Archiloque le poëte, raconte Plutarque44, se trouvant à Sparte, les Lacédémoniens le chassèrent à l’heure même, pour avoir dit dans ses vers qu’il valait mieux jeter bas ses armes que mourir. » Puis, l’historien ajoutait cette fâcheuse citation du poëte : « Un Thrace s’enorgueillit maintenant du bouclier que moi j’ai laissé bien intact, au coin d’un buisson, contre mon gré sans doute ; mais par là j’évitais la mort.
Il l’a fait un peu gauchement ; mais il l’a fait, et cela vaut mieux que rien. […] C’est donc gauchement fait ; mais je dis aussi que c’est fait et que cette préparation, telle qu’elle est, vaut mieux que si elle n’était point, et que le sacrifice de Ménécée, préparé ainsi, de quelque façon qu’il le soit, vaut mieux que spontané, c’est-à-dire conventionnel. […] Il n’y a figuration bien réglée qui valût cela. […] Le plaisir de vous sacrifier, pour faire la stoïcienne, vaut bien que vous fassiez le sacrifice. […] Je vous les donne pour ce qu’elles valent.
Autant vaudra l’Œuvre, autant vaille la théorie. […] Non pas qu’on lui préfère les accidents de cape et d’épée ; tout se vaut, il n’y a pas d’extrémités dans le médiocre. […] c’est qu’il ne crée pas. — Il nous laisse l’exemple et l’avertissement d’une œuvre parfaite qui ne vaut rien. […] J’ai dit ce que valent les vers de M. […] Mais ces arguments de détails ne valent, pour et contre, pas grand’chose.
Il vaut mieux encore parler avec incertitude des belles pensées et des belles formes, que de s’en taire à jamais. […] J’ai tort, sans doute : mais il vaut mieux le dire. […] Pour ce que l’on connaît de la femme qu’on aime, pour ce qu’on possède de son secret, pour ce qu’on pénètre de son âme, en vérité, l’automate vaut bien la vivante. […] Pour orner la vie, quelles richesses, quels honneurs valent la poésie et les arts 30 ? […] Rien au monde ne vaut un sacrifice.
Peut-être vaut-il mieux croire à la réalité de l’être et à la bonté divine, puisque, si c’est là une illusion, c’est une illusion que la mort indulgente ne dissipera point. […] « La bête est morte, dit-il ; l’enfant ne vaut guère mieux. […] L’άθηρηλοιγός m’a valu quelques lettres intéressantes. […] Pascal promet les solutions, les donne sans rien cacher, mais sans faire valoir sa méthode, souvent sans la laisser paraître. […] Et cela lui a gagné des sympathies dans la jeunesse, cela lui a valu une sorte d’admiration tendre et mouillée.
Arréat est bonne ici encore et vaut qu’on la retienne. […] Nos pères valaient bien mieux que nous. […] Rien ne vaut devant Dieu. — Mais Pauline, qui l’aime, qui le lui dit avec des larmes ? […] Celle-ci suffirait au besoin, mais la raison fait le fond solide, où il vaut mieux que le reste s’appuie. […] « Le sonnet ne vaut rien. » — L’auteur est là.
On prétend que chez les Chinois, (la fiction ici vaut bien l’histoire) des livres remplis de maximes morales, politiques, économiques sont dans toutes les mains, & contribuent autant que les Loix à la tranquilité de l’État ; regardons ce trait comme un beau passage du Télémaque ; il seroit à désirer qu’il y eût en France, beaucoup plus avancée dans les arts que la Chine, de pareils livres pour la multitude. […] c’est elle seule qui fait qu’au-lieu de s’attacher à réfuter les opinions dangereuses, on insulte à ses contemporains ; c’est elle seule qui fait croire qu’on peut se bâtir une renommée en dénigrant ses rivaux : mais, tel que par une foiblesse lâche nous voulons rabaisser, vaut mieux que nous(37) ; nous ne sommes jamais dans le point de vue nécessaire pour nous appercevoir & nous bien apprécier : laissons donc chaque écrivain vivre en paix & déployer ses talens, sans chercher à les dépriser ; l’esprit de parti n’agit que pour un instant. […] Un idiôme conventionnel a remplacé la Nature : mais les beaux vers, les traits heureux, sont les paillettes d’or attachées à une étoffe qui n’a point de consistance : la broderie est superbe, le sont n’en vaut rien. […] C’est donc à lui de garder le silence, ou de se tenir préparé à toutes les vengeances que les ennémis de la vérité exercent contre ceux qui font valoir ses droits. […] J’ai publié sur cet objet, en 1773, un livre intitulé : Du Théâtre, ou nouvel essai sur l’Art Dramatique, qui me valut alors, de la part des Journalistes, pas une raison, mais bien de grosses injures, & d’un autre côté une persécution presque sérieuse.
Rien ne vaut dans la nouvelle de M. […] D’ailleurs, quand il a voulu écrire des « romans », ces romans n’ont rien valu. […] Mieux vaut comprendre et expliquer les répugnances de cette critique que les condamner en bloc. […] Celle que nous a laissée le xviiie siècle (on mettra les noms) ne vaut pas cher. […] Mieux vaut être, dit Stuart Mill, Socrate malheureux qu’un pourceau satisfait.
Pancrace disait : Ce jambon ne vaut rien. […] Si nous voulons savoir ce que vaut ce goût qu’il vante sans nous le faire connaître, nous n’avons qu’à le voir à l’œuvre dans les livres qu’il aime, dans toute cette critique littéraire au petit pied qui ne se targue pas de philosophie, n’apporte ni méthode originale, ni théories nouvelles, et n’a d’autre ambition que d’être le développement bien écrit du sentiment de tous les honnêtes gens sur les auteurs illustres. […] Qu’on a bien raison de dire qu’un homme vaut toujours mieux que ses théories ! […] En effet, je crois que s’il eût eu une maîtresse pâle, il n’eût jamais pu dire qu’elle eût été blanche ; s’il en eût eu une mélancolique, il n’eût pu dire aussi, pour adoucir la chose, qu’elle eût été sérieuse, et, tout ce qu’il eût pu obtenir de lui, eût été de ne lui parler jamais de ce dont il ne pouvait lui parler à son avantage… Ceux qui cherchent le plus à trouver à reprendre en lui, ne l’accusent que de soutenir ses opinions avec trop de chaleur… Il est certain qu’il est un peu difficile, et que les moindres imperfections le choquent ; mais il faut souffrir sa critique comme un effet de sa justice… Je n’aurais jamais fait si je voulais vous dire tout ce que Mégabate a de bon ; c’est pourquoi il vaut mieux que j’achève cette légère ébauche de sa peinture, en vous assurant que cet homme est incomparable, et qu’on n’en peut parler avec trop d’éloges447. » Tallemant a fait de Montausier un portrait moins idéal. — « M. de Montausier, dit-il, est un homme tout d’une pièce ; madame de Rambouillet dit qu’il est fou à force d’être sage.
Harley945. » Un autre jour, ayant trouvé que Saint-John, le secrétaire d’État, lui faisait froide mine, il l’en tança rudement. « Je l’avertis que je ne voulais pas être traité comme un écolier, que tous les grands ministres qui m’honoraient de leur familiarité devaient, s’ils entendaient ou voyaient quelque chose à mon désavantage, me le faire savoir en termes clairs, et ne point me donner la peine de le deviner par le changement ou la froideur de leur contenance ou de leurs manières ; que c’était là une chose que je supporterais à peine d’une tête couronnée, mais que je ne trouvais pas que la faveur d’un sujet valût ce prix ; que j’avais l’intention de faire la même déclaration à milord garde des sceaux et à M. […] Swift continue et diffame Wood, certifiant que ses pièces de cuivre ne valent pas le huitième de leur titre. […] ils ne valent pas cette prise de tabac. — Voulez-vous donner à un gentilhomme une belle éducation ? […] » Que valent nos hommages, puisqu’un pygmée, « plus haut que les autres de l’épaisseur de notre ongle », les frappe par cela seul d’une crainte respectueuse ?
Autant vaut dire que Nature est d’elle-même institutrice de vertu, et c’est à cet égard que Pantagruel peut être à bon droit appelé « la Bible » de la Renaissance. […] En tout cas, et quand il aurait valu des armées, l’importance littéraire n’en est pas pour cela beaucoup plus considérable. […] 2º L’Œuvre de la Pléiade. — Au point de vue de la forme : elle a donné droit de cité à l’alexandrin dans la poésie française. — Comparaison du décasyllabe et de l’alexandrin. — La Pléiade a mis dans la circulation de l’usage poétique tous les rythmes dont nous nous servons ; — elle a considérablement enrichi la langue ; — et, à ce propos, que vaut le reproche qu’on adresse à Ronsard d’avoir « en français parlé grec et latin » ? […] Les premières comprennent : Les Controverses, — La Défense de l’estendard de la Croix — et quelques opuscules de moindre importance. — Les secondes se composent de l’Introduction à la vie dévote, 1608 ; — du Traité de l’amour de Dieu, 1612 ; — et des Entretiens spirituels, qui n’ont paru pour la première fois qu’en 1629. — Il y faut joindre quelques opuscules, notamment l’opuscule sur les Degrés d’oraison, les Lettres spirituelles ou de direction, et les Sermons. — La correspondance laïque du saint vaut aussi la peine d’être lue.
Voyez-vous, mon cher Granger, il vaudrait mieux pour vous et deux ou trois de vos camarades ici, infectés comme vous du virus académique, que vous n’eussiez jamais touché un crayon. […] « David est de retour avec une nouvelle composition de son tableau (le Léonidas), qui, dit-on, vaut mieux que celle que nous connaissons. […] Mais Étienne, qui déjà avait reçu de nombreuses marques de confiance de son maître, obtint encore de lui une distinction flatteuse, à l’occasion d’une composition qui avait valu à cet élève la première place au concours. […] il a bien la tradition, il porte bien sa main avec sa bague… Il était beau à voir ; cela m’a rappelé Jules II que Raphaël a peint dans l’Héliodore du Vatican… Mais notre Pie VII vaut mieux. […] Un de ces scélérats, moins scélérat que les autres, fit réflexion qu’elles n’en valaient pas la peine ; ce fut le dernier danger que nous courûmes.
Et l’on sent bien dans tout ce passage que Proust ne considère plus qu’il y ait pour lui rien d’autre, ni à atteindre, ni d’accessible que ce moi qu’il a laissé s’imprégner lentement à travers les années de tant de richesses dont il vaut mieux, par sagesse et parce que le problème est insoluble, ignorer à jamais la véritable nature, ni si elles eurent jamais une existence distincte de cette conscience auxquelles elles se sont incorporées. […] Et peut-être vaut-il mieux que nous l’ajournions plus longtemps encore, jusqu’au moment où nous aurons examiné plus complètement et plus à fond les innovations psychologiques de Proust. […] Eh bien, si nous nous demandons en toute objectivité ce que vaut la clef que Proust nous propose pour étudier et comprendre les phénomènes de l’amour, nous sommes obligés de répondre qu’elle est d’or, et que jamais tant d’apparences et si spécieuses n’ont été tournées par un esprit et ne se sont effondrées devant plus de réalités, et plus incontestables. […] Cela vaut aussi bien pour les individus, qu’il caractérise si fortement qu’ensuite il ne voit plus comment ils pourraient s’impressionner mutuellement, — que pour les groupes de faits psychiques qu’il réussit à distinguer à l’intérieur d’un même individu. […] C’est que la petite phrase au contraire, quelque opinion qu’elle pût avoir sur la brève durée de ces états de l’âme, y voyait quelque chose, non pas comme faisaient tous ces gens, de moins sérieux que la vie positive, mais au contraire de si supérieur à elle que seul il valait la peine d’être exprimé.
Et le problème nous parut valoir d’être scruté plus à fond. […] Nous n’avons pu que les énumérer, sans discussion ni commentaires, et alors que beaucoup d’autres vaudraient également d’être relevés. […] Sans conduire le débat sur un terrain scientifique, qui n’est pas le nôtre ici, cette thèse nous apparaît d’importance et valoir d’être signalée à cette place. […] Ce serait là pure folie… Autant vaudrait offrir à un ancien morphinomane, guéri de la veille, une seringue à injection. […] Ce destin me semble bien valoir la perspective d’user chez soi son bon vouloir, son intelligence et ses nerfs, sans la moindre assurance d’un renouveau futur.
Historiquement, la barbarie du style vaut mieux pour nous donner l’image et comme le reflet de la vie contemporaine. […] Certes, je tiens les habitants de Limoges tout aussi spirituels que ceux du reste de la France ; et dans cette réunion nombreuse de jeunes gens venus de toutes les provinces, je suis sûr qu’il y a des Limousins qui valent les Provençaux et les Toulousains. […] Tous les jours, vous verrez qu’aujourd’hui vaut moins qu’hier. […] « Je veux aussi que l’on donne du cœur au roi navarrois, qui valait mieux comte que roi ; je l’entends dire ainsi. […] Arrivés devant Constantinople, ils y mettent un empereur nouveau ; puis ils se ravisent ; après avoir regardé cette ville, si grande, si bien dorée, où il y a de si belles églises, ils pensent qu’il vaudrait mieux prendre un pareil empire que de le donner ; et ils s’emparent de Constantinople.
Oui, assurément, après ces six jours d’empoisonnement, il va mourir dans d’atroces douleurs : mieux vaut doucement finir ! […] Sans discuter avec l’auteur sur le divorce, voyons la fable imaginée par lui pour présenter et faire valoir sa thèse. […] Mais en même temps que ces haines, il éveille, ce qui vaut mieux encore, l’admiration pour le dévouement et le sacrifice. […] Il l’ouvre, Césarine profite de l’instant pour saisir le manuscrit qui lui vaudra deux millions. […] C’est son habitude de tirer parti de ce qu’on lui prête ; il emprunte un qui vaut dix.
On trouve même dans cette comédie une quantité de tirades qui auraient pu valoir à Molière l’éloge banal de nos jours : il y a de beaux vers dans cette pièce, éloge que l’on devrait regarder comme une critique sanglante ; dit-on des bons auteurs, qu’ils ont de beaux vers dans leurs drames ? […] La pièce fut jouée à Vaux, le 16 août ; elle plut beaucoup au roi, qui dit à l’auteur, en lui montrant M. […] Bellecour en tirait grand parti, cet acteur avait le talent de faire valoir ceux que ses camarades dédaignaient, et ses camarades s’en vengeaient, en l’appelant un comédien de forme. […] George Dandin, tu dois sentir que, pour faire valoir ton rôle, il faut t’immoler sans réserve à la correction des paysans assez imbéciles pour vouloir s’allier à la noblesse ? […] Éblouis sans doute par le titre des Amants magnifiques, ils n’ont pas songé qu’un plaisant de cour, un astrologue, n’étaient guère propres à lui valoir cette réputation de pièce héroïque.
Nous avons à nous reprocher nous-même d’avoir, dans le Globe d’alors25, relevé soigneusement les taches de ce roman, plutôt que d’en avoir fait valoir les beautés supérieures. […] Pour moi, sans généraliser autant que M. de Vigny mes espérances, je me contente de dire : Jamais une société ne sera si désespérée pour la morale, si ingrate pour l’art, que cela ne vaille encore la peine d’y vivre, d’y souffrir, d’y tenter ou d’y mépriser la gloire, quand on peut rencontrer en dédommagement sur sa route des hommes d’exception comme le capitaine Renaud, des poëtes d’élite comme celui qui nous l’a retracé.
Mme d’Houdetot passa à la campagne le temps même de la Terreur ; sa retraite fut respectée ; ses parents s’y pressaient autour d’elle, et il se pourrait bien (écrit Mme de Rémusat dans un charmant portrait de sa vieille amie) qu’elle n’eût gardé de ces jours affreux que le souvenir des obligations plus douces et des relations plus affectueuses qu’ils lui valurent. […] Quelquefois elles essaient de se parer encore des apparences de cette innocence qui leur a valu tant de succès.
De la même façon vous n’étudiez le document qu’afin de connaître l’homme ; la coquille et le document sont des débris morts, et ne valent que comme indices de l’être entier et vivant. […] Sans doute, cette reconstruction est toujours incomplète ; elle ne peut donner lieu qu’à des jugements incomplets ; mais il faut s’y résigner ; mieux vaut une connaissance mutilée qu’une connaissance nulle ou fausse, et il n’y a d’autre moyen pour connaître à peu près les actions d’autrefois, que de voir à peu près les hommes d’autrefois.
Mais la pensée humaine fait aussi valoir ses droits, dans un voyage à travers le vaste océan ; partout où l’œil se porte, il voit les flots, les nuages, ou la clarté du ciel, et cette contemplation le reporte aux événements familiers d’autrefois. […] Ces rapports équivoques et mixtes lui valurent des décorations, des honneurs et des appointements des deux parts.
Il vaut mieux te mettre la clef en main sans savoir comment on la forge ; c’est à toi de te fier à moi, et c’est à moi d’être ton père et ta mère, puisque je les remplace seule ici. […] Cela en valait-il la peine ?