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48. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XII. Des livres de jurisprudence » pp. 320-324

Tous les écrits de M. d’Héricourt ont eu beaucoup de succès. On trouvera beaucoup de choses relatives au droit canonique dans ses Œuvres posthumes, imprimées en 1759. en quatre vol.

49. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Cette opinion a été chaudement soutenue par beaucoup de géologues et de paléontologistes, qui, comme F. […] On sait sur quelles différences presque insensibles beaucoup de paléontologistes ont fondé leurs espèces, et ils se montrent surtout disposés à les multiplier, lorsque les spécimens proviennent des différents étages d’une même formation. […] Ainsi les derniers dépôts tertiaires renferment beaucoup de coquilles que la majorité des naturalistes croient identiques avec des espèces vivantes ; mais d’autres savants paléontologistes, tels que M.  […] Mais ces chaînons, si près voisins qu’ils soient, n’en seraient pas moins rangés par beaucoup de paléontologistes comme autant d’espèces distinctes, s’ils se trouvaient enfouis dans les différents étages d’une même formation. […] Je ne puis douter, par exemple, que tous les Trilobites siluriens ne soient descendus de quelque crustacé qui doit avoir vécu longtemps avant cette époque géologique, et qui différait probablement beaucoup de tous les animaux connus.

50. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

Il y a toujours sans doute beaucoup de tendresse et de douce intimité dans les lettres du philosophe à sa maîtresse ; mais la passion éclatante, épurée, et par moments sublime, a disparu dans une causerie plus molle, plus patiente, plus désintéressée ; les nouvelles, les anecdotes, les conversations sur toutes choses, s’y trouvent comme auparavant ; une analyse ingénieuse et profonde du cœur y saisit toujours et y amuse ; mais la verve de l’esprit supplée fréquemment à la flamme attiédie de la passion ; un gracieux commérage, si l’on peut parler ainsi, occupe et remplit les heures de l’absence ; on s’aime, on se le dit encore, on ne sera jamais las de se le dire ; mais par malheur les cinquante ans sont là qui avertissent désagréablement le lecteur et le désenchantent sur le compte des amants ; les amants eux-mêmes ne peuvent oublier ces fâcheux cinquante ans qui leur font l’absence moins douloureuse, la fidélité moins méritoire, et qui introduisent forcément dans l’expression de leurs sentiments les plus délicats, je ne sais quelle préoccupation sensuelle qui les ramène à la terre et les arrache aux divines extases de l’âme où s’égare et plane en toute confiance la prodigue jeunesse. […] Nous parlâmes beaucoup de M***, je lui prédis qu’avant trois mois elle en entendrait une déclaration en forme. « Vous vous trompez. — C’est vous-même. — Il est froid. — Il s’échauffera. — Personne n’est plus réservé. — D’accord ; mais voici son histoire : il croira vous estimer seulement, et il vous aimera. […] Sainte-Beuve, en 1864 ou 1865, en réponse à une consultation que son secrétaire avait été chargé de lui demander : « On parle beaucoup de la statue de Voltaire et elle se fera.

51. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

Ce qui peut y être considéré comme le propre d’Eugène, c’est la forme qu’il leur a donnée et qui nous représente fidèlement la tournure particulière de son esprit ; quelque chose de complexe, d’un peu obscur à la surface, et qui rayonne par le fond ; une clarté profonde, sans beaucoup de transparence ; une pensée solidaire qui se manifeste sur plus d’un point à la fois, et se déroule avec une plénitude imposante dans sa qualité fondamentale ; un arbre d’une puissante végétation intérieure, qui n’a nul souci de l’écorce ; une allure simple, grave, un peu enveloppée, faisant beaucoup de chemin sans affecter beaucoup de mouvement ; souvent de ces mots brefs et compréhensifs, de ces formules d’apôtre qui gravent une pensée pour toute une religion.

52. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de 1833 »

Dans le roman en particulier, pour qu’il soit bon, il faut qu’il y ait beaucoup de choses senties, beaucoup de choses observées, et que les choses devinées dérivent logiquement et simplement et sans solution de continuité des choses observées et des choses senties.

53. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XI. Des Livres sur la Politique & le Droit Public. » pp. 315-319

Il y a beaucoup de choses, vraies, hardies & fortes. […] Mais on s’est plaint que cet ouvrage peu méthodique est un labyrinthe sans fil ; que le vrai & le faux y sont trop souvent mêlés ensemble ; que presque toutes les citations sont fausses ; que ses idées systématiques sur le climat, sur la religion, souffrent beaucoup de difficultés ; que tout le livre est fondé sur une distinction chimérique, &c.

54. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « Appendice »

Voici le début :‌ Traduction Leconte de Lisle Les chefs des Panakhaiens dormaient dans la nuit, auprès des nefs, domptés par le sommeil ; mais le doux sommeil ne saisissait point l’Atréide Agamemnôn, prince des peuples, et il roulait beaucoup de pensées dans son esprit.‌ […] Mais le sommeil aimable [doux] Ne tenait pas Agamemnon fils-d’Atrée,‌ Pasteur des peuples, Agitant beaucoup de pensées‌ Dans son esprit.

55. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Parodi, D.-Alexandre (1842-1902) »

Francisque Sarcey Il y a beaucoup de talent, mais beaucoup de talent dans cette œuvre nouvelle (Ulm le Parricide) d’un jeune homme inconnu.

56. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Et de là, peut-être, le grand reproche que beaucoup de nigauds et même de gens d’esprit lui font : « Est-il lourd, ce Sarcey !  […] Et à cause de cela beaucoup de choses, sans échapper à son intelligence, restent en dehors de ses sympathies, quelque effort qu’il fasse d’ailleurs pour les aimer. Comme il est très sincère, il nous a confessé lui-même qu’il avait mis beaucoup de temps à goûter la poésie de Victor Hugo, celle du moins dès trente dernières années, et je ne crois guère à un goût si laborieusement acquis. […] Mais il leur faut ou beaucoup de poésie ou beaucoup d’observation ou beaucoup d’esprit. […] Sarcey a, sur ces matières, précisé et jeté dans la circulation une foule d’idées dont beaucoup de critiques se servent sans le dire, et même ceux qui les combattent.

57. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Il a été forcé d’y faire beaucoup de changemens. […] On y sent un homme dont la vie a essuyé beaucoup de traverses, & qui a formé son jugement dans l’amertume des adversités. […] Telles sont une infinité de comparaisons longues & par conséquent languissantes, des scènes dont l’excessive prolixité fatigue ; beaucoup de jeux de mots reprouvés dans notre langue. […] On y trouve beaucoup de feu, d’imagination & de gaieté. […] On a traduit depuis quelque tems beaucoup de productions des Muses germaniques.

58. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Un peu plus tard, semble-t-il, il s’est mis à Horace, puisqu’il dit avec beaucoup de netteté : Horace, un peu plus tard, me dessilla les yeux. […] Cependant, La Fontaine admet, et semble admettre avec beaucoup de complaisance et de plaisir, la notion de la Providence. Je ne dirai pas que ses fables sont pleines de la notion de la Providence, mais cette notion revient très souvent, à beaucoup de reprises, dans ses fables. […] Je pourrais citer beaucoup de fables dans le sens de la croyance en la Providence. […] Vous avez encore le Berger et le Roi, où sont exposés les inconvénients de la grandeur, les misères attachées aux fonctions élevées, et où tout cela est exposé avec, non plus beaucoup de bonhomie, mais avec beaucoup d’éloquence, et d’éloquence presque lyrique.

59. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Au sein de cette vie troublée, le cœur sensible et bon de Jésus réussit à se créer un asile où il jouit de beaucoup de douceur. […] Il y fit la connaissance d’une famille composée de trois personnes, deux sœurs et un frère, dont l’amitié eut pour lui beaucoup de charme 957. […] Sa sœur, alors, sur qui retombait tout le service, se plaignait doucement : « Marthe, Marthe, lui disait Jésus, tu te tourmentes et te soucies de beaucoup de choses ; or, une seule est nécessaire. […] En général, il se tirait d’embarras avec beaucoup de finesse.

60. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

Nous avons beaucoup de voyages de France, d’Italie, de Grèce ; mais celui-ci n’a presque rien de commun avec ceux que nous connoissons. […] Quoique ce livre soit d’un très-petit format, il y a certainement plus de choses & de sens, de raison, de philosophie, de vues, que dans beaucoup de gros volumes, où la forme est absorbée par la matiere. […] La description de l’Egypte n’auroit pas été moins estimable, si l’on avoit supprimé beaucoup de phrases inutiles, & un grand nombre de détails ennuyeux. […] Le parallèle des anciens peuples avec les Amériquains suppose une grande connoissance de l’antiquité ; mais il est plus ingénieux que sensé ; & s’il y a dans ce livre beaucoup de choses intéressantes, il y a aussi un grand nombre d’idées fausses.

61. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

Un grand bon sens, joint à des convictions religieuses très-sincères et à des affections monarchiques très-profondes ; beaucoup d’études, beaucoup de modération, quoique dans la première et fervente jeunesse, une probité pleine de désintéressement et même d’esprit de sacrifice, à un âge et dans des situations facilement accessibles aux vues ambitieuses : tels étaient les mérites et la physionomie bien rare de cette école du Correspondant, qui poursuit encore aujourd’hui ses honorables travaux dans la Revue européenne. […] Nous aimons de tels ouvrages, parce que, s’il en naissait beaucoup de cette sorte dans des rangs qui ne sont pas les nôtres, ce serait une preuve qu’après bien des luttes et des déceptions cruelles, et même avec des dissidences d’affection persistantes, les générations nouvelles pourraient enfin s’entendre sur le terrain d’une vraie et pratique liberté. […] Dans la république de l’avenir où nous tendons, les raisons secrètes ou avouées, les motifs égoïstes, intéressés, philosophiques ou mystiques, pour lesquels les institutions vraiment libres seront acceptées et pratiquées d’un chacun, offriront sans doute, surtout au début, beaucoup de variété et de bigarrure ; mais il suffira qu’on se rallie en fait à trois ou quatre grands points jugés indispensables.

62. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

Lerminier y a été sévère, et il a paru toutefois à beaucoup de lecteurs trop préoccupé d’un soin qu’il vaut mieux laisser aux autres. […] Je sais que c’est une défense peu avantageuse à prendre que celle du Système de la nature et de cette faction d’holbachienne ; mais je ne veux soutenir d’Holbach ici que comme un homme d’esprit, éclairé quoique amateur, sachant beaucoup de faits de la science physique d’alors, n’ayant pas si mal lu Hobbes et Spinosa, maltraité de Voltaire, qui le trouvait un fort lourd écrivain et un fort ennuyeux métaphysicien, mais estimé de d’Alembert, de Diderot, et dont l’influence fut grande sur Condorcet et M. de Tracy. […] Ses écrits nombreux sur les matières économiques, son Voyage en Italie, attestent beaucoup de justesse, de finesse et de connaissances ; ses descriptions de machines dans l’Encyclopédie méthodique surpassent, assure-t-on, en précision élégante celles de Diderot.

63. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre II. Enfance et jeunesse de Jésus. Ses premières impressions. »

Cette province comptait parmi ses habitants, au temps de Jésus, beaucoup de non-Juifs (Phéniciens, Syriens, Arabes et même Grecs 107). […] A part quelque chose de sordide et de repoussant que l’islamisme porte partout avec lui, la ville de Nazareth, au temps de Jésus, ne différait peut-être pas beaucoup de ce qu’elle est aujourd’hui 110. […] Les maisons, à ce qu’il semble, ne différaient pas beaucoup de ces cubes de pierre, sans élégance extérieure ni intérieure, qui couvrent aujourd’hui les parties les plus riches du Liban, et qui, mêlés aux vignes et aux figuiers, ne laissent pas d’être fort agréables.

64. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 381-387

S’il est vrai que la Mothe soit l’Auteur des Couplets qui ont occasionné la disgrace de Rousseau, comme il est vrai que Rousseau ne les a pas faits, il est incontestable que cette imputation lui convient ; mais en attendant que ce mystere soit débrouillé, il n’est pas moins vrai que M. de la Mothe étoit un homme qui avoit eu le talent de se faire beaucoup de partisans dans la Société. […] Au reste, M. d’Alembert vient de publier, dans le Mercure, un Eloge de M. de la Mothe où les talens de cet Académicien nous ont paru appréciés avec beaucoup de justesse & de sagacité.

65. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Étienne Dolet, et François Floridus. » pp. 114-119

Nous avons de lui la vie de François I, jusqu’en 1539, sans compter des harangues, des traductions, beaucoup de critiques, quatre livres de poësies, intitulées Premier & second enfer, & des lettres dans un goût singulier. […] Dolet crut entrevoir dans ce livre, qui fit alors beaucoup de bruit, des idées contraires aux siennes.

66. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre IV. Des Ecrits sur la Poétique & sur divers autres genres de Littérature. » pp. 216-222

., par l’Abbé du Bos, ont eu beaucoup de lecteurs. […] Il y a dans le traité des Etudes de Rollin beaucoup de choses relatives à la Poésie.

67. (1925) La fin de l’art

Beaucoup de gens qui écrivent arrivent facilement à dire tout le contraire de ce qu’ils voulaient dire ou même à ne rien dire du tout, ce qui vaut peut-être mieux. […] On parlait encore beaucoup de lui au temps de ma jeunesse. […] S’il avait beaucoup de vulgarité, il avait aussi une certaine délicatesse. […] Les médecins ne comprirent pas ce mécanisme physiologique et persuadèrent à beaucoup de leurs clients de ne boire que de l’eau : les cas d’appendicite se multiplièrent. […] Cela tient aussi à ce que beaucoup de noms de départements sont très mauvais : Seine-Inférieure, Tarn-et-Garonne, Haute-Vienne, etc.

68. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Beaucoup de personnes croient que, dans la pratique, elle a donné des résultats fâcheux. […] C’est ce que se disent aussi beaucoup de personnes dans les milieux où les préjugés ne sont pas très en faveur. […] Beaucoup de personnes font tous les jours la même chose. […] Il faut lui plaire, et pour cela montrer beaucoup de docilité, beaucoup de patience. […] Il y a beaucoup de curieuses observations dans la première partie du livre de M. 

69. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre X. Prédictions du lac. »

Les climats froids, en obligeant l’homme a une lutte perpétuelle contre le dehors, font attacher beaucoup de prix aux recherches du bien-être et du luxe. […] Le brigandage, qui était très enraciné en Galilée 493, donnait beaucoup de force à cette manière de voir. […] L’Évangile, de la sorte, a été le suprême remède aux ennuis de la vie vulgaire, un perpétuel sursum corda, une puissante distraction aux misérables soins de la terre, un doux appel comme celui de Jésus à l’oreille de Marthe : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes de beaucoup de choses ; or une seule est nécessaire. » Grâce à Jésus, l’existence la plus terne, la plus absorbée par de tristes ou humiliants devoirs, a eu son échappée sur un coin du ciel.

70. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

On y trouve un écrivain dont les grands talens doivent faire oublier ses Lettres du chevalier d’Her… ses comédies peu théâtrales, son Apologie des tourbillons de Descartes & les Essais informes qu’il a faits dans les genres de Lucien & de Théocrite ; plus heureux dans ceux de Quinault & de Bacon, & surtout dans la géométrie ; faisant aimer les sciences les plus abstraites ; réunissant la subtilité du raisonnement à un stile qui lui est particulier & qui a fait beaucoup de mauvais imitateurs ; ayant plus d’esprit que de génie, & plus de délicatesse que d’invention ; placé sous deux règnes pour mériter l’estime de deux siècles, & par la variété de ses connoissances, & par la singularité de son ame toujours paisible, modérée, égale, inaccessible aux mouvemens inquiets ou violens, qui rendent les autres hommes malheureux ; fait, en un mot, pour les agrémens & les délices de la société, mais non pour être l’exemple des belles ames, des cœurs sensibles & reconnoissans. […] Beaucoup de femmes avoient reçu cet honneur avec respect. » A la fin, une fit confidence à son époux qu’elle avoit trouvé, dans le temple, un second mari. […] Mais tout le bien qu’on dit de la première reine, est mêlé de beaucoup de reproches qu’on lui fait.

71. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

» Évidemment, chez ce M. de Châtillon, beaucoup de pensées, — celles-là que le cœur garderait, — sont venues sous l’action de ce vin, quoique, hélas ! […] C’est celle qui commence par la strophe : Je veux décrire une merveille Intéressant beaucoup de nous ; C’est une maison sans pareille, Comme il doit s’en bâtir pour tous. […] Le vers n’est pas mauvais et il en est beaucoup de cette tournure en ces poésies de cabaret qui ont du relief et parfois de la bonhomie, mais où l’on trouve trop d’étudiant, de barrière, de saucisson et de vin à quinze.

72. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Gibert tient beaucoup de celle d’ Aristote ; & M. […] Bouhours, confrere du Pere Rapin, offre aussi beaucoup de pensées plus brillantes que solides. […] Beaucoup de pensées qu’il approuve, qu’il loue, ne paroissent à d’autres que des trivialités brillantes. […] Ses regles sont ingénieuses & ses exemples agréables ; on a appellé son livre le Dictionnaire des Pensées fines, parce qu’il y en a beaucoup de ce genre, & qu’il peut servir à en faire naître. […] Dans celui-ci il exclut de la chaire les discours où l’on ne traiteroit que des mystères, où l’on ne parleroit que de la vérité de la Religion, & plusieurs autres sujets que nos meilleurs Prédicateurs ont traités avec beaucoup de solidité.

73. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Oui, quoique beaucoup de ces pièces nous arrivent datées depuis 1840, on en peut dire, comme de certaines poésies lentes à s’écrire, qu’elles sont d’une rédaction postérieure au sentiment primitif d’où elles sont nées. Le titre modeste les a réunies sous le nom de Glanes (j’aimerais mieux Glanures) : c’est dire que la moisson est faite ; mais beaucoup de ces épis, tant ils sont mûrs, auraient pu être des premiers moissonnés. […] « J’étais sorti le matin pour chasser le sanglier, et je suis rentré le soir ayant pris beaucoup de cigales. » Mais les cigales sont harmonieuses. — Eh bien, l’école poétique moderne, au pis, peut se dire comme ce chasseur-là. […] Ce que je sais bien, c’est que la renommée finale des poëtes actuels, leur classement définitif dépendra beaucoup de ce qui viendra après.

74. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Chapitre III Le cerveau chez l’homme Si maintenant, au lieu de suivre la série animale en général, nous nous renfermons dans l’espèce humaine, nous trouverons encore, comme tout à l’heure, un certain nombre de faits qui accusent une corrélation incontestable entre le cerveau et la pensée, mais aussi beaucoup de faits contradictoires et embarrassants. […] Broca discute ces différents faits avec beaucoup de sagacité et d’adresse, et il essaye de leur faire perdre une partie de leur valeur. […] Il en concluait que l’absence de phosphore dans l’encéphale réduit l’homme à l’état de la brute, qu’un grand excès irrite le système nerveux et le plonge dans ce délire épouvantable que nous appelons la folie, enfin qu’une proportion moyenne rétablit l’équilibre et produit cette harmonie admirable qui n’est autre chose que « l’âme des spiritualistes. » À cette théorie, on a opposé que la cervelle des poissons, qui ne passent pas pour de très grands penseurs, contient beaucoup de phosphore. […] Vogt : La race nègre a donné un correspondant à l’Institut30 ; connaissez-vous beaucoup de singes dont on puisse en dire autant ?

75. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

On monte dans ces gymnasia de classe en classe avec beaucoup de solennité. […] Mais je pense que l’étude des langues anciennes pourrait être abrégée considérablement, et mêlée de beaucoup de connaissances utiles. […] Cela s’appelle la promotion, qui se fait tous les ans dans les universités avec beaucoup de cérémonies. […] Il y aura peut-être dans leurs plans beaucoup de pédanteries ; mais Dieu, qui a favorisé son ointe de tous les dons, et, entre autres, de celui du laisser et du prendre, lorsqu’il le faut et comme il le faut, aura bientôt secoué entre ses mains augustes la poussière du pédantisme pour n’y laisser que le bon grain.

76. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XII. Du principal défaut qu’on reproche, en France, à la littérature du Nord » pp. 270-275

Le mérite négatif ne peut donner aucune jouissance ; mais beaucoup de gens ne demandent à la vie que l’absence de peines, aux écrits que l’absence de fautes, à tout que des absences. […] Les beautés de Shakespeare peuvent, en Angleterre, triompher de ses défauts : mais ils diminuent beaucoup de sa gloire parmi les autres nations.

77. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

Son appréciation du livre de Furetière nous semble devoir fixer en beaucoup de points l’opinion sur cet homme de science et d’activité littéraire, et qui fut (heureusement pour lui, car la Postérité ne lit jamais de nous plus d’une page… quand elle la lit toutefois !) […] « Le Roman bourgeois — dit avec raison Asselineau — est le premier roman d’observation qu’ait produit la littérature française. » La manière de l’auteur, ce vieux raillard, comme parlerait Rabelais (le père à tous de ces observateurs ricanants de la nature humaine et du monde), la manière de l’auteur, incisive, colorée, gauloise, étreignant la réalité, et quelquefois jusqu’au cynisme, est caractérisée avec beaucoup de bonheur par Charles Asselineau.

78. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Il n’est pas besoin de savoir beaucoup de grammaire ni de Versification pour noter dans Mérope cent exemples d’impropriété ou d’incohérence. […] Quand le poète met en scène un personnage fameux, il éveille à la fois beaucoup de curiosité et quelque crainte ; on veut voir du grand, et l’on a peur que le poète ne reste au-dessous de ce qu’on attend. […] Il est vrai qu’il y a beaucoup de bon dans les deux choses auxquelles il compare ses pièces. […] On n’est pas un poète tragique même de troisième ordre sans avoir beaucoup de talent ; on n’a pas beaucoup de talent sans avoir exprimé en perfection quelques vérités du cœur humain, c’est-à-dire sans avoir eu par accident ce que l’homme de génie a d’habitude. […] C’est ce qui prouve que beaucoup de talent ne suffit pas pour la tragédie, et qu’il fallait du génie, même pour n’y tenir, comme Voltaire, que le second rang.

79. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Beaucoup de gens s’en sont contentés ; on se contenterait à moins. […] Il est juste toutefois d’excepter les caractères de chevaliers que Voltaire a tracés avec beaucoup de charme et une fidélité de couleur plus que suffisante pour l’époque. […] Avouons que sous d’autres titres, on nous joue perpétuellement la même chose, nous voyons beaucoup de continuateurs… En vérité, jusqu’à ce qu’il se présente un génie inventeur, les traducteurs doivent avoir la préférence. […] Beaucoup de personnes s’imaginent que hors de la facture de Racine, il n’y a point de salut. […] Et puis quel misérable progrès de de versification, qu’un logogriphe en huit alexandrins dont le mot est carotte ou chien-dent… Ce qu’il y a de plus triste c’est que beaucoup de nos auteurs ont transporté ce feux langage dans la tragédie.

80. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

Une fois entré dans son sujet, M. de Tocqueville s’y tient avec sévérité, et les considérations générales, éloquentes, de son Introduction font place à une analyse savante, exacte et sans aucune de ces digressions sentimentales auxquelles s’abandonnent trop volontiers beaucoup de nos jeunes historiens et publicistes. […] Beaucoup de faits et de détails historiques rejetés dans les notes auraient pu, en se mêlant dans le texte, le rompre, le diversifier heureusement, comme il arrive dans cette grande manière de l’Esprit des lois. […] Je ne puis m’empêcher de croire qu’il existe pour nous beaucoup de points de contact et qu’une sorte d’intimité intellectuelle et morale ne tarderait pas à régner entre vous et moi, si nous avions l’occasion de nous mieux connaître.

81. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IX. L’antinomie politique » pp. 193-207

C’est entre eux un commerce de concessions et de bons offices, un esprit de corps et une camaraderie qui exigent beaucoup de souplesse et d’intrigue, mais nulle originalité de pensée ou de caractère. […] Un pays où il y a beaucoup de ces associations permet aux individus d’agir sur la législation de l’État sinon directement comme le citoyen de la cité antique, du moins indirectement par le moyen de l’association dont il fait partie et sur laquelle il peut lui-même exercer une action. […] Faguet expose avec beaucoup de force l’antinomie qui existe entre le dogme de la souveraineté du peuple et les droits de l’individu.

82. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

Au sortir de la ville, le mendiant Bartimée 1009 lui fit beaucoup de plaisir en l’appelant obstinément « fils de David », quoiqu’on lui enjoignit de se taire. […] Beaucoup de circonstances portent à croire que son pouvoir n’était que nominal. […] On comprend, en effet, que sous ce régime de pontificat annuel et transmis à tour de rôle selon le caprice des procurateurs, un vieux pontife, ayant gardé le secret des traditions, vu se succéder beaucoup de fortunes plus jeunes que la sienne, et conservé assez de crédit pour faire déléguer le pouvoir à des personnes qui, selon la famille, lui étaient subordonnées, devait être un très important personnage.

83. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

On peut dépenser avec eux beaucoup de morale, beaucoup de brochures et beaucoup de modération parlementaire, mais l’épée de Napoléon, la cravache de Louis XIV ou la botte de Charles XII sont meilleures que tous ces orviétans, et je m’y fierais davantage.

84. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Sans doute, cette composition, comme tout ce qui sort de Carle Vernet et de l’école, manque de liberté ; mais, en revanche, elle a beaucoup de sérieux, une dureté qui plaît, une sécheresse de manière qui convient assez bien au sujet, le jeu étant une passion à la fois violente et contenue. […] Du reste, celles de ses œuvres datées de ce temps-là diffèrent beaucoup de ce qu’il fait aujourd’hui. […] Henri Monnier a fait beaucoup de bruit il y a quelques années ; il a eu un grand succès dans le monde bourgeois et dans le monde des ateliers, deux espèces de villages. […] Beaucoup de gens préfèrent Gavarni à Daumier, et cela n’a rien d’étonnant. […] Paul de Kock a créé la Grisette, et Gavarni la Lorette ; et quelques-unes de ces filles se sont perfectionnées en se l’assimilant, comme la jeunesse du quartier latin avait subi l’influence de ses étudiants, comme beaucoup de gens s’efforcent de ressembler aux gravures de mode.

85. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Beaucoup de personnes diront qu’il ne se passe rien : c’est qu’elles ne regardent pas attentivement. En réalité, on aperçoit beaucoup de choses. […] Il se rencontre chez tout le monde, et il fournit, sans aucun doute, l’étoffe où nous taillons beaucoup de nos rêves. […] Or, les sensations provoquées par une lumière réelle sont à l’origine de beaucoup de nos rêves. […] Vous ne liriez pas alors beaucoup de pages dans votre journée.

86. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 26, que les jugemens du public l’emportent à la fin sur les jugemens des gens du métier » pp. 375-381

Les décisions des gens du métier, bien que sujettes à toutes les illusions dont nous venons de parler, ne laissent point d’avoir beaucoup de part à la premiere réputation d’un ouvrage nouveau. En premier lieu, s’ils ne peuvent pas faire blâmer un ouvrage par ceux qui le connoissent, ils peuvent empêcher beaucoup de gens de le connoître en les détournant de l’aller voir ou de le lire.

87. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

À cause d’elle beaucoup de héros devaient perdre la vie. […] Ceux-ci avaient encore à leur service beaucoup de héros que je ne puis nommer. […] Aussi beaucoup de femmes charmantes l’avaient aimé. […] Ils emportaient beaucoup de richesses et pouvaient vivre grandement. […] Beaucoup de bons guerriers du pays des Burgondes lui étaient soumis.

88. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Nous passerons donc à côté de beaucoup de choses, par-dessus beaucoup d’autres, et quelquefois nous laisserons à deviner. […] Janin deux facultés entre autres qui lui donnent beaucoup de rapport avec l’esprit des enfants et aussi beaucoup de son charme. […] On a pu reprocher avec beaucoup de raison à M.  […] Janin ont été entachées de beaucoup de ridicule, et ce n’est pas lui qui apportait la plus forte part dans ce triste pique-nique. […] Il y a beaucoup de l’antiquaire dans l’affection de M. 

89. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Une grande et belle victoire (la Juive), beaucoup de combats heureux, s’il en eut de contestés, nombre d’affaires distinguées, semées d’actions et de parties brillantes : voilà pour la carrière. […] Raoul-Rochette avait beaucoup de mérite réel, beaucoup de savoir et plus solide qu’on ne l’a pensé (quelques légèretés à ses débuts, des fatuités lui avaient fait tort, il avait bien réparé cela depuis). […] « Il savait beaucoup de choses, même dans les sciences, en histoire naturelle, en médecine.

90. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Scott, plus insouciant peut-être, et comme un voyageur simplement curieux qui a déjà vu beaucoup de siècles et de pays, mais qui n’est pas las encore, se remettra en marche au risque de repasser, chemin faisant, par les mêmes aventures. […] Différaient-elles beaucoup de l’Élégie à la voix gémissante ; Au ris mêlé de pleurs, aux longs cheveux épars, Belle, levant au ciel ses humides regards ? […] Quoi qu’il en soit, il énonçait à coup sûr, dans cette lettre à l’Académie, l’opinion de plus d’un esprit délicat, de plus d’un académicien de son temps, et Racine lui-même se serait probablement entendu avec lui pour critiquer sur beaucoup de points la diction de Molière. […] Son style est complet en soi, aussi complet que son drame lui-même ; ce style est le produit d’une organisation rare et flexible, modifiée par une éducation continuelle et par une multitude de circonstances sociales qui ont pour jamais disparu ; il est, autant qu’aucun autre, et à force de finesse, sinon avec beaucoup de saillie, marqué au coin d’une individualité distincte, et nous retrace presque partout le profil noble, tendre et mélancolique de l’homme avec la date du temps.

91. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

. — Que le personnage soit antipathique, cela ne serait rien ; il pourrait être sauvé soit par beaucoup de comique, soit par un peu de terreur. […] À en juger par les lettres que j’ai reçues, beaucoup de Français en France désirent que le Tartuffe de Molière ne soit pas double. […] On n’ignore pas que la gourmandise est le péché mignon de beaucoup de personnes religieuses et même d’ecclésiastiques excellents. […] (Au surplus, des traits que nous jugeons grossiers et ridicules pouvaient fort bien toucher un bourgeois qui, sans doute, comme beaucoup de ses contemporains, lisait encore régulièrement la Vie des Saints.

92. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Je tâche de mener une vie conforme à l’état où je me trouve, sans passion désagréable, sans ambition, sans envie, avec beaucoup de connaissances, peu d’amis et beaucoup de goûts. […] « Enfin le bon Voltaire, dit-elle, vint à midi ; il parut fâché jusqu’aux larmes de l’état où il me vit ; il me fit de vives excuses ; il me demanda beaucoup de pardons, et j’eus l’occasion de voir toute la sensibilité de son âme. » Depuis cet instant, Voltaire fit tout pour qu’elle oubliât la triste scène dont il était bien honteux. […] Si l’on se souciait de savoir comment Turgot connaissait si intimement Mme de Graffigny, l’abbé Morellet nous apprend que Turgot, du temps qu’il était en Sorbonne et abbé, s’était fait présenter chez elle, car elle réunissait beaucoup de gens de lettres.

93. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Car bien que l’inscription apprenne leur nom, on a encore beaucoup de peine à deviner la valeur et le merite de tous les attributs emblêmatiques dont ils sont ornez. […] Les peintres tirent de grands secours de ces compositions allegoriques de la seconde espece, ou pour exprimer beaucoup de choses qu’ils ne pourroient pas faire entendre dans une composition historique, ou pour répresenter en un seul tableau plusieurs actions dont il semble que chacune demandât une toille separée. […] Il seroit superflu de prendre beaucoup de peine pour persuader aux peintres qu’on peut faire quelquefois un bon usage des compositions et des personnages allegoriques. […] On voit dans la galerie de Versailles beaucoup de morceaux de peinture dont le sens enveloppé trop misterieusement, échappe à la penetration des plus subtils, et passe les lumieres des mieux instruits.

94. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

En France, où s’est passé le fort du débat, on commence à le dater de Desmarets de Saint-Sorlin, vers 1670 ; les manifestes de cet esprit un peu extravagant, et qui mêlait quelques bonnes idées à beaucoup de chimères, devancier de Chateaubriand en théorie et qui faisait mieux que pressentir la veine de poésie propre au christianisme, se prolongèrent jusqu’en 1675. […] Rigault n’oublie rien, et il découvre chemin faisant beaucoup de choses ; il dessine au passage quantité de figures devant lesquelles on n’est guère accoutumé à s’arrêter, et on emporte l’idée de physionomies nouvelles et distinctes. […] Je demande à plaider à mon tour ; je demande à présenter sous un jour un peu plus favorable ce petit personnage, très spirituel en effet, mais qui n’était pas si ridicule de vouloir paraître philosophe, car il avait l’esprit naturellement philosophique ; et s’il s’est trompé sur la question d’Homère et des anciens, il s’est trompé en homme de pensée et avec beaucoup de distinction.

95. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

Le critique accompagne néanmoins ses observations de ménagement & de beaucoup de politesses ; mais il mit, dans la suite, plus de chaleur & de méthode dans un discours, sur la traduction des poëtes, placé à la tête de celle de Virgile. […] Ce qui fait, dit-il, que les grands poëtes de l’antiquité ont été traduits en vers avec beaucoup de succès chez nos voisins, & ridiculement chez les François, c’est la différence du génie des langues, La nôtre ne sçauroit se plier à rendre les petites choses ; à nommer, sans causer du dégoût (tant nous sommes des Sybarites dédaigneux & difficiles) les instrumens des travaux champêtres & des arts méchaniques. […] par tel homme qui n’entend pas mieux le François que le Latin ; par tel rimailleur, le mépris & l’effroi des gens sensés ; par beaucoup de ces auteurs condamnés à subsister de leur plume, à enfanter livre sur livre, non pour l’honneur, mais pour le gain.

96. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

L’auteur des Etudes et des Harmonies a peut-être dit beaucoup de sottises, et nous ne les défendrons pas ; mais on avouera qu’il faut être un sot d’une rare espèce pour écrire Paul et Virginie que Flaubert avouait ne pouvoir lire sans fondre en larmes et que Maupassant déclarait un chef-d’œuvre, invincible témoignage de deux auteurs peu suspects qui tranche décidément la question. […] Que Fénelon soit parfait écrivain dans beaucoup de ses ouvrages, c’est une chose que nous avons reconnue nous-même. […] Il y a décidément beaucoup de choses que ce monsieur ne comprend pas.‌

97. (1799) Dialogue entre la Poésie et la Philosophie [posth.]

Mais bien loin d’en être offensée, je puis vous protester que je vous veux beaucoup de bien. […] Comme ils ont beaucoup de justesse d’esprit, ils en concluent que ce ne sont pas les vers, en tant que vers, qui font bâiller tant de lecteurs, mais les vers vides de choses et d’idées, qui ne disent rien, qui n’expriment rien, où il n’y a rien ni à retenir, ni à remarquer, où l’on ne trouve, si je puis parler de la sorte, que les haillons usés de la poésie, et Zéphyre et Flore, et les ailes de l’Amour, et la montagne au double sommet, et l’Hippocrène où il faudrait noyer tous les mauvais vers, et peut-être aussi les mauvais poètes. […] Je crois que toute image poétique, pour être vraiment belle, doit renfermer une pensée ; et sur ce pied-là je préfère les vers d’image, dignes de ce nom, aux vers qui ne renfermeraient qu’une pensée sans image, quoique ces derniers puissent avoir aussi beaucoup de mérite.

98. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Souvent nous avons vu un peu de grâce faire passer par-dessus beaucoup de folie, mais que dire de beaucoup de grâce consacrée à nous faire aimer beaucoup de bon sens ?

99. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le théâtre annamite »

Cependant tant de niaiserie flotte dans l’air au temps où nous sommes ; l’idée et le respect de cette vieille « couleur locale » chère aux romantiques ont pénétré dans tant de cervelles, même bourgeoises, que beaucoup de badauds s’extasient sur le pittoresque de ces monstres, et particulièrement sur la richesse de leurs costumes. […] Il y a entre mon chien et moi beaucoup de sentiments communs et de commencements de pensées communes.

100. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Girac, et Costar. » pp. 208-216

Il y avoit beaucoup de chaleur & quelques saillies plaisantes. […] Il noya beaucoup de remarques judicieuses dans un fatras de verbiage.

101. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Ces esprits médiocrement propres à beaucoup de choses, ont la même destinée quand on les applique à la peinture. […] Le Sueur, qui n’avoit jamais été à Rome, et qui n’avoit vû que de loin, c’est-à-dire, dans des copies, les richesses de cette capitale de beaux arts, en avoit mieux profité, que beaucoup de peintres qui se glorifioient d’un sejour de plusieurs années au pied du Capitole.

102. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

De bonne heure, dès que la société se fut constituée dans une forme régulière ils y apparurent comme des irréguliers, des déclassés, et, comme tels, ils excitèrent la curiosité du public honorable et rangé, sur qui la vie de bohème a toujours exercé une fascination singulière, Ils surent exploiter ce sentiment, ils se peignirent à leurs contemporains, avec un mélange curieux de servile bouffonnerie et de-touchante sincérité, qui était fait pour exciter un peu de pitié parmi beaucoup de mépris, et délier les cordons de la bourse des gens qui avaient ri. […] C’était un pauvre diable de ménestrel, que la malechance poursuivit toute la vie, beaucoup de légèreté aidant, et un peu de vice. […] Il eut quelques bienfaiteurs et beaucoup de créanciers : l’argent de ses bienfaiteurs n’allait pas à ses créanciers ; les dés en faisaient rafle.

103. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Les rêveries de Lamartine ou la passion de Musset, beaucoup de gens en sont capables, et Musset et Lamartine ne sont poètes que pour les avoir exprimées de la façon que l’on sait. […] Chacun d’eux résume à la fois beaucoup de science et beaucoup de rêve.

104. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IX. Les disciples de Jésus. »

Quant à Jean, sa jeunesse 449, son exquise tendresse de cœur 450 et son imagination vive 451 devaient avoir beaucoup de charme. […] Vieux, il écrivit sur son maître cet évangile bizarre 452 qui renferme de si précieux renseignements, mais où, selon nous, le caractère de Jésus est faussé sur beaucoup de points. […] Jésus accepta un dîner que lui offrit Lévi, et où il y avait, selon le langage du temps, « beaucoup de douaniers et de pécheurs. » Ce fut un grand scandale 471.

105. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Il écrivit beaucoup de prose et beaucoup de vers. […] Seulement, il s’efforça de mettre cette « perfection de la forme au service de son propre idéal qui différait beaucoup de celui de ses confrères parnassiens ».

106. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

L’auteur des Femmes au temps d’Auguste a écrit, avec beaucoup de notions de plus, comme on pouvait écrire du temps d’Auguste, et c’est en raison de ces notions de plus que nous le préférons à un ancien de ce temps-là. Il n’a pas pensé seulement que, depuis ce temps-là, il s’est produit dans le monde une société chrétienne, et il ne s’est pas souvenu de beaucoup de choses que cette société dont il fait partie a dû déposer dans son esprit. […] Il y a, dans son livre, beaucoup de vrai historique, à côté de ce vrai humain dont il est si friand… Il sait évidemment — et très à fond — l’époque d’Auguste et les affreuses mœurs romaines, qui ne le troublent pas beaucoup, d’ailleurs, et contre lesquelles il ne fait jamais la moindre déclamation, le moindre petit signe de moralité indignée : les dandys n’étant, par état, ni des prudes ni des bégueules.

107. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

Quoique ces documents trop vantés ne répandent guère sur les faits qu’une lumière qui a ses vibrations, ses tremblements et ses ombres, il faut nonobstant en convenir, si beaucoup de découvertes analogues à celles que MM.  […] À cela, il y a beaucoup de raisons ; mais la principale est certainement l’espèce d’horreur qu’inspire la théocratie à l’esprit moderne. […] Ces deux livres nous apprennent assurément beaucoup de choses piquantes sur Charles-Quint et les dernières années de sa vie, mais l’important, ils ne le disent pas !

108. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Ce feu bien fait devait être le livre de Gourdon, dont la main naturellement était fort capable de bien le construire du pied à la cime, mais qui, justement, après l’avoir arrangé avec beaucoup de soin et d’aptitude dans son milieu et dans sa base, tout à coup, par la cime, l’a manqué ! […] Après le livre d’Édouard Gourdon, nous voulons en examiner un qui n’a rien de littéraire, et qui n’en mérite pas moins, comme beaucoup de livres qui ne sont pas les moins précieux parmi les livres, d’arrêter un instant le regard d’une Critique qui voit la chose humaine bien avant la chose littéraire. Les Trente-deux Duels de Jean Gigon 11, nous assure leur historien, sont une histoire réelle, et il se donne beaucoup de mal pour nous le persuader.

109. (1925) Dissociations

Il y a beaucoup de chances pour que l’on ait mal distingué un visage. […] Certes, on peut laisser sa fenêtre ouverte, mais cela fait qu’il entre beaucoup de bruit dans la chambre. […] En beaucoup de régions on passerait avec répugnance sur un pont qui n’aurait pas reçu le baptême. […] Ils sont beaucoup de professionnels de la promenade, à Paris. […] Beaucoup de médecins les considèrent également comme une vexation inutile.

110. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Nous avons beaucoup de Pradons et pas un Racine ; ainsi la lutte ne pourrait guère avoir lieu qu’entre les Pradons ; il y aurait plus d’égalité et moins de scandale. […] Quelques années auparavant, Quinault avait déjà donné l’Amant indiscret, pièce qui eut beaucoup de succès, et qui est au fond la même chose que l’Étourdi de Molière. […] Ésope n’avait pas lu beaucoup de volumes ; et s’il en avait lu beaucoup, il en aurait été bien certain ; il n’aurait pas dit : Il me semble avoir lu, dans beaucoup de volumes. […] Les Mémoires de la marquise de Frêne avaient dans ce temps-là beaucoup de vogue : cette marquise avait été vendue par son mari à un corsaire. […] Beaucoup de nouveautés musquées, qu’on applaudit aujourd’hui, ne vivront pas longtemps.

111. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Le duc répondit : « Elles sont en effet terribles, mais dans toutes les révolutions on a toujours versé beaucoup de sang, et une fois commencées, on ne peut les arrêter quand on veut. » Il me parla, continue madame Elliott, de l’abominable meurtre de Mme de Lamballe, de sa tête qu’on lui avait apportée au Palais-Royal pendant son dîner. […] J’y arrivai à sept heures et demie, et je trouvai M. de Biron et toute la compagnie fort tristes : on lui envoyait toutes les demi-heures une liste des votes, et nous voyions tous avec désespoir que beaucoup de ces votes demandaient la mort du roi. […] Je n’osai pas coucher seule dans ma chambre ; je fis veiller ma femme de chambre avec moi toute la nuit, avec beaucoup de lumières et en priant. […] À un moment Santerre est aussi jeté dans la même prison, et de près on ne le trouve pas si monstre ; mais ici la royaliste en Mme Elliott tient bon : « Malgré toutes les attentions qu’il eut pour moi, je ne pus jamais vivre en bonne amitié avec lui : beaucoup de nos grandes dames se lièrent intimement avec cet homme qu’elles croyaient bon et inoffensif… Il fut délivré avant la mort de Robespierre… Il nous envoyait toujours quelques provisions, et je dois dire qu’il ne manquait jamais une occasion de nous être utile.

112. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Franklin rougissait beaucoup de ce vers, et il en rougissait avec sincérité ; il aurait bien voulu qu’on supprimât cet éloge extravagant selon lui, et qui exagérait en effet son rôle ; mais il avait affaire à une nation monarchique, qui aime avant tout que quelqu’un tout seul ait tout fait, et qui a besoin de personnifier ses admirations dans un seul nom et dans une seule gloire. […] Nogaret, menu rimeur infatigable et des plus oubliés, qui lui demandait son avis sur une traduction française du vers de Turgot, il répondait avec beaucoup de franchise : Passy, 8 mars 1781. […] Je vous conseillerai donc de ne pas essayer de déchaîner le tigre, mais de brûler cet écrit avant qu’il soit lu d’aucune autre personne : par là vous vous épargnerez à vous-même beaucoup de mortification de la part des ennemis qu’il peut vous susciter, et peut-être aussi beaucoup de regret et de repentir.

113. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 20, de quelques circonstances qu’il faut observer en traitant des sujets tragiques » pp. 147-156

Or les foiblesses de l’amour déparent beaucoup de caracteres heroïques qui nous inspireroient de la veneration, s’ils n’étoient point avilis par ces foiblesses. […] Cependant les regles de notre théatre et les usages de notre scene tragique, qui veulent que les femmes aïent toujours beaucoup de part dans l’intrigue, et que l’amour y soit traité suivant nos manieres, empêchent que nous ne puissions nous conformer aux moeurs et aux coûtumes des nations étrangeres.

114. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Ce coin de sa nature est essentiel ; il se marque dans beaucoup de ses notes érudites et dans le choix de plus d’un de ses sujets de publication. […] Boissonade travaillait avec beaucoup de goût, sans beaucoup de suite. […] Boissonade, à l’un des hommes qu’il distingua le plus, à celui qu’il avait choisi de son plein gré pour son suppléant, et à qui il écrivait, lui qui connaissait le prix de chaque mot : « Vous savez beaucoup de choses, et vous les savez bien » ; à M.  […]  » Cependant, peu après, Boissonade avait reçu plus d’un avis qui lui avait mis, comme on dit, la puce à l’oreille : « Il me revient de plusieurs côtés », écrit-il à Wyttenbach, dans l’extrait rapporté par Mahne, « que vous songez à publier séparément, et dans un livre particulier, votre travail sur Eunape ; et, si je suis bien informé, ce livre contiendra beaucoup de choses qui me causeront une profonde douleur (multa erunt, quæ mihi non parum mœstitiæ afferent).

115. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

— Soit qu’il nous peigne ce grand style de Pascal, si caractérisé entre tous par sa vérité, austère et nu pour l’ordinaire, paré de sa nudité même, et qu’il ajoute pour le fond : « Bien des paragraphes de Pascal sont des strophes d’un Byron chrétien ; » soit qu’il admire, avec les penseurs, dans La Rochefoucauld, ce talent de présenter chaque idée sous l’angle le plus ouvert, et cette force d’irradiation qui fait épanouir le point central en une vaste circonférence ; soit qu’il trouve chez La Bruyère, et à l’inverse de ce qui a lieu chez La Rochefoucauld, des lointains un peu illusoires créés par le pinceau, moins d’étendue réelle de pensée que l’expression n’en fait d’abord pressentir, et qu’il se montre aussi presque sévère pour un style si finement élaboré, dont il a souvent un peu lui-même les qualités et l’effort ; soit que, se souvenant sans doute d’une pensée de Mme Necker sur le style de Mme de Sévigné, il oppose d’un mot la forme de prose encore gracieusement flottante du xviie  siècle à cette élégance plus déterminée du suivant, qu’il appelle succincta vestis ; soit qu’en regard des lettres capricieuses et des mille dons de Mme de Sévigné, toute grâce, il dise des lettres de Mme de Maintenon en une phrase accomplie, assez pareille à la vie qu’elle exprime, et enveloppant tout ce qu’une critique infinie déduirait : « Le plus parfait naturel, une justesse admirable d’expression, une précision sévère, une grande connaissance du monde, donneront toujours beaucoup de valeur à cette correspondance, où l’on croit sentir la circonspection d’une position équivoque et la dignité d’une haute destinée ; » soit qu’il touche l’aimable figure de Vauvenargues d’un trait affectueux et reconnaissant, et qu’il dégage de sa philosophie généreuse et inconséquente les attraits qui le poussaient au christianisme ; soit qu’en style de Vauvenargues lui-même il recommande, dans les Éléments de Philosophie de d’Alembert, un style qui n’est orné que de sa clarté, mais d’une clarté si vive qu’elle est brillante ; — sur tous ces points et sur cent autres, je ne me lasse pas de repasser les jugements de l’auteur, qui sont comme autant de pierres précieuses, enchâssées, l’une après l’autre, dans la prise exacte de son ongle net et fin. […] Il se rapprocherait beaucoup de Duguet pour la manière et le tour modéré, suivi, fin et rentré, si Duguet avait été plus littérateur. Il a donc assez des habitudes littéraires des écrivains de Port-Royal (et jusqu’à leur goût de l’anonyme), comme il a beaucoup de leurs doctrines religieuses. […] Il n’y a rien là de Bossuet ; il y a encore beaucoup de Pascal, mais d’un Pascal moins abrupt, plus apprivoisé au salut et plus doucement acceptable. […] Un seul mot qui pourrait déplaire dans cette pièce sans tache est celui d’angoissée, mais je dois dire qu’il est d’usage habituel dans le canton de Vaud ; la lecture de la Bible en langue vulgaire maintient en circulation beaucoup de ces mots un peu étranges ou vieillis.

116. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Beaucoup de ses opinions d’aujourd’hui ont leur origine et leur racine en ce temps : seulement il s’est attaché à contredire depuis et à combattre sous toutes les formes ce qu’il avait à son début trop entendu affirmer. […] On y apprend beaucoup de détails piquants de mœurs, et à connaître en somme (pourvu qu’on le lise avec contradiction) toute cette poésie du second âge. […] Sans me porter ici pour un défenseur de Stace comme l’était Malherbe, sans me donner du tout les airs d’avoir lu jusqu’au bout sa Thébaïde, il me semble que, dans les Sylves, plus d’une de ces pièces improvisées, non pas à la manière de Sgricci, mais comme le sont beaucoup de pièces de Hugo et de Lamartine, c’est-à-dire en deux matinées, méritait quelque distinction pour de charmants vers qui s’y trouvent. […] Tel qu’il est, avec la position importante qu’il occupe et la noble ambition dont il s’y pousse, il est en voie de se faire une grande existence de critique, que subiront sans doute et appuieront, comme il arrive d’ordinaire, beaucoup de ceux qui auraient été d’abord tentés de la dédaigner. […] Cet article a soulevé des récriminations diverses et animées : peut-être, en effet, pour qu’on pût en écrire alors, la mémoire de Carrel était trop incandescente ; le biographe a eu beau y employer beaucoup de phrases et mêler beaucoup d’eau dans son encre, il n’a pas réussi.

117. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

L’aimable et moins hardi Pavillon n’était point ainsi ; je ne sais s’il se tourmenta beaucoup de la renommée, mais il ne la méprisait pas et crut la posséder suffisamment. […] En pourrait-on dire autant aujourd’hui de beaucoup de nos grands hommes ? […] En paraissant admettre comme correctif que probablement la dame, en cela, n’avait suivi que des idées poétiques qui ne tirent pas à conséquence, Bayle a soin d’ajouter tout aussitôt, selon sa méthode de nous dérouter : « Ce n’est pas qu’on ne puisse cacher beaucoup de libertinage sous les priviléges de la versification. » A côté des vers du Ruisseau, on en trouverait bon nombre d’autres notables par la portée philosophique, et moins contestables pour la doctrine. […] Monmerqué possède beaucoup de vers inédits de Saint-Pavin. […] Racine fût bien au-dessus de Pradon, il ne laissoit pas de le regarder comme une espèce de concurrent, surtout quand il sut que Pradon composoit en même temps que lui la tragédie de Phèdre… Pradon venoit souvent chez ma mère, pour laquelle il avoit beaucoup de considération, et au goût de qui il avoit assez de confiance pour la consulter sur les ouvrages qu’il faisoit… La Phèdre de M.

118. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVI. Jésus au tombeau. »

On citait beaucoup de cas de crucifiés qui, détachés à temps, avaient été rappelés à la vie par des cures énergiques 1198. […] Ces versets forment une conclusion du second évangile, différente de la conclusion XVI, 1-8, après laquelle s’arrêtent beaucoup de manuscrits.

119. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Cette incroyable patience du public français, cette basse curiosité pour tout ce qui touche aux potins, aux cabrioles, à l’esbroufe du Théâtre sont, aux yeux de beaucoup de gens, les plus graves indices d’une mauvaise santé morale et intellectuelle. […] Encore Diderot qui, plus que nos modernes, possédait le sens et la mesure des choses, disait-il que « le grand comédien est un pantin merveilleux dont le poète tient la ficelle » ; tandis que, s’il vivait de nos jours, il lui faudrait penser que c’est, maintenant, dans beaucoup de cas, tout le contraire qui arrive, le comédien tenant le plus souvent la ficelle du poète. […] On joue beaucoup de pièces médiocres ? […] Aux yeux des littérateurs, dont les bouquins ne se vendent pas, l’art dramatique a, en effet, deux défauts terribles : le premier, c’est qu’une bonne pièce plaît à beaucoup de gens, ce qui est la preuve évidente de sa médiocrité ; le second, c’est que l’auteur de la pièce gagne de l’argent, ce qui est infiniment méprisable. […] Cette « basse curiosité est, aux yeux de beaucoup de gens, le plus grand indice d’une mauvaise santé intellectuelle et morale », déclare M. 

120. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Chamfort, pour le caustique de l’esprit, aura beaucoup de Duclos en causant ; mais Duclos, pour l’envie, n’a rien de Chamfort dans le cœur. […] L’Histoire de la baronne de Luz, qui parut en 1740, et Les Confessions du comte de…, publiées l’année suivante, eurent beaucoup de succès ; ces ouvrages ont perdu tout agrément aujourd’hui. […] On ne s’explique aujourd’hui le succès, même fugitif, de ses romans qu’en se souvenant qu’il y avait fait entrer beaucoup de portraits réels et qu’on les y cherchait, au risque peut-être de mettre au bas de chacun plus d’un nom à la fois. […] Duclos, dans ses écrits, a beaucoup de ces petits tableaux plus exacts encore que satiriques, qui peignent un travers de la société de son temps et quelques-unes de ces sottises qui furent contagieuses un jour.

121. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Et elle ajoute d’un ton de protection, qu’elle ne gardera pas toujours ; « Notre petit poète vous prie de ne point donner à Plombières de copies de ses vers, parce qu’il y a beaucoup de lieutenants-colonels lorrains. » Nous avons cette épitre de Saint-Lambert À Chloé ; c’est une des meilleures de ses poésies dites fugitives ; elle pourrait être aussi bien la première en date des élégies de Parny : elle en a la forme ; le tour en est simple, net et fin, l’inspiration toute sensuelle. […] Le poème, dans sa nouveauté, eut beaucoup de succès ; il ne faudrait point croire cependant que presque toutes les objections que nous faisons aujourd’hui en essayant de le relire, ne furent point faites alors : il est rare que dans chaque temps la vérité ne se dise pas ; elle est souvent étouffée par le bruit du monde et de la vogue, mais il suffit pour l’entendre de s’approcher de ceux qui la savent, et qui la disent en causant ou en s’écrivant. […] » — « Plus que beaucoup de littérateurs, mais un peu moins qu’il ne croit l’être. » — « Il sait sa langue ?  […] L’auteur, dans ce second chapitre, fait parler en un dialogue le médecin philosophe Bernier et Ninon de Lenclos : « J’avais besoin d’une femme d’esprit qui n’eût pas conservé cette retenue et cette dissimulation que les mœurs imposent à son sexe ; il me fallait une femme qui eût beaucoup pensé, beaucoup vu, et qui osât tout dire. » Et, en effet, il s’y dit froidement beaucoup de choses qui rappellent la conversation des dîners de Mlle Quinault.

122. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

J’espère, si le pain ne manque pas, que beaucoup de choses se remettront. […] La reine le lui rappela, et pour lors il reprit avec esprit : « Messieurs, vous êtes bien plus heureux que si je « ne m’étais pas trompé. » Ce fut beaucoup de cris de : Vive le Roi ! […] Le mercredi il s’assembla beaucoup de monde sous mes fenêtres qui demandèrent le roi et la reine. […] Il a écrit à un de ses amis (M. de La Marck) en qui j’ai beaucoup de confiance et qui est un galant homme, très dévoué, une lettre explicative que l’on m’apporte à l’instant et qui me semble fort peu de nature à rien expliquer ni excuser.

123. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

J’accompagnai plusieurs fois le baron de Tott, lieutenant-colonel de Berchiny, auquel il avait beaucoup de confiance et qui entendait bien cette espèce de guerre ; nous y eûmes des succès balancés, mais toujours des coups de fusil et des occasions de s’instruire. Au retour de ces détachements, le prince me faisait rendre compte des détails et de la nature du pays que nous avions parcouru ; il commença à me marquer de la confiance et beaucoup de satisfaction de mon zèle et de mon activité. » C’est à ce moment que le comte de Clermont fut pris d’une maladie qu’on ne désigne pas, mais si violente qu’au départ du camp de Walheim il fut impossible de le transporter. […] Enfin il se donne évidemment beaucoup de peine pour bien faire. […] La ville et les forts capitulèrent successivement sans beaucoup de défense.

124. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Ses pièces tirées de l’histoire anglaise, telles que les deux sur Henri IV, celle sur Henri V, les trois sur Henri VI, ont beaucoup de succès en Angleterre ; mais je les crois cependant très inférieures, en général, à ses tragédies d’invention, Le Roi Lear, Macbeth, Hamlet, Roméo et Juliette. […] Les peuples du Nord ont existé, pendant plusieurs siècles, dans un état tout à la fois social et barbare, qui a dû longtemps laisser parmi les hommes beaucoup de souvenirs grossiers et féroces. […] D’abord il est démontré que de certaines situations, seulement effrayantes, que les mauvais imitateurs de Shakespeare ont voulu représenter, ne produisent qu’une sensation physique désagréable, et aucun des plaisirs que la tragédie doit donner ; mais, de plus, il y a beaucoup de situations touchantes en elles-mêmes, et qui néanmoins exigent un jeu de théâtre, fait pour distraire l’attention, et par conséquent l’intérêt.

125. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Il y a beaucoup de critiques qui ne poussent pas l’exigence si loin. […] J’ai lu beaucoup de ces volumes où je n’ai pas trouvé le même avantage, sans en être fort dédommagé par l’agrément qu’ils m’ont procuré. […] C’est le secret de beaucoup de vocations.

126. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIII » pp. 133-140

Saint-Marc Girardin ne semble pas avoir eu beaucoup de jeunesse, ni avoir ressenti bien vivement aucune des passions qui agitent d’ordinaire cet âge et qui ont particulièrement secoué le nôtre. […] Saint-Marc Girardin a prêchée dans ses cours avec beaucoup de suite et de piquant, c’est la petite morale, comme il l’appelait, celle de tout le monde, celle de la société et du grand chemin, celle de la religion sans doute, mais celle aussi de l’intérêt bien entendu ; il sait la dose juste dans laquelle on peut combiner la générosité et l’utilité sans compromettre celle-ci ; il a constamment raillé, et souvent avec bien de la justesse, les enthousiasmes pompeux, les désintéressements à faux, toute l’exagération lyrique d’alentour.

127. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les derniers rois »

Mais, pour avoir accompli trop brusquement ce grand acte de justice, je mis dans l’embarras beaucoup de propriétaires ; et la plupart des esclaves affranchis ne surent que faire de leur liberté inopinée. […] Ces messieurs m’ont embarqué, avec beaucoup de politesse, dans un navire très confortable.

128. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Pour encourager les riches. » pp. 168-175

Ceux qui en ont franchi, ne fût-ce que quelques-uns, méritent déjà beaucoup de respect et d’estime, et il convient plutôt de les louer de ce qu’ils ont fait que de leur reprocher de n’avoir pas fait davantage. […] Il faut un grand effort, une extrême attention à écarter les prétextes égoïstes, beaucoup de petites victoires remportées sur soi, pour donner réellement aux pauvres, selon l’antique commandement, la dixième partie de son revenu, quand il la faut prélever sur un argent qu’on doit à son travail, et à un travail qui souvent nous est pénible jusqu’à l’angoisse.

129. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « I »

Dans l’entreprise que le roi de France, en partie par sa tyrannie, en partie par sa justice, a si admirablement menée à terme, beaucoup de pays ont échoué. […] Or l’essence d’une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun, et aussi que tous aient oublié bien des choses.

130. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Voiture, et Benserade. » pp. 197-207

Néanmoins beaucoup de ses bons mots sont aujourd’hui bien fades*. […] Quelquefois ma raison, par de foibles discours, M’invite à la révolte, & me promet secours : Mais, lorsqu’à mon besoin je me veux servir d’elle, Après beaucoup de peine & d’effort impuissans, Elle dit qu’Uranie est seule aimable & belle, Et m’y rengage plus que ne font tous mes sens.

131. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Nisard contre Rousseau, c’est que beaucoup de choses que M.  […] Il a le don de plaire ; cela n’est que trop sûr au gré de beaucoup de gens. […] Il faut convenir qu’il y a à cela beaucoup de probabilité. […] Aussi beaucoup de ses théories paraîtront aujourd’hui surannées. […] Il arrive que nous manquons de solidité dans beaucoup de nos méchantes passions.

132. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

On attribue en général ce phénomène à l’altération des instincts ; mais beaucoup de plantes cultivées déploient la plus grande vigueur, et cependant ne donnent que rarement des graines ou même jamais. […] Beaucoup de plantes exotiques ont de même un pollen complétement inactif, exactement comme dans les hybrides les plus parfaitement stériles. […] En beaucoup de cas, nous ignorons quel en a été le type originel. […] Quelques variations qui lui étaient utiles se sont sans doute produites soudainement, en une seule fois : beaucoup de botanistes, par exemple, pensent que le Chardon à foulon, avec ses aiguillons que ne peut égaler aucun produit mécanique, est seulement une variété du Dipsacus sauvage, et que cette transformation peut s’être produite dans un seul semis. […] On peut constater de même un merveilleux progrès chez beaucoup de plantes fleuristes, si l’on en compare les fleurs actuelles avec des dessins faits il y a seulement vingt ou trente ans.

133. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

L’indignation leur vient ensuite avec la réflexion ; car il leur faut beaucoup de temps avant de comprendre toute la perfidie des Anciens (voyez le commencement de mon chapitre iv). […] Je vous dirai plus loin ce que je pense de cet épisode, amené non pour décrire l’aqueduc, lequel m’a donné beaucoup de mal, mais pour faire entrer convenablement dans Carthage mes deux héros. […] Ainsi Ammien Marcellin m’a fourni la forme exacte d’une porte, le poëme de Corippus (la Johannide), beaucoup de détails sur les peuplades africaines etc., etc. […] « Dans l’article publié par vous, monsieur, dans le tome I des Causeries du Lundi sur le Père Lacordaire orateur, je lis ce qui suit à propos de la paix dont il jouit à Saint-Sulpice : — « Je pourrais citer de lui là-dessus des pages char-« mantes, poétiques, écrites pour un ami et placées dans un « livre où l’on ne s’aviserait guère de les démêler. » « Ce sont ces pages, monsieur, que j’aimerais à connaître et vous m’obligeriez beaucoup de m’indiquer le livre où elles se trouvent. […] Jules Levallois, destine à être un critique qui pense par lui-même et qui a son originalité, dut, on le conçoit, dans un commerce assidu et quotidien, contribuer à aiguiser beaucoup de mes jugements, m’en suggérer même qui étaient de lui et qui portaient avec eux leur expression.

134. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

J’avais une petite chambre, la table avec les élèves, à peine deux heures par jour occupées, beaucoup de temps par conséquent pour travailler. […] Beaucoup de personnes, surtout en certains pays, suivent la règle justement opposée ; ce qui les mène à de grandes injustices. […] J’ai observé mes engagements mieux que beaucoup de prêtres en apparence très réguliers. […] Le public a l’esprit plus large que n’importe qui. « Tous » renferme beaucoup de sots ; c’est vrai ; mais « tous renferme les quelques milliers d’hommes ou de femmes d’esprit pour qui seuls le monde existe. […] Ma famille maternelle de Lannion, du côté de laquelle vient mon tempérament, a offert beaucoup de cas de longévité ; mais des troubles persistants me portent à croire que l’hérédité sera dérangée en ce qui me concerne.

135. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Nous avons beaucoup de traductions de ces deux Poëtes aimables. […] Ils n’ont nulle rusticité, au contraire beaucoup de galanterie & d’agrément ; des idées neuves & tout-à-fait riantes. […] Sanadon,(*) confrere du Pere Tarteron, a encore beaucoup de réputation ; mais il est quelquefois plus paraphraste que traducteur. […] L’histoire perdroit beaucoup de ses avantages, si tous ceux qui se mêlent de l’écrire, se permettoient de pareilles libertés. […] Quoi qu’il en soit, son Poëme a eu beaucoup de succès.

136. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Lavallée s’était fait très honorablement connaître jusqu’ici par divers ouvrages consciencieux et utiles, exécutés avec beaucoup de décision et de fermeté. […] Il l’a vue telle qu’elle était, tout occupée du salut du roi, de sa réforme, de son amusement décent, de l’intérieur de la famille royale, du soulagement des peuples, et faisant tout cela, il est vrai, avec plus de rectitude que d’effusion, avec plus de justesse que de grandeur ; enfin, il a résumé son jugement sur elle en des termes précis, au moment de l’accompagner dans son œuvre de tendresse et de prédilection : Mme de Maintenon, dit-il, n’a donc pas eu sur Louis XIV l’influence malfaisante que ses ennemis lui ont attribuée : elle n’eut pas de grandes vues, elle ne lui inspira pas de grandes choses : elle borna trop sa pensée et sa mission au salut de l’homme et aux affaires de religion ; l’on peut même dire qu’en beaucoup de circonstances elle rapetissa le grand roi ; mais elle ne lui donna que des conseils salutaires, désintéressés, utiles à l’État et au soulagement du peuple, et en définitive elle a fait à la France un bien réel en réformant la vie d’un homme dont les passions avaient été divinisées, en arrachant à une vieillesse licencieuse un monarque qui, selon Leibniz, « faisait seul le destin de son siècle » ; enfin en le rendant capable de soutenir, « avec un visage toujours égal et véritablement chrétien », les désastres de la fin de son règne. […] Beaucoup de compassion pour la noblesse indigente, parce que j’avais été orpheline et pauvre moi-même, un peu de connaissance de son état, me fit imaginer de l’assister pendant ma vie. […] Elle avait beaucoup de grâce à parler comme à tout ce qu’elle faisait : ses discours étaient vifs, simples, naturels, intelligents, insinuants, persuasifs.

137. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Le Journal des Débats, dans son feuilleton du 25 ventôse an XIII (16 mars 1805) sur la seconde représentation de Julie ou le Pot de fleurs, disait d’elle beaucoup de bien ; l’article doit être de Geoffroy : « Les deux rôles sont parfaitement joués, disait-il, l’officier par Elleviou, dont on connaît la vivacité et les grâces ; la nièce, par Mlle Desbordes, dont je ne connaissais pas encore le talent. […] Son talent a beaucoup de rapports avec celui de Mlle Desgarcins qu’elle rappelle fréquemment. […] Elle eut beaucoup de succès dans le rôle de Mme Milville, de l’Habitant de la Guadeloupe, par Mercier ; dans Clary, du Déserteur ; dans Cécile, de l’Honnête criminel, et surtout dans Eulalie, de Misanthropie et Repentir. […] Cette séparation d’avec sa femme lui a fait beaucoup de mal.

138. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Il y avait beaucoup de l’érudit du xvie  siècle en Raynouard. […] Mais un moment de réflexion fait apercevoir que, si dans ce cas le nombre des Templiers ajoute à l’idée qu’on peut prendre de leur croyance et de leur foi, puisque sur ce grand nombre pas un seul ne fut infidèle à son Dieu, ce même chiffre diminue beaucoup de l’idée de leur bravoure, puisqu’il ne les a pas empêchés de se rendre. […] Je ne sais s’il y eut beaucoup de calcul ou encore plus de bonheur dans cette première tragédie représentée de Raynouard, mais il est impossible de prodiguer moins qu’il ne l’a fait les moyens nouveaux, et de tirer un plus heureux parti des quatre ou cinq mots ou hémistiches qui décidèrent du triomphe de sa pièce. […] Damas-Hinard (1838) ; c’est un recueil fait avec beaucoup de soin, et très commode à consulter.

139. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Grimm se signala entre tous par une brochure piquante intitulée Le Petit Prophète de Boehmischbroda, qui eut beaucoup de succès. […] Il a un tour de plaisanterie qui lui est propre et qui ne sied qu’à lui… Il aime la solitude, et il est aisé de voir que le goût pour la société ne lui est point naturel : c’est un goût acquis par l’éducation et par l’habitude… Ce je ne sais quoi de solitaire et de renfermé, joint à beaucoup de paresse, rend quelquefois en public son opinion équivoque ; il ne prononce jamais contre son sentiment, mais il le laisse douteux. […] Le jour de la première représentation du Devin du village, au sortir de l’Opéra, le duc des Deux-Ponts abordant Rousseau avec beaucoup de politesse lui avait dit : « Me permettez-vous, monsieur, de vous faire mon compliment ?  […] Grimm, dans une page écrite en 1762, et où il fait de Rousseau un portrait aussi neuf que vrai, le montre dans sa première forme, tel qu’il l’avait connu avant la célébrité, et puis au moment de sa transformation subite qu’opéra le succès de son discours à l’Académie de Dijon : Jusque-là, dit-il, il avait été complimenteur, galant et recherché, d’un commerce même mielleux et fatigant à force de tournures : tout à coup il prit le manteau de cynique, et, n’ayant point de naturel dans le caractère, il se livra à l’autre excès ; mais, en lançant ses sarcasmes, il savait toujours faire des exceptions en faveur de ceux avec lesquels il vivait, et il garda, avec son ton brusque et cynique, beaucoup de ce raffinement et de cet art de faire des compliments recherchés, surtout dans son commerce avec les femmes.

140. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

Et d’abord, il est incontestable, qu’en général, l’instant qui suit dépend beaucoup de celui qui précède ; que pour qui saurait bien l’un, l’autre ne serait plus guère un mystère ; et qu’un être auquel serait accordée la connaissance pleine et entière du présent n’aurait pas grand effort à faire pour y voir immédiatement et comme par intuition l’avenir. […] L’homme, en effet, par les déterminations soudaines dont il est susceptible, peut à tout moment faire intervenir dans les événements auxquels il prend part une force nouvelle, imprévue, variable, qui dans beaucoup de cas en modifie puissamment le cours, et dont en même temps l’ordinaire mobilité ne permet pas l’exacte mesure.

141. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre III. Ce que c’est que le Romanticisme » pp. 44-54

Lord Byron, auteur de quelques héroïdes sublimes, mais toujours les mêmes, et de beaucoup de tragédies mortellement ennuyeuses, n’est point du tout le chef des romantiques. […] Lemercier, L’esprit français repoussera surtout le galimatias allemand que beaucoup de gens appellent Romantique aujourd’hui.

142. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

Beaucoup de mes chers contemporains font bien pire, je vous assure. […] Les pharisiens ont dit que ses premiers romans avaient perdu beaucoup de jeunes femmes, et — comédie exquise — les romanciers naturalistes ont parlé comme les pharisiens.

143. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « L’exposition Bodinier »

Beaucoup de ces braves histrions défunts (histrions n’est ici qu’un latinisme, je vous en avertis) sont déjà comme s’ils n’avaient jamais vécu. […] Essayez de songer à Talma et à Rachel, de vous les figurer en dehors des rôles que nous savons qu’ils ont joués d’une certaine façon : vous y aurez beaucoup de peine, et nos petits-enfants en auront plus encore.

144. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Quimper »

Nous autres, que beaucoup de circonstances ont tenus jusqu’ici en dehors de la grande arène du monde, nous avons des nerfs moins excités, un sens plus rassis. […] Un critique de beaucoup de talent me soutenait dernièrement que ma philosophie m’obligeait à être toujours éploré.

145. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Beaucoup de monde l’y suivit. […] Le prophète Malachie, dont l’opinion en ceci fut vivement relevée 562, avait annoncé avec beaucoup de force un précurseur du Messie, qui devait préparer les hommes au renouvellement final, un messager qui viendrait aplanir les voies devant l’élu de Dieu.

146. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre V. Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. »

Il avait foi en quelque chose qui n’était pas le Christ, mais qui pourtant était l’Évangile ; ce fantôme de christianisme, tel quel, a quelquefois donné beaucoup de grâces à son génie. […] Pour garder aussi bien les convenances, pour n’être jamais ni trop haut ni trop bas, il faut avoir soi-même beaucoup de mesure dans l’esprit et dans la conduite.

147. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Sa vie littéraire présente aussi la même continuité de principes, avec beaucoup de taches et de mauvais endroits. […] Peut-être, si la fortune lui eût permis d’y arriver, s’il eût pu se fonder ainsi, loin d’un monde où il se sentait déplacé, une vie grande, simple, auguste ; s’il avait eu sa tour solitaire au milieu de son parc, ses vastes et majestueuses allées, pour y déclamer en paix et y raturer à loisir son poëme de la Nature ; si rien autour de lui n’avait froissé son âme hautaine et irritable, peut-être toutes ces boutades de conduite, toutes ces sorties colériques d’amour-propre eussent-elles complètement disparu : l’on n’eût pu lui reprocher, comme à Buffon, que beaucoup de morgue et une excessive plénitude de lui-même. […] « Je ne crois pas, écrivait Ginguené au rédacteur du journal le Modérateur (22 janvier 1790), que nous ayons beaucoup de vers à mettre au-dessus de cette strophe. » Et Andrieux, l’Aristarque, n’en disconvenait pas ; il avouait que si tout avait été aussi beau, il aurait fallu rendre les armes.

148. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Depuis que la nation juive s’était prise avec une sorte de désespoir à réfléchir sur sa destinée, l’imagination du peuple s’était reportée avec beaucoup de complaisance vers les anciens prophètes. […] Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il prêchait avec beaucoup de force contre les mêmes adversaires que Jésus, contre les prêtres riches, les pharisiens, les docteurs, le judaïsme officiel en un mot, et que, comme Jésus, il était surtout accueilli par les classes méprisées 305. […] Jouissant encore de peu d’autorité, et sans doute aussi poussé par le désir de voir un maître dont les enseignements avaient beaucoup de rapports avec ses propres idées, Jésus quitta la Galilée et se rendit avec sa petite école auprès de Jean 311.

149. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Il y eut chez Simon le Lépreux 1046 un dîner où se réunirent beaucoup de personnes, attirées par le désir de le voir, et aussi de voir Lazare, dont on racontait tant de choses depuis quelques jours. […] Les Galiléens qui étaient venus à la fête en conçurent beaucoup de joie et lui préparèrent un petit triomphe. […] Les sociétés secrètes du parti républicain cachaient dans leur sein beaucoup de conviction et de sincérité, et cependant les dénonciateurs y étaient fort nombreux.

150. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Il devoit en être de leur querelle, née dans le sein de la cour, comme de tant d’intrigues qui s’y passent, qui se bornent à brouiller quelques hommes & quelques femmes, & qui, après avoir fait tenir beaucoup de bons ou de mauvais propos, finissent par être oubliées. […] On parla beaucoup de sa liaison, innocente sans doute, mais qui passa longtemps pour suspecte, avec Lacombe, barnabite, natif de Tonon en Savoye, homme débauché dans sa jeunesse, dévot & mystique dans l’âge mur, & mort fou. […] Elle eut beaucoup de peine à souscrire à sa condamnation.

151. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Il y a beaucoup de vrai dans ces observations et, je le dirai en passant, c’est bien pour cela que moi, très partisan de la lecture des auteurs eux-mêmes, j’ai souvent applaudi de tout mon cœur aux critiques prolixes. « Comment ! […] J’ai vécu pendant quelques années dans une société d’hommes très intelligents, très lettrés, de beaucoup de goût, très décisionnaires aussi, qui parlaient sans cesse des ouvrages nouveaux. […] Ma curiosité ayant été éveillée, en rhétorique, par le devoir français d’un de mes camarades que je ne connaissais pas autrement, parce qu’il était d’une autre pension que moi, j’allai à lui, quelque temps après, et je lui demandai ce qu’il faisait : « Depuis quelque temps, me dit-il, je m’occupe beaucoup de philosophie. » Il s’occupa sans doute des littérateurs latins et français l’année suivante.

152. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Aujourd’hui, il a concentré des facultés plus grandes que son sujet dans un travail d’application et de miniature qui demandait beaucoup de finesse, et il nous a donné cette collection de médaillons, délicieusement réussis, qu’il appelle Les Nièces de Mazarin 16. […] III Les nièces qu’il fit élever avec beaucoup de soin, et parmi lesquelles se faufila un neveu, — Philippe Mancini, duc de Nevers, — étaient au nombre de sept : Laure Mancini, duchesse de Mercœur ; Anne-Marie Martinozzi, princesse de Conti ; Laure Martinozzi, duchesse régente de Modène ; Olympe Mancini, comtesse de Soissons ; Marie Mancini, connétable Colonna ; Hortense Mancini, duchesse de Mazarin ; Marie-Anne Mancini, duchesse de Bouillon ; et ce sont ces sept nièces dont Renée nous donne l’histoire. […] Beaucoup de duperies historiques y tombent devant le renseignement inattendu.

153. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Beaucoup de ces derniers ne s’enferment pas d’ailleurs en cette spécialité. […] Elle tient à vendre beaucoup de copie. […] Car elle a beaucoup de tenue. […] Il y aura demain comme aujourd’hui quelques chaussettes-roses et beaucoup de bas-bleus. […] Beaucoup de guerres commencent fortuitement par une escarmouche qui irrite les deux partis.

154. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

À propos du Tasse, il prétend avoir fait de grandes recherches et que l’histoire se rapproche beaucoup de la manière dont il a traité son sujet. […] L’intérieur de sa maison me fit une très agréable impression ; sans être riche, tout a beaucoup de noblesse et de simplicité ; quelques plâtres de statues antiques placés dans l’escalier rappellent le goût prononcé de Goethe pour l’art plastique et pour l’antiquité grecque. […] « On ne peut pas savoir comment les choses tourneront, dit-il ; à Berlin, j’ai beaucoup de belles connaissances ; nous verrons, j’ai pensé à vous ces jours-ci. » Et, en parlant ainsi, il souriait en lui-même d’un air affectueux. […] Mais à côté de beaucoup de bonnes choses il en existe beaucoup de mauvaises, d’injustes, d’imparfaites, et un ami du fait existant est souvent un ami de ce qui est vieilli, de ce qui ne vaut rien. […] « “Et il exposa avec beaucoup de détails l’inconvenance qu’il y avait à montrer ce conquérant faisant de lui-même un portrait complètement défavorable.

155. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Tous ces combats ne se donnèrent point sans être précédés & suivis de beaucoup de négociations. […] Ils se remuèrent, ils s’intriguèrent, & mirent dans leurs intérêts les gens de lettres & beaucoup de princes. […] Les écoles qu’on y tenoit, avoient beaucoup de réputation. […] Son air patelin & ses paroles emmiellées en imposèrent à beaucoup de monde. […] Une telle démarche fit beaucoup de rebèles & quelques hypocrites.

156. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Il n’a qu’un soleil, tandis que beaucoup de systèmes en ont deux ou trois. […] Charles Yriarte a pris beaucoup de plaisir à l’écrire. […] Il trouve que le christianisme a beaucoup de judaïsme. […] Je pense qu’elle estimait que beaucoup de choses lui étaient permises. […] Mais il a exercé sur beaucoup de jeunes gens une sorte de fascination.

157. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Par une raison très simple, qui s’est reproduite en beaucoup de lieux. […] Il y a beaucoup de familles qui trouveraient leurs plus glorieux ancêtres dans les troubadours de ce temps-là. […] Beaucoup de siècles ont passé sur les Grecs ; et ils n’ont point fait à leurs rois une demeure pareille ou comparable. […] Le treizième siècle avait produit beaucoup de grands poëmes ou romans de chevalerie, beaucoup de contes et de fabliaux ; avait-il fait aussi des romans historiques ? […] Il fit beaucoup de bons et beaux livres.

158. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

En beaucoup de choses il montre un bon entendement ; en d’autres, un enfant de sept ans ferait preuve d’autant de raison que lui. […] Le portrait que je puis faire de lui à Votre Majesté ne différera pas beaucoup de celui que j’ai fait précédemment. […] Par suite d’une aussi longue maladie, mais plus encore de celle dont il a été atteint en dernier lieu, et dont, selon l’opinion commune, il a été délivré miraculeusement, il est demeuré extrêmement faible et languissant, outre que, de sa nature, il n’a pas beaucoup de santé ni de vigueur… Lorsqu’il est passé de l’enfance à la puberté, on ne l’a vu prendre plaisir ni à l’étude, ni aux armes, ni à l’équitation, ni à d’autres choses vertueuses, honnêtes et plaisantes, mais seulement à faire mal à autrui. […] Il n’aime personne, qu’on sache ; mais il y a beaucoup de gens qu’il hait à mort.

159. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Ce n’a pas été pour elle la source de beaucoup de joie. […] Recueille-t-elle beaucoup de reconnaissance pour tant de bienfaits ? […] « Les larmes les plus amères que cette enfant verse secrètement dans le sein de Dieu, dit M. le curé de Château-l’Évêque, ne viennent pas de ce que nous avons dit mais de ce que nous ne pouvons dire sans blesser l’amour-propre, la discrétion, le mutisme de notre protégée… Malgré l’espèce de violation du domicile de l’amitié que nous avons dû commettre pour apprendre ce que nous vous écrivons, il restera beaucoup de choses dans l’oubli et dans le secret de la conscience. » Emmeline ne se plaint jamais et, si elle ouvre son cœur ulcéré, c’est seulement à la sœur de Saint-Vincent-de-Paul de Château-l’Évêque. […] Il y a, vous disais-je, beaucoup de vertu dans notre monde ; il n’y en a pas tant cependant que l’on puisse impunément se montrer difficile et faire passer à chacun un examen sur les motifs pour lesquels il est vertueux.

160. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

« Elle était aimable, écrit Mme de Motteville, et sa beauté avait de grands agréments par l’éclat de la blancheur et de l’incarnat de son teint, par le bleu de ses yeux qui avaient beaucoup de douceur, et par la beauté de ses cheveux argentés qui augmentait celle de son visage. » Ce blond d’argent de ses cheveux, joint à cette blancheur transparente et vive, cette douceur bleue de son regard, s’accompagnaient d’un son de voix touchant et qui allait au cœur ; tout se mariait en elle harmonieusement. […] Le cœur de la reine, à ce moment, ne faisait que soupçonner l’infidélité ; quand elle en fut informée plus tard à n’en plus douter, cette certitude lui fit verser beaucoup de larmes. […] Ce petit écrit, dans lequel deux ou trois traits au plus ne s’accorderaient pas entièrement avec l’idée classique qu’on se fait de Mme de La Vallière, lui a été attribué par la tradition la plus constante et lui a été compté dans l’estime de ses contemporains : « Il est certain, dit Mme de Caylus, que le style de la dévotion convenait mieux à son esprit que celui de la Cour, puisqu’elle a paru en avoir beaucoup de ce genre. » Mme de Montpellier dit également : « Elle est une fort bonne religieuse et passe présentement pour avoir beaucoup d’esprit : la grâce fait plus que la nature, et les effets de l’une lui ont été plus avantageux que ceux de l’autre. » Si Mme de La Vallière, à qui on avait refusé l’esprit du monde, passait pour en avoir beaucoup dans le genre de la dévotion, ce devait être en grande partie à cause de ce petit écrit qu’on avait lu et qu’on avait cru d’elle. […] Le roi était fort bien vêtu d’une étoffe brune avec beaucoup de passements d’or ; son chapeau en était bordé ; il avait le visage assez rouge.

161. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

monsieur de La Fayette, Richelieu fut Richelieu contre la nation pour la Cour, et quoique Richelieu ait fait beaucoup de mal à la liberté publique, il fit une assez grande masse de bien à la monarchie. […] que Mirabeau le sentait lorsque, impatient de ces éternelles remises de l’« homme aux indécisions » (c’est ainsi qu’il appelle La Fayette), et de cette pudibonderie si hors de propos, irrité de voir en tout et partout les honnêtes gens de ce bord en réserve et en garde contre lui, il s’écrie : « Je leur montrerai ce qui est très vrai, qu’ils n’ont ni dans la tête, ni dans l’âme, aucun élément de sociabilité politique. » Et relevant la tête en homme qui, avec ses taches, avait son principe d’honneur aussi et le sentiment de sa dignité, il écrivait un jour (1er décembre 1789) à La Fayette, sans craindre d’aborder le point délicat et qui recelait la plaie : J’ai beaucoup de dettes, qui en masse ne font pas une somme énorme ; j’ai beaucoup de dettes, et c’est la meilleure réponse que les événements puissent faire aux confabulations des calomniateurs. […] Droz avait fait usage de ces notions avec beaucoup de sagacité et de jugement, dans le tome IIIme de ses Considérations sur le règne de Louis XVI.

162. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Beaucoup d’objections, de défiances, de malentendus, couvrent encore la solide et éclatante vérité que ce principe exprime ; on en subit la nécessité sans en comprendre la justice, on en accepte les inconvénients sans en attendre beaucoup de bienfaits. […] En beaucoup de circonstances, il vaudra mieux écouter le cri du cœur et du sentiment que d’attendre les lumières lentes et douteuses de la démonstration rationnelle. […] On objectera encore que dans beaucoup de circonstances nous ne jugeons pas par nous-mêmes, mais que nous nous en rapportons au jugement d’autrui. […] Telle est la liberté de beaucoup de libres penseurs, qui prennent pour principe ce qui est précisément en question.

163. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Quoique le génie de lord Byron ne passionne plus l’Angleterre actuelle — l’Angleterre de Tennyson et de Carlyle — et que la gloire du pèlerin de Child-Harold ne soit plus guère, dans son pays, que le marbre officiel et guindé de beaucoup de gloires enterrées à Westminster, cette académie de tombeaux, on s’était cependant ému en Angleterre du livre de M.  […] comme, par exemple : l’amour de la mauvaise compagnie, on explique un homme comme Byron, lui ont reproché, sans les comprendre, beaucoup de ses intimités, et celle qu’il eut avec M.  […] En France, Byron a inspiré beaucoup de phrases poétiques et quelques beaux vers, mais de jugement sensé et élevé, je ne connais que M.  […] Child-Harold lui-même, qui a soupiré pour beaucoup de femmes, n’en a aimé qu’une.

164. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

Nous devons surtout signaler deux documents confidentiels, où est rapportée avec beaucoup de détails la conduite de Bonaparte envers Bernadotte au 18 brumaire et après l’élection du maréchal comme prince royal de Suède : on comprend assez de quelle part nous viennent ces révélations, dont les deux personnages intéressés avaient seuls le secret. […] lorsqu’il s’adresse à des temps plus rapprochés et mieux connus de nous à ceux de Cromwell et de Louis XI, par exemple, n’est-il pas évident qu’il les altère, sans beaucoup de scrupules, au gré de son caprice, et qu’il est, avant tout, inventeur d’intrigues, conteur d’aventures, créateur de figures originales et tour à tour terribles, grotesques ou ravissantes, en un mot romancier et poëte ?

165. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bayle, et Jurieu. » pp. 349-361

L’ouvrage fit beaucoup de bruit parmi eux. […] Un de ces pères, qui l’avoit vu dans cette ville sur les bancs, disoit que Bayle se faisoit un amusement d’embarrasser ses maîtres, & qu’il avoit beaucoup de talent pour la dialectique.

166. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

Que Sa Majesté Impériale ne s’effarouche pas du mot économique ; il ne s’agit point ici des visions politiques de cette classe d’honnêtes gens qui s’est élevée parmi nous, et qui nous fera beaucoup de bien ou beaucoup de mal.

167. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 21, du choix des sujets des comedies, où il en faut mettre la scene, des comedies romaines » pp. 157-170

Horace le plus judicieux des poëtes sçait beaucoup de gré à ceux de ses compatriotes qui les premiers introduisirent dans leurs comedies des personnages romains, et qui délivrerent ainsi la scene latine d’une espece de tyrannie que des personnages étrangers y venoient exercer. […] Macrobe parle beaucoup de leur concurrence dans ses saturnales.

168. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

Ce poète d’une race finie et d’une cause perdue, ce Redgauntlet poétique des Stuarts de la France, qui fait vivre sa muse au poste où il eût été digne de mourir, mais où le combat n’est même plus, à côté de beaucoup de sonnets tels que le suivant, — qui ressemble à ces écussons de marbre noir que soutiennent parfois des anges tumulaires aux coins silencieux des mausolées : Ce fut un vaillant cœur, simple, correct, austère ; Un homme des vieux jours, taillé dans le plein bloc, Sincère comme l’or et droit comme un estoc, Dont rien ne détrempa le mâle caractère. […] Certainement il y a là du talent, et beaucoup de talent encore, mais ce talent éclatant et chaud est moins original et moins fort que celui des simples et nerveux sonnets historiques consacrés aux Héros de la Vendée et de la Bretagne ; car le talent est comme les vierges : ce qui fait sa force, c’est sa pureté.

169. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

Elle est ici, et, je l’ai dit, non pas partout, mais à beaucoup de places, cette note triste qui s’en vient du fond de la gaieté comme un soupir impossible à étouffer. […] Ce qu’il est surtout, c’est dans beaucoup de viveur un peu de poète, mais ce peu de poète est si charmant qu’il fait pardonner au viveur.

170. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Ils ont beaucoup de dispositions aux sciences, aux arts libéraux et aux arts mécaniques. […] Il découvrit presque toute ma chambre, dans la pensée que j’y avais caché beaucoup de choses. […] Enfin les Turcs, après avoir demeuré quatre jours devant Ruchs, et après avoir fait plus de deux mille esclaves et beaucoup de butin, se retirèrent. […] Les pachas l’y traitaient avec beaucoup de respect. […] On me fit voir, entre les autres, une quantité infinie de pierres de couleur, et beaucoup de diamants de cinquante à cent carats.

171. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

On les a assez heureusement imitées de nos jours, et peut-être sans dessein ; car comme chaque passion a son génie, ses tours et ses expressions, l’amour et la bonne chere peuvent encore inspirer aujourd’hui ce qu’Anacréon pensa de son tems : et je crois qu’en effet nous avons beaucoup de chansons de son goût, dont les auteurs n’ont jamais lû leur prétendu modéle. […] Ses ouvrages ne sont plus lûs, et je ne crois pas que beaucoup de gens veuillent juger par leurs yeux de ce que j’en vais dire. […] Malherbe nous a fait connoître dans les siennes le prix des pensées raisonnables, et des expressions propres et naturelles ; car pour ne pas entrer dans un trop grand détail, je laisse Mainard et Racan, quoique dans les odes du dernier il y ait beaucoup de noblesse ; et dans celles de l’autre beaucoup de netteté. […] De quelque beauté pourtant que fussent les vers de Malherbe, ils ne laissérent pas de donner encore beaucoup de prise à la critique.

172. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Je ne retire rien de ce que j’ai dit : il n’y a pas beaucoup de moralité dans aucun des ouvrages de La Fontaine, mais les fables qui sont des contes sont d’une inspiration certainement plus élevée, comment dirai-je ? […] Je le lis avec d’autant plus de plaisir que l’Amour mouillé est dans le recueil des Contes mêmes  ce n’est plus dans les fables-contes, c’est dans le recueil des Contes ; je ne sais pas pourquoi La Fontaine l’a mis là plutôt qu’ailleurs, puisque précisément c’est un conte décent en même temps qu’un conte très court, et il aurait pu le mettre dans le recueil des Fables  et précisément parce qu’il est dans les Contes, la plupart d’entre vous n’auraient pas d’occasion ou même beaucoup de plaisir d’aller l’y chercher, c’est pour cela qu’il est intéressant que je vous le lise. […] Ce que je dis n’est pas pour vouloir déprécier la Loire, qui a, en effet, beaucoup de majesté dans la largeur de son lit et de sa vallée. […] Nous saluâmes ces deux avec beaucoup de respect, tant à cause d’elles que de leurs jupes qui, véritablement, étaient plus riches que ne semblait le promettre un tel équipage. […] Cependant, cette personne m’entendit sans beaucoup de peine : les fleurettes s’entendent par tout pays, et ont cela de commode qu’elles portent avec elles leur truchement.

173. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

depuis, beaucoup de vie encore dans ce vieux chêne de poète, mais, franchement, lorsque lis en cette Légende des Siècles, où je trouve des pièces comme L’Abîme, Le Ver de terre, L’Élégie des fléaux, À l’Homme, et bien d’autres qui rappellent les plus purs amphigouris des premières Légendes, et pas une pièce comme Booz, Éviradnus et Le Petit Roi de Galice, il m’est impossible de ne pas voir dans le Victor Hugo de ces secondes Légendes une diminution de la vitalité poétique. […] Il y a, dans cet incroyable recueil de quatre mille vers, de la même mesure à l’exception d’un très petit nombre de morceaux, beaucoup de pièces où le virtuose n’a eu besoin que de poser légèrement son archet sur les cordes de son violon pour que les cordes, impalpablement touchées, aient chanté. […] Il ne fit pas beaucoup de bruit. […] Mais, à cela près, peu d’intérêt et beaucoup de silence, — le silence du respect, du respect pour les opinions qu’on avait autrefois. […] Jamais rien de plus doux, de plus miséricordieux, de plus généreux, et, diront peut-être beaucoup de pauvres chrétiens, — imbéciles quoique chrétiens (cela se voit), — de plus chrétien ne fut écrit… On se fond, vraiment, en lisant cela !

174. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Je ne sais même s’il s’inquiéta jamais beaucoup de la question des origines. […] Avec beaucoup de gravité, elle a confirmé les dires des poètes, qu’on aurait pu croire plus aventureux. […] Cette conception, qui est encore celle de beaucoup de non-civilisés, était celle des Grecs et on sait comme Scarron l’a spirituellement raillée. […] Il faut dire que beaucoup d’hommes sont femmes sur ce point et que beaucoup de femmes résistent à la tyrannie de leur sexe. […] Beaucoup de ces fragments sont, comme on le voit ici, de vers isolés, d’abord destinés au poème du Bonheur.

175. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

La date de cet évangile peut d’ailleurs être déterminée avec beaucoup de précision par des considérations tirées du livre lui-même. […] Le dernier travail de rédaction, au moins du texte qui porte, le nom de Matthieu, paraît avoir été fait dans l’un des pays situés au nord-est de la Palestine, tels que la Gaulonitide, le Hauran, la Batanée, où beaucoup de chrétiens se réfugièrent à l’époque de la guerre des Romains, où l’on trouvait encore au IIe siècle des parents de Jésus 27, et où la première direction galiléenne se conserva plus longtemps qu’ailleurs. […] Il s’y trouve beaucoup de légendes d’un contour assez mou, sorties de la piété de la deuxième génération chrétienne 60. […] Mais il les traite avec beaucoup de liberté ; tantôt il fond ensemble deux anecdotes ou deux paraboles pour en faire une 70 ; tantôt il en décompose une pour en faire deux 71. […] Le savant critique y a, du reste, fait droit dans ses éditions successives avec beaucoup de bonne foi.

176. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

La noblesse des pensées, jointe à beaucoup de délicatesse d’énergie, de pureté de style, se font remarquer dans les Sermons de Fléchier, Evêque de Nîmes ; mais il y a trop de brillant & pas assez de profondeur. […] Il prêcha avec beaucoup de force, de génie & d’éloquence ; on ne trouve point dans ses discours ces imprécations & ces emportemens qui déshonoroient autrefois les Sermons des Calvinistes. […] in-12., montrent beaucoup de talent pour ce genre, qui tient à l’Oraison funèbre, & qui demande les ornemens & la pureté du style. […] Gautier, leur contemporain, avoit la déclamation forte, beaucoup de feu, une imagination aussi brillante que féconde, une action qui entraînoit après elle le suffrage de ses juges & l’esprit de ses auditeurs. […] C’est la pensée de Pope, & c’est celle qu’on peut appliquer à beaucoup de discours académiques.

177. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

On est revenu depuis quelque temps de beaucoup de préjugés, mais on s’accoutume trop à regarder comme tels tout ce qui est admis. […] Il n’est pas favorable aux religieux des ordres mendiants, mais il n’est pas contre toute espèce de communautés religieuses, et il les croit compatibles avec l’ordre politique moyen qu’il conçoit : Les religieux rentés, en France, sortent communément d’une honnête bourgeoisie, dit-il, paraissent peu dans le monde et sont, malgré beaucoup de plates déclamations, plus utiles à l’État qu’on ne le pense. […] J’ai assez fait ressortir ce qui lui manquait pour atteindre au grand et à l’excellent ; il serait encore à souhaiter, malgré tout, qu’il y eût beaucoup de gens d’esprit aussi sensés, de caractères hardis aussi prudents et aussi positifs dans l’application, de facilités rapides aussi fermes et précises, aussi aptes à quantité d’emplois justes et sûrs.

178. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Il a des diagnostics et des pronostics excellents de sagacité ; il sait tâter le pouls à son malade ; il dira le danger, il en expliquera les causes ; mais, comme beaucoup de savants médecins, il ne va pas jusqu’au remède, — je ne parle que du remède efficace, du remède possible à l’heure même. […] Il n’avait pas eu jusque-là beaucoup de souplesse ; il n’avait jamais pu, par exemple (n’y ayant jamais été forcé), faire d’article de journal ou même de revue ; les articles qu’il commençait, il nous le dit, devenaient peu à peu sous sa plume des chapitres. […] On ne dit pas mieux en moins de mots : Pour remettre mon esprit en équilibre, écrivait-il à M. de Corcelles (un esprit à la fois libéral et religieux, et à qui il savait que cela ferait plaisir), je lis toujours, de temps en temps, du Bourbaloue ; mais je crains bien que le bon Dieu ne m’en sache pas beaucoup de gré, parce que je suis trop frappé du talent de l’écrivain et trouve trop de plaisir à la forme de sa pensée.

179. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Jusqu’alors les Allemands s’étaient occupés des sciences et de la métaphysique avec beaucoup de succès ; mais ils avaient plus écrit en latin que dans leur langue naturelle ; et l’on n’apercevait encore aucun caractère original dans les productions de leur esprit. […] Comme on l’appelle un roman, beaucoup de gens ne savent pas que c’est un ouvrage. […] Sans doute je n’ai pu traiter un tel sujet, sans citer beaucoup d’écrivains et beaucoup de livres ; mais c’était à l’appui de mes raisonnements que je présentais ces exemples, et non avec l’intention de juger et de discuter le mérite de chaque auteur, comme on pourrait le faire dans une bibliothèque universelle.

180. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Et seuls y voient un illogisme les critiques eux-mêmes, qui sont imbus d’une idée essentielle ; c’est que beaucoup de feuilletonistes réunis constituent évidemment une critique, comme beaucoup de menuisiers réunis ont droit à constituer la menuiserie. […] C’est inexact pour beaucoup de pays, notamment pour l’Allemagne et pour l’Angleterre, où les journaux sont d’un volume considérable, où il y a beaucoup plus de revues et où l’étude des livres est très suivie.

181. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Ainsi les fruits nés dans leur sol naturel par une culture ordinaire et des soins médiocres, sont préférés aux fruits étrangers qu’on a fait naître dans ce même sol avec beaucoup de peine et d’industrie ; on goûte les derniers, et l’on revient toujours aux autres. […] Persuadé de ces principes, j’ai fait d’abord cet essai de traduction avec beaucoup de rapidité, et je l’ai revu ensuite avec toute l’exactitude et la rigueur dont je suis capable. […] Quelquefois, ne pouvant faire entendre sans beaucoup de paroles, à des lecteurs ordinaires, toute l’étendue du sens de l’auteur, j’ai mieux aimé en laisser entrevoir la finesse aux seuls lecteurs intelligents, que de l’anéantir dans une périphrase.

182. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

Après s’être occupé quelque temps, et non sans trouver à y louer de deux pièces, l’une80 d’une exécution assez vigoureuse, atteignant à des effets dramatiques assez émouvants, mais trop pénible de combinaison et d’une moralité un peu forcée ; l’autre81 délicate et gracieuse, toute morale d’intention sans doute, mais bien légère de tissu et d’un dessin trop arrangé, la commission s’est sentie particulièrement attirée vers un ouvrage qui lui était signalé par un succès vif, dû à un agréable entrain, à une facilité de bonne veine, à beaucoup de gaieté et de naturel, qualités excellentes et qui deviennent rares. […] Il a été dit, au sein de la commission, beaucoup de choses très fines et très ingénieuses sur les mérites de l’ouvrage en ce sens ; ample justice a été rendue à ces quatre premiers actes surtout, qui sont presque en entier excellents, si nets d’allure et de langage, coupés dans le vif, semés de mots piquants ou acérés, et d’une comédie toute prise dans l’observation directe et dans une réalité flagrante.

183. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Samuel Bailey »

  Nous ne le suivrons pas dans le détail, qui est d’ailleurs exposé sans beaucoup de suite, car l’auteur a eu l’intention non de faire un traité complet et méthodique, mais d’aborder seulement les questions où il a quelque chose à dire. […] Or, c’est là une question de fait : et les exemples abondent pour montrer que, dans beaucoup de cas, les circonstances étant déterminées, nos actes peuvent être prédits ; et qu’il y a des causes régulières qui nous déterminent à vouloir, comme il y a des causes physiques qui produisent les divers faits matériels.

184. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

« L’homme né de la femme vit peu de temps, et il est rempli de beaucoup de misères96. » Cette circonstance, né de la femme, est une redondance merveilleuse ; on voit toutes les infirmités de l’homme dans celles de sa mère. Le style le plus recherché ne peindrait pas la vanité de la vie avec la même force que ce peu de mots : « Il vit peu de temps, et il est rempli de beaucoup de misères. » Au reste, tout le monde connaît ce passage où Dieu daigne justifier sa puissance devant Job, en confondant la raison de l’homme ; c’est pourquoi nous n’en parlons point ici.

185. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

Quoique les loix romaines eussent exclu la plûpart des gens de théatre de l’état de citoïen, on avoit néanmoins à Rome beaucoup de consideration pour eux, et nous en citerons tantôt de bonnes preuves. […] Après avoir parlé du régime dont on usoit et des remedes dont on se servoit pour avoir la voix plus belle, il raconte que Neron après qu’il fut de retour de son voïage de Gréce, avoit tant d’attention à sa voix, qu’il faisoit beaucoup de remedes afin de la conserver, et que pour l’épargner il ne voulut plus, lorsqu’il faisoit une revûë des troupes, appeller, suivant l’usage des romains, chaque soldat par son nom.

186. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

Je regretterais beaucoup de voir tant d’excellente substance cérébrale employée, tout entière, à faire les bulles de savon du jour le jour, si recherchées des amateurs, quoique chez Rochefort, par exception, les bulles de savon soient moins bulles que balles, — et balles visées juste et mises très bien en pleine tête (s’ils en ont) des petits ridicules contemporains. […] beaucoup de bon sens, du meilleur bon sens français, sous son chapeau de fou à sonnettes.

187. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Je sais bien que la nature sacrifie beaucoup de houille pour faire étinceler la flamme inutile d’un diamant. […] Francis Nayrac, toute sa science des vulgarités visibles et palpables où beaucoup de femmes du monde installent confortablement leur frivolité. […] Ils ont pris beaucoup de notes, et nous en communiquent le plus possible. […] Maspero a lu beaucoup de hiéroglyphes, mais il a regardé aussi beaucoup de fellahs. […] Et beaucoup de bourgeois, s’ils sondaient leur conscience, y trouveraient peut-être des péchés tout pareils.

188. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Il y a pour tout le monde, il y a de quoi satisfaire tous les goûts : peu de sens et de raison, beaucoup de tendresse, de fureurs, de déclamations ; beaucoup de combats et d’orages du cœur. […] Le jeu et le talent de l’actrice ajoutent à ce morceau beaucoup de poésie qui n’est pas sur le papier. […] Par où l’on voit que la confidente Isménie a vu beaucoup de choses, mais qu’elle n’a pas beaucoup de manières pour dire qu’elle les a vues. […] Ou a beaucoup parlé de liberté ; son nom a fait beaucoup de mal, et personne ne peut la définir. […] Hermogide n’a fait que changer son nom en celui d’Assur ; mais il a perdu avec son nom beaucoup de sa force et de son activité.

189. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Il y a beaucoup de bêtise dans cet homme d’esprit, ou peut-être autre chose : beaucoup d’imposture. […] C’est là l’origine de beaucoup de nobles qualifications. […] Avec cela une grande ingénuité, beaucoup de candeur, beaucoup de joie. […] En beaucoup de provinces on dit ton, selon l’usage ancien. […] C’est pour cela que beaucoup de personnes croient entendre sonner l’e muet. » M. 

190. (1896) Les Jeunes, études et portraits

cela fait beaucoup de livres de chevet. […] L’humanité lui semble ne mériter que beaucoup de dédain. […] Ce qui donne beaucoup de prix aux livres de M.  […] C’est un métier où ils ont beaucoup de concurrence. […] Nous avions eu sous le second empire beaucoup de gens d’esprit.

191. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

D’autre part, beaucoup de fleurs ont leurs organes sexuels parfaitement renfermés, comme dans la grande famille des Papilionacées ou Légumineuses. […] Les visites des Abeilles sont si nécessaires à beaucoup de fleurs Papilionacées, que de nombreuses expériences ont montré que leur fécondité diminue considérablement quand ces visites sont empêchées. […] Sprengel, je pourrais démontrer qu’en beaucoup de cas, bien loin que rien contribue à aider la fécondation d’une plante par elle-même, plusieurs circonstances, au contraire, empêchent que le stigmate d’une fleur reçoive le pollen de ses propres étamines. […] Mais il n’est pas probable que toutes ces différences se soient produites à la fois, et les lois mystérieuses de la corrélation de croissance peuvent certainement rendre compte de beaucoup de modifications simultanées, sinon les expliquer toutes. […] Ainsi, au cap de Bonne-Espérance et en Australie, où vivent un nombre si étonnant d’espèces, beaucoup de plantes européennes se sont néanmoins naturalisées.

192. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

« Quand le nouveau châtelain fut instruit de cela, il fit beaucoup de bruit, et voulut voir cette poudre ; mais il se tut ensuite, se doutant qu’elle m’était donnée par l’ordre du pape. […] « Étant au palais du cardinal de Ferrare, j’étais parfaitement traité, et j’y recevais beaucoup de visites : tout le monde voulait voir un homme qui avait échappé à tant de dangers. […] J’en fus accueilli avec beaucoup de bonté ; je le remerciai de m’avoir fait sortir de prison, en lui disant qu’il était digne d’un grand monarque comme lui de protéger l’innocence, et que ses bienfaits étaient écrits au ciel et dans le cœur de tous les gens de bien. […] J’y fis mettre le feu, que je dirigeai moi-même avec beaucoup de fatigues, étant contrarié, tantôt par la flamme, qui menaçait d’incendier mon atelier, et tantôt par le vent et la pluie qui venaient du côté du jardin, et qui refroidissaient mon fourneau. […] Ces deux gentilshommes voulaient reprendre le cours de leurs compliments ; mais je les saluai avec beaucoup de respect, et je m’éloignai d’eux.

193. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Mais ne vous imaginez pas que l’on pourrait rendre populaire ce qui est beau et naturel ; ou du moins il faudrait pour cela avoir beaucoup de temps et recourir à des moyens désespérés. […] « Ampère, dit-il, a placé son esprit si haut qu’il a bien loin au-dessous de lui tous les préjugés nationaux, toutes les appréhensions, toutes les idées bornées de beaucoup de ses compatriotes ; par l’esprit, c’est bien plutôt un citoyen du monde qu’un citoyen de Paris. […] Ils demandent beaucoup de chaleur. […] Jamais je n’ai eu beaucoup de respect pour la condition pure de prince, quand elle n’est pas alliée à une nature solide et à la valeur personnelle. […] Pendant une demi-journée, je me donnai avec lui beaucoup de peine, mais il ne voulut rien prendre de moi ; je le mis alors avec un vieux linot, bon chanteur, que j’avais déjà en cage depuis des années, et qui était suspendu à ma fenêtre, en dehors.

194. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Ma biographie J’ai fait beaucoup de biographies et je n’en ai fait aucune sans y mettre le soin qu’elle mérite, c’est-à-dire sans interroger et m’informer. […] Il fit, pendant une année, le service d’externe à l’hôpital Saint-Louis, et en général il profita beaucoup de tout l’enseignement médical, anatomique et physiologique, à cette date. […] Cet ouvrage de Port-Royal (3e édition) a été publié en six volumes (format in-12) en 1867 ; et cette dernière édition, très-augmentée, est nécessaire pour qui veut connaître non seulement Port-Royal, mais beaucoup de circonstances de la vie morale et littéraire de M.  […] Un exemplaire du Vieux Cordelier, conservé avec beaucoup de soin par son fils, qui a écrit dessus Exemplaire de mon père, portant en tête un portrait gravé de Camille Desmoulins (dans la meilleure manière des graveurs de l’époque), nous est ainsi arrivé tout couvert de notes de la main de M. de Sainte-Beuve père. […] « Elle avait de la finesse d’esprit, du bon sens et beaucoup de tact », me disait, il y a quelques années, M. 

195. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

On dit souvent qu’il y a dans Virgile beaucoup de traits du génie moderne, et qu’il demeure par là original entre les Anciens. […] Non, les prêtresses légères ne portent pas à Cérès de l’eau de tout fleuve ; mais celle qui, pure et transparente, coule en petite veine de la source sacrée, celle-là lui est chère101. » — Le poëme des Argonautes ne roule pas cependant beaucoup de limon ; Quintilien l’a loué, tout au contraire, pour un certain courant égal, pour une certaine mesure qui ne s’abaisse jamais : æquali quadam mediocritate. […] Ce thème prêtait à l’érudition géographique et généalogique, aux épisodes, et il y en a d’agréables, même de charmants, et à tout instant éclairés de comparaisons ingénieuses ou grandes, d’images vraiment homériques ; mais tout cela est successif, développé dans l’ordre des faits et des temps, sans beaucoup de feu ni d’action, et surtout sans ce flumen grandiose continu, qui est le courant d’Homère. […] exécute bien vite ce que tu viens de nous promettre ; et ne t’irrite pas ainsi, ne te mets pas en colère contre ton enfant, car il changera par la suite. » La rivalité de Junon et de Vénus, au premier livre de l’Énéide, a certes plus de grandeur ou de gravité, et elle domine tout le poëme ; mais ici les scènes d’un ton moins élevé, qui interviennent comme ressort secondaire, ont beaucoup de grâce ; elles sont d’un jeu habile, ingénieux, et tout le sérieux de la passion va se retrouver dans les effets. […] Il lui sembla que l’étranger se soumettait à l’épreuve, non pas tant qu’il désirât beaucoup de remporter la toison du divin bélier, car ce n’était point pour cette cause qu’il était venu dans la ville d’Éétès, mais bien pour la ramener dans sa patrie, elle comme son épouse virginale104.

196. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Voici en quels termes il y parle de ses œuvres : « J’ai écrit en totalité notre Bible et beaucoup d’autres volumes pour notre maison et pour le salaire, et par-dessus beaucoup de petits traités pour l’édification des jeunes gens. » Ce mot opuscule ne pouvait évidemment s’appliquer à une œuvre aussi immense, aussi achevée, et aussi universellement célèbre que l’Imitation de Jésus-Christ ; fleuve à pleins bords, où coule à grands flots toute la sagesse humaine et divine du christianisme. […] J’ai envoyé les miens dans le monde, non pour jouir des plaisirs passagers, mais pour soutenir de rudes combats ; non pour y être honorés, mais pour y être méprisés ; non pour vivre dans l’oisiveté, mais pour travailler ; non pour se reposer, mais pour porter beaucoup de fruits par la patience. […] Préparez-vous, non à beaucoup de repos, mais à une longue patience. […] Mais beaucoup de choses vous déplaisent et souvent vous troublent, parce que vous n’êtes pas encore tout à fait mort à vous-même, et séparé des choses de la terre. […] Car dans la vérité vous n’êtes qu’un pécheur, sujet à beaucoup de passions et engagé dans leurs liens.

197. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Si la société fournit à l’activité psychologique un point d’appui et un aliment nécessaire, peut-on méconnaître d’autre part qu’elle contrarie en nous nombre de tendances, qu’elle limite ou dévie beaucoup d’aptitudes, qu’elle froisse beaucoup de sentiments et réprime beaucoup de désirs ? […] Beaucoup de physiologistes ne croient pas à l’influence diminuée de l’hérédité. […] Beaucoup de différences dues à l’hérédité ont leur origine dans des différences de races. […] On pourrait y répondre, en parodiant un autre mot célèbre, que si un peu de science nous unit, beaucoup de science nous divise. […] En fait la critique de beaucoup de penseurs, ne s’est appliquée qu’à un nombre limité de questions : en rejetant certains actes de foi primés, ils en conservaient ou même en instauraient d’autres.

198. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Elle est peinte presque par hachures comme beaucoup de peintures de M.  […] La sainte Thérèse, telle que le peintre l’a représentée, s’affaissant, tombant, palpitant, à l’attente du dard dont l’amour divin va la percer, est une des plus heureuses trouvailles de la peinture moderne. — Les mains sont charmantes. — L’attitude, naturelle pourtant, est aussi poétique que possible. —  Ce tableau respire une volupté excessive, et montre dans l’auteur un homme capable de très-bien comprendre un sujet — car sainte Thérèse était brûlante d’un si grand amour de Dieu, que la violence de ce feu lui faisait jeter des cris… Et cette douleur n’était pas corporelle, mais spirituelle, quoique le corps ne laissât pas d’y avoir beaucoup de part. […] C’est d’un aspect fort attirant, mais c’est le rococo du romantisme. — Il y a là dedans du Couture, un peu du faire de Célestin Nanteuil, beaucoup de tons de Roqueplan et de C. […] Il y a là une bonne couleur, modérément gaie, unie à beaucoup de goût. […] Brascassat, qui, homme d’esprit et de talent comme il l’est, ne doit pas ignorer que dans la galerie des Flamands il y a beaucoup de tableaux du même genre, tout aussi faits que les siens, et plus largement peints, — et d’une meilleure couleur. — L’on parle trop aussi de Saint-Jean qui est de l’école de Lyon, le bagne de la peinture, — l’endroit du monde connu où l’on travaille le mieux les infiniment petits. — Nous préférons les fleurs et les fruits de Rubens, et les trouvons plus naturels. —  Du reste, le tableau de M. 

199. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Il suffit souvent d’avoir fait beaucoup de bruit et beaucoup de mal pour être adoré. […] Un fils de Diègue Laynez m’a fait beaucoup de mal ; il m’a pris mes frères, et m’a tué mon père. […] Mon Cid parla bien et avec beaucoup de mesure : « Grâces te soient rendues, Seigneur père qui es là-haut !

200. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

John Stuart Mill (28 mars 1841) : « Tout ce qui s’est passé dans notre politique extérieure depuis six mois m’a donné, je vous le confesse, mon cher Mill, beaucoup de trouble d’esprit et d’embarras. […] Les dix dernières années, qui ont été assez stériles pour moi sous beaucoup de rapports, m’ont cependant donné des lumières plus vraies sur les choses humaines et un sens plus pratique des détails, sans me faire perdre l’habitude qu’avait prise mon intelligence de regarder les affaires des hommes par masses. […] La grandeur et la singularité du spectacle que présente le monde de nos jours absorbe trop l’attention pour qu’on puisse attacher beaucoup de prix à ces curiosités historiques qui suffisent aux sociétés oisives et érudites. […] Je ne puis m’empêcher de croire qu’il existe pour nous beaucoup de points de contact et qu’une sorte d’intimité intellectuelle et morale ne tarderait pas à régner entre vous et moi, si nous avions l’occasion de nous mieux connaître.

201. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Du choc des opinions en telle matière, je ne crois pas que la lumière puisse jaillir, quoi qu’on dise ; on n’en retirait certainement ici que doute et obscurcissement, peu de satisfaction et beaucoup de satiété. […] Trop de littéralité judaïque pour l’impression des œuvres posthumes est, qu’on y songe, un autre genre d’infidélité envers les morts : car eux-mêmes, vivants, auraient, en plus d’un cas, avisé et modifié Selon l’observation excellente que j’entendais faire à M allanche, beaucoup de ces mots étonnants et outrés qu’on surprend sur les brouillons de Pascal (comme cela vous abêtira 61, pouvaient bien n’être, dans sa sténographie rapide, qu’une sorte de mnémonique pour accrocher plus à fond la pensée et la retrouver plus sûrement. […] On peut le dire, le doute et la foi vivante, l’un passager, l’autre immuable, naquirent pour lui le même jour ; comme si Dieu, en laissant l’ennemi pratiquer des brèches dans les ouvrages extérieurs, avait voulu munir le cœur de la place d’un inexpugnable rempart. » Cette belle parole, qui exprime si bien un des mystères de la vie chrétienne intérieure, peut s’appliquer avec beaucoup de vraisemblance au vrai Pascal. […] Certes il eût été sceptique sans sa croyance en Jésus-Christ, et cela vous semble peu de chose, parce que, si nous n’y prenons garde, nous devenons sujets, tous tant que nous sommes, en parlant beaucoup de christianisme, à ne plus bien savoir ce que c’est que Jésus-Christ au sens réel et vivant où il le prenait.

202. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

Telle est la question, et on ne la résout pas en disant, comme beaucoup de psychologues, que nous avons telle ou telle faculté, la conscience, la mémoire, l’imagination ou la raison. […] Beaucoup de philosophes et tous ceux qui se contentent de mots sont sujets à cette erreur. […] Dans cet état, qu’on provoque à volonté chez beaucoup de personnes, le patient croit sans résistance ni réserve aux idées qu’on lui suggère 5, et l’on peut les lui suggérer de deux façons. […] N… passe l’été de 1812 dans un château, il y reçoit beaucoup de monde.

203. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Quoi qu’on puisse penser de l’exactitude d’un pareil jugement, il est certain qu’il y a dans ce poëme beaucoup de passages qui paraissent fortement appuyer cette opinion. […] Heureusement que les amis de Laurent ne se piquèrent pas, sur ce point, d’autant de discrétion que lui : Politien, dans son poëme sur Julien, a célébré la maîtresse de Laurent sous le nom de Lucretia ; et Ugolino Verini, dans sa Fiammetta, a adressé à cette dame un poëme latin, en vers élégiaques, dans lequel il plaide avec beaucoup de chaleur en faveur de Laurent, et il prétend que, quelles que puissent être ses rares perfections, elle trouve en lui un amant digne de toute sa tendresse. […] On ne sait point ici dire le contraire de ce qu’on pense : dans ces estimables et paisibles retraites, au milieu de l’air pur qui vous environne, on ne voit point le sourire sur la bouche de celui dont le cœur est rongé de chagrins ; le plus heureux parmi vous est celui qui fait le plus de bien, et la sagesse suprême ne consiste pas à savoir déguiser et dissimuler la vérité avec le plus d’artifice. » Cependant le berger ne paraît point convaincu de la supériorité que le poëte accorde à la vie champêtre, et, dans sa réponse, il présente avec beaucoup de force les peines et les nombreux travaux auxquels elle est inévitablement exposée. […] Il se nommait Girolamo Olgiato et mourut en Romain sur l’échafaud ; dépouillé et nu devant le bourreau, il prononça ces paroles latines qui retentirent dans beaucoup de cœurs : Mors acerba, fama perpetua, stabit vetus memoria facti. — Mort amère, éternelle mémoire !

204. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Non seulement les lecteurs des feuilles radicales, mais même leurs rédacteurs, non seulement les neuf dixièmes des ouvriers des villes, mais beaucoup de bourgeois et de lettrés sont intimement convaincus que le plus grand nombre des prêtres manquent à leur vœu de chasteté et détournent les femmes au confessionnal, et que d’ailleurs ils ne croient guère à la religion dont ils sont les ministres. […] Tout ce qu’on peut accorder, c’est que beaucoup de petits paysans entrent au séminaire pour des raisons de prudence et d’égoïsme naïf. […] Il a beaucoup de charme et de puissance. […] Beaucoup de fidèles sont d’ailleurs des âmes simples, dont la religion est toute de sentiment.

205. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Réduites en langage commun, ses théories n’ont en général rien d’inacceptable, et beaucoup de ses jugements, encore que sévères, sont mérités. […] Antoine a certainement inoculé à quelques-uns de ses acteurs, à beaucoup de ses spectateurs, le sens de la vérité. […] Beaucoup de ses sonnets étaient connus depuis longtemps.

206. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Quelqu’un qui piocherait la classification de ces erreurs telle que Bacon l’a établie, et qui s’efforcerait de trouver, pour chaque catégorie, quelques cas particuliers, arriverait sans trop de peine à un résultat dont il se saurait beaucoup de gré. […] La préoccupation de faire des antithèses suggère aussi beaucoup de pensées. […] Beaucoup de pensées de cette espèce commencent ainsi : Il y a une douceur secrète… Il y a je ne sais quel charme… Il y a un plaisir délicat… Par exemple : Il y a un plaisir délicat, pour un bel homme, à respecter la femme de son ami.

207. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

Si ce tiers n’a su de quoi il était question, comme cela a dû lui paraître, je ne le sais pas davantage ; et, en général, ce qui m’a été le plus clair depuis plusieurs mois, c’est que vous pensiez avoir quelque sujet de plainte sur mon compte et le disiez assez volontiers à beaucoup de personnes. […] car beaucoup de mes meilleurs amis ne se sont pas fait faute de s’inquiéter de moi, au point d’avoir et de manifester toutes ces craintes.

208. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

Aussi le gouvernement directorial a-t-il été communément jugé avec beaucoup de sévérité, de mépris, mais en même temps, il faut le dire, avec bien peu d’étude et d’intelligence. […] Thiers a redressé beaucoup d’imputations injustes, expliqué et concilié beaucoup de témoignages contradictoires.

209. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Or, pour un poète qui écrit en prose, qui surtout doit être lu en prose française, la plus difficultueuse de toutes les proses, il y a beaucoup de précautions nécessaires pour faire passer, comme en contrebande, cette magie et ces richesses. […] Heine, semblent être des portraits ; mais le peintre n’a point copié la nature avec le scrupule de beaucoup de ses confrères, ni rendu les traits avec une minutie diplomatique.

210. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Et ce nous est un grief supplémentaire contre Bouguereau, qui ne vole pourtant pas beaucoup de couleur à la nature appauvrie. […] Claretie a mis au passé la plupart de ses verbes, Seulement cet homme a beaucoup de travail.

211. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Il décide, par ce moyen, la bonté de bien des rimes, & la terminaison véritable de beaucoup de noms de peuples. […] Cette difficulté extrême d’articuler le son propre de chaque voyelle, de connoître toute la variété des accens de cette langue, de saisir certains sifflemens de syllabes finales, fait que l’Anglois ne se prononce bien qu’avec beaucoup de peine & d’usage.

212. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes Le génie est donc une plante, qui, pour ainsi dire, pousse d’elle-même ; mais la qualité, comme la quantité de ses fruits, dépendent beaucoup de la culture qu’elle reçoit. […] Ces observations nous enseignent beaucoup de choses, que notre génie ne nous auroit jamais suggerées de lui-même, ou dont il ne se seroit avisé que bien tard.

213. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Journaliste expert et aiguisé, mais bien au-dessus de son état de journaliste, car il faut être au-dessus de son état pour être bon journaliste, Vitu, dont l’esprit a beaucoup de goûts divers et cette irisation de connaissances très multipliées qu’on pourrait nommer l’encyclopédisme, a cependant assez d’assiette dans les facultés pour résister aux goûts qui lutinent son esprit et condenser cette irisation de connaissances dans la pleine lumière d’une seule chose. […] C’est un esprit très érudit que Vitu, fort au courant de la bibliographie du xviiie  siècle et de la Révolution, qui n’est pas du tout épuisée, comme beaucoup de gens ont la superficialité de le penser.

214. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Les Allemands, ces Indiens de l’Europe, épanchent parfois de ces vastes nappes d’ennui dans leurs œuvres, belles, comme les vers de M. de l’Isle, par beaucoup de côtés d’exécution, mais de la beauté qui ennuie ; terrible variété de la beauté, telle que la créent les hommes dans ce monde imparfait et borné ! […] C’est déjà beaucoup de se remuer encore comme il se remue dans cette machine pneumatique du cœur et de l’esprit, dans cette absence complète de tout sentiment vrai, individuel et profond.

215. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gaulmier, Antoine Eugène (1795-1829) »

Hippolyte Boyer Ses vers, empreints de beaucoup de charme et de grâce, ont été recueillis après sa mort et publiés sous ce titre : Œuvres posthumes d’A.

216. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hauser, Fernand (1869-1941) »

Fernand Hauser : elle est encore un peu tendre, mais elle nous offre beaucoup de verdeur, de délicatesse de sentiment, une allure gaie, une façon de parler affable et accorte.

217. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dejoux, François »

Charles Fuster Il y a, dans Blanchefleur et dans la Riviera beaucoup de piécettes personnelles, certes, et même dont l’accent, en sa sincérité, est même très particulier.

218. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chansroux, Antoine »

Chansroux : Le Serment d’Annibal ; il y a beaucoup de mouvement, des élans généreux, quelque chose de saccadé, mais de vibrant au suprême degré.

219. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article »

Nous ne la rapporterons point, parce qu’elle est fort connue ; nous avertissons seulement qu’elle est défigurée dans beaucoup de compilations, & dans celle, entre autres, qui a pour titre, Nouveau Dictionnaire historique, Ouvrage plein d’erreurs, de fautes & de confusion.

220. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Depont, Léonce (1862-1913) »

Léonce Depont, l’auteur des Sérénités , pur, grave et noble livre, qui est, on le sent, le résultat d’un long travail, d’un choix sévère parmi beaucoup de pages condamnées.

221. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 258

Ces Annales ont été fondues presque en entier dans la grande Histoire de Languedoc, & ont épargné beaucoup de peine au Compilateur [M.

222. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Mme Edmond = Gérard, Rosemonde (1866-1954) »

— Elle a beaucoup de talent, Rosemonde Gérard, me disait Leconte de Lisle, à l’Académie, et ses airs de pipeaux ont de lointains échos de la flûte de Mozart.

223. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 360

Beaucoup de petits détails, peu de lumieres sur les faits essentiels, trop de complaisance pour elle-même, peu d’attention pour le Lecteur, feroient assez croire que cette Princesse les a composés plutôt par désœuvrement, que pour les donner au Public.

224. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Leur livre est très intéressant et apprend beaucoup de choses. […] Il s’était tenu à l’écart avec beaucoup de dignité et une froideur hautaine. […] c’est qu’il y avait beaucoup de sens. […] Je songe à beaucoup de choses. […] Il y a beaucoup de gens qui n’ont pas le sens du réel, qui ne l’ont absolument pas.

225. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 253

] Procureur au Parlement de Paris, sa patrie, mort en 1508 ; mauvais Poëte, qui eut beaucoup de réputation de son temps, & qui la méritoit peut-être, par l’esprit, la gaieté, & la naïveté qu’il mettoit, dit-on, dans la plupart de ses Poésies.

226. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Duchange, Jacques »

Au moins sentirez-vous, dans la façon dont je vous les expose, beaucoup de sympathie pour votre jeune talent.

227. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Piédagnel, Alexandre (1831-1903) »

Piédagnel est un poète idyllique de beaucoup de talent ; son Avril est plein de poésie, de jeunesse et de grâce.

228. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 202

Les lumieres qu’il a répandues sur plusieurs endroits de ces Auteurs, prouvent qu’il avoit beaucoup de jugement & de sagacité.

229. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

X Je ne demande plus aux hommes qu’une chose : c’est de me laisser beaucoup de temps à moi, beaucoup de solitude, et pourtant de se prêter quelquefois encore à mon observation.

230. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

« Puis, en se développant, il voit beaucoup de choses lui échapper, beaucoup de ses espérances trompées, de ses besoins non satisfaits ; il souffre, il se plaint, c’est l’âge des déceptions, des désenchantements.

231. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

On cache les désordres secrets que peut engendrer l’infirmité humaine sous beaucoup de gravité extérieure. […] C'est-à-dire du style ; car si l’action peut, dans beaucoup de cas, s’exprimer par l’action même, les passions et les caractères, à très-peu d’exceptions près, ne s’expriment que par la parole.

232. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

Rousseau est peut-être le seul qui fasse une classe à part : la crainte de choquer les opinions reçues, de révolter par des paradoxes, de passer pour cynique, de se faire des ennemis et des affaires, rien de tout cela ne l’arrête ; il s’est mis à son aise avec le public de tous les rangs et de toutes les espèces ; et cette liberté, qui se trouve heureusement jointe en lui à beaucoup de talent, lui donne un prodigieux avantage. […] Il oublie pourtant quelquefois l’extrême respect qu’il porte au sexe, à qui il dit impitoyablement les plus grossières injures : mais ces injures ne gâteront pas sa cause auprès des femmes ; et comme je l’ai déjà dit ailleurs, beaucoup de péchés lui seront remis parce qu’il a beaucoup aimé.

233. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

M. de Maistre a remarqué avec beaucoup de raison que les législateurs anciens n’ont rien écrit ; que l’Église n’a écrit que lorsqu’elle y a été contrainte, non pour établir, mais pour constater la croyance à des dogmes attaqués. […] Beaucoup de philosophes qui, dans leurs méditations, sont partis de ces termes, se sont imaginé créer ce que l’âme humaine y avait placé sans le savoir, et en cédant à une espèce d’instinct de vérité ; tandis que, dans la réalité, ils n’ont fait que découvrir ce qui reposait dans les langues, et révéler aux yeux de l’âme surprise les trésors qu’elle-même y avait cachés ! 

234. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Je doute fort, en effet, que la postérité, même celle-là qui commence, pour chacun de nous, à quatre pas de la tombe, s’occupe beaucoup de Mme Sophie Gay, dont le nom serait déjà oublié, si, sous ce nom, Mme Émile de Girardin n’avait commencé sa renommée. […] En se travaillant immensément, en se tortillant, en se donnant beaucoup de courbatures, Mme Sophie Gay, qui pouvait rester une femme du monde spirituelle, était parvenue à faire de son esprit je ne sais quel talent sans naturel, sans originalité et sans grâce.

235. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

Sans beaucoup de peine et d’efforts, et en restant dans les travaux de toute sa vie, il pouvait conquérir littérairement le nom d’Asiatique et se faire une gloire éclatante et facile, à une époque où l’esprit d’aberration philosophique qui mène le monde s’est engoué de l’Asie, et poétiquement, scientifiquement, politiquement, — de toutes les manières enfin, — en a monstrueusement exagéré la grandeur. […] Remontant aussi haut qu’on puisse remonter dans une pareille histoire, l’abbé Huc, qui a lu sur son sujet tout ce qu’on peut lire en Chine ou ailleurs, discute avec beaucoup de compétence la légende syriaque et grecque de saint Thomas l’apôtre évangélisant les Indes, et montre, sans l’affirmer positivement cependant, que le Christianisme a pu pénétrer des Indes en Chine presque au même moment où il faisait son apparition dans le monde occidental.

236. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

I Il devait faire beaucoup de bruit, ce livre, et il n’en a fait aucun. […] Si ceux-là qui l’accusent d’être un partisan dans l’Histoire avaient raison, il n’y introduirait pas, comme il l’a fait, beaucoup de choses à la décharge de Louis-Philippe, qui, malgré cela, restera assez chargé aux yeux de la postérité et de l’Histoire.

237. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

, pliée, repliée et figée dans une soixantaine de lettres, à peu près, adressées à Madame d’Albany, une femme dont Sismondi avait hanté la maison à Florence, comme il avait hanté, en Suisse, celle de Madame de Staël, — ces sortes de lanternes magiques où l’on voit passer devant soi beaucoup de figures, ces espèces de belvédères ouverts sur le monde, intéressant beaucoup le badaud qui est le fond de tout érudit, pour peu qu’il ne soit pas un distrait. […] Il y a là, à beaucoup de places, des tendresses de cœur et des simplicités d’expression qui font venir tout naturellement à l’esprit le doux nom de Souza.

238. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gérard de Nerval  »

Il y a du roman, des voyages, presque de l’histoire, de la biographie, de la critique, de la correspondance… C’est assez de sujets et d’espace pour mettre beaucoup de talent, si véritablement on en a. […] Et il ne s’est pas contenté de ce rude travail : il a traduit, de plus, beaucoup de pièces lyriques de poètes allemands comme Klopstock, Gœthe (encore !)

239. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gère, Charles de »

Sous cette forme et sans éclat, un sentiment d’une intensité singulière se fait comprendre et se fait aimer… Il y a beaucoup de vers, précis et forts venus du cœur, ingénus et francs, qui prennent l’âme et font jaillir la pitié, dans le livre touchant de M. de Gère.

240. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 501

Les belles gravures qui ornent son Recueil de Poésies n’ont pu le garantir du naufrage, fort commun à beaucoup de nos Ouvrages modernes, où l’on en trouve de plus belles : Nil pictis timidus novita puppibus fidit.

241. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 107

Il a survécu à beaucoup de ses Ouvrages ; mais ses Mémoires sur le Costume des Anciens, méritent de lui survivre, & on peut prédire qu’ils lui survivront en effet.

242. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article »

La plus grande partie de ses Ouvrages sont des Compilations, qui supposent une infinité de recherches, & beaucoup de discernement ; tels que les Monumens de la Monarchie Françoise, en cinq volumes in-folio ; l’Antiquité expliquée, en dix volumes aussi in-folio, avec le Supplément qui forme encore cinq in-folio.

243. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 359

Il y a beaucoup de morceaux foibles & négligés dans les quinze volumes de Sermons, de Panégyriques, & de Discours Moraux, qu'il a donnés au Public.

244. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 226

Non, c’est parce que son esprit & sa facilité se sont répandus trop indiscrétement sur tous les genres ; indiscrétion qui produit toujours beaucoup de choses, jamais de bonnes choses, & ce n’est qu’à ce qui est bon que le Public s’attache.

245. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 465

Son caractere facétieux & cynique tenoit beaucoup de celui de Rabelais.

246. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Il y faut mettre beaucoup de candeur, et avouer tout d’abord dans quelle mesure nous sommes juges compétents du sermon. […] L’admiration de Voltaire pour le Petit Carême, et plus tard le jugement de la Harpe, beaucoup plus lu que les sermons dont il parlait, ont persuadé à beaucoup de gens que ces rangs sont définitifs. […] La grandeur de l’esprit de Bossuet a caché à beaucoup de gens sa sensibilité, comme la douceur des vers de Racine leur cache sa vigueur et sa force. […] Ces excès de la morale de Massillon parurent à beaucoup de gens des éclats de zèle indiscret, ou, ce qui est plus fâcheux, des figures d’éloquence. […] On s’imagine que beaucoup de finesse doit se cacher sous des termes qui expriment plusieurs choses à la fois, et que c’est la langue qui a fait faute à l’auteur.

247. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Un tel projet demandoit beaucoup de circonspection. […] Sorlin avoit de la réputation, quoique son extrême fécondité lui fit beaucoup de tort. […] Ce sçavant élevoit lui-même un fils, ne desiroit rien tant que de le voir avancer dans l’étude des langues, & le grondoit beaucoup de ne vouloir rien apprendre. […] L’illustre Bassa, le grand Cyrus, la Clélie, donnèrent également beaucoup de célébrité à leurs auteurs. […] Son ouvrage sur leur origine fit beaucoup de bruit, & servit encore à les décréditer.

248. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Elle s’inquiétait beaucoup de ses dettes et de ses créanciers, ce que les grands ne faisaient pas toujours, et on a remarqué qu’elle n’était tranquille que lorsqu’elle avait assuré avant tout cet ordre de paiements, « prévenant les demandes, quelquefois les désirs, et toujours l’impatience et les plaintes ». […] Elle était ce qu’on appelle une bonne maîtresse, et plus on l’approchait, plus on la regretta : Saint-Cloud, écrivait-elle dans l’automne de 1717, n’est qu’une maison d’été ; beaucoup de mes gens y ont des chambres sans cheminée ; ils ne peuvent donc y passer l’hiver, car je serais cause de leur mort, et je ne suis pas assez dure pour cela ; ceux qui souffrent m’inspirent toujours de la pitié. […] Elle écrivait de Saint-Cloud le 17 juin 1698 ; Je n’ai pas besoin de beaucoup de consolation à l’égard de la mort ; je ne désire pas la mort, et je ne la redoute point.

249. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Je sais qu’il a soin de définir le peuple ou vulgaire comme étant formé, à ses yeux, d’esprits de toutes classes, de même qu’il appelle du nom de pédants beaucoup de ceux qui ont des robes et beaucoup aussi qui n’en ont pas ; malgré ces distinctions judicieuses, on peut dire toutefois qu’il est contre le vulgaire avec excès42, et qu’il se met par là en contradiction avec son propre but, qui est avant tout de vulgariser la sagesse. […] Le livre, tel qu’il était, eut beaucoup de succès dès l’instant de la publication (1601). […] Cela est d’autant plus remarquable que ce livre fut composé par l’auteur encore très jeune et au sortir des écoles ; après l’avoir laissé dormir quelques années, il se décida à le faire imprimer et à dire hautement son avis, qui était celui de beaucoup de gens, au risque seulement de déplaire à ceux (car il y en avait) « qui prenaient Charron pour Socrate et l’Apologie de Raimond Sebond pour l’Évangile. » — À cela près, disait-il, je ne laisse pas d’estimer Charron, et de croire qu’il doit être estimé savant, et encore plus judicieux ; que son livre De la sagesse est fort bon en gros, et qu’il y a fort peu de savants hommes en France qui n’aient profité de sa lecture.

250. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Un homme d’esprit plus impartial que Despréaux, et qui y apportait moins de vivacité de goût, le docte Huet, a jugé Santeul avec beaucoup de vérité quand il a dit : Si l’on avait dressé à cette date (vers 1660) une pléiade des poètes, comme autrefois en Égypte du temps de Ptolémée Philadelphe, ou comme au siècle passé en France, on y aurait certainement donné place à Pierre Petit, médecin, à Charles du Périer et à Jean-Baptiste Santeul, de la congrégation de Saint-Victor à Paris. […] Pellisson qui, depuis qu’il s’était converti, avait beaucoup de zèle, et qui de plus avait titre et qualité spéciale d’économe de Cluny, engagea un jour Santeul à mieux employer son talent, et à faire des chants religieux, des hymnes qui lui seraient une occupation également lucrative et plus décente, plus digne d’un religieux : « Laissez là, lui disait-il, tous ces artifices menteurs des muses et d’Apollon ; c’est assez donner à Phébus et aux muses ; ces sortes de jeux ne siéent qu’à la jeunesse, et, pour n’être que des jeux, on y trouve aussi quelque gloire. […] Bonnetty, beaucoup de choses défavorables à M. 

251. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Saint-Évremont, en regrettant que M. de Rohan n’ait pas pénétré plus avant dans les desseins de César, et mieux expliqué les ressorts de sa conduite, avoue pourtant « qu’il a égalé la pénétration de Machiavel dans les remarques qu’il a faites sur la clémence de César, aux guerres civiles. « On voit, dit-il, que sa propre expérience en ces sortes de guerres lui a fourni beaucoup de lumières pour ces judicieuses observations. » Rohan, dans ce travail sur les guerres des Gaules et sur l’ancienne milice, paraît un homme fort instruit ; il n’y a plus trace de ces premières inadvertances qu’on a tant relevées dans son premier voyage de 1600, lorsqu’il y faisait Cicéron auteur des Pandectes, comme il aurait dit des Tusculanes. […] Au sortir de là, Rohan, bien qu’il eût titre toujours de général de l’armée du roi, se retira à Genève et refusa de ramener son armée par la Franche-Comté ; il se méfiait du cardinal, dont il n’avait pas suivi les ordres, et qui le lui rendait bien : Il est donc certain, dit ce redoutable ministre, ou que ledit sieur duc, qui était habile homme et connu pour tel, avait l’esprit troublé, ou qu’il y eut trop de timidité en son fait, ou beaucoup de malice ; et ce qui le condamne, c’est de s’être retiré du service du roi, de n’être point venu commander l’armée en la Franche-Comté, et d’être demeuré à Genève ; car, s’il n’avait point failli, et qu’il n’eût pu mieux faire ainsi qu’il disait, pourquoi feindre d’être malade à Genève, puis dire que l’armée qu’on lui donnait à commander était trop faible ? […] Son édition d’ailleurs est faite avec beaucoup de soin, et contient en trois volumes toutes les lettres, dépêches et pièces originales.

252. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Et ce qu’il a eu encore de plus admirable et comme particulier en lui, c’est d’avoir approché les rois sans médiateur, d’avoir amassé des richesses sans avarice, d’être parvenu aux grandes charges sans ambition, d’avoir bâti une bonne maison avec peu de matière, d’avoir eu beaucoup de prospérité sans orgueil, d’avoir, aimant la douceur et la tranquillité, vécu trente-cinq ans de suite dans la Cour, fait sa retraite vingt ans avant de mourir, sans aucune disgrâce précédente, d’avoir vécu soixante et seize ans d’une santé très parfaite, rarement troublée de maladies, d’avoir joui en repos des biens qu’il avait amassés, d’avoir reçu de l’honneur aux charges qu’il a exercées, d’avoir fait grande quantité d’amis et point d’ennemis, d’avoir habité les maisons qu’il avait bâties, s’être promené à l’ombre des bois qu’il avait plantés, d’avoir reçu de ses enfants le contentement qu’il en pouvait espérer. […] Ceux qui, comme moi, se sont occcupés de Port-Royal et de son premier éclat, y trouvent des détails curieux et précis, d’une impartialité incontestable, sur le bruit que fit le livre d’Arnauld, De la fréquente communion, sur les prédications auxquelles il donna sujet dans les chaires de Paris, sur les sentiments de messieurs du Parlement à l’égard d’Arnauld. — Un de nos jeunes maîtres qui s’occupe, je le sais, d’une histoire de l’éloquence de la chaire dans la première moitié du xviie  siècle et avant Bossuet, y trouvera le compte rendu ou la mention au moins de plus d’un sermon qui fut éloquent à son heure ; et en particulier d’Ormesson, bon témoin, mais nullement prophète, dira de l’un des premiers sermons du coadjuteur (Retz) : « L’après-dînée (du jeudi 4 décembre 1643), M. le coadjuteur prêcha à Saint-Jean où était la reine, avec toute la suffisance et éloquence possibles, dont chacun espérait beaucoup de fruit lorsqu’il sera archevêque de Paris. […] À un point de vue plus général, tout historien profitera beaucoup de la connaissance de ce journal et du contrôle qu’il permet d’établir avec d’autres récits, surtout pour la première Fronde : la seconde n’y est pas.

253. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Les lettres qu’elle écrivait à cette dernière, pendant son voyage d’Espagne, étaient lues de tout ce monde délicat ; on se les montrait discrètement, et Mme de Sévigné les goûtait fort : « Ce sont, disait-elle à sa fille, des relations qui font la joie de beaucoup de personnes. […] Je m’en doutai bien ; mais je ne m’y sentis pas portée… Me voilà donc au milieu de ces trois Majestés ; la reine mère me disant, comme la veille, beaucoup de choses obligeantes, et la jeune reine me paraissant fort aise de me voir. […] Le roi et la reine sont assis, chacun dans un fauteuil ; des religieuses à leurs pieds, et beaucoup de dames qui viennent leur baiser les mains.

254. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Après le souper, il y eut un feu d’artifice avec beaucoup de fusées et très peu d’invention et de variété ; après quoi le roi alla se préparer à faire un dauphin, Voltaire, en voyant tout et en peignant tout si gaiement, ne s’oublie pas. […] Le Roy, le veneur ordinaire, un La Bruyère à cheval : « Né avec un goût vif pour les femmes, nous dit-il du roi, des principes de religion, et plus encore beaucoup de timidité naturelle, l’avaient tenu attaché à la reine, dont il avait eu déjà huit ou dix enfants. […] Cette dame était fort loin d’être jolie, mais elle avait beaucoup de grâce dans la taille et dans les manières, une sensibilité déjà connue, un caractère de complaisance fait pour abréger les formalités.

255. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

La tentation est grande d’entasser volume sur volume, de délayer, de répéter ; il faudra beaucoup de force d’âme pour mûrir pendant dix ans un petit livre. […] La vie va former ce « niais », et rabattre son vol : un peu d’instinct, beaucoup de poltronnerie l’écartent de la grosse malhonnêteté ; il cède à l’occasion, ou à la nécessité, mais, tout compte fait, il aime mieux faire fortune sans risquer les galères ni l’infamie. […] Dans son journal le Pour et le Contre, suivant l’exemple des journaux littéraires rédigés par les réfugiés de Hollande, il s’occupe beaucoup de l’Angleterre ; c’est lui qui plus tard met en français Paméla (1742) et Clarisse Harlowe (1751).

256. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Il reprend beaucoup de leurs vocables oubliés. […] Ajoutez que, considérée par l’extérieur et avec l’œil d’un peintre, la vie des gueux a beaucoup de relief et de couleur, soit parce qu’elle est l’exception et qu’elle fait contraste avec la vie de la société régulière, soit parce que, tout y étant libre et dégagé de conventions, tout y est par là même plus expressif. […] On ne peut s’empêcher de sourire, après cela, des grands airs qu’il prend dans sa préface. « Je doute que beaucoup de gens aient le courage de suivre, anneau par anneau, la chaîne logique de ces poèmes, pour arriver aux implacables conclusions qui en sont la fin nécessaire. » Et dans l’impayable post-scriptum à Bouchor, où il pardonne noblement à son ami d’avoir repris subrepticement goût au mauvais vin de l’idéal, des illusions spiritualistes, de la foi en l’éternelle justice : « Je ne chercherai désormais qu’en moi-même mes templa serena.

257. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Aux Perrins, aux Coras, est ouverte à toute heure : Là du faux bel esprit se tiennent les bureaux, Là tous les vers sont bons pourvu qu’ils soient nouveaux ; Au mauvais goût public, la belle y fait la guerre, Plaint Pradon opprimé des sifflets du parterre ; Rit des vains amateurs du grec et du latin, Dans la balance met Aristote et Cottin ; Puis, d’une main encor plus fine et plus habile, Pèse sans passion Chapelain et Virgile, Remarque en ce dernier beaucoup de pauvretés ; Mais pourtant confessant qu’il a quelques beautés, Ne trouve en Chapelain, quoi qu’ait dit la satire, Autre défaut, sinon qu’on ne le saurait lire, Et pour faire goûter son livre à l’univers, Croit qu’il faudrait en prose y mettre tous les vers. […] Au reste, elle ajoute à son opinion sur les deux historiographes la citation de plusieurs louanges fort ridicules qu’on disait avoir été données par eux au roi en personne à l’armée, et elle finit avec beaucoup de raison par ces mots : Combien de pauvretés ! […] Elle appréciait ces hommes illustres, elle les aimait, elle avait quelque chose de leur talent, beaucoup de la sagesse de leur esprit, un goût aussi pur en littérature, seulement plus délicat en tout ce qui touchait à la décence et peut-être à la morale.

258. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

C’est une double gloire que de se faire un grand nom à travers ces jours d’avilissement universel… Les hommes rares, ce ne sont pas ceux qui, avec beaucoup de millions, beaucoup de gendarmes, beaucoup de corruption, etc.

259. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Elle a raconté avec beaucoup de naïveté, et d’un ton simple, les scènes de cette nuit d’horreur, qu’elle ignora jusqu’au dernier instant. […] Au retour de ce voyage, les scènes de Dinant, dans lesquelles Marguerite fait preuve de beaucoup de sang-froid et de présence d’esprit, nous rendent encore un tableau flamand, mais non plus gracieux comme celui du festin de Mons et de la belle comtesse nourrice : c’est une scène d’ivrognerie populaire, de grotesque mutinerie bourgeoise, et de bourgmestres en gaieté. […] Rien ne ressemble moins à des confessions que ses Mémoires : « On y trouve, dit Bayle, beaucoup de péchés d’omission ; mais pouvait-on espérer que la reine Marguerite y avouerait des choses qui eussent pu la flétrir ?

260. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Dans beaucoup de cas le doute est permis. […] Il est juste de reconnaître que le savant champion de la thèse paradoxale que nous venons de discuter a su la défendre avec beaucoup de verve et de talent. […] J’ajoute que, sans être de son avis, sur le fond de la question, je crois qu’il a rencontré, chemin faisant, beaucoup de vérités particulières, qui sont plus instructives et plus intéressantes que la thèse chimérique qu’il prétend établir.

261. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Beaucoup de bouches pourries ont braillé hypocritement contre sa corruption. […] Il n’y a que des chroniqueurs de talent, des hommes du fait, des Américains en littérature, des arrangeurs de panoramas immenses ouverts partout : en France, en Espagne et en Angleterre ; car cette Rolande, qui ne tient à rien qu’à elle-même et à se montrer, ils la font voyager et ils accrochent à la traîne de sa robe, sans beaucoup de peine d’invention, des descriptions comme celles de quelques quartiers de Londres et d’une course de taureaux en Espagne. […] Déjà, en 1832, un romancier, oublié maintenant et qui valait mieux que beaucoup de ceux dont on parle, Horace de Vielcastel, impatienté de voir le faubourg Saint-Germain, dont il était, donner sa démission de l’action politique et se refuser à devenir le parti tory de la France, après en avoir été le parti jacobite, voulut nous en faire une forte peinture dans des romans qui portèrent hardiment ce nom.

262. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Clerfeyt, René Mary »

Clerfeyt des émotions qu’il m’a procurées ; je souhaite à beaucoup de nos poètes des vers semblables.

263. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 183

Son Histoire universelle porte l’empreinte de son ame, c’est-à-dire, qu’elle est écrite avec beaucoup de liberté, d’enthousiasme & de négligence.

264. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 294

Il s’attacha dans sa jeunesse à la Poésie, & fit beaucoup de vers latins, qui, quoi qu’en disent les Casaubon, les Scaliger, & autres Critiques de cette force, ne sont guere recommandables que par le libertinage qu’ils respirent.

265. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article »

Beaucoup de mauvais Ouvrages, dans notre Siecle, n’ont fait du bruit dans le monde, que par un pareil traitement, & auront le même sort.

266. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Faveur differe beaucoup de grace. […] Il y a dans toutes les langues beaucoup de proverbes communs qui sont dans le style figuré. […] On peut avoir le coeur haut, avec beaucoup de modestie ; on n’a point l’humeur hautaine sans un peu d’insolence. […] Il en est des lois pour écrire l’Histoire comme de celles de tous les arts de l’esprit ; beaucoup de préceptes, & peu de grands artistes. […] Dans la Tauride on sacrifioit les étrangers : heureusement les prêtres de la Tauride ne devoient pas avoir beaucoup de pratiques.

267. (1925) Comment on devient écrivain

Ahasvérus, c’est Axel, avec beaucoup de la première Tentation de saint Antoine de Flaubert. […] On a dit beaucoup de bien et beaucoup de mal de Madame Bovary. […] » pourrait s’appliquer à beaucoup de ses romans. […] Stendhal non plus ne se préoccupait pas beaucoup de la composition. […] Il y a quelques critiques qui ont beaucoup de talent ; mais une école de critique, il n’y en a pas.

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