Le paysan ne vous a point trompé, une source se cache au fond du ravin : un buisson de chêne étale avidement au-dessus de l’eau ses branches feuillues, de grosses bulles d’argent se détachent du lit de mousse fine et veloutée qui en tapisse le fond, et montent en se balançant à la surface. […] Il est mélancolique et sensible comme la voix de la jeune paysanne russe venant faire ses adieux au jeune et élégant séducteur qui part le lendemain après l’avoir trompée, avec son maître, pour ne la revoir jamais. […] Enchanteurs qui attachent et ne trompent jamais !
Il le prend avec sa trompe et, au moment de le tuer, la gratitude de l’eau, du sable, des branches d’arbres, le sauve, et l’éléphant le rejette à l’eau. […] Et il arrivait ceci : c’est que la mère témoignant tout haut au visiteur, l’ennui, qu’elle éprouvait de voir sa fille, qui avait un brevet d’institutrice et la faculté de gagner sa vie, courir les aventures, la fille criait de l’autre côté du drap : « Tu te trompes, maman… un jour je ferai la fortune de la maison ! […] Il y a tant de diagnostiqueurs qui se trompent, et dans la confiance absolue de leur diagnostic, n’écoutent rien, dans une visite, de ce que leur racontent les malades.
Elle était sincère chez M. de Bonald, homme honnête, pieux, convaincu, qui ne cherchait à tromper personne. […] Ils se trompaient rarement dans ces coups de vent qu’ils imprimaient du fond d’un bureau de journal aux noms, aux hommes, aux choses. […] Mais je ne m’y trompai pas un instant.
Et pourtant lorsque Nisard en avait, ici, aux poètes romantiques, nous croyons qu’il se trompait et que ses traits érudits, barbelés de latin, tombaient à côté du but. […] Musset se trompe, il n’est pas si coupable… et la suite des vers de Voltaire sur Gresset, qu’on peut transposer. […] Je me promis seulement de ne pas me tromper d’outil en changeant de métier. » La différence des deux outils, des deux métiers, est pour lui celle du matériel au spirituel et du lourd à l’impondérable. […] Madeleine oppose à Dominique une « conduite admirable et désespérante de force, de simplicité et de sagesse » qui dit : « Je ne sais rien et si vous avez cru que je devinais quelque chose, vous vous êtes trompé. » Il faut pourtant que le moment de l’aveu de Dominique arrive. […] je lui laisse l’ébauche d’une vie inachevée qu’il accomplira, si je ne me trompe. » Si Fromentin avait écrit ce roman, il n’eût pu en faire que celui du malentendu entre deux générations.
Ou je me trompe, ou M. […] Ils ne se sont point trompés pour Yan. […] Dans En ménage, un mari, trompé par sa femme, la quitte, essaie de l’amour libre, s’ennuie à périr, et de lassitude conclut qu’il vaut encore mieux reprendre son collier de misère. […] Nous servons notre âme comme notre idole ; les idées assimilées, les hommes pénétrés, toutes nos expériences nous servent à l’embellir et à nous tromper. […] Tellier doit prochainement réunir ses contes ; si je ne me trompe, ils lui assureront une belle place dans l’estime des lettrés.
Mon mouvement avoit excité une rumeur. » Or, quand on est sujet à ces mouvements-là, non seulement à l’audience et dans une occasion extraordinaire, mais encore dans l’habitude de la vie et même en écrivant, il y a chance non pour qu’on se trompe peut-être sur l’intention mauvaise de l’adversaire, mais au moins pour qu’on outrepasse quelquefois le ton et qu’on sorte de la mesure. […] Ici Saint-Simon se trompait peut-être de date comme en d’autres cas, et il ne se rendait pas bien compte de l’effet et de la fermentation qu’eussent produits les états généraux en 1716 ; la machine dont il voulait qu’on jouât pouvait devenir dangereuse à manier.
Savonarola n’était qu’un Marat encapuchonné ; le peuple, qu’il avait trompé et fanatisé, en fit justice au premier retour de bon sens. […] Elle nomme des consuls, des préfets, des prétoriens, des sénateurs, des tribuns du peuple, comme pour tromper son néant.
La nature ne trompe jamais : la physionomie de Humboldt, seul langage par lequel le caractère d’un homme voilé se révèle à ceux qui savent y lire, n’avait de la véritable candeur que l’affectation. […] Un essai de réunir ce qui, à une époque donnée, a été découvert dans les espaces célestes, à la surface du globe, et à la faible distance où il nous est permis de lire dans ses profondeurs, pourrait, si je ne me trompe, quels que soient les progrès futurs de la science, offrir encore quelque intérêt, s’il parvenait à retracer avec vivacité une partie au moins de ce que l’esprit de l’homme aperçoit de général, de constant, d’éternel, parmi les apparentes fluctuations des phénomènes de l’univers. » Potsdam, au mois de novembre 1844.
Jusqu’à cette grande crise, c’est un enfant, et un enfant gâté, sensible, égoïste, prêt à aimer, et surtout avide d’être aimé, léger et fougueux, joyeux de vivre et insatiable de plaisir, vite déçu, jamais lassé, et recommençant toujours sa course au bonheur, sans se douter qu’il s’est trompé non pas d’objet, mais de méthode : entre vingt et vingt-cinq ans, il est tout pétillant, tout bouillant de vie et d’espérance. […] L’amour trompe, mais il n’y a de bonheur que dans l’amour : il faut le chercher toujours, sans espérer de le conserver ; il faut le chercher non pour l’avoir, mais pour l’avoir eu : car l’avoir est une misère, mais de l’avoir eu, là est le délice.
Zola), soit par la passion du moderne (comme MM. de Goncourt) On dit que ces écrivains se sont trompés, qu’ils ont plié l’art à nous donner une impression des choses fort différente de celle qu’on avait coutume de lui demander, qu’ils ont ainsi dépensé un art infini à aller contre le but même de l’art. […] On a parfois peur de se tromper en se laissant prendre à leurs chefs-d’œuvre décousus, et le plaisir qu’ils font manque de sérénité.
d’ailleurs, si nous y parvenions, ce serait encore la nature et pas autre chose, rien de nouveau, rien de produit, rien de créé, mais un monstre qui nous tromperait par son identité avec la nature), — de même l’art n’est pas la reproduction de l’art, car ce serait encore le même tort que pour l’imitation de la nature. […] C’est ainsi que l’Humanité de notre temps ayant dépouillé définitivement la pensée sociale et religieuse du Moyen-Âge, eux, qui ont voulu vivre de cette pensée et en faire l’âme de leur poésie, n’ont pu y réussir, malgré l’illusion de la Restauration, qui les a séduits comme un mirage trompe les matelots à la mer.
Comment s’étonner qu’ayant fait choix de la foi, il ait eu du dédain pour la philosophie, ne fut-ce que pour l’avoir trompé dans ce besoin de croire, dont la satisfaction était l’unique emploi de sa vie ? […] Il semble respirer plus à l’aise dans les Provinciales ; et plus on a senti ce qu’il y a d’efforts violents, d’ardeurs trompées, de résistances, de combats, dans les Pensées, plus on trouve de douceur à voir le même homme prendre du plaisir à relever des ridicules, à railler gaiement des sophismes, et, par comparaison avec le relâchement de ses adversaires, à jouir noblement de cette innocence qui lui paraîtra corruption et orgueil dans les Pensées.
Trompé et surpris, il riposte par des contre-manœuvres. […] Mais ce que l’on admire en ces cas-là, ce n’est pas réellement l’individu lui-même, c’est ce qu’il y a, encore et toujours, de social en lui, c’est sa lutte contre une société criminelle ou trompée au nom d’une autre société supposée meilleure.
Où sont les cabaleurs, puisque personne ne veut l’être, et qui trompe-t-on ici ? […] Vous vous rappellerez sans doute, monsieur le directeur, que quand vous eûtes l’intention, si je ne me trompe, en 1881, de faire représenter Lohengrin à Paris, au théâtre des Nations, je fis tout ce qui était en mon pouvoir pour faire aboutir cette tentative, et vous savez que cette fois aussi, si j’ai cru devoir rester neutre vis-à-vis des passions trop excitées, je n’ai cependant pas pris une attitude hostile qui aurait pu me mettre en conflit avec les éditeurs d’Henry VIII, lesquels sont aussi ceux de Lohengrin.
Parfois l’une de ces facultés a la suprématie et les autres sont subordonnées ; l’une usurpe l’autorité et une autre cède, l’une expose et les autres écoutent ; l’une trompe et l’autre est trompée.
Poussés par le désespoir, d’autres se retournent, se jettent en furieux sur leurs imprudents ennemis, et, les foulant aux pieds ou les étreignant dans leurs énormes trompes, en tirent une terrible vengeance. […] ” dit-elle, les joues colorées par la divine pudeur, “s’il est vrai qu’en consentant à être ton épouse sans le consentement de mon père adoptif, je ne pèche pas contre la sainte voix du devoir ; s’il est vrai que je puisse, ainsi que tu me le dis, ô mon roi, (et voudrais-tu me tromper ?)
Il a là-dessus des principes qu’on doit trouver admirables et qui s’appliquent bien à tout ordre de travaux et de services où l’honneur est le prix : c’est de ne jamais se reposer sur ce qu’on a fait, de ne pas se contenter, sous prétexte qu’on a sa réputation établie, et que, quoi qu’on fasse désormais ou qu’on ne fasse pas, on sera toujours estimé vaillant : N’en croyez rien, s’écrie-t-il, car d’heure à autre les gens jeunes deviennent grands, et ont le feu à la tête, et combattent comme enragés ; et comme ils verront que vous ne faites rien qui vaille, ils diront que l’on vous a donné ce titre de vaillant injustement… Si vous désirez monter au bout de l’échelle d’honneur, ne vous arrêtez pas au milieu, ains, degré par degré, tâchez à gagner le bout, sans penser que votre renom durera tel que vous l’avez acquis : vous vous trompez, quelque nouveau venu le vous emportera, si vous ne le gardez bien et ne tâchez à faire de mieux en mieux.
Mais enfin, en poursuivant cette lecture à travers les mille particularités dont elle se compose, et en faisant la part de la bienveillance et de l’optimisme de Dangeau, décidé à trouver tout bien, on arrive à un résultat qui, selon moi, ne trompe point : on ressent et l’on respire ce qui est dans l’air à un certain moment.
Cet homme, ce caractère, on l’avait déduit avec netteté et certitude de quelques pensées simples et grandes exprimées avec un accent qui ne trompe pas.
D’ordinaire elle est dans celui qui a le droit de se croire trompé, dans le mari : ici elle est dans l’amant.
. — « Si je me trompe, eh bien nous mourrons !
Si je ne me trompe pas, les cœurs honnêtes et les esprits sensés me doivent quelque estime, même quelque encouragement et quelque appui.