/ 1617
1012. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

… II Quand l’historien est le contemporain de son histoire et qu’il est, de plus, éloigné du théâtre sur lequel elle s’est produite, il n’y a plus que sa parole et ses renseignements particuliers.

1013. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

La terre, qui couvre les fautes des médecins, comme a dit un plaisantin de théâtre, a couvert peut-être aussi les plus grandes douleurs de la vie pour ces malheureuses créatures qu’on croyait mortes, qu’on croyait avoir soldé tout leur compte avec la douleur !

1014. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

À en croire toujours du Boulan, les jansénistes, qui étaient des misanthropes religieux, ont écrit, par la plume de Molière, le misanthrope du théâtre.

1015. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

… Le canon tout à coup frappe l’air : Nos soldats, à ce bruit, debout, prêts à combattre, Du triomphe prochain purent voir le théâtre !

1016. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Théophile Gautier dans son fameux Capitaine Fracasse, lesquelles étaient faites, avant ce surprenant Capitaine, dans toutes les comédies sans exception de l’ancien théâtre espagnol, italien et français ; dans toutes les Nouvelles des vieux romanciers du commencement du dix-septième siècle, et que seul un romantisme impuissant, qui travaille en vieux, quand il croit faire du neuf, peut nous donner, après trente ans de romantisme plus heureux, pour de colossales inventions !

1017. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Elle n’a donc servi, disons le mot, que chez des coquines, et cette particularité seule ôte au livre toute nouveauté, toute profondeur et toute portée, rien n’étant plus connu et plus rabâché sur les théâtres, dans les livres et dans les journaux de ce temps, que l’existence de ces dames, qui n’a rien, du reste, de bien compliqué, puisque c’est toujours le même luxe extravagant et gâcheur, la même manière de tromper et de voler leurs hommes, la même abjection d’âme et de langage, le même mutisme de sens moral et d’autres sens, et enfin la même stupidité souveraine, que je ne reprocherais pas cependant à un observateur tout-puissant de peindre encore, s’il en tirait des effets nouveaux et des choses nouvelles !

1018. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Car cette éphémère directrice de théâtre fut toujours cabotine, ne permit guère à ses douleurs les plus senties de s’exprimer spontanément. […] Daniel Lesueur est une travailleuse : outre des vers auxquels les parnassiens trouvent quelque mérite technique, elle a publié des romans irritants, elle a donné un drame à l’Odéon, un autre au Théâtre Féministe. […] Le théâtre d’une époque où les hommes, n’avant aucune foi commune, ne peuvent ni rire ni s’émouvoir des mêmes choses profondes, est nécessairement un artifice superficiel et méprisable. […] La prose poétique, par sa grâce jeune et comme inachevée, par la liberté de son lyrisme équivoque, est un genre féminin, comme au théâtre les travestis sont des emplois féminins. […] Pleurez et priez pour celui qui va mourir. » Et la femme — sotte comme on doit l’être au théâtre pour amener dans ce qui sert d’esprit aux spectateurs de frissonnantes indécisions — prend le change.

1019. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Nous tournons-nous un instant du côté du théâtre : même anarchie, même indépendance, mêmes tentatives dans les sens les plus opposés, avec beaucoup moins de talent du reste. […] Il a inspiré le théâtre d’Émile Augier et de Dumas fils ; il a mis sur sa voie véritable Gustave Flaubert ; il a suscité le génie de l’incomparable Guy de Maupassant. […] C’est donc l’intelligence proprement dite, appliquée, seulement, à l’art particulier du roman ou du théâtre ; c’est l’intelligence du romancier ou du dramatiste. […] C’est vrai du moins dans les genres littéraires où il n’est point nécessaire et où il est bon que la personnalité de l’auteur n’apparaisse point, dans le roman, dans la nouvelle, dans le théâtre. […] L’envie aux doigts crochus a sur nous autres hommes tant d’empire que nous ne pouvons pas souffrir, ni au théâtre ni dans le roman, les hommes trop aimés.

1020. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Le soutenu comprenait les pièces de théâtre, les poèmes descriptifs, les épopées, fort communes alors. […] Des comédiens de Clermont l’avaient joué sur le théâtre ; ils furent réprimandés99. […] Cependant Dom Japhet d’Arménie, composé et probablement représenté en 1653, se jouait encore en 1665, et comme on dit, en style de théâtre, faisait plus d’argent que Cinna 104. […] Ne craignons pas d’accorder aux censeurs de Boileau qu’il lui a manqué, outre l’imagination qui crée les événements pour l’épopée et les caractères pour le théâtre, la sensibilité qui sait faire parler les passions. […] Mais qui nous dit que Molière n’ait pas été touché des bonnes raisons de son ami, et que si les aparté, devenus de plus en plus rares dans son théâtre, disparurent tout à fait de ses chefs-d’œuvre, on ne le doive pas à La Fontaine ?

1021. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Il est juste de dire que le moment n’était pas très-bien choisi, et qu’il aurait dû ajouter que tous les peuples étalent naïvement le même défaut sur leurs théâtres et dans leurs musées. […] Peinture riche et minutieuse, avec des tons violents et un fini précieux, ouvrage plein d’opiniâtreté, mais dramatique, emphatique même ; car nos amis d’outre-Manche ne représentent pas les sujets tirés du théâtre comme des scènes vraies, mais comme des scènes jouées avec l’exagération nécessaire, et ce défaut, si c’en est un, prête à ces ouvrages je ne sais quelle beauté étrange et paradoxale. […] Il y a de longues années, il nous étonnait déjà par l’aplomb de sa fabrication, par la rondeur de son jeu, comme on dit au théâtre, par son mérite infaillible, modéré et continu. […] Je préfère contempler quelques décors de théâtre, où je trouve artistement exprimés et tragiquement concentrés mes rêves les plus chers : Ces choses, parce qu’elles sont fausses, sont infiniment plus près du vrai ; tandis que la plupart de nos paysagistes sont des menteurs, justement parce qu’ils ont négligé de mentir. […] Christophe n’est pas de ces artistes faibles en qui l’enseignement positif et minutieux de Rude a détruit l’imagination), et qui, vue en face, présente au spectateur un visage souriant et mignard, un visage de théâtre.

1022. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Journaliste, directeur de théâtre, conteur et auteur dramatique, il a toujours eu le souci des idées morales ; et il ne les aimait pas seulement pour lui, pour son usage, mais il voulait encore les promulguer. […] Je crois que les lois du mariage, du divorce et de l’adultère modernes ont toutes été préconisées d’abord sur le théâtre et, de coutume, avec gaieté. […] * *    * Il n’y a pas de thèses dans le théâtre de Maurice Donnay. […] » avec sincérité ; les universités qui comptent quatre mille élèves, les théâtres, les collèges de filles, les usines, les manufactures, les clubs. […] Gabriel Fauré n’a pas écrit pour le théâtre.

1023. (1927) Des romantiques à nous

Si la vocation de bolide que Joseph Delteil prétend être la sienne et que nous sommes loin de lui dénier, est réellement forte et spontanée, si elle ne se ramène pas à une attitude pure et à une gesticulation de théâtre, elle pourrait, sans rompre pour cela sa force et son élan, s’exercer avec quelques précautions et égards de plus qu’elle n’a fait en cette bruyante Jeanne d’Arc. […] Il faudrait entendre exécuter au théâtre l’une et l’autre de bout en bout et juger de l’effet. […] Massenet, Gounod ont vu leurs ouvrages les plus célèbres joués sur tous les théâtres germaniques sans y gagner, auprès des Allemands, le prestige de réputation échu en partage à l’auteur de Samson et Dalila. […] Ce n’est pas d’ailleurs sans de mélancoliques pensées que j’ai pris le chemin du théâtre. […] Je découvrais avec ivresse l’œuvre du géant germanique, dont je n’avais encore rien entendu au théâtre, mais que je dévorais en partitions.

1024. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Mazel pour la simplification explique aussi son goût pour le théâtre, conçu tel qu’une refonte des grands événements ou des grandes périodes historiques. […] Mazel considère ses premiers drames comme des études plutôt que comme des pièces de théâtre ; il ne les avait que peu destinés au plaisir des foules ; il les composa en manière d’exercices pour coordonner les divers éléments d’un talent scénique. Au théâtre, on s’adresse à la fois à un seul et à tous, à un homme et à une foule ; il faut être poète et tribun, artiste et logicien ; mettre en action une idée, mais que l’action se puisse comprendre au vu de son mouvement propre. […] Henri Mazel est arrivé à l’heure où l’effort se réalise, et si, en des drames donnés comme des essais, il a pu émouvoir le lecteur du coin du feu, c’est sans doute que le théâtre est son destin. […] Cependant le style de Ton sang n’est pas toujours assez pur, et trop parfois de vraie conversation, sous prétexte de « théâtre ».

1025. (1940) Quatre études pp. -154

Je revois le doux paysage de Pensylvanie, sous son ciel clair ; l’immense parc agreste et libre, les prairies, les érables rougis par l’automne ; et dans ce décor, groupés mais non point resserrés, les bâtiments de la cité de l’esprit, les salles de cours, les laboratoires, la bibliothèque, le théâtre. […] Ardents, exaspérés, insoucieux des raffinements de la forme et ne songeant qu’à l’action, ils improvisaient des vers qu’on répétait de bouche en bouche, qu’on déclamait, qu’on chantait dans les rues, dans les théâtres, jusque dans les églises : et sur les champs de bataille, aussi. […] Il est vrai que le poète, quand il s’exprime ainsi, pense surtout au théâtre, et à l’optique particulière qui est nécessaire à ses effets. […] Mais c’est de préférence au théâtre, et dans le roman, qu’il s’est plu à peindre tel ou tel personnage, telle ou telle héroïne, qui poussaient l’exaltation sentimentale jusqu’à nier toutes autres valeurs. […] L’ennui est un des ressorts de l’univers, puisque c’est afin de l’éviter que la plupart des hommes pensent et agissent ; il les pousse à sortir d’eux-mêmes, à aller chercher l’illusion du théâtre, aussi bien qu’à devenir spectateurs des exécutions qui ont lieu en place de Grève : tant ils veulent être remués !

1026. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

Si l’effet final est différent, c’est que les fibres nerveuses sont en rapport les unes avec les muscles, les autres avec telle ou telle partie des centres nerveux ; de même des fils semblables et qui sont le théâtre de phénomènes électriques semblables, produisent, suivant l’appareil qui les termine, tantôt un coup de sonnette, tantôt un déplacement d’aiguille, tantôt le choc d’un bouton. […] Chaque image peut passer par tous les degrés d’éclat et de pâleur ; à une certaine limite, elle échappe à la conscience, sans que pour cela elle s’éteigne et sans que nous sachions jusqu’à quel degré d’affaiblissement elle peut descendre. — On peut donc comparer l’esprit d’un homme à un théâtre d’une profondeur indéfinie, dont la rampe est très étroite, mais dont la scène va s’élargissant à partir de la rampe. […] Quand l’image est absorbante au point d’exclure les autres, il n’y a pas moyen d’enrayer ; bon gré mal gré, le geste et la physionomie la traduisent. — Il suit de là que, dans notre théâtre mental, l’acteur qui occupe la rampe devient pour cet instant le chef de l’orchestre et donne le branle aux instruments. […] On peut donc présumer que dans notre théâtre cérébral la rampe est très voisine de l’orchestre.

1027. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Il soupire après l’idéal, appelle une inconnue, et tombe amoureux de l’actrice en question, femme de trente-deux ans, perroquet de théâtre, ignorante et bête à plaisir. […] C’est la Bible ; il y a autour d’elle cinquante moralistes qui dernièrement se sont donné rendez-vous au théâtre, et ont chassé à coups de pommes un acteur coupable d’avoir pour maîtresse la femme d’un bourgeois. […] Dans la vigueur de la jeunesse et dans le premier feu de l’invention, il inventa le punch au marasquin, une boucle de soulier et un pavillon chinois, le plus hideux bâtiment du monde. « Nous l’avons vu au théâtre de Drury-Lane, nous l’avons vu, l’unique ! […] Nous voulions aller au théâtre ; nous avons été trompés par l’affiche, et nous grondons tout bas d’être au sermon.

1028. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

« Ordinairement la littérature et le théâtre s’emparaient des grands événements historiques pour les célébrer, pour les exprimer ; ici c’est l’histoire qui s’est mise à imiter la littérature. 

1029. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Dans cette comédie unique, si je ne me trompe, sur le théâtre français, Molière met en scène sa propre personne, et se joue hardiment de tout le monde comme de lui-même : ce qui est, vous le savez, Monsieur, un des éléments du vrai comique.

1030. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

Il n’est pas aisé d’y réussir : on voit des hommes de talent, au théâtre, présenter des personnages qui sont à tour de de rôle de plates photographies et des types abstraits, qui tantôt parlent le verbiage insignifiant de leur condition dans le monde, et tantôt proclament la théorie profonde de l’auteur sur leur caractère.

1031. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Cela évoquait Gustave Droz sans les bavardages puérils, Edmond About sans les grâces de pion, Ludovic Halévy sans les potineries de concierge de théâtre ni les mièvreries d’improbables salons.

1032. (1890) L’avenir de la science « VI »

Il n’est personne qui, à un point de vue plus ou moins élevé, n’avoue qu’il est nécessaire qu’il y ait des gens pour faire des pièces de théâtre, des romans et des feuilletons.

1033. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Je remarque ces circonstances pour que le lecteur ait une idée juste de l’état de la maison de Rambouillet depuis plusieurs années, Lorsque Molière mit ses Précieuses au théâtre de la capitale.

/ 1617