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648. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nolhac, Pierre de (1859-1936) »

La nature avait bien sa part, à côté de ces recherches intellectuelles, mais elle était vue et traduite comme dans une églogue antique : on retrouvait le lettré aux champs… Comme fruit de cette première période, nous avons eu de M. de Nolhac, en tant que poète, une plaquette tirée à petit nombre pour quelques intimes, Paysages d’Auvergne.

649. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Il est des représentants naturels et vrais pour chaque moment social ; mais, d’un peu loin seulement, le nombre diminue, le détail se simplifie, et il ne reste qu’une tête dominante : Corinne, vue d’un peu loin, se détache mieux au cap Misène. […] L’idée que Mme de Staël ne perd jamais de vue dans cet écrit, c’est celle du génie moderne lui-même, toutes les fois qu’il marche, qu’il réussit, qu’il espère ; c’est la perfectibilité indéfinie de l’espèce humaine. […] Dans la disposition antérieure et plus exclusivement sentimentale où nous l’avons vue, Mme de Staël n’avait guère considéré la littérature que comme un organe pour la sensibilité, comme une exhalaison de la peine. […] Son beau vaisseau battu de la tempête au sortir du port, longtemps lassé en vue du rivage, s’irrita d’attendre, de signaler des débris, et se lança à toutes voiles sur la haute mer. […] Revenue à Coppet en 1805, et s’occupant d’écrire son roman-poëme, Mme de Staël ne put demeurer plus longtemps à distance de ce centre unique de Paris, où elle avait brillé, et en vue duquel elle aspirait à la gloire.

650. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Une toile de Delacroix, disait Baudelaire, « vue à une distance trop grande pour analyser et même comprendre le sujet, a déjà produit sur l’âme une impression réelle ». […] Souday fait, et (du moins à première vue) justement de la raison « la connaissance proprement dite », ne semble-t-il pas voir, dans la poésie un autre mode de connaissance (même si l’on refuse de la qualifier poétique, mystique), distincte de la raison ? […] Avant d’aborder la critique de détail, je voudrais qu’on me laissât présenter ces quelques vues d’ensemble sous un jour nouveau, et d’une manière moins abstraite. […] Chaque poème est une création originale, qu’on n’avait pas vue encore : qu’on ne verra pas deux fois ; mais l’idée même de poésie est universelle, comme l’idée d’homme ou d’oiseau. […] Si, après l’avoir cherchée, il la trouve tôt ou tard, c’est qu’il l’a vue, entrevue du moins, ou le bout de son écharpe, ou l’escarbouche qui noue ses cheveux.

651. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Mais, en dehors de cette sphère plus ou moins régulière et plus ou moins morale de la diplomatie, il y a la sphère des passions, des cours, des républiques, des cabinets, des conquérants ; sphère où se meut une diplomatie plus ou moins intéressée, égoïste, ambitieuse, immorale, quelquefois perverse, qui laisse un libre jeu aux diplomates, selon que leurs caractères, leurs pensées, leurs vues, se proposent des succès plus légitimes ou plus illégitimes, par des moyens plus consciencieux ou plus coupables. […] Mais, si le traité de Fontainebleau manquait d’honnêteté, du moins ne manquait-il pas d’honneur et de vue. […] XXXVII Des ministres inhabiles, ou trop compromis dans sa cause, n’avaient ni les vues supérieures, ni l’autorité européenne, ni le caractère indépendant nécessaires pour imposer à leur maître et à l’Europe. […] Nous dirons tout à l’heure par quels motifs admirablement analysés M. de Talleyrand, en se déclarant pour le mariage autrichien, faisait acte de justesse de vues, de génie pratique et de philosophie de la paix dans un même avis. […] Thiers, Mignet, Villemain, auxquels il donnait le goût des grandes vues et le ton des grandes élégances : magister elegantiarum , portant son aristocratie naturelle dans ces jeunes aristocraties de nature.

652. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Si dans le dernier cas, devant cette raison mobile, trempée de moquerie, chatouilleuse de bon sens et de sens malin, détachée du fond, aisément fuyante si on la presse, quelques efforts méritants, quelques nouveautés qui avaient leur prix s’émoussent, et quelques verités non essayées se découragent, combien aussi de fausses vues opiniâtres viennent échouer ! […] Villemain, ajoutait avec sa vivacité pittoresque de critique : « Mais lorsqu’on est aguerri au feu, si j’ose ainsi parler, c’est alors qu’on est frappé de la fécondité, de la sagacité, de l’étendue et de la justesse des vues du professeur. » Benjamin Constant, dans un charmant portrait de femme, a parlé de ces traits d’esprit, qui sont comme des coups de fusil tirés sur les idées, et qui mettent la conversation en déroute. […] quel plus beau rendez-vous de discussion, quelle plus dominante vue sur les tournois littéraires du jour que les balcons de Shakspeare ! […] Villemain n’a pas fait une dissertation, mais un composé, comme l’est en général sa critique, de vues, de traits choisis, d’anecdotes significatives, d’inductions arrêtées à temps, il n’a jamais réussi mieux, et n’a nulle part plus ingénieusement combiné les connaissances de tous genres, les ménagements intelligents et les prévisions insinuantes.

653. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Pendant les deux ou trois premières années qui suivirent son retour, nous le perdons un peu de vue : il ne resta pas tout ce temps à Paris. […] J’omets cette foule de réunions moins en vue et vouées à une goguette moins choisie, qui pullulèrent alors, et qui n’ont pas laissé de traces ni d’archives ; mais l’institution qui sembla l’héritière directe des Dîners du Vaudeville, et qui représente la gaieté sous l’Empire, comme l’autre réunion l’avait représentée sous le Directoire et sous le Consulat, ce fut la société du Rocher de Cancale ou du Caveau moderne. […] Les éditions de Désaugiers répondent exactement à cette vue de la critique : un premier volume parut en 1808, un second en 1812, un troisième en 1816. […] Béranger, jeune, avant toute célébrité, regardant passer Désaugiers, qu’il connaissait de vue sans être connu de lui, murmurait tout bas : « Va !

654. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Farcy restait une bonne partie du jour dans un bois d’orangers, relisant Pétrarque, André Chénier, Byron ; songeant à la beauté de quelque jeune fille qu’il avait vue chez son hôtesse ; se redisant, dans une position assez semblable, quelqu’une de ces strophes chéries, qui réalisent à la fois l’idéal comme poésie mélodieuse et comme souvenir de bonheur : Combien de fois, près du rivage Où Nisida dort sur les mers, La beauté crédule ou volage Accourut à nos doux concerts ! […] Et pour moi même, tout prend dans mes rapports avec les autres un caractère plus positif ; sans entrer dans les affaires, je ne me défie plus de mes idées ou de mes sentiments, je ne les renferme plus en moi ; je dis aux uns que je les désapprouve, aux autres que je les aime ; toutes mes questions demandent une réponse ; mes actions, au lieu de se perdre dans le vague, ont un but ; je veux influer sur les autres, etc. » En même temps que cette défiance excessive de lui-même faisait place à une noble aisance, l’âpreté tranchante dans les jugements et les opinions, qui s’accorde si bien avec l’isolement et la timidité, cédait chez lui à une vue des choses plus calme, plus étendue et plus bienveillante. […] Elle leva la main et l’abaissa vers son visage ; puis sa tête s’abaissa elle-même avec sa main : elle sourit doucement en le voyant ainsi penché sans être vue de lui. […] Magnin ; chemin faisant, la vue de quelques cadavres lui remit la colère au cœur et aussi l’espoir.

655. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Dans l’appréciation philosophique de l’homme, dans la vue des temps et de l’histoire, cette jeune élite éclairée se croyait, non sans apparence de raison, supérieure à ses adversaires d’abord, et aussi à ses pères qui avaient défailli ou s’étaient rétrécis et aigris à la tâche. […] Or, ce rideau de terrain n’étant plus là pour borner la vue, lorsque l’étonnement et le tumulte de la victoire furent calmés, quand la poussière tomba peu à peu et que le soleil qu’on avait d’abord devant soi eut cessé de remplir les regards, qu’aperçut-on enfin ? […] Dubois, ne détourna pas un seul instant le journal de la ligne extrême où il était lancé ; vers cette fin de la lutte, toutes les pensées n’en faisaient qu’une pour la délivrance, il semblait même qu’il y eût dans cette rédaction du Globe des vues et des ressources d’avenir plus vastes qu’ailleurs. […] Allez, osez, ô Vous dont le drame est déjà consommé au dedans ; remontez un jour en idée cette Dôle avec votre ami vieilli ; et là, non plus par le soleil du matin, mais à l’heure plus solennelle du couchant, reposez devant nous le mélancolique problème des destinées ; au terme de vos récits abondants et sous une forme qui se grave, montrez-nous le sommet de la vie, la dernière vue de l’expérience, la masse au loin qui gagne et se déploie, l’individu qui souffre comme toujours, et le divin, l’inconsolé désir ici-bas du poëte, de l’amant et du sage !

656. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

» Je vais mettre en scène ce dialogue du mort avec les vivants, et faire parler cet oracle du fond de son sépulcre, autant du moins que ma faible intelligence et ma sagesse bornée peuvent interpréter les pensées présumées de cette forte tête et de cette grande vue sur les affaires humaines. […] Louis-Philippe, convaincu par son bon sens à courte vue du danger de ces politiques guerroyantes, chercha à s’affermir par des alliances. […] C’étaient là les vues de M. de Talleyrand ; c’était l’intérêt de Napoléon, non plus conquérant, mais fondateur de dynastie. Ces vues étaient si justes que l’Autriche se trouva entraînée à nous suivre en Russie, même dans notre folie : à plus forte raison nous eût-elle suivis dans notre raison et dans notre droit.

657. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

La duchesse de Parme, Marie-Louise, que j’avais vue en passant à Parme, m’avait paru charmante et bien éloignée de l’affreuse image que les libéraux et les bonapartistes français avaient faite d’elle à Paris. […] Peut-être cela fut-il simplement la vue d’un de ces beaux cyprès immobiles se détachant en noir sur le lapis éclatant du ciel, et rappelant le tombeau. […] LV À ce moment où je me noyais en silence dans l’admiration de cette jeune fille, la plus séduisante que j’eusse encore vue, déjà semblable à une mère, à un âge où elle devait grandir encore, et réunissant sur sa figure l’amour badin de la sœur à la tendre sollicitude de la mère, mon chien, qui revenait d’un arrêt, se précipita avec fougue vers moi et me fit apercevoir de la jeune fille. […] — Ne fuyez pas, lui dis-je avec respect, c’est à moi de m’éloigner, puisque ma présence inattendue dans ce lieu trouble vos yeux et aussi ceux de ce bel enfant à qui ma vue fait détourner la tête vers votre épaule.

658. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Chamfort qui s’en moquait en vécut ; Rivarol les rechercha, et n’oublions jamais que si la Bérénice de Racine est un chef-d’œuvre écrit sur commande, le discours de Rivarol sur l’Universalité de la langue française a été écrit en vue d’un prix littéraire. […] Les nouvelles couches de romanciers et d’écrivains ont trop en vue les billets de mille des fondations charitables pour gens de lettres. […] D’autre part la tentation de conquérir vite une somme d’argent appréciable et une notoriété qui sans cela se feraient attendre, incite certains auteurs à travailler en vue d’un prix donné et à perdre ensuite leur temps, si ce n’est leur dignité, en démarches et en intrigues. […] À mon avis, et en jugeant à première vue, le meilleur moyen serait de leur offrir, moyennant une somme très réduite, ou en échange d’un travail de deux ou trois heures par jour qui leur laisserait le reste du temps libre, une retraite à la campagne, une sorte d’université-hôtel, si je puis employer une expression aussi singulière, s’inspirant, mais en abandonnant tout ce qui est enseignement, des universités anglaises.

659. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Comme moraliste, que de vues sur les passions en général, sur les traits communs et sur les diversités des caractères et quelle abondance de fait publics et particuliers à l’appui de ses jugements ! […] La vérité qu’ils ont vues tous les deux, l’un en a fait excès comme d’une boisson enivrante, l’autre l’a traitée comme un instrument de discipline et de commandement ; tous deux se sont crus peut-être meilleurs qu’elle. […] Chaque écrivain regarde le vrai comme une vue particulière de son esprit ; il le traite comme son bien propre ; il n’en a pas le respect, qui est le goût, sous sa forme la plus sévère. […] Rien dans nos dispositions ne reste obscur et caché ; il nous fait voir pleinement ce que nous entrevoyons à peine ; saisir ce qui paraissait hors de notre portée ; et il ajoute ainsi à notre vue et comme à notre toucher, nous développant et nous agrandissant sans nous faire sortir de nous.

660. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Avant d’entrer dans cette exposition, indiquons une vue originale sur le « spectre psychologique » que l’auteur propose aux méditations du lecteur. […] Mais cette crainte naît d’une vue étroite de la nature. […] Sensations venant des sens proprement dits et qui comprennent le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe et la vue. […] Il y a là non pas deux choses — d’une part, un groupe de conditions (causes), d’autre part, un résultat (effet) — mais une seule et même chose vue différemment.

661. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Mais cette première impression toute sensuelle épuisée, je glissai bien vite dans les impressions plus intimes et plus pénétrantes de la mémoire et du cœur ; elles me poignirent, et je ne pus les supporter à visage découvert, bien qu’il n’y eût là, et bien loin tout alentour, que mes chiens, ma jument, les arbres, les herbes, le ciel, le soleil et le vent : c’était trop encore pour que je leur dévoilasse sans ombre l’abîme de pensées, de mémoires, d’images, de délices et de mélancolie, de vie et de mort dans lequel la vue de cette vallée et de cette demeure submergeait mon front. […] Il avait dès ce temps-là les yeux chassieux ; ma mère lui donnait, pour fortifier sa vue, de petites fioles où elle recueillait les pleurs de la vigne, sève du cep qui sue au printemps une sueur balsamique ayant, dit-on, la vertu sans avoir les vices du vin. […] Depuis quand avez-vous perdu tout à fait la vue ? […] Si ce chant eût été noté dans des vers, il serait resté l’hymne de la félicité humaine, l’holocauste du bonheur terrestre rallumé dans le cœur de l’homme par la vue des lieux où il fut heureux !

662. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Dans des lettres écrites en vue du public cette répétition serait une faute ; elle serait contre l’art. […] Le mail et les autres arbres qu’on a plantés dans beaucoup d’endroits, le long du rempart, font qu’elle paraît à demi fermée de murailles vertes, et, à mon avis, cela lui sied bien. » La Loire, non plus à Orléans, mais plus bas, vue de la levée (dont il parle du reste), de la levée continue qui va d’Orléans à Tours. […] Quelques mots encore, intéressants, sur la vue, la brillante et majestueuse vue que l’on a du haut du château d’Amboise.

663. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Après avoir, comme Childe-Harold et comme René, promené ça et là sa noire misanthropie, Daniel (c’est Daniel sans autre nom, Daniel, toujours comme René et comme Childe-Harold) rencontre au bord des mers une jeune fille qu’il décrit pendant tout le roman et qu’il ne nous montre pas une seule fois avec ce trait qui grave une image dans notre âme ; et, cette jeune fille, il se met à l’aimer dès la première vue avec la passion de l’épigraphe du livre, une de ces passions qui font deux êtres l’un à l’autre de par la nature et de droit divin, plus légitimes par conséquent que les lois et les conventions ! […] » Il y a des groupes pathétiques et naïfs, mais parmi les naïfs vous avez celui de l’eau apportée dans le chapeau de Daniel-Lara pour laver une bottine crottée ; et parmi les pathétiques, la jeune fille vue sur le rocher de Trouville en attitude de Corinne, sans harpe, sur le cap Misène. […] Il est une règle dans l’observation du cœur humain et de l’art qui l’exprime ; il est une règle qu’il ne faut jamais perdre de vue. […] Feydeau, qui n’a pas, en écrivant Catherine d’Overmeire, produit un livre meilleur que Fanny comme exécution, et qui en a produit un très-inférieur comme vue et portée, a pourtant regagné du terrain, le terrain qu’il avait perdu quand il écrivait Daniel.

664. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — III. Un dernier mot sur M. de Talleyrand »

M. de Talleyrand n’avait peut-être à son avantage de plus que Retz, qu’un grand sens, une vue plus juste des situations.

665. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coolus, Romain (1868-1952) »

Une philosophie d’un scepticisme peut-être un peu aventureux, finement gouailleuse, d’une charmante immoralité, qui ondoie, sans en avoir l’air, autour des situations plaisantes ou gentiment sentimentales que forment Sazy, ses trois amants, son petit frère capricieux et sa maman puritaine, et les baigne de sa délicate ironie… Sazy est entretenue par un nommé Gorgeron, dont la hauteur de vue et le détachement sont vraiment admirables.

666. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Préface de la seconde édition »

La pensée première de ce livre n’est pas une vue particulière : c’est ma foi aux grandes traditions classiques alors que sa ferveur était pure de toute arrière-pensée offensive, et que je songeais plus à en jouir qu’à la défendre.

667. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Ces Mémoires en grande partie terminés et en vue du public, Sully songea à les faire imprimer, et, pour plus de sûreté, il voulut que ce fût sous ses yeux, dans une de ses maisons seigneuriales. […] Dans ces premières guerres toutes d’escarmouches et de coups de main, on voit le roi de Navarre guerroyant sans grandes vues encore, jouant à chaque instant le tout pour le tout devant la moindre bicoque de Poitou ou de Gascogne ; ce ne fut guère qu’à dater de la bataille de Coutras (1587) qu’il étendit ses visées et ses plans, et déploya des desseins de capitaine. […] Rosny remplit les ordres et les vues de son maître.

668. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Dans la prison de Rennes, on lui avait donné pour surveillant un sans-culotte qui, moyennant salaire d’un modique assignat par jour, était chargé de ne le pas perdre de vue un seul instant, même dans le sommeil. […] L’idolâtrie n’a commencé que depuis : nous l’avons vue naître ; hélas ! […] Mme de Staël, que Daru avait vue pour la première fois en Suisse, à Coppet, lui écrivait qu’elle avait lu l’Épître avec son père et qu’elle en savait par cœur des passages.

669. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Cette partie de la correspondance aujourd’hui publiée est d’un extrême intérêt politique ; quelques-unes de ces lettres de Frédéric à son frère étaient faites pour être vues, les autres n’étaient que pour lui seul. […] Pour moi, qui ai dévoué ma vie à l’État, je ferais une faute impardonnable, mon cher frère, si je ne tâchais pas autant qu’il est dans mon pouvoir, non pas de régner après ma mort, mais de faire participer au gouvernement une personne de votre sagesse… Je n’ai en cela, mon cher frère, que l’État en vue, car je sais très bien que, quand même le ciel tomberait, tout me pourrait être fort égal le moment après ma mort. […] Mais la campagne de 1778 qui s’ouvrit à l’occasion de la succession de la Bavière remit le prince Henri en désaccord avec le roi, et se retrouvant sur le même terrain, celui de la politique à main armée et de la guerre, les différences de caractère et de vues qui avaient déjà paru entre eux précédemment se prononcèrent encore.

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