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1556. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Sur un exemplaire de Vauquelin de la Fresnaie »

Nous ne saurions que nous féliciter, pour notre part, de cet amour intelligent que le public a témoigné à la vente même des livres de M. 

1557. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Avant-propos »

Même à ce point de simplification, il nous paraît garder cette indéniable utilité de donner à son auteur une occasion publique de manifester sa gratitude à l’égard de tous ceux qui lui furent bienveillants, efficaces et doux, de lui permettre un partiel acquittement de la dette accumulée, — et, ayant reçu pendant vingt années, de rendre à son tour.

1558. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Millevoye, Charles (1782-1816) »

Millevoye, le même dont nous venons de parler, vient de donner au public un recueil de ses poésies.

1559. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 76-79

A-t-il cru en imposer au Public par une tournure artificieuse qui n’en devenoit que plus révoltante, & ôtoit tout crédit à son jugement ?

1560. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 474-476

Le but de cet Ouvrage est moins de repaître la curiosité du Public sur l’origine, les progrès & les effets de cette cruelle maladie, que de présenter les moyens d’en délivrer la Nation & l’Europe entiere.

1561. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Chants du crépuscule » (1835) »

De là, dans ce livre, ces cris d’espoir mêlés d’hésitation, ces chants d’amour coupés de plaintes, cette sérénité pénétrée de tristesse, ces abattements qui se réjouissent tout à coup, ces défaillances relevées soudain, cette tranquillité qui souffre, ces troubles intérieurs qui remuent à peine la surface du vers au dehors, ces tumultes politiques contemplés avec calme, ces retours religieux de la place publique à la famille, cette crainte que tout n’aille s’obscurcissant, et par moments cette foi joyeuse et bruyante à l’épanouissement possible de l’humanité.

1562. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Table des chapitres et des paragraphes. Contenus dans ce second Volume. » pp. -

Des Livres sur la politique & le droit public, 315 Chap. 

1563. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 9, comment on rend les sujets dogmatiques, interessans » pp. 64-66

On les aime moins, et le public n’en retient gueres que les vers qui contiennent des tableaux pareils à ceux dont on loüe Virgile d’avoir enrichi ses georgiques.

1564. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Préface »

Je suis persuadé que son ouvrage rencontrera le succès auquel il a droit : les spécialistes, comme je l’indiquais à l’instant, y trouveront matière à compléter leurs connaissances et sans doute à découvrir des aperçus nouveaux ; la masse du public, elle aussi, voudra lire ce livre et ceux qui le suivront, car, aujourd’hui comme au temps de La Fontaine, nous aimons tous et toujours à nous faire conter l’histoire de Peau d’Ane ; notre plaisir se double même d’une piquante sensation de curiosité lorsque c’est un nègre qui nous la conte, pourvu que ce nègre ait trouvé un interprète aussi averti que l’est M. 

1565. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Le public à Paris a marqué de la joie ; les faiseurs d’horoscopes ont fait à ce sujet cent almanachs plus extravagants les uns que les autres ; pour moi, qui ai appris depuis longtemps à supporter la disgrâce et la fortune, je me suis dérobé aux compliments vrais et faux, et j’ai regagné mon habitation d’hiver, d’où j’irai de temps en temps rendre mes devoirs à Versailles, et voir mes amis à Paris. […] Je sais m’occuper ; mais je suis assez sage pour ne pas faire part au public de mes occupations ; je n’avais besoin pour être heureux que de cette liberté dont parle Virgile : « Quae sera tamen respexit inertem ». […] Grand par lui-même, il est en outre magnifique dans ses représentations ; tout ce qui concourt à leur éclat est double chez lui de la plus grande magnificence de tout autre ; tenant table ouverte, donnant à tout le monde, ne recevant de personne, et toujours au-dessus de toute comparaison dans les fêtes, dans les cérémonies, dans les illuminations publiques.

1566. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Le poète anglais William Cowper, âme tendre et mystique comme l’était Saint-Martin, obligé par le devoir de sa charge de se produire un jour en public devant la Chambre des lords, en reçut un ébranlement de terreur qui égara quelque temps sa raison50. […] Les hommes de désir, en ceci, me paraissent prendre leur parti des douleurs publiques un peu trop commodément. […] C’est dans les années qui suivirent la Terreur et dans le triomphe des institutions idéologiques dites de l’an III que Saint-Martin eut son jour et son heure d’utilité publique, et, si l’on peut dire, sa fonction sociale, lorsque âgé de cinquante-deux ans, élève aux Écoles normales, il engagea son duel avec la philosophie régnante dans la personne de Garat, et que l’homme modeste atteignit le brillant sophiste au front.

1567. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

On ne peut s’empêcher de remarquer que Saint-Martin ici nous présente une simple contrariété de sa vie intérieure comme un malheur horrible, et cela en regard de cette véritable infortune publique de Louis XVI et de Marie-Antoinette, qu’il se contente d’appeler une bagarre. […] Il y fut nommé presque aussitôt commissaire pour la confection du catalogue des livres nationaux : il vit dans cette humble fonction une occasion d’être utile, si petite qu’elle fût : Ma besogne bibliographique a été reçue et approuvée au Comité d’instruction publique, sauf quelques observations… C’est une pitié que cette besogne-là, ajoutait-il, et cependant il a fallu m’y donner comme si elle était importante et profitable pour mon esprit. […] Fut-elle lue seulement alors, en tout ou en partie, à l’issue de quelque conférence et devant le public des Écoles normales, pour produire son effet de réfutation ?

1568. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Victor de Tracy, fils de l’illustre philosophe, et lui-même si distingué par un ensemble de qualités et de vertus qu’il a portées dans la carrière publique et qu’il aime à pratiquer dans la vie privée. […] La jeune fille est plus occupée des fleurs, des rochers, des oiseaux et de toutes les beautés du paysage, que des choses publiques. […] Je parle au point de vue du public, et je ne doute pas que de ces trois volumes qui sont presque inédits on n’en pût tirer un qui plairait à tout le monde, et qui placerait à un bon rang dans notre littérature morale le nom de Mme de Tracy.

1569. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

toujours des passions publiques, et jamais d’esprit public. […] Sous ces divers régimes, la ligne de conduite de Pelleport, nommé lieutenant général et de plus vicomte à la suite de l’expédition d’Espagne en 1823, est empreinte du même caractère invariable de prud’homie, d’honnêteté, d’utilité pour le public, d’observance de ses serments et de fidélité à ses souvenirs.

1570. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Pour arriver à une œuvre qui enlève, qui passionne tout le public et fasse événement, il faut en venir au Cid représenté avec un applaudissement enthousiaste vers la fin de décembre 1636, et qui sacra Corneille grand poète. […] Je voudrais ressaisir et rendre ici le plus que je pourrai de l’émotion du Cid, de l’étincelle électrique qu’en reçut le public d’alors. […] Ce n’est point par le goût que brille ordinairement Corneille ; mais ici, pour peu que l’on compare avec la pièce espagnole, on verra qu’il a eu, relativement à nous, Français, et à notre public d’alors, beaucoup de goût, c’est-à-dire beaucoup de choix.

1571. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

En rendant à Mme Champagneux le dépôt qu’elle lui avait confié, il lui exprima le vœu que ce monument authentique d’esprit, de talent et de courage, fût conservé un jour dans un établissement public, et on lui doit ainsi d’avoir suggéré l’idée première de ce legs assez récent qui a été fait à la Bibliothèque Impériale. […] C’était un de mes trésors bibliographiques dont j’étais le plus jaloux ; mais je m’étais bien promis de ne pas le garder pour moi seul et d’en faire part un jour au public. […] Se sentant vouée par les événements à une fin tragique, elle y avait beaucoup réfléchi et elle s’était dit qu’il fallait, quand on est appelé à représenter en public, faire un peu de toilette, pour le corps et pour l’âme.

1572. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Je ne sais quel jugement fera le public de cette campagne ; mais je t’assure qu’à la suivre de près, j’ai plus de mérite que de celle de l’année passée. […] Je te parle confidemment comme à mon frère, et tu crois bien que je ne m’étale pas de cette manière en public. […] Je lui ai répondu qu’il fallait se laisser juger ; que les campagnes heureuses sautaient aux yeux, que les autres demandaient trop de discours en public pour en faire connaître le mérite.

1573. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

En extrayant cette douloureuse correspondance, je me suis souvent rappelé celle d’une autre femme-poète, et dont il a été donné au public des volumes exquis, celle de Mlle Eugénie de Guérin. […] Davenne, directeur alors de l’Assistance publique, un administrateur comme il y en a peu, qui ne se retranchait pas sans cesse derrière les règlements pour éviter de faire le bien, et qui a mérité qu’elle écrivît de lui dans un transport de reconnaissance : « (À Mme Derains, le 29 septembre 1856.) […] Il fut tué lors du massacre du coup d’État, en décembre 1851, sur la voie publique, à Paris, pendant qu’il se rendait, inoffensif et sans armes, au palais de justice.

1574. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Depuis le premier essai qu’il fit de la parole publique à Marseille en 1829, il n’a pas cessé, soit dans les conférences de l’École normale, soit au sein de la Faculté comme suppléant tour à tour de M. […] Ampère, le gros du public sérieux s’en peut faire une idée aujourd’hui par les excellents volumes qui divulguent, aux yeux de tous, les fruits de sa méthode et de ses recherches ; une entreprise ainsi produite fonde à l’instant ou confirme un nom. […] Produite, au contraire, elle s’évapore, s’altère plus ou moins dans cette atmosphère publique de vanité, et, quand d’autres la respirent à l’envi, le cœur même d’où elle est sortie peut demeurer aigri ou désert.

1575. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

En même temps, dès qu’il le put, M. de Ségur reprit son rôle de témoin attentif aux choses publiques ; de Châtenay il accourait souvent à Paris ; il voyait beaucoup Boissy-d’Anglas et les hommes politiques de cette nuance. […] « Je n’ai pas de fortune à vous léguer ; celle que je tenais de mes pères m’a été enlevée par la Révolution, et j’ai été privé par le Gouvernement royal de presque toute celle que je devais à mes travaux et aux services rendus à ma patrie… « Je vous lègue ce manuscrit : il est tel que je l’ai dicté du premier jet, sans ponctuation, sans corrections ; le public a l’ouvrage tel que je l’ai corrigé ; mais j’ai voulu déposer dans vos mains ce manuscrit comme je l’ai dicté, et je désire que l’aîné de ma famille le conserve toujours religieusement. […] La somme qu’il offrait était telle que le permettaient alors les ressources opulentes de la librairie et le concert merveilleux de l’intérêt public : trente billets de 1, 000 fr. le jour de la remise du manuscrit.

1576. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Le 3 novembre, les nouveaux venus commencèrent à représenter en public. […] Il n’en faut d’autre preuve que la profonde sensation que fit la petite pièce, et l’originalité saisissante et hardie que le public lui reconnut. […] Nous reproduisons ce portrait, qui représente Molière adressant au public le compliment d’usage à la fin du spectacle.

1577. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Il eut raison ; son livre n’eût pas trouvé, en 1880, par exemple, un public approprié. […] Ce ne fut naturellement pas ce qu’il y avait de sérieux dans les premières tentatives décadentes qui attira l’attention publique. […] Les nouveaux venus avaient un public, des journaux, des revues.

1578. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Elle a affiné le goût dans les milieux élégants où elle pénétrait et s’est ainsi préparé à elle-même un public de connaisseurs. […] Mais parfois aussi l’on y parle d’importants sujets qui passionnent le public, des querelles sur la grâce, de la philosophie de Descartes. […] Non seulement les salons sont le berceau de la comédie de société, de ces petites pièces légères et faites de rien, qui comptent en France plus d’un frêle chef-d’œuvre  ; mais la vraie comédie, celle qui est destinée au grand public, trouve là le secret du dialogue vivant et aisé.

1579. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Le public n’aime pas à être brusquement dépaysé au milieu d’une pièce ; son attention se fatigue dès qu’il perd de vue le clocher du lieu où l’action se passe. […] Il pleut de l’or dans la valise de voyage qu’il tend au public. […] Déjà, dans les Effrontés, il nous montrait un entrefilet de la Conscience publique chassant du monde une grande dame calomniée.

1580. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

On pourrait diviser les chansons de Béranger en quatre ou cinq branches : 1º L’ancienne chanson, telle qu’on la trouve avant lui chez les Collé, les Panard, les Désaugiers, la chanson gaie, bachique, épicurienne, le genre grivois, gaillard, égrillard, Le Roi d’Yvetot, La Gaudriole, Frétillon, Madame Grégoire : ce fut par où il débuta. 2º La chanson sentimentale, la romance, Le Bon Vieillard, Le Voyageur, surtout Les Hirondelles ; il a cette veine très fine et très pure par moments. 3º La chanson libérale et patriotique, qui fut et restera sa grande innovation, cette espèce de petite ode dans laquelle il eut l’art de combiner un filet de sa veine sensible avec les sentiments publics dont il se faisait l’organe ; ce genre, qui constitue la pleine originalité de Béranger et comme le milieu de son talent, renferme Le Dieu des bonnes gens, Mon âme, La Bonne Vieille, où l’inspiration sensible donne le ton ; Le Vieux Sergent, Le Vieux Drapeau, La Sainte-Alliance des peuples, etc., où c’est l’accent libéral qui domine. 4º Il y faudrait joindre une branche purement satirique, dans laquelle la veine de sensibilité n’a plus de part, et où il attaque sans réserve, avec malice, avec âcreté et amertume, ses adversaires d’alors, les ministériels, les ventrus, la race de Loyola, le pape en personne et le Vatican ; cette branche comprendrait depuis Le Ventru jusqu’aux Clefs du paradis. 5º Enfin une branche supérieure que Béranger n’a produite que dans les dernières années, et qui a été un dernier effort et comme une dernière greffe de ce talent savant, délicat et laborieux, c’est la chanson-ballade, purement poétique et philosophique, comme Les Bohémiens, ou ayant déjà une légère teinte de socialisme, comme Les Contrebandiers, Le Vieux Vagabond. […] Il y a quelques années déjà que, l’étudiant à part moi, et sans songer à venir reparler de lui au public, j’écrivais cette page que je demande la permission de transcrire, comme l’expression la plus sincère et la plus nette de mon dernier sentiment littéraire à son égard : Béranger a obtenu de gloire tout ce qu’il en mérite, et un peu au-delà ; sa réputation est au comble. […] Son art, son adresse et son triomphe, ç’a été de toucher si bien les cordes chères au grand nombre, qu’il a ainsi enlevé son monde (le malin qu’il est), et qu’il n’y a plus eu de public distinct en face de lui, mais un seul chorus à la ronde.

1581. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Distinguée et couronnée par l’Académie française en 1822 pour avoir chanté le dévouement des sœurs de Sainte-Camille pendant la peste de Barcelone, Mlle Gay ne cessa de célébrer depuis en vers tous les événements publics importants, les solennités monarchiques ou patriotiques, la mort du général Foy, le sacre de Charles X, l’insurrection de la Grèce, tous les beaux thèmes du moment. […] Car, pour les pièces consacrées à célébrer des événements publics, il n’en faut point parler. […] La joie fait peur, jolie comédie, représentée au Théâtre-Français, et où, d’un bout à l’autre, le rire étincelle à travers les larmes, a été son dernier adieu au public.

1582. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Il avait eu beau faire appel à toute la contrée de Brie et de Champagne, et s’écrier : Qu’il me vienne un public ! ma poésie est mûre, le public répondit peu. […] Tout poète doit obéir au souffle, mais que ce soit surtout à celui du dedans. — Et pour résumer, non pas mon jugement (ce serait prématuré), mais tout mon vœu sur lui, je dirai : Il a en ce moment la vogue, il a ce que tant d’autres, et des plus dignes, ont vainement attendu toute leur vie, l’attention et le regard du public ; il a le cri du moment, comme dit le poète ; il chante pendant des heures, et on l’écoute, on l’applaudit ; il a de l’action.

1583. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

On peut juger un homme public, mort ou vivant, avec quelque rudesse ; mais il me semble qu’une femme, même morte, quand elle est restée femme par les qualités essentielles, est un peu notre contemporaine toujours ; elle l’est surtout quand elle n’a cessé de se continuer jusqu’à nous par une descendance de gloire, de vertu et de grâce. […] Faisant l’éloge de son mari et montrant que son existence est devenue inséparable du bien public : « C’est, dit-elle, le tison de Méléagre, auquel sa vie ministérielle est attachée. » Ce tison de Méléagre se retrouve en plus d’un endroit. […] Elle mérita d’avoir sa part publique d’éloges dans un passage du Compte-rendu de M. 

1584. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Rivarol, à son entrée dans le monde, y parut d’abord sous le nom de chevalier de Parcieux, s’autorisant de la parenté qu’il avait par sa grand-mère avec le savant (Deparcieux) si justement honoré, et que recommandaient de grands projets d’utilité publique. […] Il fait voir d’une manière très sensible comment les questions changèrent bien vite de caractère dans cette mobilité, une fois soulevée, des esprits : « Ceux qui élèvent des questions publiques devraient considérer combien elles se dénaturent en chemin. […] L’image chez lui s’ajoute à l’idée pour la mieux faire entrer ; il ne dit volontiers les choses qu’en les peignant ; ainsi, pour rendre cette fureur de nivellement universel : « On a renversé, dit-il, les fontaines publiques sous prétexte qu’elles accaparaient les eaux, et les eaux se sont perdues. » Voici quelques pensées que ne désavouerait ni un Machiavel ni un Montesquieu : La populace croit aller mieux à la liberté quand elle attente à celle des autres.

1585. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Quoique par la forme ce livre n’eût rien de séduisant, et qu’il rompît par le ton avec la mollesse des écrits en vogue sous Louis XVI, quoiqu’il ne fût pas possible, pour tout dire, de moins ressembler à Bernardin de Saint-Pierre que Volney, celui-ci trouvait, à certains égards, un public préparé : c’était l’heure où Laplace physicien, Lavoisier chimiste, Monge géomètre, et d’autres encore dans cet ordre supérieur, donnaient des témoignages de leur génie. […] Lorsque Catherine se déclara contre la France et pour les émigrés en 1791, Volney renvoya cette médaille en y joignant une lettre publique à l’adresse de Grimm, lettre plus solennelle encore et plus ambitieuse que patriotique. […] Cependant les soins publics ne détournaient point absolument Volney de ses intérêts personnels, et de bonne heure il essaya de les concilier.

1586. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Quinze ans plus tard, on assiste à ce spectacle curieux, d’anciens libertaires, — nous parlerons au sens littéraire, — redevenus les gardiens de la tradition, tandis que le public commence à admettre des innovations désormais caduques. […] (Louis Blanc) » L’affaiblissement général de la culture « humaniste » masqua longtemps cette vérité générale aux yeux du public français1. […] Une partie du public en est venue à préférer l’ébauche au travail achevé, à aimer les œuvres informes, mal composées, sous prétexte qu’elles sont plus proches de la vérité.

1587. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

La nation ingénieuse, jadis si forte, qui depuis tant de siècles a perdu son indépendance, n’avait pu sentir si près d’elle un exemple de nouveauté et d’audace comme celui de la France, sans être tentée de reprendre toutes les ambitions de la vie publique. […] et ne devons-nous pas honorer d’un regret et chercher encore sur quelques lyres étrangères cette inspiration poétique dont notre patrie fut animée vingt ans, à l’écho du malheur et de la gloire, au bruit de la liberté légale, et parmi tous les progrès du droit public, du travail et de la richesse ? […] C’était une chaste harmonie, mélodieuse sans art, émue sans passion terrestre, presque monotone et toute charmante ; c’étaient les premiers et les délicieux vers de M. de Lamartine : l’Isolement, le Soir, le Vallon, le Lac, la Foi, le Temple, les Étoiles ; tous ces échos de douce rêverie, dont nuls sons ne pouvaient être détachés et retentir dans les vastes auditoires des cours publics, sans faire éclater les mille applaudissements d’une jeunesse idolâtre.

1588. (1925) Proses datées

Le public délaisse son œuvre, et son nom cesse presque d’être prononcé. […] Ne nous a-t-il pas invités à descendre de son œuvre dans sa vie, non seulement dans sa vie publique et sentimentale, mais aussi dans sa vie profonde, celle de ses idées et de ses croyances ? […] Ces études attirèrent l’attention du grand public sur Baudelaire, en même temps que la Revue des Deux Mondes lui ouvrait ses portes en publiant un certain nombre de ses poèmes. […] Les jardins sont nécessaires à la santé publique et cette nécessité est si évidente que nos édiles ont cherché à remédier, dans la mesure, du possible, à ce déboisement urbain. […] Il y en a qui appartiennent à l’histoire par ceux qu’ils représentent, hommes publics ou femmes célèbres.

1589. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXX » pp. 126-128

. — Le fait est qu’il n’y a pas de doctrine absolue pour les États et que tout est relatif, subordonné à l’utilité publique. — Ainsi quelle que soit la rigueur du raisonnement, il serait fatal qu’en France on laissât le clergé se fortifier et s’organiser davantage en parti.

1590. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PENSÉES ET FRAGMENTS. » pp. 495-496

Un inconvénient matériel, mais qui a des désagréments littéraires, est que, dans ces publications hâtives, qu’on ne dirige pas, votre pensée arrive souvent au public tout altérée et méconnaissable par des fautes.

1591. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guérin, Maurice de (1810-1839) »

Pour nous, elles ont un caractère plus sacré encore, car c’est le secret d’une tristesse naïve sans draperie, sans spectateurs et sans art ; et il y a là une poésie naturelle, une grandeur instinctive, une élévation de style et d’idées, auxquelles n’arrivent pas les œuvres écrites en vue du public et retouchées sur les épreuves d’imprimerie… Il a été panthéiste à la manière de Goethe sans le savoir, et peut-être s’est-il assez peu soucié des Grecs, peut-être n’a-t-il vu en eux que les dépositaires des mythes sacrés de Cybèle, sans trop se demander si leurs poètes avaient le don de la chanter mieux que lui.

1592. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 179-182

Cette Piece fut sifflée avec justice ; & par une inconséquence du Public, elle fit tort pendant quelque temps à l’Ouvrage qui l’avoit précédé, & qui n’est pas moins bon pour cela.

1593. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 440-443

la Grange de Checieux, mort à Paris en 1774, Auteur d’un Ouvrage de Politique, intitulé la Conduite des François justifiée, accueilli du Public dans le temps, & qui méritoit de l’être.

1594. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 465-468

Nous ne doutons pas que M. l’Abbé Guérin ne s’en acquitte, de maniere à s’acquérir de nouveaux droits sur l’admiration & l’estime du Public.

1595. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 162-165

Martini que le Public a trouvée agréable, s'est soutenue assez long-temps sur le Théatre, quoiqu'elle manque par le plan, par l'intrigue, & par les caracteres.

1596. (1824) Préface d’Adolphe

Quoi qu’il en soit, tout ce qui concerne Adolphe m’est devenu fort indifférent ; je n’attache aucun prix à ce roman, et je répète que ma seule intention, en le laissant reparaître devant un public qui l’a probablement oublié, si tant est que jamais il l’ait connu, a été de déclarer que toute édition qui contiendrait autre chose que ce qui est renfermé dans celle-ci ne viendrait pas de moi, et que je n’en serais pas responsable.

1597. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Huet (dans ses Mémoires) nous le montre comme tellement embarrassé en public, que s’il avait eu à parler d’office devant un cercle de six ou sept personnes, le cœur lui aurait failli. […] Tel rare esprit qui, en causant, n’est pas moins ironique qu’un La Rochefoucauld145, le même, sitôt qu’il écrit ou parle en public, le prend sur un ton de sentiment et se met à exalter la nature humaine. […] Nous autres grands auteurs sommes trop riches pour craindre de rien perdre de nos productions… » Notons bien tout ceci : Mme de Sablé dévote, qui, depuis des années, a pris un logement au faubourg Saint-Jacques, rue de la Bourbe, dans les bâtiments de Port-Royal de Paris ; Mme de Sablé, tout occupée, en ce temps-là même, des persécutions qu’on fait subir à ses amis les religieuses et les solitaires, n’est pas moins très-présente aux soins du monde, aux affaires du bel-esprit : ces Maximes, qu’elle a connues d’avance, qu’elle a fait copier, qu’elle a prêtées sous main à une quantité de personnes et avec toutes sortes de mystères, sur lesquelles elle a ramassé pour l’auteur les divers jugements de la société, elle va les aider dans un journal devant le public, et elle en travaille le succès. Et, d’autre part, M. de La Rochefoucauld, qui craint sur toutes choses de faire l’auteur, qui laisse dire de lui, dans le Discours en tête de son livre, « qu’il n’auroit pas moins de chagrin de savoir que ses Maximes sont devenues publiques, qu’il en eut lorsque les Mémoires qu’on lui attribue furent imprimés ; » M. de La Rochefoucauld, qui a tant médit de l’homme, va revoir lui-même son éloge pour un journal ; il va ôter juste ce qui lui en déplaît.

1598. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

III Les deux frères, quoique cordialement unis, suivaient des voies différentes à leur entrée dans la vie : Guillaume, la voie large et universelle de l’homme destiné aux actions vives et généreuses de la vie publique ; Alexandre, les études spéciales et concentrées de la vie scientifique. […] Mais là où il avait reconnu le bon et le vrai, il s’y sentait porté à encourager, à conseiller, à venir en aide, et, des points les plus éloignés de l’univers, se concentrèrent auprès de lui les demandes, les confidences, les sollicitations de secours, non-seulement pour des intérêts scientifiques, mais pour une foule d’intérêts publics. […] Quoique lié avec des rois, vivant au sein de l’éclat de la monarchie, lui-même homme de cour et baron, honoré de la faveur des cours princières, il était toujours resté un homme libéral, un ami de la liberté publique et des droits individuels, un vaillant défenseur de tout libre développement du vrai, du beau, du juste, des droits légitimes de l’homme. […] Dans une lettre rendue publique et qu’il écrivait au beau-frère d’Arago, il se plaignait avec raison en ces termes : “Me voilà tristement payé de mon zèle et de ma bonne volonté.” » XVIII On voit par le sourire sarcastique que l’ami de Berlin lui prête dans ses dernières années, que son caractère, tempéré par les dernières années, n’avait pas changé.

1599. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Mais aussitôt les autorités constituées et le peuple ameuté par elles le traitent en ennemi public, et il succombe sous ces pharisaïsmes et ces égoïsmes ligués ensemble. […]     C’est, dans Crime et Châtiment, la rencontre de Sonia, la fille publique, et de Raskolnikof, l’assassin. […] Et je doute même que, en dépit de leur grandeur extérieure, les événements publics  mêlés aux comédies et aux drames privés  que nous raconte Tolstoï, dépassent en intérêt et en importance ceux dont Flaubert nous offre le vaste et minutieux tableau. […] Puis il y a le passé russe, le passé anglais, le passé norvégien, les traditions, les mœurs publiques et privées, la religion, et la marque de tout cela imprimée aux cerveaux norvégiens, anglais et russes.

1600. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Athènes récompensait dignement ses grands citoyens avec des éloges publics et des couronnes de feuillages, des inscriptions sur les stèles et des bustes sous les portiques. […] Au lieu de l’échappé de la défaite qui se lamentait tout à l’heure, on croit entendre un héraut radieux, lancé par une armée victorieuse, qui tombe, comme du ciel, sur la place publique, et raconte sa délivrance au peuple resté dans la ville, en jetant au pied d’un autel des faisceaux de palmes. […] » — C’est la Confession publique de l’Église primitive, anticipée dans une cour de la vieille Asie. […] Eschyle ne pouvait donc prétendre émouvoir le public d’Athènes par la mise en scène de ces orgies de douleur.

1601. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Dimanche 6 janvier Aujourd’hui, le ministre de l’instruction publique m’a fait l’honneur de m’inviter à dîner. […] C’est tout à fait caractéristique, ce service du ministère de l’Instruction publique, et, comme je disais ; « Ça doit être un service du temps de Salvandy. — Oui, parfaitement, reprend Bardoux, il y en avait un du temps de M. de Fontanes, mais il est cassé… » ……………………………………………………………………………………………… Quand je m’en vais, Bardoux me prend affectueusement le bras, me disant : « Voyons, vous n’avez pas quelque chose à me demander… pour quelqu’un… Vous n’avez pas à me recommander un ami. » Et je m’en vais, touché de cette aimable offre, en pensant en moi-même, combien il faut que le malheureux ministre soit habitué aux demandes, pour que l’idée lui vienne d’en provoquer une, chez quelqu’un qui ne lui demande rien. […] ce n’est pas assez que mon pays soit en république, il fallait encore qu’il se plaçât sous l’invocation de Voltaire, de cet historien prenant le mot d’ordre des chancelleries, de ce bas flatteur des courtisanes de la cour, de cet exploiteur de la sensibilité publique, de ce roublard metteur en œuvre de l’actualité, de ce poncif faiseur de tragédies, de ce poète de la poésie de commis voyageur, de ce poète anti-français de la Pucelle, de ce lettré enfin, que je hais autant que j’aime Diderot. […] Le public d’abord gentil au premier acte, se fâche au second, et hue le troisième, qu’il a peine à laisser finir.

1602. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Le dernier venu était maître des eaux et forêts et s’était même, par parenthèse, intitulé « écuyer » dans certains actes publics. […] La Fontaine, à son tour, se laissa appeler « écuyer » je ne sais dans quel acte public, et eut à ce propos un procès de revendication de l’État qui lui fut très pénible et que, du reste, il perdit. […] Voici l’histoire de Poignant : Poignant, qui était un officier du roi, faisait une cour fleurie à Mlle de La Fontaine, et il y avait une rumeur publique, comme on dit ; aussi un jour La Fontaine vint trouver Poignant et lui dit : « Mon ami, viens me parler un peu tête-à-tête ! » Ils allèrent derrière le jardin des Chartreux, et alors La Fontaine, prenant un air très sérieux, dit à Poignant : « Mon ami, voilà, il faut nous battre   Nous battre   Le public exige que nous nous battions  Ah !

1603. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

On avait essayé dans le temps de recueillir toutes les lettres de la mère Agnès comme on avait fait pour celles de sa sœur publiées en 1742-1744 ; mais l’entreprise était restée en chemin, soit qu’on n’eût pas réussi à réunir tout ce qu’on espérait, soit que le public qui s’intéressait à ce genre d’ouvrages eût fort diminué à mesure qu’on avançait dans le xviiie  siècle. « Il y a lieu surtout d’être étonné, remarquait dom Clémencet au sujet de ces mêmes lettres, que nous en ayons si peu de celles qu’elle a écrites à la reine de Pologne, avec laquelle les mémoires de Port-Royal nous apprennent que la mère Agnès continua la relation qu’avait eue la mère Angélique durant les sept années que cette reine survécut. » C’est qu’on avait eu, dès le principe, moins de précautions dans un cas que dans l’autre pour s’assurer de ne rien perdre. […] En s’adressant pour l’exécution définitive et pour l’introduction auprès du public à M. 

1604. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Une lettre qu’il avait écrite en ce sens, rendue publique, était devenue un texte à calomnies et à diatribes. […] Pendant que se signait cette paix achetée par tant de travaux et de victoires, l’esprit de parti, l’esprit royaliste continuait d’infester la France ; la réaction levait la tête et avait pris pied partout, jusque dans les pouvoirs publics ; et le 18 fructidor, ce coup d’État fâcheux, mais nécessaire, n’était pas encore venu rappeler à l’ordre les mauvais Français, ou ceux qui, se croyant bons, s’égaraient assez pour laisser naître et s’élever en eux des désirs de malheur.

1605. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Voltaire mort et devenu l’intangible idéal, l’abbé Delille représenta la plus haute forme du génie poétique que le public fût capable de concevoir. […] Ducis avait du génie, l’âme haute, l’esprit large : et voilà où le respect du public, l’observance des règles, les scrupules de style l’ont mené.

1606. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Indirectement et à travers eux, un peu des singularités psychologiques que j’ai essayé de fixer ici pénètre jusqu’à un plus vaste public ; et n’est-ce pas de pénétrations pareilles qu’est composé ce je ne sais quoi dont nous disons : l’atmosphère morale d’une époque ? […] ou attend-il à intervenir que l’on ait proposé de dresser sur la place publique, dans une attitude analogue à leurs œuvres, la statue de Restif de la Bretonne, ou celle de Casanova ?

1607. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Dans un groupe, c’est toujours un peu un scandale quand un individu réclame en faveur du droit d’arranger sa vie à sa guise, en faveur de la liberté des goûts, des poursuites, de la conduite privée ou publique. […] Renan remarque que Jésus n’eût pas fait dix pas dans nos rues sans se faire arrêter pour désordre sur la voie publique. — Un certain état de flottement dans les conceptions intellectuelles laisse, dans les sociétés peu civilisées, une plus grande latitude à la fantaisie individuelle et ne lui interdit même pas les incursions dans le domaine du merveilleux.

1608. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Je sentis que le public français trouverait tout cela d’une insupportable gaucherie. […] Il me prédit un échec complet auprès du public et me conseilla de donner à la Revue des Deux Mondes et au Journal des Débats des articles sur des sujets variés, où j’écoulerais en détail le stock d’idées qui, présenté en masse compacte, ne manquerait pas d’effrayer les lecteurs.

1609. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

» Et puis, est-il si rare qu’un artiste se pare et se farde pour le public auquel il veut plaire ? […] Ce ne sont plus maintenant des documents toujours destinés au public qu’il s’agit d’interpréter : ce sont des paroles échappées dans la causerie, des lettres intimes où la pensée se montre sous forme familière et parfois dans toute sa nudité ; ce sont des actes où se trahit la vraie nature de celui qui les commet.

1610. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Je ne pouvais même traverser une allée de jardin public où se trouvaient plusieurs personnes rassemblées. […] Le poète subissait sans doute la même hantise que son public en étalant sur les planches des crimes horribles, des empoisonnements, des cercueils, tout l’appareil des enterrements.

1611. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

Le ton sur lequel la melopée haute ou la nomique composoit, étoit d’ailleurs très-propre à faire entendre plus distinctement, et par plus de monde le crieur public, lorsqu’il recitoit une loi. Quand on connoît quelle étoit la délicatesse des grecs en matiere d’éloquence, et sur-tout à quel point ils étoient choquez par une mauvaise prononciation, on n’a point de peine à concevoir que quelques-unes de leurs villes, n’aïent été assez jalouses de la reputation de n’avoir en toutes choses que des manieres élegantes et polies, pour ne vouloir pas laisser au crieur public chargé de promulguer les loix, la liberté de les reciter à sa mode, au hazard que souvent il donnât aux phrases, aux mots mêmes qu’il prononceroit, un ton capable de faire rire des hommes nez mocqueurs.

1612. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

La conscience publique contient tout acte qui les offense par la surveillance qu’elle exerce sur la conduite des citoyens et les peines spéciales dont elle dispose. […] C’est seulement à travers le droit public qu’il est possible d’étudier cette organisation, car c’est ce droit qui la détermine, tout comme il détermine nos relations domestiques et civiques.

1613. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

Le public n’avait absolument rien entendu. […] Après un long silence d’une résignation presque dédaigneuse, le capitaine d’Arpentigny réimprime son livre oublié et le présente de nouveau au public, avec le calme d’un homme qui sait ce qu’on lui a refusé une première fois et qui a le droit d’insister pour qu’enfin on le prenne !

1614. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Quel critique enfin a signalé au public, d’une façon quelconque, l’existence d’une traduction qui met à sa portée une œuvre littéraire comptée au premier rang dans la littérature espagnole, et qui, de plus, lui fait connaître une de ces prodigieuses individualités, comme on dit maintenant, d’autant plus curieuse qu’elle est inexplicable à la sagacité purement humaine de l’Histoire, mais dont, pour cette raison peut-être, l’Histoire aime peu à s’occuper. […] Sainte Térèse, grâce à cette traduction de ses œuvres complètes, peut être maintenant aussi profondément connue du public français que jusqu’ici elle l’était peu ; et nous désirons qu’elle le soit.

1615. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Le public a-t-il complètement tort de les repousser ? […] Pour devenir un journaliste important, il faut tout simplement plaire au public ; il n’y a pas d’autre condition ni d’autre moyen. Et comment plaît-on au public ? […] Les convenances n’existant pas pour moi, jamais je ne tiens compte du pacte mondain du public, parce que l’œuvre lui est supérieure et le dépasse. […] Vous venez de faire de moi un accusateur public, j’accepte le rôle et je continue.

1616. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IX » pp. 33-36

Aussi que j’étais touché de ce public et du progrès accompli !

1617. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 507-511

L’Abbé Desfontaines fut un des premiers à en faire connoître les défauts, & sa critique se trouva bientôt d’accord avec le jugement du Public, qui revint, à cette occasion, de ses premiers applaudissemens.

1618. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 343-347

Cet égoïsme n’est tout au plus tolérable que dans une Lettre, parce qu’alors on n’est pas censé s’adresser au Public.

1619. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 364-367

Le Public pardonne plutôt ces traits, que de mauvaises Pieces.

1620. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 451-455

Contre un juste Public un Auteur révolté Se croit un Bel-Esprit, malgré son ignorance.

1621. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 555-559

Quoique cet Ouvrage ne soit pas exécuté avec tout le soin, tout le discernement, & toute la précision qu’il exigeoit, une seconde édition, corrigée & réduite par l’Auteur, auroit pu lui procurer l’honneur d’avoir véritablement travaillé à l’utilité du Public, en lui présentant, en corps d’Histoire, ce qui ne se trouvoit auparavant que dans les Relations éparses de divers Ecrivains tant Nationaux qu’Etrangers.

1622. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre IX. Du vague des passions. »

Les anciens ont peu connu cette inquiétude secrète, cette aigreur des passions étouffées qui fermentent toutes ensemble : une grande existence politique, les jeux du Gymnase et du Champ-de-Mars, les affaires du Forum et de la place publique, remplissaient leurs moments, et ne laissaient aucune place aux ennuis du cœur.

1623. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre V. Beau côté de l’Histoire moderne. »

Les Anglais ont l’esprit public, et nous l’honneur national ; nos belles qualités sont plutôt des dons de la faveur divine que les fruits d’une éducation politique : comme les demi-dieux, nous tenons moins de la terre que du ciel.

1624. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XII. Des livres de jurisprudence » pp. 320-324

Cette nouvelle édition est augmentée d’un écrit sur le droit public, par M. d’Hericourt, & des notes de M.

1625. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIII. Des Livres de Médecine, de Botanique, de Chymie, d’Anatomie, de Chirurgie, &c. » pp. 325-328

Les Mémoires de l’Académie de Chirurgie de Paris : collection beaucoup plus utile que tous les recueils de prose traînante & de vers boursouflés, dont d’insipides compilateurs ont inondé le public depuis quelques années.

1626. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 16, de quelques tragedies dont le sujet est mal choisi » pp. 120-123

Aussi quoique Berenice soit une piece très methodique et parfaitement bien écrite, le public ne la revoit pas avec le même goût que Phédre et qu’Andromaque.

1627. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Non ; ce qui nous intéresse surtout, c’est d’apprendre qu’Aristophane ne développe pas d’intrigues, ne peint pas de caractères ; que son comique est une gaieté sans frein et une fantaisie sans bornes, animant, poétisant le tableau des mœurs publiques ; qu’il est tantôt lyrique et tantôt bas, à la fois cynique et charmant, tel enfin que Voltaire a pu l’appeler un bouffon indigne de présenter ses farces à la foire , et que Platon a pu dire : les Grâces choisissant un tombeau trouvèrent l’âme d’Aristophane . […] Le Marquis ne s’applique plus uniquement à soutenir la dignité d’un personnage du bel air ; il n’a plus de rubans et de canons à étaler aux yeux du public ; il ne hausse plus les épaules chaque fois que le parterre rit ; il se donne la peine d’écouter. […] Y a-t-il plusieurs manières différentes, opposées, d’être comique, et une pièce de théâtre est-elle une comédie avant d’avoir reçu le baptême des mains d’un philosophe, seulement parce qu’un public ignorant tout, parce qu’un poète ignorant l’Esthétique, ont eu la fantaisie de l’appeler de ce nom ? […] Car on rit plus aux bouffes, si goûtés de notre excellent Marquis, qu’aux chefs-d’œuvre de Molière, et un homme d’esprit319 a constaté qu’à la représentation du Tartuffe, le public ne rit pas plus de deux ou trois fois. […] Vous avez sur l’Europe un avantage, vous goûtez Aristophane ; vous le goûtez à force d’intelligence et de science ; car j’ose dire que ce n’est plus un goût naturel, et si l’on représentait aujourd’hui ses pièces à Londres, à Paris ou même à Berlin, j’imagine que le public serait trop étonné pour songer à se divertir.

1628. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Mais voici le danger pour cette nature immensément orgueilleuse, et fanfaronne de sincérité : du jour où il a pris position par un livre devant le public, il croit son honneur en jeu s’il n’est pas l’homme de sa théorie ; il commence à se singulariser à outrance. […] Il vit solitaire, farouche, flatté malgré tout de la curiosité publique, de l’admiration qu’il sent l’envelopper, mais incurablement ombrageux et persécuté. […] Et avec les livres des grands esprits, c’étaient les idées de tout le monde, les lieux communs de l’esprit public qui pouvaient instruire Rousseau ; depuis longtemps, depuis Montaigne même, flottaient dans les esprits, circulaient dans les livres, l’antithèse du civilisé et du sauvage, et le paradoxe qui met du côté de celui-ci la supériorité de raison et de vertu : ces idées ne s’étaient-elles pas produites jusque sur la scène de la Comédie Italienne, avec l’Arlequin sauvage de Delisle, et l’âne de son Timon ? […] La société, les sociétés sont des associations pour la conservation et la protection des membres qui les composent : d’où il suit que jamais gouvernement n’est légitime, s’il ne prend le bien public pour sa fonction et sa fin uniques. […] Et ce qu’il était, il a aidé le public à le devenir.

1629. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

On dit qu’il s’est mis à dépeindre les gens69. » On venait avec appréhension à ses sermons, comme à un réquisitoire de l’accusateur public. […] Elle sait aussi que la coutume, les mœurs publiques, l’opinion, toutes ces règles inégalement variables, nous instruisent assez de ce qui nous est permis, outre notre propre penchant et l’exemple des autres. […] La principale, c’était Fontenelle auquel il a grand’peine à pardonner la préférence ouverte ou secrète que tant de gens donnaient à son esprit sur « le sublime de M. de Meaux. » C’étaient ensuite les Lettres persanes dont « l’imagination » passait, dans le goût public, avant « la perfection » des Lettres provinciales, « où l’on est étonné », dit-il, « de voir ce que l’art a de plus profond avec toute la véhémence et toute la naïveté de la nature. » Toute la critique de Vauvenargues se résume en ceci : justice un peu froide pour son temps ; préférence de sentiment et de goût pour le dix-septième siècle. […] En n’étant que juste, on risquait encore de n’avoir pas le public pour soi. […] Je touche à ce qui fut l’honneur commun de Vauvenargues et de Voltaire : c’est cette amitié qui lia un moment le jeune officier débutant dans les lettres et l’écrivain illustre, déjà en possession de la faveur publique.

1630. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Paris aujourd’hui a une prostitution assise, carrément installée aux cafés des boulevards, en plein gaz, rangée en ligne, faisant front aux passants, et tout à la fois insolente avec le public, et familière avec les garçons à tablier blanc. […] Elle a l’amabilité banale, et pour ainsi dire publique, de la femme qui ne s’appartient pas. […] Le soir, elle a été très tendre pour son mari, elle a eu pour lui des caresses, de petits tapotements, que je ne lui avais jamais vu faire en public. […] À l’endroit où Germinie raconte qu’en arrivant à Paris, elle était couverte de poux, Charpentier nous dit qu’il faudra mettre « de vermine » pour le public… Au diable ce public, auquel il faut cacher le vrai et le cru de tout !

1631. (1890) Nouvelles questions de critique

L’un et l’autre ont été lus en séance publique de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. […] avant l’épreuve et le jugement du public et de la critique ? […] En vérité, les avocats ne se moquent-ils point quand ils se prétendent frustrés dans ce partage de l’attention publique ? […] Taine a réduit au minimum la part de l’auteur dans son œuvre ; et son rôle ou plutôt sa fonction à celle d’un intermédiaire entre la nature et le public. […] Le public en est dupe sans l’être, parce qu’il est juge de son plaisir, s’il ne l’est pas de la qualité de son plaisir.

1632. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

La preuve que le public éclairé désirait ces perfectionnements, c’est qu’il en salua l’apparence dans les pièces de Quinault. […] Cependant, il n’y a pas de succès sans talent ; et, quelque frivole que fût le tour d’esprit d’alors, un public formé par le théâtre de Corneille ne pouvait pas battre des mains à des pièces où tout « aurait été fait exprès en dépit du bon sens. » Éon nombre d’esprits sains pensaient de l’Astrate ce qu’en disait Boursault3 : Que les vers en sont forts, et que tout m’en a plu ! […] Le public, fatigué de ses dernières pièces, embarrassé dans ces complications où s’épuisait ce grand homme, troublé de l’obscurité croissante de sa langue, un moment si claire, si neuve et si frappante, applaudissait, ceux-ci de bonne foi, ceux-là par ennui de sa gloire, un auteur qui ne demandait aucun effort au public, ni pour suivre sa fable, ni pour comprendre son langage. […] Voilà ce que le public désirait confusément, au temps où commençait le long déclin du grand Corneille. […] Il est évident que dans un sujet où l’unité d’action, de temps et de lieu, est dans la nature des choses, il n’y a pas de place pour les hors-d’œuvre, pas un instant pour les tirades d’un acteur aimé du public, ni pour les oiseuses répliques d’un confident, ni pour ces monologues qui dissimulent le mauvais emploi du temps ; que, là où l’action marche, l’exécution ne languit pas ; que, là où chaque sentiment, chaque pensée est un pas vers l’événement, la langue ne dit rien qui ne soit nécessaire et ne faiblit pas.

1633. (1925) La fin de l’art

Voilà-t-il pas que la Bethsabée de Rembrandt est montée à un million en vente publique ! […] Mais par cela même c’est un homme fort dangereux pour la tranquillité publique. […] Casanova destine son livre au public, il n’y a sûrement rien mis de rebutant. […] Molière, ayant à plaire au public, devait feindre de partager ses préjugés. […] Il était bien plus intéressant pour moi de remarquer combien le côté mélodrame de la vieille tragédie romantique et éternelle empoignait le public, plus sensible, au malheur de Marguerite qu’à la fantasmagorie métaphysique où elle n’est en réalité qu’un accessoire.

1634. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Mais on est fondé à lui reprocher d’avoir voulu le cacher au public. […] C’est là l’explication du désaccord entre ses partisans enthousiastes et la majorité du public. […] « À côté de notre éducation officielle et publique, dit M.  […] Le public, assurément, n’y croit pas. […] L’inconvénient des poèmes chrétiens, c’est que le public est admis à les juger d’un point de vue profane.

1635. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIV » pp. 209-212

Le public éclairé y a prêté une attention qui fait honneur.

1636. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bonnières, Robert de (1850-1905) »

Robert de Bonnières est assez connu du public comme romancier et comme essayiste, comme peintre mordant et aigu, de la société contemporaine.

1637. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XX. Conclusion » pp. 499-500

Telle école a fait son temps et le public va exiger autre chose. — Il pourra pressentir le goût de demain, être la vigie qui annonce la côte voisine, qui crie Terre !

1638. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 451-455

l’Abbé de Caveirac, & ne pas se contenter d’une imputation vague, qui n’a d’autre fondement que son imagination, trop prompte à lui créer des fantômes, quand il en a besoin pour effrayer le Public.

1639. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 343-347

L’Ouvrage par lequel il débuta dans cette Compagnie, fut un Discours sur l’origine des François, lu dans une Séance publique, & suivi de l’emprisonnement de l’Auteur à la Bastille.

1640. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 236-239

On met tout cela sur le compte d’un Religieux dont les Poésies sont consacrées par l’usage que quelques Eglises en font dans les Prieres publiques, & dont la mémoire ne devoit pas être flétrie par un Libelle ».

1641. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Il écrivait pour le public, par conscience, en se posant devant un point de vue unique et exclusif. […] Mais de là à dire que Vinet écrivait pour le public, et que sa correspondance nous le rendrait « tel qu’il était », ce qui veut dire que ses autres écrits nous le montrent « tel qu’il n’était pas », et dans une attitude contrainte et forcée, il y a loin. […] Cette manière de poésie religieuse est nouvelle et inattendue ; on le sentirait rien qu’à la surprise du public, qui cesse de comprendre ou qui comprend trop bien. […] Tout cela regarde le public, à qui la langue est comme incorporée, et qui se ressent de tout ce qui la touche. […] Hors du principe de l’obéissance à Dieu, talent, science, industrie, prospérité publique, gloire nationale, tout n’est qu’un jeu, un vrai jeu d’enfants.

1642. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Lui-même avait été contraint de se cacher ; ses livres avaient été brûlés par la main du bourreau ; même après l’acte général de grâce, il fut emprisonné ; relâché, il vivait dans l’attente « de l’assassinat » ; car le fanatisme privé pouvait reprendre l’arme abandonnée par la vindicte publique. […] Les confiscations, une banqueroute, enfin le grand incendie de Londres lui avaient ôté les trois quarts de sa fortune450, ses filles n’avaient pour lui ni égards ni respect ; il vendait ses livres, sachant que sa famille ne serait pas capable d’en profiter après lui ; et parmi tant de misères privées et publiques, il restait calme. […] Quand un homme écrit pour le public, il appelle à son aide toute sa raison et toute sa réflexion ; il cherche, il médite, il s’enquiert, ordinairement il consulte et confère avec les plus judicieux de ses amis. […] Jeté par le hasard d’une révolution dans la politique et dans la théologie, il réclame pour les autres la liberté dont a besoin sa raison puissante, et heurte les entraves publiques qui enchaînent son élan personnel. […] We should be wary, therefore, what persecution we raise against the living labours of public men, how we spill that seasoned life of man, preserved and stored up in books ; since we see a kind of homicide may be thus committed, sometimes a kind of martyrdom ; and if it extend to the whole impression, a kind of massacre, whereof the execution ends not in the slaying of an elemental life, but strikes at the ethereal and soft essence, the breath of reason itself, slays an immortality rather than a life.

1643. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Et largement, malgré les étiquettes sans nul doute voulues telles de sa table des matières, il veut bien rendre compte au public, ce public auquel il faut à la fin rendre compte, — ce public, entendons-nous, choisi, trié, exclusivement servi et exclusif qui serait donc le nôtre, — de sa sollicitude pour les seuls efforts sérieux de ce commencement de fin de siècle littéraire-ci. […] Ils ont été, avec Bressant et Maubant, rappelés à deux fois par le public enivré. […] J’écrivis au Rappel, sans les signer, pas mal d’articles d’informations sur les réunions publiques électorales du temps, entre autres celles tenues au Gymnase Triat, en faveur du Vicomte d’Alton Shee. […] Le public et la critique lui furent indulgents, en somme. […] De méchantes langues prétendent que sa brouille avec Napoléon III eut pour motif le refus par celui-ci de l’admettre dans ses Conseils en qualité de ministre de l’Instruction publique ; imputation dont il se défend comme un beau diable dans l’Histoire d’un Crime.

1644. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Véron.] » pp. 530-531

Mais Turenne fit toujours la sourde oreille et refusa de délivrer un titre pour autoriser une chose si contraire à la vérité : « C’est ainsi, disais-je, qu’il m’a toujours paru, si parva licet componere magnis, qu’un vrai critique ne devait pas accorder à Véron la seule qualité précisément à laquelle il n’avait aucun droit. » Règle générale et qui, du petit au grand, ne souffre pas d’exception : il n’est jamais permis à un homme réputé expert dans un métier de mentir et d’aider à tromper le public sur une chose essentielle au métier.

1645. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 157-161

Celui-ci ne put lui pardonner d’avoir choisi parmi ses opinions celles qui prêtoient le plus à la satire, pour le rendre ridicule aux yeux de la plus grande partie du Public.

1646. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 120-124

C’est au Public à décider si notre Ouvrage, où nous nous sommes interdit toute personnalité, est un Libelle ; si nous y déchirons Corneille, Racine, Crébillon, Moliere, Lafontaine, Boileau, Pascal, Fénélon, d’Aguesseau, Bossuet, Descartes, Malebranche, Bourdaloue, Massillon, Montesquieu, Buffon, J.

1647. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 424-428

Aussi ne faut-il pas être surpris que le Public, dont le Compilateur bénévole a voulu pressentir le goût, n’ait pas désiré de lui voir augmenter sa Collection.

1648. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 94-98

Tant qu'un Ecrivain pourra s'assurer de ne combattre qu'en faveur du bien public, il ne doit pas s'attendre aux suffrages de ceux qui en sont les plus mortels ennemis.

1649. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de 1833 »

C’est parce que, selon nous, ce livre, œuvre naïve avant tout, représente avec quelque fidélité l’âge qui l’a produit que nous le redonnons au public en 1833 tel qu’il a été fait en 1821.

1650. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XX. Des Livres de facéties, des recueils d’anecdotes & de bons mots. » pp. 381-385

Ce qu’il y a de pis dans les fatras, dont il a inondé le public, c’est qu’il s’avise de faire le plaisant, & qu’il entretient sans cesse ses lecteurs de ses plates productions & de celles de sa femme.

1651. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Ollivier » pp. 299-300

Le massacre s’exécute sur une place publique, au centre de laquelle sur un piédestal une figure qui semble ordonner de la main.

1652. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 7, que la tragedie nous affecte plus que la comedie à cause de la nature des sujets que la tragedie traite » pp. 57-61

Tous ceux qui travaillent pour notre théatre parlent de même, et ils assurent qu’il est moins dangereux de donner un rendez-vous au public pour le divertir en le faisant pleurer, que pour le divertir en le faisant rire.

1653. (1902) Le critique mort jeune

On peut donc dire que la réforme symboliste a échoué, puisque les réformateurs n’ont pu se faire agréer du public — et d’abord du public cultivé — qu’en renonçant aux nouveautés extrêmes et en cédant sur les points principaux de leur programme. […] On ne peut constater sans quelque honte que la renommée de M. de Gourmont est peut-être plus grande dans le public lettré de l’étranger que chez nous-mêmes. […] Ainsi tout le monde y gagne, et surtout la raison publique, préservée d’un risque de corruption. […] Un labeur aussi ingrat et destiné à la seule commodité du public atteste chez M.  […] Si Joseph Monneron n’était un forçat des corrections de copies et des répétitions, il se fût montré des premiers sur les estrades des réunions publiques.

1654. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Que de mérites étouffés ou méconnus, perdus pour le public, à charge pour leurs possesseurs ! […] Ce n’est pas aux débuts des enfants de Saint-Paul, mais à leur succès déjà décidé que cette phrase fait allusion ; pour que l’ancienne troupe renonçât à son séjour accoutumé, il n’a pas suffi qu’une nouveauté se produisît près d’elle : il a fallu que la nouveauté l’emportât sur elle et lui enlevât la majeure partie du public. — Mais en 1589, dira-t-on, les représentations des enfants de Saint-Paul duraient déjà depuis cinq ans, et leur succès même ne pouvait plus passer pour la vogue d’une nouveauté. — Aux yeux du public, non, peut-être ; mais aux yeux de l’ancienne troupe, assurément oui. […] On a en anglais une autre tragédie de Jules César composée par lord Sterline, connue du public, à ce qu’il paraît, quelques années avant que Shakespeare composât la sienne, et à laquelle Shakespeare pourrait bien avoir emprunté quelques idées. […] Macbeth se montra enfin tel qu’il était ; et le même sentiment de sa situation qui l’avait porté à rechercher la faveur publique par la justice changea la justice en cruauté ; « car les remords de sa conscience le tenaient dans une crainte continuelle qu’on ne le servît de la même coupe qu’il avait administrée à son prédécesseur ». […] Les critiques ne l’ont pas eu général traité aussi favorablement que le public ; quelques-uns, entre autres Johnson, se sont étonnés de son prodigieux succès ; on pourrait s’étonner de leur surprise si l’on ne savait, par expérience, que le critique, chargé de mettre de l’ordre dans les richesses dont le public a joui d’abord confusément, s’affectionne quelquefois tellement à cet ordre et surtout à la manière dont il l’a conçu, qu’il se laisse facilement induire à condamner les beautés auxquelles, dans son système, il ne sait pas trouver une place convenable.

1655. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

On lui eût reproché de vouloir étonner plutôt qu’instruire son lecteur, et de songer bien plus à lui-même qu’au public. […] Charles Aubertin dans son Esprit public du xviiie  siècle, M.  […] Un public nouveau se forme, lentement, moins délicat, mais plus nombreux, plus étendu, plus divers que l’ancien. […] « Les bons pères, à quoi pensent-ils, s’écrie Marais, d’instruire le public d’une telle nouveauté !  […] Nul système général… Les recueils qu’on présente au public ne sont composés que de morceaux détachés et indépendants les uns des autres.

1656. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

« Cette défense du roi, écrit Mme Campan, parut une atteinte à la liberté publique. […] La première représentation publique du Mariage de Figaro eut lieu le 27 avril 1784. […] Parlant au public, MM.  […] L’esprit public se calme ; il est prêt à revenir, s’il y a lieu, d’un premier jugement précipité. […] Il ne livre pas un ouvrage au public sans l’avoir longuement médité.

1657. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Ils le trouvèrent à table avec un aveugle, une fille publique et trois Irlandais. […] Je n’avais pas arraché du public et des pauvres les sommes que des gens toujours prêts à piller ont eu la bonté de me soupçonner d’avoir exigées. […] La voix publique étant unanime, il dut renoncer au théâtre pour toujours, et il ne résista pas à l’avis de la critique. […] Autant la fausse modestie est ridicule et banale, autant l’aveu public et sincère de ses défauts est digne d’éloges et de sympathie. […] Cadell et Strahan, éditeurs du jeune romancier, jugèrent à propos de détromper le public par un démenti formel.

1658. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

À l’en croire, publique ou cachée, la prostitution a tout envahi. […] Homme public, il obtint la popularité sans jamais atteindre la considération. […] Aussi son public est-il très étendu. […] Ces deux volumes furent accueillis avec faveur par le public. […] Le conseil supérieur de l’instruction publique ne pouvait prendre son parti si aisément.

1659. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Qu’a-t-elle dû à la famille et à l’esprit public, à l’école et aux pédagogues ? […] Halte à Dorkum, où se confesse en public une jeune femme quasiment salutiste. […] D’abord, ils ont joui des réussites où triompha leur habileté mentale, et le public fit bon accueil à leur virtuosité. […] Né pour les fonctions publiques, mais n’ayant pu dépasser, sous notre régime, le grade d’auditeur au Conseil d’État, M.  […] Ces jeux, d’abord innocents, deviendront une calamité publique, si quelques hommes tempérants n’ont pas le courage de s’en abstenir.

1660. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Un écrivain paye toujours cette rançon de son talent : il demeure pour le public comme identifié avec sa plus importante découverte. […] C’est qu’il y a des choses qui sont en dehors du pacte social, qui, partant, sont en dehors de la propriété publique. […] Les habiles collaborateurs de cette entreprise de salut public aperçurent, avec justesse, dans l’enseignement des lycées, un des points sur lesquels devait se porter leur attention. […] Le ministre de l’instruction publique de 1851 n’eut pas tort de redouter l’influence de cet hégélien sur des enfants de dix-sept ans. […] » Cet orgueil était légitime, et à défaut du large public, les connaisseurs l’avaient dès longtemps reconnu.

1661. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Mais il n’est que trop vrai que le public des romans devient de plus en plus impatient, frivole et oublieux. […] Mais il trouve que l’instruction publique n’est jamais assez dans la main du gouvernement. […] Le public ne le connut guère. […] Nicole soutenait que les poètes sont des empoisonneurs publics, et il avait raison jusqu’à un certain point. […] C’est exactement ce visage qu’il laissait voir au public quand il travaillait pour les journaux.

1662. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 218-221

Ce dernier volume surtout, par ce qu’il reproduit de si agréablement connu et par ce qu’il ajoute d’inédit, est un vrai cadeau pour le public.

1663. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Strada, José de (1821-1902) »

Léon Deschamps Cinq volumes de science pure, quatre volumes de science sociale, quinze volumes de poésie, telle est l’œuvre publiée de Strada, notoirement inconnue du public.

1664. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 260-264

N’attaquer que les désordres extérieurs, passagers, n’est pas toujours un moyen sûr d’intéresser l’Auditeur, & de réprimer la corruption publique.

1665. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1828 »

Ce recueil n’avait été jusqu’ici public que sous le format in-18, en trois volumes.

1666. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Nisard »

Mais à part ce mérite, partagé par tant de savants d’alors, de déterreurs d’une société finie et de langues mortes, quoi donc pourrait recommander, à l’attention et même à la curiosité, l’existence imperceptiblement domestique ou publique d’hommes perdus dans des études effrayantes sur des vocables latins ou grecs, et dont les travaux, utiles comme le mortier et les pierres qui ont servi à bâtir un monument, ne sont pas plus regardés que ce mortier et ces pierres, quand le monument est debout ?

1667. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Il nous a confessé ce misérable état dans le préambule de l’Arcadie  ; c’est la crise de quarante ans, que bien des organisations sensibles subissent : « … Je fus frappé d’un mal étrange ; des feux semblables à ceux des éclairs sillonnaient ma vue ; tous les objets se présentaient à moi doubles et mouvants : comme Oedipe, je voyais deux soleils… Dans le plus beau jour d’été, je ne pouvais traverser la Seine en bateau sans éprouver des anxiétés intolérables… Si je passais seulement dans un jardin public, près d’un bassin plein d’eau, j’éprouvais des mouvements de spasme et d’horreur… Je ne pouvais traverser une allée de jardin public où se trouvaient plusieurs personnes rassemblées. […] Les femmes, les jeunes gens, tout ce public grossissant d’Émile et de Saint-Preux, saluèrent d’un cri de joie ce nouvel apôtre au parler enchanteur. […] Saint-Martin, dans sa discussion publique avec Garat, se montra bien supérieur en modération et en arguments à Bernardin dans les aigres disputes que celui-ci soutint ou engagea contre Volney, Cabanis, Morellet, Suard et Parny, à l’Institut.

1668. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Et d’abord, il s’occupe de leur éducation sur les genoux des nourrices ; il en exclut les fables qui défigurent les dieux dans l’imagination de ce premier âge ; il prescrit pour cela des règles aux poètes, pour qu’ils n’attribuent aux dieux, dans leurs œuvres, que le bien et jamais le mal ; il leur défend de faire craindre la mort à ces hommes par la déception des enfers ; il n’autorise le mensonge que dans les magistrats, pour l’utilité du peuple, maxime honteuse qui honore dans l’État le crime contre la vérité puni dans le citoyen, sophisme qui rappelle les deux morales de Machiavel, de Mirabeau, de tous les faux politiques, une morale pour la vie privée, une pour la vie publique ; absolution philosophique des crimes d’État. […] XVI Écoutez encore ; l’infanticide est à peine déguisé sous les mots : « Les enfants, à mesure qu’ils naîtront, seront remis entre les mains des hommes et des femmes réunis, et qui auront été préposés au soin de leur éducation, car les charges publiques doivent être communes à l’un et à l’autre sexe. […] « Voilà ce que j’hésitais depuis longtemps à dire, prévoyant bien que je révolterais par ces paroles l’opinion commune ; en effet, il est difficile de concevoir que le bonheur public et particulier tienne à cette condition. […] Il définit aussi le gouvernement démocratique : « La démocratie arrive quand les pauvres, ayant remporté la victoire sur les riches, massacrent les uns, chassent les autres et partagent également avec ceux qui restent l’administration des affaires et les charges publiques, lesquelles, dans ce gouvernement, sont données par le sort pour la plupart.

1669. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

X Tout indique que Marie Stuart et Rizzio voulurent faire une tragique diversion à cette animadversion publique en sacrifiant à la rage presbytérienne du peuple un autre amant que l’amant véritable, et en donnant pour satisfaction au clergé protestant le sang d’un pauvre insensé ! […] Il pensa sans doute qu’il ne pourrait résister seul longtemps à l’envie des nobles écossais ligués contre lui, qu’il fallait un roi pour les assujettir à l’obéissance, et que ce roi, d’un extérieur charmant, mais d’un caractère et d’une intelligence subalternes, lui serait à jamais reconnaissant de l’avoir porté au trône et le laisserait régner, à l’abri de l’envie publique, sous son nom. […] Elle viola les convenances de l’étiquette presque sacrée du temps jusqu’à l’admettre seul à sa table, dans ses appartements intérieurs ; elle supprima le nom du roi des actes publics, pour y faire apposer le nom de Rizzio. […] Un complot, pour ainsi dire national, s’ourdit entre eux et Darnley, pour la mort du favori, l’emprisonnement de la reine, la restauration du pouvoir royal dans les mains du roi outragé ; le clergé et le peuple étaient d’avance dans la conjuration ; on n’avait pas besoin de se cacher d’eux ; on n’était sûr non-seulement de l’impunité, mais de l’applaudissement public.

1670. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

L’impatience même du mieux, qui lui ôta sitôt la faveur publique, avait été en partie son ouvrage. […] Nous avons admiré, dans le cours de cette histoire, avec quel merveilleux à-propos les hommes naissent comme tout exprès, dans notre pays, pour accomplir certains progrès pressentis par la partie saine du public. […] La science les a recueillies comme des dogmes qu’elle transmet par l’enseignement public, et il ne paraît pas qu’on les ait remplacées ou qu’on puisse les remplacer par des vérités plus évidentes, ni que les réfutations qu’on a essayé d’en faire les aient affaiblies. […] Sitôt qu’elle est apparue à un esprit supérieur, elle cesse de lui appartenir ; il faut qu’il la rende incontinent au public, appropriée à l’intelligence de tous, et à peine signée, en un coin, du nom de l’inventeur.

1671. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

M. l’abbé Dupanloup, déjà connu par ses succès au catéchisme de l’Assomption, auprès d’un public plus exigeant en fait de jolies phrases qu’en fait de doctrine, était juste l’homme qu’il fallait pour participer innocemment à une collusion que les âmes faciles à se laisser toucher devaient pouvoir envisager comme un édifiant coup de la grâce. […] Ils sentaient le peu de succès qu’aurait la scolastique auprès du seul public dont ils se préoccupaient, le public mondain et assez frivole qu’a devant lui un prédicateur de Saint-Roch ou de Saint-Thomas d’Aquin. […] Mon refrain, Sternite Turcas, solution brève et tranchante de la question d’Orient, fut adopté dans la récitation publique.

1672. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Mais lorsque, deux ans après, parut le tome second de l’Indifférence, et que l’auteur développa sa théorie de la certitude, puis les applications successives de cette théorie au paganisme, au mosaïsme et à l’Église, l’attention publique, détournée ailleurs, ne revint aucunement ; sur ce terrain il n’y eut plus guère que le clergé, les théologiens gallicans et les personnes faites aux controverses philosophiques, qui le suivirent. […] Dans le reste du public distingué, faut-il le dire ? […] Il n’est pas même bien clair que la saisie ne puisse pas avoir lieu, malgré le privilége de nos soixante-six feuilles, sous le prétexte que je remue des questions qui peuvent troubler la tranquillité publique.

1673. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Il est arrivé qu’il y a eu, pour les ouvrages de l’esprit, une critique alerte, quotidienne, publique, toujours présente, une clinique chaque matin au lit du malade, si l’on ose ainsi parler ; tout ce qu’on peut dire pour ou contre l’utilité de la médecine se peut dire, à plus forte raison, pour ou contre l’utilité de cette critique pratique à laquelle les bien portants même, en littérature, n’échappent pas. […] Bayle était religieux, disons-nous, et nous tirons cette conclusion moins de ce qu’il communiait quatre fois l’an, de ce qu’il assistait aux prières publiques et aux sermons, que de plusieurs sentiments de résignation et de confiance en Dieu, qu’il manifeste dans ses lettres. […] Cette critique modeste de Bayle, qui est républicaine de Hollande, qui va à pied, qui s’excuse de ses défauts auprès du public sur ce qu’elle a peine à se procurer les livres, qui prie les auteurs de s’empresser un peu de faire venir les exemplaires, ou du moins les curieux de les prêter pour quelques jours, cette critique n’est-elle pas en effet (si surtout on la compare à la nôtre et à son éclat que je ne veux pas lui contester) comme ces millionnaires solides, rivaux et vainqueurs du grand roi, et si simples au port et dans leur comptoir ?

1674. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

On aura peine à croire que cet acte de piété filiale ait excité aussi peu qu’il l’a fait l’intérêt public. […] Le roi était tellement avili, tellement méprisé, particulièrement méprisé, que rien de ce qu’on pouvait faire pour lui n’avait droit d’intéresser le public. […] Il allait avec une grande exactitude aux prières des quarante heures, toujours avec une très-bonne contenance, avec un air réellement abattu, et ne prenait part à rien en public.

1675. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Le paupérisme, et l’inégalité des biens, la nature du pouvoir royal, l’origine de l’État et des pouvoirs publics, la justice, l’instinct, la nature du mal, l’origine de la société, de la propriété, du mariage, le conflit du clergé séculier et du clergé régulier, des mendiants et de l’Université, l’œuvre de création et de destruction incessantes de la nature, les rapports de la nature et de l’art, la notion de la liberté et son conflit avec le dogme et la prescience divine, l’origine du mal et du péché, l’homme dans la nature, et son désordre dans l’ordre universel, toutes sortes d’observations, de discussions, de démonstrations sur l’arc-en-ciel, les miroirs, les erreurs des sens, les visions, les hallucinations, la sorcellerie et jusque sur certain phénomène de dédoublement de la personnalité, voilà un sommaire aperçu des questions que traite Jean de Meung, outre tous les développements de morale et de satire qui tiennent plus directement à l’action du roman, etje ne sais combien de contes mythologiques extraits d’Ovide ou de Virgile, tels que les amours de Didon et l’histoire de Pygmalion. […] Un manque essentiel de respect, l’instinct de défiance et de médisance contre les puissants, contre les gens en place, contre ceux surtout qui détiennent une part de la richesse publique ou qui ont mission d’administrer la justice, contre ceux aussi, baillis ou prévôts, dont le menu peuple souffre plus parce qu’ils sont plus près de lui, voilà un autre trait de l’humeur bourgeoise ; et par là encore la seconde partie du Roman de la Rose est d’inspiration bourgeoise. […] C’est l’intérêt public.

1676. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Servons bien notre patrie : si elle doit périr, que Montaigne échappe, s’il peut, à la ruine publique. […] Nulle utilité publique ou privée ne lui semble excuser la fausseté. […] Il prend la peine de mettre la morale au-dessus de la politique, et de réduire les hommes d’État aux strictes règles de la vie privée : il rejette absolument la loi du salut public, par laquelle on autorise tout ; et dans le service des princes, il défend qu’on se donne jusqu’à donner son innocence et sa vertu.

1677. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

De là les clefs de La Bruyère : il s’est défendu, comme Molière, et avec raison aussi dans une certaine mesure, contre la malignité publique acharnée à nommer les personnes d’après lesquelles il avait travaillé. […] C’est ici le triomphe de l’art de Fénelon : il plie ; tout en lui est modeste, résigné ; son attitude, ses lettres font voir au public la plus douce des victimes ; on commence à le plaindre, sans le justifier. […] Il se soumet tout juste au point de vue des théologiens ; mais il se soumet de façon à saisir le public, avec une humilité glorieuse et irrésistible.

1678. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Déjà Victor Hugo était le seul de nos grands écrivains dont le cercueil eût été exposé sous l’Arc de Triomphe, le seul qui eût été inhumé au Panthéon, le seul dont les œuvres posthumes eussent eu les honneurs d’une récitation publique à la Comédie-Française. […] Ou plutôt, tranchons le mot, ils ennuient le public  et la foule aussi bien que les lettrés. […] direz-vous, que font au public ces partis pris de cénacles et de chapelles ?

1679. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

L’action, prise entre ces portes ouvertes et fermées, ne fait point un pas durant tout cet acte, et Jean de Thommeray achève de s’y discréditer aux yeux du public. […] La bienveillance du public s’est ensuite visiblement refroidie ; mais cette glace, formée d’acte en acte, s’est faite sans bruit et sans craquement, et les applaudissements, qui n’attendaient qu’un prétexte, sont parvenus souvent à la rompre. […] Quel contraste que la modestie de ce grand talent concevant son oeuvre en silence, et la livrant sans bruit au public, avec le vacarme charlatanesque si fort en vogue aujourd’hui !

1680. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Il est la première grande figure qui ouvre l’ère des révolutions, qui traduit en discours et en actes publics ce qu’avaient dit les livres ; la première qui se dessine, en la dominant encore, dans la tempête. […] Voilà des injures, et, sous toutes les raisons de famille qui seraient inextricables à débrouiller, il entrait dans sa persécution contre son fils quelque chose de ce sentiment de haute précaution publique et sociale qui lui aurait fait enfermer et coffrer en leur temps, s’il en avait eu le pouvoir, ces mauvais sujets qui s’appelaient Retz ou César. […] La meilleure preuve en est que je fus peu piquée de son silence ; je recouvrai donc ma liberté avant de l’avoir absolument aliénée. » Il n’en est pas ainsi d’un troisième personnage que la marquise ne peut se dispenser de nommer, car le public le nommait déjà, et d’ailleurs elle est franche et sincère : du moment qu’on se confesse, il faut tout dire, et les demi-confidences lui paraissent ridicules autant que malhonnêtes.

1681. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Que l’on transpose le spectacle humain en celui-ci : une troupe d’excellents automates, construits par quelque Edison pour le divertissement des spectateurs, descend des tréteaux sur la place publique et ces automates marchent comme des hommes, se mêlent aux assistants, tiennent aux femmes des propos lestes, exécutent mille facéties, enlevant à l’un son chapeau, à l’autre son mouchoir, à la grande joie de la foule indulgente. […] Leur conduite est constamment conforme aux lois de la probité, à la conception que l’idéal de l’époque a formée de l’honnête homme, et à vivre de la sorte, ils rencontrent à la fois la fortune et l’estime publique. […] Le jour où la médecine, stimulée par la sentimentalité publique, aura trouvé le moyen de guérir la tuberculose ou d’enrayer sa marche, elle aura augmenté pour l’avenir, dans des proportions incalculables, le nombre de ses tributaires et fomenté peut-être des maladies nouvelles, énigmes nouvelles et nouveaux aiguillons pour la curiosité des savants.

1682. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Elle a, impertubablement, avec un front de fille publique, nié l’affreux casque brise-crâne à pointe intérieure destiné par l’archiduc d’Autriche à Tavoyer Gundoldingen ; aujourd’hui, cet engin est pendu à un clou dans l’hôtel de ville de Lucerne. […] Ils massacrent le peuple dans l’intérêt public. […] Une certaine bêtise publique se dégage de cette histoire.

1683. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Eugène Delacroix et Ingres se partagent la faveur et la haine publiques. […] Le public retrouvera tous ces tableaux d’orageuse mémoire qui furent des insurrections, des luttes et des triomphes : le Doge Marino Faliero (salon de 1827 […] Les tableaux nouveaux et inconnus du public sont les Deux Foscari, la Famille arabe, la Chasse aux Lions, une Tête de vieille femme (un portrait par M. 

1684. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

La province dont je suis, le « monde » où je vis, le public du journal que je lis, sont des groupements dont la mainmise sur ma conduite, mes goûts, mes idées est manifeste, mais ils ne sont pas officiellement constitués, ils n’ont pas demandé d’autorisation pour vivre, la statistique les laisserait échapper. […] Hauriou, Précis de Droit administratif et de Droit public général, 3e éd., p. 137. […] Jullian commentant des renseignements fournis par le Comité des travaux historiques et scientifiques (Ministère de l’Instruction, publique) sur l’accroissement du nombre des Sociétés savantes, apporte à notre thèse cette confirmation : « C’est en effet, dans ce siècle et dans notre pays, le phénomène social le plus net et le plus général que les progrès ininterrompus des associations libres.

1685. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Quoi qu’il en soit de cette explication, l’esprit de Paris s’était fort modifié depuis lors ; les Seize et les zélés purent jusqu’à la fin y faire leurs jeux, parades et démonstrations publiques, sous la protection des étrangers, « le reste de la ville était las d’eux et de la guerre ». […] Villeroi, comme médecin social, a le sentiment juste des crises, des situations et des bons instants qu’il importe de saisir : Monsieur, dit-il en s’adressant à M. de Bellièvre dans son Apologie, c’est grande imprudence de perdre l’occasion de servir et secourir le public, principalement quand elle dépend de plusieurs ; car il advient rarement qu’elle se recouvre, parce qu’il faut peu de chose à faire changer d’avis à une multitude.

1686. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Ce studieux et ardent jeune homme meurt à la peine ; il a, le premier, donné le signal devant le public. […] Dans les trois volumes publiés jusqu’à ce jour sur la Vie de Bossuet, et qui ne comprennent cependant encore qu’un premier tiers de sa carrière publique jusqu’en 1670, il épuise les sources, les informations ; il ne laisse rien d’inexploré.

1687. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Ne me forcez point à vous donner en spectacle au public. […] S’ils en veulent à mes foiblesses, je leur passe condamnation, et ils me trouveront toujours prêt à renouveler l’aveu que j’ai déjà fait au public.

1688. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Topffer, sans rien changer à sa vie modeste, avait fini par percer, par obtenir son rang, et il jouissait avec douceur des suffrages de cette estime publique qui, même de loin, ne séparait pas en lui l’homme de l’artiste et de l’écrivain. […] Ce merveilleux talent d’artiste ne se réservait en rien pour le public, et il continuait de se dépenser en nature autour de lui.

1689. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Ménager les convenances morales, c’est respecter les talents, les services et les vertus ; c’est honorer dans chaque homme les droits que sa vie lui donne à l’estime publique. […] Ces objections pourraient décourager pendant quelque temps mon espérance ; néanmoins il me paraît impossible que tout ce qui est bien en soi n’acquière pas à la fin un grand ascendant, et je crois toujours que ce sont les orateurs ou les écrivains qu’il faut accuser, lorsque des discours prononcés au milieu d’un très grand nombre d’hommes, ou des livres qui ont le public entier pour juge, ne produisent aucun effet.

1690. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

La direction de l’esprit public n’appartenait plus à la littérature, qui demandait à la critique les moyens de se mettre en harmonie avec les besoins nouveaux des intelligences. […] Je ne veux ici qu’indiquer les points saillants ou simplement apparents qui saisirent l’attention des littérateurs, des artistes, du public cultivé, et par lesquels, à l’exclusion du reste ou à peu près, s’exerça l’influence du système hors de la philosophie.

1691. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Votre parole, soit dans le récit, soit dans le dialogue, coule et s’épanche comme une fontaine publique. […] Jacquinet, inspecteur général honoraire de l’instruction publique, recteur honoraire  Veuve Eugène Belin et fils.

1692. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Fouquier nous livre de sa personne, volontairement ou non, dans ses écritures publiques. […] Sous leur bienfaisante influence, les hommes mettraient un peu de sentiment, d’imagination, de douceur et de pitié dans l’organisation de la société et dans le gouvernement des affaires publiques.

1693. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Les tenailles, les coins, les crocs, les ongles arrachés, la chaise ardente, la griffe et la dent des bêtes… Les supplices étaient publics. […] Éphraïm et La Rode ne s’entendent pas plus mal que d’autres à « mouvoir les masses. » Si la pièce était représentée (et je ne vois pas pourquoi l’Odéon n’en tenterait pas l’épreuve), peut-être paraîtrait-elle au public intéressante, colorée, violemment dramatique, qui sait ?

1694. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

L’estime publique est inépuisable, & la gloire tient des couronnes toutes prêtes pour chaque espece de mérite. […] Que ces têtes étroites, ces ames mal nées indifférentes sur l’intérêt général, concentrées dans leurs petits intérêts ne voyent que ce qui les blesse, vous hommes de Lettres & dignes de ce nom, vous ne profanerez point une plume qui ne doit être consacrée qu’au bien public, en la faisant servir à l’orgueil d’immoler un rival ; c’est à vous de donner l’exemple de ce généreux désintéressement, de cette impartialité qu’on est en droit d’attendre de vous, & que vous exigeriez pour vous même..

1695. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

« Dès sa jeunesse, dit Brantôme, elle aimait fort à voir jouer des comédies et même celles des Zanni et des Pantalon, et y riait tout son saoul comme une autre. » Une troupe, dirigée par un nommé Ganasse ou Ganassa, était venue à Paris en 1570 et avait donné un certain nombre de représentations publiques. […] Ils prenaient quatre sols de salaire par tête de tous les Français, et il y avait tel concours, que les quatre meilleurs prédicateurs de Paris n’en avaient pas tous ensemble autant quand ils prêchaient. » Cet empressement du public se comprend aisément.

1696. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Jusque-là il n’avait fait que communiquer ses pensées à quelques personnes secrètement attirées vers lui ; désormais son enseignement devient public et suivi. […] À l’intérieur, il y avait des bancs, une chaire pour la lecture publique, une armoire pour renfermer les rouleaux sacrés 385.

1697. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Cette fois même, le père gagne la sienne, et de haute main, aux yeux du public : les applaudissements se retournent et ne vont qu’à lui. […] Ce choc si violent et qui blesserait le public, s’il persistait un instant de plus, l’auteur a eu le tact de le détendre aussitôt par un incident heureusement trouvé.

1698. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

L’école, c’est la résultante des pédantismes ; l’école, c’est l’excroissance littéraire du budget ; l’école, c’est le mandarinat intellectuel dominant dans les divers enseignements autorisés et officiels, soit de la presse, soit de l’état, depuis le feuilleton de théâtre de la préfecture jusqu’aux Biographies et Encyclopédies vérifiées, estampillées et colportées, et faites parfois, raffinement, par des républicains agréables à la police ; l’école, c’est l’orthodoxie classique et scolastique à enceinte continue, l’antiquité homérique et virgilienne exploitée par des lettrés fonctionnaires et patentés, une espèce de Chine soi-disant Grèce ; l’école, c’est, résumées dans une concrétion qui fait partie de l’ordre public, toute la science des pédagogues, toute l’histoire des historiographes, toute la poésie des lauréats, toute la philosophie des sophistes, toute la critique des magisters, toute la férule des ignorantins, toute la religion des bigots, toute la pudeur des prudes, toute la métaphysique des ralliés, toute la justice des salariés, toute la vieillesse des petits jeunes gens qui ont subi l’opération, toute la flatterie des courtisans, toute la diatribe des thuriféraires, toute l’indépendance des domestiques, toute la certitude des vues basses et des âmes basses. […] Elle le prend en flagrant délit de fréquentation populaire, allant et venant dans les carrefours, « trivial », disant à tous le mot de tous, parlant la langue publique, jetant le cri humain comme le premier venu, accepté de ceux qu’il accepte, applaudi par des mains noires de goudron, acclamé par tous les rauques enrouements qui sortent du travail et de la fatigue.

1699. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

L’archevêque de Paris, Chanvalon, jaloux qu’on empiétât sur ses droits, & que d’autres que lui se portassent pour juges dans son diocèse, fit promptement afficher une censure publique des matières qu’on alloit examiner. […] En travaillant à cet ouvrage, il se proposoit de faire revenir le public sur son compte & sur celui de sa protégée.

1700. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Ainsi je ne puis m’empêcher de croire que lorsque le peuple assemblé s’amusait à considérer des hommes nus aux bains, dans les gymnases, dans les jeux publics, il y avait, sans qu’ils s’en doutassent, dans le tribut d’admiration qu’ils rendaient à la beauté, une teinte mêlée de sacré et de profane, je ne sais quel mélange bizarre de libertinage et de dévotion. […] Grâce à Raphael, au Guide, au Baroche, au Titien et à quelques autres peintres italiens, lorsque quelque femme nous offre ce caractère de noblesse, de grandeur, d’innocence et de simplicité qu’ils ont donné à leurs vierges, voyez ce qui se passe alors dans l’âme ; si le sentiment qui nous affecte n’a pas quelque chose de romanesque qui tient de l’admiration, de la tendresse et du respect, et si le respect ne dure pas encore, lors même que nous savons à n’en pouvoir douter que cette vierge est consacrée par état au culte de la Vénus publique qui se célèbre tous les soirs aux environs du Palais Royal ?

1701. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Ce devait être un livre à part, comme son auteur, — qui ne fut point un écrivain dans le sens notoire et officiel du mot, qui n’en eut ni les mœurs, ni les habitudes, ni l’influence, ni l’attitude devant le public. […] Elle confirme par les confidences de l’intimité ce que les écrits de l’auteur nous avaient appris, c’est que toute sa vie Stendhal fit une guerre, publique et privée, à la puissance que les faibles adorent, à l’Opinion.

1702. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Ce devait être un livre à part, comme son auteur, — qui ne fut point un écrivain dans le sens notoire et officiel du mot, — qui n’en eut ni les mœurs, ni les habitudes, ni l’influence, ni l’attitude devant le public. […] Elle confirme par les confidences de l’intimité ce que les écrits de l’auteur nous avaient appris, c’est que toute sa vie Stendhal fit une guerre, publique ou privée, à la puissance que les faibles adorent, à l’Opinion.

1703. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

A la suite de sa condamnation à une amende, il organise une souscription publique qui lui rapporte plus de dix fois le montant de cette amende. […] Les dégénérés et les aliénés sont le public prédestiné de Schopenhauer et de Édouard de Hartmann, et il leur suffit de connaître le bouddhisme pour y être convertis. […] Et il n’y a pas dans l’histoire un seul mot de vrai, tout a été rêvé et imaginé, et il s’est fait lui-même les blessures, afin de devenir un moment le centre de l’attention publique. […] Mais qu’elles puissent venir à la mode, obtenir quelque temps des succès bruyants, cela s’explique par des particularités du public, et notamment par son hystérie. […] Il ne compte que comme public prédestiné et reconnaissant du mystique créateur.

1704. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Une discussion dans les bureaux du Constitutionnel »

Nous croyons devoir entourer ces Appendices, qui contiennent des fragments importants, mais inachevés, de notes et commentaires explicatifs, qui nous obligent, à notre grand regret pour le public, à prendre quelquefois la parole.

1705. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « APPENDICE. — M. SCRIBE, page 118. » pp. 494-496

L’idée de la Calomnie est aussi courageuse que spirituelle ; on doit remercier l’auteur d’avoir osé dire et su faire accepter au public, si esclave des journaux, bon nombre de vérités assez neuves sur la scène.

1706. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. de Latena : Étude de l’homme »

En terminant son livre, M. de Latena dit avec un sentiment de respect pour le public et une circonspection qui n’est pas ordinaire de notre temps : « Tout, dans la vie, est un jeu de hasard, tout, excepté la vertu.

1707. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hervilly, Ernest d’ (1839-1911) »

Pierre et Paul D’Hervilly, dont le côté humoristique répondait à certaines exigences du public, a collaboré successivement à soixante-quinze journaux ; il fut notamment l’homme aux gros souliers du Diogène et le cousin Jacques de la Lune, de l’Éclipse et du Paris-Caprice.

1708. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mikhaël, Éphraïm (1866-1890) »

Catulle Mendès seul put recueillir l’enthousiasme du public.

1709. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXII. L’affichage moderne » pp. 283-287

Le livre, le prospectus, l’album, la quatrième, mieux la première page des journaux doivent instruire le public du produit clamé ; et nulle forme n’est trop originale ni trop piquante pour cet office.

1710. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre premier. Nécessité d’une histoire d’ensemble » pp. 9-11

Mais, d’abord, ces études partielles forment un amoncellement de documents où le spécialiste a quelque peine à se débrouiller et où le grand public a toutes les chances de se perdre entièrement.

1711. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 145-150

Son Abrégé chronologique de l’Histoire d’Espagne, l’Histoire de la Maison de Montmorency, de la Maison de Bourbon, celle du Grand Condé, lui ont acquis l’estime du Public, par la sagesse avec laquelle il a traité ces différens sujets.

1712. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 202-207

Les plus méprisables par ces endroits peuvent être lus une fois : sans leurs excès, on ne les eût jamais nommés ; semblables à ces malheureux que leur état condamnoit aux ténebres, & dont le Public n’apprend le nom que par le crime & le supplice ».

1713. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 115-120

Voilà le terrible anathême qu’Horace a prononcé contre lui, & que le Public ratifie tous les jours.

1714. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 293-297

« De tout temps, la reconnoissance publique accompagnant le nom des Grands Hommes au delà du trépas, leur rendit des honneurs avoués de l'Envie même, soit pour les dédommager, par une gloire qui leur survit, des fatigues qu'elle leur avoit coutées, soit pour encourager les autres à supporter les mêmes travaux par l'espoir des mêmes récompenses.

1715. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 309-314

C'est un premier fruit que je tire déjà de mon sincere repentir & de ma confession publique ; le second, c'est Monsieur, la bonne inspiration qu'à ce propos vous avez eu de m'adresser le Philosophisme.

1716. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Horace, et les mauvais écrivains du siècle d’Auguste. » pp. 63-68

Souvent, dans un seul vers, dans un seul mot, il les rendoit la risée publique.

1717. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IX. Des Epistolaires ou Ecrivains de Lettres. » pp. 265-269

M. de Fontenelle, qui en est l’auteur, les chérissoit d’autant plus que le public lui paroissoit injuste à l’égard de cet enfant de son génie.

1718. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Avertissement de l’auteur »

Quoique des esprits différents aient pu, sans aucune communication, comme le montre souvent l’histoire de l’esprit humain, arriver séparément à des conceptions analogues en s’occupant d’une même classe de travaux, je devais néanmoins insister sur l’antériorité réelle d’un ouvrage peu connu du public, afin qu’on ne suppose pas que j’ai puisé le germe de certaines idées dans des écrits qui sont, au contraire, plus récents.

1719. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre premier »

Nous avons vu entrer en campagne, au profit du salut public, toutes les forces morales, qu’elles prissent naissance ici ou là, dans une religion, dans une philosophie ou dans une éducation ; tout se révéla excellent pour nourrir les âmes, et cette armée remplie de nos contradictions furieuses s’est montrée, face aux Allemands, unie et tout éblouissante de beauté spirituelle.‌

1720. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Le plus simple, le plus naturel et le plus poli dans un livre destiné au public, est encore de lui parler. […] Ils ont au moins la préoccupation des choses morales ; ils l’ont, ou leur public la leur impose, et cela revient presque au même. […] Il doit suivre avec sûreté le travail insaisissable d’un sentiment à peine formé au fond d’un cœur, et le rendre très visible au public, sans qu’il le soit aux personnages. […] Il en est tellement qu’il semble ne pas soupçonner l’idée, vulgaire cinquante ans plus tard, de l’admissibilité de tous aux fonctions publiques. […] Le peuple aura donc ses représentants, qu’il choisira très bien, car « il est admirable pour cela », qui interviendront dans la direction générale des affaires publiques.

1721. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Entre temps je m’occupai de la diffusion de mon œuvre, et j’en entrepris une lecture publique. […] Paternellement Grenet-Dancourt m’engagea à persévérer et à habituer le public à ma conception de la prose poétique. […] Ces snobs devenus plus nombreux, cela forme le public. […] Vielé-Griffin y parvinrent pour la première fois, de façon publique à l’héliogravure. […] S’exercera-t-elle, par dilution, chez des écrivains plus abordables, sur le grand public ?

1722. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

. —  Un autre trait de l’humour est l’oubli du public. […] En effet, beaucoup de ceux qui ont eu ce tempérament, et qui sont véritablement ses ancêtres, les pirates norses, les poëtes du seizième siècle, les puritains du dix-septième, ont été des insensés, pernicieux aux autres et à eux-mêmes, occupés à ravager les choses et les idées, dévastateurs de la sécurité publique et de leur propre cœur. […] Le public européen s’étonnait de voir tant d’imagination et si peu de bon sens, des prétentions si ambitieuses et des théories si vides, une pareille invasion d’êtres chimériques et un tel regorgement d’abstractions inutiles, un si étrange manque de discernement et un si grand luxe de déraison. […] Notre gouvernement n’a d’autre ambition que de maintenir la paix publique et de faire rentrer l’impôt. […] Au moindre arrêt des manufactures, quinze cent mille ouvriers1469 sans ouvrage vivent de la charité publique.

1723. (1933) De mon temps…

Raymond Poincaré, alors ministre de l’Instruction publique, et Georges Clemenceau. […] Chacun fit de son mieux, mais le public fut quelque peu récalcitrant et je connus l’honneur d’être sifflé. […] La presse partagea le dissentiment du public. […] J’étais fort ému en cet après-midi de l’année 1912, car je n’avais guère l’habitude des lectures publiques, et je dus fort mal m’acquitter de cette épreuve. […] Il m’a été donné quatre fois l’occasion, en séance publique, de prendre place au bureau comme directeur de l’Académie.

1724. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Peut-être l’intérêt public l’exigeait-il alors. […] Ces beaux seigneurs négligeaient les affaires, tant publiques que privées : oui, mais comme on les comprend ! […] L’héritier vraiment légitime, et qui a des titres imprescriptibles, c’est le public. […] Le domaine public a vraiment sa raison d’être. […] Comme tout le grand public, j’ignorais le nom de l’auteur, un débutant.

1725. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Son premier grand roman et sa première grande comédie furent des événements publics. […] La foule a couru vers cet homme, parce qu’il lui parlait d’elle, de ses misères secrètes ou publiques. […] Si le public n’était enlevé, il se cabrait. […] Dumas n’en voulait pas au public. […] Cependant, sur des scènes inférieures, devant des publics populaires, la fille a joué un rôle de drame ou de comédie.

1726. (1927) André Gide pp. 8-126

Peut-être, certains soirs d’hiver, remue-t-il au coin du feu ces vieux souvenirs et ces archives intimes, mais il se persuade avec une sorte de pudeur maladive qu’il doit dérober au public les traces de son passé. […] André Gide contribue utilement pour sa part à l’équilibre de la littérature et de l’esprit public. […] Après s’être ainsi loyalement consacré au service de la divinité et du bien public, M.  […] Car son renoncement n’ira point à cesser d’écrire : ce serait un désastre : un tel écrivain doit compte au public du talent qui lui a été confié, comme dit à peu près l’Evangile. […] Tout ouvrage de l’esprit livré au public relève de la critique, en vertu des lois sur la liberté de la presse.

1727. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Il se passera encore du temps, avant que le public français ait de la considération pour l’histoire qui intéresse. […] Il nous apprend que le public russe est grand liseur de revues, et rougit de nous avouer que lui, et dix autres, sont payés 600 francs la feuille. […] Les maisons publiques n’ont plus leur caractère de gros numéros ; avec leurs carreaux dépolis et éclairés, elles ont l’air de bar de New-York. […] » Puis nous avons été dîner chez Véfour, en bas, je crois, — en ce temps la figure de Hugo, n’ayant pas la notoriété publique. […] Il se mettait simplement au niveau du public des œuvres dramatiques.

1728. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Mais le public de la tragédie n’était pas, en somme, très nombreux. […] Il fallait de toute force que le public de la tragédie fût d’une culture moyenne supérieure à celle de notre public. […] Les deux auteurs favoris du public, à ce moment-là, c’est Thomas Corneille et Quinault. […] Encore si vous nous les aviez données avec leurs grâces, le public vous serait obligé de la peine que vous avez prise. […] Il est vrai qu’il n’y avait que vingt mille citoyens environ, mais peut-être cent mille esclaves, et un assez riche domaine public.

1729. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Près de 10 000 exemplaires de cet ouvrage, vendus en deux ans, m’ont prouvé que mes efforts répondaient à l’attente du public. […] De l’autre, si j’entre dans les détails de la vie publique et privée, je serai forcé de parler souvent de moi. […] Vous dansiez dans les jeux, vous étiez bouffon, vous amusiez le public ; je présidais, je donnais les récompenses, je décernais les prix. […] Il ne sait pas grand’chose là-dessus ; il ne connaît guère que le bruit public. […] Ainsi tout le royaume pleure la mort de son défenseur, et la perte d’un homme seul est une calamité publique.

1730. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Le public est de plus en plus curieux de détails et d’anecdotes. […] Il y avait alors dans nos petites villes du midi un public spécial  : avocats, notaires ou jeunes gens (ce public doit encore exister) qui lisait avidement ses œuvres. […] Cette difficulté de s’exprimer le rendait timide et l’empêchait de parler en public. […] Le public trouva les vers si jolis, qu’il se mit à applaudir. […] Public et journaux ne parlaient que de Loti.

1731. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

D’autres Corses, amicalement poussés dans les emplois publics par l’influence de Bonaparte et de ses frères, méritent encore d’être mentionnés. […] Le Théâtre de l’Impératrice amusait le public avec la comédie des Lunettes cassées. […] Rouland était ministre de l’Instruction publique. […] Ils sont revenus chez nous avec un amour plus ardent pour leur pays et un désir viril de servir la chose publique. […] Une collation de thé, de gâteaux et de « saké » (légère eau-de-vie de riz) a été préparée, dans une salle publique, pour le candidat et pour ses grands électeurs.

1732. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVII » pp. 153-157

Ils heurtent le sens public.

1733. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLI » pp. 167-171

qu’une belle et bonne œuvre serait la bienvenue, et que c’est misère à ceux qui le pourraient de laisser passer de tels moments uniques de la faveur et de l’avidité publiques !

1734. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Note. »

Indignation publique, lettres anonymes, mon entrée au Conseil d’État ; je n’y manque point.

1735. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — II »

Nous serons ici courts et rapides, car le public est rebattu, et nous arrivons tard ; la critique est un peu boiteuse comme le châtiment.

1736. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur une pétition de directeurs de théâtres contre les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique »

La loi du 13 janvier 1791 défend de jouer sur un théâtre public une pièce dramatique ou lyrique sans le consentement de l’auteur (ou des auteurs).

1737. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vacquerie, Auguste (1819-1895) »

Des gens dont le public vénérait les perruques Glorifiaient « l’art sobre et continent ». — Eunuques !

1738. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 519-526

L’Académie la mit au dessous de celle de M. l’Abbé du Jarry, que le Public trouva très-mauvaise quand elle parut, & qui commence par ces trois Vers : « Enfin ce jour paroît où le saint Tabernacle, D’ornemens enrichi, nous offre un beau spectacle ; La mort ravit un Roi plein d’un projet si beau, &c. » « L’Académie ne s’apperçut point de tous les défauts de cette Piece, qui est très-plate, très-prosaïque, & où l’on trouve des Pôles glacés & où des Pôles brûlans, & jugea à propos de la couronner.

1739. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 223-229

Dès qu’il s’agira de Tragédies, de Pastorales lyriques, de Poésies légeres, le Public a déjà décidé que cet Auteur ne figureroit jamais parmi les bons Poëtes de notre nation.

1740. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 240-246

Il étoit si peu jaloux de ses Productions, qu'il ne prit jamais aucun soin de les rendre publiques.

1741. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Angelo, tyran de Padoue » (1835) »

Autrefois le poète disait : le public ; aujourd’hui le poète dit : le peuple.

1742. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Étienne Dolet, et François Floridus. » pp. 114-119

Cet auteur passoit sa vie à fuir d’un lieu en un autre, jusqu’à ce qu’enfin il expia par le feu sa réputation d’athée public.

1743. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Introduction » pp. 5-10

Surtout, nous désirerions que chaque fois qu’un succès signalera au public un nom nouveau, on pût chercher ici des notes sur ses débuts.

1744. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Chœur. » pp. 21-24

Ils rendaient la tragédie plus régulière et plus variée : plus régulière, en ce que, chez les anciens, le lieu de la scène était toujours le devant d’un temple, d’un palais, ou quelque autre endroit public ; et l’action se passant entre les premières personnes de l’état, la vraisemblance exigeait qu’elle eût beaucoup de témoins, qu’elle intéressât tout un peuple : et ces témoins formaient le chœur.

1745. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la comédie chez les Anciens. » pp. 25-29

La comédie parut d’abord une satyre publique, injurieuse, licencieuse, bouffonne et outrée, où les personnages étaient nommés sans ménagement, avec les qualifications les plus odieuses et les charges les plus ridicules.

1746. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre IV. Des Ecrits sur la Poétique & sur divers autres genres de Littérature. » pp. 216-222

Le public a vu avec plaisir les préceptes de nos plus grands maîtres réunis dans un seul corps d’ouvrage ; & comme on n’a pas touché au style des morceaux qu’on a rassemblés, il y a de la variété dans chaque chapitre.

1747. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion » pp. 429-434

Il se peut faire tout au plus qu’une jeune personne d’un naturel très-sensible, sera tellement transportée par un plaisir encore nouveau pour elle, que son émotion et sa surprise lui feront faire quelque exclamation ou quelques gestes involontaires, qui montreront qu’elle ne fait point une attention actuelle à la contenance qu’il convient de garder dans une assemblée publique.

1748. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — I »

Taine, car c’est par là que s’explique la suprématie qu’il a conquise devant le public sur tant de philosophes qui se donnèrent avec lui à vulgariser les doctrines positivistes dans les cinquante dernières années.‌

1749. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre I. Introduction. Trois sortes de natures, de mœurs, de droits naturels, de gouvernements » pp. 291-295

Ces curètes furent à Rome les quirites, ou citoyens investis du caractère sacerdotal, du droit de porter les armes, et de voter aux assemblées publiques.

1750. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Le drame qu’on va lire n’a rien qui le recommande à l’attention ou à la bienveillance du public. […] Dans cette flagrante discussion qui met aux prises les théâtres et l’école, le public et les académies, on n’entendra peut-être pas sans quelque intérêt la voix d’un solitaire apprentif de nature et de vérité, qui s’est de bonne heure retiré du monde littéraire par amour des lettres, et qui apporte de la bonne foi à défaut de bon goût, de la conviction à défaut de talent, des études à défaut de science. […] Une sorte de gravité solennelle s’est empreinte partout, dans les mœurs domestiques comme dans les mœurs publiques. […] De graves personnages placés, comme le chœur antique, entre le drame et nous, viennent nous raconter ce qui se fait dans le temple, dans le palais, dans la place publique, de façon que souventes fois nous sommes tentés de leur crier : « Vraiment ! […] Son premier projet, bien arrêté d’abord par sa paresse, était de donner l’œuvre toute seule au public ; el demonio sin las cuernas, comme disait Yriarte.

1751. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Les catholiques, — écrivait-il dans son Encyclique sur l’origine du pouvoir civil, du 29 juin 1881, — vont chercher en Dieu le droit de commander, et le font dériver de là comme de sa source naturelle, et de son principe nécessaire… Toutefois, il importe de remarquer ici que, s’il s’agit de désigner ceux qui doivent gouverner la chose publique, cette désignation pourra, dans certains cas, être laissée au choix et au jugement du plus grand nombre, judicio multiludinis, sans que la doctrine catholique y fasse le moindre obstacle, non adversante neque repugnante doctrina catholica… Il n’est pas question davantage des différents régimes politiques, et il n’existe pour l’Église aucune raison de ne pas approuver le gouvernement d’un seul ou celui de plusieurs, pourvu seulement qu’il soit juste et qu’il s’applique au bien commun. […] On les voit s’armer de la puissance des lois et sévir avec vigueur contre les perturbateurs du repos public. […] Les pauvres, au même titre que les riches, sont de par le droit naturel des citoyens, c’est-à-dire du nombre des parties vivantes dont se compose, par l’intermédiaire des familles, le corps entier de la nation, pour ne pas dire qu’en toutes les cités ils sont le grand nombre… Comme donc il serait déraisonnable de pourvoir à une classe de citoyens, et d’en négliger l’autre, il devient évident que l’autorité publique doit prendre les mesures voulues pour sauvegarder le salut et les intérêts de la classe ouvrière… Pour ce qui est des intérêts physiques et corporels, l’autorité publique doit tout d’abord les sauvegarder, en arrachant les malheureux ouvriers aux mains de ccs spéculateurs qui, ne faisant point de différence entre un homme et une machine, abusent sans mesure de leurs personnes pour satisfaire d’insatiables cupidités. […] Decurtins, du 7 août 1893 : S’il y a un motif grave et juste pour lequel l’autorité publique ait le droit d’intervenir pour protéger par des lois la faiblesse des ouvriers, on ne pourra pas assurément en trouver de plus grave et de plus juste que la nécessité de venir en aide à la faiblesse des enfants et des femmes. […] Dans son Abrégé de l’histoire de France, écrit pour le Dauphin, et en partie par le Dauphin lui-même, dont Bossuet se contentait parfois de corriger la « rédaction d’histoire, voici comment il est parlé de la Saint-Barthélemy : « Pour imprimer davantage la conspiration dans les esprits, on rendit à Dieu des actions de grâces publiques sur la prétendue découverte.

1752. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Leur unique désir a été d’être vrais et de donner plutôt au public des études sincèrement faites d’après nature, que des tableaux composés suivant les règles qui se sont établies. […] Devant le public, par un héroïque effort de volonté, il redevenait le superbe empereur des beaux jours déjà passés. […] Le crime avait lieu en public, personne ne s’y opposa ; l’infanticide est là-bas à l’ordre du jour. […] En l’an 1808, on ne discutait pas plus les ordres de l’Empereur qu’on n’avait discuté sous la Terreur les décrets du Comité de salut public. […] « Tout ce fatras de petites nouvelles pouvait fort bien intéresser sa fille, mais qu’en avait à faire le public ? 

1753. (1888) Portraits de maîtres

Mais le talent ne suffit pas aux exigences du public, surtout au lendemain d’une des plus grandes commotions de l’histoire. […] Ces deux publications ne prolongèrent aucun retentissement dans le public ; leur succès devait être déterminé par des causes étrangères à leur spéciale beauté. […] Il y a toujours eu dans notre pays un public pour les œuvres d’élite, et ce public se serait retrouvé pour un livre portant le nom d’Alfred de Vigny il n’a pas fait défaut du reste au recueil des Destinées. […] Pour le grand public elles n’ont fait que porter plus haut Sainte-Beuve. […] En effet, depuis les Contes d’Espagne et d’Italie et les Iambes, aucun poète débutant ne s’était imposé soit au grand public, soit aux lettrés.

1754. (1903) Le problème de l’avenir latin

Le Væ victis n’est pas seulement un mot de rhéteur, un thème à déclamation publique : il exprime, en ce cas, une positive réalité. […] Il n’importe : dans l’esprit public, l’œuvre est accomplie. […] La refonte complète de l’hygiène, s’étendant à toutes les ramifications de la vie sociale, publique et privée, serait également indispensable. […] Si celui-ci a un droit, c’est bien celui d’organiser l’enseignement public. […] Dégrossir le cerveau des masses, alimenter le public de notions saines, c’est préparer le terrain pour la semence future.

1755. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Cette description bien troussée vous fournira des dictons assez jolis, et enseignera au public le prix des choses. […] Vous pourrez aussi expliquer mes affaires domestiques ; rien de plus intéressant pour le public que d’apprendre comme on gagne un million. […] Même il est trop long, trop oublieux du public, trop disposé à s’abandonner et à rêvasser en face des choses. […] Il y a tel état de l’intelligence publique qui exclût tel genre littéraire ; et il y a tel état de l’intelligence publique qui exclut telle conception scientifique. […] Thus I daily hear, and such like, both private and public news.

1756. (1914) Une année de critique

Il est fort possible que le public, friand de ses « Mémoires » qui continuent de paraître, applaudisse à son évasion. […] ce public parisien de 1860 ou de 1880, dont on regrette si fort la désagrégation, c’est à cela qu’il se plut ? […] Non, le public d’alors n’était pas plus intelligent que le nôtre : il avait même moins de bonne volonté. […] Les directeurs, qui parlent du public à peu près comme la Pythie eût parlé d’Apollon delphique, montaient sur le trépied, et proclamaient, avec de grands éclats, que ce mystérieux public demandait autre chose : des entrailles de taureau, ou des portraits d’assassins. Et le public, docile aux décisions de ses maîtres comme Poil de Carotte aux injonctions de Mme Lepic quand celle-ci décrétait qu’il n’avait point envie d’aller à la chasse, le bon public finissait par croire qu’en effet il avait besoin d’autre chose.

1757. (1913) Poètes et critiques

L’auteur du poème fut maltraité par les tribunaux ; mais le jugement du public lettré ne se laissa pas égarer, et tous les gens qui, pour crier « bravo ! », n’ont pas besoin de s’appuyer sur des années d’admiration publique, tressaillirent de surprise et d’aise. […] Dans les premiers moments, ce public ouvrier ne fut peut-être pas sans défiance ; mais il ne tarda pas à sentir la douceur du bienfait que le poète et ses amis lui apportaient. […] Si ce n’était pas pour moi un vif plaisir que de signaler au public ce précieux recueil « d’essais », ce serait un étroit devoir. […] Il emprunta à l’infirmier ou à l’étudiant de service une feuille de l’Assistance publique portant au recto la devise : « République Française.

1758. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Il est à croire que le succès de ses vers éclaira l’auteur lui-même ; l’intérêt que le public se mit aussitôt à prendre à Eléonore, et que vinrent entretenir d’autres pièces à elle adressées dans les Opuscules poétiques de l’année suivante (1779), acheva de décider le choix du poëteamant, et lui indiqua le parti qu’il lui restait à tirer de sa passion : dans les éditions qui succédèrent, les Aglaé, les Euphrosine, furent sacrifiées ; l’inconstance devint un crime, tandis qu’auparavant on ne voyait que l’ennui de criminel ; en un mot, Parny s’attacha à mettre de l’unité dans ses élégies et à pousser au roman plus qu’il n’avait songé d’abord. […] Sa mort, au milieu des graves circonstances publiques, excita de sensibles, d’unanimes regrets, et rassembla, un moment, tous les éloges. […] Il conviendra aux Écoles publiques si le chant est facile à retenir, c’est-à-dire moins savant que mélodieux. […] Ce n’était une difficulté que relativement au discours public ; Parny avait la bouche fine et mince, le contraire de l’ore rotundo.

1759. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Les petits pauvres n’entrent pas dans les jardins publics ; pourtant on devrait songer que, comme enfants, ils ont droit aux fleurs. […] Les grilles fermées ne donnent pas congé aux inspecteurs, la surveillance est censée continuer, mais elle s’amollit et se repose ; et les inspecteurs, émus, eux aussi, par l’anxiété publique, et plus occupés du dehors que du dedans, ne regardaient plus le jardin, et n’avaient pas vu les deux délinquants. […] Votre conventionnel, Marat, Danton, Robespierre, les hommes du Comité de salut public, ne sont plus à vos yeux que des apôtres à tout prix de l’idéal ! […] — Cela finira, répondis-je à mes interlocuteurs alarmés, par quatre lois que le temps comporte et que la raison publique avoue : Une loi qui donne son droit politique à chacune des classes sociales par une part proportionnelle au suffrage ; Une loi qui assure, non le droit au travail, mais le droit de vivre à tout homme que le ciel envoie sur la terre pour y vivre.

1760. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Il y a eu un peuple d’aristocrates, un public tout entier composé de connaisseurs, une démocratie qui a saisi des nuances d’art tellement fines que nos raffinés les aperçoivent à peine. Il y a eu un public pour comprendre ce qui fait la beauté des Propylées et la supériorité des sculptures du Parthénon. […] La conséquence d’une telle manière de voir, c’est que le riche n’est pas très considéré ; on estime beaucoup plus l’homme qui se consacre au bien public ou qui représente l’esprit du pays. […] Quand il y avait des deuils publics, par exemple à propos de la trahison de Dumouriez, mes oncles laissaient croître leur barbe, sortaient avec des mines consternées, des cravates énormes et des vêtements en désordre.

1761. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Une histoire des « Origines du Christianisme » devrait embrasser toute la période obscure, et, si j’ose le dire, souterraine, qui s’étend depuis les premiers commencements de cette religion jusqu’au moment où son existence devient un fait public, notoire, évident aux yeux de tous. […] Le premier, que je présente aujourd’hui au public, traite du fait même qui a servi de point de départ au culte nouveau ; il est rempli tout entier par la personne sublime du fondateur. […] Mais qui ne voit que jamais miracle ne s’est passé dans ces conditions-là ; que toujours jusqu’ici le thaumaturge a choisi le sujet de l’expérience, choisi le milieu, choisi le public ; que d’ailleurs le plus souvent c’est le peuple lui-même qui, par suite de l’invincible besoin qu’il a de voir dans les grands événements et les grands hommes quelque chose de divin, crée après coup les légendes merveilleuses ? […] Un tel redressement est beaucoup plus difficile pour l’Évangile, la vie publique de Jésus ayant été plus courte et moins chargée d’événements que la vie du fondateur de l’islam.

1762. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Un des amis et des correspondants de Mme Récamier, qui se montre le plus à son avantage, et qui est tout à fait nouveau pour le public, est le duc de Laval, cousin de M. de Montmorency. […] Ce serait pourtant être ingrat, à ceux qui ont eu l’honneur de le rencontrer souvent dans ce cercle de son choix, de ne pas se rappeler et de ne pas dire à tous combien de fois ils l’y virent naturel, aimable, facile, éloquent, bonhomme même ; mais, dès que le public intervenait, dès que les passions du dehors entraient par la moindre fente, et que le plus léger souffle de contrariété se faisait sentir, tout changeait aussitôt ; le visage se pinçait, l’humeur s’altérait : la correspondance accuse trop ces variations et ces susceptibilités excessives.

1763. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Ses belles qualités elles-mêmes, son honnêteté, sa droiture, sa candeur, la chaleur et la pureté de son civisme donnaient prise sur lui, donnaient envie et moyen aux principaux chefs des partis de le tirer à eux sous le prétexte du bien public. […] M. de Sémonville, que nous avons connu de tout temps si actif, si empressé à se mêler du jeu des événements publics et de leurs chances, avait enlacé Joubert par le plus sûr des liens ; une jeune personne charmante, sa belle-fille32, avait fait impression sur le cœur du général, et allait devenir sa femme.

1764. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Les hommes publics s’y montrent en pied, et, grâce à leurs mouvements, on en a vite fait le tour. […] Son plus beau moment de journaliste, et que rien ne saurait faire oublier, est celui de 1852 à 1855, pendant lequel, ses parties élevées prenant le dessus, sa fibre populaire aussi s’en mêlant, il s’associa pleinement au sentiment public, à l’âme patriotique de la France, et fit acte d’adhésion éclatante à la politique impériale dans la guerre de Crimée et pour les premières victoires.

1765. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Flaubert ; mais, celle-ci manquant et se faisant attendre, la critique et le public excités se jetèrent, à son défaut, sur ce qui se présentait en sa place et se substituait à elle en quelque sorte. […] On se le demandait, et bientôt on sut qu’en artiste ironique et fier, qui prétend ne pas dépendre du public ni de son propre succès, résistant à tout conseil et à toute insinuation, opiniâtre et inflexible, il laissait de côté pour un temps le roman moderne où il avait, une première fois, presque excellé, et qu’il se transportait ailleurs avec ses goûts, ses prédilections, ses ambitions secrètes ; voyageur en Orient, il voulait revoir quelques-unes des contrées qu’il avait traversées et les étudier de nouveau pour les mieux peindre ; antiquaire, il s’éprenait d’une civilisation perdue, anéantie, et ne visait à rien moins qu’à la ressusciter, à la recréer tout entière.

1766. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Pour repérer cette petite lâcheté, Dangeau, qui était de l’Académie, crut devoir, à quelques jours de là, y faire lire l’Epître entière, en séance publique, le jour de la réception de Fontenelle (5 mai 1691) : ce fut l’abbé de La Vau qui se chargea de cette lecture. […] Le public, informé de ces misères, se prit à en rire.

1767. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Pour lui son idéal de félicité publique était là, en deçà de 89, et non pas ailleurs, aussi bien que son idéal littéraire. […] Beugnot fut averti que les soldats bivouaquant dans le jardin public étaient en train d’en couper les arbres pour le service de la cuisine et des baraques.

1768. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Le comte de Clermont avait eu, en effet, d’abord cette noble pensée ; mais, à peine nommé et la chose éclatant aux applaudissements du public, il eut aussitôt à combattre les objections de ses entours, de ses hauts parents les autres princes. […] Le prince, tout timide qu’il était et aussi incapable de parler en public qu’un Nicole ou qu’un La Rochefoucauld, fit cependant de sa place un petit compliment à l’assistance38, se félicitant d’être entré dans une Compagnie si savante, où il trouverait des conseils et des exemples.

1769. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

On ferait une Anthologie charmante de tout ce qui échappe d’excellent à l’un ou à l’autre en tel jour de sa vie, et dont le public, non plus que l’auteur en son pêle-mêle, ne se doute pas. […] Les Ternaires, livre lyrique, sont un savant et ferme prélude, un de ces recueils qui, différents en cela de Marie, s’adressent aux artistes encore plus qu’au public, et qui font surtout le régal et l’étude de quelques-uns.

1770. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Mais indépendamment des circonstances particulières qui favorisèrent le premier succès, et sur lesquelles nous reviendrons, il faut reconnaître que Racine a su tirer d’un sujet si simple une pièce d’un intérêt durable, puisque toutes les fois, dit Voltaire, qu’il s’est rencontré un acteur et une actrice dignes de ces rôles de Titus et de Bérénice, le public a retrouvé les applaudissements et les larmes. […] Quatremère de Quincy, a fait comprendre à merveille que les statues, les objets d’art de la Grèce, rangés et classés dans nos musées, n’avaient ni tout leur prix ni leur vrai sens ; que, voués avant tout à une destination publique et le plus souvent sacrée, c’était dans cet encadrement primitif qu’il fallait les replacer en idée et les concevoir.

1771. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

La Fontaine tempère le lyrisme par les éléments narratifs ou dramatiques ; il l’impose ainsi à un public positif, peu rêveur et peu sentimental ; et ce public s’étonne du charme singulier de ces petits récits et de ces petites comédies, sans se douter que cette douceur pénétrante, d’une essence inconnue, vient précisément des émotions lyriques dont cette âme de poète a imprégné sa matière.

1772. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Ainsi comprises, les études communes, poursuivies avec le même esprit dans tous les pays civilisés, forment au-dessus des nationalités restreintes, diverses et trop souvent hostiles, une grande patrie qu’aucune guerre ne souille, qu’aucun conquérant ne menace, et où les âmes trouvent le refuge et l’unité que la cité de Dieu leur a donnés en d’autres temps. » Et voici une autre page où cet amour de la vérité s’exprime comme ferait la foi jalouse d’un croyant, en laisse voir les scrupules, les délicatesses, les pieuses intransigeances : … Il y a au cœur de tout homme qui aime véritablement l’étude une secrète répugnance à donner à ses travaux une application immédiate : l’utilité de la science lui paraît surtout résider dans l’élévation et dans le détachement qu’elle impose à l’esprit qui s’y livre ; il a toujours comme une terreur secrète, en indiquant, au public les résultats pratiques qu’on peut tirer de ses recherches, de leur enlever quelque chose de ce que j’appellerai leur pureté. […] Il le fait tranquillement, n’esquivant rien, n’exagérant rien, avec un désintéressement, une impartialité, une indépendance de jugement telle, que cette sorte de sacrifice ou plutôt (car il n’avait point à la sacrifier) d’oubli provisoire de la piété filiale en face de la science qui prime tout, m’a rappelé, je ne sais comment, la hauteur d’âme des vieux Romains mettant tout naturellement l’intérêt de la patrie au-dessus des affections de famille… Puis, tout à coup, après ce long, tranquille et consciencieux exposé qui n’eût point été différent s’il se fût agi d’un étranger, la voix du professeur s’altère et laisse tomber ces mots : … Moi qui vous parle, moi qui seul sais le respect et la reconnaissance que je lui dois, j’ai dû m’abstenir de les exprimer comme je les sens, autant pour être fidèle à cette modération qu’il aimait à garder en toutes choses, autant pour ne rien rire ici qui ne dût être dit par tout autre à ma place, que pour ne pas m’exposer à être envahi par une émotion trop poignante qui ne m’aurait pas laissé la liberté et la force de rendre à cette mémoire si chère et encore si présente l’hommage public auquel elle a droit.

1773. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Aujourd’hui, pour ne parler que des musiciens à qui les préventions du public et des coalitions inavouables interdisent l’accès des scènes parisiennes, de quel côté s’il vous plaît, se trouvent leurs dévoués partisans, leurs zélés défenseurs, si le mot n’est pas trop ambitieux ? […] Initié déjà aux grandes conceptions de Richard Wagner, le public a pu pénétrer dans le détail de certaines œuvres et de certaines théories ; les questions historiques nous ont aussi préoccupés, et nous avons fait au « document » la part la plus large possible.

1774. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Ce dessous de carte est que, malgré les apparences d’amitié qui, aux yeux du public, unissent mesdames de Montespan et de Maintenon, elles se détestent depuis près de deux ans ; « que la première est révoltée de l’orgueil de la seconde, qui veut bien être au père, point à la mère » ; et qui a bien d’autres torts. […] Ceci est relatif à l’apparente amitié de madame de Montespan et de madame de Maintenon dont le public ignorait encore les divisions.

1775. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Lorsqu’elle fut amenée à s’occuper habituellement des choses publiques et à avoir un avis sur les mesures et les événements extraordinaires qui, chaque jour, forçaient l’attention, elle y apporta les dispositions les moins politiques qui se peuvent imaginer, je veux dire l’indignation contre les lâchetés, des préventions personnelles dont son intérêt le plus évident ne parvenait point toujours à la faire triompher, un ressentiment des injures qui n’était pas le désir de la vengeance, mais bien la souffrance délicate et fière de la dignité blessée. […] Quand on pense qu’un siècle dit de lumières, et de la plus raffinée civilisation, aboutit à des actes publics de cette barbarie, on se prend à douter de la nature humaine et à s’épouvanter de la bête féroce, aussi bête que féroce en effet, qu’elle contient toujours en elle-même et qui ne demande qu’à sortir.

1776. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Il en conclut que le ministère était encore moins à son goût qu’à sa portée : « Je ne sais si je fais mon apologie en vous parlant ainsi, écrivait-il en s’adressant à Mme de Caumartin ; je ne crois pas au moins vous faire mon éloge. » Cette gloire, ce point d’honneur dont Retz nous parle toujours, et qu’il ressentait à sa manière, c’était une certaine réputation populaire, la faveur et l’amour du public, c’était d’être fidèle aux engagements envers ses amis, de ne point paraître céder à un intérêt purement direct ; vers la fin, toute sa doctrine de résistance semble n’avoir plus guère été qu’une gageure d’honneur contre le Mazarin. […] Nous avons vu de nos jours un homme de vertu pratique, d’intégrité et de foi, un archevêque de Paris comme l’était Retz, sincèrement ému des malheurs et des erreurs du peuple et de la dissension civile, aller droit avec simplicité au danger, ouvrir les bras et donner sa vie pour le bien de tous : et Retz, retiré vers la fin des troubles dans son cloître Notre-Dame, retranché à l’ombre des tours de sa cathédrale, et abrité, comme il disait, sous le chapeau, hésitait, avec toutes ses lumières et ses générosités mondaines, à faire un acte public qui hâtât l’issue et mît fin à la souffrance universelle.

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