet, que cette philosophie du Pessimisme, sensuelle et athée, qui ne comprend rien à la douleur et qui ne veut ou ne peut plus la supporter, est dans la logique exacte de toutes les philosophies qui l’ont précédée· Il est certain qu’elle est, scientifiquement, la dernière marche de cet escalier infernal qui s’enfonce et disparaît dans les abîmes de la folie et dans le désir forcené de l’anéantissement.
Sa philosophie Sa morale. Je vous parlerai aujourd’hui de l’éducation d’esprit de La Fontaine, puis de sa philosophie générale, car il est bien certain qu’il a une philosophie, quoique un peu flottante, et enfin de sa morale, qui est une suite assez naturelle de sa philosophie. […] La philosophie de La Fontaine — car il a une philosophie — a une certaine originalité composite. […] Or, Gassendi est le représentant, au dix-septième siècle, comme vous le savez, de la philosophie épicurienne, de la philosophie de Lucrèce ; il est un élève de Lucrèce, et il n’est pas autre chose. […] Sa philosophie est une philosophie de la résignation ; c’est bien cela !
Dumas, dans sa Philosophie chimique, a jeté çà et là sur ce sujet quelques vues précises et pénétrantes ; M. […] L’auteur, sans contredit, parle très-noblement de la philosophie, et il ajoute qu’il aime beaucoup les philosophes. […] Ce n’est pas le préjugé d’une philosophie spéculative qui le fait parler, c’est le souvenir vivant de l’expérience personnelle. […] Publiés à la suite des Essais de philosophie de Prévost de Genève. […] Dumas, Philosophie chimique, p. 60.
Vous apercevez ici une des causes et un des caractères de l’histoire de la philosophie, telle que M. […] Faute de pouvoir la rétablir ou la remplacer, il s’est contenté d’exposer les diverses philosophies ; il a publié une foule de documents sur Descartes et son école ; il a retrouvé la dialectique d’Abailard, et raconté les commencements de la scolastique. On l’a imité : depuis Thales jusqu’à Kant, on a exploré toutes les philosophies ; moyen âge, Pères de l’Église, philosophes de la Renaissance, les thèses et les monographies ont tout remis au jour. Mais en étudiant les faits comme lui, on s’est, comme lui, dispensé d’en rechercher les lois ; nous avons, grâce à lui, tous les matériaux d’une histoire de la philosophie ; grâce à lui, nous n’avons pas cette histoire. […] Voilà la philosophie, la poésie et l’éloquence introduites au milieu de l’érudition Cette philosophie est un peu vague ; cette loi de l’histoire improvisée par une inspiration aventureuse est incertaine ; les conséquences que M.
Jourdain, son lauréat et l’interprète de sa pensée, nous assure solennellement que saint Thomas d’Aquin, toute réflexion faite, avait vraiment de la philosophie dans la tête, quoiqu’il fût… un théologien ! […] fut un philosophe plus et mieux que Kant et Hegel, par exemple, les Veaux non pas d’or, mais d’idées, de la philosophie contemporaine ; montrer qu’on peut très bien dégager de son œuvre théologique une philosophie complète avec tous ses compartiments, et que le monde d’un instant qui l’a pris pour une tête énorme, ce grand Bœuf de Sicile dont les mugissements ont ébranlé l’univers, ne fut dupe ni de l’illusion ni de l’ignorance, demander enfin pardon au dix-neuvième siècle pour une telle gloire, voilà le programme de l’Académie et le livre de son lauréat. […] Mais ce qu’il possède, c’est justement le bien des pauvres, c’est la tradition de l’Église, et, par l’étude théologique dont il a reporté les habitudes sur les choses de la philosophie, la précision et le génie de la formule, tellement claire, dit très heureusement M. […] voilà le théologien dans l’œuvre duquel l’Académie des sciences morales et politiques, qui bat, en ce moment, le ban et l’arrière-ban de la Philosophie en détresse, a donné l’ordre d’aller chercher un philosophe, et M. […] La Philosophie de saint Thomas d’Aquin, par M.
Gottofrey, l’un des professeurs de philosophie, et M. […] Il était chargé d’un des cours de philosophie : jamais on ne vit plus amère trahison ; son dédain pour la philosophie perçait à chaque mot ; c’était un perpétuel sarcasme où il développait une sorte de talent âpre. […] Manier, l’un des professeurs de philosophie, m’y encourageait plus encore. […] Il affectionnait la philosophie écossaise et me et lire Thomas Reid. […] L’un de nous, qui avait fait sa philosophie dans l’Université, nous récitait M.
— Trente sous. » Il venait d’acheter et de fonder la nouvelle philosophie française. […] Il fut roi en philosophie, il ne fut point docteur. […] Pratique et morale, sa philosophie a pour but non le vrai, mais la règle. […] Il fait la police en philosophie. […] Quand j’entre dans la philosophie, je suis cet homme.
Philosophie de MM. de Régnier et Griffin. […] Je ne puis analyser ici en détails la philosophie qu’on lit à demi exprimée dans les vers de ces deux poètes ; d’abord, parce que précisément elle n’y est qu’à demi exprimée, et en second lieu parce que cette philosophie a trouvé sa forme définitive dans les vers et qu’il faudrait taillader et déchirer de belles strophes pour regarder à la loupe ce qu’il y a dedans. […] On le voit, le παντα ρει d’Héraclite peut être considéré comme la source commune de ces deux philosophies ; il pourrait aboutir aussi à deux sentiments voisins : chez M. […] Vielé-Griffin à cette philosophie, — laquelle est je crois plutôt de sentiment que de raisonnement, — peut nous intéresser au moins autant que cette philosophie elle-même. […] Cela, qui laisse déjà deviner quelque divergence dans la « méthode d’art » de ces poètes, trouve encore son explication dans leur philosophie.
Qui oserait affirmer, en effet, que pour la philosophie et la littérature l’heure de la décadence n’est pas arrivée ? Pour la philosophie, cela n’est pas douteux. La philosophie a cette honte, bien méritée du reste, que personne ne l’invoque plus et que les professeurs qui la professaient hier encore, au lieu de créer et d’organiser des systèmes, c’est-à-dire de nous donner, après tout, la chose philosophique, le véritable produit philosophique, en sont descendus à ne plus professer que l’histoire et même les historiettes de la philosophie. […] Or, l’histoire de la philosophie remplaçant la philosophie, qu’est-ce à dire, sinon qu’il n’y a plus de philosophie ; car jamais l’histoire ne s’écrit que sur le tombeau de quelqu’un ou de quelque chose. […] Tel est l’état actuel de la philosophie.
S’il ne tient qu’à cela, ont-ils dit, nous mettrons de la philosophie dans nos vers. Mais la philosophie qui fait le mérite du poète, n’est pas celle qu’il peut arracher par lambeaux dans quelques livres ; c’est celle qui fait sentir et penser, et qu’on trouve chez soi ou nulle part. […] Est-ce quand il détaille en vers faibles la faible philosophie de son temps, quand il se traîne languissamment sur les pas des autres ? […] À force de crier partout philosophie, je crains que nos sages ne lui fassent tort. […] Quoi qu’il en soit, l’épître paraît plus faite pour réussir aujourd’hui ; elle se présente modestement et sans appareil ; la philosophie d’ailleurs, cette philosophie qui de gré ou de force s’introduit partout, croit y être plus à sa place, parce qu’elle s’y trouve plus libre, et plus maîtresse du ton qu’elle veut prendre.
Il faut rappeler ici de nouveau le sens que j’ai constamment attaché au mot philosophie dans le cours de cet ouvrage. J’appelle philosophie, l’investigation du principe de toutes les institutions politiques et religieuses, l’analyse des caractères et des événements historiques, enfin l’étude du cœur humain, et des droits naturels de l’homme. Une telle philosophie suppose la liberté, ou doit y conduire. […] La subdivision des états, dans un même pays, est ordinairement favorable à la philosophie : c’est ce que j’aurai lieu de développer en parlant de la littérature allemande. […] Aucun élément de philosophie ne pouvait se développer en Espagne ; les invasions du Nord n’y avaient porté que l’esprit militaire, et les Arabes étaient ennemis de la philosophie.
dans un certain sens, tout a sa philosophie dans le monde, même Athalie, dont un benêt philosophique disait pourtant : « Qu’est-ce que cela prouve ? […] Nous sommes des cerveaux avant d’être des cœurs… Charles de Rémusat, qui avait commencé par être un homme d’esprit, même en philosophie, mais qui s’était bientôt émoussé dans l’hébétante collaboration de la Revue des Deux Mondes, — ce mancenillier de l’ennui, — Charles de Rémusat, homme d’Académie et de groupe, qui fut toute sa vie un comparse ; qui, en politique, venait bien après Thiers, et en philosophie, bien après Cousin, a maintenant presque tout à fait disparu de la préoccupation publique, et, certes ! […] Car, tout le monde l’a su, si tout le monde l’oublie, Charles de Rémusat a fait un traité sur la philosophie d’Abélard. […] Mais, de tous les philosophes à philosophie dont ce philosophe sans philosophie s’est occupé, celui qui l’a tenu le plus fort, celui qui a le plus secoué sa pensée, c’est Abélard. […] La philosophie qu’on attendait n’y paraît pas non plus.
il fallait qu’il eût, comme on dit, la poésie bien furieusement chevillée dans l’âme, pour que l’effroyable philosophie à laquelle il s’est livré ne l’en ait pas arrachée ; car, de toutes les philosophies, il s’est donné à la plus aride, à la plus horrible, à la plus vaine ! […] il y a toujours eu de ces philosophies dans le monde ; il y en avait, même en Allemagne, du temps de la jeunesse de Heine. […] le philosophe et la philosophie auxquels le poète a suspendu sa liane amoureuse. […] … Nous l’annonçons avec bonheur, Henri Heine en a fini avec l’hégélien, l’athée, la philosophie ! […] Il n’a pas expiré, il n’a pas le moins du monde été frappé à mort par la nouvelle philosophie allemande.
De la philosophie. La philosophie, dont je crois utile et possible aux âmes passionnées d’adopter les secours, est de la nature la plus relevée. […] Quand la philosophie s’empare de l’âme, elle commence, sans doute, par lui faire mettre beaucoup moins de prix à ce qu’elle possède et à ce qu’elle espère. […] La philosophie n’est pas de l’insensibilité, quoiqu’elle diminue l’atteinte des vives douleurs il faut une grande force d’âme et d’esprit pour arriver à cette philosophie dont je vante ici les secours ; et l’insensibilité est l’habitude du caractère, et non le résultat d’un triomphe. La philosophie se sent de son origine.
Je trouve, moi, que les religions valent la peine qu’on en parle et qu’il y a dans leur étude autant de philosophie que dans quelques chapitres de sèche et insipide philosophie morale. […] Voilà une philosophie, c’est-à-dire une façon de prendre la vie et les choses. […] De là la couleur individuelle de toutes les philosophies, et surtout des philosophies allemandes. […] Au nom du ciel, ne nous parlez pas de ces hommes, quand il s’agit de civilisation et de philosophie ! […] Décadence est un mot qu’il faut définitivement bannir de la philosophie de l’histoire.
Ces deux Prophetes auroient été regardés comme des insensés, & cependant ces Insensés auroient prédit exactement & les effets magiques de la moderne Philosophie qui fascine les Esprits, & la docilité des Esprits qui se laissent fasciner par la Philosophie moderne. […] que de mortiers inutiles, dès que la Philosophie seroit maîtresse de régler les rangs* ! […] D’après ce portrait flatteur, est-il un seul Militaire, depuis le Maréchal de France jusqu’au simple Soldat, qui puisse refuser ses hommages, à la Philosophie ? […] La Philosophie pense différemment, & ne connoît de Patrie que celle où il est permis de tout fronder sans ménagement & sans danger. […] Les déclamations de la Philosophie contre les Prêtres & contre la Religion sont plus fréquentes, sans être ni moins aigres, ni moins absurdes.
Insupportable, si elle l’est, en effet, cette ubiquité, elle n’est plus divine, et Gœthe, réputé l’Olympien, Gœthe divinisé par l’admiration universelle, n’est plus le Dieu, comme on l’a fait, de la philosophie et de la poésie de ces derniers temps. […] Cousin continua dans la philosophie ce que madame de Staël avait commencé dans la littérature. Cousin, ce grand indigent philosophique, qui avait demandé l’aumône à la porte de la philosophie écossaise, la demanda à la porte de la philosophie allemande, et Hégel lui donna ; et ce fut Cousin, lui plus que personne (était-ce de reconnaissance ?) […] De personne il a passé système ; d’idée concrète il a passé idée générale ; on l’a invoqué comme la philosophie même de l’art ! […] Caro, professeur de philosophie, s’escrimait contre les moulins à vent de la pensée de Gœthe comme s’ils commençaient à tourner, et dans un gros livre, de forte prétention, intitulé La philosophie de Gœthe, il recherchait péniblement quelle avait dû être cette philosophie et ne le trouvait pas.
Cousin, professeur de philosophie, a pris soin de recueillir, dans de nombreux petits volumes très exactement revus, et très curieusement remaniés, la série de ses leçons sur l’Histoire de la philosophie moderne, tant celles de 1815 à 1820, que celles de 1828 à 1830. […] Cousin, l’espèce d’attaque et de défaveur dont sa philosophie a été l’objet, et l’on a besoin d’y ajouter quelques éclaircissements pour le faire comprendre. […] D’une autre part, les rigoureux observateurs de la nature humaine lui ont reproché de maintenir orgueilleusement certains dogmes qu’une philosophie plus positive et plus hardie se croyait en droit de contester, de ne tenir aucun compte de l’homme physique et naturel dans les opérations de l’esprit, de se soucier moins d’être un vrai philosophe (ce qui n’est donné qu’à peu d’hommes) que de vouloir fonder une grande école de philosophie (ce qui est bien différent), et d’aller jusqu’à faire ensuite de cette philosophie une doctrine d’État, ayant cours et influence. […] Dans un tel état politique de défense et de siège, il n’y avait plus de place pour l’espèce de philosophie intermédiaire de M. […] Cousin abjure ici toutes les explications de la philosophie, et il s’en tient aux apparences.
Tel fut le principe fondamental de la philosophie qui se développa à travers l’antiquité classique, la philosophie des Formes ou, pour employer un terme plus voisin du grec, la philosophie des Idées. […] Mais la philosophie des Idées suit la marche inverse. […] En cette proposition se résume toute la philosophie des Idées. […] La pente naturelle de ces deux philosophies les ramène aux conclusions de la philosophie antique. […] Telle nous paraît être la fonction propre de la philosophie.
On pourrait en déduire n’importe quelle philosophie non dualiste, y voir Spinoza, Leibnitz, Hume, Pythagore, tout ce qu’on voudrait. […] », Shakespeare a-t-il voulu nous donner un résumé de la philosophie éléatique, ou prédire celle de Berkeley ? […] De même pour la philosophie. […] Il n’est pas étonnant qu’il ait accepté avec enthousiasme cette philosophie, lui qui de tout temps prêchait la suprême importance de l’art. […] De plus l’intérêt du penseur pour les philosophies orientales va dans le sens des recherches de Wagner.
Poésie, science et philosophie, — II. […] Avec Lamartine, nous sommes encore plus près de la théologie que de la philosophie. […] Sa philosophie est celle d’un souffrant, toute d’élans, de cris et de sanglots ; et après tout, c’est peut-être l’éternelle philosophie, celle qui est assurée de ne point passer comme tel ou tel système. […] de Littérature et philosophie mêlées, pp. 211, 212. […] Victor Hugo, Littérature et philosophie mêlées, IIe vol., p. 60.
Après avoir raconté toute l’histoire des écoles, des sectes, des philosophies grecque et romaine, il combat énergiquement le scepticisme ou la philosophie du doute, et il le combat par le plus beau des arguments : la conscience et la vertu. […] La philosophie raisonnée de Cicéron est égale à celle de Platon, mais Platon rêvait après avoir raisonné. […] et que de philosophies, qu’il croit d’hier, l’homme retrouverait à l’origine des hommes ! […] Avez-vous une plus haute philosophie morale, une plus saine raison, une plus solide vertu, un plus beau style ? […] On pouvait penser et professer tout ce qu’on voulait comme foi individuelle ou comme philosophie théologique générale.
De la philosophie et de l’éloquence des Grecs La philosophie et l’éloquence étaient souvent réunies chez les Athéniens. […] Je dois cependant considérer d’abord la philosophie des Grecs séparément de leur éloquence : mon but est d’observer les progrès de l’esprit humain, et la philosophie peut seule les indiquer avec certitude. L’éloquence, soit par ses rapports avec la poésie, soit par l’intérêt des discussions politiques dans un pays libre, avait atteint chez les Grecs un degré de perfection qui sert encore de modèle : mais la philosophie des Grecs me paraît fort au-dessous de celle de leurs imitateurs, les Romains ; et la philosophie moderne a cependant, sur celle des Romains, la supériorité que doivent assurer à la pensée de l’homme deux mille ans de méditation de plus. […] L’on enflammait de mille manières le goût de l’étude ; et les éloges flatteurs qu’obtenaient les disciples de la philosophie, en augmentaient encore le nombre. […] Mais qui pourrait comparer la philosophie de Thucydide à celle de Hume, et la profondeur de son esprit à celle de Machiavel, dans ses Réflexions sur les Décades de Tite-Live ?
Avisée comme un vieux diplomate et prudente comme un vieux médecin, l’Académie ne se compromettait point par un démenti direct donné aux idées contemporaines qu’elle eût fait affoler davantage, et elle n’en mettait pas moins tout doucement les compresses de glace de l’Histoire sur la tête de la Philosophie, pour la guérir de la fièvre cérébrale qui la dévorait. […] On la vit donc, timide, circonspecte, inconséquente, comme tout ce qui n’a pas en soi la fortitude des convictions profondes, cette lumière du cœur qui naît dans la lumière de l’esprit comme le phénix dans ses propres cendres, donner le prix à l’aveuglette de son scepticisme ou de sa philosophie myope, et en cela méconnaître ouvertement l’autorité de l’histoire à laquelle elle avait d’abord fait appel ! […] Chastel porte la marque, l’ineffaçable marque de cette chattemite de philosophie qui fait la sobre, la modérée, l’honnête, quand elle frappe à la porte tranquille des Académies, et qui n’en est pas moins cette philosophie dangereuse qui prendra le monde qu’il a fait au catholicisme, si le catholicisme ne sait pas le garder ! […] Le livre de Martin Doisy, qui, de tous les ouvrages soumis au jugement de l’Académie, répondait seul sans réplique aux prétentions de l’Économie, fille de la Philosophie, par le tableau de tous les biens réels et possibles faits au monde par l’économie, fille de la charité, n’a été l’objet que d’une mention honorable. […] Elle a tremblé devant cette alliance, et elle a mieux aimé déposer ses couronnes sur deux têtes protestantes, deux têtes d’entre-deux, comme dirait Pascal, qui ne sont ni tout à fait pour la Révolution, ni tout à fait contre la Philosophie.
Mais dans un pays où la philosophie n’aurait point d’application réelle, où l’éloquence ne pourrait obtenir qu’un succès littéraire, l’une et l’autre, à la fin, sembleraient des études oisives, et leur mobile s’affaiblirait chaque jour. […] L’esprit sauvage lutte contre la philosophie, se défie de l’éducation, et se montre plus indulgent pour les vices du cœur que pour les talents de l’esprit. […] Frédéric II, Marc-Aurèle, la plupart des rois ou des héros qui ont répandu leur éclat sur les nations, étaient en même temps des esprits très éclairés en philosophie. […] La philosophie ne rend impropre qu’à gouverner arbitrairement, despotiquement, et d’une manière méprisante pour l’espèce humaine. […] On se livre à l’étude de la philosophie, non pour se consoler des préjugés de la naissance qui, dans l’ancien régime, déshéritaient la vie de tout avenir, mais pour se rendre propre aux magistratures d’un pays qui n’accorde la puissance qu’à la raison.
« La théologie, la philosophie et la science constituent, dit M. […] Dans son histoire de la philosophie ancienne, M. […] Lewes dans son exposition de la philosophie allemande, ni dans son travail sur Auguste Comte. […] Lewes pense de la philosophie française. […] Ces protégomènes comprennent les questions suivantes : Qu’est-ce que la philosophie ?
Chose étrange au premier coup d’œil, mais qui n’étonne pas ceux qui connaissent la philosophie, c’est individuellement (qu’on me passe ce mot !) contre Notre-Seigneur Jésus-Christ que la philosophie, l’impartiale philosophie du xixe siècle, a poussé son dernier blasphème. […] Ainsi, après avoir faussé la raison, faculté par faculté, et obscurci la conscience ; après avoir nié en théologie, en métaphysique, en morale, en toutes choses, la philosophie nie aujourd’hui en histoire. […] Eh bien, répondre à cette dernière attaque de la philosophie par le texte des Évangiles mis à la portée du plus grand nombre ; répondre à ce crime de l’histoire par le témoignage de l’histoire, telle a dû être la pensée de l’auteur de la publication que nous annonçons avec joie et que nous voudrions populariser ! […] La philosophie, qui s’embusque partout où elle peut tirer de là sur la religion, ne s’est pas contentée de nier la divinité de Jésus-Christ dans les livres d’une exégèse difficile, de bouleverser le sens des prophéties, de discuter et de dénaturer les miracles.
Il y nourrit sa poésie de l’histoire, de la philosophie, de la science ; ses vers ne furent que la forme de ses connaissances et de ses idées. […] Ce roi voulait bien une corruption, mais il ne voulait pas une philosophie. […] Quelle fut cette philosophie de Voltaire ? […] Il voulut être apôtre sans être jamais martyr ; il pensait qu’en combattant masqué, il était plus utile à la cause de la philosophie qu’une victime. […] Quelques années après, la philosophie, triomphante avec la Révolution, les recueillit en triomphe et leur donna pour monument final le Panthéon.
Ces noms appartiennent à la philosophie et à la religion. […] Demandons d’abord à la philosophie comment elle explique l’homme. […] Bientôt elle se rencontre avec la philosophie dans la scolastique ; et de ce mélange naît un nombre infini de propositions scolastico-théologiques. […] Dans Gerson, la théologie se dégage de la philosophie, et tend à reprendre son caractère. […] Elle fait comme la philosophie, elle néglige la morale, qui tient le milieu entre l’une et l’autre, et dans laquelle seulement se trouve l’idée de l’humanité.
Jouffroy disent qu’on ne vit jamais dans une chaire de philosophie deux talents si grands et si différents. […] Son discours étudié prenait l’accent d’une improvisation sublime ; la philosophie l’illuminait. […] Il était entré dans la philosophie, et désormais il y resta. […] Ayant quitté la religion parce qu’elle manque de preuves, son premier besoin en philosophie fut la certitude. […] Sur vingt hommes qui pensent, il y en a dix-neuf qui, en quittant leur religion d’enfance, tombent dans cette philosophie ; elle n’est qu’un christianisme tempéré et amoindri ; c’est pourquoi elle devait être la philosophie de M.
Prêcher la philosophie à certains savants, c’est se faire regarder comme un esprit léger et une pauvre tête. […] N’est-ce pas en tant que pouvant fonder dans l’avenir la vraie et sérieuse philosophie de l’histoire ? […] J’aime Leibniz réunissant sous le nom commun de philosophie les mathématiques, les sciences naturelles, l’histoire, la linguistique. […] Presque toutes les sciences ont déjà leur grande histoire : histoire de la médecine, histoire de la philosophie, histoire de la philologie. […] Voir Cours de Philosophie positive, t.
Sully-Prudhomme et Stéphane Mallarmé tentaient, eux depuis longtemps poètes très précieusement intellectuels, une philosophie. […] Mallarmé lui-même ; l’autre étant philosophique, d’une philosophie à laquelle ceux-ci comme tous autres sont essentiellement étrangers. […] Toute mon œuvre, établie sur tel Principe de Philosophie — Philosophie évolutive — est le développement même de ce Principe. […] Et terminons en remarquant que par cette Philosophie évolutive, close en disparaissant est la vieille et prolixe et puérile querelle du Matérialisme et de l’Idéalisme : car elle les unit, en ce que ce dernier sort éternellement de l’autre. Et, cette Philosophie est d’idéalisme enfin rationnel : d’un idéalisme de toute éternité immanent, inconsciemment, à la Matière et qui s’en dégage conscient par évolution, de plus en plus, pour le Mieux.
Mais en vérité nous avons mieux que son histoire ; nous avons ses livres sacrés, sa philosophie. […] Or, qu’on y songe, l’histoire est la vraie philosophie du XIXe siècle. […] Comme les philosophies, les religions répondent aux besoins spéculatifs de l’humanité. […] Aux yeux d’une critique plus avancée, les religions sont les philosophies de la spontanéité, philosophies amalgamées d’éléments hétérogènes, comme l’aliment, qui ne se compose pas seulement de parties nutritives. […] Il s’en faut peu que ce soient des philosophies pures.
c’est ici que nous pouvons nous demander si la philosophie a bien donné ce qu’on était en droit d’attendre d’elle. À la philosophie incombe la tâche d’étudier la vie de l’âme dans toutes ses manifestations. […] Bref, la théorie que la science était en droit d’attendre ici de la philosophie — théorie souple, perfectible, calquée sur l’ensemble des faits connus — la philosophie n’a pas voulu ou n’a pas su la lui donner. […] Comment la philosophie du xviie , siècle avait-elle été conduite à cette hypothèse ? […] Le matérialisme actuel de la Bibliothèque de Philosophie scientifique, publiée sous la direction du Dr Gustave LE BON (Flammarion, éditeur).
Toute la philosophie de l’historien sur ce grand drame militaire se résume en deux mots, il est vrai, décisifs : « C’est un combat d’hommes libres contre des esclaves ». […] Ce qu’elle n’est jamais, c’est une science qui ramène les faits à leurs lois, une philosophie qui remonte aux véritables causes. […] Telle est la véritable philosophie de cette histoire ; elle n’a rien de commun avec les classiques récits de l’antiquité. […] Malheureusement la science, et surtout la philosophie de l’histoire, ne s’arrête pas toujours à ces sages conclusions. […] Hegel, Philosophie de l’histoire.
C’est à cette méditation qu’il suffirait presque de recourir pour retrouver la philosophie de M. […] Les philosophes n’en font guère cas, et dans l’histoire des philosophies petite sera sa place. […] Or il ne fait qu’en blaguer la philosophie. […] Une philosophie a priori ? […] Le savant a droit à une retraite, c’est la philosophie.
… c’est l’ancienne redite d’une métempsychose progressive, à laquelle la Philosophie revient, — comme la vieillesse revient à l’enfance. […] Jean Reynaud, théologien agrandi par la philosophie, l’a réputée mesquine, enfantine et débordée par ce triomphant Esprit humain, qui a le droit d’exiger mieux. […] Et c’est ici qu’après la question du point de vue, général et dominateur, qui emporte l’honneur d’un livre en philosophie, devait se poser la question du talent et de ses ressources, qui couvre l’amour-propre de l’auteur. […] Le traité de Terre et Ciel, qui résume toute sa vie intellectuelle, car il a été effeuillé dans des revues et des journaux depuis dix ans, ce traité, regardé comme un système, à toute solution, par un petit nombre de gens solennels et mystérieux, qu’on pourrait appeler les Importants de la philosophie, est, qu’on nous passe le mot (le seul qu’il y ait, hélas ! […] Théologien de prétention malgré son caractère philosophique, théologien quiquengrogne en philosophie, il peut avoir beaucoup lu les théologiens catholiques, mais il n’a point de connaissances accomplies, lumineuses, en théologie, car, s’il en avait, aurait-il épaulé le système du progrès indéfini de Condorcet avec la métempsychose de Pythagore ?
Or, de toutes les facultés de l’homme, la plus gauchie, la plus radicalement altérée, c’est précisément celle-là que la philosophie croit avoir le plus développée ; c’est la faculté qui sert à concevoir le vrai, la Raison ! […] Une des confusions les plus fréquentes et les plus déplorables d’une fausse philosophie, c’est la confusion de la Raison et de l’Intelligence, qu’il faut si sévèrement distinguer. […] La fonction de la Raison, en un mot, est de rappeler constamment l’homme des perceptions contingentes et personnelles aux perceptions impersonnelles et immuables ; de la nature physique où le retient le corps, à la Raison éternelle d’où lui descend la vérité. » Une telle faculté, qui soude presque l’homme à Dieu, s’il est permis de parler ainsi, devait être la première que la philosophie du dix-huitième siècle, la philosophie du moi et de la chose exclusivement humaine, dût fausser. […] Tel est le chemin que l’auteur de l’Affaiblissement de la Raison, parcourt, après l’avoir creusé, pour arriver à cette question de l’influence du paganisme sur de jeunes âmes, qui ne semble être qu’une question de rhétorique aux esprits superficiels, mais qui est, pour les esprits profonds, une question de philosophie, de gouvernement, d’avenir du monde. […] En philosophie, une bonne distinction a quelquefois l’importance d’une découverte ; mais ici il y a plus qu’une distinction, il y a une systématisation tout entière, avec laquelle on répondra désormais au Rationalisme sur cette question de la Raison, qu’il a si cruellement et si machiavéliquement troublée en la séparant de la Foi.
DESCARTES, [René] né à la Haye, petite ville de Touraine, en 1596, mort à Stockholm en 1650, le pere de la Philosophie en Europe, & fait pour l’être dans tous les pays où l’on voudra bien raisonner. […] Avant lui, la raison gémissoit depuis plusieurs siecles parmi les entraves de la Philosophie péripapéticienne qui triomphoit dans toutes les Ecoles. […] Il leur apprit à douter, c’est-à-dire, à se détacher des sens, à se défier de leurs idées, à suspendre leur jugement, à n’admettre, en un mot, dans la Philosophie, que ce qui porte avec soi le caractere de l’évidence. […] Le comble de l’excellence de sa Philosophie morale, est de ne jamais franchir les bornes. […] Avec des qualités aussi propres à attirer le respect des hommes, Descartes eut des foiblesses ; mais la Philosophie chez lui n’employa pas ses ressources à les déguiser ou à les justifier ; au contraire, elle servit à l’en guérir, & à élever son ame au dessus de ce cercle de miseres, autour duquel on voit ramper tant de ses prétendus imitateurs.
Il se faisait journellement à la tribune de vastes leçons de philosophie historique ou politique. […] Par lui, la philosophie cessa pendant un demi-siècle d’être un libre exercice de la pensée. […] Janet, la Philosophie de Lamennais, Revue des Deux Mondes. 1889, 1er févr., 1er et 15 mars. […] Du polythéisme romain considéré dans ses rapports avec la philosophie grecque et la religion chrétienne, 1833, 2 vol. in-8. […] C’est une œuvre remarquable d’éloquence narrative : une œuvre de science et de philosophie médiocre, une œuvre d’art médiocre.
Science et philosophie : Claude Bernard. […] Pour la métaphysique et la psychologie, un homme qui reste amateur en philosophie choisira, parmi la multitude des essais historiques, dogmatiques ou critiques, les forts écrits de M. […] Et Renan y fait tenir toute la philosophie. […] Burdeau, 3 vol. in-8, 1888-90). — De Hartmann : la Philosophie de l’Inconscient. […] Il se fit recevoir agrégé de philosophie, puis docteur ès lettres.
Parmi le petit nombre d’hommes de génie de notre Nation, qui ont cultivé la Philosophie, il a la gloire de n’avoir à se reprocher que les erreurs attachées à la foiblesse de l’esprit humain. Il fut Philosophe, mais Philosophe Chrétien ; & l’on peut dire que ses lumieres ont autant servi à la gloire de la Religion, qu’à celle de la Philosophie. […] L’amour de la Philosophie l’entraînoit un peu trop loin. […] L’Histoire est une seconde Philosophie, qui peut être aussi utile que la premiere, pour la connoissance de l’Homme. […] Il étoit extrêmement ménager de toutes les forces de son esprit, & soigneux de les conserver à la Philosophie….
Cet Ouvrage, qui n’a fait aucune impression dans le Public, méritoit d’être mieux accueilli ; l’idée en est neuve, le plan bien suivi ; les pensées & les vûes sont pleines de philosophie. Quand nous disons pleines de philosophie, nous ne prétendons pas parler de cette philosophie bizarre, qui eût peut-être accrédité cet Ouvrage chez les esprits frivoles, & en eût fait pardonner les défauts en faveur de la hardiesse des sentimens & de l’enflure du style ; nous parlons de cette philosophie qui tend à éclairer les hommes, & à les garantir de l’illusion.
Philosophie En ce qui concerne la recherche des manuscrits, traitant de matières philosophiques, on n’aura pas à s’occuper beaucoup de ce qui peut s’être fait avant le xiie siècle, 1º parce que les œuvres philosophiques antérieures à ce siècle, comme celles de Saint-Anselme, de Scot Érigène, etc., existent imprimées ; 2º parce que la scolastique, qui est la grande philosophie du moyen âge, n’était pas véritablement fondée ; 3º parce que les auteurs de ces œuvres, antérieures au xiie siècle, appartiennent rarement à la France. […] Il est certain (et il le dit lui-même) qu’il avait fait des leçons sur toutes les parties de la philosophie : ce seraient ces leçons qu’il y aurait un grand intérêt à retrouver, ne fussent-elles rédigées que par quelqu’un de ses élèves. […] Pour les siècles où l’histoire littéraire des Bénédictins manque, il faudra consulter les divers catalogues, et les indications données par les historiens de la philosophie, par Brucker principalement. […] On se garderait de les négliger, non plus que les écrits appartenant à cette philosophie morale moins systématique et plus libre, qui s’honore des noms de Montaigne et de Charron. […] Des correspondances de philosophes célèbres, discutant entre eux des points intéressants, peuvent se retrouver encore, et ajouter à cet héritage de la philosophie en France.
La philosophie cartésienne, dont l’esprit est foncièrement hostile à la foi, se développe dans une forme conciliable avec les dogmes de l’Église, chez Descartes, dans une forme hétérodoxe, mais plus chrétienne encore, chez Malebranche. […] D’autres fois, comme la philosophie du xviiie siècle est en fait un exercice de gens du monde, un jeu de salon, ce sera dans les préjugés mondains que la raison prendra son point de départ. De ce double caractère a priori et mondain résultera l’étonnante innocence de cette philosophie téméraire. […] La même philosophie décide sur une question de voirie et sur l’existence de Dieu. […] Il reste à signaler un caractère de la philosophie du xviiie siècle, qui dépend de tous les autres ou s’y relie : elle est cosmopolite, et elle donne naissance à une littérature cosmopolite.
Moi qui ne crois pas à l’aboutissement de la philosophie humaine, moi qui pense que hors la gymnastique qu’elle fait faire à l’esprit, exercice salubre ! […] Jusqu’à l’Étude sur Stuart Mill, où il s’affirme davantage, l’auteur des Philosophes français, depuis qu’il avait renoncé au scepticisme et à la moquerie, n’avait guère, en philosophie absolue, montré nettement que des tendances. […] Or, on sait ce que veut dire le mot d’amis en philosophie. […] Il a fait de la conversation contre l’Angleterre et sa philosophie officielle, et il a fini sa fusée d’abstractions, sans étincelles, dans un paysage étincelant. […] Nous les connaissions… Mais, puisqu’il n’est plus le moqueur des Philosophes français et qu’il s’est fait compréhensif et grave, croyant à la philosophie dont il a commencé par douter, quand nous donnera-t-il un système qui ne soit pas la poussière du système des autres, tombée (sic) sur ses ailes… hélas !
Il invente en deux mots la philosophie de la physique : attraction, répulsion, il n’y a pas d’autres forces ; toutes celles des chimistes et des physiciens se réduiront à celles-là ; et sur quoi se fonde cette prophétie ? […] Chaque membre de phrase est un pas de la philosophie spiritualiste. […] Et voilà comment on fonde une philosophie. […] Cette impuissance en philosophie est le propre de l’esprit oratoire. […] Introduction à l’histoire de la philosophie, cours de 1828, p. 146.
Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. […] — C’est pourquoi la philosophie descend dans les salons. […] Et ceci n’est pas un obstacle : il est plus aisé avec cette langue de parler philosophie que préséances et chiffons. […] Elle s’ouvre toute grande aux mains d’une philosophie qui proclame la souveraineté de la raison. […] Il suffit toujours que la littérature se mette au service de la philosophie.
Telles furent les sources diverses de la philosophie de Ballanche. […] Voilà le commencement des choses et voilà le commencement de la philosophie éthique. […] La philosophie de l’histoire est une forme savante du providentialisme, et l’histoire, selon la philosophie de l’histoire, c’est l’histoire de la Providence. […] De la lutte entre une religion qui décline et une philosophie qui s’élève. […] La philosophie de l’avenir sera « la philosophie de la vie universelle. » L’homme trouvera sa loi dans la loi du monde enfin ramené à l’unité.
Sauri, [N.ABCD] Abbé, ancien Professeur de Philosophie en l'Université de Montpellier, né à Entraigues, Diocese de Rhodez, en 1734. Nous ne parlerons que de son Cours de Philosophie à l'usage des Gens du monde, car ses Ouvrages de Mathématiques ne sont pas du ressort de celui-ci. […] En écartant les termes scientifiques, le ton pédantesque ; en s'expliquant d'une maniere claire & précise, il a rendu son Cours de Philosophie propre à être lu avec fruit par les Femmes même. […] Démontrer contre les Matérialistes l'immortalité de l'ame, contre les Déistes la divinité de la Religion Chrétienne, défendre contre les Incrédules toutes les vérités attaquées par leurs Sophismes, offrir en un mot de sûrs préservatifs contre tous les prestiges de l'erreur, c'est ce qu'il exécute avec une sûreté de lumieres & une force de raisonnement propre à renverser tous les vains systêmes que la plus pitoyable des crédulités fait adopter sous le nom de Philosophie.
Nous l’aimons pour cette raison et nous le lui avons dit, quoiqu’il l’ait oublié… C’est, de naturel, un très agréable conteur, naïf et attendri, une espèce de Greuze littéraire, qui aurait toute la pureté de son talent s’il se débarbouillait de cette fumée de pipe qu’on appelle « la philosophie allemande » et qui encrasse (je pourrais dire un mot plus laid si je parlais la langue des tabagies) les plus jolies parties de ses tableaux. […] Matérialiste autant qu’il puisse l’être de doctrine et d’inspiration première, Weill, qui n’est pas un philosophe à une philosophie, mais un philosophe à plusieurs, n’est pas seulement matérialiste par le fond réel de son livre ; il prétend être encore spiritualiste par l’intention et par le détail. […] philosophe, mais n’ayant pas une philosophie ordonnée et conséquente qui lui soit propre, pas plus qu’écrivain il n’a un talent littéraire tranché et pur, quoiqu’il en ait un, — mais non assez essuyé de ces fumées philosophiques qui en ternissent la couleur quelquefois charmante. […] Qu’importent le genre des philosophies et les mélanges qu’il s’en est permis dans la chatoyante inconséquence ou confusion de son langage ! […] L’étiquette à mettre sur la philosophie ou les philosophies de Weill m’est bien indifférente, mais ce qui me cause presque de l’horreur dans ce livre dont je me promettais tant de joie, c’est la radicale impiété que j’y trouve, malgré l’âme honnête que j’y sens ; c’est enfin l’extinction, et l’extinction la plus complète, du sentiment chrétien, — de ce sentiment par lequel Weill, l’ingrat, est encore tout ce qu’il est quand il a raison contre l’immoralité de ce temps !
La haine perçante de la philosophie ne s’y était pas trompée quand elle avait lâché contre la vérité religieuse Rabelais et Voltaire, et fait de Lucifer tombé un diable grotesque, trop comique pour que l’on y crût. […] Car voilà le côté par lequel, à cette époque de discussion et d’analyse, le livre des Esprits s’imposera à ceux-mêmes qui, d’instinct ou de philosophie, seraient les plus disposés à le rejeter : la science, et, ajoutons-y encore, la loyauté dans la méthode. […] Une admirable dissertation sur les religieuses de Loudun, les trembleurs des Cévennes et les convulsionnaires de Saint-Médard, prouve, avec la clarté de la plus pure lumière, la bonne foi des premières observations, méconnues à dessein par le protestantisme et la philosophie. […] Il collationne les traits des voyageurs contemporains les plus distingués, et partout il rencontre, sur toutes les latitudes, cette notion d’esprit si désagréable à la philosophie, l’ennemie née du surnaturel. […] En cela le catholicisme, que la philosophie se vantait d’avoir tué en l’asphyxiant de sa lumière, se montre ce qu’il fut toujours, vivant et vivace, parce qu’il est la vérité.
La philosophie de Nietzsche commence, en effet, par être libératrice. […] Après le grand effort ontologique des ioniens et des éléates, Socrate fait descendre, suivant un mot connu, la philosophie du ciel sur la terre. […] Elle transforme la philosophie de l’Inconscient. […] Chez nous, le professeur de philosophie, prêtre de traditions que souvent il ne comprend même plus, est exactement le contraire du philosophe. […] Lucien Arréat constate que la philosophie est « tout le savoir, sans être spécialement aucun savoir ».
J’ai essayé de rendre compte de la marche lente, mais continuelle, de l’esprit humain dans la philosophie, et de ses succès rapides, mais interrompus, dans les arts. […] Il faut d’ailleurs une étude constante de l’histoire et de la philosophie, pour approfondir et pour répandre la connaissance des droits et des devoirs des peuples et de leurs magistrats. […] La seule puissance littéraire qui fasse trembler toutes les autorités injustes, c’est l’éloquence généreuse, c’est la philosophie indépendante, qui juge au tribunal de la pensée toutes les institutions et toutes les opinions humaines. […] L’éloquence, l’amour des lettres et des beaux-arts, la philosophie, peuvent seuls faire d’un territoire une patrie, en donnant à la nation qui l’habite les mêmes goûts, les mêmes habitudes et les mêmes sentiments. […] L’on m’a demandé quelle définition je donnais du mot philosophie dont je me suis plusieurs fois servie dans le cours de cet ouvrage.
Ozanam intitulé : Dante et la philosophie catholique du treizième siècle. […] Ozanam était le saint Jean de la philosophie platonicienne et monastique de la Renaissance. […] « C’est vers le milieu de cette période, à l’heure du chant du cygne de la philosophie antique mourante, que la philosophie du moyen âge devait avoir son poète. […] La philosophie grecque avait eu son Homère en la personne de Platon. » (Ne pourrait-on pas dire que la philosophie spiritualiste avait commencé à Platon ?) […] Ozanam, comme la plupart des commentateurs italiens, voit dans la fable du Dante une philosophie tout entière ; il appelle cette doctrine la philosophie catholique du moyen âge.
Sa philosophie est composée de préceptes, et non d’observations. […] À Athènes, la philosophie était, pour ainsi dire, l’un des beaux-arts que cultivait ce peuple, enthousiaste de tous les genres de célébrité. À Rome, la philosophie avait été adoptée comme un appui de la vertu ; les hommes d’état l’étudiaient comme un moyen de mieux gouverner leur patrie. […] J’ai dit que les Romains s’étaient occupés de philosophie avant d’avoir eu des poètes. […] Cinq siècles avant cette époque, Numa avait écrit sur la philosophie, et cent cinquante ans après Numa, Pythagore avait été reçu bourgeois de Rome.
Il avait déjà, quand il suivait à Bourbon le cours de philosophie de M. […] À peine installé dans sa chaire, il publiait coup sur coup la Philosophie de l’art (1865), la Philosophie de l’art en Italie (1866), l’Idéal dans l’art (1867), la Philosophie de l’art dans les Pays-Bas (1868), et la Philosophie de l’art en Grèce (1869), petits écrits qui devaient être réunis plus tard (1880), en deux volumes, sous le titre de : Philosophie de l’art. […] C’étaient les lettres anciennes et surtout la philosophie qui l’attiraient. […] Il veut que l’histoire et la philosophie se prêtent un mutuel secours. L’histoire étudiera les faits, la philosophie les lois, l’histoire l’homme collectif, la philosophie l’homme individuel.
Le National du 3 mai est très-opposé à la philosophie universitaire ; ce n’est pas que le National aime le moins du monde le clergé comme bien vous pouvez croire ; c’est que le rédacteur Armand Marrast est un disciple de Condillac et de Laromiguière, et dèslors un vieil adversaire de l’éclectisme. Il y a dans cette levée de boucliers contre la philosophie de Cousin autre chose encore que des opinions et des croyances religieuses et cléricales ; il y a des rancunes philosophiques de la part des dissidents, sensualistes, sceptiques, etc., que l’éclectisme a toujours mal menés et méprisés avec hauteur. […] Mais voilà que le lendemain à la Chambre des pairs (2 mai), M. de Montalivet est venu parler contre la philosophie et dans un sens qui pouvait sembler favorable au clergé. […] — Quant à la Chambre des pairs, elle continue dans sa voie d’admonestation à la philosophie et de méfiance assez marquée contre les programmes de M.
En philosophie et en religion, M. […] Les défauts de sa philosophie furent ceux d’une âme trop timorée. […] La politique et la philosophie n’ont plus grand-chose à faire ensemble. […] À la philosophie de M. […] L’ironie lui échappait ; il ne la comprenait pas en philosophie ; elle lui déplaisait en politique.
En philosophie, en littérature, en critique, elle modifia efficacement les esprits ; en politique proprement dite, elle fut moins ferme et d’une allure plus honnête qu’entraînante. Bref, quand la dynastie parjure suscita contre elle par un coup insensé tout ce que le pays recélait de vigueur cachée et d’amertume dans ses reins et dans ses entrailles, il y avait en France un groupe d’hommes jeunes, professant en philosophie, en histoire, en littérature, en politique théorique, certaines doctrines réfléchies, certaines solutions déjà accréditées ; ces solutions, ces doctrines, ces hommes, se trouvèrent subitement mis à l’épreuve des choses, et confrontés, pour ainsi dire, à l’instant même, avec un résultat imprévu, immense, avec une révolution. […] Dans sa revue de la société, au premier plan, se rencontraient la philosophie éclectique de la Restauration et la politique doctrinaire, l’une déjà morte, l’autre toujours vivace. […] Lerminier passe outre ; renouant étroitement avec la philosophie du xviiie siècle et avec la Révolution française, seules origines fécondes et génératrices pour notre âge, il se pose en plein les problèmes sociaux qui, voilés durant quinze ans d’un rideau fleurdelisé de théâtre, ont été de nouveau démasqués par les trois jours. […] Quand on entend les hommes renommés par l’étendue de leur savoir et de leur esprit épuiser les sophismes de la logique et mille fausses lueurs détournées de l’histoire, au service d’une négation cynique de tout progrès social, il y a plaisir à contempler un esprit ardent qui, l’œil sur un but magnifique et lointain, ne ménage aucune étude, aucune indication empruntée aux philosophies et aux révolutions du passé, pour diminuer l’intervalle qui reste à franchir, pour tenter d’ajouter une arche de plus à ce pont majestueux où l’humanité s’avance.
Comme « la philosophie » de Voltaire, c’est dans l’ensemble de son œuvre que « la philosophie » de Bossuet est éparse on plutôt diffuse. […] Nous commençons à entrevoir les linéaments de sa philosophie. La philosophie de Descartes est une philosophie de la nature ; la philosophie de Bossuet est une philosophie chrétienne. […] un La Fontaine ou un Molière même avaient leur philosophie. […] Ses autres propriétés, reconnues ou soupçonnées, ont fait naître enfin la vraie philosophie. » La « vraie philosophie » !
Mais tout d’un coup, étant en seconde, il entra un jour par curiosité dans la classe de philosophie. La philosophie formait alors un cours accessoire et facultatif pour les élèves de seconde et pour ceux de rhétorique. […] Il eut aussitôt du succès, et obtint, dès cette année, une mention de philosophie au Concours. […] Il fallut cesser de s’occuper de politique active ; il revint à la philosophie et à la littérature. […] Il s’y était fort remis durant la trêve de 1824 à 1828 ; mais sa philosophie alors était surtout de la métaphysique politique.
Philosophie grecque. […] La philosophie arabe dit seule le vrai mot de ce mystère, comme la philosophie du christianisme : Dieu l’a voulu ainsi ! […] XL En résumé, je vous en ai dit assez pour vous donner de la philosophie grecque, à son apogée, une idée que nous compléterons en étudiant bientôt ensemble la philosophie d’Aristote. […] La philosophie de Socrate, quoique faussée par Platon, aura cet éternel mérite d’avoir été la première grande profession de foi spiritualiste du genre humain, non-seulement en Asie, mais en Europe. […] La philosophie selon la raison précéda ainsi la philosophie selon la foi.
La philosophie, dans la Grèce, est presque de même date que la poésie ; et, de bonne heure, ces deux, forces de l’intelligence s’étaient inspirées l’une l’autre, ou parfois s’étaient mêlées. […] Thalès, Phérécyde, Épiménide, Xénophane, Parménide, Empédocle, appartiennent à cet âge de la philosophie unie à l’imagination. […] C’est avec Xénophane que la philosophie grecque nous parlé pour la première fois la langue de la poésie. Les vestiges qui nous en restent ne répondent pas aux conceptions hardies dont ce nom a gardé le tort ou la gloire ; dans les annales de la philosophie. […] ne semble-t-il pas rentrer dans ce trésor de sentiments et d’images qui, chez les Grecs, faisaient de la philosophie même une seconde poésie ?
Avant la révolution, on ne remarque en philosophie qu’un seul homme, le chancelier Bacon. […] Enfin la philosophie anglaise, à la fin du dix-septième siècle, prit son véritable caractère, et l’a soutenu depuis cent ans toujours avec de nouveaux succès. La philosophie anglaise est scientifique, c’est-à-dire que ses écrivains appliquent aux idées morales le genre d’abstraction, de calcul et de développement dont les savants se servent pour parvenir aux découvertes et pour les expliquer. La philosophie française tient davantage au sentiment et à l’imagination, sans avoir pour cela moins de profondeur ; car ces deux facultés de l’homme, lorsqu’elles sont dirigées par la raison, éclairent sa marche, et l’aident à pénétrer plus avant dans la connaissance du cœur-humain. […] Quelle philosophie dans les conceptions !
Un système de philosophie vaut un poème, un poème vaut une découverte scientifique, une vie de science vaut une vie de vertu. […] Un homme disait un jour à un philosophe de l’antiquité qu’il ne se croyait pas né pour la philosophie : « Malheureux, lui dit le sage, pourquoi donc es-tu né ? » Certes, si la philosophie était une spécialité, une profession comme une autre ; si philosopher, c’était étudier ou chercher la solution d’un certain nombre de questions plus ou moins importantes, la réponse de ce sage serait un étrange contresens. Et pourtant, si l’on sait entendre la philosophie, dans son sens véritable, celui-là est en effet un misérable qui n’est pas philosophe, c’est-à-dire qui n’est point arrivé à comprendre le sens élevé de la vie. […] À vrai dire, ces mots de poésie, de philosophie, d’art, de science, désignent moins des objets divers proposés à l’activité intellectuelle de l’homme que des manières différentes d’envisager le même objet, qui est l’être dans toutes ses manifestations.
Descartes : rapport de sa philosophie à la littérature. […] La philosophie de Descartes illumine tout le mouvement intellectuel et littéraire auquel la Renaissance a donné l’impulsion. […] Ainsi sa philosophie semblait se faire l’auxiliaire de la foi, et donner un fondement rationnel au dogme traditionnel et révélé. […] Par certains côtés la philosophie de Descartes correspond exactement à l’esprit classique. […] Bouillier, Histoire de la philosophie cartésienne, 2 v. in-18, 1868, 2e éd. ; G.
Mais sa philosophie ne se réduit pas à une psychologie. […] Émile Boutroux a proclamé la mort de la philosophie. […] Tout de même, on le verra, ce qui subsiste, en fait de philosophie, et ce qu’on attend, n’est pas de la philosophie. […] Métaphysique, psychologie, sociologie, morale, philosophie des sciences, philosophie de l’histoire, philosophie religieuse, esthétique, histoire de la philosophie : tels sont les chapitres de ce résumé de la pensée moderne. […] Mais, d’abord, une telle philosophie générale ne serait pas la philosophie.
En histoire, il a faussé les faits à l’aide d’interprétations mensongères, et il a inventé des philosophies de l’histoire. […] Il est de ceux qui croient que sur tous les terrains, — en médecine comme ailleurs, — l’Histoire doit faire taire la Philosophie et tient en réserve des réponses et des solutions toutes prêtes, quand la Philosophie n’en a plus. […] En ce temps-là, les habiles et les modérés du Matérialisme dirent que La Mettrie avait l’esprit un peu dérangé ; et pour se consoler, il s’en alla, Triboulet de la philosophie, bouffonner chez le roi de Prusse. […] Un jour, la Philosophie générale eut assez de cette auge et releva le front. […] Il laissait dire et faire et se transformer la Philosophie.
Prenons d’abord les trois principales œuvres de l’intelligence humaine, la religion, l’art, la philosophie. Qu’est-ce qu’une philosophie sinon une conception de la nature et de ses causes primordiales, sous forme d’abstractions et de formules ? […] Que le lecteur considère quelques-unes de ces grandes créations de l’esprit dans l’Inde, en Scandinavie, en Perse, à Rome, en Grèce, et il verra que partout l’art est une sorte de philosophie devenue sensible, la religion une sorte de poëme tenu pour vrai, la philosophie une sorte d’art et de religion, desséchée et réduite aux idées pures. […] Pareillement dans une race, selon que l’aptitude aux idées générales sera différente, la religion, l’art et la philosophie seront différents. […] La philosophie alexandrine ne naît qu’au contact de l’Orient.
Chapitre I : La science politique au xixe siècle2 A toutes les grandes époques de liberté intellectuelle, on a vu la philosophie s’unir à la politique, lui prêter ou en recevoir des lumières. […] Rossi, sont tous, à des degrés divers, philosophes et publicistes, et leur philosophie contient les principes de leur politique. […] D’ailleurs, s’il goûtait peu la philosophie savante, il portait en lui-même une philosophie naturelle, non systématique, mais toute vivante, et partout présente dans ses écrits, la philosophie de l’âme, de la dignité humaine, de la liberté. […] Pour bien comprendre la philosophie politique de M. de Tocqueville, il importe d’abord de le placer au milieu des écoles politiques de son temps. […] Le panthéisme est la philosophie de cette période, qui ne peut s’exprimer par un nom particulier : nouveau symptôme de la prépondérance des masses confuses sur les forces individuelles.
Comme les premiers auteurs d’une opinion de philosophie ont pû se tromper, ils ont pû successivement abuser de generation en generation tous leurs sectateurs. […] Voilà pourquoi la prévention du genre humain, en faveur d’un systême de philosophie, ne prouve pas même qu’il doive continuer d’avoir cours durant les trente années suivantes. […] Les hommes ne sont pas donc autant exposez à être duppez en matiere de poësie qu’en matiere de philosophie, et une tragédie ne sçauroit, comme un systême, faire fortune sans un mérite véritable. […] Si tous les philosophes rendent justice au mérite personnel de Monsieur Descartes, ils sont en récompense partagez sur la bonté de son systême de philosophie. […] Les fausses opinions de philosophie que nous avons remportées du college peuvent subsister toujours, parce qu’il n’y a qu’une méditation que nous ne sommes pas souvent capables de faire, qui nous en puisse désabuser.
La philosophie a beau y être précoce et indigène ; elle ne s’y acclimate pas. […] Aussi bien, comment causer si on s’abstient de philosophie ? […] Sans la philosophie, le badinage ordinaire serait fade. […] Suivons les progrès de la philosophie dans la haute classe. […] La riante philosophie de Voltaire nous entraînait en nous amusant.
Dès lors la philosophie est faite. […] Pour avoir voulu prévenir tout conflit entre la science et la philosophie, on aura sacrifié la philosophie sans que la science y ait gagné grand’chose. […] La philosophie envahit ainsi le domaine de l’expérience. […] La philosophie l’emprunte à la vie courante. […] non, certes ; l’histoire de la philosophie est là pour en témoigner.
La philosophie officielle a pris d’elle-même le rôle d’accusée. […] Saisset a beau dire des injures (car il en a dit) aux sceptiques, aux matérialistes ; il a beau dire que ces systèmes n’ont de prise aujourd’hui que sur les âmes basses et les esprits obtus (page 472), il échappe très-difficilement lui-même et les siens à ce scepticisme qui ne diffère pas notablement du matérialisme quant au résultat moral ; de plus il viole les droits de la philosophie qu’il prétend défendre en s’exprimant de la sorte sur des doctrines peu hautes et peu consolantes à coup sûr, mais envers qui les philosophes proprement dits n’ont pas à se montrer si injurieux. […] Saisset : Vous n’êtes pas philosophe et votre philosophie n’en est pas une véritablement, car elle vous est commandée, car elle part d’un point d’avance déterminé (le doute méthodique), et elle arrive à des résultats d’avance assignés ; car si l’un de vous, jeunes professeurs, s’avisait d’aboutir à un résultat un peu différent, il serait à l’instant révoqué et réduit au silence (M. […] Or est-ce là une philosophie véritable que celle qui n’est pas libre de choisir son point de départ et d’aboutir aux résultats quelconques où sa recherche la conduira ?
est-ce procéder même dans le sens d’une vraie philosophie ? […] Concilier en ce sens-là la religion et la philosophie, n’est-ce pas les prendre par un côté tout politique et empirique, et les abdiquer foncièrement toutes les deux ? […] La philosophie moderne a bien de la peine à ne pas oublier naturellement cette charité qui est le cœur du christianisme en son sens divin. L'éclectisme, qui touche à tout, n’a pas mis jusqu’ici le doigt sur le grand ressort de rien. — Quant à ce que pourrait objecter d’autre part une philosophie originale et convaincue contre cette manière de prendre un peu à un siècle et un peu à un autre pour se composer une doctrine raisonnable, nous ne nous en chargeons pas et nous laissons ce soin aux doctes Allemands de Berlin ou de Kœnigsberg, et aux professeurs comme Rosenkranz, qui sont en train de s’en acquitter à merveille. […] Jourdain, professeur de philosophie.
Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 Cette époque est celle où la littérature a donné l’impulsion à la philosophie. […] Il voulait que les lumières fussent de bon ton, que la philosophie fût à la mode ; mais il ne soulevait point les sensations fortes de la nature ; il n’appelait pas du fond des forêts, comme Rousseau, la tempête des passions primitives, pour ébranler le gouvernement sur ses antiques bases. […] Voltaire a rempli à lui seul cette époque de la philosophie, où il faut accoutumer les hommes comme les enfants à jouer avec ce qu’ils redoutent. […] Quand la philosophie fait des progrès, tout marche avec elle ; les sentiments se développent avec les idées. […] La philosophie elle-même n’est qu’une occupation frivole dans un pays où les lumières ne peuvent pénétrer dans les institutions.
C’est à la philosophie à nous délivrer de ces liens ; mais elle ne saurait mettre trop de choix dans les armes dont elle se sert pour les briser. […] Ainsi dans les matières de goût, une demi-philosophie nous écarte du vrai, et une philosophie mieux entendue nous y ramène. C’est donc faire une double injure aux belles-lettres et à la philosophie, que de croire qu’elles puissent réciproquement se nuire ou s’exclure. Tout ce qui appartient non seulement à notre manière de concevoir, mais encore à notre manière de sentir, est le vrai domaine de la philosophie : il serait aussi déraisonnable de la reléguer dans les cieux et de la restreindre au système du monde, que de vouloir borner la poésie à ne parler que des dieux et de l’amour. […] et quelle obligation aurons-nous à la philosophie, quand son effet sera de le diminuer ?
Eh bien, la philosophie d’Hippolyte Castille n’est pas très compliquée : c’est tout uniment le fatalisme révolutionnaire ! […] Or, si c’est là, sans aucune exagération, sa seule philosophie, si son histoire tout entière est contenue dans de telles prémisses, il est facile d’en conclure cette terrible abréviation des soixante années qui valent peut-être deux siècles ordinaires, tant elles ont influé sur le cours des choses et du monde ! […] C’est de ce fatalisme effronté, mais naïf, qui est toute sa philosophie, que sortent tous les défauts de son histoire, et il n’y en a pas qu’un : ils sont nombreux. […] Pourquoi n’a-t-il pas, en fait, comme écrivain, l’esthétique de sa philosophie ? […] Ces oublis de son unité, ces inconséquences de langage avec le fond de sa pensée et de sa philosophie, sont les protestations du tempérament, toujours plus fort que les partis pris ou que les partis qui vous prennent.
Delille, Ex-Oratorien, Auteur d’une Traduction inexacte & plate de Suétone ; d’une prétendue Philosophie de la Nature, qui n’est que l’écho infidele de ce qui a été dit mille fois d’une maniere plus simple & plus précise ; & enfin d’une Poétique sur la Tragédie, qu’on n’auroit pas été tenté d’attribuer à un Poëte, quand même l’Auteur n’auroit pas mis sur le frontispice en très-gros caractere, PAR UN PHILOSOPHE. Peut-être a-t-il cru donner, par ce titre, une recommandation à son Ouvrage, très-éloigné de faire honneur à la Philosophie*. […] Delille, & auquel nous n’avons rien changé depuis la premiere édition des Trois Siecles, nous a fait ranger, par cet Auteur, au nombre de ses ennemis, dans le VI vol. de sa Philosophie de la Nature, qu’il fit paroître un an après la premiere publication de notre Ouvrage. […] Au reste, les injures de ce Fanatique de la Philosophie moderne ne nous ont point empêchés d’être sensibles aux désagrémens que lui a attirés l’Ouvrage même dans lequel il se les est permises.
Par là, il s’est assuré le titre de fondateur définitif de la philosophie de l’histoire. […] L’idée de l’humanité est la grande ligne de démarcation entre les anciennes et les nouvelles philosophies. […] L’esprit philosophique sait tirer philosophie de toute chose. […] Ce travail de la foule est un élément trop négligé dans l’histoire de la philosophie. […] L’histoire de la philosophie, en un mot, devrait être l’histoire des pensées de l’humanité.
Il assiste à des sermons, à des expériences de philosophie naturelle, et, à propos des expériences de M. […] La philosophie péripatéticienne, qu’il avait apprise chez les jésuites de Toulouse, ne le retient pas le moins du monde en présence du système de Descartes auquel il s’applique ; mais ne croyez pas qu’il s’y livre. […] Conrart et quelques autres, mais avec le regret de ses liens, Bayle accepta, en 1675, une chaire de philosophie à Sedan, et dut se remettre aux exercices dialectiques qu’il avait un peu négligés pour les lettres. […] Un an auparavant, sa chaire de philosophie à Sedan avait été supprimée, et après quelque séjour à Paris il s’était décidé à accepter une chaire de philosophie et d’histoire qu’on fondait pour lui à Rotterdam. […] La dialectique, qu’il pratiqua d’abord à demi par goût et à demi par métier (étant professeur de philosophie), finit par le passionner et par empiéter un peu sur sa faculté littéraire.
De la philosophie chrétienne et comment Calvin en exprime pour la première fois les vérités dans la langue vulgaire. — § II. […] De la philosophie chrétienne, et comment Calvin en exprime pour la première fois les vérités dans la langue vulgaire. […] La beauté suprême des lettres françaises, dans Molière comme dans Bossuet, qu’est-ce autre chose que l’expression parfaite des vérités de la philosophie chrétienne ? […] Calvin traite en grand écrivain toutes les questions de la philosophie chrétienne, la conscience, la liberté chrétienne, la Providence divine, les traditions humaines, le renoncement à soi. […] J’ai loué Calvin d’avoir affranchi la théologie de la philosophie.
On avait, par une confusion inattentive, établi un rapport de cause à effet entre la Révolution et la philosophie ; Cassagnac l’a brisé avec un discernement remarquable, et des preuves qu’il apporte d’une opinion si nouvelle il résulte que, bien loin d’avoir été la fille de la philosophie, la Révolution en a été la mère adoptive, qu’elle l’a prise dans l’obscurité et présentée au monde, parce que, pendant et après son triomphe, elle a trouvé dans les doctrines de cette philosophie un prétexte pour ses crimes et une justification pour ses excès. […] Écoutez-le : « La Révolution n’appartient pas plus au peuple qu’à la philosophie. […] C’étaient des traditions et des incubations de cabinet, des vues plus ou moins justes d’hommes d’État rompus aux affaires, mais dans lesquelles la philosophie n’avait rien mis ; car d’Argenson les avait proposées onze ans avant la publication du premier volume de l’Encyclopédie. […] Chaque siècle a sa philosophie, comme il a ses passions personnelles ; et c’est même une loi de l’esprit humain que la philosophie d’un siècle doive rayonner dans tout ce que ce siècle a produit. […] Le Catholicisme, en posant la liberté de l’homme, — et, chose qui devrait faire réfléchir les partisans de la liberté politique, il n’y a que le Catholicisme qui sache poser philosophiquement cette liberté, — donne la seule vraie philosophie de l’Histoire.
C’est dans tous les cas la première condition de tout progrès solide dans la philosophie naturelle. […] Le grand siècle du goût, qui allait finir, n’avait pas été précisément le siècle de la philosophie, de la science et des lumières : il s’agissait, l’heure venue, de les introduire. […] Flammarion, c’est à un livre de philosophie transcendante et quasi de théologie. […] La science a fait bien des progrès depuis lui : la philosophie en a-t-elle réellement fait autant qu’on le dit et qu’elle s’en vante ? […] Racine a pu faire de jolies épigrammes contre le Fontenelle poëte et auteur de tragédies ; mais convenons que Fontenelle prend bien sa revanche par la philosophie et la pensée.
Ils vont faire de la philosophie la matière de tous les livres, la préoccupation de tous les esprits. […] Mais l’idée originale de Vauvenargues, où se résume toute sa philosophie, c’est le respect des passions. […] Il croyait que « la vraie philosophie » était assez développée pour mener à bien cette vaste entreprise. […] Elle fut la Somme de la philosophie rationnelle, et elle la vulgarisa en la rassemblant. […] Il me faut laisser tous ces représentants de la philosophie du dernier siècle, pour regarder seulement les grands littérateurs, ainsi replacés dans leur milieu.
De la première époque de la littérature des Grecs Je comprends dans cet ouvrage, sous la dénomination de littérature, la poésie, l’éloquence, l’histoire et la philosophie, ou l’étude de l’homme moral. […] L’alliance des sentiments avec les sensations est déjà un premier pas vers la philosophie. […] La philosophie, c’est-à-dire, la connaissance des causes et de leurs effets, porte l’admiration des penseurs sur l’ensemble du grand ouvrage de la création ; mais chaque fait particulier reçoit une explication simple. […] Aucun peuple, donc, n’a réuni pour la poésie autant d’avantages que les Grecs ; mais il leur manquait ce qu’une philosophie plus morale, une sensibilité plus profonde, peuvent ajouter à la poésie même, en y mêlant des idées et des impressions nouvelles. […] Anacréon, dans sa poésie voluptueuse, est fort inférieur au talent et à la philosophie qu’Horace a montrés en traitant des sujets à peu près semblables.
Malgré ses allures de dilettante, il a couvert sa curiosité d’une intention de philosophie et de science. […] Son œuvre se distribue en trois masses principales : philosophie, critique, histoire. […] Je ne veux ici qu’indiquer les points saillants ou simplement apparents qui saisirent l’attention des littérateurs, des artistes, du public cultivé, et par lesquels, à l’exclusion du reste ou à peu près, s’exerça l’influence du système hors de la philosophie. […] l’Essai sur Tite-Live (1856), mais surtout l’Histoire de la littérature anglaise (1863) et les études sur la Philosophie de l’art (1865-1860), voilà les maîtresses pièces de la critique de Taine. Cette critique procède de sa philosophie : elle en fait même partie intégrante ; toutes les études littéraires de Taine sont des « observations » de psychologie scientifique.
L’idée théologique de la vérité révélée condamnait la philosophie même à l’idolâtrie du texte perpétuellement commenté et développé. […] Certains tempéraments avaient trouvé en eux-mêmes des sources profondes de réflexion ou de poésie : diverses influences avaient excité çà et là des commencements de philosophie et d’art. […] Lucrèce, Tacite, Quintilien, une grande philosophie, une profonde psychologie, une fine rhétorique. […] Même dans la libre philosophie, dans Rabelais, comme plus tard dans Montaigne, rétablissement d’un idéal de la vie pratique devient la fin principale que poursuit la raison. […] Toutes les sciences se détachent et se constituent : histoire, philosophie, politique, agronomie, sciences naturelles : les spécialités, les écrits techniques apparaissent en Paré et Palissy.
Agnostiques de l’art, les parnassiens ont restreint le champ de la poésie, comme l’agnosticisme avait restreint le domaine de la philosophie. […] Claveau retrouverait l’occasion de discuter philosophie — qui est, lui aussi, tout humain. […] C’est la philosophie de Colin-Maillard. […] On peut détruire les religions, on ne détruit pas le cœur de l’homme ; et il n’y a pas de philosophie qui tienne contre la force des choses. […] Vais-je me framboiser la cervelle pour un bail si court, pour une philosophie si bornée ?
Écrit vers 1844, il fit brèche contre les philosophies et les politiques de perdition qui tenaient déjà le mondé et qui le lâchèrent un instant, épouvantées de ce qui restait encore d’âme à la France. […] Mais il n’écrivait plus ; il avait donné sa démission de la littérature… L’ancien éventailliste du premier Figaro, dégoûté des Célimènes et des journaux pour lesquels il avait travaillé, dégoûté même des livres qu’il avait écrits, dégoûté des philosophies par lesquelles il avait passé, s’était fait chrétien pour en finir avec tous ces dégoûts, qui sont les égouts de nos cœurs… Il était devenu chrétien, — mais le christianisme de Brucker n’était pas ce haut balcon d’où l’on peut cracher sur le monde méprisé. […] Il y prend, une à une, toutes ces philosophies sociales dont les imaginations du temps étaient affolées, et entre toutes celles de Babeuf, de Saint-Simon, de Charles Fourrier, de Pierre Leroux, qui voulaient plus que les autres se donner les airs d’être quelque chose, et qui n’étaient, comme les autres, rien de plus que les conséquences de la philosophie du xviiie siècle, et il faut voir avec quelle rapidité d’analyse il les discute et les découd en quelques lignes, de ce style mathématique et brillant qui caractérise sa personnalité d’écrivain ! Après les Philosophies, c’est l’Histoire qu’il aborde, l’Histoire, qui s’appelait alors Michelet et Quinet, qui maintenant ne s’appelle plus personne, et n’en dit pas moins, mais sans aucun talent, les mêmes mensonges qu’alors. […] ce n’est ni ces massacres de Philosophies éviscérées, ni ces replacements de l’Histoire dans la vérité de sa lumière, qui font la supériorité et l’importance, toujours actuelle, des Docteurs du jour.
Les uns voyaient dans l’œuvre du poète florentin encore plus l’Histoire que la Poésie ; les autres y voyaient encore plus la Philosophie que l’Histoire. Ils y voyaient même une Philosophie tout entière, la Philosophie de l’Église et du Moyen Âge. […] Des esprits plus prévenus, plus préoccupés, ne virent bientôt plus seulement une philosophie dans l’œuvre du Dante, mais l’expression voilée de doctrines mystérieuses et séculaires, un parler clus, comme on disait avec un ineffable ridicule, un ridicule qui n’était pas clus, cachant, ce parler clus, comme un complot, le secret de l’avenir, comme il avait caché celui du passé. […] Le livre en question s’appelle : Dante ou la philosophie catholique au xiiie siècle, et ici c’est le sous-titre qui est le vrai titre ; car c’est de la philosophie catholique qu’il est question bien plus que du Dante, quoiqu’on la voie à travers lui.
Si donc, comme le dit Aristote, de bonnes lois sont des volontés sans passion, en d’autres termes, des volontés dignes du sage, du héros de la morale qui commande aux passions, c’est dans les républiques populaires que naquit la philosophie ; la nature même de ces républiques conduisait la philosophie à former le sage, et dans ce but à chercher la vérité. Les secours de la philosophie furent ainsi substitues par la Providence à ceux de la religion. Au défaut des sentiments religieux qui faisaient pratiquer la vertu aux hommes, les réflexions de la philosophie leur apprirent à considérer la vertu en elle-même, de sorte que, s’ils n’étaient pas vertueux, ils surent du moins rougir du vice.À la suite de la philosophie naquit l’éloquence, mais telle qu’il convient dans des états où se font des lois généralement bonnes, une éloquence passionnée pour la justice, et capable d’enflammer le peuple par des idées de vertu qui le portent à faire de telles lois. Voilà, à ce qu’il semble, le caractère de l’éloquence romaine au temps de Scipion-l’Africain ; mais les états populaires venant à se corrompre, la philosophie suit cette corruption, tombe dans le scepticisme, et se met, par un écart de la science, à calomnier la vérité.
À leur tête, le roi, qui a fait la France en se dévouant à elle comme à sa chose propre, finit par user d’elle comme de sa chose propre ; l’argent public est son argent de poche, et des passions, des vanités, des faiblesses personnelles, des habitudes de luxe, des préoccupations de famille, des intrigues de maîtresse, des caprices d’épouse gouvernent un État de vingt-six millions d’hommes avec un arbitraire, une incurie, une prodigalité, une maladresse, un manque de suite qu’on excuserait à peine dans la conduite d’un domaine privé Roi et privilégiés, ils n’excellent qu’en un point, le savoir-vivre, le bon goût, le bon ton, le talent de représenter et de recevoir, le don de causer avec grâce, finesse et gaieté, l’art de transformer la vie en une fête ingénieuse et brillante, comme si le monde était un salon d’oisifs délicats où il suffit d’être spirituel et aimable, tandis qu’il est un cirque où il faut être fort pour combattre, et un laboratoire où il faut travailler pour être utile Par cette habitude, cette perfection et cet ascendant de la conversation polie, ils ont imprimé à l’esprit français la forme classique, qui, combinée avec le nouvel acquis scientifique, produit la philosophie du dix-huitième siècle, le discrédit de la tradition, la prétention de refondre toutes les institutions humaines d’après la raison seule, l’application des méthodes mathématiques à la politique et à la morale, le catéchisme des droits de l’homme, et tous les dogmes anarchiques et despotiques du Contrat social Une fois que la chimère est née, ils la recueillent chez eux comme un passe-temps de salon ; ils jouent avec le monstre tout petit, encore innocent, enrubanné comme un mouton d’églogue ; ils n’imaginent pas qu’il puisse jamais devenir une bête enragée et formidable ; ils le nourrissent, ils le flattent, puis, de leur hôtel, ils le laissent descendre dans la rue Là, chez une bourgeoisie que le gouvernement indispose en compromettant sa fortune, que les privilèges heurtent en comprimant ses ambitions, que l’inégalité blesse en froissant son amour-propre, la théorie révolutionnaire prend des accroissements rapides, une âpreté soudaine, et, au bout de quelques années, se trouve la maîtresse incontestée de l’opinion À ce moment et sur son appel, surgit un autre colosse, un monstre aux millions de têtes, une brute effarouchée et aveugle, tout un peuple pressuré, exaspéré et subitement déchaîné contre le gouvernement dont les exactions le dépouillent, contre les privilégiés dont les droits l’affament, sans que, dans ces campagnes désertées par leurs patrons naturels, il se rencontre une autorité survivante, sans que, dans ces provinces pliées à la centralisation mécanique, il reste un groupe indépendant, sans que, dans cette société désagrégée par le despotisme, il puisse se former des centres d’initiative et de résistance, sans que, dans cette haute classe désarmée par son humanité même, il se trouve un politique exempt d’illusion et capable d’action, sans que tant de bonnes volontés et de belles intelligences puissent se défendre contre les deux ennemis de toute liberté et de tout ordre, contre la contagion du rêve démocratique qui trouble les meilleures têtes et contre les irruptions de la brutalité populacière qui pervertit les meilleures lois. […] De là un déluge de plaisanteries sur la religion ; l’un citait une tirade de la Pucelle ; l’autre rapportait certains vers philosophiques de Diderot… Et d’applaudir… La conversation devient plus sérieuse ; on se répand en admiration sur la révolution qu’avait faite Voltaire, et l’on convient que c’était là le premier titre de sa gloire. « Il a donné le ton à son siècle, et s’est fait lire dans l’antichambre comme dans le salon. » Un des convives nous raconta, en pouffant de rire, qu’un coiffeur lui avait dit, tout en le poudrant : « Voyez-vous, monsieur, quoique je ne sois qu’un misérable carabin, je n’ai pas plus de religion qu’un autre » On conclut que la révolution ne tardera pas à se consommer, qu’il faut absolument que la superstition et le fanatisme fassent place à la philosophie, et l’on en est à calculer la probabilité de l’époque et quels seront ceux de la société qui verront le règne de la raison Les plus vieux se plaignaient de ne pouvoir s’en flatter ; les jeunes se réjouissaient d’en avoir une espérance très vraisemblable, et l’on félicitait surtout l’Académie d’avoir préparé le grand œuvre et d’avoir été le chef-lieu, le centre, le mobile de la liberté de penser. « Un seul des convives n’avait point pris de part à toute la joie de cette conversation… C’était Cazotte, homme aimable et original, mais malheureusement infatué des rêveries des illuminés. […] Qu’est-ce que tout cela peut avoir de commun avec la philosophie et le règne de la raison ? « C’est précisément ce que je vous dis : c’est au nom de la philosophie, de l’humanité, de la liberté, c’est sous le règne de la raison qu’il vous arrivera de finir ainsi ; et ce sera bien le règne de la raison, car elle aura des temples, et même il n’y aura plus dans toute la France, en ce temps-là, que des temples de la raison… Vous, monsieur de Chamfort, vous vous couperez les veines de vingt-deux coups de rasoir, et pourtant vous n’en mourrez que quelques mois après. […] Vous, monsieur de Nicolaï, sur l’échafaud ; vous, monsieur Bailly, sur l’échafaud ; vous, monsieur de Malesherbes, sur l’échafaud ; … vous, monsieur Roucher, aussi sur l’échafaud Mais nous serons donc subjugués par les Turcs et les Tartares Point du tout ; je vous l’ai dit, vous serez alors gouvernés par la seule philosophie et par la seule raison.
Réaction des idées en religion, en philosophie, en politique. […] Quant à la philosophie, c’était celle de Condillac qui continuait à dominer. […] Il rend la philosophie modeste, il la rend respectueuse. […] Royer-Collard dans sa chaire de philosophie, M. […] Que fallait-il penser de la philosophie du dix-huitième siècle ?
Quel est l’objet de la philosophie ? […] … » Comme la morale et la philosophie. […] Dans la Lettre XCIV, l’union de la philosophie parénétique, ou de préceptes, avec la philosophie dogmatique. […] A quoi donc sert la philosophie, si elle se tait ? […] A quoi bon les sophismes et les chicanes dans la philosophie ?
Jamais, en effet, Cousin n’a été loué ainsi et par une plume plus experte en philosophie, plus réfléchie, plus sachant ce qu’elle dit et ce qu’elle veut dire, de netteté plus mordante. […] En philosophie, il n’existe pas ! […] La philosophie est l’amour sincère et la recherche acharnée de la vérité, et Cousin, le professeur, l’homme à effet, le théâtral, qui a trouvé sa véritable voie en devenant, après 1830, un homme politique, n’a pas et n’a jamais eu l’indépendance vis-à-vis des autres et de lui-même, la force d’impersonnalité et l’amour désintéressé du vrai qui constituent le philosophe. […] Tout enseignement a sa tyrannie. « Le professeur de philosophie — dit Wallon à la page 8 de son livre — est l’opposé d’un philosophe. […] Des cuistres profonds. » Or, Cousin est le plus capable, le plus éclatant, le mieux doué de tous les professeurs de philosophie ; c’est donc le roi… des cuistres profonds, comme dit ce brutal Wallon, et même (rassurons-nous !)
Pourtant, la philosophie évolutionniste étend sans hésitation aux choses de la vie les procédés d’explication qui ont réussi pour la matière brute. […] L’idée nous serait-elle jamais venue de mettre en doute cette valeur absolue de notre connaissance, si la philosophie ne nous avait montré à quelles contradictions notre spéculation se heurte, à quelles impasses elle aboutit ? […] A elles deux, elles pourront résoudre par une méthode plus sûre, plus rapprochée de l’expérience, les grands problèmes que la philosophie pose. […] Mais une philosophie de ce genre ne se fera pas en un jour. […] Une quatrième et dernière partie est destinée à montrer comment notre entendement lui-même, en se soumettant à une certaine discipline, pourrait préparer une philosophie qui le dépasse.
XVI Ai-je bien fait comprendre la possibilité d’une philosophie scientifique, d’une philosophie qui ne serait plus une vaine et creuse spéculation, ne portant sur aucun objet réel, d’une science qui ne serait plus sèche, aride, exclusive, mais qui, en devenant complète, deviendrait religieuse et poétique ? […] Là est sa poésie ; là sont ses souvenirs héroïques ; là est sa législation, sa politique, sa morale ; là est son histoire ; là est sa philosophie, et sa science ; là, en un mot, est sa religion. […] C’est folie d’y chercher de la philosophie ; nous sommes incontestablement meilleurs analystes. […] Après l’apparition d’une grande œuvre de philosophie ou de critique, on est sûr de voir éclore tout un essaim de penseurs soi-disant avancés qui prétendent la dépasser et ne font souvent que la contredire. […] La vraie philosophie française est la philosophie scientifique des d’Alembert, des Cuvier, des Geoffroy Saint-Hilaire.
Un caractère généreux, poétique et chevaleresque, voilà ce qui le distinguait à nos yeux : le philosophe nous échappait d’autant plus qu’il n’existait pas même de classe de philosophie au collège de Lons-le-Saulnier. Ceci se passait en 1811 ; l’année suivante, Jouffroy nous quitta pour entrer au lycée de Dijon, où il fit sa rhétorique et apprit assez de grec et de philosophie pour se faire admettre en 1813 à l’École normale. […] Ce qui le distingua de ses camarades sceptiques, c’est qu’elle fit place à une foi non moins sincère dans la philosophie : ce fut pour lui une nouvelle religion dans laquelle il se flatta de trouver la solution de l’insoluble problème de la destinée humaine. […] J’ajouterai seulement que je le vis avec peine sacrifier la philosophie à la politique, où il ne trouva que les plus amers déboires.
Son infatigable activité d’esprit ne se confinait pas à une sphère ; il entrait dans toutes : histoire, critique, érudition, politique, et la philosophie enfin, qui fut longtemps sa place forte et son quartier général avec drapeau. […] La philosophie du xviiie siècle, quoi qu’on puisse dire, était à bout de voie et tout à fait stérilisée, lorsque M. […] Cousin, d’ailleurs, s’accoutuma de bonne heure à ne jamais séparer de la philosophie l’histoire, et par ce côté, du moins, on a un pied solide et l’on se sauve toujours. […] Tout en continuant de s’occuper de philosophie, d’entretenir ses disciples, de surveiller son école et de publier avec soin ses anciens écrits, ses anciens cours, il tourna presque brusquement à la littérature. […] En dehors de son court passage au ministère, il eut peu d’occasions d’être administrateur, et il ne fut guère que le grand directeur et manipulateur de la philosophie universitaire de son temps.
Celui du capitaine d’Arpentigny, qui s’appelle toujours capitaine et qui a bien raison, a été, par une de ces contradictions qui existent souvent entre nos instincts et notre métaphysique, mis au service d’une philosophie très peu militaire et qu’on regrette de rencontrer sous une plume qui a la beauté mâle d’une arme. Mais, comme l’auteur, ce style n’en est pas moins resté capitaine, et toute cette philosophie énervante n’a pu ni le dégrader ni même l’affaiblir. […] On a laissé passer, sans y regarder, toute sa philosophie de l’homme et de l’histoire. […] Dans son livre de la Science de la main, où il risque des philosophies de l’histoire fondées sur des données physiologiques sans certitude, et où il nous bâtit — c’est le cas de le dire ! […] « L’incontinence des grands — nous dit-il quelque part — est l’engrais où se développe le germe de la liberté des petits » ; et il a beaucoup de ces pensées, qui montrent un regard résolu, une intuition claire de la vérité, mais de la vérité fragmentée, et que l’on pourrait opposer à sa philosophie générale.
Il y a dans ce livre, écrit à moitié du xixe siècle, l’application formelle d’une philosophie de l’histoire contraire à toutes les philosophies rationalistes, qui gouvernent, comme elles peuvent, l’histoire de ce temps. […] Il y a le mystère de sa grandeur, expliqué d’une manière insupportable à la philosophie, c’est-à-dire, par l’intervention directe et personnelle de la Providence. […] Grand esprit positif, comme disent les esprits vagues avec idolâtrie, M. de Humboldt est l’Aristote des temps modernes, moins la philosophie. […] Il l’a grandie, il l’a élevée dans ses événements et dans son héros, mais il n’a pas empêché l’historien d’entrer dans ce que la critique de la philosophie appelle le positif et la réalité des choses humaines. […] Tous les grains de poussière qu’avait fait tomber sur ce marbre blanc, la Philosophie, qui ne veut ni des hommes trop purs ni des hommes trop grands, il les a essuyés, il les a effacés, avec une piété jalouse, et cela nous a été une occasion d’apprendre les détails, inconnus jusque-là, du second mariage de Colomb.
Caro a publié sur Saint-Martin, et qu’à la première page nous avons trouvé, à côté du nom de l’auteur, le titre toujours suspect jusqu’à l’inventaire des doctrines de celui qui le porte, « de professeur de philosophie », quand, à la seconde page, nous avons lu une dédicace à MM. […] Quoiqu’il juge le mysticisme au point de vue de la philosophie et de la métaphysique humaine, et qu’à ce point de vue il le repousse et le condamne comme n’apportant sous le regard de la connaissance aucun système véritablement digne de ce nom, l’auteur est non moins net et non moins péremptoire, quand il le prend et quand il le juge au point de vue du catholicisme. […] Lui, dont les yeux sont fins et sûrs, n’a-t-il pas senti que, s’il les avait fixés profondément sur ce qui n’est pas seulement une distinction nominale, faite par la haute sagesse gouvernementale de l’Église, il n’aurait pu s’empêcher de voir, se détachant du fond commun des idées et des phénomènes imputés au Mysticisme, pris dans son acception la plus générale et la plus confuse, un autre mysticisme, ayant ses caractères très déterminés ; l’éclatante réalité, enfin, qui contient la vérité intégrale que la Religion seule met sous les mains de nos esprits, mais dont la Philosophie les détourne ? […] Ne revenait-elle pas enfin à tous ces procédés microscopiques si chers et si familiers aux philosophies infécondes, aux philosophies sur le retour ? […] Le grand préjugé contemporain, c’est de croire que le dix-huitième siècle fut uniquement le siècle de l’analyse, de la philosophie d’expérience, des sciences positives, de la démonstration, de la clarté, quand la vérité est qu’il fut autant le siècle des synthèses éblouissantes ou ténébreuses, des à priori audacieux, des sciences menteuses à leur nom, enfin de l’indémontrable en toutes choses.
La Philosophie a remplacé la foi religieuse qui, pour tant de gens, est une duperie, par l’infatuation de la vanité, qui pour tout le monde est un profit. […] Il a bu à cette coupe de la Philosophie, comme le siècle dernier l’a faite, de cette philosophie qui est devenue l’abreuvoir de tous les esprits et même des plus médiocres, et il s’y est enivré ! […] Comme l’homme au projet de paix perpétuelle et comme beaucoup d’autres rêveurs d’une date moins ancienne et qu’il vante dans son livre, il ne comprend rien à ce grand fait de la guerre qui, à lui seul, est toute une philosophie. […] Mitraud, qu’il ne faudrait pas cependant dilater au point de le perdre, ce christianisme de l’Utopie, que la Philosophie aime à embusquer partout dans l’intérêt de son service et qui, sur les débris des institutions monarchiques, ferait volontiers descendre, — et toujours sous la forme d’une colombe, — un Saint-Esprit par trop désarmé ! […] Mitraud que nous ne l’avons été pour ce qu’il croit sa philosophie ; car, littérairement, on ne trouve ni la déduction, ni l’ordre d’un livre dans cet écrit, décousu comme un pamphlet, et qui n’a ni commencement, ni milieu, ni fin.
C’est le cas encore pour ce qui rentre dans le cadre des sciences dites morales et politiques, par exemple pour l’histoire et la philosophie. […] La philosophie, elle aussi, s’est transformée sous la même influence. […] De même la philosophie de Descartes est toute spiritualiste. […] Leur opposition à Descartes et les qualités particulières de leur œuvre sont dans la littérature le reflet d’une autre philosophie, d’une autre méthode scientifique. […] Or la philosophie, quand elle ne reste pas flottante dans le doute, quand elle ne se borne pas à la commode interrogation : Que sais-je ?
Nous avons un long discours sur l’histoire, une de ces philosophies, comme l’on dit maintenant, qui importent plus aux sophistes de notre âge que la probe exactitude des faits et le mâle intérêt du récit. Le seul mérite de cette nouvelle philosophie de l’histoire, c’est qu’elle ne balbutie pas quand il s’agit de se nommer. […] De grâce, regardez à la philosophie qui le compose de logogriphes et le caparaçonne de reliques : il ne combat qu’avec la chape de saint Martin sur le dos. […] Les dernières Muses pour lui auraient dû être la Philosophie et l’Histoire. […] Ferrari, je ne dis pas une philosophie autre que la sienne, mais une philosophie quelconque, et, vous le savez, il n’en a pas.
Renan, le beau pied, les enfile toutes, ces pantoufles éculées qu’il écule un peu davantage, et qui pourraient encore servir à quelque chose si on donnait avec elles la savate à la philosophie ; car c’est avec les livres vains de ses philosophes que cette grande vaniteuse de Philosophie est encore le mieux souffletée ! […] Renan, qui n’organise rien parce qu’il n’est pas lui-même organisé, nie la métaphysique, dont il est incapable, et, confondant la philosophie avec la science, se fait positiviste à un endroit de son livre, comme, à vingt autres endroits, il se fait autre chose. […] Mais ici, en philosophie, il est plus hardi qu’en histoire. Une fois lâché en philosophie, M. […] Telle la philosophie de M.
Philosophie de Voltaire avant 1755 : irréligion, mollesse physique, sociabilité. […] Elle aime les sciences, la physique, la philosophie : elle a un laboratoire, fait des expériences, étudie Newton. […] Le prince, qui s’est fait traduire Wolf en français pour le lire, met volontiers la philosophie sur le tapis : il donne à Voltaire l’exemple de la libre pensée. […] Le gouvernement français se chargea de transformer cette inclination naturelle en un principe réfléchi de philosophie politique. […] L’autre pensée s’ajouta à la philosophie du livre : dans le progrès de l’esprit humain, que Voltaire se proposait de peindre, il voyait et voulait montrer comme agent principal un homme, le despote éclairé.
Rousseau sont si foibles, qu'elles n'ont pas trouvé de Lecteurs ; & ce qui a déjà paru de son Ouvrage, intitulé l'Accord de la Philosophie avec la Religion, nous semble plus propre à augmenter qu'à diminuer le nombre des Incrédules. […] Nous sommes très-éloignés de vouloir lui supposer de pareilles vûes ; mais nous ne pouvons dissimuler que ce n'est pas en cherchant à prouver l'accord de la Philosophie avec la Religion, par soixante & treize Discours historiques & critiques, sur la Révélation, le Polytéisme, la Loi Mosaïque, les divers systêmes des anciens Philosophes, & sur d'autres sujets semblables, traités avant lui, que M. l'Abbé Yvon pourra se flatter d'arrêter les progrès de la Philosophie moderne, & de ramener aux principes religieux les esprits qui s'en sont écartés. […] Ces Réflexions ne sauroient être déplacées dans un Ouvrage ; dont le but principal de l'Auteur, en le publiant, a été de ramener aux vrais principes de la Morale & du Goût, les esprits que les déclamations de la Philosophie ont égarés. […] Or, la Philosophie, nous ne parlons pas de celle d'aujourd'hui, nous disons la Philosophie la plus pure, a-t-elle jamais élevé ses vûes, dirigé ses dogmes, exercé ses lumieres sur des objets aussi sublimes ? […] Nous sommes plus éclairés, dit-on, depuis qu'on a tout soumis au creuset de la Philosophie ; mais ces prétendues lumieres dont on se glorifie, ne sont-elles pas comparables aux flammes d'un incendie, qui ne frappent la vue que pour mieux découvrir leurs ravages ?
Il a eu cependant de la réputation, dans le temps où la Philosophie commençoit à faire entendre le jargon de son extravagance ; il est même un des premiers qui ait osé lever le masque. C’est ce noble courage qui a enfanté la Philosophie du bon sens, les Lettres Juives, les Lettres Cabalistiques, les Lettres Chinoises, les Songes philosophiques. Aujourd’hui on est assez généralement dégoûté de toutes ces miseres ; les sots même commencent à s’appercevoir que ses Lettres Juives ne sont qu’un répertoire de scandales & de mensonges ; sa Philosophie du bon sens, une compilation d’absurdités & de contradictions ; ses Lettres Cabalistiques, un fatras de satires & de redites ; ses Lettres Chinoises, un recueil d’observations communes & de déclamations ennuyeuses ; ses Songes philosophiques, un amas de chimeres & de visions ; ses Romans, une source d’ennui & de dégoût.
Aristote est déjà un savant réfléchi, qui a conscience de son procédé, qui fait de la science et de la philosophie comme Virgile faisait des vers. […] Je ne sais si aucun Anglais, Byron peut-être excepté, a compris d’une façon bien profonde la philosophie des choses. […] La philosophie pure n’a pas exercé d’action bien immédiate sur la marche de l’humanité avant le XVIIIe siècle, et il est beaucoup plus vrai de dire que les époques historiques font les philosophies qu’il ne l’est de dire que les philosophies font les époques. […] Mais qui vous dit que votre analyse est complète, que vous n’êtes point amené à nier ce que vous ne comprenez pas et qu’une philosophie plus avancée n’arrivera point à justifier l’œuvre spontanée de l’humanité ? […] La science maîtresse, le souverain d’alors, ce sera la philosophie, c’est-à-dire la science qui recherche le but et les conditions de la société.
Une partie notable de ce Discours, qui avait trait à la philosophie moderne, n’avait pu d’abord s’imprimer en France, grâce à la défense du ministre de l’Intérieur, François de Neufchâteau. […] Ceux qui connaissent la philosophie de M. de Laromiguière, et qui prendront la peine de lire Rivarol, trouveront que c’est là que ce professeur distingué et élégant a dû emprunter son expédient de la transaction entre la sensation et l’idée, entre Condillac et M. […] Il n’atteint pas à la philosophie religieuse de l’histoire. […] … La vraie philosophie est d’être astronome en astronomie, chimiste en chimie, et politique dans la politique. […] Et ceci encore : Que l’histoire vous rappelle que partout où il y a mélange de religion et de barbarie, c’est toujours la religion qui triomphe ; mais que partout où il y a mélange de barbarie et de philosophie, c’est la barbarie qui l’emporte… En un mot, la philosophie divise les hommes par les opinions, la religion les unit dans les mêmes principes ; il y a donc un contrat éternel entre la politique et la religion.
La candeur, la bienfaisance, & les autres vertus de son ame, faisoient pardonner, par ceux dont il étoit connu, les illusions de sa Philosophie. […] Lisez, M., je vous prie, l’article Helvétius dans les différentes éditions des Trois Siecles, & vous verrez si je l’ai outragé, je ne dis pas avec fureur, mais d’aucune maniere ; vous verrez si, dans un Ouvrage spécialement dirigé contre les principes dangereux de la nouvelle Philosophie, il étoit possible de s’exprimer avec plus de modération sur le Livre de l’Esprit. […] Helvétius, en passant rapidement sur l’abus de ses talens, en plaignant ses illusions, en rendant justice aux bonnes qualités que je lui avois reconnues, & en m’indignant, par intérêt pour lui, contre une fausse Philosophie qui fut toujours l’ennemie de sa réputation & de son repos. […] Il se ressouviendroit sur-tout de ce jour où l’un de leurs Coryphées oublia si fort en sa présence, à l’occasion de ce dernier Ouvrage, & la Philosophie, & l’honnêteté [Voyez l’article Condorcet].
De la littérature latine, depuis la mort d’Auguste jusqu’au règne des Antonins Après le siècle de Louis XIV, et pendant le siècle de Louis XV, la philosophie a fait de grands progrès, sans que la poésie ni le goût littéraire se soient perfectionnés. […] L’excès du malheur retrempa les âmes ; le joug tranquille énervait les esprits supérieurs, ainsi que la multitude ; les fureurs de la cruauté, longtemps souffertes, avilirent encore davantage la masse de la nation ; mais quelques hommes éclairés se relevèrent de cet abattement général, et ressentirent plus que jamais le besoin de la philosophie stoïcienne. […] La tyrannie, comme tous les grands malheurs publics, peut servir au développement de la philosophie ; mais elle porte une atteinte funeste à la littérature, en étouffant l’émulation et en dépravant le goût. […] La philosophie de Sénèque pénètre plus avant dans le cœur de l’homme. […] Les hommes de lettres d’alors n’ont point décoré la tyrannie ; et la seule occupation à laquelle on se soit livré sous ces maîtres détestables, c’est l’étude de la philosophie et de l’éloquence ; on s’exerçait aux armes qui pouvaient servir à renverser l’oppression même.
Philosophie de l’art, t. […] Ferraz, dans son Histoire de la philosophie pendant la Révolution [1789-1804], Paris, 1889 ; — et par M. […] Janet, La Philosophie de Lamennais, 1890 ; — E. […] Des autres écrits de Lamennais ; — et combien ils sont au-dessous des premiers, — si l’on met toutefois à part son Esquisse d’une philosophie, 1841-1846 ; — dont on a dit avec vérité qu’elle était « une philosophie de l’évolution » [Cf. […] Ravaisson, Rapport sur les progrès de la philosophie, Paris, 1868.
Auteur de plusieurs Ouvrages de Philosophie & de Morale, qui font honneur à son esprit & à son jugement. […] Ses Dissertations sur le Tout est bien de Pope, sur l’Education, sur la vraie Philosophie, sont également les fruits d’un esprit sage, fait pour instruire autant que pour plaire. […] Sans le respect pour la Religion, la connoissance de soi-même, l’amour de l’ordre, l’élévation des sentimens, le zele de l’utilité publique, la Philosophie n’est qu’une chimere en spéculation, ou un être malfaisant en pratique.
Si quelque goût inné pour les lettres, les arts et la philosophie, se trouvait encore dans le Midi, il était dirigé principalement vers les subtilités métaphysiques ; l’esprit sophistique mettait en doute les vérités du raisonnement, et l’insouciance, les affections du cœur. […] Mais n’aurait-il pas mieux valu, dira-t-on, ramener à la vertu par la philosophie ? […] L’esprit militaire, qui doit avoir présidé à l’origine des sociétés, se fait sentir encore jusque dans la philosophie stoïcienne ; la puissance sur soi-même y est exercée, pour ainsi dire, avec une énergie guerrière. […] Plus de modestie, plus d’indulgence dans les principes, plus d’abandon dans les aveux permettaient davantage au caractère de l’homme de se montrer ; et la philosophie, qui a pour but l’étude des mouvements de l’âme, a beaucoup acquis par la religion chrétienne. […] Néanmoins, de même que le savant observe le travail secret par lequel la nature combine ses développements, le moraliste aperçoit la réunion des causes qui ont préparé, pendant quatorze cents ans, l’état actuel des sciences et de la philosophie.
Il a continué d’unir à un christianisme trop silencieux, une philosophie trop peu sonore. […] Caro, le professeur de philosophie, ne puisse se risquer à faire l’éloge de toutes les grandes philosophies qui s’en viennent scandaleusement d’au-delà du Rhin, et profite de l’occasion, quand elle lui est offerte, de louer les petites, qui ne sauraient le compromettre, et seulement pour rappeler qu’il est de l’état. […] Vous pouvez présenter aux yeux qu’offenserait une philosophie trop vive toutes les facettes ternes de ce bijou très faux et cependant en faire jouer aux yeux dont vous êtes plus sûr l’étincelle hégelienne qui y est cachée, car cette étincelle, si petite qu’elle soit, elle y est ! […] Certainement, cela n’eût pas été plus vrai que toutes les autres applications de l’hégelianisme dont la fausseté déborde autour de nous, mais cela eût été curieux, et, d’ailleurs, cela eût fait contre cette philosophie, qui est la possession intellectuelle de notre temps, une de ces fières preuves par l’absurde qui jettent bas une doctrine dans le mépris. Malheureusement, le petit baron de Feuchtersleben, si cher, pour le moment, aux professeurs de philosophie discrète, était, de fait, un esprit trop débile, malgré ses hygiènes et ses médications, pour lever la grande mécanique du système de Hégel et s’en servir avec ses petites mains de pygmée.
Car c’est à cela que se réduit toute la philosophie d’Helvétius. […] Une telle philosophie ne pouvait avoir pour but de détruire. […] Leurs travaux ont plus de rapport avec la philosophie antique. […] C’est là, à ce qu’il nous paraît, le vice de sa philosophie. […] Mais une telle marche est conforme à toute la philosophie de Rousseau.
Il est impossible de séparer ces observations, lorsqu’elles ont la France pour objet, des effets déjà produits par la révolution même : ces effets, l’on doit en convenir, sont au détriment des mœurs, des lettres et de la philosophie. […] Quand j’aurai présenté les diverses idées qui tiennent à ce sujet, je considérerai de quelle perfectibilité la littérature et la philosophie sont susceptibles, si nous nous corrigeons des erreurs révolutionnaires, sans abjurer avec elles les vérités qui intéressent l’Europe pensante à la fondation d’une république libre et juste. […] J’ai essayé de démontrer comment la démocratie de la Grèce, l’aristocratie de Rome, le paganisme des deux nations donnèrent un caractère différent aux beaux-arts et à la philosophie, comment la férocité du Nord se mêlant à l’avilissement du Midi, l’un et l’autre, modifiés par la religion chrétienne, ont été les principales causes de l’état des esprits dans le moyen âge. […] Il est aisé de montrer combien les pas qu’on ferait dans cette route seraient accélérés, si tous les préjugés autour desquels il faut faire passer le chemin de la vérité étaient aplanis, et s’il ne s’agissait plus, en philosophie, que d’avancer directement de démonstrations en démonstrations.
Renan entra à Saint-Sulpice, et d’abord à la maison d’Issy pour y faire sa philosophie pendant deux ans. […] Livré à lui-même désormais, il dut essayer d’une autre carrière ; l’Université le tenta : il sefit recevoir agrégé de philosophie vers 1848. […] Je sais des gens qui, par esprit d’opposition, après avoir passé leur vie à combattre la philosophie de M. […] La philosophie est une vocation et une originalité comme la poésie63. […] On vient de rétablir l’enseignement de la philosophie dans nos lycées (1863), et cette restauration a été saluée comme un progrès ou tomme un retour au bien.
Chapitre I : Philosophie religieuse de M. […] Guizot, en déclarant la science impuissante en dehors des choses finies, proclame par là même l’impuissance de la philosophie ou de la métaphysique, car la métaphysique est précisément la science qui croit pouvoir résoudre les problèmes du monde invisible. […] Comment n’aimerait-il pas une philosophie qui a eu pour maître et fondateur son propre maître, Royer-Collard ? […] Tels sont les mérites du spiritualisme contemporain ; mais, forte dans la psychologie et dans la morale, cette école a été faible dans la théodicée, dans la métaphysique, dans la philosophie religieuse en général. […] Ces deux arguments succombent, l’un devant la philosophie, qui avec Kant et Leibniz découvre dans l’esprit humain des idées supérieures aux sens, l’autre devant l’histoire qui nous montre les trois états d’Auguste Comte, non pas successifs, mais toujours simultanés.
Il parvint d’abord à en imiter parfaitement le style ; mais dans la suite, il y ajouta ces grâces piquantes que donne la cour, et ces beautés mâles que donne la philosophie. […] Mais aussi, à beaucoup d’égards, Marc-Aurèle eut des avantages sur lui ; ils furent tous deux philosophes, mais leur philosophie ne fut pas la même. […] La philosophie de l’un semblait née avec lui. […] La philosophie de l’autre semblait moins un sentiment qu’un système ; elle était plus ardente que soutenue ; elle tenait à ses lectures, et avait besoin d’être remontée. […] Le paganisme, trop faible, avait appelé la philosophie à son secours ; et la philosophie, sentant qu’il fallait réparer l’édifice pour le conserver, des débris de l’ancien système religieux, en avait presque formé un nouveau.
C’est ainsi que l’on dit : la philosophie de l’art, la philosophie de l’histoire. […] Le domaine de la philosophie est l’homme intérieur. […] Mais fait-elle toute la philosophie ? […] C’est la philosophie. […] La philosophie est synthétique.
I Je ne crois pas que par ce livre, d’un titre écrasant : De l’Intelligence, Taine, ce Paradol de la philosophie, à qui la renommée a été tout de suite facile, comme à Paradol, force l’attention et la prenne… Ce n’est plus ici que la critique, animée, superficielle, mais épigrammatique, des Philosophes classiques du xixe siècle en France. […] C’est lui-même, Taine, le critique littéraire qui s’était si agréablement balancé entre Tite-Live et La Fontaine ; lui, les lunettes professorales du palais des Beaux-Arts et le binocle des Musées d’Italie ; lui, le poète fantaisiste des petits cochons roses, c’est lui-même qui a renoncé à la littérature, au binocle, aux petits cochons, à la fantaisie, qui s’est changé en philosophe ardu et qui a pris pour nourrice la philosophie au lait d’ânesse ! […] Aujourd’hui qu’il publie chez Hachette, le libraire des gros messieurs de la philosophie et de la science, ce livre De l’Intelligence, qui a pour visée de nous dire de quoi elle est faite, je vois bien qu’on ne mentait pas. […] C’est sur le nez coupé dans le front de Condillac, par le procédé rhinoplastique, appliqué à la philosophie, que Taine porte, comme les équilibristes portent leur perche ou leur échelle, la masse des faits scientifiques qu’il a ramassés dans tous les bouquins de la science moderne sans exception. […] Mais comme Taine, ce jeune fils, a soif de paternité, lui, créé à ce qu’il paraît pour n’être jamais qu’un fils en philosophie, il s’est trouvé que le remplaçant du père Hegel a été le père Mill, qui, en ce moment, fait son petit susurrement de philosophe parmi les amateurs, et qui lui-même est apparenté avec Condillac.
Un grand progrès fut réalisé en philosophie le jour où Berkeley établit, contre les « mechanical philosophers », que les qualités secondaires de la matière avaient au moins autant de réalité que les qualités primaires. […] Cette relation, quoiqu’il soit constamment question d’elle à travers l’histoire de la philosophie, a été en réalité fort peu étudiée. […] Quand la philosophie prétend appuyer cette thèse paralléliste sur les données de la science, elle commet un véritable cercle vicieux : car, si la science interprète la solidarité, qui est un fait, dans le sens du parallélisme, qui est une hypothèse (et une hypothèse assez peu intelligible 1, c’est, consciemment ou inconsciemment, pour des raisons d’ordre philosophique. C’est parce qu’elle a été habituée par une certaine philosophie à croire qu’il n’y a pas d’hypothèse plus plausible, plus conforme aux intérêts de la science positive. […] La complication de certaines parties du présent ouvrage tient à l’inévitable enchevêtrement de problèmes qui se produit quand on prend la philosophie de ce biais.
En troisième lieu, ces fables tant célébrées pour leur sagesse et entourées d’un respect religieux ouvraient mille routes aux recherches des philosophes, et appelaient leurs méditations sur les plus hautes questions de la philosophie. […] La philosophie qui enlève à Dieu un tel attribut, mérite moins le nom du philosophie et de sagesse que celui de folie. […] Si Varron la distingue de la théologie civile et de la théologie naturelle, c’est que, partageant l’erreur vulgaire qui place dans les fables les mystères d’une philosophie sublime, il l’a crue mêlée de l’une et de l’autre.
On a cru voir que sa philosophie ruinait sa controverse et sa prédication. […] Les traités de Guillaume Du Vair246 sont la grande œuvre de la philosophie morale de ce temps-là. […] Ainsi se superpose l’Evangile à la philosophie, avec Charron, avec Du Vair. […] Elle sera utilisée par la théologie, par la controverse, par la philosophie, pour leurs fins propres et spéciales. […] Parmi ses Traités de piété, je citerai : De la Sainte Philosophie ; Méditations sur Job, sur les lamentations de Jérémie, sur le cantique d’Ezéchias (Isaïe), etc.
La philosophie en demeure tout d’abord atterrée ; elle en a le nez cassé au beau milieu de son raisonnement, comme Sganarelle. Mais vient la philosophie de l’histoire qui arrange et raccommode tout cela après coup… e sempre benel ! Suivent quatre lettres (que l’on connaissait déjà) sur la vertu et le bonheur adressées par Jean-Jacques à Sophie, c’est-à-dire à Mme d’Houdetot ; il fait de la philosophie avec celle qu’il aime, et dont la vertu, dit-il, l’a ramené à la raison ; il s’en console et même il s’en félicite avec elle : « Si nous avions été, moi plus aimable ou vous plus faible, le souvenir de nos plaisirs ne pourrait jamais être, ainsi que celui de votre innocence, si doux à mon cœur… Non, Sophie, il n’y a pas un de mes jours où vos discours ne viennent encore émouvoir mon cœur et m’arracher des larmes délicieuses. […] Nous vivons dans le climat et dans le siècle de la philosophie et de la raison ; les lumières de toutes les sciences semblent se réunir à la fois pour éclairer nos yeux et nous guider dans cet obscur labyrinthe de la vie humaine ; les plus beaux génies de tous les âges réunissent leurs leçons pour nous instruire ; d’immenses bibliothèques sont ouvertes au public ; des multitudes de collèges et d’universités nous offrent dès l’enfance l’expérience et la méditation de quatre mille ans ; l’immortalité, la gloire, la richesse et souvent les honneurs sont le prix des plus dignes dans l’art d’instruire et d’éclairer les hommes : tout concourt à perfectionner notre entendement et à prodiguer à chacun de nous tout ce qui peut former et cultiver la raison : en sommes-nous devenus meilleurs ou plus sages ? […] y loue cette jeune dame de son incrédulité : « Jamais on n’a vu, dit-il, dans une si jeune personne autant de philosophie ; et cette philosophie influait également sur ses opinions et sur sa conduite.
On peut condenser en un mot la philosophie de ces vingt pages : « Toutes les religions — dit quelque part Dargaud avec une imagination qui l’égare — ressemblent à des nuées obscures à leur base et lumineuses à leur sommet. » Après une pareille conclusion, tout n’est-il pas dit, pour qui sait comprendre ? […] Car après le jugement sur la philosophie de l’écrivain il y a le jugement sur son œuvre, et c’est une loi de l’esprit humain que les chefs-d’œuvre littéraires diminuent d’autant de beautés qu’il s’y trouve de vérités méconnues. […] Lorsque nous trouvons dans son livre et cette poésie et cette peinture, en des proportions qui nous émeuvent et qui nous charment, nous pouvons aisément deviner ce que l’auteur y aurait versé d’émotions et de splendeurs absentes, si une maigre et chétive philosophie n’y avait pas resserré la source des plus merveilleux sentiments qui ne demandaient qu’à y jaillir. […] Que n’ai-je pas cité plus haut pour prouver sa philosophie ? […] En dehors du catholicisme, il n’y a ni philosophie, ni poésie.
Il est vrai que la Philosophie de l’Ecrivain des Mœurs a su du moins respecter quelque chose. […] Elle a même cela de particulier, qu’elle s’exprime avec une douceur & une onction rares dans tout ce qui appartient à la Philosophie. […] L’expression est heureuse ; mais ces Messieurs devroient savoir que, si cet Auteur, réprouvé parce qu’il est décent, honnête, raisonnable dans la plupart de ses sentimens, n’a pas mérité d’être célébré par eux, comme tant d’autres, il n’en a pas moins le mérite d’écrire d’une maniere bien supérieure aux Auteurs de la Philosophie du bon sens, du Code de la Nature, du Christianisme dévoilé, & de tant d’autres rapsodies aussi insupportables par l’extravagance des idées, que par la bizarre contexture du style.
Cousin avait définitivement abandonné la philosophie. La philosophie est-elle comme le monde ? […] Les grandes dames du xviie siècle avaient trop captivé leur adorateur pour lui permettre de retourner à la philosophie. […] Il a voulu faire de la littérature-Pradier avec les mains gourdes d’un professeur de philosophie. […] et qui porte à la philosophie les restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint.
Diderot, quand on l’apprécie en lui-même, sans se laisser éblouir par les déclamations des avortons de la Philosophie, dont il a fait entendre le premier les grands hurlemens parmi nous. […] Les Principes de la Philosophie morale ne sont qu’une Traduction très-libre de l’Essai sur le mérite & la vertu de Mylord Shafstersbury.Sans vouloir discuter ici le mérite de l’Original, c’est assez de faire remarquer qu’il ne s’agissoit pour le Traducteur, que d’employer un style clair, précis, & correct ; c’est ce que M. […] Nous ne craignons d’être accusés de partialité, que par ceux qui sont plus zélés pour la Philosophie actuelle, que pour la raison & la saine Littérature, espece d’hommes qu’on peut diviser en deux classes : les uns ressemblent à ces peuples imbécilles qui croyoient leurs Oracles infaillibles, pour quelques prédictions justifiées par le hasard : les autres ressemblent aux Prêtres de ces mêmes idoles, qui profitoient de l’ignorance & de la crédulité publique, pour accréditer les mensonges les plus extravagans. […] &, pour parler avec plus de vérité, la Philosophie n’est-elle pas déjà venue au point de se décrier par ses propres Ouvrages ?
Le zele pour l’antique Philosophie, le porta à se déclarer contre celle de Descartes, & il l’attaqua avec assez de succès, pour voir les Raisonneurs de son temps se partager en Cartesiens & en Gassendistes. […] Son exposition de la Philosophie d’Epicure, sa Philosophie particuliere, & tous ses Traités, n’offrent rien qui fasse soupçonner un Philosophe entêté de ses idées au préjudice de ce qu’il doit croire & respecter.
L’amour du repos, celui des plaisirs, deux sources de Philosophie pour ceux qui n’en connoissent pas de meilleures, le consolerent de la perte de sa fortune & de son honneur. […] Rousseau, que le Fanatisme est moins dangereux que la Philosophie, qui conduit toujours à cet égarement. Et quelle étoit la Philosophie de des Iveteaux ?
C'étoit bien assez que le Public se fût apperçu que cet Ouvrage manque souvent de chaleur, de force, d'élévation ; que l'élégance en est communément froide, la versification foible, les Vers pénibles & solitaires, la monotonie fatigante, la philosophie trop forcée & infiniment parasite, &c. […] Ceux qui auroient désiré encore, pour l'honneur de la Philosophie, que l'Histoire de notre Littérature n'offrît point un trait si propre à la dégrader, ignorent également que la Philosophie est terrible, quand on résiste à son zele pour l'instruction & le bonheur du genre humain : Discite justitiam moniti, & non temnere Divos.
De bonne heure le généreux ermite de Croisset, pensant bien faire, a dû prendre à tâche de le déniaiser, de lui montrer les choses comme elles sont, de lui enseigner sa philosophie brutale et sa misanthropie truculente. […] À la même époque, tous ses récits expriment la philosophie la plus simple, la plus directe et la plus négative. […] Cette philosophie rudimentaire, non pas vraie (je l’espère du moins), mais irréfutable, qui a très bien pu être celle du premier anthropoïde un peu intelligent et à laquelle les hommes les plus raffinés des derniers âges finiront peut-être par revenir après un long circuit inutile ; cette philosophie que Maupassant a pris la peine de formuler dans un de ses derniers volumes (Sur l’eau), est la froide source, secrète et profonde, d’où venaient à la plupart de ses petits récits leur âcre saveur. […] Mais qu’est-ce que vous voulez qu’on dise de ce conteur robuste et sans défauts, qui conte aussi aisément que je respire, qui fait des chefs-d’œuvre comme les pommiers de son pays donnent des pommes, dont la philosophie même est ronde et nette comme une pomme ?
Depuis le commencement de toute cette discussion, les protestants sont dans une anxiété extrême, ils sont comme sur les épines, écoutant toujours s’il n’est pas question d’eux, si rien ne les blesse : le fait est que dans cette grande discussion entre les catholiques et l’Université, entre la religion dominante et la philosophie dominante, personne parmi les contendants ne pense au protestantisme ni aux dissidents des diverses communions. Les catholiques réclament pour eux seuls, et les éclectiques se défendent comme ayant seuls la bonne et vraie philosophie : pour les éclectiques, les autres sectes philosophiques ne comptent pas ; pour les catholiques les autres communions dissidentes sont moins que rien. […] Villemain a paru dans tout ceci partagé entre la douleur de voir sa loi modifiée et l’Université un peu réduite, et le plaisir de voir la philosophie de M.
Du cartésianisme comme philosophie et comme méthode littéraire. — § IV. […] Du cartésianisme comme philosophie et comme méthode littéraire. […] C’est ce qui est arrivé à toutes les philosophies. […] Elles en renouvelaient l’esprit, en même temps qu’elles retrouvaient les fondements de la philosophie. […] On y disputait de la nouvelle philosophie, à la suite d’une partie d’hombre et de reversi.
Blair ; la philosophie du sens commun détrônait en silence celle du sensualisme. […] Jouffroy, répétiteur de philosophie à l’École normale, est contraint, par la fermeture de cette institution, de suspendre son enseignement public. […] Ce qui manqua aux critiques de 1830, c’est la connaissance de la philosophie des arts. […] Il a eu raison d’intituler son livre : Esquisse d’une philosophie. […] Les travaux de Feletz forment les Mélanges de philosophie, d’histoire et de littérature, 6 vol. in-8,1828.
La philosophie elle-même est d’autant plus intéressée à l’observation de cette loi, que les délires de nos Philosophes actuels sont plus propres à tourner à la honte de l’ancienne Philosophie, comme les égaremens des Philosophes anciens peuvent contribuer à faire sentir les abus de la Philosophie dans tous les temps.
Au reste, le caractère noble et fier du poète devait confirmer sa philosophie. […] L’attitude parnassienne correspondait au mouvement positiviste créé par la philosophie. […] On a dit tous les horizons dévoilés par la philosophie et le style de notre auteur. […] Dies ist der Kern meiner Philosophie. […] Sa philosophie lui est fournie par l’analyse objective du phénomène de l’aspiration.
Dès le premier moment, deux courants se distinguent dans le genre historique : les uns s’appliquent à dégager la philosophie de l’histoire ; les autres à ressusciter la forme du passé, à représenter les mœurs et les âmes des générations disparues. […] Ses deux grands ouvrages, la Démocratie en Amérique (1835-39), l’Ancien Régime et la Révolution (1850), sont vraiment en notre siècle les chefs-d’œuvre de la philosophie historique. […] La Démocratie en Amérique est une « consultation » sur la nature, le régime, la marche de la démocratie, une œuvre de philosophie expérimentale, qui repose sur une intelligente et sérieuse enquête de la civilisation américaine. […] Vico lui fournit une philosophie, pour débrouiller et classer les faits. […] Il mêle parfois à ses enseignements une indiscrète physiologie, une politique ou une philosophie d’apocalypse ; il exagère jusqu’à la dureté les reliefs de son style.
D’un autre côté, il est certainement, à cette heure, le plus grand métaphysicien catholique qui soit en Europe ; mais un grand métaphysicien n’a pas chance d’être infiniment populaire dans un pays — qui fait de la philosophie, il est vrai, comme il fait des vers, mais qui n’a pas plus la tête métaphysique qu’il ne l’a épique… Et, voyez ! […] Pour ceux qui savent voir d’un coup d’œil tout ce que cette grande notion d’Infaillibilité étreint dans les six syllabes qui l’expriment, il y a là, Sous ce simple mot, toute la philosophie de l’Église et toute son histoire. En creusant cette notion si pleine et si profonde, impossible de ne pas toujours dégager l’une ou de raconter l’autre, quand on ne fait pas tous les deux ; car, de rigueur et en tout, l’invisible donnant le visible, je ne sache comment on pourrait toucher à l’histoire de l’Église sans toucher au principe par lequel elle est, par conséquent sans faire de la philosophie, — et comment toucher à son principe, qui est sa philosophie, sans faire de l’histoire, qui prouve les principes par les faits ! […] Ensuite, c’est que même sa métaphysique sort à brûle-pourpoint d’une théodicée, et qu’elle n’est, en dernière analyse, qu’une théologie, dans une époque qui n’admet plus Dieu et où le naturalisme le plus grossier est toute la réalité, en philosophie, et tout l’idéal, en littérature ! […] À une époque où les dernières Philosophies sont des outrages insensés à l’intelligence humaine, si cette intelligence humaine n’était pas profondément et abjectement dégradée, — et dégradée au point d’admettre ces Philosophies ou au moins de les discuter, — Saint-Bonnet a grande chance, avec son livre de la Douleur autant qu’avec ses autres livres, de rester sans aucune influence sur le monde et de continuer autant que jamais, dans l’indifférence universelle, cette belle Harmonie de Lamartine : Le Génie dans l’obscurité.
Vous aurez besoin à chaque instant de cette opération dans la philosophie moderne. […] Mais il y a des gens qui fabriquent une philosophie pour traduire au dehors leur genre d’esprit et se faire plaisir ; considérez ces solitaires : M. de Biran en était. […] Ils n’ont qu’une philosophie personnelle. […] N’importe ; nous l’admettons, puisqu’il le veut : en philosophie on admet tout. […] C’est là de la philosophie fantastique.
Nous nous élevions contre une Cabale qui se croyoit triomphante ; nous combattions les usurpations du mauvais goût ; nous réduisions à leur juste valeur des mérites équivoques ; nous vengions le vrai mérite des atteintes de l’ignorance & de l’envie ; nous déclarions, en un mot, la guerre à la Philosophie, à la fausse Littérature, à la vanité, à la prévention, à tous les préjugés dominans ; nous rappellions les esprits à la Religion, à la raison, aux vrais principes, à la justice, à la vérité. […] Car enfin il s’agissoit de prouver au Gouvernement, qu’un Livre dont le but est de réprimer les abus de la Littérature & les scandales de la Philosophie, de rappeler aux loix de la raison & du goût ; qu’un Livre dont tout le crime est de rabaisser tous les Coryphées de la génération nouvelle, & d’attaquer sans ménagement les ennemis de l’ordre & de toute autorité, étoit une œuvre de ténebres, & méritoit l’indignation de l’autorité même. […] On peut répondre à peu près de la même maniere à ceux qui se sont récriés sur nos fréquentes sorties contre la Philosophie & les attentats Philosophiques. […] par le seul que nous nous soyons jamais proposé d’obtenir, l’accueil des honnêtes gens, les suffrages de la droiture & de la probité, l’humiliation de la Philosophie. […] Nous avons vu en même temps, par son moyen, d’heureuses révolutions s’opérer dans les esprits ; les Adorateurs du faux goût rendre hommage au véritable, & murmurer contre l’Ecole qui les avoit égarés ; des Sectateurs de l’impiété ouvrir les yeux sur la supercherie de leurs oracles, & détester leurs dogmes corrupteurs ; des Zélateurs de la Philosophie abjurer ses chimeres & convenir de ses dangers ; des Philosophies même rendre secrétement justice à notre zele, & nous faire de singulieres confidences sur les motifs de leurs engagemens dans la Secte qu’ils paroissoient favoriser.
Avant d’être païennes, elles sont ce que la philosophie de leur temps les a faites. […] Mais une tendance générale est plus dangereuse et en dit plus long qu’un fait isolé, et il faut bien la signaler quand on est chrétien : la tendance de l’enseignement par l’Académie est anti-chrétienne… Je me moque bien, pour ma part, du Spiritualisme de la philosophie moderne ! […] À qui persuadera-t-on qu’il n’est que la conséquence naturelle de la logique invincible des choses, et que la planche une fois unie et huilée par le temps, le progrès et les philosophies, le paganisme y ait moelleusement glissé jusqu’où le Christianisme l’attendait, et dans lequel il est, ma foi ! […] Le stoïcisme et la philosophie platonicienne, dit joliment notre dandy, s’étaient donné le mot pour sauver « l’état social des dieux », et pour couvrir les bêtises de ces dieux, qui en faisaient beaucoup, on avait inventé les démons. Ce sont là les dernières évolutions de la philosophie, qui se retournait vers les religions comme elle s’en détourne aujourd’hui.
C’est là que, sous un maître habile, il étudia la philosophie et l’éloquence. […] « Il ne tient qu’à eux, dit-il, de déraciner la haine et d’apprivoiser la fureur. » Dans un autre discours adressé au même prince, après la cinquième année de son règne, on trouve un long morceau sur les finances ; il respire cette philosophie pleine d’humanité, qui devrait être celle de tous les rois. […] » On sent bien qu’il devait parler des connaissances et des lettres avec dignité ; il fait voir qu’elles ont été chères à tous les princes qui ont été grands ; il cite Aristote comblé de bienfaits par Philippe, Xénocrate par Alexandre, Aréus par Auguste, Dion par Trajan, Sextus par Marc-Aurèle : « Tu imites ces grands hommes, dit-il à un empereur, la philosophie et les lettres marchent partout avec toi ; elles te suivent dans les camps ; par toi elles sont respectées, non seulement du Grec et du Romain, mais du Barbare même ; le Scythe épouvanté qui est venu implorer ta clémence, a vu la philosophie près de toi, balançant le sort des peuples, et décidant des trêves de la paix que tu accordes aux nations. […] Prince, s’écrie l’orateur, puisqu’il a rejeté la clémence du tyran, il a droit à la tienne. » Il l’invite à conserver les semences et les restes épars des connaissances et des lettres : « Ce sont elles qui font la gloire d’un siècle et d’un empire ; c’est donc à elles qu’il faut confier le souvenir immortel de ton nom. » Alors il lui fait observer que tant qu’il y aura des hommes sur la terre, il y en aura qui cultiveront la philosophie et les arts ; ce sont eux qui font la renommée : ils se transmettent de siècle en siècle les noms de leurs bienfaiteurs, et ces bienfaiteurs sont immortels comme leur reconnaissance. En effet, on peut dire, d’après l’orateur grec, que la philosophie et les lettres ne meurent pas.
De même que la philosophie en général suppose une étude comparée de toutes les sciences, la philosophie du beau a pour base le rapprochement critique de tous les arts. […] Il y avait divorce entre la philosophie religieuse et la physique. […] La création de la philosophie est, il est vrai, la grande gloire d’Athènes, mais c’est précisément parce que cette philosophie n’est ni le scepticisme ni le panthéisme. […] qui lui a donné son nom véritable, si ce n’est la philosophie d’Athènes ? […] Quoi qu’on fasse, il n’est pas moyen d’éviter la philosophie.
D’abord, elle est indépendante de toute philosophie. […] Au reste, la philosophie elle-même a tout intérêt à cette émancipation de la sociologie. […] Or, si la sociologie ainsi conçue peut servir à illustrer de faits curieux une philosophie, elle ne saurait l’enrichir de vues nouvelles, puisqu’elle ne signale rien de nouveau dans l’objet qu’elle étudie. […] D’ailleurs, n’est-ce pas la sociologie qui est destinée à mettre dans tout son relief une idée qui pourrait bien être la base non pas seulement d’une psychologie, mais de toute une philosophie, l’idée d’association ?
Mais voilà que nous sommes déjà en plein à peindre l’homme, et nous n’avons pas encore donné l’idée de sa philosophie, de son rôle dans la science, de la méthode qu’il y apporte, et des résultats dont il peut l’avoir enrichie. […] Et puis, nous l’avouerons, comme science, la philosophie nous affecte de moins en moins : qu’il nous suffise d’y voir toujours un noble et nécessaire exercice, une gymnastique de la pensée que doit pratiquer pendant un temps toute vigoureuse jeunesse. […] Il est, avec elle, nombre de vérités de détail, de racines salutaires que le pied rencontre en chemin ; mais dans la prétention principale qui la constitue, et qui s’adresse à l’abîme infini du ciel, la philosophie n’aboutit pas. […] Le héros, l’amant, flotterait de la passion à la philosophie, et on le suivrait pas à pas dans ses défaillances touchantes et dans ses reprises généreuses. […] Ce que j’ai avancé de la philosophie me semble surtout vrai de la psychologie.
Parce qu’elle date de la renaissance de la philosophie et des littératures laïques en Europe à la fin du moyen âge, dont le siècle de Louis XIV fut à la fois l’apogée et la clôture. […] On sent ce qu’une pareille révolution dans les esprits portait en elle de révolutions dans les philosophies, dans les civilisations et dans les institutions du globe. […] Ce jour-là toute littérature cessa et devint philosophie, législation et politique. […] Notre langue porta notre philosophie politique d’oreille en oreille et de bouche en bouche dans toute l’Europe. […] Le décalogue de la raison moderne et de la liberté fut écrit en français : la langue ainsi devint monumentale en même temps qu’elle devint véhicule d’éloquence, de législation et de philosophie chez tous les peuples.
Études élémentaires de philosophie, 2 vol., 1830 : t. […] Cours de philosophie par l’abbé Roques, Paris, Impr. de Pillet et Dumoulin, 1877, 4 vol. (1. […] La philosophie de Socrate, t. […] Précis élémentaire de philosophie (Lausanne, 1868), p. 156. — Cf. […] Jean-Jacques Séverin de Cardaillac, Etudes élémentaires de philosophie, Paris, Firmin-Didot, 1830.
C’est du moins la philosophie de l’agrément. […] En 1827, il remporta le grand prix de philosophie au concours général de l’élite des étudiants de Paris ; il n’avait que dix-sept ans. […] Une philosophie manque donc à ce poète pour être un homme fait de la littérature. […] Philosophie du plaisir qui n’a pour moralité que le déboire et le dégoût. […] L’âme d’un peuple, c’est sa littérature sous toutes ses formes : religion, philosophie, langue, morale, législation, histoire, sentiment, poésie !
Mais quelle philosophie est consolatrice ? […] En ce cas, il suffirait de lui démontrer l’insuffisance de ces philosophies, pour terminer son chagrin. […] Et il défie la philosophie de rien instituer. […] Mais la morale, la religion, la philosophie sont des disciplines. […] Il s’évertue à fournir des idées à la philosophie, une philosophie à l’histoire, des sujets, des caractères, une psychologie au drame et au roman, une doctrine à l’esthétique.
Elle est à la fois la philosophie et l’action de l’Etat. […] Nous le retrouverons à la philosophie. […] Le dogme de l’association des idées, venu de la philosophie écossaise, et repris par la philosophie anglaise, puis la thèse plus que contestable de l’Inconscient, venue de la philosophie allemande, augmentèrent encore la confusion. […] Qu’est-ce que l’Inconscient, du point de vue de la philosophie générale ? […] La philosophie n’est pas un chapitre de la biologie.
La science, les philosophies, les religions sont là, à côté, avec leurs profondeurs et leurs gouffres souvent insondables ; qu’importe ? […] Ceci ne veut pas dire au moins que la perle et l’océan d’où elle est sortie un jour ne soient pas liés par beaucoup de rapports profonds et mystérieux, ou, en d’autres termes, que l’art soit du tout indépendant de la philosophie, de la science et des révolutions d’alentour. […] Il s’occupa peu de politique, et la laissa à Montesquieu, à Jean-Jacques et à Raynal ; mais en philosophie il fut en quelque sorte l’âme et l’organe du siècle, le théoricien dirigeant par excellence. […] Juger la philosophie du xviiie siècle d’après Condillac, c’est se décider d’avance à la voir tout entière dans une psychologie pauvre et étriquée. […] C’était là l’infâme qui, tous les jours, calomniait auprès des philosophes le christianisme dont elle usurpait le nom ; l’infâme en vérité, que la philosophie est parvenue à écraser dans la lutte, en s’abîmant sous une ruine commune.
Mais Fontenelle trouva sa vraie voie lorsqu’il composa ses Entretiens sur la pluralité des Mondes (1686), puis lorsque, ayant été nommé secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences (1697), il écrivit l’Histoire de l’Académie et les Éloges des Académiciens : il entra alors tout à fait dans son rôle, qui était d’être le maître de philosophie des gens du monde, d’introduire la science dans la conversation des femmes. […] Mais la grande qualité de Fontenelle, et par où il donna le ton à toute la philosophie du siècle, ce fut la clarté. […] Les oracles n’ont cessé que lorsque l’esprit humain s’est éclairé : la philosophie les a fait taire. […] Les notes, « farcies » de citations françaises, latines, grecques, tiennent dix fois plus de place que le texte : on y trouve de l’histoire, de la géographie, de la littérature, de la philologie, de la philosophie, des gaillardises469, mais surtout de l’histoire religieuse et de la théologie. […] Il fit des opéras, des comédies, divers ouvrages de science et de philosophie.
Il était dans la destinée de madame de Maintenon d’avoir contre elle les deux plus fortes influences qui pussent agir sur la tête d’un pays comme la France : la Philosophie du xviiie siècle, et, au xviie , la magie du Talent le plus atroce à ses ennemis qui ait peut-être jamais existé ! Saint-Simon et la Philosophie, voilà les deux causes des préjugés qu’on trouve encore dans les meilleurs esprits de nos jours quand il s’agit de madame de Maintenon. […] … Saint-Simon et la Philosophie ! […] Ôtez Saint-Simon et la Philosophie, et peut-être madame de Maintenon aurait-elle dans l’histoire une place aussi haute que la place qu’elle eut dans la vie, c’est-à-dire, selon nous, celle qu’on lui doit. […] Du reste, elle n’aurait pas rencontré sur le chemin de sa renommée Saint-Simon et la Philosophie, cette grande haine et cette longue rancune, que, dans un pays comme la France surtout, madame de Maintenon n’aurait jamais été populaire.
Habitués, depuis des siècles, à promener de porte en porte notre individualité littéraire, nous avions pris pour nous conduire cette accorte femme, madame de Staël, et nous nous tenions à la porte du pays de Lessing et de Schiller, lui demandant la charité d’une littérature et d’une philosophie. […] tout est là… disait-il : « Dans son seul âge d’or, on y compte trente-deux générations de patriarches de dix mille ans. » Ainsi, la Chine, cette Pagode de la philosophie du xviiie siècle, était vaincue en antiquité. […] Le poème dont il est question, ou, pour mieux parler, les poésies en général comme les philosophies des Indiens, en d’autres termes toutes les manifestations de leur pensée, sont marquées des caractères qui doivent distinguer un pareil peuple, et ces caractères sont tous inférieurs. […] Tout ce qu’on y discerne, c’est que Rama est une mystique incarnation de Vichnou qui doit passer par toute une longue série d’épreuves, selon le dogme de cette métempsycose expiatoire, la puérile philosophie des Orientaux. […] » Cependant, tel que le voilà traduit, ce livre bizarre, c’est un événement, et non pas seulement pour l’Académie des inscriptions et belles-lettres ; car il atteste, ce que l’on commençait bien d’entrevoir, il est vrai, et ce qu’il faudra bien finir par proclamer tout haut, que les païens de toute espèce, battus par les doctrines chrétiennes, qui voulaient faire sortir de l’Inde une poésie et une philosophie pour les opposer à tout ce que le Christianisme a créé dans l’ordre du beau et du vrai parmi nous, n’ont trouvé, en somme, ni l’une ni l’autre.
Philosophie, histoire, controverse, tout a sa source dans la prédication de Bossuet. […] A ce simple abrégé il voulut ajouter quelques réflexions qui ont formé tout un corps de philosophie de l’histoire. […] Les cinq ou six chapitres que Bossuet consacre à la philosophie de l’histoire ancienne sont vraiment beaux. […] Mais ces ouvrages philosophiques ne sont en somme que des manuels pour un enfant, et sont loin de contenir toute la philosophie de Bossuet. […] Il suffirait donc de dire que la philosophie de Bossuet est celle qu’enveloppe le dogme catholique, puisque toute religion est en effet une philosophie.
C’est peut-être parce que la France avait produit la Philosophie du Dix-Huitième Siècle et la Révolution qui est cette Philosophie en action, que les deux poètes qui ont le plus directement exprimé l’état d’anarchie et de désolation où mène cette Philosophie, sans cependant lui rompre en visière, sans la nier ni la combattre, sont un Anglais et un Allemand ; tandis que la France a produit, depuis trente ans, une nombreuse couronne de penseurs et de poètes qui se sont rattachés au Christianisme. […] C’est ainsi que, sous l’impulsion même de la Philosophie du Dix-Huitième Siècle, mais en réaction apparente contre elle, des âmes malades de philosophie sont revenues au Christianisme. […] On dit à la science et à la philosophie qu’elles sont menteuses, parce qu’en effet, en ce jour, à cette heure, elles ne sont pas encore arrivées au point où, reliant leurs rameaux épars, et vivifiées par une charité nouvelle, elles deviendront une religion, comme autrefois elles devinrent le Christianisme. […] On dirait alors que le poète habite encore les frontières de ce monde à la fois social et religieux de Nicole et de Pascal, de Bossuet et de Fénelon, dont un siècle de philosophie et de révolution nous sépare désormais pour toujours. […] Semblables donc à ces Doctrinaires qui prirent la Restauration pour les bornes du monde, et qui arrangèrent la philosophie exprès pour elle, les poètes semblèrent pendant longtemps faire de la poésie, non pour le Peuple, non pour l’Humanité, mais pour la Restauration.
La philosophie est plus près de la poésie que de la science. […] Il n’en va pas ainsi de la philosophie. […] N’oublions pas qu’aux origines, la poésie était l’unique interprétation des mystères que se sont partagés la philosophie, la poésie et la science. […] Sans doute, et nous l’avons vu hier, la philosophie dans l’œuvre d’art doit rester « incluse et latente ». […] La philosophie a pris à la religion chrétienne ses dogmes : l’art lui a pris ses rites.
. — Rapport de l’art à la philosophie. […] J’ai examiné, peut-être moins longuement qu’il n’eût fallu, la philosophie de MM. de Régnier et Griffin, mais, en sortant des généralités, je risquerais de commettre vingt erreurs. […] Car un livre de vers n’est pas un livre de philosophie. […] La Philosophie étudie les conditions de l’être ; elle scrute sans répit le rapport du sujet à l’objet et tâche à trouver la raison de ce rapport, le générateur et la commune mesure de ses deux termes. […] Une cathédrale, par exemple, est asservie à l’expression de certaines idées assez subtiles ou la philosophie se mêle à la théologie.
Dieu, Providence, immortalité, autant de bons vieux mots un peu lourds que la philosophie interprétera dans des sens de plus en plus raffinés, mais qu’elle ne remplacera pas avec avantage. » L’aveu est toujours bon à enregistrer ; mais qu’importent les simples ! […] Ernest Renan, érudit, philologue, chercheur, d’une vaste lecture, mais comme tous les hommes, la créature d’une philosophie, l’instrument de deux ou trois idées métaphysiques que nous acceptons ou que nous subissons, mais qui nous tyrannisent et ne nous lâchent jamais quand elles nous ont pris, M. […] Si la pleine liberté de la Critique était consentie, si la Science avait le droit d’agir en vue seulement des résultats scientifiques, on n’aurait plus besoin de rien, on aurait tout, et les vêpres siciliennes de la philosophie sonneraient, à pleines volées, sur nos têtes ! […] Shakespeare, avec son ironie charmante, appelle quelque part les laquais : « Messieurs les chevaliers de l’arc-en-ciel. » Avait-il deviné les laquais de la philosophie du mythe, de la contradiction et du devenir, ces nuées coloriées et que le premier vent de bon sens, s’il vient à souffler, emportera ? […] Renan que de tous ceux qui se sont servis de l’instrument logique forgé par Hegel, il est celui qui a le plus entassé de contradictions l’une sur l’autre et élevé le plus haut la philosophie du rien sur des pyramides de peut-êtres.
Il y a un monument curieux de la philosophie chrétienne, et de la philosophie du jour : ce sont les Pensées de Pascal, commentées par les éditeurs165. […] Les insultes que nous avons prodiguées par philosophie à la nature humaine ont été plus ou moins puisées dans les écrits de Pascal. […] Barbarisme que la philosophie a emprunté des Anglais.
Des infiltrations, en quelque sorte, se produisirent de la littérature savante dans la littérature populaire, et l’on commença de mettre en français dès le xiie siècle toute sorte d’ouvrages didactiques, ouvrages d’histoire naturelle, de physique, de médecine, de philosophie, de morale, livres de cuisine ou de simple civilité. […] Jean de Meung est un original et hardi penseur, qui s’est servi de la science de l’école avec indépendance : son Roman de la Rose enferme un système complet de philosophie, et cette philosophie est tout émancipée déjà de la théologie ; ce n’est pas la langue seulement, c’est la pensée qui est laïque dans ce poème. […] Sa situation est celle des premiers réformateurs du xvie siècle, de ces humanistes chrétiens qui croient servir Jésus-Christ en se servant de leur raison, et qui très sincèrement, très pieusement, espèrent la réforme de l’Église du progrès de la philosophie. […] Jean de Meung ne s’est pas toujours contenté de mettre en vers la philosophie : il lui est arrivé de faire vraiment de sa philosophie une poésie. […] Par sa philosophie qui consiste essentiellement dans l’identité, la souveraineté de Nature et de Raison, il est le premier anneau de la chaîne qui relie Rabelais, Montaigne, Molière, à laquelle Voltaire aussi se rattache, et même à certains égards Boileau.
La morale de Kant est bien supérieure à toute sa logique ou philosophie intellectuelle, et nos Français n’en ont pas dit un mot. […] Sur plusieurs points nos idées se rencontraient merveilleusement : pour lui aussi, tout est philosophie. […] Non, non ; je me rapprocherai le plus possible de ce centre qui est philosophie, théologie, science, littérature, etc., qui est Dieu, suivant moi. Ainsi donc, mon ami, je regarde comme probable que je viserai aux lettres afin de m’agréger à la philosophie. […] Quelle est la philosophie qui ne doit dire : Dominus pars… ?
Toutes ses impulsions, à lui, lui viennent du dehors ; sa philosophie, et celle de son temps, lui dit que toutes ses idées lui sont venues par ses sens : il est naturel que la nature extérieure, et les sciences qui s’y appliquent, soient l’objet de son étude. […] Avec Diderot, le rapport de la philosophie et des sciences semble se renverser : la philosophie renonce à leur imposer ses systèmes, et elle attend leurs découvertes pour en extraire une conception générale de l’univers. La philosophie de Diderot, dans ses parties caractéristiques, est vraiment une philosophie de la nature : ce qu’il tire de Leibniz, ce sont ces principes de raison suffisante, de moindre action, de continuité, que l’étude scientifique du monde organisé et inorganique suppose et vérifie constamment ; et c’est lui d’abord qui, avant Helvétius, avant d’Holbach, remet l’homme dans la nature, et réduit les sciences morales aux sciences naturelles. […] L’art de Diderot Son art est en harmonie avec son tempérament et avec sa philosophie.
Or, ce qui, pour la philosophie, n’était qu’un idéal et un problème, la science l’a réalisé. […] Là se trouve l’origine de sa philosophie. […] C’est l’erreur de la philosophie contemporaine d’avoir confondu nécessité et déterminisme. […] En face de l’associationnisme se dresse l’apriorisme dans le développement même de la philosophie de Locke. Les deux principes qu’avait combinés cette philosophie se sont dissociés et sont entrés en antagonisme.
Pour répondre à la question, il suffit de jeter un coup d’œil sur l’évolution de la philosophie grecque. […] Philosophie et religion, elle s’est diversifiée selon les temps et les lieux. […] Nous ne voyons pas, d’ailleurs, comment la philosophie l’aborderait autrement. […] Tel est précisément le cas, en général, quand la philosophie parle de Dieu. […] Statique ou dynamique, la religion présente à la philosophie un Dieu qui soulève de tout autres problèmes.
Le panégyrique du roi est fondé sur les faits qui se sont passés depuis 1744 jusqu’en 1748 ; et cette époque, comme on sait, fut celle de nos victoires ; ce qu’il n’est pas inutile de remarquer, c’est que l’auteur se cacha pour louer son prince, comme l’envie se cache pour calomnier ; mais les grands peintres n’ont pas besoin de mettre leurs noms à leurs tableaux ; celui-ci fut reconnu à son coloris facile et brillant, à certains traits qui peignent les nations et les hommes, et surtout au caractère de philosophie et d’humanité répandu dans tout le cours de l’ouvrage. […] L’éloge funèbre des officiers est d’un genre différent : le style en est plus oratoire, et la philosophie plus forte. […] S’il n’a pas l’éloquence et la sublimité de Pascal, il n’a pas non plus cette philosophie ardente et sombre qu’on lui a justement reprochée ; celle de Vauvenargues est plus douce ; elle tend la main à l’homme, le rassure et l’élève. […] Je t’ai vu toujours le plus infortuné des hommes, et le plus tranquille. » Et après avoir parlé de son goût, de sa philosophie et de son éloquence, il ajoute : « Comment avais-tu pris un essor si haut dans le siècle des petitesses ? […] La suite est un mélange de raison et de sensibilité, de douceur et de force ; c’est le sentiment qui sait instruire, c’est la philosophie qui sait parler à l’âme.
Cela est si vrai que l’aveu nous en échappe à nous tous involontairement en nos heures de philosophie et de raison, ou par l’effet du simple bon sens. […] Il eut au concours le prix d’honneur en rhétorique, et les deux seconds prix en philosophie. […] Il y lut tout ce qu’on pouvait lire en philosophie depuis Thalès jusqu’à Schelling ; en théologie et en patrologie, depuis Hermas jusqu’à saint Augustin. […] Taine, pour toute faveur et après des interventions sans nombre, obtint d’être envoyé à Nevers d’abord, comme suppléant de philosophie, — il y resta quatre mois, — et ensuite à Poitiers, comme suppléant de rhétorique ; il y resta quatre autres mois. […] Il ne modifie nullement sa manière selon les lieux et les milieux ; il lui est presque indifférent d’écrire ici ou là : c’est la même philosophie, ce sont les applications diverses, les divers aspects d’une même pensée, ce sont les fragments d’un même tout qu’il distribue toujours.
Quand Cicéron cherche dans ses dialogues à vulgariser la philosophie grecque, il converse moins qu’il ne plaide. […] Je connais quelqu’un qui n’appelle jamais ce siècle des Antonins que le magnifique été de la Saint-Martin de l’ancienne philosophie. […] Renan a écrit à cette occasion deux beaux articles58, qui ne font que présager ce qu’il payera d’hommages sentis au meilleur des princes, dans la suite de l’ouvrage où il doit montrer les progrès du Christianisme en présence du dernier effort et de l’épanouissement suprême de l’ancienne philosophie. […] La philosophie en personne s’assit sur le trône avec Marc-Aurèle : elle en descendit et mourut avec lui. […] Zeller, et c’est là le fruit le meilleur, bien qu’encore un peu stérile, la véritable philosophie de l’histoire.
Cousin à Berlin, et la philosophie allemande. — Lerminier. — E. […] Mais au lieu de la philosophie qu’il abandonnait, M. […] Ma philosophie n’est pas une ouvrière de science, c’est un instrument de morale. […] En philosophie, les Français, sont des gens de terre, les Allemands des marins. […] Or comment la philosophie remplira-t-elle le vide de vos jours ?
Dès les premières années du seizième siècle, elle engage en effet une lutte formidable avec l’esprit classique, avec les idées païennes, avec les systèmes de la philosophie antique, avec les souvenirs des premiers siècles du christianisme. […] La philosophie s’est christianisée comme le théâtre. […] Cependant l’Église avait bientôt trouvé avantage à absorber, à s’approprier cette philosophie conforme aux dogmes ; si vous cherchez quels sont les philosophes du temps, vous rencontrez le Père Malebranche, Bossuet, Fénelon. […] La philosophie apparaît avec eux comme une sœur timide et soumise de la théologie. […] Si le théâtre par une revanche imprévue fait à son tour la guerre à la religion, la philosophie, elle aussi, se pose en ennemie de la foi.
Huet, selon moi, et ceux qui se préoccupent comme lui de la faiblesse de l’esprit humain, n’ont pas si tort qu’on le dit dans les écoles de l’Université, et Descartes, en philosophie, n’a pas si évidemment raison qu’il plaît à nos maîtres de le proclamer. […] Halley, professeur de belles-lettres et d’éloquence ; il trouva un maître élevé et profond en philosophie dans le père Mambrun, qui le poussa d’abord à l’étude des mathématiques, d’où il eut peine ensuite à le rappeler à la philosophie même. […] La galanterie, le bel esprit, la philosophie, la théologie elle-même, ne sont que des manières de jeux savants et subtils que les hommes ont inventés pour remplir et pour animer ce temps si court et pourtant bien long de la vie ; mais ils ne s’aperçoivent pas assez que ce sont des jeux. […] Il continue d’être pour les Jésuites, de les priser et de les estimer, de croire à leur avenir, comme si Pascal n’avait pas tonné ; il continue d’être pour la philosophie des sages d’avant Descartes, pour la philosophie sceptique des Gabriel Naudé, des La Mothe Le Vayer, des Charron, comme si ce grand révolutionnaire et ce grand ennemi de la tradition, Descartes, n’avait point paru pour tout changer ; il continue enfin de goûter les fleurs un peu surannées de l’ancienne littérature, les beautés des d’Urfé, des Scudéry et autres, comme si Boileau n’était pas venu brusquement mettre le holà et réformer le goût. […] Huet, bien que si partisan des anciens, est assez de la littérature de Fontenelle en ce qui concerne le goût moderne ; il est un peu de sa philosophie, mais avec un petit ressort de moins.
Celui qui parle sera sans doute accusé d’être l’ennemi des lumières et de la philosophie. […] Anacréon en arrière de la philosophie ! […] L’auteur nous y dit que, pour bien écrire l’histoire, la philosophie n’est point nécessaire. […] Mais par quel motif ne veut-on pas que l’histoire participe à l’influence de la philosophie ? […] Se peut-il qu’au moment où l’on se vante des progrès de la philosophie, l’art du sophisme soit même dégénéré ?
Mais on sent combien il est profitable pour l’accélération des esprits que de telles questions de philosophie politique se traitent dans un recueil accrédité, avec développement, avec science, amour du bien, et un talent d’expression qui y répand lumière et chaleur. […] La philosophie du XIXe siècle se cherche elle-même ; voilà déjà trois ou quatre fois en quinze ans qu’elle croit s’être trouvée et qu’elle va criant par les rues à la découverte avec la joie d’Archimède. Ces fréquentes mystifications ont dû rendre circonspects et le public qui s’est fatigué, et la philosophie qui se cherche encore. Cette philosophie pourtant, nous le croyons, n’est pas destinée à une éternelle poursuite sans résultat ; et nous croyons aussi que, ces résultats se produisant, les rédacteurs de la Revue encyclopédique sont faits pour y apporter beaucoup.
Il n’y avait pas sans doute beaucoup de philosophie dans la conduite de la plupart des hommes éclairés ; ils avaient souvent eux-mêmes les faiblesses qu’ils condamnaient dans leurs ouvrages : néanmoins ce qui relevait les écrits et les conversations, c’était une sorte d’hommage à la philosophie, qui avait pour but de montrer que l’on connaissait de la raison tout ce que l’esprit eu peut savoir, et qu’au besoin on pourrait se moquer de son ambition, de son orgueil, de son rang même, quoique l’on fût bien résolu à n’y point renoncer. La cour voulait plaire à la nation, et la nation à la cour ; la cour prétendait à la philosophie, et la ville au bon ton. […] Ce n’était ni par le travail, ni par l’étude qu’on parvenait au pouvoir en France : un bon mot, une certaine grâce, étaient souvent la cause de l’avancement le plus rapide ; et ces fréquents exemples inspiraient une sorte de philosophie insouciante, de confiance dans la fortune, de mépris pour les efforts studieux, qui poussait tous les esprits vers l’agrément et le plaisir.
Pendant que dans les régions supérieures de la pensée et de la foi se séparent les courants de la philosophie et de la réforme, une foule de provinces et de ressorts spéciaux se constituent dans le domaine d’abord indivis de la Renaissance. […] Amyot avait bien rencontré en s’arrêtant à Plutarque : un bon esprit plutôt qu’un grand esprit, un auteur lui laisse les questions ardues ou dangereuses, ou du moins qui ne parle ni politique ni religion ni métaphysique d’une façon offensive, un causeur en philosophie plutôt qu’un philosophe, moins attaché à bâtir un système d’une belle ordonnance, qu’à regarder l’homme, à chercher les règles, les formes, les modes de son activité : en un mot, un moraliste. […] En acquérant Plutarque, notre public acquiert d’un coup un riche fonds de philosophie pratique. […] Par le Plutarque d’Amyot, des termes de politique, d’institutions, de philosophie, de sciences, de musique, ou sont entrés ou bien ont été définitivement implantés dans la langue française190.
Une philosophie autonome, où le sujet s’exprime le plus adéquatement possible, sera la science véritable. […] Il s’en faut assurément que cette philosophie soit la création personnelle de Taine. […] Acceptant pour mon compte les principes fondamentaux de cette philosophie, tels que je viens de les exposer, je suis naturellement porté à apprécier favorablement l’œuvre de Taine. […] Telle est la seule attitude qui convienne à des disciples conséquents de cette philosophie.
N’exagérons pas toutefois le caractère asocial de l’intuition bergsonienne et n’attribuons pas surtout à cette philosophie un caractère antisocial qu’elle n’a pas. […] Ici, la réponse sera, plus évidemment encore que dans les philosophies rationalistes, d’ordre personnel et sentimental. […] Il s’en faut de beaucoup que la philosophie et la science aient été, dans notre siècle, des enseigneuses de fraternité. […] Subordonner la critique, la philosophie et la science aux exigences de la sociabilité est évidemment une attitude de moindre pensée. […] Notre philosophie n’a résolu aucun problème.
On peut d’après cela se demander si c’est la philosophie du temps qui a déterminé la morale, ou la morale qui a déterminé la philosophie. […] En effet, de la philosophie seule doit procéder une morale qui ne veut pas procéder du dogme. Mais en réalité, la philosophie, à cette heure, n’existait pas. […] Dans la philosophie la révolution n’est pas moins sensible. […] Mais généralement on était loin de comprendre le but de la philosophie.
Je voulais prouver aussi que la raison et la philosophie ont toujours acquis de nouvelles forces à travers les malheurs sans nombre de l’espèce humaine. […] J’ai distingué avec soin, dans mon ouvrage, ce qui appartient aux arts d’imagination, de ce qui a rapport à la philosophie ; j’ai dit que ces arts n’étaient point susceptibles d’une perfection indéfinie, tandis qu’on ne pouvait prévoir le terme où s’arrêterait la pensée. […] On dirait que les préjugés, les bassesses et les mensonges n’ont pas fait de mal à l’espèce humaine, tant on se montre sévère pour la philosophie, la liberté et la raison. […] Ils attaquent la philosophie ; bientôt ils la regretteront ; bientôt ils reconnaîtront qu’en dégradant l’esprit, ils affaiblissent ce ressort de l’âme qui fait aimer la poésie, qui fait partager son généreux enthousiasme. […] que les Romains ont étudié la philosophie, ont possédé des historiens connus, des orateurs célèbres et de grands jurisconsultes, avant d’avoir eu des poètes ; 2º. que leurs auteurs tragiques n’ont fait qu’imiter les Grecs et les sujets grecs ; 3º. je développe un fait que je croyais trop authentique pour avoir besoin d’être expliqué ; c’est que les chants de l’Ossian étaient connus en Écosse et en Angleterre par ceux des hommes de lettres qui savaient la langue gallique, longtemps avant que Macpherson eût fait de ces chants un poëme, et que les fables islandaises et les poésies scandinaves, qui ont été le type de la littérature du Nord en général, ont le plus grand rapport avec le caractère de la poésie d’Ossian.
Jésus a fondé la religion dans l’humanité, comme Socrate y a fondé la philosophie, comme Aristote y a fondé la science. Il y a eu de la philosophie avant Socrate et de la science avant Aristote. Depuis Socrate et depuis Aristote, la philosophie et la science ont fait d’immenses progrès ; mais tout a été bâti sur le fondement qu’ils ont posé. […] La philosophie ne suffit pas au grand nombre. […] Quand on voulut, après les Antonins, faire une religion de la philosophie, il fallut transformer les philosophes en saints, écrire la « Vie édifiante » de Pythagore et de Plotin, leur prêter une légende, des vertus d’abstinence et de contemplation, des pouvoirs surnaturels, sans lesquels on ne trouvait près du siècle ni créance ni autorité.
En un sens, la théorie classique, comme on l’appelle, convient par un côté à notre philosophie, car elle proclame l’idéal comme loi suprême de l’art, de même que nous considérons l’absolu et le divin comme cause suprême de la nature ; elle préfère, comme nous-mêmes, l’âme au corps et la raison aux sens ; elle place le beau dans l’expression de la vérité et du sentiment, non dans l’imitation colorée et violente des formes matérielles : par ces différentes raisons, la critique classique que représente M. Nisard avec sévérité et autorité se marie naturellement avec la philosophie spiritualiste ; mais cette même philosophie admet dans l’homme un principe d’action, d’invention et de développement qui est la liberté, la personnalité. […] Lorsque Molière se moquait de la médecine de son temps, lorsque Boileau raillait l’arrêt du parlement de Paris sur la philosophie d’Aristote, lorsque Descartes écrivait le Discours de la méthode, tous se révoltaient contre la discipline au nom de la raison. […] J’accorde qu’il ne faut pas, en littérature ni en philosophie, sacrifier les vérités acquises aux vérités à découvrir : là est la part de la tradition ; toutefois, il ne faut pas tarir la source des vérités nouvelles, car là est l’origine de la tradition future.
Mais Mme André Léo qui, au contraire, a la philosophie et la révolution au plus profond de sa cervelle, Mme André Léo, cette pédante et cette endoctrinante, sans les qualités de Mme de Genlis… Vous voyez bien ce qu’il en reste ! […] elle a beau se débattre dans le vague de la philosophie, elle y demeure, affirmative de langage, mais sans un principe auquel elle puisse rattacher la législation qu’elle invente. […] Mme André Léo se distingue par le prosélytisme d’une philosophie qui est, à peu près, celle de Proudhon. […] Littérairement, et dans l’ordre démocratique, Mme André Léo est à peu près ce qu’est Mme de Ségur dans l’ordre catholique, mais sous une forme romanesque, imitée de Mme Sand, — de la Mme Sand des dernières années, enrhumatismée de philosophie et qui a perdu la petite fleur de bohème adultère, par laquelle elle a réussi. […] Mme André Léo nous donne même le programme de leurs institutions et le voici pour qu’il vous serve : Minéralogie et physique, zoologie et agriculture, philosophie et pas d’histoire…, vous savez pourquoi ?
Jusqu’ici l’abdication de Charles-Quint et son ensevelissement dans un cloître, ce double texte de déclamations que la Philosophie a enrichi de si belles phrases, étaient jugés, mais, à ce qu’il paraît, n’étaient pas connus… et c’est cette abdication et cet ensevelissement que la publication de documents nouveaux doit nous faire connaître. […] On a parlé enfin de sentiments religieux, mais pourquoi la Philosophie, qui a été logique, n’a-t-elle pas eu raison, et pourquoi Charles-Quint ne s’est-il pas réellement fait moine ? […] Le sublime portrait qu’a fait de lui la Philosophie, croyant faire une caricature, est un portrait faux. […] Si le politique Charles-Quint, mi-parti d’Autrichien, de Flamand, de Bourguignon, et dont le génie, mêlé au génie de plusieurs races, était écartelé comme son blason impérial, si ce Charles-Quint ne fut pas un moine et ne songea jamais à l’être, malgré la piété très profonde de toute sa vie, l’Espagne était, elle, qu’on nous passe le mot, une nation moine (una monja), et tellement moine d’éducation, d’habitude et de préjugés, que c’est à l’influence de cette nation cloîtrée dans des mœurs religieuses comme il n’en avait peut-être existé nulle part, que Charles-Quint dut ces impulsions monastiques dont la philosophie a été la dupe, et qui étaient parfaitement contraires à la nature positive et tout humaine de son génie. […] On ne le refait pas qu’en philosophie.
Il fallait que la Philosophie n’eût plus la honte de ses espérances et la vergogne de ses affirmations, et que la société décrépite à laquelle on, manque de respect eût l’oreille assez faite à tout pour, sans châtier rien, tout entendre. […] Je ne sais point par quelles spirales cette amie de Proudhon est descendue au fond du dernier cercle de l’enfer de la Philosophie, mais elle y est descendue, et c’est du fond de cet horrible trou que, comme la Sachette de Notre-Dame de Paris, elle élève une voix désespérée pour l’humanité et pour elle ; — car, après tout, si elle a la bravoure de l’athéisme, si elle fait de l’héroïsme contre le néant, elle n’est pas, pour cela, très heureuse d’être athée. […] Elle a résolu le problème de la quadrature du cercle sur elle-même, et si j’avais à la caractériser avec une formule, je me servirais de celle-ci : elle est, cette amie de Proudhon, elle est à la Poésie ce que Proudhon est à la Philosophie. […] Je voudrais donner une idée de ce splendide désastre d’une philosophie impuissante à calmer les instincts affamés d’une âme de nature immortelle, mais ce qui fait la beauté exceptionnelle des poésies de madame Ackermann, c’est la largeur d’une aile qu’on ne peut guères enfermer dans le tour d’un chapitre. […] elle avait passé le milieu de la vie déjà quand parurent ces poésies, et elle ne nous a donné que quelques pièces de vers après tout, phénix consumé peut-être, et absorbé, en tout cas, par la philosophie, qui n’a jamais rencontré de poète lui appartenant si exclusivement· En donnera-t-elle encore ?
Hugo a-t-il « une philosophie ? […] Hugo s’en tient donc à la philosophie, mais à une philosophie qui n’exclut ni l’adoration, ni l’amour, ni même la prière. […] Religions et religion (Philosophie), p. 70. […] Religions et religion (Philosophie), p. 75. […] (Philosophie).
Il est arrivé, en effet, que, ce drame une fois terminé, l’auteur qui l’avait lu et relu dans le monde avec applaudissement, fut pressé de le publier ; il hésita, il consulta, et, comme il s’adressa à un homme grave (M. de Broglie), il lui fut conseillé de laisser là l’imagination sur la personne et l’âme d’Abélard, et d’en venir à l’étude même de sa philosophie. Cette étude approfondie produisit un ouvrage en deux volumes qui enterra le drame, ou du moins le fit rentrer dans le tiroir, au grand regret de ceux qui croient qu’il y a autant et plus de vérité dans la peinture morale d’une âme que dans la sèche et épineuse analyse d’une atroce méthode de philosophie scolastique. […] Mais je ne veux pas quitter son livre (toute philosophie à part) sans le louer encore d’un travail historiquement si impartial, si sérieusement intéressant, et qui fait pénétrer si bien dans une des plus belles et des plus paisibles intelligences du Moyen Âge. […] Cousin raconte très bien, en causant, par quel stratagème il contribua à lancer M. de Rémusat en pleine philosophie. Ils étaient ensemble (à l’Académie des sciences morales et politiques) d’une commission pour juger le prix à donner sur le meilleur exposé de l’état de la philosophie allemande.
Il est clair, pour tous ceux qui ont des yeux, que sans les Anglais, la raison et la philosophie seraient encore dans l’enfance la plus méprisable en France, et que leurs vrais fondateurs parmi nous, Montesquieu et Voltaire, ont été les écoliers et les sectateurs des philosophes et des grands hommes d’Angleterre. […] On étudie aussi un peu sa langue maternelle ; et enfin, dans les hautes classes, après avoir exercé la rhétorique et tous ses tours de passe-passe, on prend une teinture de philosophie, avec laquelle on se met en chemin pour l’université. […] Ces facultés sont celles de théologie, de jurisprudence, de médecine et de philosophie, qui comprend aussi les belles-lettres. L’étudiant qui arrive choisit d’abord une des trois premières facultés suivant l’état auquel il se destine, mais ses premières études regardent pourtant principalement la philosophie. […] Dans la faculté de philosophie on enseigne encore la morale, les humanités ou belles-lettres, l’éloquence, les antiquités, tout ce qui dépend de la belle littérature.
Tout homme qui compte ou qui veut compter a son journal à lui. » — M. de Rémusat vient de publier le volume premier d’un ouvrage sur Abélard et sa philosophie. […] Mais ayant voulu étudier plus à fond la philosophie et les ouvrages d’Abélard, il a laissé son drame de côté et l’a condamné à l’oubli. […] Le premier livre contient la vie d’Abélard, les livres suivants sont consacrés à l’analyse et à l’examen de sa philosophie, et deviennent indispensables à l’étude de la scolastique dont ils donnent la clef.
Sa philosophie est une sorte de positivisme panthéiste et optimiste. […] René Ghil, qui, dans l’édition du Traité du verbe publiée en 1888, avait exposé complètement et définitivement la philosophie de son œuvre, laquelle philosophie partait du transformisme et donnait comme substratum à l’idée poétique l’idée scientifique.
… Mais que dirait-on si on montrait que dans ce livre, intitulé les Illuminés, il n’y a pas plus d’illuminés que d’illuminisme, et qu’excepté le récit d’une véritable parade chez Cagliostro et quelques mots sans aperçu et sans critique sur des hommes qu’il aurait fallu étudier il n’y a dans le titre du livre de Gérard de Nerval, rien de plus qu’une spéculation sur la curiosité publique, en ce moment fort excitée par tout ce qui pourrait amener un changement dans la philosophie d’un siècle dépassé en métaphysique par ceux même qui auraient dû le diriger ? […] On reprend, en la fortifiant des découvertes des sciences naturelles, la thèse spiritualiste et religieuse du Moyen Âge, qui, en face de la science de Dieu, dressait, avec sa logique catholique, la science du diable, quand la philosophie moderne a nié l’une et l’autre du même coup. […] On répond aux questions qui vous pressent et auxquelles personne n’a répondu, ni les philosophes, qui n’ont pas encore écarté par une théorie le supernaturalisme, comme ils l’appellent, qui appuie de toutes parts sur leur malheureux cerveau révolté des faits écrasants et surnaturels, ni les historiens de la philosophie, qui ne sauraient infirmer sur ces faits les actes de tant de conciles qui les supposent ou qui les attestent !
Aussi ni la philosophie, ni la poétique ou la critique, qui vinrent plus tard, n’ont pu jamais faire un poète qui approchât seulement d’Homère. — 6. Grâces à notre découverte, Homère est assuré désormais des trois titres immortels qui lui ont été donnés, d’avoir été le fondateur de la civilisation grecque, le père de tous les autres poètes, et la source des diverses philosophies de la Grèce. […] Il fut même devancé par plusieurs poètes héroïques, au rapport de Cicéron (Brutus) ; Eusèbe les nomme dans sa Préparation évangélique ; ce sont Philamon, Thémiride, Démodocus, Épiménide, Aristée, etc. — Enfin, on ne pouvait voir en lui la source des diverses philosophies de la Grèce, puisque nous avons démontré dans le second Livre que les philosophes ne trouvèrent point leurs doctrines dans les fables homériques, mais qu’ils les y rattachèrent.
Son père, homme riche, amateur de philosophie et de savoir, grand et intime ami de Gassendi, au point qu’on pouvait dire à celui-ci que M. […] La phrase y peut paraître longue, traînante, et c’est là une lettre persane qui ne ressemble en rien assurément pour la forme à celles de Montesquieu ; mais le fond est d’un grand sens, et consulté par Chapelle, il lui répond en le mettant de son mieux en garde contre les principaux défauts auxquels il le sait bien sujet, et aussi contre les conclusions où va trop volontiers la philosophie de Gassendi, leur maître commun. […] Ces trois ou quatre points, sur lesquels il veut attirer son attention d’homme à jeun, sont précisément les divers degrés d’impression et de sensation, puis de jugement et de raisonnement, de réflexions générales ; la conception que nous avons du passé, du présent et de l’avenir ; la faculté de retour et de considération interne sur nous-mêmes ; l’invention et la découverte des hautes vérités ; tant de sublimes imaginations des beaux génies, « une infinité de pensées enfin, si grandes et si vastes, et si éloignées de la matière qu’on ne sait presque par quelle porte elles sont entrées dans notre esprit », toutes choses qui restent à jamais inexplicables pour une philosophie atomistique et tout épicurienne. […] Il est cause que Bernier a écrit les considérations les plus spiritualistes qu’on puisse désirer, et qu’il a réfuté par les raisons les plus plausibles l’école dans laquelle les historiens de la philosophie l’ont jusqu’ici rangé. […] Bouillier, dans sa récente et excellente Histoire de la philosophie cartésienne, aurait eu le droit de faire un coin de chapitre ainsi intitulé8.