Et les vacances ont beau avoir commencé ce jour-là, le Wagner intérieur d’Amiel n’a pas cessé de travailler et de profiter. « J’ai raté une importante expérience, mais j’en fais une autre à laquelle je ne pensais pas. » Le lendemain dimanche, beau soleil. […] Sa gorge rendait nécessaires des soins de santé au soleil, le Midi, où il passa plus tard un seul hiver, l’Algérie, l’Égypte, où il rêva d’aller, et dont ses commensaux de Vitznau, cet automne de 1871, atteints un peu comme lui, discutent, pour les avoir éprouvés, les mérites comparés ? […] Il n’alla pas chercher en France ou en Italie du soleil et des sursis, et, dans l’hiver genevois, il fit jusqu’au bout ses leçons. […] La vérité est que grâce au Journal, à ses dernières pages, on possède un de ces testaments, si rares depuis le Phédon : le philosophe devant la mort. « Ni le soleil ni la mort ne peuvent se regarder fixement » : ce mot n’est pas vrai pour un philosophe. Il y a un moment où la mort se confond avec le soleil du monde intelligible, et où l’œil intérieur les contemple avec une égale fixité.
Ce lever de soleil de la pensée et sa rougissante ferveur, nous les avons vus dans les dialogues de Platon, et pas ailleurs. […] Les brumes incertaines d’un matin se lèvent et fondent, une pleine journée de soleil s’établit. […] Le réservoir des jets d’eau, des fontaines, avait été remonté sur les plus hautes montagnes, était une neige au soleil. […] Au lieu de regarder le soleil en face on le regardera dans l’eau. […] « Je suis, dit Suzanne, la seule personne qui voit le soleil en rêve. » M.
C’est une erreur de croire que le soleil tourne autour de la terre ; c’est une fausseté d’avancer que Louis XIV. dicta le testament de Charles II. […] Le second monument est l’éclipse centrale du soleil, calculée à la Chine deux mille cent cinquante-cinq ans, avant notre ere vulgaire, & reconnue véritable par tous nos Astronomes. […] C’est un abus des termes d’appeller idolâtres les peuples qui rendirent un culte au soleil & aux étoiles. […] Quoi de plus naturel que de révérer la force invisible qui faisoit luire aux yeux le soleil & les étoiles ? […] On en avoit placé d’abord sept dans les sept planettes, parmi lesquelles on comptoit le soleil ; mais depuis, la demeure ordinaire de tous les dieux fut l’étendue du ciel.
Mais mon chapeau était toujours envolé, et, à force de répéter sa phrase, tante Lili se trompait, elle disait : — Ne vas pas au chapeau sans soleil ! […] … Et Rodolpho, comme s’il eût parlé à une grande personne, se mit à m’expliquer le ciel, l’infini de l’espace, les innombrables soleils. […] Il faisait un soleil radieux et je marchais sur la route, en me dandinant, évitant l’ombre des verdures neuves, pour mieux jouir de mon ombrelle. […] J’arrivai à un vaste grenier, très éclairé par une sorte de coupole encore plus haute d’où le soleil tombait d’aplomb. […] Un vieux jardinier arrosait les pavés et un rayon de soleil tapait sur son arrosoir.
Le monde, songe-t-il, continuera d’exister ; il naîtra encore des milliers et des milliers d’êtres, et pour ces êtres le soleil continuera de se lever ; il y aura pour eux des aurores et des soirs. […] Mais c’était une lumière pâle, pâle, qui ne ressemblait à rien ; elle traînait sur les choses, comme des reflets de soleil mort. […] Enfin, pendant trois années, il a été chargé du feuilleton dramatique au Soleil. […] Le Christ est la lumière nécessaire au monde moral, de même que les rayons du soleil sont la lumière nécessaire au monde matériel. L’exorde déjà était tout illuminé des rayons de ce soleil.
Le soleil est sans chaleur ; la fleur des bois est sans parfum. […] Nous serions trop heureux sur la terre si Dieu était comme le soleil, s’il suffisait d’entr’ouvrir paresseusement la paupière pour le saisir dans tout l’éclat manifeste de sa réalité. […] Bientôt le soleil apparut joyeux, puis hostile et taquin, dans le coin de fenêtre occupé par M. […] Le soleil éclairait en souriant son pâle visage, et lui demandait : « Qui es-tu, homme ? Je ne te connais point. » Le soleil est bien désœuvré en Allemagne, pour faire subir de tels interrogatoires aux voyageurs qui passent.
La voix sacrée, la route au Capitole sous le soleil, semblait ouverte, mais difficile, et l’honnête louange emflammait. […] Alceste mourante, dans Euripide, s’écriait : « O soleil, ô lumière du jour, ô nuages qui roulez sur nos têtes !
Pour mesurer toute l’étendue de la chute depuis le haut moyen âge jusqu’au dernier tiers du xve siècle, on n’a qu’à se rappeler le point de départ, cette noble figure du Lohérain Bégon le balafré, debout, adossé à son arbre et le pied sur son sanglier tué, entouré de ses chiens, défendant sa vie contre de misérables forestiers ; et, comme pendant, cet autre Lorrain manqué, le bon René, se promenant à Aix dans sa cheminée pour se réchauffer au soleil, — dans sa cheminée, c’est-à-dire sur un étroit parapet exposé au midi et abrité de tous les autres côtés (aprici senes). — Voilà le contraste, et il ne saurait être plus frappant, entre la force adulte et virile de ce puissant régime féodal et son extrême caducité et sénilité. […] Celui qui réussit, c’est Racan, qui développe et déploie l’épigramme ancienne, et en fait tout un tableau étendu, équivalent ou supérieur, avec une touche aisée d’originalité et comme une large teinte de soleil couchant répandue sur l’ensemble.
Dans une société tout artificielle, où les gens sont des pantins de salon et où la vie consiste à parader avec grâce d’après un modèle convenu, il prêche le retour à la nature, l’indépendance, le sérieux, la passion, les effusions, la vie mâle, active, ardente, heureuse et libre en plein soleil et au grand air. […] Description du soleil levant dans Émile, de l’Élysée (un jardin naturel) dans la Nouvelle Héloïse.
— Le lendemain, voyant sa silhouette et celle de sa grand’mère très nettement dessinées devant lui par le soleil, il a crié encore : Bédames ! […] La lime est « celle qui mesure », le soleil est « celui qui enfante », la terre est « celle qu’on laboure ».
La plante humaine, avertie de cette coupe réglée, ne poussera plus pour chercher le soleil ; c’est là le résultat de l’impôt progressif. […] Un brouillard d’automne blafard et froid flottait sur la Seine, et laissait çà et là glisser quelques rayons de soleil sur les toits du Louvre et sur la tour du palais.
Le sol sur lequel, nous, hommes, nous voyageons dans la joie et dans la peine, est ce qu’il y a de plus variable ; c’est la destruction et la reproduction qui se succèdent avec une incessante activité ; il est régi par une force qui organise et moule la matière informe, qui enchaîne la planète à son soleil, qui donne à la masse froide et inerte le souffle vivifiant de la chaleur, qui renverse violemment ce qui a l’apparence de la perfection et que l’homme, dans l’étroitesse de sa portée, est obligé d’appeler grand ; enfin qui substitue incessamment les nouvelles formes aux anciennes. […] Alors (il était huit heures) on sonna lentement la cloche des morts, les matelots se jetèrent à genoux pour dire une courte prière ; le cadavre de ce jeune homme, peu de jours auparavant si robuste, si plein de santé, allait recevoir, pendant la nuit, la bénédiction du culte catholique, pour être jeté à la mer, dès le lever du soleil.
L’on voyait, dans sa manière de saluer et de remercier pour les applaudissements qu’elle recevait, une sorte de naturel qui relevait l’éclat de la situation extraordinaire dans laquelle elle se trouvait ; elle donnait à la fois l’idée d’une prêtresse d’Apollon qui s’avançait vers le temple du Soleil et d’une femme parfaitement simple dans les rapports habituels de la vie ; enfin, tous ses mouvements avaient un charme qui excitait l’intérêt et la curiosité, l’étonnement et l’affection. » XVIII La célébrité de mademoiselle Necker, qui aurait effrayé les hommes supérieurs qui cherchent dans une femme une épouse et non une émule de gloire, éblouissait les hommes médiocres ; ils se flattaient de donner leur nom à une femme qui ajouterait à ce nom le lustre du génie ; ils s’imaginaient qu’un reflet futur de cette gloire rejaillirait sur leur propre médiocrité ; ils oubliaient qu’un homme ordinaire n’est jamais que l’ombre de cet éclat emprunté, que le mari d’une femme célèbre n’a plus même pour abriter sa vie intérieure l’obscurité de son foyer domestique. […] Quand le soleil disparaît de l’horizon du pays du nord, les habitants de ces contrées ne blasphèment pas ses rayons qui luisent encore pour d’autres pays plus favorisés du ciel.
Il fait tomber les murs des villes, et les passions dans les cœurs : il arrête le soleil dans le ciel, l’épée dans la main du guerrier. […] Et « l’autre soleil » de ce monde, le pape, n’est pas mieux traité : ne le voit-on pas, pour engager Guillaume d’Orange à son service, lui promettre, entre autres dons, de lui laisser épouser autant de femmes qu’il voudra48 ?
…) Suit cette réflexion : « Plus je lis, plus je pénètre sous les voiles qui me cachaient nos grandes gloires, moins j’ose écrire ; je suis frappée de crainte, comme un ver luisant mis au soleil. » — À propos du retour des cendres : « Les vers de Hugo sont dans le Siècle, 14 décembre. […] Il nous venge de toute l’Angleterre ; Napoléon doit en avoir tressailli. » — « Je profite de ces moments pour relire Victor Hugo et brûler toutes mes feuilles à ce soleil.
Là, puis sur la rive historique de la Seine « aux peupliers d’or », et le lendemain, chez le Roi Soleil, sa bienvenue lui fut souhaitée en des vers magnifiques ou gracieux, dont le tour propre et toute la composition secrète témoignaient de l’antiquité d’une langue lentement formée et à la fois épurée et enrichie par toutes les savantes lèvres qui l’ont parlée depuis le Serment de Strasbourg. […] La création est un système de symboles, mais les symboles sont clairs et consistants au pays du soleil.
En l’âge de la force, quand l’esprit critique est encore dans sa vigueur, que la vie apparaît comme une proie appétissante et que le plein soleil de la jeunesse verse ses rayons d’or sur toute chose, les instincts religieux se contentent à peu de frais ; on vit avec joie sans doctrine positive ; le charme de l’exercice intellectuel adoucit toute chose, même le doute. Mais quand l’horizon se rapproche, quand le vieillard cherche à dissiper les froides terreurs qui l’assiègent, quand la maladie a épuisé la force généreuse qui fait penser hardiment, alors il n’est pas de si ferme rationaliste qui ne se tourne vers le Dieu des femmes et des enfants et ne demande au prêtre de le rassurer et de le délivrer des fantômes qui l’obsèdent sous ce pâle soleil.
Le poète assis près de sa maîtresse, par un beau soir d’automne, sent monter à son cerveau un parfum tiède qui l’enivre ; il trouve à ce parfum quelque chose d’étrange et d’exotique, qui le fait rêver à des pays lointains ; et aussitôt dans le miroir de sa pensée se déroulent des rivages heureux, éblouis par les feux du soleil, des îlots paresseux plantés d’arbres singuliers, des Indiens au corps mince et vigoureux, des femmes au regard hardi : Un port rempli de voiles et de mâts Encor tout fatigués par la vague marine, Pendant que le parfum des verts tamariniers, Qui circule dans l’air et m’enfle la narine, Se mêle dans mon âme au chant des mariniers ! […] Il a pour titre l’ENNEMI : Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage, Traversé çà et là par de brillants soleils ; Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage, Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
J’aperçois le soleil ; quelle en est la figure ? […] Le firmament se meut ; les astres font leur cours ; Le soleil nous luit tous les jours ; Tous les jours sa clarté succède à l’ombre noire, Sans que nous en puissions autre chose inférer Que la nécessité de luire et d’éclairer, D’amener les saisons, de mûrir les semences, De verser sur les corps certaines influences.
Cependant, la Divine Comédie, le Paradis perdu, et Goetz de Berlichingen, avaient été écrits dans la langue qui les avait vus naître, tandis que Balzac, en ses Contes, espèce de Josué littéraire, a fait reculer le soleil de la langue de trois siècles. […] C’est ainsi que, dans ce roman sublime, Le Succube, quand il veut exprimer la dévorante séduction de cette Goule des cœurs, qui les suçait avec un simple regard jusque dans le fond de la poitrine, il figure cette puissance du regard par un rayon qui ressemble à un effet de soleil entrant par une porte ouverte et terminé par une griffe énorme… Un tel symbolisme est grossier et parfaitement indigne de l’artiste qui, dans Le Frère d’armes, a trouvé les deux yeux vivants du portrait, luisant si bien dans les ténèbres, et tirant, de leur expression seule, tout ce qu’ils ont de terrible et de merveilleux !
Alfred de Vigny et à qui il a, le premier, donné d’en haut le signal, cherchaient, un peu systématiquement eux-mêmes, à relever l’esprit pur, les tendances spiritualistes, à traduire les symboles naturels, à satisfaire les vagues élancements de l’être humain vers un idéal rêvé, de l’autre côté on s’est trop tenu sans doute à ce qui se voit, à ce qui se touche, à ce qui brille, palpite et végète sous le soleil.
Figurez-vous deux généraux, qui guerroient depuis un mois, qu’on vient prendre en carrosse et conduire dans la citadelle la plus renommée du Piémont, qui se trouvent au milieu de tout un état-major de généraux et officiers ennemis, qui faisaient entre eux plusieurs siècles, et qui brillaient comme des soleils.