Croce, non pas que je lui aie emprunté celles-là de mes idées qui sont le plus semblables aux siennes ; non, j’y suis arrivé par mon propre effort et par une voie différente ; mais il a affermi et précisé mes convictions ; même là où je le combats, je sais tout ce qu’on apprend d’un pareil adversaire. […] Les éléments sont constants, sans avoir de vie propre ; les combinaisons sont passagères, mais seules vivantes. […] Son erreur a été de croire que les genres sont en quelque sorte des êtres doués d’une vie propre ; il a voulu montrer « la façon dont un genre naît, grandit, atteint sa perfection, décline, et enfin meurt45 ». […] Il a mêlé au récit de Matthieu une exaltation qui serait à sa place dans le Cantique des Cantiques. — Quelqu’un alla chercher une Bible, et voilà que, à mon propre étonnement, dans le Cantique de Salomon, je découvris une série de phrases presque textuellement copiées par D’Annunzio. […] Je réserve naturellement la possibilité des contrastes, des moments de détente, qui ne peuvent être toutefois que des épisodes, sans vie propre, au service de l’essentiel.
Ces Souvenirs ont pour objet de faire ressortir le génie propre de David et les principes que ce grand artiste a transmis à son école. […] Si ce jeune homme était un brave et aimable garçon, il faut dire aussi qu’il était peu propre à pratiquer et à enseigner la peinture. […] Le mystérieux, le monosyllabique Alexandre, qui, disait-on, était rentré nouvellement de l’émigration, et auquel David avait donné un asile, était peu propre à animer la conversation. […] Mais il supportait toutes les privations qu’il s’était imposées avec un courage, une grandeur d’âme propres à faire naître des regrets chez tous ceux qui connaissaient son inaptitude aux arts. […] Beaucoup ont préféré, en se rendant aux frontières, la gloire de la république à leur propre gloire.
Briand lui-même, qui a dû la défendre contre les attaques de ses propres amis, et à M. […] En supprimant l’héritage ceux-ci prenaient acte de leur propre table rase. […] Cette pensée qu’il y a une vertu propre dans la durée, que chaque génération apporte son ferment et son message, et que tout n’est pas dit, elle a été condamnée par l’Église lorsque le modernisme a voulu l’appliquer aux dogmes. […] Telle est l’idée propre au radicalisme d’aujourd’hui. […] Entendons un minimum de bonheur pour tous, la possibilité pour tous de connaître les biens propres à l’existence humaine.
La situation est très bien posée ; les caractères se dessinent à merveille ; chaque acteur parle le langage qui lui est propre : maintenant, il s’agit de tirer M. […] De votre propre aveu, Euripide, à peine postérieur de quelques olympiades à Eschyle et à Sophocle, était déjà un sceptique, un poëte de décadence, défigurant la grande tradition homérique. […] Puisque j’en suis à évoquer ces souvenirs, — la causerie a ses privilèges, et c’est le propre du déclin de l’âge d’aimer à remonter le cours des années, — il faut que je fasse encore un aveu tardif. […] Ces hommes sont à la fois pour nous des contemporains et des ancêtres : nous saluons en eux notre propre génie et nous retrouvons en nous leur ouvrage. […] Situation singulière et instructive, où l’on est plus sûr de sa pensée et de sa parole, plus certain d’être de son propre avis en rendant justice à ses adversaires qu’en rendant hommage à ses amis !
Et la Fronde, quelle moisson nouvelle de récits de toutes sortes, quelle brusque volée d’historiens inattendus elle a enfantés parmi ses propres acteurs en tête desquels Retz se détache et brille entre tous comme le plus grand peintre avant Saint-Simon ! […] Il lui transmit ses propres qualités très marquées, avec je ne sais quoi de fixe et d’opiniâtre : la probité, la fierté, la hauteur du cœur, et des instincts de race forte sous une brève stature. […] Cette opinion, dans laquelle Mme de Maintenon resta invariable, atteste l’antipathie des natures et n’était pas propre à donner au roi une autre idée que celle qu’il avait déjà sur ce courtisan médiocrement docile. […] La mort subite du duc de Bourgogne vint porter le plus rude coup à Saint-Simon et briser la perspective la plus flatteuse qu’un homme de sa nature et de sa trempe pût envisager, moins encore d’être au pouvoir par lui-même que de voir se réaliser ses idées et ses vues, cette chimère du bien public qu’il confondait avec ses propres satisfactions d’orgueil.
Ainsi l’idiome propre de Genève n’est pas le même que celui de Lausanne ou de Neufchâtel, et les littératures de ces petits États ne diffèrent pas moins par des traits essentiels et presque contrastés. […] De retour à Genève, sous-maître dans un pensionnat d’abord, puis à la tête d’un pensionnat de sa propre création, père de famille, finalement appelé à occuper la chaire de Belles-Lettres dans l’Académie, c’est du sein d’une vie heureuse et comblée, et comme unie en calme à son Léman, que se sont échappés successivement et sans prétention les écrits divers, tous anonymes, dont plus d’un nous a charmés. […] Cette espèce d’opposition, inutile d’abord est surtout disgracieuse ; rien de moins propre à diminuer nos préjugés d’ici. […] non pas ; je laisse au bourgeon, comme il l’appelle, le soin de lui dire toutes ces choses, de lui en suggérer beaucoup d’autres ; et bien plutôt, pour mon propre compte, je revois en idée les lieux, les doux coins de terre tranquilles qui se peignent dans ses écrits ; il reste, à qui une fois les a bien connus, un regret de n’y pas toujours vivre.
C’est là enfin que j’étais saisi à la fois d’admiration et de tristesse en voyant ce sculpteur dessiner les métopes du temple chrétien de Possagno, son pays natal, temple qui devait être bientôt son propre mausolée. […] Gaspari nous conduisit au bas de la ville, à travers les mêmes ruines, jusqu’à une maison blanche et propre, élevée tout récemment, et où un Italien avait monté une auberge. […] que l’artiste infusait de sa propre individualité, de son propre sang, dans les formes, dans les veines des êtres qu’il créait, et que c’est encore une partie de sa vie qu’on voit palpiter dans ces formes vivantes, dans ces membres prêts à se mouvoir, sur ces lèvres prêtes à parler.
« Elle dormait de ce sommeil d’absolue confiance propre à son âge. […] « Le propre des peines de cette nature, dans lesquelles domine ce qui est impitoyable, c’est-à-dire ce qui est abrutissant, c’est de transformer peu à peu, par une sorte de transfiguration stupide, un homme en bête fauve, quelquefois en bête féroce. […] Le propre des spectacles sublimes, c’est de prendre toutes les âmes et de faire de tous les témoins des spectateurs. […] Parce que tout homme trouve en lui le discernement prompt et sûr qui fait admettre ou rejeter une pensée fausse, surtout en matière sociale, et que tout homme porte en lui le goût qui fait discerner le propre et le sale dans la langue comme dans la nature.
Le roi d’Écosse, le vertueux Duncan, passe sur la bruyère ; les combattants le rejoignent en armes et lui racontent les exploits de Macbeth et de Banquo, ses deux généraux, qui ont vaincu le roi de Norwége et les troupes insurgées de son propre pays, dirigées par le thane de Cawdor. […] La Justice, à la main toujours égale, fait accepter à nos propres lèvres le calice empoisonné que nous avons composé nous-mêmes. — Il est ici sous la foi d’une double sauvegarde. […] aspireras-tu à ce que tu regardes comme l’ornement de la vie pour vivre en lâche à tes propres yeux, laissant, comme le pauvre chat du proverbe, le je n’ose pas se placer sans cesse auprès du je voudrais bien ! […] Prenez courage : cherchons dans une grande vengeance des remèdes propres à guérir cette mortelle douleur.
Depuis longtemps, je ne croyais plus au miracle, dans le sens propre du mot ; cependant la destinée unique du peuple juif, aboutissant à Jésus et au christianisme, m’apparaissait comme quelque chose de tout à fait à part. […] Entre tant de particularités que la Bretagne possède en propre, l’hagiographie locale est sûrement la plus singulière. […] Le temps n’est plus où l’on pouvait former de petits mondes, des Thélèmes délicats, fondés sur l’estime et l’amour réciproques ; mais la vie bien prise et bien pratiquée, dans un petit cercle de personnes qui se comprennent, est à elle-même sa propre récompense. […] Quant au faucon, il se tient tranquille dès que la vertu, par ses sacrifices, lui procure des avantages supérieurs à ceux qu’il atteindrait par sa propre violence.
Le principe de tout organisme est au contraire de maintenir jusqu’à sa destruction sa conformation particulière, de résister à l’action des forces naturelles, d’être un agrégat spécial de molécules qu’une force propre soustrait à l’action des autres forces naturelles. […] A mesure que l’individu fera partie d’un ensemble social plus divers et plus étendu, doué d’une organisation meilleure et qui exigera pour subsister moins de sacrifices moraux de la part de ses citoyens15, ceux-ci pourront plus facilement conserver leurs facultés propres, sans qu’elles aient besoin d’être portées à une extrême intensité pour résister à une extrême pression. […] Que l’on examine la nature des détails propres à convaincre une personne du monde de la vérité d’un type de gentilhomme, et ceux qu’il faut pour persuader de même dans un feuilleton destiné à des ouvriers. […] L’âme d’un peuple vit dans ses monuments, non pas parce qu’il les a formés, déterminés et qualifiés, mais parce que son art, produit dans ses œuvres supérieures par une série d’hommes dénués souvent du caractère que l’on peut attribuer à leur race ou à leur époque, montre par la suite de ses manifestations glorieuses et dans la mesure même de cette gloire, quel a été le cours des penchants, le génie propre de la nation, son développement spirituel dans ses diverses époques et ses divers milieux.
XXI L’année suivante, un autre hasard contribua davantage encore à me communiquer une sorte de superstition juvénile pour la littérature, et à me la faire considérer comme une sorte de puissance surnaturelle donnée par Dieu aux hommes et propre à tout remplacer en eux, même le bonheur. […] Tout devint littéraire à mes yeux, même ma propre vie, qui se répercutait, avec ses impressions, ses piétés, ses affections, ses joies ou ses douleurs, dans mes vers. […] Je dois compte de tout cela à d’autres ; ils y ont déposé, sur la foi de mon honneur et de mon labeur, l’héritage de leurs enfants, le fruit de leurs propres sueurs. […] Je compte une à une, en les sentant toutes, mais sans en maudire aucune, les pierres de ma propre lapidation.
C’est plutôt une oscillation de la personne entre deux points de vue sur elle-même, un va-et-vient de l’esprit entre la perception qui n’est que perception et la perception doublée de son propre souvenir : la première enveloppe le sentiment habituel que nous avons de notre liberté et s’insère tout naturellement dans le monde réel ; la seconde nous fait croire que nous répétons un rôle appris, nous convertit en automates, nous transporte dans un monde de théâtre ou de rêve. […] On assiste à ses propres mouvements, à ses pensées, à ses actions 56. […] On fait fausse route quand on étudie les fonctions de représentation à l’état isolé, comme si elles étaient à elles-mêmes leur propre fin, comme si nous étions de purs esprits, occupés à voir passer des idées et des images. […] La fausse reconnaissance résulte du fonctionnement naturel de ces deux facultés livrées à leurs propres forces.
C’est en ces termes qu’un moraliste de société, le duc de Lévis, commence un chapitre assez piquant sur les médecins qui étaient en vogue vers 1774 ; et au nombre des conditions requises alors pour réussir, indépendamment des talents propres à la profession, il met un esprit délié, la connaissance et l’usage du monde, des manières agréables : « Mais, avant tout, il fallait qu’ils eussent ou qu’ils feignissent un cœur sensible. » On retrouve quelque chose de ce soin et de cette prétention dans les éloges de Vicq d’Azyr. […] M. de Humboldt lui-même, qui a dit en son Cosmos : « Buffon, écrivain grave et élevé, embrassant à la fois le monde planétaire et l’organisme animal, les phénomènes de la lumière et ceux du magnétisme, a été dans ses expériences physiques plus au fond des choses que ne le soupçonnaient ses contemporains » ; M. de Humboldt, en parlant ainsi, avait oublié l’hommage éclairé rendu à Buffon par Vicq d’Azyr, et que le sien propre ne fait que confirmer par des raisons scientifiques nouvelles61.
Lorsque les Commentaires de Montluc furent imprimés pour la première fois quinze ans après sa mort, en 1592, l’éditeur les fit précéder d’une dédicace « À la noblesse de Gascogne » qui est en des termes dignes de son objet : Messieurs, comme il se voit de certaines contrées qui produisent aucuns fruits en abondance, lesquels viennent rarement ailleurs, il semble aussi que votre Gascogne porte ordinairement un nombre infini de grands et valeureux capitaines, comme un fruit qui lui est propre et naturel ; et que les autres provinces, en comparaison d’elle, en demeurent comme stériles… C’est votre Gascogne, messieurs, qui est un magasin de soldats, la pépinière des armées, la fleur et le choix de la plus belliqueuse noblesse de la terre, et l’essaim de tant de braves guerriers… Sans faire tort aux autres provinces et sans accepter ces injurieuses préférences de l’une à l’autre, il est un caractère constant et qui frappe dans les talents comme dans les courages de cette généreuse contrée, et l’on ne saurait oublier, en lisant Montluc, que cette patrie de Montesquieu et de Montaigne, comme aussi de tant d’orateurs fameux, fut celle encore, en une époque chère à la nôtre, de ces autres miracles de bravoure, Lannes et Murat. […] Il sied mal de dérober l’honneur d’autrui ; il n’y a rien qui décourage tant un bon cœur. » Dans les diverses guerres auxquelles il prend part et qu’il nous décrira, il est de certains faits qu’il aura ainsi trop de curiosité et de plaisir à raconter, à déduire au long et par le menu, pour qu’on n’y voie point se déceler et se déclarer le genre de talent militaire particulier et propre à Montluc : c’est ordinairement dans ce qu’il appelle une faction ou fait d’armes à part, dans un coup de main, un stratagème bien ourdi, une escarmouche bien menée, une attaque de place réputée imprenable, ou une défense déplacé réputée intenable, quelque entreprise soudaine et difficile, une expédition en un mot qui fasse un tout, à laquelle il commande, sans qu’il soit besoin d’avoir sous sa main autre chose qu’une élite, c’est là qu’il se complaît et où il excelle.
Mme de Maintenon, qui a passé par toutes les conditions et par toutes les épreuves, qui a vu se former et s’évanouir autour d’elle tant d’égarements et de chimères, s’est confirmée de plus en plus dans l’idée qu’il n’y a encore rien de tel que le bon sens dans la vie, mais un bon sens qui ne s’enivre point de lui-même, qui obéit aux lois tracées, et qui connaît ses propres limites. […] Quand elle a ainsi rappelé toutes les conditions imposées et toutes les obligations, ce caractère où se confond le personnage de mère, de sœur aînée et de religieuse, et qui a pour objet de former de pauvres nobles jeunes filles destinées à édifier ensuite des maisons religieuses, mais surtout des familles, et à renouveler le christianisme dans le royaume ; des jeunes filles à qui l’on dit sans cesse : « Rendez-vous à la raison aussitôt que vous la voyez. — Soyez raisonnables, ou vous serez malheureuses. — Si vous êtes orgueilleuses, on vous reprochera votre misère, et si vous êtes humbles, on se souviendra de votre naissance » ; — quand elle a ainsi épuisé la perfection et la beauté de l’œuvre à accomplir, on conçoit que Mme de Maintenon, s’arrêtant devant son propre tableau, ajoute : « La vocation d’une dame de Saint-Louis est sublime, quand elle voudra en remplir tous les devoirs. » Tout ne se fit point en un jour ; il y eut des années de tâtonnement, et même où l’on sembla faire fausse route.
Maxime du Camp (il est juste de s’en souvenir en jugeant le poète) est avant tout un voyageur, un voyageur consciencieux, infatigable, qui voit tout des lieux lointains qu’il visite, et qui de cette Haute Égypte, de cette Nubie presque inaccessible, rapporte non seulement des images brillantes, propres à orner des pages de récits, mais les empreintes positives des lieux et des monuments obtenues à l’aide des procédés modernes courageusement appliqués sous le soleil. […] C’est sa propre école d’hier, et pas une autre qu’elle.
Voilà le vrai de ces jugements, un vrai tout relatif ; en s’exprimant d’une manière si crue, Bossuet cédait trop à ses répugnances instinctives et abondait, comme on dit, dans son propre sens. […] , n’était point propre peut-être à nous convaincre là-dessus autant qu’on l’aurait désiré.
En un mot, il y a un jugement auquel il est aisé de s’abandonner comme si l’on était chez soi, et par lequel on abonde dans son propre sens. […] Il y a aussi un second jugement, plus réfléchi, plus méritoire, dans lequel on sacrifie quelque chose du sien et l’on se met au point de vue des autres ; oh, sans se départir de sa propre impression, l’on accorde quelque chose à d’autres manières de voir et de faire.
On sent dans cette lettre qu’il aurait pu, ce jour-là même, tracer le caractère de Sénèque ou l’orateur chagrin, l’orateur de la vertu, qui commence en ces termes : Celui qui n’est connu que par les lettres, n’est pas infatué de sa réputation, s’il est vraiment ambitieux ; bien loin de vouloir faire entrer les jeunes gens dans sa propre carrière, il leur montre lui-même une route plus noble, s’ils osent la suivre : Ô mes amis, leur dit-il, pendant que des hommes médiocres exécutent de grandes choses, ou par un instinct particulier, ou par la faveur des occasions, voulez-vous vous réduire à les écrire ? […] Qu’on ne vienne point parler de gloire ; l’attrait propre à la carrière littéraire en demeure flétri.
Voici un livre dont j’aurais dû parler depuis longtemps, d’abord parce qu’il est consacré à la mémoire d’une femme qui est restée charmante et unique dans la pensée de tous ceux qui l’ont connue et qu’elle a honorés de sa bienveillance, ensuite parce que c’est le livre qui, le mieux fait pour la rappeler fidèlement aux amis qui l’ont regrettée et qui la regrettent encore, est le plus propre à donner d’elle une juste idée, une idée approchante du moins, aux générations curieuses qui n’avaient su jusqu’ici que son nom. […] On y a mal réussi : nul ne peut mentir à sa propre nature.
Thiers : c’est pour le soin qu’il prend, au milieu de toutes les réserves politiques qu’il a dû faire, de marquer, de relever le sentiment patriotique et national de Napoléon, voulant tout, même la ruine et la perte du trône, plutôt que la mutilation de la France et l’abdication de ce qu’il considère comme son propre honneur. « Vous parlez toujours des Bourbons, disait-il à Caulaincourt, j’aimerais mieux voir les Bourbons en France avec des conditions raisonnables, que de subir les infâmes propositions que vous m’envoyez », c’est-à-dire de garder une France réduite au-dessous d’elle-même. — « Si je me trompe, eh bien nous mourrons ! […] Quand un gros nuage chargé de foudre passe dans l’air, tous les corps s’en ressentent aussitôt et reprennent chacun le genre d’électricité qui leur est propre, bien souvent une électricité contraire : ainsi arriva-t-il en 1840 dans le conflit des opinions sur la grande mesure : Faut-il, ou ne faut-il pas fortifier Paris ?
Si on ne se mêlait que de celles où l’on serait sûr de faire tout ce qu’on croit bien ou vrai sans transaction, on ne ferait pas même ses propres affaires ; il faudrait se renfermer dans l’inaction. […] Il souffrait de plus, et avec toute l’intensité morale qui lui était propre, de la marche des choses publiques, qui allaient à l’encontre de son rêve, de la fondation idéale de toute sa vie.
Il parle de vérité ; mais est-ce qu’il se figure que parce que nous sommes polis et que nous nous exprimons sur certains grands sujets d’un air de doute et de défiance pour nos propres opinions, nous ne croyons pas aussi à la vérité ? […] On me dira que c’est le propre etl’ordinaire du scandale de la Croix.
Après quelque tâtonnement de courte durée, il trouva sa propre veine dans les jolis proverbes, la Crise, le Pour et le Contre, la Clé d’or, la Partie de dames, autant de saynètes morales et qui par là même avaient le mérite d’être neuves. […] La femme mord au fruit défendu en toute franchise et toute ingénuité ; elle se monte la tête pour le docteur, si bon comédien, et qui, pris à son propre jeu, est tenté par moments, comme saint Genest, de passer de la feinte à la réalité.
Si, dans les grands et pathétiques naufrages modernes, l’intérêt public se porte naturellement sur les deux ou trois survivants que le radeau a rapportés et qui représentent pour nous les absents abîmés et engloutis, il convient de faire, ce semble, la même chose dans l’ordre de l’esprit et du talent, et de ne pas trop chicaner un ancien qui nous est arrivé par exception et par un singulier bonheur, surtout quand il nous offre en lui des dons charmants, incontestables ; il sied bien plutôt de l’aimer et de le louer tant pour son propre compte que pour les amis et parents qu’il représente et qui ne sont plus, au lieu d’aller se servir de ces noms très grands assurément, mais un peu nus désormais et à peu près destitués de preuves, pour l’infirmer et le diminuer. […] Mais dans tout ce récit où se complaît cette nature paterne si sincère et si naïve, ne sentez-vous pas la veine de bonhomie, d’indulgence et d’humanité, propre au poète qui avait le droit de dire : Homo sum ?
Ainsi en mesure et en règle à ses propres yeux, il le faisait bien vite payer aux autres ; il en est quitte pour se rattraper sur autrui : et, par exemple, le pauvre avocat, Me Doitot, qui, à son refus, accepte la défense de Mme de Lamotte, se voit drapé par lui de la belle manière. […] Il ne réussit pas, dans son travail de ministre à portefeuille, à récréer Louis XVIII, à lui alléger la fatigue de la signature, et il lui parle trop au long des affaires : « Le roi ne voyait guère en moi, dit-il, qu’un ouvrier robuste qui avait fait son apprentissage sous un méchant maître. » On lui retire le ministère de l’intérieur pour le mettre à la direction générale de la police, à laquelle il est assez peu propre.
Je distinguerai dans les ouvrages de tout grand auteur ceux qu’il a faits selon son goût propre et son faible, et ceux dans lesquels le travail et l’effort l’ont porté à un idéal supérieur. […] Pourtant, dès qu’Antiochus s’est enhardi à parler pour son propre compte, elle sait l’arrêter d’une parole vibrante et fière : on sort du ton de l’élégie ; la note tragique se fait sentir.
L’érudition est très propre à développer en nous l’esprit de détachement, la pitié, la bonté. […] Qui sait où nous serions parvenus, laissés à notre propre mouvement ?
Tel est l’esprit qui appartient en propre à Dominique, car, par la suite, Regnard, Dufresny, Fatouville, etc., lui en prêtèrent du plus vif et du meilleur. […] Il loue sa propre vertu et sa chasteté.
Ils prirent à témoin de leur joie éphémère Un ciel toujours voilé qui change à tout moment Et des astres sans nom que leur propre lumière Dévore incessamment. […] Il semble, par suite, que l’évolution se résolve en une série de mouvements qui reviennent sur eux-mêmes ; qu’elle soit, dès lors, la négation de tout progrès ; qu’elle aboutisse à ces ricorsi, à ces retours périodiques au même point dont parlait jadis Vico ; qu’elle puisse être figurée par un serpent qui se mord la queue, par un cercle où elle chemine et tourne en repassant incessamment sur la trace de ses propres pas.
Au lieu de nous rendre ce récit dans les termes mêmes plus qu’à demi légers, plus qu’à demi narquois, et avec le sel de l’original, il a voulu le traduire dans sa propre langue, il y a mêlé une élégance trompeuse ; il parle en un endroit de la désolation que la volonté d’un père « porta dans le cœur de la malheureuse Henriette (Mlle de Joyeuse) » ; enfin, il attendrit un peu trop le récit de Tallemant et y répand ce que j’appelle une teinte du style de Louis XVI, ce qui est le plus loin du ton de cette régence de Mazarin. […] Ainsi, au tome III de ses Mémoires sur Mme de Sévigné, s’il veut nous raconter l’histoire de cette séduisante et fragile marquise de Courcelles, au lieu de lui emprunter les expressions incomparables de sa propre confession, il les traduit, il les polit, il les modernise, c’est-à-dire il les altère ; il ne paraît pas croire avec Paul-Louis Courier que la moindre femmelette de ce temps-là écrit et cause mieux qu’un académicien de nos jours.
Résultat : il ne restera plus à la fin que les chenilles vertes, — et Fénelon admirera la Providence qui leur a donné la couleur la plus propre à les conserver. […] Nous pouvons admettre cette loi de Bain et de James Ward : « Un mouvement pénible tend, par l’intermédiaire de la peine, à sa propre suppression. » C’est là le premier germe de la finalité appétitive, le premier but distinct qu’un animal a poursuivi avec une conscience plus ou moins vague.
Il fait sentir, avec ce stile enchanteur & persuasif qui lui est propre, combien elles nuisent à un prédicateur. […] Personne n’étoit plus propre que lui à battre en ruine les systêmes des esprits forts ou des hérétiques : aussi fut-il employé pour la conversion des huguenots.
Il faudrait, par exemple, choisir chez ces races sauvages et infirmes un enfant à la mamelle, et, le transportant en Europe, l’instruire à la manière des nôtres et voir s’il pourrait s’élever au niveau de nos propres enfants. […] Vogt s’étonne que certains listes, ne considérant que les différences corporelles, trouvent à peine de quoi faire du genre humain une famille distincte, tandis qu’à considérer les différences morales et intellectuelles ils en feraient volontiers un règne à part ; mais c’est précisément cette antinomie qui doit étonner et faire réfléchir tous ceux qui n’ont pas de parti-pris, et n’ont pas pour leur propre système cette foi aveugle qu’ils reprochent aux autres.
Au lieu de donner six mois et plus à l’étude de la logique et de la métaphysique, et au bel art de l’argumentation, je crois qu’on ferait beaucoup mieux de s’appliquer tout de suite aux mathématiques, dont c’est le propre de rendre le raisonnement plus exact et l’esprit plus juste. […] Vue excellente, propre à perfectionner la police, vue honorée de toute mon approbation !
Je regrette de ne pouvoir citer dans son intégralité, car c’est ainsi qu’elle vaut, la page 222 sur le style et le talent de Sterne, et le passage sur les deux espèces d’imagination chez les hommes de génie : celle qui éjacule et celle qui se concentre ; celle qui invente par sa propre virtualité et celle qui, pour inventer, se souvient. […] Le Koran n’ajoutera pas une modeste obole au bagage de trésors que Sterne porte devant la postérité, et ne mettra pas un rayon de plus autour de cette tête pâle et pensive, qui n’a pas besoin d’une auréole ; — qui, comme le marbre dans un coin obscur, s’éclaire de sa propre blancheur et brille à l’écart, un peu solitaire, parmi les grandeurs littéraires de sa patrie, d’un éclat si étrangement doux !
Mais aussitôt qu’elle l’a produite, c’est une unité riche de ses propres fruits, dans laquelle se rencontrent la multiplicité, la variété, la vie », etc., etc. […] Peu à peu il éprouvera de l’horreur pour ses anciennes opinions ; quand il relira ses propres livres, il ne voudra pas les reconnaître, il ne pourra se persuader qu’il ait professé une philosophie si « détestable. » Il supprimera sans le dire une phrase décisive ; il interprétera les autres comme il pourra ; il se réfugiera derrière l’obscurité des termes ; il fera croire au public qu’entre ses deux philosophies, il n’y a qu’une différence de style.
Son plaisir propre n’est absolument ni d’aimer, ni de goûter la musique, mais de cristalliser à propos de l’amour et de la musique. […] À l’état naissant ou faible, les deux cristallisations peuvent se confondre : ainsi le débutant ou la femme de lettres raconteront avec candeur dans un roman toute leur propre aventure amoureuse, cristallisée directement.
Si donc, en célébrant les grands hommes, vous voulez être mis au rang des orateurs, il faut avoir parcouru une surface étendue de connaissances ; il faut avoir étudié et dans les livres et dans votre propre pensée, quelles sont les fonctions d’un général, d’un législateur, d’un ministre, d’un prince ; quelles sont les qualités qui constituent ou un grand philosophe ou un grand poète ; quels sont les intérêts et la situation politique des peuples ; le caractère ou les lumières des siècles ; l’état des arts, des sciences, des lois, du gouvernement ; leur objet et leurs principes ; les révolutions qu’ils ont éprouvées dans chaque pays ; les pas qui ont été faits dans chaque carrière ; les idées ou opposées ou semblables de plusieurs grands hommes ; ce qui n’est que système, et ce qui a été confirmé par l’expérience et le succès ; enfin tout ce qui manque à la perfection de ces grands objets, qui embrassent le plan et le système universel de la société. […] Méditez donc sur l’âme et le génie de celui que vous voulez louer ; saisissez les idées qui lui sont propres ; trouvez la chaîne qui lie ensemble ou ses actions ou ses pensées ; distinguez le point d’où il est parti, et celui où il est arrivé ; voyez ce qu’il a reçu de son siècle, et ce qu’il y a ajouté ; marquez ou les obstacles ou les causes de ses progrès, et devinez l’éducation de son génie.
La physiologie est la science de la vie ; elle décrit et explique les phénomènes propres aux êtres vivants. […] Son point de vue, son but, ses méthodes, en font une science autonome et indépendante ; c’est pourquoi elle doit avoir des moyens propres de culture et de développement. […] Dans la première période, la physiologie n’existe pas à l’état de science propre ; elle est associée à l’anatomie, dont elle semble être un simple corollaire. […] Lorsque le milieu intérieur, c’est-à-dire l’ensemble des liquides circulants se refroidit, chaque élément en contact avec le sang s’engourdit pour son propre compte, révélant ainsi son autonomie et les conditions de son activité propre. […] Cependant nous reconnaissons qu’il existe dans les êtres vivants des phénomènes vitaux et des composés chimiques qui leur sont propres.
Il peint avec les moyens propres de son art, qui sont des harmonies verbales, des rencontres de sons et des combinaisons de coupe. […] Style toujours distant, et sur lequel l’intention demeure comme une lumière qui lui est propre, formellement présente. […] Voltaire adorait le théâtre, pleurait aux pièces des autres, à ses propres pièces, s’y donnait plus, corps et âme, qu’à sa correspondance. […] Ce songeur était-il dans son propre secret ? […] … ) et même un mouvement pur qui se confond avec l’extrême vibration du mouvement propre au théâtre.
Cette race n’était pas aussi totalement éteinte qu’il le croyait, puisqu’il traçait là, sans y songer, son propre portrait.
L'exemple de l’Angleterre, qui fut bien plus longue à affermir et surtout à ennoblir son gouvernement représentatif au commencement du dernier siècle, est propre à inspirer de la patience ; on en est en France au Robert Walpole : qui sait ?
L’esprit, à les vouloir servir, perdrait ses peines ; ils ont des côtés fermés ; ils sont sourds à tout ce qui n’est pas eux et l’écho de leur propre pensée.
Un soir que le public s’était retiré, que les derniers rayons mourants éclairaient encore la serre, que les calices qui s’ouvrent de jour n’étaient pas encore fermés, et que ceux qui attendent la nuit pour éclore commençaient déjà à s’entr’ouvrir, à cette heure charmante, les plus nobles des fleurs rapprochées et faisant cercle vers le haut de la serre se mirent à rêver, à s’enivrer de leurs propres parfums, et à causer entre elles dans la langue des fleurs.
Le volume qu’il publie contient ses propres impressions et les cantiques de son cœur dans la solitude d’un veuvage que remplit un souvenir aimé.
On n’en tirera une véritable utilité que si l’on se condamne au labeur pénible de convertir il chaque moment l’image en idée, le symbole en abstraction, de passer de la métaphore au mot propre, enfin si l’on refait en sens inverse le chemin déjà parcouru.
… Je laisse de côté les agréments prévus que nous réservent les six mois de la fête : la mêlée meurtrière des voitures et des piétons le long des boulevards — déjà impraticables aujourd’hui de cinq à sept heures ; pas un fiacre libre, plus une place dans les restaurants ni dans les brasseries ; l’enchérissement de toutes les choses nécessaires à la vie ; le Parisien accablé de maux, dépossédé de Paris, outlaw dans sa propre ville envahie par les barbares… Le dehors te fait peur : si tu voyais dedans !
René Ghil n’avait pas faussé comme à plaisir son talent et son instrument, il aurait pu être ce poète, celui qui dit au vaste peuple sa propre pensée, qui clarifie ses obscurs désirs.
Gustave Kahn Sans doute, Rimbaud était au courant des phénomènes d’audition colorée ; peut-être connaissait-il par sa propre expérience ces phénomènes.
Il a dit quelque part : « Chaque âme individuelle est une formule énergique qui contient l’Univers. » Il est peut-être à la veille de savoir que nous ne devons songer qu’à notre propre harmonie intérieure et que le reste nous sera donné par surcroît.
Il établit chez lui une espece d’Académie, où l’on agitoit des questions de Littérature, propres à faire naître l’émulation de tous les gens d’esprit qui y assistoient.
Raffaëlli, dominé d’une sympathie humaine qui est belle en soi et qui vivifie son grand talent, voudrait borner cet art à nous donner de notre race et de nos contemporains, une série d’effigies caractéristiques, propre à nous les faire connaître intimement et par conséquent aimer, admirer, ou haïr et ridiculiser.
Les Confrères de la Passion ayant loué une salle à l’hôpital de la Trinité, élevèrent un théâtre propre à ce genre de représentations qu’ils donnèrent au peuple les jours de fête.
Conduisez le peuple au théâtre : ce ne sont pas des hommes sous le chaume, et des représentations de sa propre indigence qu’il lui faut : il vous demande des grands sur la pourpre ; son oreille veut être remplie de noms éclatants, et son œil occupé du malheur de rois.
Avec quelle naïveté passionnée le malheureux amant ne fait-il point la peinture de sa propre laideur ?
C’est pourquoi les poètes ont mieux réussi dans la description des enfers ; du moins l’humanité est ici, et les tourments des coupables nous rappellent les chagrins de notre vie ; nous nous attendrissons sur les infortunes des autres, comme les esclaves d’Achille, qui, en répandant beaucoup de larmes sur la mort de Patrocle, pleuraient secrètement leurs propres malheurs.
Il l’aveugle, il la précipite, il la confond par elle-même : elle s’enveloppe, elle s’embarrasse dans ses propres subtilités, et ses précautions lui sont un piège… C’est lui (Dieu) qui prépare ces effets dans les causes les plus éloignées, et qui frappe ces grands coups dont le contrecoup porte si loin… Mais que les hommes ne s’y trompent pas : Dieu redresse, quand il lui plaît, le sens égaré ; et celui qui insultait à l’aveuglement des autres, tombe lui-même dans des ténèbres plus épaisses, sans qu’il faille souvent autre chose pour lui renverser le sens, que de longues prospérités. » Que l’éloquence de l’antiquité est peu de chose auprès de cette éloquence chrétienne !
Renvoyez-moi ces gens-là à l’endroit où notre poète fait dire à un monarque sur le point d’abandonner au couteau d’un prêtre sa propre fille : Encor si je pouvais, libre dans mon malheur, Par des larmes au moins soulager ma douleur !
C’est assez que d’avoir à répondre de ses propres fautes à la postérité.
Pour l’abbé Cadoret, César, c’est le nom donné par Jésus-Christ et par l’Église au pouvoir temporel, sous cette grande forme monarchique qui lui est propre, toute autre forme politique n’étant jamais qu’une dégradation ou un affaiblissement du pouvoir ; et c’est ce pouvoir temporel, dans sa généralité la plus haute et quels que soient ses instruments ou ses manifestations sur la terre, que Cadoret s’est donné la mission de défendre contre ses plus dangereux ennemis.
Tel était son tempérament : nous souffrons de ses limites, mais tout de même acceptons avec reconnaissance une manière de voir dont il a tiré une méthode si propre à nous former.
Lorsque les Phéniciens étaient menacés par quelque grande calamité, leurs rois immolaient à Saturne leurs propres enfants (Philon, Quinte-Curce).
Mais ces deux poèmes qui nous sont parvenus, nous forcent de n’admettre cette opinion qu’à demi, et de dire qu’Homère a été l’idéal ou le caractère héroïque du peuple de la Grèce racontant sa propre histoire dans des chants nationaux.
La société a sa manière d’être qui lui est propre, donc sa manière de penser 3 ». […] Celle-ci va trébucher sur l’obstacle qu’elle se trouve avoir placé sur son propre chemin. […] Au propre et au figuré, ils font la pluie et le beau temps. […] Demandons à notre propre conscience, débarrassée de l’acquis, rendue à sa simplicité originelle, comment elle réplique à une agression de la nature. […] Peut-on considérer comme un dieu le génie ou le démon propre a un individu ?
Ont-elles une essence propre, des caractères fixes ? […] D’autres aussi jeunes et déjà plus originaux, expriment leur propre idéal. […] La langue n’appartient pas en propre aux lettrés. […] Cette maxime ne lui appartient pas en propre : elle est courante parmi les poètes. […] Sans doute il a un délicieux tour qui lui est propre.
Quand Sainte-Beuve appelle, vulgairement, Chateaubriand un homme à bonnes fortunes, Sainte-Beuve le voit à travers son propre désir. […] Aux Germains de se créer une littérature conforme à leur propre antiquité ! […] L’idée du nouveau pouvoir spirituel nécessaire à l’humanité dans la vie nouvelle où la Révolution la pousse, voilà la création propre de Saint-Simon, transmise par lui à Auguste Comte et Renan. […] Nous admettons aujourd’hui que l’individualité propre de chaque homme, de chaque femme, puisse devenir un élément de Valeur et d’intérêt littéraire. […] Il est de ces hommes étranges, qui, selon sa propre expression, enivrent l’histoire.
Son scepticisme est plutôt absence de foi et de croyances propres, qu’hostilité aux croyances et à la foi communes. […] Comparez cela à l’influence du théâtre qui, chaque soir, en mille lieux à la fois, parle à une multitude toujours nouvelle et toujours attentive ; et qui, montrant partout la nature humaine dégradée et avilie, avilit et dégrade l’homme dans sa propre pensée et dans sa propre estime ! […] C’est de sa propre nature que dérivent les devoirs qui l’enchaînent, et tant qu’il n’aura pas dépouillé sa nature, les mêmes devoirs le suivront partout. […] Surtout, quelle thèse propre à passionner les esprits, à enflammer les convoitises ! […] C’est le propre des maladies de l’imagination d’être éminemment contagieuses ; et, si étrange que fût celle-là, on a peine à croire quels progrès elle fit dans les esprits.
Le prince de Danemark s’entoure de comédiens et de comédiennes à qui il enseigne les premiers éléments de leur art, qu’ils ignorent ; il est à lui-même son propre bouffon ; il rit aux éclats de cette parodie qu’il joue tout bas et qui sera sanglante. […] Sganarelle glane pour son propre compte dans le gaspillage de don Juan ! […] Dimanche lui-même me fait peur et m’épouvante pour votre propre compte, Monseigneur ! […] Et voilà de quels respects nous entourons notre propre histoire ! […] » Et moi, je vous réponds que le roi Louis XIV n’a jamais tenu un pareil langage à une abbesse, dans son propre couvent, et qu’en tout cas, si jamais le roi eût tenu ce discours, il ne l’aurait pas tenu avec dignité !
Cependant, il dit dans ses mémoires que « la mort de Jérusalem, occasionnée par sa malheureuse passion pour la femme d’un ami, l’éveilla comme d’un songe et lui fit faire avec horreur un retour sur sa propre situation. » Mais, dans ses mémoires, il entendait ceci d’un commencement de passion plus récente qu’il croyait éprouver pour la fille de Mme de La Roche, la même personne qu’il avait vue il y avait peu de temps à Coblentz, et qui venait de se marier à Francfort. […] L’artiste sain, vigoureux, généreux, avait substitué à sa propre méthode de guérison dont il gardait le secret, une solution maladive et banale à l’usage du vulgaire. […] Autrefois, c’étaient mes propres sentiments ; maintenant ce sont en outre les embarras d’autres personnes que je dois supporter et arranger.
Cette dévotion éloquente, cette invocation au christianisme du sein d’une carrière d’honneurs, de combats politiques ou de plaisirs, cette rêverie sauvage, cette mélancolie éternelle de René se reproduisant au sortir des guirlandes et des pompes, ces cris fréquents de liberté, de jeunesse et d’avenir, dans la même bouche que la magnificence chevaleresque et le rituel antique des rois, c’en était plus qu’il ne fallait pour déconcerter d’honnêtes intelligences qui chercheraient difficilement en elles la solution d’un de ces problèmes, et qui prouveraient volontiers, d’après leur propre exemple, que l’esprit est matière, puisqu’il n’y tient jamais qu’une seule chose à la fois. […] comme il s’enorgueillirait de sa propre vue et de son aspect inexorable ! […] Chacun reconnaîtra dans ces tableaux quelques traits de sa propre enfance.
Une grande part du mauvais appartient donc bien en propre à la facture du maître, lequel n’était ici qu’un écolier. […] Un roi peut rimer et fredonner ses propres saillies, mais il ne s’amuse guère à traduire celles des autres11. […] Vous ouvrez Baïf, le plus infatigable translateur en vers et qui ne laisse rien passer des anciens sans le reproduire bien ou mal ; mais quelquefois il vous semble se reposer, il parle en son nom ; il a ses gaietés gauloises, on le jurerait, et ses propres gaillardises.
De plus, la création de plusieurs grands organes de publicité, portant avec soi d’amples informations et des discussions approfondies, établirait des courants utiles, assainissants, et qui seraient des plus propres à rejeter ou à remettre à leur place les futilités cancanières ou médisantes dont on se plaint. […] On se plaint souvent que la littérature actuelle ne soit pas plus forte, plus élevée, plus semblable à celle des siècles précédents, des grandes époques précédentes : je ne sais ce que ces plaintes ont de fondé ; nous sommes trop juge et partie peur avoir voix au chapitre dans la question ; mais, en admettant le fondé du reproche, comment voulez-vous que la littérature, la véritable, celle qui a son inspiration propre, celle qui n’est animée ni du désir du gain ni de l’ambition des honneurs, mais qui a sa verve naturelle, originale, son goût de fantaisie ou de vérité, et d’une vérité piquante et parfois satirique (car ce ne sont pas les sujets qui manquent), comment voulez-vous que cette littérature qui sacrifie tout à elle-même, à sa propre satisfaction, au plaisir de rendre avec art, avec relief, et le plus excellemment possible ce qu’elle pense, ce qu’elle voit et dans le jour sous lequel elle le voit, comment voulez-vous qu’elle ait toute sa vigueur, sa joie, sa fierté et son indépendance, si, à tout moment, l’écrivain qui tient la plume a à se faire cette question : « Aurai-je affaire ou non à messieurs du parquet, à messieurs de la police correctionnelle ?
………… Mais un jour que, plongé dans ma propre infortune, J’avais lassé le ciel d’une plainte importune, Une clarté d’en haut dans mon sein descendit, Me tenta de bénir ce que j’avais maudit, etc. « Le ton de la pièce change à partir de ce moment, et le poëte entre dans la sphère qui lui est propre. […] Elle me confondait avec sa propre vie, Voyait tout dans mon âme ; et je faisais partie De ce monde enchanté qui flottait sous ses yeux, Du bonheur de la terre et de l’espoir des cieux.
Certains critiques, en voulant trouver le sens historique de l’ouvrage de Rabelais et expliquer toutes ses énigmes, ont ajouté à ses obscurités celles de leurs propres contradictions. […] Il n’est guère de sujet dans lequel il n’ait vu ou indiqué la vérité qui était à dire ; mais comme si ce peu de sagesse le fatiguait, à peine sa raison commence-t-elle à s’intéresser à son objet, qu’il l’en détourne brusquement et, soit par une malice délibérée, soit par cet emportement qui lui est propre, il étouffe cette lueur sous un amas de folles imaginations. […] Les partisans de sa bouffonnerie, de sa verve burlesque, c’est-à-dire de ce qui n’est propre qu’à lui, se sont perdus en voulant l’imiter.
Un autre poète du temps, Jean Sirmond, dans d’excellents vers latins, salue en Balzac la personnification de l’éloquence : « Telle apparaîtrait, dit-il, l’Éloquence, heureuse de se faire voir sous ses propres traits, si elle descendait du ciel, soit pour accabler le crime, soit pour diviniser la vertu8. » Il peint l’étonnement de la cour, entendant cette parole si vive et ce qu’il appelle les miracles de la déesse de la persuasion. […] Est-ce pour ce mérite de composition qu’on le lit encore, ou pour quelques-uns des charmants caprices de la langue de son maître, conservés dans la sienne, et pour ses naïves infractions à ses propres règles ? […] Or, au seizième siècle, un mélange de rudesse gauloise et de grandeur imitée de Plutarque, la licence propre aux temps où la violence et le danger rendent la vie précaire, la corruption de l’Italie en décadence, formaient les mœurs de la cour, sur laquelle se modelait la nation.
II Avec la faculté que j’ai de suffire à mon propre bonheur et d’aimer par conséquent la solitude, la petite pension de la rue des Deux-Églises 23 eût été, en effet, pour moi un paradis, sans la crise terrible que traversait ma conscience et le changement d’assise que je devais faire subir à ma vie. […] Je vais m’examiner sur ces quatre points, non pour relever le moins du monde mes propres mérites, mais pour fournir, à ceux qui professent la philosophie du doute aimable, l’occasion de faire, à mes dépens, quelques-unes de leurs fines observations. […] La vieille politesse, en effet, n’est plus guère propre qu’à faire des dupes.
Le but de ces lignes est, simplement, de faire un peu mieux connaître Parsifal, en rassemblant les données historiques et critiques précises qui se rapportent à ce drame, et qui sont propres à en éclairer la signification. […] C’est pendant ce travail que, le jour du Vendredi Saint, 1857, grâce à un ensemble de circonstances fortuites, Wagner se ressouvint de la figure divine poétisée par lui dans son Jésus de Nazareth ; il entendit ce soupir de la plus profonde pitié qui, jadis, retentit de la croix sur Golgotha, et qui, aujourd’hui, s’échappe de notre propre poitrine » (R. […] et voilà que son propre acte se tourne contre elle-même, et c’est le suicide institué quand l’âme incarnée de Wotan, Brunnhilde, pense contre lui.
Il faudrait aussi admettre que Wagner fût allé à l’encontre de ses propres théories : « Dans le drame c’est par le sentiment que nous percevons… un sujet dramatique qui ferait appel tour à tour à l’intelligence et au sentiment serait un sujet sans cohésion, brouillé… le drame n’a qu’un seul but, agir sur le sentiment (IV, 97, 246, 253)… dorénavant deux chemins seulement s’ouvrent à la poésie ; ou bien elle peut quitter son domaine pour celui de l’abstraction, devenir philosophie, ou bien elle se confondra avec la musique… le langage de la musique ne peut être interprété selon les lois de la musique (VII, 150)… etc. » On pourrait m’objecter que dans ce cas spécial Wagner a oublié ces théories si clairement énoncées, si nous ne trouvions, dans ses propres œuvres, une preuve concluante du danger qu’il y a à vouloir voir des intentions philosophiques là où il n’y a qu’une œuvre d’art. […] L’Art joue dans son système un rôle important : « L’Art, dit-il, a connaissance de la véritable essence du monde, des idées (I, 217)… Il résout, mais d’une façon différente de la philosophie, le problème de l’existence… Dans les œuvres d’art toute sagesse est contenue, mais virtuellement ou implicitement (II, 461, 463)… » Et dans la Musique plus spécialement : « Les autres arts ne nous montrent que l’ombre, la Musique nous révèle l’essence des choses… La Musique est l’image de la Volonté elle-même (1, 303, 310)… Aucun autre art n’exerce sur l’homme une action aussi immédiate, aussi profonde, car nul ne nous fait pénétrer aussi profondément dans l’essence même du monde (Fragments, 373)… etc. » Ce sont là les propres pensées de Wagner avant qu’il ne connût Schopenhauer.
Or, cette altération de son être, cet amollissement d’un esprit qui eût pu aisément rester ferme, bien des choses tristes, bien des choses de ce temps les auront causées ; et parmi elles, il faut signaler l’excès de la production et l’abus de sa propre pensée, mortels à tant d’autres esprits. […] La société du xviiie siècle, à laquelle il eût résisté, s’il ne l’avait vue que dans les doctrines de ses philosophes, l’a enivré de sa propre ivresse, de ses manières, de son esprit et jusque de ses costumes, et le grave historien a écouté le chant de la trompeuse Sirène qui, depuis, l’a fait si tristement naufrager ! […] Les légendes de la calomnie, car elle a ses légendes, sont des médailles frappées à notre propre image.
On acquiert, entre autres, la certitude qu’il y a parmi les ouvrières, à côté des vices, des travers, des imperfections propres à leur condition ou communes à l’humanité, des trésors d’énergie, de délicatesse et de poésie. […] N’est-ce pas évident, quand le romancier entreprend, comme il est si souvent arrivé, de raconter sa propre histoire et, plus spécialement, son enfance ? […] Mais j’ai pour excuse la nécessité même, car, dans un problème si délicat, il est impossible de parler d’après l’expérience des autres, et nul ne saurait noter avec certitude la marche de pareilles idées, si ce n’est dans son propre esprit.
C’est cet important facteur de toute œuvre humaine, la personnalité propre et spéciale de l’individu, que la théorie nouvelle a le grand tort de méconnaître, c’est là même au fond le facteur essentiel dans tous les ouvrages de l’esprit. […] Sa fille, innocente, est condamnée à mort, et si, dans une conversation suprême, elle découvre que son père est l’assassin de sa sœur et l’auteur de sa propre mort, ce n’est pas elle qui le dénoncera. […] Quand il aura péri sous ses propres excès et n’appartiendra plus qu’à l’histoire, les critiques feront alors du récit de sa grandeur et de sa décadence un curieux chapitre des livres que lira le xxe siècle.
Chacun d’eux faisait ce qui lui plaisait ; les mœurs républicaines les avaient habitués à n’obéir qu’à leur volonté propre, ou au vote auquel ils prenaient part. […] S’il la juge, ce n’est point pour dire qu’elle est belle ou laide, mais pour montrer qu’elle est propre ou impropre à un tel emploi. […] Le cœur est demeuré généreux et juste. « On m’a décerné, dit-il, le prix du courage à Potidée ; c’est Socrate qui le méritait, il m’a sauvé. » Enfin, il avoue le plus franchement du monde sa propre folie et ses propres misères, et par quelle faiblesse il flotte sans cesse entre les deux extrêmes. […] Il en est ainsi d’un bout à l’autre de l’histoire : chaque siècle, avec des circonstances qui lui sont propres, produit des sentiments et des beautés qui lui sont propres ; et, à mesure que la race humaine avance, elle laisse derrière elle des formes de société et des sortes de perfection qu’on ne rencontre plus. […] Le propre d’une aristocratie est d’agir ensemble et d’avoir pour but l’indépendance et l’empire.
En vérité, il est temps de fermer le vocero du cercueil qui vient et de chercher d’autres sujets d’élégie que celui de notre propre anéantissement. […] Parce que le libéralisme avait empoisonné les hommes d’ordre et mis l’autorité légitime en défiance contre son propre droit. […] S’occupant de la hiérarchie des travaux humains, il commence par nier le propre de l’homme et rebute ainsi les mieux disposés. […] Il va jusqu’à rire de sa propre mort. […] Cette Tanagra était une jeune personne assise, censée nue, dans le saindoux onctueux de ses propres formes, n’appartenant à aucune catégorie du corps féminin.
Parfois, les historiens de la peinture parlent de leurs sujets en un style propre à effrayer tous ceux qui gardent encore quelques soucis esthétiques. […] Toutes ces universités ont des cris de guerre, qui leur appartiennent en propre. […] Cela consiste à mettre les messire devant les noms propres et moult devant adjectifs. […] Quelle joie, pour un jeune homme amoureux de science et de vie que de voir, avec ses propres yeux, des lignes d’écriture, tracées par la main de ce grand homme ! […] Il rejetonne en branches davantage Et prend vigueur dans son propre dommage.
Dans la première il se borne à montrer que mes conclusions sont trop absolues et qu’on peut y opposer quelques considérations propres à les affaiblir.
Enfin, les caractères passionnés ne sont jamais susceptibles de ce qu’on appelle l’égoïsme, c’est bien à leur propre bonheur qu’ils tendent avec impétuosité ; mais ils le cherchent au-dehors d’eux, mais ils s’exposent pour l’obtenir, mais ils n’ont jamais cette personnalité prudente et sensuelle qui tranquillise l’âme, au lieu de l’agiter.
Mais ce qui est propre à certains poèmes, ce qui les marque d’un caractère à part, c’est la prédominance d’une sorte de piété attendrie, de vénération filiale pour la Nature.
Le Parti Philosophique, dont il est un des Sous-Chefs, a mis ses Eloges de plusieurs Membres de l’Académie des Sciences bien au dessus des Eloges de Fontenelle, parce qu’il est d’usage parmi les Philosophes de ne louer que par comparaison & par intérêt : mais les Littérateurs, que l’esprit de parti n’aveugle point, trouvent que les Eloges du Secrétaire actuel ne sont propres qu’à faire mieux sentir le mérite de ceux de son prédécesseur.
C'est méconnoître les grands talens, mépriser son Siecle, ôter à son jugement toute espece d'autorité, décrier ses propres sentimens, que de prétendre affoiblir une gloire qui ne déplaît peut-être à son détracteur, que parce qu'elle paroît plus solidement établie que la sienne.
Croit-on, au reste, que ce soit abaisser la peinture que de la réduire à son domaine propre, ce domaine que lui ont conquis le génie de ces palettes immortelles : Véronèse, Titien, Rubens, Rembrandt, Vélasquez, grands peintres, vrais peintres !
Les vains simulacres attachés aux êtres insensibles s’évanouirent, et les rochers furent bien plus réellement animés, les chênes rendirent des oracles bien plus certains, les vents et les ondes élevèrent des voix bien plus touchantes, quand l’homme eut puisé dans son propre cœur la vie, les oracles et les voix de la nature.
Ce livre est une preuve des connoissances de son auteur ; mais il n’est pas propre peut-être à tirer le commun des lecteurs de leur ignorance.
Que te faut-il de plus que ton propre suffrage et le nôtre ?
Ce que l’on peut dire touchant les poëmes de grande étenduë, se trouve déja dans le traité du poëme épique par le pere Le Bossu, dans la pratique du théatre par l’abbé D’Aubignac, comme dans les dissertations que le grand Corneille a faites sur ses propres pieces.
La profession de l’art en impose même tellement à bien des personnes, qu’elles étouffent du moins durant un temps leur propre sentiment pour adopter l’avis des gens du métier.
On sçait que plusieurs peintres se sont trompez sur leurs propres ouvrages, et qu’ils ont pris quelquefois une copie pour l’original qu’eux-mêmes ils avoient peint.
Albatat doit l’avouer lui-même, puisqu’il reconnaît que Télémaque est mal écrit… « (Non seulement nous l’avouons mais l’avons déclaré en propres termes, et nous en avons nettement prévenu nos lecteurs.
Ni vous ni moi nous ne pouvons savoir ce que vous trouverez, ce qui en résultera, et je n’ai jamais prétendu, corrigées ou non, que vos pensées vaudront celles des grands écrivains ; je suis seulement convaincu qu’il n’y a pas d’autre moyen de perfectionner ses dons naturels et de mettre en œuvre son propre talent.
La première est d’ailleurs sortie d’un effort collectif, tandis que la seconde reflète le génie propre d’Einstein.
De la sagesse philosophique que l’on a attribuée à Homère Nous accorderons, d’abord, comme il est juste, qu’Homère a dû suivre les sentiments vulgaires, et par conséquent les mœurs vulgaires de ses contemporains encore barbares ; de tels sentiments, de telles mœurs fournissent à la poésie les sujets qui lui sont propres.
Grâce à l’ordre, à la paix, aux traités de commerce, Napoléon III apprit à la France sa propre richesse. […] Ainsi nous nous sommes trouvés faibles, désavoués par notre propre pays. […] Des qu’elle agissait à l’étranger, elle ne pouvait servir que son propre principe, le principe des nations libres, composées de provinces libres, maîtresses de leurs destinées. […] Les grandes villes, enfin, sont des personnes morales, ayant un esprit propre. […] L’Angleterre pratique ce genre de colonisation dans l’Inde, au grand avantage de l’Inde, de l’humanité en général, et à son propre avantage.
Il a l’air de sa propre image modelée et peinte par un maître. […] C’est un beau sujet et propre à remplir la longue paix des soirs. […] Sixte à brûler ses livres parce qu’un misérable y a trouvé peut-être des excitations à sa propre perversité. […] Nous aurons des sens ; mais ils seront puissants et exquis et propres à nous donner peu de souffrance avec beaucoup de plaisir. […] Mais chaque fois que nous admirons l’immensité des cieux, il faut admirer en même temps notre propre petitesse : la grandeur de l’univers en dépend.
Lui-même en propres termes nous avoue qu’il eût choisi cette ville natale. […] Que le peuple y voie, y écoute sa propre pensée, s’y nourrisse de sa jeune foi ! […] Recueillons son propre témoignage et voyons dans quelles dispositions en 1820 un jeune homme, un étudiant, se préparait au plus noble des métiers, à l’art d’écrire. […] Le voilà qui croit au triomphe de la raison, de la justice, comme à sa propre existence. […] Ces divinités indulgentes, toujours près de lui, jeunes, imprévoyantes comme lui, nées de l’Hymne, le rassuraient constamment sur sa propre destinée ; il s’endormait sous leurs regards.
Il serait temps que je disse quelque bien de ce qui fut, selon Rabelais, « le propre de l’homme ». […] Mais, comme tout Anglais, il est admirable collectionneur de faits, et ce qui n’est pas le propre de tout Anglo-Saxon, il les présente en ordre excellent. […] Il est parfaitement vrai qu’il n’y a rien de plus comique que ce qui se produit lorsque le personnage est comique à ses propres yeux, soit dans la réalité, soit dans la comédie. […] Il est assez rare, cependant, que l’on ait, sur un épisode important de la vie de quelqu’un, un témoignage formel de son propre neveu. […] Henri Lavedan, peut-être la police aurait-elle pu le tolérer ; mais il était bien « au propre » ; et M.
Si vous rencontrez un intestin propre à digérer de la chair seulement et de la chair récente, l’animal a des mâchoires construites pour dévorer une proie, des griffes propres à la saisir et à la déchirer, des dents propres à la couper et à la diviser, un système d’organes moteurs propres à l’atteindre, des sens capables de l’apercevoir de loin, l’instinct de se cacher pour la surprendre, et le goût de la chair. […] § II. — Méthode pour trouver l’intermédiaire explicatif I Laissons aux logiciens le soin de poursuivre dans tous les détails les propriétés du syllogisme et les rapports obligés de ses propositions ou de ses termes ; ce ne sont là que les curiosités de la science ; l’essentiel pour l’esprit est de savoir quels sont les traits propres et l’emplacement exact de l’intermédiaire explicatif, afin de pouvoir le chercher, le trouver et le reconnaître. […] Toute son œuvre propre consiste à les combiner à sa façon, sans s’inquiéter de savoir si dans la nature il y a des cadres réels qui s’adaptent à ses cadres mentaux, si quelque sphère ou ellipse effective correspond à la sphère ou à l’ellipse idéale. — Reste donc une seule différence pour séparer nos composés artificiels des composés naturels ; les premiers sont plus simples et les seconds plus compliqués ; la ligne droite d’Euclide est plus simple que la ligne imperceptiblement infléchie que décrit un boulet pendant le premier mètre au sortir du canon ; l’ellipse un peu bosselée que trace une planète est plus compliquée que l’ellipse géométrique.
Subtil, il fut le pédagogue civilisé et précieux qui nous enseigna les douloureuses joies de notre propre agonie, le dilettante de la mortification. […] C’est ainsi que Paul Bourget ne s’intéressera qu’à quelques mondains bien doués, et que Maurice Barrès — qui est plus délicat — ne trouvera sa suffisance que dans son propre miroir. […] Il substitua son propre triomphe aux fins de l’univers. […] Il en est de même de ces frissonnantes Cantilènes où des poètes font retentir, en paroles scandées, le rythme tumultueux de leur propre existence. […] Et les autres que repoussent les peuples, passent au milieu d’eux comme des voyageurs… » À l’instar des autres hommes, les poètes qui expriment les merveilles ignorées de notre propre beauté sont soumis aux universels destins ; ils ne peuvent exprimer que certains sites, que des objets déterminés.
Et dans un autre endroit n’a-t-il pas ajouté que le Seigneur, Dieu des dieux, voyant que les êtres soumis à la génération avaient perdu (ou détruit en eux) le don inestimable, avait déterminé de les soumettre à un traitement propre tout à la fois à les punir et à les régénérer ? […] Et il oubliait qu’il écrivait ces appels à la persécution dans le sein d’un empire et d’un culte grecs, où le prélat et le souverain auraient eu, d’après ses propres invocations à la tyrannie des esprits et des consciences, le devoir de le supplicier lui-même comme voleur domestique, car il ne cessait pas de prêcher à haute voix l’orthodoxie romaine au milieu de l’hérésie grecque ! […] À son arrivée à Turin il sentit, sans pouvoir se le persuader, qu’il ne serait plus qu’une illustration honorée, mais importune, offusquant son propre gouvernement. […] Le comte de Maistre fut un de ces hommes qui présument trop de leur propre infaillibilité et que la Providence punit dans leur mémoire d’avoir trop empiété sur ses mystères.
On ne pouvait pas dire non plus à quel âge on l’aurait mieux aimée, car chacune des années qu’elle avait traversées semblait avoir laissé une beauté propre à la saison de la vie qui apporte et remporte quelque chose à la femme ; en sorte qu’on ne voyait pas en elle une date, mais une permanence de la beauté accomplie. […] C’était l’époque où madame Récamier, cherchant à amuser l’inamusable M. de Chateaubriand avec les hochets de sa propre gloire, faisait lire chez elle devant lui, et devant un auditoire trié avec soin, la tragédie de Moïse, essai dramatique du grand écrivain ; c’était l’époque aussi où M. de Chateaubriand faisait confidence de quelques pages de ses Mémoires secrets à quelques-uns de ses contemporains d’élite dans le salon ouvert à un seul battant de son amie ; on invitait à ces solennités un aussi grand nombre de privilégiés que l’exiguïté de l’appartement en pouvait contenir. […] Malgré la faiblesse et la monotonie de sa propre voix, l’effet fut plus saisissant, mais non plus heureux. […] Marie-Antoinette s’extasia sur cette ravissante figure ; elle la compara à celle de sa propre fille (depuis madame la duchesse d’Angoulême, captive du Temple), du même âge que Juliette Bernard et d’une figure trop tôt flétrie par des deuils éternels.
La mise en scène ne sera pas luxueuse, mais propre ; on ne réclamera pas un ballet. […] » S’étant ainsi confirmé dans son propre sentiment, Wagner se remit à discuter avec son ami, et avec plusieurs autres qui avaient également condamné Lohengrin. […] Une seule chose nous restera dans l’esprit, dominant le tumulte du Drame : la figure de ce farouche Coriolan dont la fierté est en lutte avec la voix intérieure de sa conscience, voix qu’appuie, plus haut encore et plus puissamment, la propre Mère de Coriolan ; et, de tout le développement dramatique, une seule vision nous restera, la victoire de cette voix sur la fierté du héros, le brisement de la résistance d’une âme forte surnaturellement. […] Maintenant, si nous suivons avec attention la direction et le développement de ces motifs dans leur opposition mutuelle et dans leur caractère musical ; si nous laissons agir sur nous, pleinement, les détails purement musicaux constitués par les rapprochements, les séparations et les élévations de ces deux motifs ; nous suivrons, en même temps, un drame qui, dans son expression propre, contient tout ce que l’œuvre du dramaturge a pu nous donner seulement par le moyen d’une action complexe, et l’addition de personnages moins importants.
Parce qu’il est celui de tous ces genres de poésie qui se suffit le moins à lui-même, qui vit le moins de sa propre substance, et qui emprunte le plus de secours matériels aux autres arts pour produire son effet sur les hommes. […] Dépouillé, proscrit par sa propre démence, réduit à un seul manteau pour tout bien, Nala s’enfuit au fond des forêts. […] Dépouillé de ton empire, dépouillé de ta fortune, sans vêtements, sans nourriture, dévoré par la faim, par la soif, tu veux que je t’abandonne dans ce dénuement, au milieu de ce désert, et que je songe à mon propre salut ? […] » Damayanti, rassurée, conjure son époux de se rendre avec elle dans le royaume de son propre père, qui leur donnera asile.
Or, tout avait concouru aussi, dans les mœurs et dans les règnes, à enrichir la langue française d’alluvions d’idiomes ou antiques ou modernes, qui la rendaient propre à devenir à son tour monumentale. […] C’était Molière qui avait fait représenter les premières tragédies de son ami sur son propre théâtre, en répondant, pour ainsi dire, au public, de la chute ou du succès de ces tragédies. […] Mais l’intérêt de la religion était tellement confondu dans sa pensée avec l’intérêt de Mme de Maintenon et avec sa propre gloire, qu’il était servile, adulateur et ingrat en conscience, et que son caractère était corrompu par son zèle pour le trône et pour la foi. Terrible leçon pour les hommes qui consultent, dans leurs actes, leur esprit de parti, au lieu de consulter l’infaillibilité de leur propre cœur.
On sent que là Stendhal est dans le domaine qui est le sien et qu’il fait son métier propre. […] A la vérité, si l’électeur populaire a peu de goût pour le candidat cultivé, il n’en a presque aucun pour le candidat appartenant à sa propre classe. […] Une démocratie soucieuse de ses intérêts plus que de ses passions pourrait peut-être faire dans son propre sein de la magistrature une sorte de classe factice. […] Seulement il le fut davantage dans les commencements, et de choses plus éloignées de lui ; moins dans la suite, et de choses plus conformes à sa nature propre. […] Sainte-Beuve, lui, est sceptique, Jusqu’à ses propres autels, inclusivement.
L’Institut est un corps de l’État : les pensées, les opinions de chacun de ses membres sont diverses et libres ; mais chaque président, chaque secrétaire perpétuel, portant la parole dans les séances publiques au nom de la compagnie qu’il représente, ne parle plus en son nom propre, et s’il lui arrive de froisser à dessein les opinions et les vues paisibles de beaucoup de ses collègues, il est dans le cas d’être redressé par l’un d’eux. […] Il a raconté, dans des pages publiées après sa mort, et qui n’ont été que légèrement affaiblies par l’éditeur, la crise morale qu’il subit à l’âge de vingt ans, le moment plein d’effroi, où lui, élevé dans ses montagnes et dans la foi des patriarches, il s’aperçut tout d’un coup qu’il ne croyait plus : Je n’oublierai jamais, écrivait-il, la soirée de décembre où le voile qui me dérobait à moi-même ma propre incrédulité fut déchiré.
Il avait retrouvé la source d’où son propre génie allait découler, comme dans la Genèse un des quatre grands fleuves. […] Ce n’est point personnalité ni arrogance chez Bossuet, c’est que sa personne propre est absorbée et se confond dans la personne publique du lévite et du prêtre.
Il contribua bientôt pour sa part à l’avancement de la science par ses propres recherches sur les satellites de Jupiter. […] Hâtons-nous de dire que Bailly ne paraît nullement avoir songé à en faire une arme contre la tradition ni contre des croyances révérées, comme plus tard cela se vit dans l’arsenal de Dupuis où s’arma Volney ; Bailly, plaidant entre Buffon et Voltaire, ne songeait qu’à défendre avec agrément et vraisemblance une opinion qui lui avait souri en étudiant les anciens peuples, à tirer tout le parti possible d’un jeu de la science et de l’imagination, et à satisfaire ce besoin d’un âge d’or en grand, qui était un des caractères optimistes de son temps et de son propre esprit.
Pourtant il vit bientôt qu’il n’y réussirait pas à son gré : les masques alors, qui l’avaient séduit et tenté, le gênèrent ; eux qui devaient être la partie principale dans son tableau, ne furent bientôt plus que l’accessoire ; les pêcheurs prirent la première place, et, de remaniements en remaniements, il en vint à chasser tout à fait l’idée vénitienne et joyeuse, l’idée du carnaval, pour ne laisser dominer que la pensée grave qui réfléchissait la sienne propre, la tristesse des adieux, la famille, le péril au loin sur les flots. […] En lisant attentivement la suite des lettres comme je viens de le faire, il y a place pour toutes les suppositions, pour celle qui attribue son désespoir final à une grande passion vainement combattue, comme pour celle qui y voit avant tout, et nonobstant les divers prétextes, une maladie d’artiste arrivé au terme, inquiet de sa propre renommée, jaloux de la soutenir, tourmenté du besoin de l’approbation d’autrui, et se croyant désormais impuissant à produire.
Il vit surtout, dans l’étude qu’il en faisait, un thème d’innovation et d’audace pour sa propre manière de dire et pour l’expression française qu’il s’efforçait d’aiguiser et de renouveler. […] Toutes les fois qu’il s’engagea dans des actes par lesquels il semblait y déroger, il lui arrivait bientôt de s’en repentir, d’en rougir à ses propres yeux dans le secret, et de désirer expier sa faute et la réparer.
Il serait à souhaiter que Saint-Amant eût rempli sa promesse, ou du moins qu’il eût dressé son propre dictionnaire de termes grotesques, car ses poésies en sont farcies comme d’un argot, et restent souvent énigmatiques et obscures. […] C’est un mauvais genre appliqué ici au sujet qui s’en offense le plus, et qui est le plus propre à en faire mesurer la petitesse et la difformité.
Et certainement rien n’est plus propre à former un véritable homme de guerre qu’un métier qui apprend à attaquer hardiment, à se retirer avec ordre et avec sagesse, et enfin qui accoutume à voir souvent l’ennemi de fort près. […] Tantôt ils se flattent de ne rien devoir qu’à leur mérite, à leur vertu, sans rien laisser au hasard ; tantôt ils sont plus fiers de paraître tout devoir au hasard qu’à leurs qualités propres : c’est qu’il semble alors qu’un génie suprême, l’âme même des astres et de l’univers s’occupe d’eux, — change et incline l’ordre général pour eux.
Buffon lui accorde le génie créateur qui tire tout de sa propre substance : « Il n’existera jamais, lui dit-il, de Voltaire second » ; c’était une réplique au compliment de Voltaire qui avait appelé Archimède de Syracuse Archimède premier, pour donner à entendre que Buffon était Archimède second ; et faisant ainsi à son rival de Ferney les honneurs du génie, Buffon ne se réserve pour lui que le talent, lequel, si grand qu’il soit, dit-il, « ne peut produire que par imitation et d’après la matière. » Cette lettre à Voltaire, comme plus tard celles qui seront adressées à l’impératrice Catherine, passe la mesure ; Buffon y est deux fois solennel ; il y fait de la double et triple hyperbole, et l’homme qui, à son époque, avait le plus de sens et de jugement, nous fait sentir par là que ces qualités solides d’une éminente intelligence ne sont pas du tout la même chose que le tact et le goût. […] Il se tient à distance et hors de portée des entraînements ; il suit sa propre voie ; il ne s’enrôlera jamais, et il dédaignerait d’avoir la moindre action sur ce qu’il appelle l’escadron encyclopédique.
Malgré les observations que lui adressa Bonnet et les garanties qu’offrait ce sage curateur, lui faisant remarquer que « Genève avait ses propres antidotes et offrait le remède à côté du mal », il résolut de le rappeler et de le transplanter (1766). […] En regard du Bonstetten de vingt-quatre ans que Gray vient de nous montrer dans toute sa fougue et sa gentillesse, et dont il a peur en même temps qu’il en est charmé, représentons-nous celui que Zschokke a dépeint à bien des années de là, « d’une taille un peu au-dessous de la moyenne, mais fortement constitué, trahissant par la grâce et la noblesse de ses manières l’habitude d’une société choisie, le visage plein d’expression, d’un coloris frais et presque féminin, le front élevé et d’un philosophe, les yeux pleins d’une souriante douceur, tout à fait propre à captiver, et tel, en un mot, qu’après l’avoir vu une fois, on ne l’oubliait plus ».
Celui-ci, tout admirateur et prosélyte qu’il était alors, ne devait subir qu’en la traversant cette influence de Lamennais ; un an ou deux après, il en était totalement affranchi et délivré ; s’il s’émancipa par degrés de la foi, s’il se laissa bientôt gagner à l’esprit du siècle, ce ne fut pas à la suite du grand déserteur, mais à sa propre manière, et il erra dans sa propre voie ; en 1835, il n’était plus le disciple de personne ni d’aucun système.
Enfin, il faut bien en convenir, il y a des étrangers qui écrivent en français du même droit que nous et sans être Français, tout simplement parce que c’est leur langue propre et maternelle. […] Sayous, qui a autrefois extrait et publié, des Voyages de ce savant, les parties pittoresques et descriptives, propres à être goûtées de tous les lecteurs.
Le salpêtre brut n’est pas propre à faire de la poudre ; il est mêlé de sels et de terres qui le rendent humide et diminuent son activité. […] » Et il en prend occasion d’exprimer à ce sujet ses propres idées et les conditions qu’il estime indispensables au progrès, à savoir : — alliance et union étroite des sciences et des lettres : « Sans les sciences la nation la plus lettrée deviendrait faible et bientôt esclave ; sans les lettres la nation la plus savante retomberait dans la barbarie ; » — enchaînement des sciences les unes aux autres : « Cette union fait leur force et leur véritable philosophie ; elle seule a été la cause de tous leurs progrès » ; — une certaine liberté et latitude laissée aux professeurs dans la pratique : « Il faut, disait-il, que les professeurs soient guidés et non pas asservis.
Après cette comédie, jouée à ses propres dépens, vous croyez bien qu’au moins il ne fera plus le démoniaque. […] Un jour que le jeune prince, en récitant sa leçon de Virgile ou d’Ovide, n’avait pas observé la mesure, ou qu’il avait fait peut-être des fautes de quantité dans ses propres vers latins, Fénelon l’avertissait par la fable : Le jeune Bacchus et le Faune.
Ce n’a été qu’avec le volume que cette mèche a été allumée, en y mettant les noms propres : de là l’explosion et l’esclandre. […] Jamais homme, d’après ses propres aveux, n’a été plus atteint que lui de cette démangeaison particulière à certaines époques et surtout à la nôtre, le prurit littéraire ; il en a été de bonne heure chatouillé et rongé jusqu’aux os, — jusqu’aux moelles, comme dirait Giboyer.
Je vais justifier et développer ces divers traits avec les propres récits que cet homme estimable vient de publier en dernier lieu et qu’il avait commencé à nous donner déjà dans son livre sur le peintre David et son École18. […] Les premières heures que l’élève passe seul dans l’atelier (car Moreau ne venait que tard et rarement) sont occupées à des réflexions sans nombre ; le propre d’Étienne est de réfléchir sur tout et de chercher à se rendre compte de tout par lui-même : « Malgré l’inexpérience du jeune élève, cette journée passée dans l’atelier des Horaces et les réflexions que tant d’objets nouveaux lui firent faire agirent avec puissance sur son esprit.
On m’a demandé, vous le savez, trois temples, ou plutôt deux temples réunis : l’un consacré à Neptune Érechthée, l’autre à Minerve, et un édicule consacré à Pandrose35 ; ce n’est pas ici le lieu propre à parler des choses sacrées. […] Le propre de l’intelligence est de comprendre et d’apprécier, même ce qu’on ne fait pas.
De cette partie-là, si j’avais à parler de mon propre chef et à dire ce qu’il m’en semble, je serais un peu embarrassé, je l’avoue. […] On sait cette énumération grandiose des victoires et conquêtes d’Auguste, qui se termine par ces simples mots : « … Les Indes recherchent son alliance ; ses armes se font sentir aux Rhètes ou Grisons… ; la Pannonie le reconnaît ; la Germanie le redoute, et le Weser reçoit ses lois : victorieux par mer et par terre, il ferme le temple de Janus : tout l’univers vit en paix sous sa puissance, et Jésus-Christ vient au monde. » Ici Bossuet arrive à sa région propre : on dirait qu’il va prendre l’essor, ou du moins l’aile s’entr’ouvre et se fait sentir ; mais il se réserve ; il attendra, pour se déployer, la seconde partie.
Or, Fréron s’appuyant sur le crédit de la reine, de la vertueuse Marie Leckzinska et du vertueux Dauphin son fils, n’était rien moins que vertueux pour son propre compte. […] La difficulté et le péril aiguisèrent sa verve ; il fut ironique et piquant dans sa propre cause : il fit un joli feuilleton, le seul qui mérite qu’on s’en souvienne.
Rien de plus simple donc que, dans son propre danger et à chaque moment de la maladie qui le mettait en face de la mort, lui, sa famille, ses entours, se soient abandonnés sans réserve, en toute confiance, aux mains de Celui qui peut tout et pour qui la nature n’a pas d’obstacles. […] Le discours ne fut guère qu’un lieu commun, un peu approprié au sujet ; mais la réponse y fut toute propre et mérite d’être retenue.
Cette fièvre d’audace et de propre bonheur, cette ébullition, ce rien qu’on appelle la jeunesse se passe, et l’attaquant, s’il a quelque valeur et s’il cherche dans la société toute la place à laquelle il peut prétendre, commence un jour à lorgner de loin l’Académie. […] Ce fut un moment unique pour tous ; que n’était-ce pas pour ceux qui y arrivaient dans le flot montant et l’aurore de leur propre jeunesse !
Millevoye ignorait que ce morceau, par lui signalé, d’un poëte inconnu, et les autres reliques qui allaient suivre, effaceraient bientôt toutes ses propres tentatives d’élégie grecque, et, s’il l’avait su, il n’aurait pas moins cité dans sa candeur : toute jalousie, même celle de l’art, était loin de lui. […] Le premier et le plus grand exemple de ce genre d’arrière-pensée, de cette duplicité de sentiments, non plus seulement gracieuse, mais pathétique et touchante, se rencontre dans Homère au chant XIX de l’Iliade, quand les captives conduites par Briséis se lamentent autour du corps de Patrocle, « tout haut sur Patrocle, mais au fond chacune sur soi-même et sur son propre malheur. » 162.
La poésie défait donc l’oeuvre de la science ; elle reconstruit ce que l’autre avait décomposé ; elle rend à l’objet abstrait ses détails, et, ainsi, le change en chose complexe ; elle rend à l’être général ce qui lui appartient en propre, et ainsi le change en être particulier. […] On ajoutera aux vices et aux vertus générales les traits particuliers qui leur sont propres : la violence du Loup, qui n’est qu’un brigand, ne sera pas la même que celle du Lion qui est un roi.
La résipiscence ne pouvait être complète à ses propres yeux que quand il aurait contribué à rendre un trône aux frères de Louis XVI, auxquels il s’accusait d’avoir involontairement arraché le trône et la vie. […] Il se la déguisa mieux encore en se la cachant sous les formes de l’amour de Dieu, amour vertueux et mystique qu’il s’efforça de communiquer à madame Récamier, pour préserver l’innocence de la femme et, à son insu, sa propre jalousie, contre les dangers du monde.
De là vient qu’elle est incapable de prendre ses propres émotions comme matière d’art, de les réaliser directement dans une forme expressive. […] Elle affirme que « la littérature romantique est la seule qui soit susceptible encore d’être perfectionnée, parce qu’ayant ses racines dans notre propre sol, elle est la seule qui puisse croître et se vivifier de nouveau : elle exprime notre religion ; elle rappelle notre histoire… ; elle se sert de nos impressions personnelles pour nous émouvoir641 ».
Sa suite d’idées est sa propre fin. […] Puis notre croyance aux faits est fondée sur notre propre expérience ; et cette forme de croyance a été déjà expliquée40.
Il y a de tout dans son livre, et chaque admirateur peut se flatter d’y découvrir ce qui est le plus analogue à son propre esprit. […] Cependant il restera toujours en propre à celui-ci l’attrait singulier qui tient à une certaine difficulté vaincue, à une certaine franc-maçonnerie, bachique à la fois et savante, dont on se sent faire partie en l’aimant.
Elle n’a donc qu’un parti à prendre : dans les moments où il faut se décider absolument à choisir un drapeau, adopter celui qui lui paraît le plus ressembler au drapeau de la cause qu’elle croit juste ; puis, le reste du temps, revenir à elle-même, rentrer dans ses propres voies moins militaires et moins stratégiques, et suivre sur la lisière les sentiers où de tout temps ont aimé à se rencontrer la méditation, la fantaisie, l’étude ; en un mot, tantôt gracieuse ou tantôt sévère, quelqu’une des Muses. […] Eugène en prend malaisément son parti ; Louison, qui a en elle ce fonds de coquetterie naturelle, propre à toute fille d’Ève, est bientôt consolée et plutôt orgueilleuse de ce triomphe mêlé de malice et d’insolence.
Il n’y avait point de cabale ; mais Madame, parmi les personnes attachées au prince son mari, avait distingué un homme capable, un ambitieux généreux et de mérite, et elle se l’était acquis, elle avait voulu le faire servir à l’accomplissement de ses propres vues, qui devenaient plus sérieuses avec l’âge. […] Louis XIV, en se liant avec elle d’une amitié si vraie et qui avait dominé l’amour, semblait avoir voulu s’attacher à régler cet heureux naturel et à lui donner de ses propres qualités : « il la rendit en peu de temps une des personnes du monde les plus achevées ».
Il devenait même poète du coup, et rimait l’éloge de Henri IV et son propre Adieu à la Cour en deux pièces de vers qui se sont conservées. […] Le nombre diminue de plus en plus, même parmi les gens de lettres, de ceux qui peuvent dire comme d’Alembert : « Je ne suis absolument propre, par mon caractère, qu’à l’étude, à la retraite, et à la société la plus bornée et la plus libre. » On a, ce me semble, la maladie suffisamment décrite ; ajoutez-y cependant, pour la situation d’aujourd’hui, une complication très grave, le mal de la parole perdue, ce qui est cuisant après un gouvernement d’orateurs.
Sauf pour certains malades dont l’âme lui est ouverte comme la sienne propre, il ne sait ni ne dit les mobiles de ses personnages, et leurs actes ne sont pas moins bizarres que les flux d’émotions qui sourdent tout à coup dans leurs cerveaux. […] La prostitution des grandes villes, ce « tant pour cent » de bestialité que l’humanité prélève sur sa propre chair, lui est amèrement familière.
Ils parlent en leur propre nom, au lieu d’invoquer les muses, c’est-à-dire le génie des traditions. […] Je supposerai donc, sans m’arrêter même à justifier cette supposition, quelque vraisemblable qu’elle soit, je supposerai que, chez les anciens, les initiations ne fussent, à proprement parler, qu’une imitation de la vie actuelle : l’initié passait par une suite d’épreuves qui servaient à développer ce qui était déjà en lui ; on ne lui révélait point la vérité, mais on la faisait naître de l’ébranlement de ses propres facultés ; on ne la lui disait point ; on la lui faisait trouver, en écartant les obstacles qui s’opposaient à ce qu’elle se montrât.
Il a dit au chien : « Tu garderas les troupeaux de l’homme, tu veilleras autour de sa demeure, tu le suivras dans ses voyages, tu trahiras ton propre instinct pour te faire l’ennemi des autres animaux lorsque ton maître voudra prendre les plaisirs de la chasse ; et, s’il devient pauvre, misérable, privé de la vue, tu dirigeras ses pas sur les bords du précipice pour le lui faire éviter, ou parmi les flots d’une multitude insouciante pour qu’il reçoive le pain de l’aumône que tu partageras avec lui. » Croyez-vous que cet instinct des animaux marqués pour la domesticité ne prouve pas l’intention du Créateur qui leur donna cet instinct, et qui, ainsi, l’ajouta en quelque sorte aux organes mêmes de l’homme ? […] L’ère nouvelle n’est donc point, comme on l’a cru, celle de la liberté civile, ni même celle de l’égalité devant la loi, et de l’admissibilité de tous à tous les emplois : c’est l’ère de l’indépendance et de l’énergie de la pensée ; celle des lois écrites substituées aux lois traditionnelles ; celle des institutions sociales et des institutions religieuses marchant sur deux lignes séparées ; celle du bien-être social appliqué à toutes les classes ; celle de la raison humaine devenue adulte, et s’ingérant de décider par sa propre autorité ; celle de la démonstration rigoureuse, qui repousse les axiomes en géométrie et les préjugés en politique ; celle du discrédit des faits antérieurs pris comme base convenue et incontestable ; celle de l’opinion consultée à chaque instant, et à part même de toute conjoncture nouvelle.
et elle a publié un volume dans lequel ses éditeurs, folâtres, la comparent d’abord à saint Augustin (de la seconde époque), puis, très respectueux, nous déclarent qu’elle a jugé ses propres œuvres avec une liberté que personne n’oserait se permettre… Et pourquoi donc pas, Messieurs les éditeurs ? […] Il est évident que si l’opinion, cette fois encore, n’admettait pas cette déclaration sur la beauté de son génie, faite par Mme George Sand elle-même, l’opinion serait inconséquente ; car c’est elle qui a fait de ses propres mains cet orgueil qui parle aujourd’hui.
Et non seulement la femme du roman, l’héroïne du roman, n’aime point le prêtre qui est l’être supérieur du roman, comme elle en est l’être charmant ; mais elle aime son propre mari comme une honnête femme… qu’elle n’est pas cependant ; car pour être une honnête femme, dans la santé splendide de cœur et d’esprit que ce simple mot exprime, il ne faut pas mêler à son amour les idées et les dépravations qu’une société vicieuse a fait pénétrer dans les âmes ; or, c’est ainsi que madame de Manteigney aime son mari dans ce roman. […] VII Gustave Droz, qui ne l’est pas d’affirmation, du moins pour son propre compte, dans son livre, s’il l’est pour le compte de son principal personnage, n’a pas fait catholique que le dénouement de son roman : il en a fait catholique l’action même, dans la vie et le péché de son prêtre.
« Son érudition abondante révélait tout de suite l’ancien moine… Son front, séparé en deux parties, non par une ride (il n’en a jamais eu), mais par un sillon très léger, renfermait (c’étaient ses propres paroles) d’un côté la science profane, et de l’autre la science sacrée. […] — trop méridional, trop improvisateur sous un ciel heureux, trop lazzarone de son propre talent, pour être jamais le théoricien à l’application éternelle, l’anatomiste sur le vif et encore plus souvent sur le mort, qu’est le critique littéraire.
Quittons le domaine qui leur est propre ; sortons de ces vérités moyennes où elles s’exercent ; voyons ce qu’elles deviendront sur un autre terrain. […] Cette impuissance en philosophie est le propre de l’esprit oratoire.
Il l’aima, car il trouvait en lui, quoique à un moindre degré, toutes les parties de son propre génie. […] Cousin s’enivrait de ses propres paroles, et la fantasmagorie des images troublait la sûreté de son inspiration.
La scabieuse est propre à faire fondre les taies. […] Le citron représente assez, bien la figure du cœur humain, dont il est propre à stimuler les forces. […] Il aurait considéré comme une sorte de crime littéraire de décrire ce qu’il n’avait vu, de ses propres yeux vu. […] Ce dont l’homme est le moins sûr, c’est de son propre esprit. […] Et pourtant… L’altruiste est un égoïste déraisonnable : il voudrait modeler tous les hommes sur sa propre sensibilité.
Il serait temps qu’au sein de l’Académie quelque Caton le Censeur se levât et proposât à cet égard un règlement pour tempérer ce luxe d’obsessions qui est tout propre à décourager le mérite modeste.
Court de Gébelin, Olavidès, d’Eprémesnil, de Jaucourt, de Chastellux, de Choiseul-Gouffier, de La Fayette, et de bien d’autres encore, on croirait vraiment, ceci soit dit sans reproche, qu’en dépit des railleries des incrédules et même des siennes propres, M. de Ségur n’est pas complètement revenu de ce péché de jeunesse, et que son ancienne foi magnétique, non moins que sa foi politique, a résisté à la mode des conversions.
Mais, le jour où il écrivait la Fille de Roland, cet honnête homme a, à force de sincérité, écrit, si je puis dire, une œuvre supérieure à son propre talent… Sans doute, le génie d’expression épique et lyrique n’est pas tout à coup descendu en lui par une grâce divine.
La tournure, pour ainsi dire, de son observation, le caractère de sa raillerie sont absolument propres à notre race et à notre pays.
Mais je crois qu’il est inutile et dangereux de porter dans cette étude des préoccupations étrangères à son objet propre ; je crois que les phénomènes littéraires sont assez intéressants et assez complexes en eux-mêmes pour que l’historien emploie et borne tous ses efforts à les débrouiller.
Elle veut dire : Sa position est solide, ayant dans madame de Richelieu une protectrice près de la reine, ses propres services pour recommandation près de la favorite et les bonnes dispositions du roi.
Il étoit spirituel, mais voluptueux, voyant toutes choses avec beaucoup de lumiere, & en jugeant sainement, mais plus capable de les conseiller que de les faire ; ainsi, se trouvant foible, paresseux, & purement Homme de Cabinet, il espéroit de sa délicatesse, avec un Empereur délicat, ce qu'il ne pouvoit attendre du Peuple Romain, où il eût fallu se pousser par ses propres moyens, & agir fortement par lui-même ».
Laurent-Pichat, ayant à faire des lectures, des Causeries littéraires, dans un cercle rue de la Paix, a pris récemment (1861) pour l’un des sujets de sa déclamation encore plus que de son étude, Hégésippe Moreau, dont la vie prête au vague et lui a paru un canevas commode à ses propres pensées.
Un mot n’a pas besoin de contenir sa propre définition.
Rod arrive à ce dernier repliement sur soi, où s’interrogeant sans cesse, oubliant de vivre à force de s’analvser, il en vient à ne plus être sûr de ses propres sentiments ; les désirs remuent à peine et s’étiolent, les passions deviennent circonspectes et douteuses.
et que c’est La Fontaine qui dit en son propre nom les deux vers suivans ; mais cette conjecture n’est pas assez fondée.
Il y règne une sombre imagination, très propre à la peinture de cette Égypte pleine de souvenirs et de tombeaux, et qui vit passer tour à tour les Pharaon, les Ptolomée, les Solitaires de la Thébaïde, et les Soudans des Barbares.
Ce songe est une espèce d’abrégé du génie de Virgile : l’on y trouve dans un cadre étroit tous les genres de beautés qui lui sont propres.
Voilà pourquoi, par exemple, les italiens seront toujours plus propres à réussir en peinture et en poësie que les peuples des environs de la mer Baltique.
Quoiqu’il en soit, supposé qu’il fallut entendre le terme de chanter au propre, quand il s’agit du chant des choeurs, il ne s’ensuivroit pas qu’il fallut entendre ce mot dans la même acception où il s’agit des recits.
Ce style, où il ne manque que des nerfs, du sang, du mouvement et de la lumière, ce style dur, mais épousseté et propre, lisse comme un parchemin qui joue la vie… pour des myopes, ne peut être admiré ou aimé sincèrement de personne.
Dans les batailles, c’était presque toujours une lutte d’homme à homme ; tout guerrier était chargé de sa propre défense ; aujourd’hui, chaque force se mêle et se confond dans la masse générale des forces ; alors chaque force était isolée, et ne protégeait qu’elle-même.
. — C’est le propre des barbares d’agrandir et d’étendre toujours les idées particulières.
Couvert de l’eau qu’elle lui a jetée, lymphatus, devenu cerf, c’est-à-dire le plus timide des animaux, il est déchiré par ses propres chiens, autrement dit, par ses remords.
Donc, à quoi bon proclamer si haut notre propre prééminence, et qu’importe à cela notre prospérité ? […] Quand un homme écrit sa propre vie, si peu sincère que soit sa plume, la vérité trouve, jusqu’à un certain point, son compte. […] L’auteur, il est vrai, définit la passion comme un égoïsme qui devient son propre châtiment, mais il en étudie les côtés les plus matériels avec un cynisme minutieux. […] Ces puissants magiciens de la pensée n’ont jamais rien imaginé d’aussi grand que leur propre influence. […] Renan aurait, d’après son propre dire, proposé une autre rédaction différant essentiellement de celle du ministre, et qui n’a point été adoptée.
Mais enfin, sa tâche propre, c’est la recherche du beau et du plaisir esthétique. […] C’est avoir beaucoup de confiance dans ses propres forces et pousser bien loin le culte de l’intuition. […] Faguet qu’ils ne l’étaient dans leur propre texte. […] Maeterlinck, qu’un seul effroi propre à la mort : celui de l’inconnu où elle nous précipite. » Est-ce le seul ? […] Le style et la prosodie se rattachent à la manière symboliste, mais ont l’originalité propre à M.
Il la préconisa bien, mais seulement, le malheureux, comme fort propre à faire du pain ! […] on a trouvé plus simple, plus propre aussi de l’acheter par petites bouteilles chez le marchand qui nous en fournit de toutes les couleurs, et fort bonnes, du moins pour ce que nous voulons en faire. […] C’était un voluptueux mais aussi un perpétuel amoureux et, assurément, il n’a pas conté ses bonnes fortunes dans un style érotique, plus propre à en diminuer la valeur qu’à les rendre plus précieuses à son souvenir. […] Ces remarques n’auraient tout leur sel que si on pouvait y mettre des noms propres, mais nos mœurs s’y opposent. […] Qui connaît la propre chambre où il vit ?
Taine a pour ainsi dire vérifié lui-même sa propre théorie de la prédominance du caractère essentiel : il nous a donné un Napoléon dont l’unique ressort est l’ambition. […] La conception de la vie que se font ses personnages est des plus primitives : superstitions dignes d’un sauvage, diplomaties de coquette, ou préjugés de dévote, scrupules d’étiquette propres à l’homme du monde ; le tout reposant sur des sentiments très nets et définis, précis comme des formules mathématiques, — ambition, amour, jalousie, — le tout se jouant sur le vieux fond humain le plus primitif. […] Dites que vous êtes un observateur, nous vous l’accordons, sauf à faire nos réserves sur ce que vos observations peuvent avoir d’insuffisant, de borné et de systématique ; mais ne vous érigez pas en expérimentateur lorsque vous n’avez pour tout cabinet d’expérience que votre propre tête. […] Le monde s’est tellement compliqué pour nous, et nous-mêmes nous sommes devenus à nos propres yeux si complexes, que l’imagination créatrice du romancier doit opérer sur des matériaux toujours plus multiples et plus vastes : aucun détail ne peut plus être négligé. […] Comme on voit, l’auteur de Nana est un excellent professeur de roman réaliste ; mais, en fait, dans ses propres romans il est fataliste et non déterministe.
Quelques familles, beaucoup de sous-familles, un grand nombre de genres et un plus grand nombre encore de sections de genres sont confinés dans une seule région ; et plusieurs naturalistes ont remarqué que les genres les plus naturels, c’est-à-dire ceux dont les espèces sont le plus étroitement reliées les unes aux autres, sont généralement propres à une seule localité assez restreinte ou, s’ils ont une vaste extension, cette extension est continue. […] Certains Faucons et certains Hiboux avalent leur proie entière, et après douze à vingt heures ils dégorgent de petites pelotes renfermant des graines qui se sont trouvées propres à la germination, d’après les expériences faites au Jardin Zoologique de Londres. […] Quoique le bec et les pieds des oiseaux soient en général parfaitement propres, cependant parfois des parcelles terreuses y adhèrent. […] De sorte que, lorsqu’elles se trouvèrent mélangées les unes avec les autres pendant la période glaciaire, les formes septentrionales durent vaincre les formes méridionales moins puissantes ; juste de la même manière que nous voyons aujourd’hui beaucoup de productions européennes couvrir le sol de la Plata ou, en moindre degré, de l’Australie, et jusqu’à un certain point vaincre les productions indigènes de l’une ou l’autre de ces contrées ; tandis qu’au contraire un très petit nombre de formes méridionales se sont naturalisées en Europe, bien que des peaux, de la laine et d’autres objets, propres à transporter accidentellement des graines, aient été continuellement importés en Europe, depuis deux ou trois siècles de, la Plata, et depuis trente ou quarante ans de l’Australie. […] Les grandes distances qui séparent les étoiles les unes des autres et leur dissémination, en général, assez régulière dans le ciel ne permettent pas de supposer que la différence de température des espaces qu’elles traversent toutes plus ou moins rapidement soit capable d’influer sensiblement sur la chaleur propre de ces astres et sur celle qu’ils reçoivent les uns des autres.
Sandeau avait parlé du roman avec modestie pour son propre compte, mais avec une sorte de fierté pour le genre : il avait eu le bon goût de paraître étonné et confus d’être le premier romancier proprement dit appelé à l’honneur de siéger à l’Académie, lorsqu’autrefois ni Le Sage ni l’abbé Prévost n’y avaient été admis, et que, de nos jours, M. de Balzac et d’autres encore avaient brillé par leur absence.
Vinet une occasion naturelle de développer ses propres vues, et d’exposer dans Pascal l’homme et le chrétien.
La renaissance des Grecs est un fait à part, essentiellement isolé de tous les faits européens, ayant ses causes propres et distinctes dans l’état même de la nation depuis la conquête ottomane.
De tels efforts pour conquérir cette liberté de la presse, qui représente et donne toutes les autres libertés, méritent l’entière sympathie de la France et font partie de sa propre cause.
Cuvier n’avait pas ce courage qui lutte contre les préjugés puissants ; qu’il n’avait pas même le courage de la science, et qu’il a plus d’une fois fait fléchir celle-ci contrairement à ses propres convictions bien avérées.
Entrez hardiment, avec votre génie propre, dans le concert de l’œuvre française ; portez-y votre raison, votre maturité.
S’il n’a pas l’intelligence assez ouverte et le cœur assez calme pour rendre justice aux œuvres les plus contraires à son propre tempérament, qu’il se fasse polémiste, qu’il se jette bravement dans la mêlée, mais qu’il renonce à l’histoire !
Après avoir publié plusieurs petits Ouvrages propres à donner une idée avantageuse de la sagesse & de la sagacité de son esprit, elle eut occasion de faire connoître ses talens & sa prudence à feu M. le Prince de Conti, qui honoroit sa Famille d’une bienveillance particuliere.
S’il falloit d’autres preuves des sentimens de M. de Montesquieu, nous n’aurions qu’à rappeler sa mort chrétienne & ses propres paroles à Madame la Duchesse d’Alguillon : La révélation est le plus beau présent que Dieu pût faire aux Hommes.
D’après cette maniere austere de penser, que lui donnoit le sentiment de sa propre force, il avoit de la peine à regarder Quinault comme un grand Poëte, & en cela il étoit conséquent* ».
Mais, du moment qu’il vit son élève en état de lui disputer la primauté dans le genre tragique, il maudit son propre ouvrage.
Virgile a placé les amants au milieu des bois de myrtes et dans des allées solitaires ; le Dante a jeté les siens dans un air vague et parmi des tempêtes qui les entraînent éternellement ; l’un a donné pour punition à l’amour ses propres rêveries, l’autre en a cherché le supplice dans l’image des désordres que cette passion fait naître.
Mais eût-il été maigre et d’humeur bougonne, qu’il avait un trop haut sentiment de sa tâche et de ses responsabilités pour s’accorder le plaisir de laver la tête à tous ceux qui ne l’ont pas propre.
D’après cela, nous distinguerons à plus juste titre que Varron, trois espèces de théologie : théologie poétique, propre aux poètes théologiens, et qui fut la théologie civile de toutes les nations païennes ; théologie naturelle, celle des métaphysiciens ; la troisième, qui dans la classification de Varron est la théologie poétique42, est pour nous la théologie chrétienne, mêlée de la théologie civile, de la naturelle, et de la révélée, la plus sublime des trois.
Mais, au milieu de notre propre discussion mêlée à nos conjectures et à nos désirs sur la destinée du poëme, nous oublions Jocelyn en personne, qui est entré au petit séminaire, et qui a dû, il est vrai, y rester six longues années. […] Le caractère propre de l’idylle consiste à représenter l’homme dans un état de calme champêtre, d’innocence et de simplicité, où il jouisse librement de tout le bonheur naturel. […] Le bon et tendre curé a existé sans doute, je le crois ; mais ce qui est sûr, c’est que le poëte a fait mainte fois confusion de son âme et de sa propre destinée avec lui.
Louise Labé était disciple de Maurice Sève, et elle lui dut assurément beaucoup pour les études et les doctes conseils ; mais, si elle atteignit dans l’expression à quelques accents heureux, à quelques traits durables, elle ne les puisa que dans sa propre passion et en elle-même. […] Frappée par lui d’abandon, elle s’est mise, la malheureuse, à moduler sur les cordes de sa lyre un chant pénétrant ; et voilà que, par ses poésies mêmes, elle enfonce vivement aux jeunes cœurs les plus rebelles l’aiguillon qui fait aimer. » Cette passion qui s’empara de Louise, d’après son propre aveu (Élégie III), avant qu’elle eût vu seize hivers, et qui l’embrasait encore durant le treizième été (treize ans après !) […] Retraçant avec complaisance les artifices divers par lesquels les femmes savent, dans leur toilette, rehausser ou suppléer la beauté et tirer parti de la mode, il ajoute en une image heureuse : « et avec tout cela, l’habit propre comme la feuille autour du fruit. » Amour, au dire d’Apollon, est le mobile et l’auteur de tout ce qu’il y a d’aimable, de galant et d’industrieux dans la société ; il est l’âme des beaux entretiens : « Brief, le plus grand plaisir qui soit après Amour, c’est d’en parler.
Delphine est certainement un livre plein de puissance, de passion, de détails éloquents ; mais l’ensemble laisse beaucoup à désirer, et, chemin faisant, l’impression du lecteur est souvent déconcertée et confuse : les livres, au contraire, qui sont exécutés fidèlement selon leur propre pensée, et dont la lecture compose dans l’esprit comme un tableau continu qui s’achève jusqu’au dernier trait, sans que le crayon se brise ou que les couleurs se brouillent, ces livres, quelle que soit leur dimension, ont une valeur d’art supérieur, car ils sont en eux-mêmes complets. […] En ces moments de craquement universel, il arrive, j’imagine, que l’idéal, qui est derrière ce monde terrestre, se révèle, apparaît rapidement à quelques yeux, et l’on croit qu’il va s’introduire : mais la fente se referme aussitôt, et l’œil qui avait vu profondément et juste un instant, en continuant de croire aux rayons disparus, s’abuse et n’est plus rempli que de sa propre lumière. […] Il écrivait : « Je me dis qu’il faut que je sois ainsi pour vous ramener à la sphère d’idées dans laquelle je n’ai pas le bonheur d’être tout à fait moi-même ; mais la lampe ne voit pas sa propre lumière et la répand pourtant autour d’elle… J’avais passé ma journée tout seul, et je n’étais sorti que pour aller voir Mme de Krüdner.
Tantôt il place le salut de la monarchie dans une proclamation de la couronne et dans une cérémonie royale propre à populariser le roi. […] La nature semblait avoir créé exprès, et les différents ordres de la société avoir mis en réserve pour cette œuvre, les génies, les caractères et même les vices les plus propres à donner à ce foyer des lumières du temps la grandeur, l’éclat et le mouvement d’un incendie destiné à consumer les débris d’une vieille société, et à en éclairer une nouvelle. […] « S’agit-il de se conserver, de se reproduire, de se développer dans cette espèce de végétation lente et insensible que les peuples ont comme les grands végétaux ; s’agit-il de se maintenir en harmonie avec le milieu européen, de garder ses lois et ses mœurs, de préserver ses traditions, de perpétuer les opinions et les cultes, de garantir les propriétés et le bien-être, de prévenir les troubles, les agitations, les factions : la monarchie est évidemment plus propre à cette fonction qu’aucun autre état de société.
XX Mais vous qui vivez à la campagne, soit dans le château démantelé de vos pères, non loin de l’église du village et des pauvres du hameau, soit dans la maison modeste, château nivelé de l’honnête bourgeoisie du dix-neuvième siècle, élevant là des fils, des filles, des sœurs étagées par rang d’âge dans la vie, qui vous demandent des livres à la fois intéressants et sains, où respirent dans un style enchanteur toutes les vertus que vous cherchez à nourrir dans votre jeune tribu ; vous qui, après une existence laborieuse, vous êtes retirés à moitié de la vie active dans le verger de vos pères pour y soigner les plantes naissantes destinées à vous remplacer sur la terre, et qui voulez les saturer de bonne heure de ce bon air vital plein des délicieuses senteurs de l’air ; enfin vous qui, déjà vieillis et désintéressés de votre propre existence prête à finir, voulez cependant jeter un dernier regard consolant sur les péripéties intérieures de ceux qui traversent les sentiers que vous avez traversés, afin d’y retrouver vos propres traces et de vous dire : « Voilà ce que j’ai éprouvé, pensé, senti, prié dans mes moments de tristesse ou de consolation ici-bas ; voilà la moisson en gerbes odorantes que j’emporte à l’autre vie » ; mettez à part, ou plutôt gardez jour et nuit sur votre cheminée, comme un calendrier du cœur, non pas ce livre confus où l’on a entassé pêle-mêle les œuvres du frère et de la sœur pour que le génie de l’une fit passer sur la médiocrité de l’autre, mais le volume de Mlle de Guérin, cette sainte Thérèse de la famille, qui n’a écrit que pour elle seule, et dont une amitié longtemps distraite n’a recueilli que bien tard les chefs-d’œuvre involontaires qu’elle oublia de brûler au dernier moment. […] Nous avons vu souvent de grands peintres faire leur propre portrait en se contemplant devant une glace : mais la peinture ne peut rendre l’image du peintre que dans une seule expression, une seule attitude, tandis que la plume peint la nature morale dans toute sa mobilité, dans les mille émotions secrètes que la vie donne à ceux qui pensent, qui sentent, qui jouissent, qui souffrent, qui pleurent ou qui prient.
Puis la vue de George Sand s’élargit : un peu apaisée par sa liberté reconquise, elle regarde hors d’elle-même, et sa sympathie cherche d’autres objets que les affaires ou les états de son propre cœur. […] Avec son sang-froid, il garde ses curiosités de psychologue, dont nul péril, nulle fatigue ne le détournent : il observe, dans les deux armées, les soldats des diverses nations pour y saisir les caractères propres à chacune. […] Le style de Mérimée, propre, précis, objectif, plus fin et moins abstrait que celui de Stendhal, concourt à l’illusion.
Il n’y en a pas dans toute la terre de langue d’oc, parce que la race a perdu sa langue, qui était une des plus propres à la poésie que l’Humanité ait connue : Ce fait d’une répartition si tranchée des grands poètes de langue française nous a semblé tellement intéressant que nous croyons utile de recueillir à son sujet des opinions autorisées. […] Oui, le Midi eut pu fournir en tout temps de très grands poètes, si, pervertis et contraints par l’esprit niveleur de l’unitarisme français, ceux que tentait le chant, n’eussent dédaigné l’usage de leur propre langue. […] Chaumié, « une des plus propres à la poésie que l’Humanité ait connue ».
Plutôt que de traduire, comme Beethoven, leurs propres sentiments ou ceux de personnages indéterminés, ils ont voulu contribuer, par la musique, à faire vivre des personnages définis, dans un cadre réel. […] Sans doute les grands poètes ont créé une vie plus haute et meilleure que d’autres ne pouvaient le faire : mais le musicien, pour exprimer pleinement par sa musique la vie émotionnelle d’un personnage, doit recréer entièrement ce personnage ; et il est à craindre que les inventions des grands poètes ne puissent pas être revécues aussi entièrement par lui que ses propres inventions. […] Les musiciens russes ont leurs propres réponses aux questions posées par la révolution wagnérienne des formes.
Et, que nous soyons Français, Allemands, Italiens, Espagnols ou Russes, cet homme idéal s’éveille en nous dès que, entendant une musique pareille à celle de Wagner, nous sentons qu’elle exprime les plus intimes battements de notre cœur propre. […] Wotan, la force première de la volonté dans la Nature, ne peut que renoncer à ce monde en renonçant à sa propre existence ; et l’apparition la plus noble et la plus pure, qui refuse à la nature, par son non-savoir, ce qui lui est dû, doit périr avec ce monde égoïste. […] La certitude d’une vie plus élevée est contenue dans la tragédie de l’amour ; mais cet amour n’aura la force de la rédemption que lorsque la nature humaine délivrée d’égoïsme aura par sa propre force reconquis la pureté de l’idéalité, lorsqu’elle sera devenue l’amour de l’humanité.
Mais, suivant l’expression de Wagner, « il l’imprégna de la musique. » Il destina chaque rythme, chaque mouvement, à une signification propre. […] Un quatuor de Beethoven nous suggère des émotions définies ; mais le maître nous a laissés libres de choisir à ces émotions les causes, le siège, les accompagnements notionnels qui nous paraissent les plus propres. […] Entre les deux musiques, dont l’une exprime et analyse les émotions d’un individu, dont l’autre recrée les émotions collectives de masses humaines, Offenbach a, constamment, choisi la seconde : les personnages de ses opérettes n’ont point de nature propre : les plaies mélodies par eux débitées ne traduisent nullement des états d’âme personnels.
En Occitanie, l’enthousiasme populaire et le son de sa propre voix suffisent à l’émouvoir jusqu’aux larmes. […] Mais, d’ordinaire, il ne se fie pas à ses propres yeux. […] Il attribue à ce pauvre mort, qui a bien assez de peine à se faire pardonner ses propres péchés, la Moabite, qui est de Paul Déroulède, Monsieur, comme le Menuet est de Fernand Gregh.
; Gerdès, dont l’imprimerie avait été occupée par la troupe, hanté par l’idée qu’on pouvait prendre certaines phrases d’un chapitre politique du livre pour des allusions à l’événement du jour, et au fond tout plein de méfiance pour ce titre bizarre, incompréhensible, cabalistique, et dans lequel il craignait qu’on ne vît un rappel dissimulé du 18 brumaire ; Gerdès, qui manquait d’héroïsme, avait, de son propre mouvement, jeté le paquet d’affiches au feu. […] Joubert, l’auteur des Pensées, n’avait pas cette servile préoccupation du suffrage universel en matière de style, quand il adjurait Mme de Beaumont de recommander à Chateaubriand « de garder avec soin les singularités qui lui étaient propres » et « de se montrer constamment ce que Dieu l’avait fait », corroborant ce brave conseil par cette curieuse phrase : « Les étrangers… ne trouveront que frappant, ce que les habitudes de notre langue nous portent machinalement à croire bizarre dans le premier moment. » Et parmi le déchaînement de la critique, c’est encore Joubert, qui engage l’écrivain, attaqué dans les modernités de sa prose nouvelle, à persister à chanter son propre ramage 17.
Un peuple qui ne connaît que sa propre langue et qui l’apprend de sa mère, et non des tristes pédagogues, ne peut pas la déformer, si l’on donne à ce mot un sens péjoratif. […] C’est assez douteux, car il ne faut demander directement au latin, grenier légitime de la langue française, que des mots réellement utiles et que nos propres ressources linguistiques ont été impuissantes à imaginer. […] Si l’on n’admet pas, comme jadis, l’autorité absolue de l’usage, du bel usage, on n’a pour guide que son propre goût ; mais on aurait plus de chances de le faire prévaloir, à écrire en beau style quelques livres de forte littérature qu’à recueillir des anecdotes philologiques.
Dans l’histoire de la philosophie, quand une doctrine se fonde sur les ruines d’une autre, il est arrivé plus d’une fois qu’elle en fit servir les débris à la construction de son propre édifice ! […] Et ce n’est pas à dire que la recherche soit inutile, — on le verra bien tout à l’heure, — mais cela signifie que la science n’est investie, par nature ou par définition, d’aucun privilège qui lui soit propre, ni surtout qui lui confère un droit supérieur au gouvernement des esprits. […] Le propre de la science est de n’être jamais achevée.
Leur malheureuse position, pour ne pas dire leur misère, ne leur a déjà prouvé que trop clairement combien ils se sont trompés en descendant, de leur propre volonté, au niveau des petits théâtres. […] Ce que je rapporte ici, je l’ai vu, de mes propres yeux vu. […] Après le choix du sujet, le premier but que se propose l’auteur est d’en tirer une conséquence morale ; le second d’intéresser au sort de tels ou tels héros, connus ou inconnus, vertueux ou coupables, par des qualités qui les élèvent au-dessus du vulgaire ; le troisième de les environner de figures secondaires propres à faire ressortir leur caractère ou à émouvoir leurs passions ; le quatrième de faire jouer tous ces personnages dans la chaîne d’une intrigue claire et pourtant variée ; le cinquième de les faire parler selon le temps, la circonstance, leur rang dans le monde, leur caractère bien exposé, dans un style simple, naturel, énergique et toujours élégant ; enfin, Monsieur, de les faire arriver à une catastrophe qui n’inspire pas une trop grande horreur, ou à un dénouement qui ne blesse ni la raison, ni la décence.
Il faut se dire soi-même, chanter sa propre musique, quitte à chanter moins bien, parfois, que si on récitait, sur des airs connus, les paroles traditionnelles. […] Au théâtre, on s’adresse à la fois à un seul et à tous, à un homme et à une foule ; il faut être poète et tribun, artiste et logicien ; mettre en action une idée, mais que l’action se puisse comprendre au vu de son mouvement propre. […] Les préfaces dérangent les lignes d’une œuvre d’art ; celui qui regarde ou qui lit ne comprend pas selon qu’il est écrit par des taches ou des caractères ; il ne comprend pas selon le génie du poète, mais selon son propre génie. […] René Ghil n’avait pas faussé comme à plaisir son talent et son instrument, il aurait pu être ce poète, celui qui dit au vaste peuple sa propre pensée, qui clarifie ses obscurs désirs. […] Quant aux caractères propres, différentiels de sa poésie, ce sont, il me semble, la spontanéité et l’inattendu.
À cinquante ans, il est propre au mariage et à la procréation. […] Que de fois j’ai pris mon propre esprit en flagrant délit d’erreur en matière de témoignage ! […] Aurions-nous les mains plus propres ? […] Elles ont dorénavant la prétention d’exister, d’avoir leurs sentiments propres, leur volonté. […] Les quartiers, dit-on, n’ont aucune vie propre, ne répondent à aucun groupement d’intérêts.
Les mots ont des harmoniques, c’est-à-dire qu’outre leur signification propre, qui est ce que M. […] J’avais pris soin de le déclarer en propres termes quand j’avais dit que Toinette était depuis quinze ans à la maison. […] C’est que chacune de ces interprétations est accommodée au génie propre de l’artiste. […] Mais l’important, c’est de montrer sa propre nature à travers le personnage, c’est de rester soi. […] s’enivre de son propre bruit.
L’incomparable puissance des religions leur vient de ce don ; quand l’orthodoxie le méconnaît, elle déprécie sa propre raison d’être. […] Nous avions alors une merveilleuse santé, et nous vécûmes deux cents ans sur notre propre fonds. […] Au bout de tant de naufrages, cette épave ne pouvait manquer d’arriver à la littérature ; c’est le refuge habituel, le tombeau des propres à rien et le tremplin des propres à tout. […] Vainement une voix isolée tente d’exprimer l’allégresse : son propre écho lui rapporte le chagrin et l’ennui ; elle s’attriste en s’écoutant. […] Le Russe devine que là, là seulement est l’avenir, le secret de force ; mais, de son propre aveu, il ne sait comment s’y prendre.
Dans ces cas, les motifs dramatiques remplacent les motifs propres au milieu. […] Il n’a pas de signification, étant de la pure musique, et Wagner réservant au drame sa propre expression par le concours de tous les arts. […] Nous avons procédé dans cette étude longue et fatigante, en même temps que propre à provoquer chez nous un émerveillement continuel, avec la méthode qui nous a servi dans une précédente critique des Maîtres Chanteurs ; mais tandis que l’énorme partition des Maîtres est sortie de trois notes, celle de Parsifal est plus complexe et ne se laisse pas aussi facilement orienter. […] Il n’apparaît parfois que par une sonorité propre, sans dessin mélodique.
Mais ils ne voient en lui que la puissance, qui saute aux yeux, et non l’artiste intérieur, le « Mensch », « celui, dit Wagner, qui a ses vues propres, et les suit sans tenir compte d’autre chose (Mittheilung, 289). » Les articles de M. de Fourcaud dans le Gaulois témoignent de cette tendance, ainsi que le livre très estimable de M. […] Et le meilleur moyen d’y arriver, c’est de faire connaître aux Français ce qu’était Wagner, ce qu’il a voulu, ce qu’il a fait, et ensuite, d’engager tous les artistes français à faire le plus souvent possible le voyage de Bayreuth, et d’aider ceux qui ne le peuvent de leurs propres moyens. […] L’histoire nous montre que l’influence d’un grand homme est souvent plus bienfaisante dans un pays voisin, et même ennemi, que dans sa propre patrie. […] Quant aux livres propres à donner une connaissance générale et en même temps précise de Wagner, il n’en existe pas un seul.
11 janvier Un interne soutenait que dans les hôpitaux, pour les malades misérables, le bain, la chemise blanche, les draps propres, le passage de la saleté à la propreté, amenait une amélioration médicalement constatée. […] * * * — Aujourd’hui, Édouard (de Béhaine) m’entretient de ses conversations avec Bismarck, et me peint le causeur : un causeur à la parole lente, au débrouillage difficultueux, cherchant longuement le mot propre, n’acceptant pas celui qu’on jette à son germanisme dans l’embarras, mais finissant toujours par arriver à trouver l’expression juste, l’expression piquante, l’expression excellemment ironique, l’expression caractéristique de la situation. […] Mais pour faire ces romans tout unis, ces romans de science humaine, sans plus de gros drame, qu’il n’y en a dans la vie, il ne faut pas en pondre un, tous les ans… Savez-vous qu’il faut des années, des années de vie commune avec les gens qu’on veut peindre, pour que rien ne soit imaginé, qui ne corresponde à leur originalité propre… Oui, des romans comme cela, un romancier ne peut en fabriquer qu’une douzaine, dans sa longue vie, tandis qu’un de ces romans, qu’on fait avec le récit d’une aventure, amplifiée augmentée, chargée, dramatisée, on peut l’écrire en trois mois, ainsi que le fait Feuillet et beaucoup d’autres. […] Samedi 7 septembre La domesticité est si voleuse ici, que tout est enfermé, scellé, et que la maîtresse de maison délivre, de sa propre main, la pincée de sel.
La poésie est propre au poëte. […] Virgile qui fait l’Enéide, Lucain qui fait la Pharsale, Tasse qui fait la Jérusalem, Arioste qui fait le Roland, Milton qui fait le Paradis Perdu, Camoëns qui fait les Lusiades, Klopstock qui fait la Messiade, Voltaire qui fait la Henriade, gravitent sur Homère, et, renvoyant à leurs propres lunes sa lumière diversement réfléchie, se meuvent à des distances inégales dans son orbite démesurée. […] L’homme, être un comme esprit et complexe comme homme, a pour sa mission terrestre trois centres en lui : le cerveau, le cœur, le ventre ; chacun de ces centres est auguste par une grande fonction qui lui est propre : le cerveau a la pensée, le cœur a l’amour, le ventre a la paternité et la maternité. […] L’invention de Cervantes est magistrale à ce point qu’il y a, entre l’homme type et le quadrupède complément, adhérence statuaire ; le raisonneur comme l’aventurier fait corps avec la bête qui lui est propre, et l’on ne peut pas plus démonter Sancho Pança que don Quichotte.
C’est que la jeunesse, la beauté, la naïve innocence des deux personnages, qui ne se défient ni d’eux-mêmes, ni des autres ; leurs fronts penchés sur le même livre, qui, semblable à un miroir terni par leur haleine, leur retrace et leur révèle tout à coup leur propre image, et les précipite dans le même délire et dans le même enfer par la fatale répercussion du livre contre le cœur et du cœur lui-même contre un autre cœur, sont là des coups de pinceaux achevés. […] Les rapports qu’il avait eus avec eux dans leur jeunesse, dans leurs revers, dans leurs légations, le rendaient éminemment propre à traiter avec eux presque familièrement les grandes affaires. […] Vous faussez par l’effort votre propre langue sans parvenir à lui faire rendre ni la forme ni le sens de la langue que vous traduisez. […] Il voulut dire ce qui se passait en lui ; il voulut, selon sa propre expression, noter les chants intérieurs de l’amour, et Dante fut poète. » « Mais comme il faut toujours », poursuit Ozanam, « que la nature humaine se trahisse par quelque côté, les belles qualités de ce poète se déshonorèrent quelquefois par leurs excès.
……… s’écrie le poète, un moment ému involontairement lui-même par son propre récit, Amour, fléau du monde, exécrable folie, Toi qu’un lien si frêle à la volupté lie, Quand par tant d’autres nœuds tu tiens à la douleur, Si jamais, par les yeux d’une femme sans cœur, Tu peux m’entrer au ventre et m’empoisonner l’âme, Ainsi que d’une plaie on arrache une lame, (Plutôt que comme un lâche on me voie en souffrir) Je t’en arracherai, quand j’en devrais mourir. […] Mais où est la vigueur morale quand toute foi dans sa propre nature manque à l’âme ? […] Mon intention était de lui montrer, par mon propre exemple, la supériorité, même en jouissance, de l’amour spiritualiste sur l’amour sensuel. […] Enfin, tu as changé de temps en temps de corde et de note sur ton instrument de joie, tu lui as fait rendre, au soir de tes années assombries, des accents inattendus d’inspiration, de douleur, de piété, de pathétique, d’enthousiasme pour la nature, d’invocation à son auteur, qui ont fait frémir à l’unisson d’abord, puis taire d’admiration ensuite nos propres lyres étonnées que les musiciens du temple fussent tout à coup surpassés par un ménétrier du plaisir !
Les seuls romans qui essaient de rendre la manière de vivre d’une époque parmi son décor propre sont ceux de M. […] Car on dira que l’humour peut être parfois son propre jeu, et parfois au contraire l’expression amusante d’une sérieuse pensée. […] Il n’a rien de commun avec le fatalisme de Pierre Loti, qui n’exprime que sa propre résignation, individuelle, devant la mort ? […] G. de la Rochefoucauld dont l’Amant et le Médecin a dû son succès autant à sa valeur propre qu’à la notoriété historique et mondaine de son auteur.
Le plus habile des géologues, s’il n’eût connu que ces vastes étendues de territoire, n’aurait jamais soupçonné que, pendant ces mêmes périodes complétement stériles pour son propre pays, d’énormes assises de sédiment, renfermant des formes organiques nouvelles et toutes spéciales, s’accumulaient autre part. […] Pour qu’on puisse trouver une série de formes parfaitement graduées entre deux espèces propres aux étages supérieurs et inférieurs de la même formation, il faudrait que le dépôt eût continué de s’accumuler pendant une très longue période, afin qu’il se fût écoulé un temps suffisant pour que le lent procédé de variation pût avoir effectué des changements de valeur spécifique. […] Je puis citer un autre exemple dont j’ai été vivement frappé, lorsque je l’ai constaté de mes propres yeux. […] Quel est le géologue qui a vu de ses propres yeux tous les spécimens divers de chaque espèce fossile ou vivante ?
Junon, sur le devant, à droite, a la main droite posée sur celle de Jupiter assoupi, le bras gauche étendu sur ses propres cuisses, et la tête appuyée contre la poitrine de son époux. […] J’ai vraiment l’âme chagrine de voir un si beau faire, un moyen aussi rare, aussi prétieux, si propre à de grands effets, et réduit à rien. […] Ni esprit, ni dignité, ni passion, ni poésie, ni mensonge, ni vérité. çà, maître La Grenée, car je ne l’appellerai jamais autrement, place-toi devant ton propre ouvrage et dis-moi ce que tu en penses. […] Outre l’action propre de l’état, il y a la physionomie. " et ils vous plairont toujours, ces petits tableaux ?
Il n’en est pas de même des Françaises ; la moindre servante se croit très propre à diriger l’État : je trouve cela tellement ridicule que j’ai été guérie de toute manie de ce genre. […] Le Régent n’a jamais été mieux peint que par sa mère ; elle nous le montre avec toutes ses facilités, ses curiosités en tous sens, ses talents, son génie propre, ses grâces, son indulgence pour tous, même pour ses ennemis ; elle dénonce ce seul défaut capital qui l’a perdu, cette débauche ardente et à heure fixe, où il s’abîmait et disparaissait tous les soirs jusqu’au matin : Tout conseil, toute remontrance à cet égard sont inutiles, disait-elle ; quand on lui parle, il répond : « Depuis six heures du matin jusqu’à la nuit, je suis assujetti à un travail prolongé et fatigant ; si je ne m’amusais pas un peu ensuite, je ne pourrais y tenir, je mourrais de mélancolie. » — Je prie Dieu bien sincèrement pour sa conversion, ajoute-t-elle ; il n’a pas d’autres défauts que ceux-là, mais ils sont grands.
Dès l’abord, il avait défini cet esprit de philosophie comme il l’entendait, « une supériorité de raison qui nous fait rapporter chaque chose à ses principes propres et naturels, indépendamment de l’opinion qu’en ont eue les autres hommes ». […] Mme de Lambert, de son côté, remarquait que le moment était venu sans doute d’opérer le rapprochement : Le temps, ce me semble, disait-elle, y est propre.