En eux seuls il sent des amis, pour eux seuls il réserve sa tendresse. […] Seul, peut-être, parmi les auteurs belges, il demeure aussi indifférent à la vie moderne ; il veut l’ignorer. […] L’histoire n’est-elle pas contée pour nous seuls dans la bonne intimité d’une soirée d’hiver ? […] Les Serres chaudes furent éditées, seules, chez Vanier, en 1889. […] Le seul précurseur me semble être, avec des différences appréciables, l’américain Walt Whitman.
Dans le fagot épineux de l’éducation scolaire, il choisit la seule fleur, bien fanée sans doute, la versification latine, mais qui, comparée à l’érudition, à la théologie, à la logique du temps, est encore une fleur. […] Je suis content de me voir ainsi perpétué ; et comme il n’y a point de production comparable à celle d’une créature humaine, je suis plus fier d’avoir été l’occasion de dix productions aussi glorieuses, que si j’avais bâti à mes frais cent pyramides ou publié cent volumes du plus bel esprit et de la plus belle science918. » Si maintenant vous prenez l’homme hors de sa terre et de son ménage, seul à seul avec lui-même, dans les moments d’oisiveté ou de rêverie, vous le trouverez aussi positif. […] Elle humanise Dieu : n’est-ce pas la seule voie de le faire entendre ? Elle définit presque sensiblement la vie future : n’est-ce pas la seule voie pour la faire désirer ? […] M. de Chateaubriand se glorifiait de n’avoir pas admis une seule élision dans le chant de Cymodocée ; tant pis pour Cymodocée.
Ô toi dont, un seul jour, j’osai nier la loi, Veux-tu bien, Despréaux, que je parle de toi, Que j’en parle avec goût, avec respect suprême, Et comme t’ayant vu dans ce cadre qui t’aime ! […] Les Pradons seuls d’alors visaient au Scudery : Lequel de nos meilleurs peut s’en croire à l’abri ?
Pour une frivole cour, tenue longtemps sous une tutelle étroite et monastique, c’était le seul moyen éclatant de venger sa contrainte passée et de constater son émancipation. […] Un seul exemple la peindra jusqu’au bout.
Dupin a rendu d’abord à l’Académie et à tout l’Institut cette justice que c’était une pairie non héréditaire, une pairie du savoir et du talent, où nul choix du pouvoir, nulle intervention étrangère ne vous portait, et où chaque membre arrivait par le seul et libre suffrage de ses égaux. […] Dupin a rappelé que, vers ce temps, succombait aussi un autre homme, grand par l’action, un de ces hommes nécessaires dont la présence seule irritait les factions parce qu’elles le connaissaient et le craignaient.
Féline nous représente, et c’est le seul qui aurait quelque originalité ; mais un tel caractère est-il bien naturel, bien réel en l’approfondissant, et soutient-il l’examen ? […] Mais ce que nous voudrions surtout suggérer à un talent aussi net et aussi naturel d’expression, aussi tourné par vocation, ce semble, aux choses de théâtre, ce serait d’agrandir, avant tout, le champ de son observation, non pas de vieillir (cela se fait tout seul et sans qu’on se le dise), mais de vivre, de se répandre hors du cercle de ses jeunes contemporains, de voir le monde étendu, confus, de tout rang, le monde actuel tel qu’il est, de le voir, non pas à titre de jeune auteur déjà en vue soi-même, mais d’une manière plus humble, plus sûre, plus favorable au coup d’œil, et comme quelqu’un de la foule ; c’est le meilleur moyen d’en sortir ensuite avec son butin, et de dire un jour à quelque ridicule, à quelque vice pris sur le fait : Le voilà !
Même si l’idée est fine, subtile, le style sera fin et subtil, en restant simple : Marivaux même, en dépit de sa réputation, parle souvent avec simplicité, parce qu’il rend de la seule façon possible, par les termes les plus exacts et les plus nécessaires, des pensées infiniment délicates et complexes. […] Les mots propres à être ouïs de tous, et les phrases propres à ces mots, sont ridicules, lorsqu’on ne doit parler qu’aux yeux et pour ainsi dire à l’oreille de son lecteur. » On ne parle pas devant cent personnes comme devant une seule ; le choix de mots, la correction de phrases, qui sont nécessaires, quand on écrit, deviennent ridicules quand on cause ; et je ne sais pas de gens plus fastidieux que ceux qui, dans la conversation, parlent comme un livre.
Le Portugal délivré de ses oppresseurs avec tant de courage et d’activité ; une révolution durable et complètement faite en quelques heures ; une seule victime, Vasconcellos ; la multitude agissante, et soudain le calme rendu à cette multitude redevenue corps de nation : tout cela ne paraissait guère susceptible de ridicule. […] Lebrun l’aimait tant, qu’il n’a pas fait une seule épigramme contre lui.
Aujourd’hui, l’intensité des vers dorés n’est plus : un son de flûte, grave et doux, sort seul des lèvres du pâtre. […] Les petites revues l’accueillirent, et il fonda, en janvier 1890, le Saint Graal, périodique qu’il continue à rédiger seul et où sont recueillies la plupart de ses productions.
Lui seul y crut voir des batailles de Hernani. […] Mais, dès l’origine, son optique était aussi particulière : dans une seule année de son Journal, une des premières, il n’oublie de mentionner que l’apparition du Fils de Giboyer et la révélation du Tannhäuser à Paris !
Sortez, ombres, sortez de la nuit éternelle, Voyez le jour pour le troubler ; Que l’affreux désespoir, que la rage cruelle, Prennent soin de vous rassembler : Avancez, malheureux coupables, Soyez aujourd’hui déchaînés, Goûtez l’unique bien des cœurs infortunés, Ne soyez pas seuls misérables. […] Goûtons l’unique bien des cœurs infortunés, Ne soyons pas seuls misérables.
Athènes, la florissante Athènes, rendoit justice à tous deux : eux seuls ne vouloient pas se la rendre. […] Une seule.
Elle se plaît à se confesser au tribunal suprême, parce que lui seul la peut absoudre, et peut-être aussi (reste involontaire de faiblesse !) […] Après le morceau que nous avons cité, on lit ces vers : Chères sœurs, de mes fers compagnes innocentes Sous ces portiques saints, colombes gémissantes, Vous qui ne connoissez que ces faibles vertus Que la religion donne… et que je n’ai plus ; Vous qui, dans les langueurs d’un esprit monastique, Ignorez de l’amour l’empire tyrannique ; Vous, enfin, qui, n’ayant que Dieu seul pour amant, Aimez par habitude, et non par sentiment, Que vos cœurs sont heureux, puisqu’ils sont insensibles !
Il n’y eut sur le St Barthelemi qu’il exposa au dernier Salon, qu’une seule voix, et ce fut celle de l’admiration. […] Voilà un morceau de peinture d’après lequel on ferait toucher à l’œil à de jeunes élèves qu’en altérant une seule circonstance on altère toutes les autres, ou la vérité disparaît.
Ils s’obligent à la gaieté, à la blague, mais quand ils se retrouvent seuls ? […] Il me semble que je suis moins seul… » (Manuel général de l’Instruction primaire.)
∾ Nous touchons au secret, à la grande habileté du sage : c’est parce qu’il ne veut qu’une seule chose, qu’il finit toujours par l’obtenir. […] Dans les prairies de l’exégèse, il est le bon pasteur qui ne s’occupe que d’un seul mouton.
Un dernier motif, assez puissant à lui seul, c’est la facilité que trouvaient les philosophes à consacrer leurs opinions par l’autorité de la sagesse poétique et par la sanction de la religion. […] D’une seule branche de ce tronc sortirent, en se séparant, la logique, la morale, l’économie et la politique poétiques ; d’une autre branche sortit avec le même caractère poétique la physique, mère de la cosmographie, et par suite de l’astronomie, à laquelle la chronologie et la géographie, ses deux filles, doivent leur certitude.
Il déforme les faits par cela seul qu’il les coordonne sans les connaître tous. […] Même, il s’y complaît, et c’est la seule espèce de volupté à laquelle il soit publiquement accessible. […] Les « genres » seuls existent ; les œuvres, très peu ; la personne des écrivains, moins encore. […] Il est même le seul de nos poètes qui soit de Paris à ce point. […] Allais vaudrait, à lui seul, une étude.
Car ils m’avaient entendue, en s’approchant aux pas lents des bœufs, pendant que je jouais les dernières notes de ma litanie de douleur et d’amour, toute seule devant la niche du pont. […] Ce cri me fendit le cœur, mais il m’inspira aussitôt une idée qui ne me serait jamais venue, à moi toute seule, sans elle. […] Je me rapprochai de la lucarne ouverte et je me dis : Là où ma voix ne parviendrait jamais ou bien où elle ne pourrait parvenir sans trahir qui je suis aux oreilles du bargello et de ses prisonniers, le son délié de la zampogne parviendra de soi-même et ira dire à Hyeronimo, s’il est là et s’il reconnaît l’air que lui et moi nous avons inventé et joué seuls : « C’est Fior d’Aliza ! […] — Non, lui dis-je, mon père est aveugle et ma mère est morte (et je ne mentais pas en le disant, comme vous voyez), je n’appartiens à aucune bande de musiciens des Abruzzes ou des Maremmes, et je cherche seulement à gagner tout seul, par les chemins, d’une façon ou d’autre, le pain de mon père et de ma tante, qui ne peut pas quitter la maison où elle soigne son frère. […] Chacun de ces cachots sous les arcades était la demeure d’un prisonnier ou de sa famille, quand il n’était pas seul emprisonné.
Il ne suffit pas en effet de savoir ce qui est ou ce qui a été pour dire ce qui sera ; si l’on reconnaît à l’homme le pouvoir de modifier par une conduite raisonnée, soit sa propre destinée, soit celle du groupe auquel il appartient, il faut bien admettre, au-delà et au-dessus de la science, se dégageant d’elle et la dépassant, un idéal qui tend à se réaliser par cela seul qu’il est conçu, qui est ainsi de la réalité en puissance, ou pour mieux dire encore, en voie de formation. […] Il existe des laboratoires comme des Revues de philosophie expérimentale, et cela seul suffirait à démontrer que le nombre des faits acquis augmente incessamment en ce domaine comme dans tous ceux que nous venons de parcourir. […] Mais ce n’est pas la seule façon dont la science puisse éveiller la poésie. […] Louis Bouilhet, Victor Hugo (et ils ne sont pas les seuls) ont osé s’aventurer, à la suite du géologue, dans ces époques reculées, dont l’immense lointain donne déjà la sensation de l’infini dans la durée. […] Un style clair, qui vaut surtout par la logique, la précision des lignes, l’enchaînement serré des idées, qui n’admet guère que des épithètes abstraites et générales ; un théâtre où les personnages sont comme détachés de leur milieu et se meuvent dans un cadre vague, indéterminé, où ils se présentent presque comme de purs esprits dont les pensées et les sentiments méritent seuls l’attention ; des tragédies simples ; d’une structure rigide et géométrique, d’une sobriété de mise en scène qui montre qu’elles s’adressent à l’âme, non aux sens ; une littérature qui se concentre tout entière dans l’étude, de l’homme civilisé, qui ne daigne ou ne sait pas voir le reste de l’univers, qui ne connaît pas la campagne, qui soumet l’imagination, « la folle du logis », aux commandements de la raison, qui marche à pas comptés, d’une allure méthodique et posée.
Le second acte est, à lui seul, toute une piquante et originale comédie. […] Ils sont seuls ; la comédienne défait son masque. […] Juvénal serait-il le bienvenu à diffamer Messaline, s’il avait possédé une seule de ses nuits ? […] Pour le seul plaisir de faire pièce à M. de Jalin, en prouvant, devant lui, et malgré son dire, à M. de Nanjac, qu’une femme honnête peut venir la voir, elle s’expose à un éclat scandaleux, elle jette de l’huile sur le feu d’irritation secrète qui couve déjà entre ces deux hommes, elle les met aux prises, dans le moment extrême ou son mariage est en jeu, et où son intérêt le plus vif serait de les éloigner l’un de l’autre ! […] C’est la seule cheville parasite, la seule ficelle apparente de cette comédie savamment tissue.
Elle allait, en petit bonnet, acheter deux côtelettes, se mettait en jupon pour les faire cuire, et nous déjeunions sur un coin de table, avec un seul couvert de ruolz, et buvant dans le même verre. […] Gavarni nous disait encore que physiquement, du derrière de la tête aux talons, chez Balzac, il y avait une ligne droite avec un seul ressaut aux mollets ; quant au-devant du romancier, c’était le profil d’un véritable as de pique. […] Et encore, dans cet atelier, traînaient sur un vieux divan, deux bouquins à la reliure tout usée, les seuls et uniques livres du logis : une Bible dont Valentin lisait un peu le matin ; un Rabelais dont Valentin lisait un peu le soir. […] Je n’oublie pas le très bénin Jupiter de notre bande, le roi constitutionnel de nos jeux, « le père Pourrat », le précepteur de Louis, qui avait l’intelligence de nous montrer parfaitement à jouer et le bon esprit de s’amuser avec nous, autant que nous, — affligé du seul défaut de nous lire sa fameuse tragédie intitulée : Les Celtes. […] Passy, qui avait la chambre à côté de lui, se demande si son père est devenu fou, et ce qu’il a à parler ainsi, tout haut et tout seul, de minuit à cinq heures du matin.