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1085. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Adolphe Retté, qui sont des satires violentes et sans mesure, au moins le Soleil des morts de M. 

1086. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Son hymne au Soleil Roi est une hymne au Logos, ou à l’intelligence éternelle qui joue un si grand rôle dans Platon.

1087. (1888) Poètes et romanciers

Ce ne fut jamais le rayon direct et plein du soleil sur une tête radieuse de poète, montré à la foule et salué par elle dans le triomphe qui le porte au Capitole. […] Ici commence une énumération fantastique de pôles, d’axes, de feux, de jets de soufre, de lueurs et de tonnerres, de fournaises rouges, d’astres effarés ; ce sont des flottes de soleils et des marées de constellations. […] Ton soleil est lugubre et la terre est horrible. […] Un beau soleil a fêté ce grand jour. […] Ce beau soleil, qui vous invite à naître, Peut, dès demain, briller sur mon cercueil.

1088. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Au lieu de faire tourner le soleil au tour de notre petit globe, il soutint que ce grand astre est immobile au centre du monde ; que Vénus, la Terre, Mars, Jupiter & Saturne, font leur mouvement dans six cercles au tour du soleil ; mais que la Terre a un autre mouvement au tour de son axe, tandis que la Lune fait son circuit au tour de la Terre. […] Il ne sortit même des cachots de l’Inquisition qu’après s’être rétracté ; mais le Soleil n’en resta pas moins immobile. […] Nous en sommes réduits à glaner, disaient-ils ; on a moissonné avant que le soleil fût levé pour nous. […] Le monde voit sa chûte avec étonnement Et croit que le soleil tombe du firmament.

1089. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Et l’on est troublé jusqu’aux moelles quand on songe que ce n’est point là une lugubre invention de poète, que toutes ces choses se sont réellement passées sous le soleil, qu’il n’est pas un détail de ce tableau que le peintre ne puisse justifier par des documents authentiques. […] Avant d’arriver au terme, je veux jouer, rire et danser avec le beau Lyaos. » — « Donnez-moi la lyre d’Homère, mais ôtez-en la corde sanglante… » — « Bien à plaindre celui qui n’aime pas, et bien à plaindre celui qui aime ; mais le plus à plaindre, c’est celui qui aime sans être aimé… » — « La terre brune boit l’eau du ciel, les arbres boivent la terre, la mer boit les vapeurs, le soleil boit la mer, et la lune boit le soleil ; pourquoi donc, mes amis, me querellez-vous, quand je veux boire aussi ?  […] Certes, le firmament, le soleil, la lune, les étoiles, les océans, les forêts, les divinités, les monstres, les animaux sont intéressants ; mais, moi aussi, je suis intéressant, moi, l’homme. » Ceci est charmant ; mais M.  […] C’est un délice de côtoyer, au soleil couchant, la fontaine de Médicis. […] Le tout donne vraiment la sensation d’une foule roulante et bruyante, un jour de fête, dans la poussière, par l’avenue du bois de Boulogne ou mieux, entre les rangées de baraques de la foire au pain d’épice, sous le soleil.

1090. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Il est le soleil Moloch de tous les petits astres d’un siècle. […] C’est ainsi qu’il semble que le soleil resplendisse déjà quand il n’est pas encore monté à l’horizon, et qu’il resplendisse encore, même quand il n’y est plus. […] Véridique et magnifique comme le soleil, qui fait tout voir, mais dore tout, vous avez obligé la vérité vivante à revêtir les splendeurs, formidables ou délicieuses, du rêve. […] — sont de petits soleils où il y a tout le soleil et qui, là, si près des yeux, vous hypnotisent. […] D’ailleurs, il peut aller aussi haut qu’il veut : l’alouette des sillons est l’oiseau qui va le plus droit au soleil.

1091. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

le sanctuaire profané n’a plus de mystère ; l’éclat brutal du soleil a dissipé comme une brume cette poésie qui résultait du mélange harmonieux de la lumière et des ombres, et la forêt ressemble à ces maisons éventrées qui laissent voir l’intérieur de leurs appartements à tout promeneur banal. […] Les violences de Tybalt sont soudaines comme les bonds du tigre ; les brutalités du vieux Capulet sont immodérées et instinctives, et il n’est pas jusqu’au pacifique Benvolio qui n’ait la tête assez près du bonnet pour chercher querelle à un homme, parce qu’en éternuant il a réveillé son chien qui dormait au soleil. […] En ce moment de fraîcheur de la première jeunesse, il possède une sincérité de tendresse qui est destinée à passer bien vite, car, si sa femme n’eut jamais que la beauté du diable, on peut dire que lui n’eut jamais que la candeur du diable, une candeur qui fut tout à fait comme ce genre de beauté, un simple déjeuner de soleil. […] Laisse ton imagination se peindre cette retraite comme un petit cottage doré du soleil, sur le flanc d’une colline romantique. — Et penses-tu que je laisserai derrière moi l’amour et l’amitié ? […] Ainsi vous lui parlez du soleil et de la lune, et pendant tout le temps qu’il vous écoutera il pensera forcément au royaume du Congo.

1092. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Or, sa force attractive, pour ne parler que d’elle, s’exerce sur le soleil, sur les planètes, peut-être sur l’univers entier. […] Notre soleil rayonne de la chaleur et de la lumière au-delà de la planète la plus lointaine, et d’autre part notre système solaire tout entier se meut dans une direction définie, comme s’il y était attiré. […] En tant qu’êtres vivants, nous dépendons de la planète où nous sommes et du soleil qui l’alimente, mais de rien autre chose. […] L’essentiel était pour elle d’emmagasiner de l’énergie solaire ; mais, au lieu de demander au Soleil d’écarter les uns des autres, par exemple, des atomes d’oxygène et de carbone, elle eût pu (théoriquement du moins, et abstraction faite de difficultés d’exécution peut-être insurmontables) lui proposer d’autres éléments chimiques, qu’il aurait dès lors fallu associer ou dissocier par des moyens physiques tout différents.

1093. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Quand il juge la correction suffisante : « Lâchez-le », dit-il ; mais la mère : « Non, ne t’arrête pas, Lampriscos ; écorche-le jusqu’au coucher du soleil. — Mais son corps est plus tacheté qu’une hydre. — Donne-lui encore une vingtaine de coups, ça lui fera du bien. » C’est tout. […] Pour cela, il réunit, dans le personnage de Phèdre, la passion la plus criminelle par définition, et aussi la plus furieuse et la plus irrésistible, — et en même temps la claire conscience de la culpabilité, du démérite, de la souillure, du péché, — et enfin la crainte de Dieu, représenté par le Soleil en tant que Dieu clairvoyant, et par Minos en tant que Dieu punisseur. […] Et quand nous voyons ce maître-maçon arborer le bouquet sur la bâtisse neuve, nous avons peine à nous ressouvenir que c’est proprement Phaéton usurpant le char du Soleil. […] Et, en effet, la bonne Astolaine et les sœurs de Palomides viennent délivrer les captifs en arrachant les pierres de la voûte, et la féerie s’évanouit sous la lumière crue du soleil ; et le rêve se dissout au heurt brusqué de la réalité. […] — C’est la lumière qui n’a pas eu pitié… Je ne regrette plus les rayons du soleil

1094. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Je vois d’un côté la partie dans l’ombre, où les dormeurs dorment, et de l’autre côté la partie éclairée du Soleil. […] La Méditerranée au soleil, de l’une à l’autre de ses îles.. […] Jamais n’y pénétrait un rayon de soleil ; et la fumée d’un poêle contribuait encore à empester l’air. […] Spencer nous affirme que douter de la science, “c’est comme si l’on refusait d’admettre que le soleil éclaire”. […] Spencer que le soleil n’éclaire pas.

1095. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Ecoutons Borée, qui propose au Soleil de dépouiller un voyageur de son manteau. […] Le soleil, à leur dire, allait tout consumer. […] Il a les nerfs délicats ; « ses peintures sont légères. » Il n’écrit point pour des Gargantuas du xvie  siècle, videurs de brocs, mangeurs de tripes, tapageurs, batailleurs, à trognes rouges, bien membrés et charnus, occupés à s’empiffrer et à paillarder en plein soleil.

1096. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Et son intention est de peindre sa Jeanne d’Arc au bord de la Loire, sur un cheval blanc, éclairée par le soleil couchant : une Jeanne d’Arc ayant le caractère d’un bas-relief. Aussi a-t-il fait pour ce tableau, nombre de chevaux blancs dans le soleil. […] Nous voici en cette maison de Mirbeau, recouverte d’un treillage vert tendre, en cette maison aux larges terrasses, et trouée de nombreuses fenêtres, en cette maison inondée de jour et de soleil.

1097. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Un théâtre riche, qui fit faire son inventaire en 1598, possédait « des membres de maures, un dragon, un grand cheval avec ses jambes, une cage, un rocher, quatre têtes de turcs et celle du vieux Méhémet, une roue pour le siége de Londres et une bouche d’enfer. » Un autre avait « un soleil, une cible, les trois plumes du prince de Galles avec la devise : ICH DIEN, plus six diables, et le pape sur sa mule. » Un acteur barbouillé de plâtre et immobile signifiait une muraille ; s’il écartait les doigts, c’est que la muraille avait des lézardes. […] jamais le soleil ne verra ce demain. — Votre visage, mon cher thane, est un livre où l’on pourrait lire d’étranges choses.

1098. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

On y connaît à peine le soleil ; les fleurs sont les mousses marines, les algues et les coquillages coloriés qu’on trouve au fond des baies solitaires. […] Elle prit ma mère, alors enfant, par la main, et elles firent ensemble un voyage de deux lieues, sous un soleil ardent.

1099. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Un jour l’adolescent rencontre trois hommes à cheval qui lui semblent plus beaux que trois soleils, tant leurs armures reluisent dans la forêt. […] Écoutons Schopenhauer : « Ainsi que les torches et les feux d’artifice pâlissent devant la lumière du soleil, de même l’esprit, oui, le génie, et la beauté, sont surpassés par l’éclat de la bonté du cœur.

1100. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Le soleil empêche de discerner les rayons des étoiles, mais ne les empêche ni d’exister ni de produire leur effet propre dans la lumière du jour ; cet effet, toujours le même, devient manifeste dans la nuit. […] L’obscurité, une lumière trop vive, un jour tranquille, donnent tour à tour à la figure une physionomie différente : l’obscurité nous fait écarquiller les yeux pour recevoir les rayons trop rares ; l’éclat du soleil nous fait froncer les sourcils pour protéger notre vue ; un jour tranquille imprime au visage un air de sérénité.

1101. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Tandis que, soumise à l’action du soleil, une pierre s’échauffe, un animal conserve sa température ou meure, et si l’espèce de cet animal persiste dans une contrée tropicale, ce n’est pas que ces êtres se sont modifiés pour y vivre ; c’est qu’il s’en est trouvé par hasard qui étaient faits de façon à pouvoir durer. […] Pour dix personnes placées devant un coucher de soleil, il y a dix manières plus ou moins complètes de l’apercevoir.

1102. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Obligé d’assister à la fête de l’Être Suprême et d’accompagner le bataillon de sa section, il y reçut sa dernière atteinte morale et y contracta, sous un soleil ardent, la maladie dont il mourut, le 20 juin 1794, à l’âge de quarante-six ans.

1103. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Racine se figure que le soleil n’a jamais éclairé un égal rassemblement de troupes ni un pareil ordre de bataille ; mais, en fait de revues, écoutez ceux qui en reviennent, la dernière est toujours la plus belle.

1104. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

On dirait d’un instrument plus perfectionné ; le rayon avec ses jeux et ses reflets y est saisi et fixé tout vif ; à chaque instant le soleil est pris sur le fait.

1105. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Le livre liie , notamment, qui s’intitule « Brienne et Montmirail », ces 170 pages qui embrassent moins d’un mois, qui développent surtout ces huit brillantes journées (10-18 février) de victoires arrachées coup sur coup, de succès enchaînés, Champaubert, Montmirail, Château-Thierry, Vauchamps, jusqu’à Montereau où le temps d’arrêt recommence, ces bonnes journées dans lesquelles Napoléon put croire au retour de son soleil et sourire aux dernières faveurs de la fortune, n’ont rien qui les égale, et M. 

1106. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

. — Car des pages même comme celle que je viens d’indiquer sur Saint-Simon, si vertes, si amères d’accent et où la verve, après tout, ne demande qu’à s’étaler insolemment au soleil, cela n’a rien d’épiscopal : c’est du mâle gaulois, c’est du bon Régnier en prose, c’est d’un rude et vaillant compère.

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