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639. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Trois phrases, ou quatre, qu’il n’est même plus besoin de souder, et qu’il suffit de juxtaposer, font un paragraphe. […] Il y suffit presque de feuilleter la Correspondance de Voltaire ou les Confessions de Rousseau. […] Le grand effort est fait, et visiblement il suffira de quelques coups pour jeter bas ce qui subsiste encore de l’ancienne société française. […] Il suffît que l’on ait pu voir en quelques lignes de quel ton, quand il le voulait, il savait rappeler les gens de lettres au respect de la liberté d’autrui. […] Il suffit que, dans les relations de la vie publique, on ne le puisse pas accuser d’improbité.

640. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Je n’apprends rien quand on me dit qu’un cercle est la figure formée par la révolution d’une droite autour d’un de ses points pris comme centre ; j’apprends quelque chose lorsqu’on me dit que les cordes qui sous-tendent dans le cercle des arcs égaux sont égales, ou que trois points suffisent pour déterminer la circonférence. […] Pour cela, il suffit de remarquer que la proposition générale n’est point la véritable preuve de la proposition particulière. […] Il suffit de les décomposer pour apercevoir qu’ils vont non d’un objet à un objet différent, mais du même au même. Il suffit de résoudre les notions d’égalité, de cause, de substance, de temps et d’espace en leurs abstraits, pour démontrer les axiomes d’égalité, de substance, de cause, de temps et d’espace. […] Si la fourmi était philosophe, elle pourrait démêler les idées de l’être, du néant, et tous les matériaux de la métaphysique ; car un phénomène quelconque, intérieur ou extérieur, suffit pour les présenter : donc, si limité que soit le champ d’un esprit, il contient des données absolues, c’est-à-dire telles qu’il n’y a nul objet où elles puissent manquer.

641. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Si le mouvement n’a pas éclaté plus tôt, l’une des raisons en est probablement que le latin n’y pouvait suffire. […] Lorsque deux ou plusieurs éléments sont mis en présence l’un de l’autre, il ne suffit pas (la science elle-même nous l’enseigne) qu’ils aient l’un pour l’autre des affinités électives, et il faut qu’une force nouvelle intervienne du dehors pour opérer ou achever le mystère de leur combinaison. […] C’est ce que personne, avant Amyot, ne nous avait montré ; et si l’on s’étonnait là-dessus qu’un simple traducteur doive occuper une place aussi considérable dans l’histoire de la littérature de son temps, il suffirait de rappeler que ses « belles, riches et véritables peintures » ont éveillé la vocation de Michel de Montaigne. […] Mais tout de même que la santé du corps, que l’on croit être un don de la nature, n’est à vrai dire que le résultat d’une hygiène, et, par conséquent, d’un « travail » approprié, il ne suffit pas non plus d’abandonner le corps social à lui-même pour qu’il trouve son point d’équilibre, et il faut que chacun de nous travaille de sa personne à le rétablir constamment. […] 3º Les Œuvres. — Comme nous venons de parcourir les principales Œuvres de Ronsard, il suffira d’en indiquer ici les principales éditions, qui sont : L’édition de G. 

642. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Je n’apprends rien quand on me dit qu’un cercle est la figure formée par la révolution d’une droite autour d’un de ses points pris comme centre ; j’apprends quelque chose lorsqu’on me dit que les cordes qui sous-tendent dans le cercle des arcs égaux sont égales, ou que trois points suffisent pour déterminer la circonférence. […] Pour cela, il suffit de remarquer que la proposition générale n’est point la véritable preuve de la proposition particulière. […] Il suffit de les décomposer pour apercevoir qu’ils vont non d’un objet à un objet différent, mais du même au même. Il suffit de résoudre les notions d’égalité, de cause, de substance, de temps et d’espace en leurs abstraits, pour démontrer les axiomes d’égalité, de substance, de cause, de temps et d’espace. […] Si la fourmi était philosophe, elle pourrait démêler les idées de l’être, du néant, et tous les matériaux de la métaphysique ; car un phénomène quelconque, intérieur ou extérieur, suffit pour les présenter ; donc, si limité que soit le champ d’un esprit, il contient des données absolues, c’est-à-dire telles qu’il n’y a nul objet où elles puissent manquer.

643. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Mon nom prononcé suffit pour les guérir de leurs blessures et les arracher à leur folie ! […] Non, ces anciennes vertus ne sont pas mortes, et, si elles étaient menacées, l’influence de la musique suffirait pour les sauver. […] Une dizaine de planches suffiraient à cet objet ; or les dessins, grands ou petits, de M.  […] Une note héroïque a suffi pour le remettre au diapason normal de l’humanité et pour lui faire garder sa dignité et son rang. […] Le choix habile du sujet y suffit, ou encore la perfection du travail.

644. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Copier des expressions, même originales, ne suffit pas. […] La fiction suffit aux premières. […] Quelques-uns sont célèbres, et suffiront à donner une idée de ce genre d’exercice. […] Quelques traits bien circonstanciés suffisent à donner l’intensité et la vie. […] Rapidité, acclamation, aspect physique de l’Empereur, tout est là, et quelques lignes suffiront.

645. (1774) Correspondance générale

Il suffit que j’aperçoive dans leur objet une grande utilité pour eux, assez peu d’inconvénient pour moi. […] On serait persuadé que votre coignée ne serait tombée que sur moi, que cela suffirait pour vous nuire infiniment ; mais. […] Et puis, « mes amis, restez-moi ; vous suffisez au bonheur de ma vie ; entre vous, je défie le destin de m’attaquer ». […] Je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour le servir ; il suffit qu’il soit de vos amis. […] Pour faire comprendre ce dernier trait, il suffit de rappeler que Desessarts avait été procureur avant d’être comédien.

646. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Ce sont des chefs-d’œuvre d’émotion et de musique : à eux seuls, ils suffiraient pour la gloire d’un écrivain. […] Il me suffit que vous l’ayez jugé compréhensible. […] À lui seul, ce pouvoir d’évocation aurait suffi, pour faire de Whitman un poète. […] L’admiration ne lui suffisait pas : il avait besoin d’une affection plus proche et plus tendre. […] C’est le point de départ du récit ; quelques lignes suffisent à M. 

647. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Avertissement de la première édition »

Entre tant d’écueils à travers lesquels je naviguais, si j’ai touché par accident sur quelques-uns, qu’il me suffise de me rendre ce témoignage que je ne crois pas avoir cédé à la crainte de déplaire quand j’ai été indulgent, ni à aucun sentiment hostile quand j’ai été plus sévère.

648. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VI. La Mère. — Andromaque. »

Pour démontrer l’influence d’une institution morale ou religieuse sur le cœur de l’homme, il n’est pas nécessaire que l’exemple rapporté soit pris à la racine même de cette institution ; il suffit qu’il en décèle le génie : c’est ainsi que l’Élysée, dans le Télémaque, est visiblement un paradis chrétien.

649. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

De telles notions sont loin de suffire. […] C’est que Leopardi, en effet, ne les négligeait pas ; son ardeur studieuse suffisait à tout, et dans les essais de sa jeunesse, dans ceux particulièrement qui marquent sa collaboration au Spectateur 135 de Milan durant les années 1816-1817, on trouverait bon nombre de morceaux de lui qui préparent et dénoncent le poëte. […] Le courant dans l’intervalle peut s’égarer ; mais il suffit de se remettre en communication avec les sommets pour retrouver le jet de la source. […] Qu’il nous suffise de signaler cette science de structure et d’harmonie dans les strophes de Leopardi, en réponse à ceux qui croiraient encore qu’il a dédaigné la rime. […] Ces trois noms suffiraient pour parcourir une triple variété frappante d’incrédulité, de scepticisme et de spinosisme.

650. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Il suffirait d’indiquer la scène, toute simple et tout ordinaire qu’elle soit, pour la rendre tragique. […] La discussion devient superflue, on ne discute pas avec la mauvaise foi ; l’injure suffit : bref, une politique étrangère de blouses blanches et de va-t-en-guerre, l’insulte contre de grandes nations rabaissées de parti pris, des rodomontades, des provocations, des défis, qu’on serait le plus souvent bien fâché de voir relevés. […] Je crois cependant que les difficultés que vous aurez à vaincre seront si graves, que votre volonté et l’autorité de votre Revue et de votre talent suffiront à peine pour les vaincre. […] Il suffit de lire la plupart des feuilletons dits populaires pour comprendre l’étendue du mal qui nous menace, si on n’arrive peu à sauver le pays de ces semences de pourriture. […] Car il ne suffit pas de critiquer le présent, il faut penser à l’avenir.

651. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Vous sentirez bien que je vous apporte l’expression de croyances vraies, pour ainsi dire mon motif de vivre, et il suffira de mes convictions et de votre bienveillance pour créer l’atmosphère essentielle à des spéculations vérifiées par des œuvres. […] Un siècle suffit aux plus graves changements, commence par le sentiment, finit par la pensée ; un autre appartient à l’idée seule. […] Le choix, c’est-à-dire le sacrifice, deviendrait une intolérable torture, la vie suffirait à peine à l’admiration : que resterait-il à la création ? […] Mais il suffit d’un peu de réflexion pour conclure, du fait même de cette particularisation et du caractère successif des conquêtes de la connaissance, que l’absolu de la vérité n’est pas une proie naturellement humaine. […] Là, le prêtre deviendra l’ordonnateur de pures fêtes. — Nous sentons bien quelle énorme besogne ce sera, celle de préparer le théâtre à tant d’honneur : en vérité, les écuries d’Augias… Et pourtant il suffit d’adresser nos regards vers cette noble église de Bayreuth pour comprendre que notre rêve n’est point irréalisable et que d’autres y ont pensé.

652. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Comme si le faible lien de cette promesse jetée au départ, suffisait pour l’entraîner à sa perte ; lorsque le souvenir en reparaît, le spectateur est pris d’une terreur instinctive, qui augmente de minute en minute, telle que les frissons précurseurs d’une catastrophe. […] Bientôt les termes généraux, « un mariage, une lutte », ne suffisent plus à faire recréer la vie ; l’âme requiert des notions plus précises. […] Ils exigèrent, et pour eux seuls, des formes artistiques plus fines que les formes qui suffisaient à la majorité de leurs contemporains. […] A maintes âmes suffisent encore les arts primitifs, le récit, renonciation très générale de notions brèves et sommaires. […] Encore ces fleurs, un peu maladives, du génie grec, les tragédies d’Euripide : « Vos dieux sont en vos âmes : ils sont les cruelles passions, détruisant l’équilibre salutaire des besoins : voyez les effets de ces maux ; tenez Hermione et Phèdre pour les images de vos passions. »   Mais à cette race exemplaire de dialecticiens ni le récit ni le drame ne pouvaient suffire longtemps : ils exigeaient une vie toute de notions pures, bellement enchaînées : ils exigeaient la forme du roman dialectique.

653. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Quelquefois même l’attente suffit à produire la sensation attendue, qui devient ainsi hallucinatoire ; c’est ce qu’ont bien montré James Sully et Richet. […] Nous avons vu que, s’il y a en effet réaction de la conscience sur la sensation, c’est une réaction appétitive, qui suffît à corroborer la liaison déjà réalisée soit entre les sensations mêmes, soit entre telle sensation et telle action. […] Mais il ne suffit pas, avec Galton et Huxley, d’expliquer les idées générales par la fusion d’images particulières dans une image composite. […] Au reste, répétons qu’une seule expérience peut suffire pour déterminer l’antécédent véritable d’un phénomène, si l’on est certain que cet antécédent est la seule condition nouvelle qui ait été introduite dans l’ensemble des conditions préexistantes. […] Les lois de la chute des corps une fois admises, il suffit de suspendre un corps pesant à un fil de longueur donnée, pour déterminer avant toute expérience, avec une certitude logique, la durée de l’oscillation.

654. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

L’érection de la basilique du Sacré-Cœur n’a-t-elle pas suffi au rachat des erreurs qui enfantèrent nos derniers désastres ? […] Elles suffiraient, telles qu’elles sont, à édifier le lecteur sur les véritables sentiments de l’« aigle de Meaux » à l’égard des « religionnaires ». […]  » Quand bien même il ne subsisterait du crime monstrueux de celui que nous venons de voir présider, à l’exemple presque universel du clergé de France, aux pires violences et à la Révocation, quand il ne subsisterait, dis-je, que ce témoignage écrit de sa main, que ces quelques lignes révélatrices éclairant en traits de flammes sa nature intime, elles suffiraient, je pense, pour couvrir d’un éternel ridicule les biographes effrontés qui s’efforcent de transformer le Chef-Inquisiteur en un modèle de tendresse et de justice.‌ […] Cela suffira pour nous faire comprendre cette parole de Michelet : « La Révocation n’est nullement une affaire de parole. […] Un exemple seul suffirait, s’il était besoin d’un exemple pour confirmer une vérité tellement éclatante : la situation de l’Écosse avant et après Knox.‌

655. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Si elle était énergique, il a pu suffire d’une déviation légère au début pour produire un écart de plus en plus considérable entre le but visé et l’objet atteint. […] Il suffit de regarder la vie, sans arrière-pensée de synthèse artificielle. […] Si l’on doutait de la communauté d’essence entre les deux états d’âme auxquels ces principes correspondent, il suffirait de remarquer que dans l’école épicurienne elle-même, à côté de l’épicurisme populaire qui était la recherche souvent effrénée du plaisir, il y eut l’épicurisme d’Épicure, d’après lequel le plaisir suprême était de n’avoir pas besoin des plaisirs. […] On nous enseignait au collège que la composition des substances alimentaires était connue, les exigences de notre organisme également, qu’on pouvait déduire de là ce qu’il faut et ce qui suffit comme ration d’entretien. […] Pour savoir dans quelle mesure elle compte, il suffit de regarder comment on se jette sur le plaisir : on n’y tiendrait pas à ce point si l’on n’y voyait autant de pris sur le néant, un moyen de narguer la mort.

656. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

L’esprit national n’est pas plus contrarié par ces apports que le sang d’un homme n’est vicié par une nourriture saine ; il suffit que la nourriture soit saine. […] Quelques autres savent tirer moins loin leurs oppositions antithétiques : une seule idée leur suffit parfois, noix creuse qu’un geste sûr sépare en deux coques vides. […] Il suffit d’ignorer toutes les rhétoriques, de n’user que de mots dont on connaît bien le sens, c’est-à-dire la connexité symbolique avec la réalité, de ne dire que ce que l’on a vu, entendu, senti. […] Aujourd’hui que l’on enseigne l’orthographe même aux aveugles, qui pourraient être nos arbitres phonétiques, cela ne suffirait pas. […] Malgré l’étymologie, que le féminin lui suffise et qu’il s’en accommode, comme hymne, comme œuvre, comme orge.

657. (1913) Poètes et critiques

Trois sous de pain, deux sous de lait, telles sont mes dépenses de chaque jour. » Ces dépenses, plutôt modestes, il ne gagnait pas toujours de quoi seulement y suffire. […] Il suffira de se donner alors le temps indispensable pour la lire du premier volume au dernier, et de prendre le recul voulu pour l’envisager tout entière. […] Verlaine ait eu besoin d’en prendre dans Gautier les éléments : l’intermédiaire offert par Glatigny a pu suffire. […] Il suffit pour s’en assurer de relire les Variations sur le Carnaval de Venise. […] Il suffisait qu’il attendît, qu’il ressentit le choc d’où devait jaillir l’étincelle.

658. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Il est probable même qu’un seul été ne suffirait point à faire un grand homme : Socrate flâna des années ; Rousseau jusqu’à quarante ans ; La Fontaine toute sa vie. » Jules, j’ose le dire après ample informé, c’est exactement le jeune Rodolphe quant aux impressions, aux sentiments, et sauf les aventures. […] On peut s’y croire à l’étroit par moments, et trouver que le théâtre ne suffit pas ; mais combien cette impression de gêne et à la fois de ressort est préférable à la lassitude des âmes qui sentent qu’elles ne suffisent pas elles-mêmes à leur théâtre et qu’elles s’y dissipent à tous les vents ! […] Le nom s’écrit avec l’ö tréma ; il suffira de le remarquer une fois sans avoir à s’y astreindre durant tout l’article.

659. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Il admettrait sans doute quelques autres exceptions si on le pressait un peu, et cela nous suffirait, car ce ne sont pas les romans-feuilletons qui nous tiennent à cœur. […] Ils ont aimé passionnément les lettres, avec une sincérité entière et un désintéressement rare ; poussant bravement leur manière jusqu’à l’extrême, sans consentir jamais à des atténuations qui eussent peut-être suffi à leur amener le grand public ; poussant dans les derniers temps le courage de leur opinion jusqu’au baragouin le plus distingué. […] Il nous suffit que ce ne soient pas les notes de tout le monde. […] De l’esprit, MM. de Goncourt en ont tant qu’ils veulent, et parfois aussi tant qu’ils peuvent, du plus subtil, du plus tourmenté ; un esprit qui est souvent, à l’origine, un esprit de pénétration aiguë et rapide, un esprit d’analystes, mais qui est plus souvent encore un esprit de stylistes, une coquetterie de l’imagination en quête d’expressions rares, d’alliances de mots imprévues, d’enfilades de synonymes d’un relief croissant ; une coquetterie à qui la justesse ne suffit point, qui ne s’en tient pas au brillant, qui va d’elle-même au raffiné, au singulier, à l’extravagant, qui renchérit sans cesse sur ses trouvailles et qui s’excite à ce jeu.

660. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

La géologie, après avoir longtemps recouru, pour expliquer les cataclysmes et les phases successives du globe, à des causes différentes de celles qui agissent aujourd’hui, revient de toutes parts à proclamer que les lois actuelles ont suffi pour produire ces révolutions. […] Les règles générales ne sont que des expédients mesquins pour suppléer à l’absence du grand sens moral, qui suffit à lui seul pour révéler en toute occasion à l’homme ce qui est le plus beau. […] Un peu de bouse de vache et une poignée d’herbe kousa suffisent au brahmane pour le sacrifice et pour atteindre Dieu à sa manière. […] Personne n’est tenté de lui attribuer une utilité pratique ; la pure curiosité d’ailleurs ne suffirait pas pour l’ennoblir.

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