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818. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIII. Des Livres de Médecine, de Botanique, de Chymie, d’Anatomie, de Chirurgie, &c. » pp. 325-328

Il est donc nécessaire d’être instruit du grand art de guérir, & c’est dans cette vue que j’indiquerai les livres les plus propres à enrichir la collection d’un homme qui, sans vouloir tout approfondir, tâche pourtant de savoir ce qu’il ne doit pas ignorer.

819. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Cochin » p. 332

Cela est de son âge, il l’a tant vue, qu’il croit sérieusement, comme son ami Boucher, qu’il n’a plus rien à y voir.

820. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Préface de l’auteur »

Nous voulions savoir dans quelle mesure notre conception de la durée était compatible avec les vues d’Einstein sur le temps.

821. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

« Dans les ouvrages de l’homme, tout est pauvre comme l’ouvrier ; les vues sont bornées, les moyens roides, les ressorts inflexibles, les résultats monotones. […] Aussi, ce qu’il y a à admirer dans ce premier ouvrage de Joseph de Maistre, ce ne sont pas les vérités, ce sont les vues. […] « Je ne puis écrire autant que je le voudrais, mais jamais je ne vous perds de vue. […] XXV Quant à ses vues politiques sur les destinées du Piémont, elles sont parfaitement caractérisées dans une de ces dépêches. […] Ne perdez jamais de vue cet axiome : Aucune nation n’obéit volontairement à une autre.

822. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Une large fenêtre, presque toujours ouverte sur les jardins, le soleil qui y entrait par les beaux jours, la vue assez étendue des carrés de légumes encerclés d’arbres à fruits, plus loin les cimes grêles, mais vertes, des vergers, puis les prés en pente, puis le ruisseau, l’écluse, le moulin, puis enfin les collines, qui fermaient la vallée d’un rideau de cultures, de champs et de châtaigniers, y répandaient plus de jour, de lointain et de gaieté que dans le reste de la demeure ; la famille y passait une partie du jour. […] « J’aime la neige : cette blanche vue a quelque chose de céleste. […] Je le voyais, j’entendais ses vagues roulant comme des tonnerres, car c’était pendant une tempête que j’avais la vue de la mer, et j’avais peur. […] Nous nous perdons de vue, puis nous nous rencontrons par hasard, et la rencontre me fait plaisir ; mais les petites bêtes me fuient, car elles ont peur de moi, quoique je ne leur aie jamais fait mal. […] Sa sœur ne le perdait pas de vue ; elle souffrait tout ce qu’il souffrait, elle espérait quand il désespérait, elle rêvait pour lui l’impossible.

823. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

L’année d’avant, après m’avoir, comme je l’ai dit, accompagné jusqu’à Gênes, de retour de Toscane, il s’était rendu à Rome presque uniquement pour faire connaissance avec elle, et pendant son séjour, qui dura plusieurs mois, il l’avait vue constamment, et l’avait accompagnée dans ses visites de chaque jour à tous les monuments des beaux-arts, qu’il aimait lui-même passionnément, et qu’il jugeait en appréciateur éclairé. […] J’y avais une fort belle vue, un air excellent et la solitude des champs. » Il s’y occupa trois ans de l’impression de toutes ses tragédies chez Didot, le prince des typographes français, et chez Beaumarchais, à Kehl, de l’impression de tous ses sonnets très peu dignes de Pétrarque, et d’une multitude de caprices d’auteur sans mérite et de traductions qu’il recueillait comme des reliques de lui-même à léguer in extenso à la très indifférente postérité. […] Pendant ce dernier séjour à Paris, non plus que dans le précédent, je ne voulus jamais fréquenter ni connaître, même de vue, un seul de ces innombrables faiseurs de prétendue liberté, pour qui je me sentais la répugnance la plus invincible, pour qui j’avais le plus profond mépris. […] Mon amie et moi, nous n’avions pas mis le pied à Florence tant que l’invasion avait duré, ni souillé nos regards de la vue d’un seul Français. […] Néanmoins, s’étant levé de sa chaise, il eut encore la force de s’approcher du lit et de s’y appuyer ; un moment après sa vue s’obscurcit, ses yeux se fermèrent, et il expira.

824. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Elle avait trompé les lettrés sur Buffon, en donnant trop d’importance à ses erreurs et trop peu d’attention à ses vues de génie. […] Pour lui, l’âme subsiste indépendamment de la sensation ; la pensée intérieure se manifeste toujours, même dans l’homme auquel manquent la vue, l’ouïe et le toucher. […] Par un autre trait qui lui est commun avec Descartes, Buffon ne s’en fie qu’à sa propre pensée, à ce qu’il appelle la vue de l’esprit. […] De cet excès de confiance dans la vue de l’esprit est résulté ce mélange de systèmes faux et de théories vraies, de rêveries brillantes et de divinations fécondes, qui se heurtent dans ses œuvres. […] « Effectivement, dit Gil Blas, ces messieurs me menèrent si bon train, que je m’en allais dans l’autre monde à vue d’œil. » Et plus loin, pour dernière malice : « Mes docteurs m’ayant abandonné et laissé le champ libre à la nature, me sauvèrent par ce moyen. » Voilà l’esprit dont le roman de Lesage est plein.

825. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

L’action spontanée n’a pas besoin d’être précédée de la vue analytique. […] Puis viendraient les mythes plus réfléchis où les instincts de la nature humaine s’expriment d’une façon plus distincte, c’est-à-dire déjà avec une certaine analyse, mais sans réflexion, ni aucune vue de symbolisme allégorique. […] Les thèses de la fine critique ne sont pas de celles qui se démontrent en quelques minutes, et sur lesquelles on peut forcer l’adversaire ignorant ou décidé à ne pas se prêter aux vues qu’on lui propose. […] Ce qui convertit, c’est la science, c’est la philologie, c’est la vue étendue et comparée des choses, c’est l’esprit moderne en un mot. […] Si les circonstances sont décidément contradictoires, ils diront que le fait raconté est double ou triple, bien qu’aux yeux de la saine critique les divers narrateurs aient évidemment en vue le même événement.

826. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Le besoin qu’elles ont d’être toujours en vue, sous peine d’oubli du public, leur fait traiter la maladie, la mort avec des dédains et des mépris sublimes de légèreté et de hauteur. […] Un original garçon que ce Degas, un maladif, un névrosé, un ophtalmique à un point, qu’il craint de perdre la vue, mais par cela même un être éminemment sensitif, et recevant le contrecoup du caractère des choses. […] À ce propos, Tourguéneff dit à peu près cela : « Votre langue, messieurs, m’a tout l’air d’un instrument, dans lequel les inventeurs auraient bonassement cherché la clarté, la logique, le gros à peu près de la définition, et il arrive que l’instrument se trouve manié aujourd’hui par les gens les plus nerveux, les plus impressionnables, les moins susceptibles de se satisfaire de l’à peu près. » Jeudi 16 avril Cette jolie petite tête d’Armand, je l’ai vue, il n’y a pas dix jours, si espièglement heureuse dans sa convalescence, si remueuse, si éveillée, sur son oreiller, de la vie qui revenait. […] Je n’ai jamais vu un enfant jouir, comme lui, du parfum d’une fleur, de la vue d’une jolie femme bien habillée, du confort d’un bon fauteuil du toucher d’une chose agréable. […] Puis l’on cause des uns et des autres… Daudet s’avoue beaucoup plus frappé du bruit, du son des êtres et des choses, que de leur vue, et tenté parfois de jeter dans sa littérature des pif, des paf, des boum.

827. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Il n’en est plus de même si nous considérons des états purement affectifs de l’âme, ou même des représentations autres que celles de la vue et du toucher. […] La sensation représentative, envisagée en elle-même, est qualité pure ; mais vue à travers l’étendue, cette qualité devient quantité en un certain sens ; on l’appelle intensité. […] Dira-t-on, avec les partisans de la théorie des signes locaux, que des sensations simultanées ne sont jamais identiques, et que, par suite de la diversité des éléments organiques qu’ils influencent, il n’y a pas deux points d’une surface homogène qui produisent sur la vue ou sur le toucher la même impression ? […] On a essayé d’expliquer ce sentiment de la direction par la vue ou l’odorat, et plus récemment par une perception des courants magnétiques, qui permettrait à l’animal de s’orienter comme une boussole. […] Comme le moi ainsi réfracté, et par là même subdivisé, se prête infiniment mieux aux exigences de la vie sociale en général et du langage en particulier, elle le préfère, et perd peu à peu de vue le moi fondamental.

828. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Piron et son père eurent bien des brouilleries et des querelles ; car ce père si joyeux voulait faire de son fils, malgré l’horoscope, tout autre chose que l’indiquait dame nature ; un poëte, payant et payé en monnaie de singe, n’entrait pas dans ses vues ; il maltraitait son fils et le maudissait de lui trop ressembler et d’avoir le gros lot. […] La première comédie qu’il avait vue à Paris à son arrivée avait été le Tartuffe ; on raconte que pendant la représentation il répétait souvent entre ses dents : Ah ! […] Adieu ma vanité ; adieu ma vue ! […] « Elle se nommait de Bar ; elle était laide à faire peur ; moi qui la connaissais depuis vingt-trois ans, je l’ai toujours vue vieille. […] Personne n’était en état de soutenir un assaut avec lui ; il avait la repartie terrassante, prompte comme l’éclair et plus terrible que l’attaque  Les gens de lettres avaient peu de liaison avec Piron ; ils craignaient son mordant… Lorsqu’il était quelque part, tout était fini pour les autres ; il n’avait point de conversation, il n’avait que des traits. » Certes, un portrait si plein de feu, auquel il faut joindre, pour le compléter, la vue de l’excellent buste de Piron par Caffieri, qui est au foyer de la Comédie-Française, ne diminue pas l’idée qu’on peut se faire à distance de ce parfait original.

829. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Des vues politiques droites, étendues et justes, sont une des qualités indispensables de l’écrivain. […] Sa volonté se bornait à plaire, ses vues consistaient en opinions du moment, son travail était nul. […] La supériorité de ses vues politiques pour la balance et pour l’équilibre du monde aurait préparé à l’Europe un siècle de paix. […] Thiers dans ce jugement de l’administration et du génie du ministre anglais, quand le génie de ce ministre se trouve en opposition aux vues très antibritanniques du premier Consul. […] Thiers conduit son lecteur par le fil des événements avec une clarté de vue, une sûreté de marche et une universalité de science historique qui entraînent sans cesse sans jamais lasser.

830. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

comment exprimer les sentiments d’amour et le ravissement que sa vue m’inspire ! […] « Les Cimmériens (peuples voisins du pôle) à qui la vue du soleil est dérobée ou par un dieu, ou par quelque phénomène de la nature, ou plutôt par la position de la terre qu’ils habitent, ont cependant des feux à la lueur desquels ils peuvent se conduire ; mais ces philosophes du doute, dont vous vous déclarez les sectateurs, après nous avoir enveloppés de si épaisses ténèbres, ne nous laissent pas même une dernière étincelle pour éclairer nos regards et nos pas ! […] Mais ce n’est pas sans sujet que je m’intéresse à ce qui le regarde : j’y suis obligé par le souvenir de son aïeul Cépion, que j’ai toujours tenu en grande estime, comme vous le savez, et qui, selon moi, serait maintenant un des premiers hommes de la république s’il vivait, et j’ai continuellement devant les yeux Lucullus, ce modèle accompli, à qui les liens de l’amitié et une communauté parfaite de sentiments et de vues m’unissent si tendrement. — Vous faites bien, me dit Caton, de conserver chèrement la mémoire de deux hommes qui vous ont recommandé leurs enfants par leurs testaments, et je suis charmé de voir que vous aimez le jeune Lucullus. […] Je viens même de me détourner un peu sur la droite pour voir le tombeau de Périclès : mais, dans cette ville-ci, les souvenirs sont inépuisables ; il semble, à chaque pas que l’on y fait, que du sol jaillisse l’histoire. — Les recherches, lui dit Pison, quand on les fait dans la vue d’imiter un jour les grands personnages, sont d’un excellent esprit ; mais, quand elles n’ont pour but que de nous mettre sur les traces du passé, elles témoignent seulement d’un esprit curieux. […] Mes écrits ont remplacé mes harangues au sénat et au peuple, et j’ai substitué les méditations de la philosophie aux délibérations de la politique sur les destinées de la patrie. » On voit par les lignes suivantes combien la philosophie, la religion raisonnée et le patriotisme en vue des devoirs imposés à l’homme par la Divinité, étaient pour Cicéron une même et sainte chose.

831. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Au lieu de suivre en hésitant un mouvement désordonné qui allait mener de convulsions en convulsions désormais irrésistibles aux derniers abîmes, je fis résolument la république ; je la fis seul, quoi qu’on vous en dise ; j’en assume seul la responsabilité ; je nommai seul les chefs les plus en vue et les plus populaires qui pouvaient lui apporter l’autorité des différentes factions auxquelles ils appartenaient ; je me nommai moi-même, parce que je n’appartenais à aucune, et parce que, soutenu par le peuple, seul je pouvais être arbitre dans ce conseil souverain du gouvernement. […] Le parti des légitimistes, fourvoyé dans toutes les impasses et dans toutes les coalitions contre nature par des chefs éloquents mais sans vues ? […] Vatout, mot qui me fut rapporté par cet ami de la cour, ne me laissa pas douter des vues du prince sur moi, si j’avais consenti à briguer ou à accepter seulement sa confiance. « Pourquoi, dit un jour à ce prince un des députés orléanistes admis dans les soirées de la famille royale, pourquoi n’offrez-vous pas un ministère à M. de Lamartine, qui vous défend quelquefois si gratuitement à la tribune ? […] Dupin, dans le quatrième volume de ses Mémoires, véritables archives des choses et des hommes de ce temps, se trompe involontairement, je n’en doute pas, sur mes vues et sur mon caractère dans cette circonstance. […] Quel concert de vues et d’hommes peut-on établir entre les chefs, tous antipathiques les uns aux autres, de cette incroyable agglomération d’assaillants qui, en vous donnant l’assaut, ont tous un but et un drapeau différents ?

832. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Il y existait une vue des plus agréables sur la vallée des Gobelins (on l’apercevait du troisième étage), et un joli jardin, au bout duquel S’ÉTENDAIT une ALLÉE de tilleuls.” […] Mme de l’Ambermesnil approuva beaucoup les vues de son hôtesse sur le Goriot, vues excellentes, qu’elle avait d’ailleurs devinées dès le premier jour ; elle le trouvait un homme parfait. » IV Le drame du père Goriot commence avec une hideuse vérité, et finit avec une odieuse invraisemblance. […] Un soir j’ai attendu jusqu’à trois heures du matin pour voir Nasie, que je n’avais pas vue depuis deux jours. […] Le poumon malade y respire une bienfaisante fraîcheur, la vue s’y repose sur des touffes dorées qui communiquent à l’âme leurs paisibles douceurs. […] Elle avait le pied d’une femme comme il faut, ce pied qui marche peu, se fatigue promptement et réjouit la vue quand il dépasse la robe.

833. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Harpagus obéit, découvre la corbeille et voit les restes de son fils ; mais, à cette vue, il ne témoigne aucune surprise et reste parfaitement maître de lui-même. […] Il le voyait déjà dans un âge convenable, et se flattait de le faire aisément entrer dans ses vues, en confondant leurs communes injures. […] Cyrus reçut le lièvre, et l’ayant ouvert lui-même, trouva et lut les tablettes qui portaient ces mots : « Fils de Cambyse, les dieux ne vous perdent pas de vue ; s’il en était autrement, votre conservation n’eût pas été si miraculeuse. […] Les Égyptiens ne sèment jamais de fèves dans leurs champs, et si quelques-unes y croissent naturellement, ils ne doivent les manger ni crues ni cuites ; les prêtres ne peuvent même en supporter la vue, ils regardent ce légume comme impur. […] L’espion de Xerxès, s’étant avancé, observa et reconnut le camp, mais non pas toutes les troupes qui le composaient, car il ne pouvait apercevoir celles qui étaient en dedans du mur, que les Grecs venaient de relever dans la vue d’augmenter leurs moyens de défense.

834. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Lamartine.] » pp. 534-535

Comme ces pièces premières de Lamartine n’ont aucun dessin, aucune composition dramatique, comme le style n’en est pas frappé et gravé selon le mode qu’on aime aujourd’hui, elles ont pu perdre de leur effet à une première vue ; mais il faut bien peu d’effort, surtout si l’on se reporte un moment aux poésies d’alentour, pour sentir ce que ces élégies et ces plaintes de l’âme avaient de puissance voilée sous leur harmonie éolienne et pour reconnaître qu’elles apportaient avec elles le souffle nouveau.

835. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Glatigny, Albert (1839-1873) »

Ferdinand Brunetière Albert Glatigny, la plus étrange figure littéraire qu’ait peut-être vue notre âge ; un comédien errant et ronsardisant qui a aimé les vers comme on aime l’amour, et qui en est mort.

836. (1887) Discours et conférences « Préface »

quel profond penseur était ce juif du vie  siècle avant Jésus-Christ, qui, à la vue des écroulements d’empires de son temps, s’écriait : « Et voilà comme les nations se fatiguent pour le néant, s’exténuent au profit du feu !

837. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XX. Conclusion » pp. 499-500

Aux architectes futurs, quels qu’ils puissent être, je souhaite patience, talent, largeur et finesse de vues, heureux si dans ce livre, dont je sens mieux que personne les lacunes et les imperfections, j’ai pu leur suggérer quelques moyens de faire l’édifice plus solide, plus riche, plus majestueux, plus complet.

838. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre II. De l’Allégorie. »

Nous savons que notre bonheur ici-bas est coordonné à un bonheur général dans une chaîne d’êtres et de mondes qui se dérobent à notre vue ; que l’homme, en harmonie avec les globes, marche d’un pas égal avec eux à l’accomplissement d’une révolution que Dieu cache dans son éternité.

839. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Et elle ajoute qu’elle n’est pas attirée par le livre, mais bien par le théâtre, déclarant, du haut d’une vue assez profonde de l’époque, que dans ce moment, où tout se précipite, il est besoin du succès immédiat, qu’il n’y a pas pour les gens de l’heure présente, à attendre les revanches, que des oseurs, comme mon frère et moi, ont obtenues, que du reste, elle trouve, que le théâtre est un meilleur metteur en scène de la passion que le livre. […] Quelquefois, le paisseau était remplacé par un fusil, jeté sur l’épaule, et sans carnassière et sans chien, je le voyais tout à coup mettre en joue quelque chose, que ma vue de myope m’empêchait de distinguer : c’était un lièvre, que son coup de fusil roulait, et qu’il me donnait à porter. […] Comme on parle à Zola, du livre, qu’il a annoncé être en train de faire sur Lourdes, il dit à peu près ceci : « Je suis tombé à Lourdes, par une pluie, une pluie battante, et dans un hôtel où toutes les bonnes chambres étaient prises, alors il me venait le désir, en ma mauvaise humeur, d’en repartir le lendemain matin… Mais, je suis un moment sorti… et la vue de ces malades, de ces marmiteux, de ces enfants mourants apportés devant la statue, de ces gens aplatis à terre dans le prosternement de la prière… la vue de cette ville de foi, née de l’hallucination de cette petite fille de quatorze ans… la vue de cette cité mystique, en ce siècle de scepticisme… la vue de cette grotte, de ces défilés dans le paysage, de ces nuées de pèlerins de la Bretagne et de l’Anjou… » « Oui, fait Mme Zola, ça avait une couleur !  […] Samedi 30 juillet Comme nous félicitions de notre jugeotte des hommes et des femmes, à première vue — faculté que nous trouvons n’appartenir guère qu’à nous seuls dans notre monde, Daudet me disait : « C’est très curieux ; moi les gens, je les juge par le regard, par l’observation… Vous c’est par une espèce d’intuition de l’ambiance ! 

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